Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Auteur/autrice : Laurent Page 19 of 350

Le Tour de l’actualité

Après deux semaines de ressourcement, reprise sur La Flamme Rouge avec les nouvelles cyclistes qui ont retenu mon attention au cours des derniers jours.

1 – Vuelta 2021

C’est parti ce samedi du côté de Burgos, avec la victoire attendue de Primoz Roglic sur un (court – 7.1 km) contre-la-montre qui convenait parfaitement à ses qualités.

Pour moi, les nouvelles sont ailleurs.

Elles sont surtout du côté de Sepp Kuss et de Romain Bardet, deux excellents grimpeurs qui terminent respectivement 12e et 14e, à seulement 15 et 17 secondes de Roglic.

Quant tu as des grimpeurs qui se distinguent dans le prologue ou le premier chrono, donc en tout début d’épreuve, tu dois les prendre très au sérieux pour la suite. C’est qu’ils sont prêts, qu’ils ont de la puissance et qu’ils sont affutés. Donc que ca fera mal dans les cols quant ils accéléreront.

Romain Bardet annonce des jambes de feu, après un gros stage d’entrainement en altitude et le Tour de Burgos.

Sepp Kuss jouera certes les équipiers de luxe pour Roglic au sein de la Jumbo-Visma, mais sera également ravi de servir de leader de rechange si le champion slovène devait chuter ou essuyer une défaillance.

Outre la toute puissance Jumbo-Visma et un titre à défendre, quatre autres équipes s’amènent avec un gros « line-up » sur cette Vuelta.

Les Ineos-Grenadier d’abord, bien sûr: Bernal, Carapaz le nouveau champion olympique sur route, Pidcock, Yates, Sivakov, pour ne nommer que ceux là. Ouf…

La Bahrain-Victorious ensuite, avec les Landa, Caruso, Haig, Mader, Padun, Poels et l’autre slovène, Tratnik. Ouf… (encore!) L’équipe n’a pas de pression particulière, c’est un avantage, et saisira toutes les opportunités tant pour des victoires d’étape de prestige, que pour les divers classements.

Enfin, l’UAE Team Emirates et Astana possèdent de nombreux coureurs capables de viser un top-5, et surtout de belles victoires d’étapes. Je pense chez UAE aux De La Cruz, Dombrovski, Majka, Trentin, Polanc, et chez Astana aux frères Izaguirre, à Vlasov bien sûr, Aranburu déjà 2e du premier chrono, ainsi qu’à Fraile et qu’au vieux briscard de Luis Leon Sanchez.

Sinon, il sera intéressant de suivre quelques autres coureurs sur cette Vuelta: Aru (qui a annoncé sa retraite sportive au terme de cette Vuelta), Schachmann malheureusement tombé hier, Guillaume Martin, Vansevenant, Carthy, Demare dans les sprints, Mas et Lopez qui ont la pression du côté de Movistar la première équipe espagnole en WorldTour, Nieve, Ciccone et Elissonde.

Deux Canadiens au départ chez Israel Start-Up Nation, soit James Piccoli et Alexander Cataford.

2 – Vuelta 2021 (bis)

Le premier rendez-vous c’est aujourd’hui avec l’arrivée en altitude du côté de Picon Blanco. Un premier test pour secouer le cocotier, afin de savoir qui tiendra, et qui montrera déjà des signes de faiblesse.

L’étape fait 203 kilomètres tout de même, mais se résumera à une course de côte sur les derniers 7 kms.

Pour la gagne et ceux qui seront certainement devant, ben vous prenez les mêmes, à peu de choses près (Roglic, Kuss…) que sur la récente arrivée à cet endroit sur le Tour de Burgos.

https://youtu.be/8KjOP4er9wo

3 – Le courage de Premier Tech

C’est l’histoire qui a retenu le plus mon attention ces dernières semaines: Premier Tech a annoncé qu’elle retirait sa participation dans l’équipe Astana, participation qui avait pourtant considérablement augmenté en 2021.

Raison: incompatibilité des objectifs pour 2022 et les années suivantes.

Ce qu’il faut surtout comprendre, c’est que Premier Tech n’était pas d’accord à investir autant d’argent dans le cyclisme au sein d’une équipe qui a, à sa tête, un personnage aussi controversé qu’Alexandre Vinokourov.

