Ca commence le 24 novembre prochain du côté de Ruka en Finlande, pour une nouvelle saison de Coupe du Monde de ski de fond.
J’ai très hâte!
Trois jours de course à Ruka, des sprints en classique le premier jour, le lendemain un 10km classique et enfin un 20km style libre le dernier jour.
Douze autres étapes seront au programme, soit:
2 décembre – Gallivare (Suède) – 10km style libre
9-10 décembre – Ostersund (Suède) – sprints classique et 10km style libre
15-16-17 décembre – Trondheim (Norvège) – sprints style libre – 20km skiathlon – 10km classique
30 décembre au 7 janvier – Tour de ski à Toblach, Davos et Val di Fiemme. La spectaculaire ascension de la piste de ski alpin aura lieu lors de la dernière étape, le 7 janvier prochain.
19-20 janvier – Oberhof (Allemagne) – sprints et 20km classique (mass start)
27-28 janvier – Goms (Suisse) – sprints et 20km style libre (mass start)
9 au 13 février – Canmore (Canada) – 10km et sprints style libre, 20km et sprints classique
17-18 février – Minneapolis (USA) – sprints et 10km style libre
2-3 mars – Lahti (Finlande) – 20km classique et sprints style libre
10 mars – Oslo (Norvège) – 50km classique (mass start)
12 mars – Drammen (Norvège) – sprints classique
15-17 mars – Falun (Suède) – sprints et 10km classique, 20km style libre
Trois épreuves par relais, toujours spectaculaires, auront lieu cette saison, soit à Gallivare, Oberhof et Lahti, tant chez les hommes que chez les femmes.
Le relais mixte aura lieu à Goms le 26 janvier, à la fois en classique et en style libre.
Le ski de fond en crise?
Il sera très intéressant de suivre l’équipe canadienne cette saison, qui poursuit actuellement sa préparation du côté de Davos.
Le gatinois Antoine Cyr est désormais « à maturité » et vise à capitaliser sur une excellente saison 2022-2023. Souvent plus fort en classique qu’en style libre, il faudra surtout le surveiller lors des épreuves de 10, 15 ou 20km dans ce style. Et son mentor est un certain Alex Harvey, jamais inutile pour profiter de l’expérience du fondeur le plus titré au Canada!
À ses côtés, il faudra aussi surveiller la progression du talentueux Olivier Léveillé, plus jeune mais qui progresse chaque saison. Je suis de ceux qui croient que personne ne connait vraiment ses limites, pas même lui!
L’équipe pourra aussi compter sur le solide Graham Ritchie, pas mal d’expérience en Coupe du Monde, mais aussi sur la machine Rémi Drolet, sur Xavier McKeever, sur Pierre Grall-Johnson et sur l’autre sherbrookois de l’équipe à côté de Léveillé, soit Léo Grandbois.
Chez les femmes, l’équipe sera amenée par Katherine Stewart-Jones, elle aussi ayant obtenu d’excellents résultats en Coupe du Monde l’an dernier. On attend logiquement plus cette saison.
On surveillera attentivement la progression de la jeune Liliane Gagnon et des autres talents comme Jasmine Lyons, Sasha Masson ou encore Jasmine Drolet, la soeur de l’autre. Dans la famille, la VO2max est plutôt bonne…
Côté adversaires, l’équipe archi-dominante côté hommes c’est évidemment l’équipe de Norvège, amenée par Johanes Hosflot Klaebo et Simen Hegstad Krueger. Je l’ai déjà écrit, le plus dur pour un fondeur norvégien, c’est de se hisser sur l’équipe nationale. Et on surveillera la progression cette saison du jeune prodige Iver Tildheim Andersen, déjà auteur d’une belle perf sur le difficile Holmenkollen 50km skate en mars dernier.
