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Bernal: le plus dur est fait

En principe, Egan Bernal deviendra aujourd’hui le deuxième coureur colombien à remporter le Giro d’Italia après Nairo Quintana (2014).

Il rejoindra également Nairo Quintana à titre d’un vainqueur de deux grands tours cyclistes. Bernal a toutefois gagné le Saint Graal, le Tour de France (2019). Quintana, un Giro et une Vuelta.

Il ne manquera donc que la Vuelta à Bernal pour inscrire son nom au palmarès rarissime des coureurs qui ont gagné les trois grands Tours cyclistes. S’il le fait cette année, il devancera Alberto Contador, auteur du triplé à 25 ans. L’an prochain, Bernal égalerait le record de Contador.

Le Colombien a su hier s’appuyer sur son équipe Ineos, encore très forte. Il peut dire merci aux Narvaez, Moscon, Castroviejo et son compatriote Martinez, auteurs d’un boulot remarquable pour sa pomme.

Seul moment de panique, quand Castroviejo a largué son coéquipier Martinez dans la dernière descente, sous la flotte. Ils se sont vite repris en laissant l’équipier colombien recoller. Grand bien leur en a pris!

Au passage, je n’ai pas remarqué de grandes différences entre l’efficacité des Ineos dans la descente sous la pluie, comparé aux autres équipes. L’équipe Ineos est montée sur freins à mâchoires, les autres freins à disques… De quoi revoir les copies?

Tellement fort, le marketing de nos jours!

Anyway. Ca vous prend des freins à disque. Vous aurez l’air de coureurs pros.

Pour le reste, on n’a pas vu Ganna hier. Free ride, ses directeurs sportifs lui ont certainement dit « Filippo, aujourd’hui tranquillo, tu y vas dimanche pour la victoire d’étape alors repose tes jambes, pas d’efforts, et all out dans les rues de Milan« .

Bref, aujourd’hui, Ganna.

Mention très bien hier pour Romain Bardet. Avec Almeida, ca le faisait. Avec Caruso, not a chance, les Ineos allaient forcément rouler derrière. Des fois, au niveau professionnel, tes chances de succès ne sont pas en fonction des jambes que tu as, mais bien d’avec qui tu roules.

Mention très bien aussi à Caruso, belle performance. Probablement deuxième du général selon le chrono aujourd’hui, une belle victoire d’étape solo en montagne hier, rien à dire d’autre que bravo! À 33 ans, c’est pour lui une véritable consécration.

Yates a montré certaines limites hier. Le Britannique a souvent des jours sans sur les grands tours, une confirmation? Les Yates, je résumerais en disant « capable du meilleur, comme du pire ».

Les alliances d’équipe? Sur la route hier, on a vu les BikeExchange rouler avec les Ineos pour limiter la casse derrière Caruso, qui menaçait les chances de Yates de monter sur la 2e place du podium à Milan. Logique.

Et on a aussi vu une alliance italienne avec un Giovanni Visconti (Bardiani) qui roulait pour Caruso (Bahrain-Victorious) dans l’échappée. Juste une saine revanche italienne face à l’alliance colombienne!

Par contre, pour Louis Vervaeke chez Fenix, faudra m’expliquer pourquoi il a roulé aussi vite au pied de l’avant dernier col en faveur de l’échappée, pour sauter 4 km plus haut.

Giro: Bernal au métier

C’est un consensus: Simon Yates est bien le coureur le plus fort en cette fin de Giro.

Egan Bernal est sur les vapeurs.

Mais il dispose de la meilleure équipe qui soit.

Et manifestement, l’équipe court très intelligemment.

Chez Ineos, on reste groupé jusque très tard dans la course, on ne répond plus aux attaques dans la dernière ascension et on monte au train pour abriter Bernal.

La recette est éprouvée.

Yates a 2min49 de retard sur Bernal. De quoi gérer.

Assurément, Yates vise plutôt la 2e place, avec seulement 20sec d’écart à combler sur Caruso. La lutte sera là aujourd’hui sur la route de Alpe Motta, et dimanche dans le chrono.

Et on ne sait jamais, Bernal peut craquer. Il faut essayer. L’altitude, avec deux cols à franchir en haut de 2000m, réussit toutefois bien à Bernal. La dernière ascension n’est pas très difficile, son équipe devrait pouvoir l’épauler jusque tard dans l’étape.

Chose certaine, ils ne sont plus que trois pour le podium: Bernal, Caruso et Yates. Tous les autres viseront une belle victoire d’étape, et pour cela il faudra lancer dès l’ascension du San Bernardino, en espérant résister au rouleau-compresseur Ineos dans le final.

Bardet, Carthy, Vlasov, Almeida, Bennett, Formolo, Nibali, ils ont tous un va-tout à jouer aujourd’hui. Espérons une course de mouvement!

C’est Almeida qui a probablement le plus faim.

Et les Ineos savent que ce soir, leur Giro est terminé; dans le chrono dimanche, ce sera chacun pour soi. Ils donneront tout ce qu’il leur reste dans l’étape d’aujourd’hui pour protéger l’avance de Bernal. Et ainsi faire un doublé, avec la victoire de Geoghegan l’an dernier.

Le dernier chrono dimanche? Bernal, Yates et Caruso ont fait à peu près jeu égal dans le chrono du premier jour. Ganna remportera l’étape, mais je doute que ce chrono provoque de gros changements pour le podium.

Des alliances d’équipe demain? Pas impossible non plus. On sera vite fixé. Chose certaine, tous les coureurs colombiens de ce Giro roulent pour Bernal. Sinon, comment expliquer hier l’action de Molano chez UAE Team Emirates?

Giro: c’est pas fini!!!

On dirait bien que la montée de Sega di Ala en a surpris plus d’un hier. Pour une première, c’est réussi!

En premier lieu le maillot rose d’Egan Bernal, jusqu’ici sans faille aucune. Hier, sur les pentes abruptes de cette ascension finale, il a montré des signes de défaillance, ne pouvant suivre le rythme de Yates et d’Almeida.

Je pense que Bernal a fait l’erreur de répondre trop violemment à l’attaque de Yates. Il s’est manifestement mis dans le rouge, et a sauté quelques mètres plus loin.

En tout cas, Bernal peut dire merci à son compatriote Daniel Martinez qui l’a épaulé jusqu’au bout, n’hésitant pas d’ailleurs à parfois l’haranguer pour qu’il reste motivé et qu’il appuie plus fort sur les pédales.