Premier Tech avait déjà mis beaucoup de pression avant le Tour, évinçant l’ex-coureur kazakh de la direction de l’équipe, et imposant entre autre un directeur sportif comme Steve Bauer, canadien.

Une situation qui n’avait pas plu du tout bien sûr à Vinokourov, qui avait immédiatement entrepris des démarches judiciaires pour se faire valoir.

En clair, récemment, Vino a dit aux puissants financiers kazakhs derrière l’équipe « c’est moi ou c’est Premier Tech« .

Les Kazakhs ont bien sûr choisi de rester fidèles à Vinokourov, probablement en tenant compte des « services rendus » ces dernières années.

Je salue le courage de Premier Tech qui a su se tenir debout, défendre certaines valeurs, une vision « propre » du cyclisme surtout. Bye bye Astana.

Premier Tech serait en discussion avec une autre équipe WorldTour pour rester dans le milieu en 2022 et après. C’est tout ce que je leur souhaite, en considérant bien sûr que beaucoup d’autres équipes ont une autre éthique qu’Astana, et qui valent la peine d’investir. Je pense notamment à certaines équipes françaises.

Wait and see pour la suite, et espérons que cela pourra concrétiser un avenir pour certains de nos coureurs québécois et canadiens très prometteurs.

4 – Tour de l’Avenir

Ca fait plaisir: une équipe canadienne a pris le départ du Tour de l’Avenir, souvent présenté comme le Tour de France des U23.

Trois Québécois en font partie: Robin Plamondon, Raphael Parisella et Francis Juneau.

Le Tour de l’Avenir, c’est un endroit formidable pour se faire voir, dans le but de décrocher un premier contrat pro.

Wait and see pour la suite sur cette épreuve. Pour le moment, les Danois et les Néerlandais se tirent la bourre.

D’autres jeunes Québécois se distinguent actuellement en Europe, notamment Matisse Julien, 2e de la dernière étape de la Ronde des Vallées. Bien!

5 – Transferts

Une autre dossier intéressant en cette saison est celui des transferts en prévision de la saison prochaine.

La grosse nouvelle dans ce domaine c’est le transfert de Peter Sagan vers Total Énergies. Sagan amène avec lui plusieurs autres coureurs dont son frère Uraj et Daniel Oss bien sûr, mais aussi du staff d’encadrement et… Specialized, qui équipera donc l’équipe française en 2022. Des millions d’euros! (mais on est loin de Lionel Messi…)

Parmi les autres transferts très intéressants, ceux qui impliquent l’équipe UAE Team Emirates, très active actuellement pour manifestement renforcer le soutien qu’on veut offrir à Tadej Pogacar, qui a signé chez eux jusqu’en… 2027! C’est ainsi qu’on a recruté Joao Almeida, tout juste vainqueur du Tour de Pologne, ainsi que les grimpeurs Marc Soler, George Bennett et Pascal Ackermann. Visiblement, chez UAE, on n’a pas de problèmes d’argent.

La Bora-Hansgrohe voit aussi tout un renouvellement s’opérer, avec la perte de Peter Sagan. Elle recrute Alexandr Vlasov en partance de chez Astana donc, mais aussi Marco Haller, Jay Hindley et Sergio Higuita, comme si l’équipe voulait se recentrer sur les courses par étape pour les années à venir. Elle met aussi la main sur le sprinter Sam Bennett, en partance de Deceuninck n’ayant pas apprécié de ne pas être retenu sur le dernier Tour de France. Les déclarations de Patrick Lefevere par la suite n’ont certainement pas dû aider!!!

D’autres transferts d’intérêt: Alexandre Kristoff vers Intermarché Wanty (ca sent la fin de carrière), John Degenkolb vers Team DSM, Esteban Chaves vers EF Education, Tony Gallopin vers Trek-Segafredo et Brian Coquard vers Cofidis.

6 – Thibault Pinot, Antoine Duchesne, les retours

Après des mois compliqués, qui nous ont fait douter de son avenir dans le cyclisme même, Thibault Pinot reprend cette semaine la compétition sur le Tour du Limousin, avec comme objectif de se tester en vue d’une bonne fin de saison, notamment du côté des classiques italiennes de septembre et octobre prochain. Très bien! Je lui souhaite une excellente reprise, surtout sans douleurs dans le bas du dos.

Antoine Duchesne a également été vu en forme sur le récent Tour de Pologne et ca fait plaisir, après des mois compliqués pour lui aussi. Espérons une belle fin de saison, possiblement aux côtés de son leader français.

