Suite à mon article sur les meilleures et moins bonnes combinaisons plateaux-cassettes publié en novembre dernier, vous avez été plusieurs à me demander un équivalent pour les vélos « gravel », dont la popularité est en explosion partout.
Sram vient d’ailleurs de sortir très récemment sa gamme « XPLR » spécifiquement dédiée au gravel bike, rejoignant ainsi ses concurrents Shimano (GRX) et surtout Campagnolo (Ekar) qui offrent tous deux depuis plusieurs mois déjà des gammes spécifiques à la pratique gravel.
Tous ces groupes offrent une multitude de combinaisons possibles de braquets et il est difficile – plus difficile que pour les groupes route – de s’y retrouver pour identifier les meilleures combinaisons.
Surtout qu’en gravel, on peut monter des groupes spécifiques gravel, mais aussi des groupes route avec développement « de montagne », voire des groupes typés Mtb (VTT). Certaines courses de gravel prestigieuses aux États-Unis ont d’ailleurs été récemment gagnées sur des vélos mtb (VTT), légèrement adaptés gravel notamment au niveau du guidon.
Petit tour d’horizon pour s’y retrouver un peu.
Transmission double ou mono-plateau?
Pas de doute sur ce point dans mon esprit: l’avenir du gravel est au mono-plateau. Les vélos mtb (VTT) y sont passés depuis quelques années, dans le contexte où on peut monter des cassettes avec un étagement très large.
Ce qui fait la différence, c’est la simplicité: un seul dérailleur à gérer, moins de câbles, moins de risque de dérailler, moins d’encombrement, plus d’espace sur le cadre pour y loger notamment des bagages, plus de dégagement pour chausser un pneu arrière plus large, les bénéfices l’emportent largement selon moi.
Plus encore si vous optez pour un gravel bike équipé d’un « dropper post », une tendance qui nous vient aussi du mtb. Avec une autre manette à gérer au guidon, il est pratique d’éviter celle du dérailleur avant.
La nouvelle gamme Sram XPLR propose d’ailleurs un dropper post, preuve que c’est appelé à se répandre sur les prochains gravel bike.
Un dropper post permet de baisser temporairement la selle pour passer des sections de descente difficiles, où il faut basculer le poids du corps vers l’arrière de la machine afin de limiter les risques de passer par dessus le guidon. Très pratique si vous prévoyez une pratique gravel « extrême »: certains arpentent même les sentiers parfois difficiles de mtb avec leur gravel bike!
La suite de cet article se concentre donc sur les groupes mono-plateau des compagnies Sram, Shimano et Campagnolo.
Des philosophies différentes
Chez Sram, on offre des groupes mono-plateau avec 12 vitesses. Le groupe Campagnolo Ekar est actuellement le seul à proposer 13 vitesses. Chez Shimano, on traine un peu la patte, avec seulement 11 vitesses disponibles. Du moins pour le moment.
Évidemment, en mono-plateau, pas de dédoublement de développement entre celles retrouvées sur le grand ou le petit plateau. En mono-plateau, présenter davantage de pignons sur la cassette arrière est donc un réel plus.
Dans ce domaine, si vous choisissez un gravel bike mono-plateau, le bon choix est donc Campagnolo Ekar sans aucun doute. Vous gagnez un pignon par rapport à la gamme Sram XPLR, ce qui sera appréciable sur les parcours accidentés.
Si c’est Shimano qui vous intéresse, optez pour un groupe double-plateau à l’avant, surtout que les dérailleurs arrières de la compagnie sont limités à un pignon de 42 dents maximum. Bref, chez Shimano, le mono-plateau n’est pas intéressant par rapport à l’offre Sram ou Campagnolo présentement.
Les trois compagnies offrent également des philosophies différentes d’agencement plateau-cassette.
Chez Sram, huit plateaux avant différents offerts (les 36, 38, 40, 42, 44, 46, 48 et 50!), pour seulement une cassette arrière « officielle gravel XPLR », la 10-44. On peut cependant ajouter deux autres cassettes qui fonctionneront aussi, soit la 10-36 (venue du groupe route) ou la 10-50 (venue du groupe mtb).
Chez Campagnolo, c’est différent: on n’offre que quatre options de plateaux avant (38, 40, 42 et 44) mais trois cassettes arrière typées gravel, soit les 9-36, 9-42 et 10-44.
Campagnolo est donc actuellement la seule compagnie offrant un groupe gravel 13 vitesses avec un pignon de 9 dents. J’y reviendrai, car cela comporte de réels avantages face à la concurrence.
Enfin chez Shimano, c’est plus limité si on se limite aux groupes typés gravel mono-plateau (GRX): deux choix de plateaux (40 ou 42) et deux choix de cassettes (11-40 ou 11-42). Mais chez Shimano, les groupes route et mtb offrent beaucoup d’autres possibilités, incluant l’accès à une cassette avec un départ 10 dents. En mariant les pièces de divers groupes, on peut trouver son bonheur, mais c’est plus compliqué.