Chez Ineos, on était proche de la panique, j’en suis sûr.

Du coup, Yates et Caruso penseront que Bernal est prenable. De quoi donner des idées pour les étapes de vendredi et samedi.

Tous deux n’auront pas de mal à trouver des alliés de circonstances qui voudront faire tomber le rouleau-compresseur Ineos.

Joao Almeida d’abord, qui semble finir très fort ce Giro et qui cherche certainement une belle victoire d’étape. Yates et lui peuvent faire un duo de choc.

Romain Bardet aussi voudra profiter d’une condition en hausse.

Giulio Ciccone devra aussi se rabattre vers cet objectif d’une victoire d’étape après avoir perdu pas mal de temps hier, étant pris dans la chute qui a entrainé Remco Evenepoel aussi, et qui l’a contraint à l’abandon hier soir.

George Bennett, Davide Formolo veulent aussi exister sur ce Giro.

Bref, c’est loin d’être fini! Et on a déjà vu des défaillances sur un dernier chrono. Toujours difficile, un dernier chrono après trois semaines de course intense dans les jambes. Révélateur des facultés de récupération.

Giro: ce qui reste à prendre

Le taulier est de retour…

Alors que le Giro reprend aujourd’hui après le deuxième jour de repos, quelques réflexions sur la course jusqu’ici et sur ce qui reste à prendre d’ici l’arrivée dimanche prochain à Milan.

L’étape d’aujourd’hui d’abord, 193 kms vers Sega di Ala, une arrivée en altitude qu’on connait mal, mais qui s’annonce redoutable: 11km à 9,8% de moyenne, des passages très pentus sur le haut avec notamment deux kilomètres à plus de 12%, et un court passage à 17%.

Juste avant, les coureurs devront franchir le Passo di San Valentino.

La chance des coureurs aujourd’hui? Pas d’altitude. Le San Valentino culmine à 1315m.

Et une météo clémente.

Le reste de la semaine ne sera pas simple pour autant. Sur les cinq étapes restantes, on compte trois arrivées en altitude (incluant aujourd’hui) et un chrono de 30 bornes dimanche prochain à Milan. Belle débauche d’énergie pour les coureurs!

L’étape de jeudi sera l’étape de récup. Vendredi, 176kms et une arrivée à l’Alpe di Mera, 1500m d’altitude.

Samedi, la grosse étape restante, avec 164 kms et deux cols à plus de 2000m d’altitude, le Passo San Bernardino et Passo di Spluga, avant l’arrivée à l’Alpe Motta où la Madonna d’Europa accueillera les coureurs. À partir de la mi-étape, plus de répit pour les coureurs, ca montera et ca descendra jusqu’à la ligne.

Si Egan Bernal est un solide leader au général, épaulé par une équipe Ineos tout aussi solide, tout peut encore arriver sur de telles étapes.

La météo semble vouloir enfin coopérer et les coureurs devraient profiter d’un temps plus sec et plus ensoleillé pour le reste du Giro.

Ce qui reste à prendre

Les deux premières places du général semblent solides, avec Bernal et Caruso.

Surprenant Caruso! 33 ans, pro depuis 2012, pas de grand palmarès, son meilleur résultat en carrière sur un grand tour est une 8e place sur le Giro 2015. Solide cependant, 14 grands tours à son actif, le gus en a jamais abandonné un! Pour lui, une 2e place serait une consécration. Et pour son équipe Bahrain-Victorious aussi.

La troisième place de Hugh Carthy sera probablement la plus disputée, trois coureurs naviguant à quelques 40 secondes du podium, soit Simon Yates, Alexandr Vlasov et Giulio Ciccone.

Bref, tout ce beau monde voudra prendre du temps, et ne diront pas non à une victoire d’étape en cours de route.

Les Romain Bardet, Dan Martin, Vicenzo Nibali, Bauke Mollema, George Bennett et surtout Remco Evenepoel voudront aussi sauver leur Giro 2021 sur les prochaines étapes. On devrait assister à une course de mouvement.

Pour Remco, l’étape de jeudi est probablement celle qui a retenu son attention car le chrono de Milan le dernier jour semble déjà promis à Ganna, 30 kms tout plat en légère descente (le 60 km/h de moyenne est jouable si on a vent de dos!). Avec 231 kms et quatre belles courtes bosses dans les 30 derniers kms, Remco pourrait faire parler sa puissance de train pour tenter un coup dans le final. Il l’a déjà fait plus tôt dans sa carrière, façon Alaphilippe!

Classement meilleur grimpeur

Le Français Geoffroy Bouchard d’AG2R-Citroen est toujours en tête du classement du meilleur grimpeur, 29 petits points devant Bernal. Ca sera très difficile pour lui de rester en tête je pense, il n’aura d’autres choix que de grapiller un maximum de points sur les premiers cols des étapes.

Classement par équipe

Possiblement une belle lutte de ce côté, avec Trek-Segafredo un maigre 6min d’avance sur Ineos.

On saura vite aujourd’hui si ce classement fait l’objet d’une convoitise de l’un ou l’autre des deux équipes. Trek a certainement le plus à gagner d’un succès. Ils ont un coup à jouer, avec Ciccone, Mollema, Nibali.

Le bilan à ce jour

Bernal a manifestement retrouvé la condition qui lui avait permis de gagner le Tour de France 2019. Il explose le temps d’ascension de Gilberto Simoni en 2003 sur le Zoncolan côté Sutrio, par plus d’une minute. Pas de données publiques de puissance pour Bernal (…) mais on sait que pour venir à bout de cette mythique ascension, Caruso a dû développer un peu plus de 400 watts pendant environ 41 minutes. Ouch.

Hasard de la vie, Bernal s’était aussi imposé lors d’une étape écourtée pour cause d’orages de grêle sur son Tour de France victorieux, l’étape vers Tignes en passant par l’Iseran avait à l’époque aussi subit des conditions météo difficiles.

Bernal semble à l’aise sur des routes de gravier, dans la pluie et le froid, et en haute altitude. Des atouts non négligeables, et des conditions qu’on retrouve certainement assez régulièrement chez lui en Colombie, à l’entrainement.

Remco

Le jeune prodige belge a pris une belle claque sur ce Giro, et je pense qu’il s’agit peut-être du premier gros revers de sa carrière. Un sentiment dont parle également son manager général Patrick Lefevere.

Je pense que Remco vient de comprendre ce qu’est réellement le cyclisme professionnel au plus haut niveau, quand tu dois te battre avec des coureurs qui ont déjà remporté des grands tours. Pas simple.