7 – Mathieu Van Der Poel, le grand défi

Déçu d’avoir manqué son objectif de l’année, l’or olympique en VTT (mtb) pour une chute stupide, le champion néerlandais s’est fixé un nouvel objectif, et c’en est tout un: devenir triple champion du monde en 2021, soit sur cyclo-cross, sur route et en VTT (mtb).

Rien de moins!

Remarquez que pour le titre en cyclo-cross, c’est déjà fait.

Celui du VTT se déroulera le 28 août prochain du côté de Val di Sole en Italie, sur un parcours qu’il affectionne beaucoup. Il a de réelles chances, mais les derniers jours ont été inquiétants: il a dû couper à son stage d’entrainement en altitude en raison de maux de dos, possiblement une conséquence de sa chute à Tokyo. Faut voir la suite, des traitements sont prévus ces jours-ci.

Les Mondiaux sur route auront lieu fin septembre en Belgique, dans les Flandres. 268 kms à parcourir entre Anvers et Louvain, 2 560m de dénivelé. Ca sera usant, donc parfait pour MVDP.

C’est jouable, et ca serait tout un exploit!

Roglic, Dumoulin, Dennis sauvent leur saison, Houle confirme

Ils sont plusieurs à avoir sauvé leur saison hier sur le chrono des Jeux Olympiques.

D’autres ont fait le saut au niveau du parcours, pas mal plus compliqué à gérer que prévu. Il faisait chaud, c’était très casse-pattes avec 800m de dénivelé sur 44 kms. Les coureurs partis trop vite – Ganna, Kung, Van Aert – l’ont payé cash.

Primoz Roglic nous a rappelé quel champion il était hier, car outre sa victoire, il met une grosse valise à tout le monde: plus d’une minute sur son dauphin Dumoulin!

Une minute!

Rappelons que Primoz Roglic est peut-être l’athlète ayant obtenu la plus haute valeur sur un test de VO2max de l’histoire. Autrement dit, un moteur exceptionnel.

Roglic sauve ainsi une saison compliquée pour lui, car on l’attendait notamment sur le Tour où une chute un peu bête l’a contraint à l’abandon. Même plus tôt dans sa saison, ses résultats n’ont pas été aussi tranchants que ces trois quatre dernières années.

Il a remis les pendules à l’heure hier. On attend encore la confirmation de sa participation à la prochaine Vuelta, dont il est le tenant du titre. Ca ferait un beau duel avec Egan Bernal, vainqueur en mai dernier du Giro!

Ca fait également plaisir de revoir Tom Dumoulin à un très haut niveau. Le coureur néerlandais donne enfin matière à satisfaction pour ce pays qui a joué de malchance – ou d’incompétence! – sur la course sur route des femmes, et qui a vu Mathieu Van Der Poel chuter dans l’épreuve de Mtb (VTT).

Quant on connaît l’engagement mental que requiert un tel chrono, je pense que Dumoulin a actuellement une tête bien en ordre.

Troisième hier, un autre sacré talent en cyclisme, Rohan Dennis. Quant il s’agit de chronos accidentés, le coureur australien n’est jamais loin de la gagne.

Dennis et Dumoulin sauvent également leur saison par cet excellent résultat hier. Pour Dennis c’était maigre jusqu’ici, le prologue du Tour de Romandie seulement. Dumoulin devait se rassurer après un break du cyclisme.

Grosse déception pour Kung, 4e hier, une semaine après sa déception sur le dernier chrono du Tour. Pas facile.

Ganna a explosé au 2e tour hier. Pas une grosse surprise, le parcours était juste trop dur pour son gabarit.

En revanche, je suis surpris de Wout Van Aert que j’attendais nettement mieux. La fatigue le rattraperait-il? C’est du moins ce qu’il a laissé entendre en entrevue post-course. On le comprend, il a beaucoup donné sur le Tour et dans la course sur route de ces JO.

Hugo Houle, la confirmation

Excellente, vraiment excellente place du Québécois Hugo Houle sur ce chrono des Jeux de Tokyo hier, avec cette belle 13e place, à un peu moins de trois minutes de l’extra-terrestre Roglic (48 de moyenne sur le chrono).

Pour Hugo, c’est un résultat qui vaut une victoire.