À l’occasion, Italiens (Pellegrino, De Fabiani), Français (Jouve, Lapalus, Parisse, Chanavat, Lapierre, Chappaz), Suédois (Poromaa, Halfvarsson) et Allemands (Moch) voire Anglais (Musgrave) sont capables de briller face à l’armada norvégienne.
Chez les femmes, les Suédoises (Karlson, Andersson, Ribom, Dahlqvist, Sundling) dominent actuellement un peloton qui semble tout de même plus homogène que chez les hommes. En effet, Américaines (Diggins, Brennan, Kern, Swirbul), Finlandaises (Niskanen, Parmakoski), Suissesses (Faehndrich) et Allemandes (Hennig, Gimmler, Fink) ne sont jamais très loin.
De leur côté, les Novégiennes sont toujours en « reconstruction » après la retraite, il y a deux ans, de la super-championne Therese Johaug, et miseront sur les Kalvaa, Oestberg et les soeurs Weng en attendant que Helene Marie Fossesholm remplisse enfin les attentes logées en elle il y a quelques années.
Tout n’est par ailleurs pas au beau fixe dans le ski de fond ces temps-ci.
D’une part, hommes et femmes skient désormais sur les mêmes distances, une décision controversée de la FIS compte tenu par exemple du légendaire 30km skiathlon, aujourd’hui disparu. C’est Simen Hegstad Krueger qui est le plus déçu!
D’autre part, les fondeurs russes ont cette saison encore été totalement bannis de la Coupe du Monde de ski de fond, une décision qui ne fait pas l’unanimité et qui montre à quel point les hauts dirigeants du sport sont noyautés par les scandinaves, très entiers dans leur principe.
Nombre d’athlètes russes peuvent en effet prendre part à des compétitions internationales dans de nombreuses disciplines, mais pas en ski de fond. Compte tenu que les fondeurs russes sont bien souvent les seuls à pouvoir vraiment rivaliser avec les fondeurs scandinaves – norvégiens chez les hommes, suédoises et norvégiennes chez les femmes – le ski de fond se prive là d’un spectacle intéressant, susceptible d’attirer l’intérêt du public.
Pour tout vous dire, je suis de ceux qui m’ennuie d’Alexandr Bolshunov.
Sans les fondeurs russes cette saison, on risque fort de voir la saison 2022-2023 se répéter sur plusieurs épreuves ou on enregistrait à l’arrivée 11 fondeurs norvégiens aux… 12 premières places.
Cette décision malheureuse a des impacts même en Norvège, ou les sponsors désertent désormais le sport pour investir ailleurs, notamment en biathlon qui a le vent dans les voiles. Le bugdet de l’équipe norvégienne de ski de fond a été sérieusement amputé à l’inter-saison, du coup Klaebo a décidé d’oeuvrer hors équipe nationale, pour permettre à d’autres fondeurs ayant moins de moyens de pouvoir rejoindre la Coupe du Monde.
On ne reverra plus Hans Christer Holund en compétition, le spectaculaire fondeur norvégien de longue distance ayant pris sa retraite après une saison longue de 14 ans.
Enfin, l’interdiction du fluor en compétition cette saison risque de créer un joyeux bordel.
Déjà, c’est le cas dans les premières compétitions de biathlon où des écarts entre nations au niveau du fartage sont désormais stratosphériques, l’avantage étant une fois de plus aux fondeurs scandinaves qui ont les moyens financiers et techniques de tester les nouveaux farts, donc de continuer d’être efficaces en course. Derrière, pour les autres nations, c’est la galère, et les différences de glisse sont flagrantes, presque gênantes.
Bref, même si j’ai vraiment très hâte à cette nouvelle saison de ski de fond en Coupe du Monde, je suis en même temps très inquiet pour l’avenir de cette si belle discipline, compte tenu des enjeux actuels dans le sport. Le ski de fond international ne peut pas se permettre une autre saison d’archi-dominance de la Norvège, cette année avec le fartage comme avantage supplémentaire.
On sera vite fixé avec Ruka dans deux semaines.