Il va apprendre, pas inquiet là-dessus. Et puis, quand tu as le moteur, ben tu as le moteur. Ça, ça ne se perd pas.

Je suis plus inquiet des limites techniques qu’il a montrées, que ce soit sur les Strade Bianche où il n’était pas à l’aise du tout, ou dans les descentes de cols, surtout sous la pluie.

En clair, Remco descend comme un fer à repasser. Probablement pas étranger à sa violente chute dans la descente de Sormano l’an dernier, et qui lui a valu des mois d’hôpital.

Son équipe Quick Step devra prendre le taureau par les cornes. Lui faire faire du karting peut-être, ou le sens des trajectoires est tout. D’autres coureurs ont pu s’améliorer considérablement dans ce registre par le passé, je pense par exemple à Thibault Pinot.

Les échappées

Je sais pas vous, mais le nombre d’échappées qui sont allés au bout sur ce Giro m’a frappé. On n’avait pas vu ça depuis 20 ans sur les grands tours. Exit le retour du paquet dans les 10 derniers kilomètres, cette année le peloton du Giro laisse filer, avec la bénédiction des Ineos. Ca fait quoi, 7 ou 8 étapes que la victoire se joue parmi les coureurs devant? Intéressant! De quoi en tout cas raviver l’intérêt de se lancer tôt dans pareils raids. On sait jamais, sur un malentendu, ca peut marcher… plus aujourd’hui qu’hier! Espérons notamment qu’un Antoine Duchesne pourra en prendre une belle prochainement…

Lotto-Soudal

Encore cinq étapes et il leur reste… deux coureurs en course! Caleb Ewan a certes remporté deux étapes avant de quitter la course, mais l’équipe belge a depuis été décimée.

Qhubeka-Assos

L’équipe sud-africaine est restée en WorldTour in-extemis à la fin de la saison passée. Elle vient de signer trois succès en cinq étapes sur ce Giro, c’est la fête totale de leur côté: d’abord Mauro Schmid, puis Giacomo Nizzolo et enfin Victor Campenaerts. J’ai l’impression que l’ambiance au sein de cette formation est au beau fixe, et des succès en appellent souvent d’autres!

Photos

Très belles photos de l’étape du Giau avant-hier, vraiment. Merci à thierry pour le lien.

Ambiance bord de la route

Bernal, option victoire

Quelle étape hier!!!

Question: suffit-il d’organiser une course cycliste dans la région de la Toscane pour avoir un gros spectacle?!

Pour y avoir été, la Toscane, ben ça monte et ça descend. Et il y a effectivement de belles routes blanches bordées de cyprès.

Terre de cyclisme.

Chaque année, on se régale avec les Strade Bianche. On s’est régalé hier avec la 11e étape du Giro qui a causé de gros dégâts au général.

Bernal et ses Ineos ont tout fait exploser, en commençant le travail par un relais monstrueux de Filippo Ganna sur le premier secteur de gravel. Ganna roulait tellement vite qu’il a failli rater un virage en descente.

Plein de maitrise, Bernal n’a jamais lâché sa roue sur ce premier secteur. Il faut certainement y voir les fruits du passé de Bernal, qui a débuté en MTB (VTT) et qui est sans l’ombre d’un doute à l’aise sur des routes de gravel, bien plus en tout cas que les autres favoris de ce Giro. Rappelez-vous que Bernal a terminé 3e des Strade Bianche cette année.

Remco Evenepoel était, lui, manifestement beaucoup moins à l’aise sur de telles routes. Ses difficultés étaient évidentes à chaque virage, dans chaque descente.

La panne de jambes due à une fringale? Une mauvaise gestion de sa première journée de repos en carrière sur un grand tour ? Je ne pense pas. Sur l’asphalte, Evenepoel semblait bien rouler.

Quoi qu’il en soit, l’équipe Deceuninck a totalement implosé hier, laissant tomber leur leader au plus mauvais moment. C’était indigne de la plus grosse équipe de Classiques d’un jour, voire même indigne d’une équipe cycliste pro tout court. Si quelques équipiers ont bien ramené Remco devant après le premier secteur, ils doivent aussi leur salut à ce moment à la présence dans leur groupe de Vlasov qui a donc fait rouler ses Astana.

Par la suite, bonsoir la Deceuninck, on se revoit aux douches. Almeida était devant avec Remco avec 20 bornes à faire, mais ne s’est jamais occupé du jeune prodige belge qui était dernier du groupe à faire le yo-yo. Une fois lâché, Remco était fou furieux, probablement du manque de soutien de son dernier équipier. C’est clair que le mental de Remco a été défaillant à ce moment de l’étape.

Almeida a certes été ensuite rappelé par son équipe pour revenir épauler Evenepoel, mais c’était beaucoup trop tard. Evenepoel lâche quand même plus de deux minutes sur Bernal au général, ça fait mal.

Si Almeida n’est plus chez Deceuninck l’an prochain, ne vous surprenez pas. Ca a dû causer sévère dans le bus après l’étape, c’est moi qui vous le dit. Patrick Lefevere ne devait pas être content du tout devant son poste télé hier après-midi.

Il manque un lieutenant pour Remco, un solide coureur d’expérience capable de le rassurer dans les phases critiques, ou lorsqu’il vit un moment de moins bien. Beaucoup de leaders ont bénéficié de tels « capitaines de route » étant jeunes, et Remco semble actuellement bien isolé au sein même de sa propre équipe.

L’étape a également été fossoyeur des ambitions de Dan Martin, de Davide Formolo, de Giulio Ciccone, de Marc Soler, de Romain Bardet et de Jai Hindley. Ils joueront désormais les victoires d’étapes.

Bernal se pose aujourd’hui comme l’homme fort du Giro. Son équipe est la plus solide du peloton également. On voit mal comment lui ravir le maillot rose, sauf défaillance, ce qui est toujours possible en cyclisme. Il reste beaucoup de grosses étapes, à commencer par celle d’aujourd’hui qui pourrait aussi créer de gros écarts notamment parce qu’on grimpe pas mal, et que l’étape fait 210 bornes au lendemain d’une grosse journée. Le Zoncolan se profile samedi.

Vlasov est pour moi le plus sérieux rival de Bernal à ce stade-ci. Je ne serais pas surpris de le voir 2e à Milan.