La clé, l’étagement
Pour moi, en gravel bike, l’enjeu est la versatilité ou la polyvalence du vélo, qui doit pouvoir s’adapter rapidement à une foule de terrains variés: de la section d’asphalte très roulante (autant que sur la route) à une section gros gravier très technique en montée, exigeant de très petits développements.
L’écart entre le plus gros et le plus petit développement sur votre machine est donc capital. Probablement plus que la progressivité des développements, très importante sur les vélos de route axés compétition.
Et comme plus petit développement, vous voulez très probablement un rapport 1:1, par exemple un 44-44, ceci afin de grimper les pentes les plus raides assis sur la selle. De nombreux pratiquants de gravel m’ont confié qu’un rapport 1:1 est très utile pour se sortir de mauvais pas.
Une cassette qui offrirait un grand étagement ainsi qu’un plus petit développement au rapport de 1:1 est donc pour moi d’un intérêt particulier.
Et selon ce critère, un seul choix possible: Campagnolo Ekar 13 vitesses plateau avant de 42, cassette arrière 9-42. Soit un étagement de 3,67, obtenu en soustrayant le ratio plateau/pignon le plus petit et le plus grand.
Cette combinaison vous offre le 42-9, 42-10, 42-11, 42-12, 42-13 et 42-14 lorsqu’il faut emmener de la braquasse sur portions roulantes. De quoi toujours trouver le bon braquet! Et le 42-9 n’est pas loin du 53-11 en terme de développement…
Ca grimpe sévère sur de la gravelle lousse? Vous avez le 42-36 ou le 42-42 (au ratio 1:1) pour vous tirer d’affaire.
Dur à battre.
Avec la cassette Sram XPLR 10-44 gravel, votre meilleure option est un plateau 44 dents devant. Vous obtenez un 44-44 en cas de montée sévère, et le 44-10 pour les portions les plus roulantes. Étagement total? 3,40, certes moins intéressant que chez Campagnolo, et c’est là que Sram paye le fait de ne pas disposer d’un groupe 13 vitesses.
Chez Shimano, les étagements sont nettement plus petits et moins intéressants. La combinaison plateau de 42 devant avec cassette arrière 11-42 vous donne certes un 42-42, mais aussi un étagement de seulement 2,82, loin derrière Sram ou Campagnolo. Le 42-11 peut vite vous limiter.
Encore une fois, chez Shimano, optez actuellement pour les groupes double-plateau, vous serez nettement mieux servi.
Enfin, pour ceux visant une pratique plus « extrême » du gravel, donc nécessitant des développements plus petits, deux combinaisons m’apparaissent très intéressantes.
Chez Campagnolo Ekar, le plateau 38 couplé de la cassette 10-44. Étagement de 2,94, et vous disposez du 38-44 (très très petit) et du 38-11 jusqu’au 38-15, dent par dent, pour les sections roulantes.
Vous avez l’équivalent chez Sram avec le plateau 38 et la cassette 10-44. Le 12 dents en moins!
D’autres étagements à préférer
Entre le Campagnolo Ekar plateau 42 cassette 9-36, l’Ekar plateau 40 cassette 9-42 et le Sram XPLR plateau 46 cassette 10-44, l’étagement est proche de 3,50 pour ces trois combinaisons.
Lequel choisir?!
À privilégier selon moi, l’Ekar plateau 40 cassette 9-42, qui vous donne l’option intéressante du 40-42, soit un ratio inférieur à 1:1, pour un grand développement de 40-9, très intéressant.
Les suspensions, l’avenir du gravel?
Les suspensions, qu’elles soient avant ou arrière, sont déjà apparues sur les vélos gravel.
BMC par exemple offre des cadres gravel dotés d’élastomères à l’arrière pour filtrer les vibrations.
Specialized et son fameux « Diverge » offre également une suspension avant intégrée au jeu de direction, appelé « Future Shock suspension ».
Ce ne sont là que deux exemples parmi d’autres.
Il est intéressant de noter que la nouvelle gamme Sram XPLR offre des fourches avant à suspension, intitulées « Rudy », avec travel de 30 ou de 40mm.
Avec le dropper post aussi offert sur la gamme Sram XPLR, la compagnie américaine se distingue des deux autres sur ces périphériques.
Je pense que les vélos gravel dans les prochaines années seront de plus en plus équipés de dropper post et de suspensions, à l’avant comme à l’arrière, avec évidemment des systèmes permettant de les bloquer lorsque le terrain devient roulant.
En ce sens, le vélo gravel devient de plus en plus un entre-deux entre le vélo de route et le vélo mtb (VTT), ce qui permettra à de plus en plus d’usagers de n’acheter qu’un seul vélo, un gravel, leur permettant une belle polyvalence dans les usages.
On verra probablement de plus en plus de gravel bikes sur les sentiers de Mtb (VTT), du moins ceux qui ne sont pas trop techniques!