Outre le cyclisme et le ski de fond, la compétition de voile me passionne depuis un moment déjà, même si je n’ai pas le pied marin (ou parce que je n’ai pas le pied marin!).
Il y a eu récemment ces Coupe Louis Vuitton et Coupe de l’America disputées avec les spectaculaires bateaux de la classe AC75, des véritables Formule 1 des mers et qui impliquent des cyclistes de haut niveau. Hallucinant de précision et de technique!
Il y a maintenant la 10e édition du Vendée Globe, « L’Éverest des Mers », soit le tour du monde à la voile, en solitaire, sans escale, et sans assistance.
C’est pas compliqué, c’est dément! 45 000 kilomètres à parcourir…
Et peut-être une des dernières belles grandes aventures humaines, une vraie.
À un certain moment dans l’océan Pacifique par exemple, les marins passent près du « Point Nemo », soit le point sur le globe le plus éloigné de toute âme qui vive. À ce moment, les humains les plus près des marins sont… les astronautes de la Station spaciale (!), puisque situé à environ 500 kilomètres au-dessus de leur tête. Le premier humain sur terre est, lui, à plus de 2300 kilomètres…
C’est dire s’il faut du courage à ces 40 skippers qui partiront samedi des Sables d’Olonne en France pour environ trois mois de mer en solo, plus pour beaucoup d’entre eux.
Avec eux, leur bateau de la classe Imoca, souvent des chefs d’oeuvre de technologie. Trois catégories d’Imoca s’affronteront sur ce Vendée Globe, soit les bateaux à foils, les bateaux à dérives droites, et les bateaux plus traditionnels.
Les bateaux à foils vont plus vite, mais sont plus exposés aux avaries, comme nous le rappelle l’histoire du spectaculaire bateau Hugo Boss et son skipper Alex Thompson sur le Vendée Globe 2020 (payez-vous les images!), contraint à l’abandon sur avarie. Aller vite est une chose, mais aller vite pendant trois mois par tous les temps avec un bateau qui « tape » constamment en est une autre!
Côté parcours, c’est toujours la même chose: on descend le long de l’Afrique, le Cap de Bonne Espérance, l’océan Indien, le Cap Leeuwin, l’océan Pacifique, sa sortie via le redoutable et redouté Cap Horn à la pointe sud des Amériques, la remontée de l’océan Atlantique, et retour aux Sables. Il faudra également éviter les pièges classique, l’anticyclone des Açores, le Pot au Noir, les icebergs possibles, les OFNI (objets flottants non identifiés), et les autres navires bien sûr.
Un beau plateau !
40 skippers au départ, un record. Six femmes parmi ces skippers, aussi un record. On va se regaler.
L’archi-favori est Charly Dalin sur Macif-Santé Prévoyance, ce dernier ayant beaucoup gagné sur les courses au large ces 3-4 dernières années. Deuxième du Vendée Globe en 2020, il n’est pas là pour trier les lentilles, et possède l’un des bateaux les plus puissants de la flotte.
Parmi les autres favoris, les Yannick Bestaven, Romain Attanasio, Jérémie Beyou, Louis Burton, Samantha Davies, Arnaud Boissières, Benjamin Dutreux, Sam Goodchild, Yohan Richoome, Thomas Ruyant, Maxime Sorel ou encore Damien Séguin.
La course sera chose certaine très ouverte, plusieurs disent qu’une vingtaine de skippers et leurs bateaux peuvent s’imposer sur cette édition du Vendée Globe.
D’autres skippers ont des histoires fabuleuses.
Comme celle de Violette Dorange, premier Vendée Globe pour cette jeune femme de 23 ans, pétillante et pleine d’optimisme. Incroyable qu’elle soit même au départ, il lui manque encore 100 000 euros pour boucler son budget!
Comme celle de Jean Le Cam et sa tignasse désormais légendaire, le vétéran de 65 ans, 6e départ sur un Vendée Globe et 4e en 2020, un exploit remarquable pour un skipper sans bateau à foils. Jean part avec un bateau tout neuf, mais sans foils une fois de plus, ayant estimé que les foils, c’est trop fragiles pour un Vendée Globe. Son bateau est équipé de dérives droites.
Comme celle de Clarisse Cremer et Tanguy Le Turquais, tous deux au départ de ce Vendée Globe chacun sur leur bateau, et qui forment un couple dans la vie. Le couple laissera sur le quai samedi une petite fille de deux ans, et ce pour au moins trois mois de mer ou tout peut arriver. Fou!
Comme celle de Jingkun Xu, premier Chinois sur un Vendée Globe, un athlète handisport de surcroit, ayant perdu une main dans un accident plus jeune dans sa vie. Un Vendée Globe d’une seule main! Élu plusieurs fois personnalité de l’année en Chine, c’est tout un Monsieur, d’un calme olympien en toute circonstance.
Il existe actuellement une multitude de vidéos sur YouTube présentant ce Vendée Globe, du village sur les pontons aux skippers, en passant par des interviews spécifiques et des descriptions des différents bateaux. Je vous en ajoute seulement un, d’une durée de 5min et très beau, et qui pour moi synthétise bien ce qu’est le Vendée Globe.
Bonne course à tous, ca va être passionnant. Record à battre, 74 jours de mer pour le Saint-Graal de la course au large. Bon vent!