Emanuel Buchmann m’a paru hier très bien, et my good! qu’il est affuté. Pas un pet de graisse… Je pense qu’il peut jouer la 3e place à Milan, notamment parce qu’il est mon client #1 pour l’étape de samedi sur le Zoncolan, avec Bernal.

L’inconnu demeure Simon Yates, qui sauve les meubles hier et qui pointe actuellement à la 5e place du général, à à peine plus de 30 secondes de la 2e place de Vlasov. Yates pourrait être très fort en montagne en 3e semaine. Méfions nous de lui, il joue pour le moment profil bas et semble attendre son heure.

Pour le reste, on peut penser à une réaction d’orgueil prochaine de Remco Evenepoel qui estime probablement, avec raison, qu’il n’a pas été battu sur sa valeur physique hier. Il veut aussi certainement gagner la confiance de toute son équipe Deceuninck sur les grands tours pour les prochaines années, notamment pour demander à ce qu’elle soit renforcée à l’intersaison. Je pense qu’on n’a pas tout vu du jeune belge; il n’en restera pas là.

Bernal-Evenepoel: ca sera sans merci!

Images incroyables hier lors de la 10e étape du Giro, je ne me rappelle pas d’avoir vu ça sur un grand tour. Payez-vous les images, ça vaut vraiment la peine (ça commence à 1min47 du résumé de l’étape ci-bas).

Bernal et Evenepoel qui sprintent à fond sur un sprint bonif (en temps, d’où l’intérêt bien sûr, n’étant tous deux séparés que de quelques secondes au général) au km 121 de l’étape, on croyait rêver. Tout cela pour un gain potentiel de quelques secondes dérisoires lorsqu’on songe que samedi, ca se jouera sur le Zoncolan.

Je suppose que c’est ca, le cyclisme moderne et c’est tant mieux car le spectacle était autant inattendu que captivant.

Normalement, sur une telle étape « de transition », les principaux leaders en profitent pour se refaire une santé en prévision de la montagne à venir.

Et bien non.

Et le tout était probablement prémédité chez Ineos puisque c’est nul autre que Ganna, le dragster italien, qui amène Bernal à quelques hectomètres du sprint. Il amène tellement fort qu’il créé un trou avec Evenepoel, dont l’équipe le lâche au même moment, plus personne ne pouvant l’aider à ce niveau de puissance. Remco a dû parler au WolfPack hier soir: focus les boys.

Mais retour à l’action hier, Remco ramène solo, incroyable. Dans le vent.

Il rentre sur Ganna et Bernal, et poursuit son effort, doublant les deux coureurs Ineos. Ganna s’écarte, Bernal agonise dans la roue d’Evenepoel, ne peut plus se lever alors que Remco en remet une couche et lance son sprint en danseuse.

Manque de chance, Remco avait scotché derrière lui un autre coureur Ineos, Narvaez. Ce dernier a été très lucide et un parfait équipier, débordant Remco dans les tous derniers mètres pour aller le priver du meilleur bonus en temps sur la ligne.

Bien joué Ineos: à défaut que Bernal puisse rafler la mise, autant que ce soit un de ses équipiers qui prive Remco du pactole.

Ouf. Belle phase de course.

On ne se fera pas de cadeau ça c’est clair entre Bernal et Evenepoel. Les deux veulent le titre, et le veulent vraiment.

La puissance de Remco sur cette phase de course était impressionnante. Pouvoir se lever ainsi de la selle pour lancer un sprint après un effort titanesque pour boucher solo un trou sur le duo Ganna-Bernal, il faut le faire.

Bernal, lui, tente bien de se lever pour lancer son sprint, mais se rassoit aussitôt, probablement les jambes asphyxiées par les lactates.

Aujourd’hui, repos.

Mercredi, une belle étape en Toscane sur les Strade Bianchi.

Et samedi, le grand test: Zoncolan.

Ce Giro me plait de plus en plus!

Giro: le carré d’as

À priori, ils ne sont plus que quatre à pouvoir prétendre à la victoire sur ce Giro 2021: Egan Bernal le nouveau maillot rose, Remco Evenepoel, Giulio Ciccone ainsi qu’Alexandr Vlasov.

Le plus vieux d’entre eux a 26 ans! (Ciccone)

Le plus solide pour le moment, c’est Bernal selon moi ; il présente le plus de garantie. Son accélération hier dans les derniers 600m pour la victoire d’étape (sa première en carrière sur un grand tour!) était tranchante. Pas de doute qu’il est revenu à son meilleur niveau, après une année 2020 très compliquée.

La semaine qui s’amorce mercredi sera difficile et selon moi à l’avantage de Bernal.

Jeudi vers Bagno di Romagna, 208 kilomètres, une étape qui reprend en gros les routes des Strade Bianche, au coeur de la Toscane. Rappelons-nous que Bernal a terminé 3e de la course en mars dernier. Son équipe Ineos est surpuissante, avec notamment les Castroviejo, Moscon, Ganna et Martinez pour l’épauler. Il a de quoi aborder cette étape avec l’esprit assez tranquille, sachant que tout peut toujours arriver.

Bernal présente aussi les meilleures garanties d’un succès au sommet du Zoncolan samedi prochain, une étape qui promet. Ciccone devrait aussi être dans le coup.

Ceci étant, j’aime beaucoup l’attitude et la position au général de Remco Evenepoel en ce moment. Si je voulais gagner ce Giro, c’eut été mon attitude: rester au contact de Bernal sachant qu’il existe un dernier chrono long de 30 kilomètres le dernier jour pour faire la différence.

Seul le maillot rose à Milan importe, et Evenepoel ne dispose pas d’une équipe aussi forte qu’Ineos pour contrôler encore 11 étapes.

Vlasov, c’est le joker. On ne sait pas trop de quoi il est capable, et son lieutenant Luis Leon Sanchez a plus d’un tour dans son sac, disposant du bagage de l’expérience.

Dan Martin, Simon Yates, Hugh Carthy, Marc Soler et Romain Bardet marquent tous le pas, mais ils voudront certainement exister d’une façon ou d’une autre sur ce Giro. Ils peuvent provoquer des choses susceptibles d’influencer la course au maillot rose, des opportunités pouvant s’ouvrir à tout moment. Des alliés de circonstance aussi.

Bref, rien n’est encore joué et ca s’annonce passionnant cette semaine. Ne manquez pas les étapes de jeudi et de samedi, ca sera du grand cyclisme je pense.

Antoine Duchesne

Gros boulôt d’Antoine Duchesne sur les deux dernières étapes, à rouler devant le peloton durant des kilomètres pour protéger son leader et maillot rose Attila Valter. Ca fait plaisir de revoir Antoine à ce niveau, utile pour son équipe, après une saison 2020 pas simple à gérer. Hard work always pays off, de quoi penser que la suite sera intéressante pour lui.

Nove Mesto MTB

Une minute. C’est la valise qu’a mis Thomas Pidcock à Mathieu Van Der Poel hier sur le XCO de Nove Mesto, 2e manche de la Coupe du Monde de VTT.

Tout simplement impressionnant. Le jeune coureur britannique a livré hier une réelle démonstration de force et de maitrise, décollant à la mi-course environ pour ne plus être revu.

Selon ses propres aveux, c’est dans la discipline du VTT qu’il se réalise le plus. Ca promet.

Ceci étant, devinant le tempérament de gagneur de MVDP, celui-ci doit être piqué au vif. Surtout par un rival sur les circuits de cyclo-cross aussi. MVDP va revenir c’est certain, plus fort encore. Rappelons que son objectif 2021 est l’épreuve de VTT des prochains Jeux Olympiques de Tokyo.

MVDP part-il trop vite sur ces épreuves XCO? Deux week-ends, deux mêmes stratégies, deux défaites: Mathieu décolle comme une fusée, puis semble marquer le pas au bout d’environ deux tours. Il ne peut suivre sa propre cadence. Des ajustements à faire?

Chez les femmes, le récital Loana Lecomte se poursuit. La Française est simplement intouchable en ce moment. Ca semble si facile!

Et chez les U23 hommes, nouvelle victoire du Canadien Carter Woods!!!

Le point sur le Giro

L’histoire de ce Giro pour le moment, c’est la pluie et le froid qui durcissent la course et font souffrir les organismes.

L’étape d’hier a été éprouvante c’est certain, et plusieurs coureurs y auront laissé des plumes. C’est notamment le cas de l’équipe Ineos, qui a beaucoup travaillé sur les 60 derniers kilomètres afin de préparer le terrain pour Egan Bernal.

Bernal n’a pas déçu, et s’inscrit aujourd’hui comme un des tous favoris de ce Giro. Son équipe est solide (mais a-t-elle trop travaillé hier?), il est en forme, il est jeune et on sait qu’il a la caisse pour tenir trois semaines durant, et notamment dans les cols culminant en altitude.

Ceci étant, j’ai beaucoup aimé la course de Remco Evenepoel hier, une course que j’estime intelligente. Il savait que le Giro ne se gagnait pas hier. Qui plus est, dans les conditions météo difficiles, tu ne veux pas trop en faire, mais plutôt faire le dos rond, attendre que ca passe sans pour autant perdre du temps.

Mission accomplie pour Remco hier: il reste au contact de Bernal, profite du travail des Ineos pour distancer certains adversaires notamment Simon Yates, et garde des forces pour la suite.

Pour moi, à la lumière de ce qu’on a vu hier, ce Giro se jouera entre Evenepoel et Bernal. La 14e étape qui se termine par l’ascension du Zoncolan sera déterminante pour les départager, pas de doute.

Ils ont perdu le Giro

Outre certains comme Landa qui ont perdu ce Giro sur chute et abandon, quelques coureurs ont déjà été distancés sur cette course. Je pense à Jay Hindley, à Joao Almeida désormais au service de Remco, à George Bennett, à Bauke Mollema, voire à Marc Soler.

Ils sont encore dans le coup

Certains sont limite, mais ils peuvent encore y croire.

Simon Yates en premier lieu. Incapable de suivre le groupe Bernal hier, il limite les dégâts mais inquiète pour la suite.

Idem pour Alexandr Vlasov et Romain Bardet. On a vraiment l’impression qu’ils sont un peu justes.

Par contre, Dan Martin et Giulio Ciccone ont agréablement surpris hier et semblent pouvoir suivre la cadence de Bernal dans les ascensions. Une belle place à Milan leur semble tout à fait jouable.

Hugh Carthy, actuellement 6e du général à 38 secondes du maillot rose, demeure pour moi une énigme. Totalement imprévisible!

Antoine Duchesne

Contre toute attente, le maillot rose se retrouve aujourd’hui à la Groupama-FDJ, l’équipe du coureur québécois Antoine Duchesne.

Ils peuvent espérer conserver le maillot un jour de plus, donc je ne serais pas surpris de voir l’équipe travailler en tête sur l’étape d’aujourd’hui pour assurer la défense du maillot d’Attila Valter.

Dimanche, ca sera une autre paire de manche, mais Valter grimpe bien en ce moment, il peut aussi y croire, sachant que lundi, ça sera assurément fini.

L’étape d’aujourd’hui

Étape de transition aujourd’hui, en principe assez tranquille du côté du général.

Les réjouissances reprennent dimanche avec une étape un peu comme celle d’hier, une belle ascension à l’amorce du final, une longue descente puis une courte grimpée vers l’arrivée. Encore une étape où, si tu n’es pas bien dans la première longue ascension, tu peux perdre beaucoup de temps si tu te retrouve isolé dans la descente.

Je m’attends à ce que la Bora-Hansgrohe roule dans le long col dimanche si Sagan est au contact, question d’éliminer plusieurs sprinters en faveur du coureur slovaque. C’est l’occasion de le replacer dans la course au maglia ciclamino.

La belle aventure de Taco

Ca arrive si rarement dans le cyclisme moderne qu’il convient de saluer cette victoire en solitaire de Taco Van Der Hoorn au terme d’une longue échappée (180 bornes!) sur la 3e étape du Giro.

Une victoire qui fait plaisir à tout le monde!

Une victoire impressionnante aussi, car il fallait à la fois de la ressource et du jugement pour décrocher ce succès.

La patte, Taco l’avait hier. Il a su aller au bout de lui-même dans les cinq derniers kilomètres pour résister au retour du peloton. Son faciès en disait long sur l’intensité de l’effort sous la flamme rouge. Chapeau.

Il fallait aussi du jugement pour attaquer son dernier compagnon d’échappée, Simon Pellaud, à neuf kilomètres de l’arrivée. Comme beaucoup, j’ai d’abord cru à une grosse erreur: à deux, tu as plus de chance de rallier l’arrivée sans te faire rattraper que solo.

Ben non. Taco a vu juste, sentant probablement que Pellaud faiblissait.

Taco est allé chercher son destin, seul contre tous. Il a réussi.

Magnifique.

Taco offre aussi une première victoire en World Tour à sa formation belge Intermarché-Wanty-Gobert Matériaux, une équipe qui a franchi le pas vers le plus haut niveau à l’intersaison.

Un grand pied de nez aussi aux équipes de sprinters et aux oreillettes, battues hier. La Bora-Hansgrohe a eu beau rouler pour lâcher d’autres sprinters et préparer le sprint de Sagan, elle n’est pas revenue sur Taco. La la lère…

Souvent, ce genre d’événement peut déclencher un effet très positif pour le coureur, qui prend soudainement confiance. C’est ce que je souhaite à notre ami Taco, son rêve étant d’un jour briller sur Paris-Roubaix. Pourquoi pas?!

Comme j’écris souvent, il faut y croire.

Chose certaine, un cyclisme comme ça, on signe des deux mains.

Ganna, moins tranquille aujourd’hui

Auteur d’un prologue époustouflant (plus de 58,5 km/h de moyenne!!!) sur son 58×11, Filippo Ganna porte le maillot rose depuis le 1er jour. Il sera moins tranquille aujourd’hui, avec un final compliqué puisque comportant plusieurs belles patates qui ne devraient pas manquer de créer une course de mouvement.

Misons un changement d’épaules pour le maillot rose.

Et le premier rendez-vous se profile déjà, jeudi prochain vers Ascoli Piceno, avec une arrivée située après environ 15 bornes d’ascension, dont les cinq derniers kilomètres à près de 8% de moyenne.

Ca sera une première indication des forces en présence pour la course au maillot rose.

Incroyable MVDP

Ce fut également un régal le week-end dernier du côté d’Albstadt, pour la première manche de la Coupe du Monde de vélo de montagne.

Sur l’épreuve de sprint vendredi, victoire de Pauline Ferrand-Prévost chez les femmes et de… Mathieu Van Der Poel chez les hommes. Les attaques de ce dernier durant l’épreuve étaient tout simplement un spectacle hallucinant. Payez-vous les images, c’est sur Red Bull TV.

Dimanche, doublé français avec la victoire de la jeune Loana Lecomte chez les femmes, et de Victor Koretsky chez les hommes, pour ce dernier sa première victoire en Coupe du Monde. Il devance nul autre que le multiple champion du monde Nino Schurter.

Parti comme une fusée dimanche, MVDP n’a pu tenir le rythme et a faibli peu avant la mi-course, une situation inhabituelle mais qu’on a quand même vu à quelques reprises chez le prodige néerlandais. Je pense que MVDP a peut-être un peu de mal à s’acclimater aux grandes chaleurs (il faisait très chaud en Allemagne dimanche) et que pour lui, c’est toujours tout ou rien. C’était tout vendredi, et c’était rien dimanche.

Il sera revanchard le week-end prochain à Nove Mestro pour la 2e manche! Ca sera intéressant.

Victoire canadienne

Extraordinaire performance du jeune coureur canadien de la Colombie-Britannique Carter Woods dans la course U23 de cette manche de la Coupe du Monde le week-end dernier puisque Woods a… remporté la course, excusez du peu!

Avec des performances en hausse de Léandre Bouchard, un Peter Disera qui est présent lui aussi, voilà que la relève masculine en VTT pour le Canada semble être aussi assurée avec Carter Woods.

Giro: Evenepoel, parce que Merckx

L’intérêt suprême de ce 104e Giro d’Italia, ca se résume à un nom: Remco Evenepoel.

Souvent présenté comme le nouvel Eddy Merckx, le jeune prodige belge a jusqu’ici impressionné la galerie, vainqueur en 2020 de toutes les courses professionnelles à étapes où il a pris le départ.

Jusqu’à ce virage manqué dans la descente de Sormano sur le Giro di Lombardia.

Depuis, convalescence.

Et préparation en vue de son grand objectif 2021, le Giro. Je pense que son équipe Deceuninck l’a volontairement gardé à l’écart de toute compétition jusqu’ici, et à l’abri des médias ; on sait très peu de choses sur sa condition actuelle. Je soupçonne que tout cela soit savamment orchestré, question de frapper un grand coup dès son retour sur la scène.

On sera vite fixé, ce Giro débutant par un chrono de 8,6 kilomètres dans les rues de Turin. Rappelons qu’Evenepoel s’est déjà offert à la fois Ganna et Dennis sur la discipline, pourtant les deux spécialistes actuels.

Merckx a gagné son premier Tour en 1969, mais pas son premier Grand Tour en carrière, puisqu’il a terminé 9e du Giro 1967.

Evenepoel mieux que Merckx? Ca commencerait par une victoire à son premier Grand Tour. S’il réussissait, il ferait même mieux que… Tadej Pogacar, l’autre surdoué du moment, vainqueur de son premier Tour de France l’an dernier à 21 ans et 11 mois, et 3e de la Vuelta 2019, son premier Grand Tour en carrière. Remco, lui, est âgé de 21 ans et 3 mois.

Je suis certain qu’Evenepoel est motivé devant tous les succès des Roglic, Pogacar, VDP, Van Aert et Pidcock cette saison: il veut montrer qu’il est dans une ligue à part. Le Giro lui donne un terrain à la hauteur de ses ambitions.

Et puis, une victoire d’Evenepoel sur ce Giro voudrait dire qu’il aurait battu Egan Bernal, l’autre star de l’épreuve, vainqueur du Tour de France 2019 à l’âge de 22 ans et 6 mois.

De quoi mettre la table pour un grand clash Pogacar-Evenepoel sur le Tour 2022…

104e édition du Giro

Au menu de Messieurs les coureurs, 3 488 kilomètres entre Turin et Milan, répartis en 21 étapes, selon la formule consacrée.

Quatre étapes font plus de 200 kilomètres.

Deux courts chronos, le premier (8,6 kms) et le dernier (30,4 kms) jour.

Six étapes de montagne, huit arrivées en altitude.

Un juge de paix, le redoutable Monte Zoncolan – il mostro! – qu’on abordera au km 192 de la 14 étape. Ca va faire mal. Fait particulier, on monte cette année le mostro via son côté Sutrio, emprunté une seule fois sur le Giro à ce jour, en 2003 (vainqueur d’étape et du Giro cette année-là, Gilberto Simoni).

Une belle grande étape de montagne (210 kms) aussi lors de la 16e étape entre Sacile et Cortina d’Ampezzo, par delà les fameux Fedaia, Pordoi et Giau. 5 500m de dénivelé dans la journée, et paysages magnifiques garantis! Et puis, le Giau n’est pas facile (10 kms à 10% de moyenne), j’en sais quelque chose pour y avoir beaucoup souffert sur un Marathon des Dolomites.

Une autre belle étape le lendemain entre Canazei et Sega di Ala, encore 194 kilomètres et deux ascensions redoutables dans le final, le Passo San Valentino et la montée finale inédite sur le Giro, longue de 11 bornes à une pente moyenne de 9,6%. On dit cette montée très irrégulière, propre à casser les coureurs.

Une foule d’autres étapes montrent un profil intéressant et casse-pattes, susceptible de piéger les favoris dans la course au maillot rose.

6e étape:

12e étape:

19e étape (les trois derniers kms de l’Alpe di Mera sont à 11%):

20e étape, 4000m de dénivelé dans la journée:

Bref, un Giro usant et difficile à maitriser, qui tiendra les leaders sur la corde raide pendant les trois semaines de l’épreuve.

Les favoris

Outre Remco Evenepoel, un favori selon moi: Simon Yates chez Team BikeExchange. Il vient de s’imposer sur le Tour des Alpes, de façon convaincante. Au départ de ce Giro, c’est lui qui offre le plus de garantie. Et le vainqueur de la Vuelta 2018 a déjà prouvé pouvoir tenir trois semaines. Il a certainement soif d’une nouvelle victoire sur un Grand Tour et il pourra compter autour de lui sur Mikel Nieve et Tanel Kangert pour l’épauler en montagne.

Evenepoel, pour sa part, s’aligne avec Joao Almeida, James Knox et Fausto Masnada (3e du Tour de Romandie) pour l’aider. De quoi contrôler.

Le troisième favori, ben c’est Egan Bernal car tu ne peux pas oublier un ancien (mais jeune!) vainqueur du Tour. Bernal veut montrer que ses problèmes de dos causés par une jambe plus courte que l’autre sont derrière lui, et il s’amène bien entouré au sein de son équipe Ineos qui aligne également Ganna, Castroviejo, Martinez, Moscon et surtout Pavel Sivakov qui pourrait être l’autre coureur à causer une surprise.

Bernal n’a pas été revu en compétition depuis mars, après un début de saison prometteur et notamment cette 3e place sur les Strade Bianche et cette 4e place sur Tirreno-Adriatico.

Sur le papier, cette équipe Ineos est à mon sens la plus forte du lot.

D’autres coureurs peuvent espérer un podium, Mikel Landa (Bahrain-Victorious) par exemple, ou Marc Soler (Movistar, auteur d’un beau Tour de Romandie), Alexandr Vlasov (Astana), Dan Martin (Israel-Start Up Nation), Hugh Carthy (EF), George Bennett (Jumbo-Visma) voire Romain Bardet et Jai Hindley (Team DSM), 2e l’an dernier du Giro.

Bardet, en particulier, sera intéressant à suivre en l’absence de Thibault Pinot ou David Gaudu. On pourra notamment voir l’effet du changement d’équipe chez Bardet, dont ce Giro est l’objectif important de sa saison.

Vicenzo Nibali a pu se remettre rapidement de sa chute à l’entrainement et prend le départ. Si c’est très courageux de sa part, je ne vois pas le Requin de Messine rivaliser sur ce Giro, vu la qualité du plateau présent. Chez Trek-Segafredo, vaudra mieux miser Bauke Mollema ou encore Giulio Ciccone je pense.

Sur les chronos, deux hommes se livreront un mano à mano, soit Filippo Ganna et Rémi Cavagna, ce dernier venant de s’imposer sur le dernier chrono du Tour de Romandie.

Le toujours intéressant baroudeur Thomas de Gendt est de la partie, et se lancera surement dans des raids dont seul lui a le secret.

Dans les sprints, le match s’annonce très intéressant avec un Peter Sagan à la hausse, la présence du revenant Dylan Groenewegen, Caleb Ewan en forme, Fernando Gaviria, Patrick Bevin, Elia Viviani ainsi que Tim Merlier. Ouf!

Un seul coureur canadien au départ, le Québécois Antoine Duchesne. Il devait y épauler un Thibault Pinot, finalement l’équipe Groupama-FDJ débarque avec des baroudeurs jouant les étapes, on peut penser que cela donnera des opportunités à Antoine s’il se sent bien un jour. Ca peut le faire, il faut y croire! Pourquoi ne pas tenter la chance en suivant au départ d’une étape accidentée la moto De Gendt ?!

Sur ce Tour d’Italie, je veux voir une équipe combative, qui va de l’avant et qui prend des risques dans les échappées pour aller jouer des victoires d’étapes. On leur demande maintenant de jouer leurs cartes, ils doivent saisir cette opportunité. Tous auront leur chance, ça ne sera pas un Giro facile mais nous pouvons vivre de belles choses avec ce groupe!

Philippe mauduit, directeur-sportif groupama-FDJ, 5 mai 2021 (today cycling)

À la télé

En France, fini le Giro sur L’Équipe TV, cette année c’est Eurosport.

Au Québec, pas de FloBikes. Ca sera donc GCN TV, si possible avec la géolocalisation. Sinon, les sites de streaming gratuits comme Tiz-cycling ou Steephill.tv sont une autre option, mais il faut vivre avec les désagréments possibles.

On ne les oublie pas

Ils font aussi du bien.

Woods: fier mais résigné

Quelle étape sur le Tour de Romandie aujourd’hui!

De la pluie, du froid, la course a même dû être neutralisée le temps d’une descente en début d’étape en raison d’un brouillard épais.

Une étape pour guerriers.

Et du lot, c’est Mike Woods qui s’impose au sommet de l’ascension de Thyon 2000, une très belle victoire même si Geraint Thomas, le seul avec lui sous la flamme rouge, a chuté à 50m de l’arrivée, ses mains glissant du guidon. Fort heureusement, Thomas n’a pas été blessé et a pu terminer l’étape en 3e position, et ainsi limiter les dégâts. Il expliquera plus tard que ses mains étaient gelées et donc sa prise de main lors d’un passage en danseuse a été déficiente.

Le cyclisme est parfois quasi-mathématique: si tu as les jambes, tu es devant. On savait que Mike Woods était en grande condition et qu’une victoire était proche. C’est arrivé aujourd’hui, et il peut être fier de ce succès, survenu sur une étape compliquée et difficile qui vous fixe tout de suite la qualité du bonhomme qui s’impose. Costaud.

Et Mike fait coup double, étape et classement général. Il sera donc en jaune demain à Fribourg pour l’ultime étape, un chrono de 16 bornes.

Ceci étant, Mike Woods est résigné: de son propre aveu, les 11 secondes d’avance sur Geraint Thomas, 2e du général, ne seront pas suffisantes pour remporter l’épreuve.

My time trial has improved, but it is certainly not where it needs to be in order to win this race.

Mike Woods, 1er mai 2021

Bien d’accord avec lui: Thomas est un ancien pistard, sa spécialité étant le chrono. Dur de rivaliser avec ce niveau.

Ceci étant, tout peut encore arriver: la météo annoncée demain à Fribourg est encore très difficile, avec de la pluie et un petit 10 degrés. Sur un parcours technique au départ, avec plusieurs virages serrés et une ascension pavée de 800m à 13%, ainsi qu’un final comportant aussi une descente assez pentue avec virages en bas, il peut se passer beaucoup de choses.

Mike devra se concentrer sur rester sur son vélo, assurer ses virages, en espérant que ce sera suffisant pour faire un podium au général de ce Tour de Romandie.

https://www.youtube.com/watch?v=LEL0_gUaFaw

À souligner, la prestation aujourd’hui de Ben O’Connor chez AG2R – Citroen, 2e de l’étape (en raison de la chute de Thomas il est vrai, il aurait dû terminer 3e), et qui s’est bien battu dans la dernière ascension. À 25 ans, ce coureur australien continue de progresser, c’est évident. Nul doute que son contrat, actuellement d’un an au sein de l’équipe française, sera renouvelé l’an prochain, et qu’on lui fera davantage confiance sur les prochaines courses à son programme.

Cyclisme 101

Une des premières choses que tu apprends à vélo: sur route mouillée, tu te tiens très loin des lignes jaunes ou blanches de peinture.

Ben faut croire que Stephan Kung l’avait oublié. Incroyable, pour un pro.

Tour de Romandie: une opportunité à saisir pour Woods

La 74e édition du Tour de Romandie s’élance aujourd’hui par un prologue de quatre petits kilomètres du côté d’Oron (à ne pas confondre avec Auron dans les Alpes françaises!), avec dans ses derniers 800m une belle rampe qui corsera l’affaire. Maximum effort!

J’ai toujours adoré le Tour de Romandie, que j’allais voir lors de ma vie genevoise. Une très belle région pour la pratique du cyclisme, entre mer (le lac Leman) et montagnes. Je salue au passage mes amis les Gessiens, et leur désormais traditionnelle sortie autour du lac!

Le Tour de Romandie, c’était aussi à cette période une voix unique, celle de Bertrand Duboux, qui était à cette course ce que Daniel Mangeas était au Tour de France. Je m’ennuie de son franc parlé, de ses connaissances du sport cyclisme, de son engagement aussi comme journaliste tout sauf « main stream ». Aujourd’hui, tout le monde il est gentil, tout le monde il est beau. La critique, ce n’est plus permis, sinon t’es viré.

Anyway, cette semaine, on aura six étapes à se mettre sous la dent, soit le court mais difficile prologue aujourd’hui, quatre étapes en ligne et le dernier chrono de Fribourg sur 16 kilomètres dimanche prochain. Un chrono également particulier, avec dès son départ une courte descente sur le premier kilomètre, puis une bosse pavée de 700m abordée au km 1,8. Dure entrée en la matière!

C’est un difficile Tour de Romandie. Plus de 14,000m de dénivelé en six jours.

Dès la 1e étape, on aura un circuit exigeant à faire quatre fois autour de Martigny, avec deux grosses bosses. Un écrémage à petit feu.

La 2e étape, sur 165 bornes, sera très casse-pattes. Il faudra être vigilant toute la journée si tu es parmi ceux qui visent la victoire au général. Usant.

Idem sur la 3e étape autour d’Estavayer.

L’étape reine sera samedi prochain, à ne pas louper: Sion-Thyon, avec l’arrivée en altitude à la station de ski valaisanne (les Français ont les Trois Vallées, les Suisses ont les Quatre Vallées…!). De quoi faire de gros écarts.

Les favoris

Sur le papier, y’a pas photo: un seul grand favori… Mike Woods!

Le coureur canadien vient de terminer 5e de La Doyenne, en faisant tout péter dans la Roche aux Faucons. Pas de doute, il est en grande condition, possède un gros capital confiance en ce moment et une victoire en Romandie serait un grand résultat.

Mike débarque avec une belle équipe chez Israel Start-Up Nation: Chris Froome d’abord, qui semble être un peu mieux récemment, même vu en échappée lors de la dernière étape du Tour des Alpes il y a 10 jours.

Froome pourrait-il être l’artisan de la victoire de Woods? À suivre.

Alex Dowsett, Patrick Bevin, Guillaume Boivin pourront aussi être utile à Mike sur plusieurs étapes. Israel Start-Up Nation a une grosse semaine de travail devant elle.

L’opposition viendra d’abord et avant tout de l’équipe Ineos qui aligne Richie Porte et Geraint Thomas sur l’épreuve suisse. Tous deux ont terminé 2e et 3e du Tour de Catalogne plus tôt en avril, et ils voudront se tester. Ils sont épaulés par les Rohan Dennis, Filippo Ganna et Andrey Amador, entre autre, de quoi faire des dégâts. De gros dégâts.

Autres coureurs à surveiller, certainement Marc Hirschi chez UAE, Alexei Lutsenko chez Astana ainsi que les grimpeurs Jumbo-Visma Sepp Kuss et Steven Kruijswijk.

Sinon, pas beaucoup d’autres rivaux pour Mike Woods et le général selon moi. On en sait très peu de la condition actuelle des Rigoberto Uran, Sergio Henao, Miguel Angel Lopez, Kenny Elissonde, ou encore Marc Soler et Tejay Van Garderen.

Des surprises ne sont pas à exclure, le cyclisme moderne étant plus difficile à déchiffrer qu’avant.

Peter Sagan, quant à lui, est au départ pour préparer son Giro: il est là pour suer sa vie, et bruler du gras.

Un Canadien en Romandie? Why not! L’histoire montre que la région a souvent réussi à des ressortissants canadiens (je vous laisse deviner à qui je pense, en le saluant au passage). Mike peut y croire, et pourrait signer là une très belle victoire propre à assoir son autorité au sein du peloton pro.

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