Surtout, je pense que c’est une confirmation de sa nouvelle valeur athlétique. Il avait déjà signé un excellent chrono sur l’avant dernière étape du Tour, il y a une semaine. Hugo progresse régulièrement, c’est évident, depuis quelques années et en particulier depuis 2-3 ans ou il rejoint progressivement les meilleurs du peloton.

Ses résultats sont également très constants, logiques, fiables. C’est rassurant.

Il fallait de la caisse pour rouler à 46 de moyenne hier sur ce parcours.

On souhaite désormais pour Hugo d’accrocher une belle victoire chez les pros, ca serait tellement bien! Il en est tout à fait capable, son équipe a de plus en plus confiance en ses moyens, ca peut le faire. Une semi-classique italienne de fin de saison? (Milan-Turin, les Trois Vallées Varésines) Une étape sur une prochaine course d’une semaine?

Hugo pourrait être au départ des prochains Championnats canadiens début septembre à Saint-Georges de Beauce. Il est aujourd’hui le meilleur rouleur chrono du Canada, surtout si le parcours présente du dénivelé. Il a un bon coup à jouer sur le chrono et sur la course sur route. Il a déjà été champion canadien au chrono chez les élites en 2015, mais un titre de champion canadien sur route élite manque toujours à son palmarès, après l’avoir décroché en junior et en espoir.

En refaisant un peu de fraicheur, il serait un sacré client sur ces Championnats canadiens.

Annemiek Van Vleuten, la valise aussi

Les néerlandaises ont fait oublier hier leur course sur route catastrophique en prenant la première et la troisième place du chrono.

Van Vleuten s’impose avec près d’une minute d’avance sur la suissesse Reusser, inattendue 2e hier, soit une belle valise à tout le monde.

Autrement dit, ce chrono hier s’est gagné par deux coureurs nettement au dessus du lot, Roglic et Van Vleuten.

La troisième place revient à Van Der Breggen, pas une surprise.

12e et 14e place pour les Canadiennes Kirchmann et Canuel. Je voyais Canuel un peu mieux, mais il suffit parfois de peu pour se trouver dans un jour de moins bien. Trois Canadiens(ennes) dans les 15 premiers hier, il (elles) n’ont pas démérité.

Côté français, Cavagna se loupe complètement, et Labous est 9e du chrono chez les femmes. Pas de quoi être satisfait. Des JO difficiles pour l’équipe de France d’ailleurs, avec un Gaudu qui rate le podium de peu sur la route, et les françaises qui se loupent aussi complètement à la fois dans la course sur route et sur l’épreuve VTT (Mtb) où Lecomte et Ferrand-Prévost étaient pourtant archi-favorites.

Anna Kiesenhofer, très rafraîchissant comme histoire

Pas de coach. Pas d’équipe professionnelle. Juste elle, sa planif, son organisation toute personnelle. Et au bout l’or, avec un peu de chance aussi bien sûr. Une belle histoire!

Les commentaires sur LFR

18 ans.

Bientôt 18 ans que La Flamme Rouge existe et diffuse plusieurs fois par semaine des articles, question de partager la passion du cyclisme.

L’âge de la majorité!

Ceux qui lisent ce site régulièrement savent que je remets souvent en question la pertinence de La Flamme Rouge, voulant à tout prix éviter de « tourner en rond » et de « radoter » les mêmes histoires.

Le monde a également beaucoup changé ces 18 dernières années.

Par exemple, on trouve aujourd’hui beaucoup d’autres façons de rester informé sur le cyclisme, ne serait-ce que via des podcasts comme Radio Tour ou Radio Bidon par exemple, ou encore via les nombreux « YouTubers » présents sur YouTube qui parlent d’une foule de sujets ou qui partagent leurs aventures cyclistes. Ca n’existait pas au moment de la création de ce site, il y a 18 ans.

Alors, toujours pertinente, La Flamme Rouge?

Quelle est la valeur ajoutée d’un blog aujourd’hui face à toute cette « concurrence »?

Je réfléchirai fort à ces questions au cours des deux prochaines semaines. Je me remettrai en question.

Mais je vois déjà un possible atout du blog La Flamme Rouge, et qui en fait un endroit unique: vos commentaires.

Aucun autre médium ne permet de partager ainsi votre opinion sur un sujet X. Sur YouTube par exemple, vous êtes essentiellement passifs, idem sur un podcast.

Sur La Flamme Rouge, vous pouvez être actifs. Vous pouvez prendre part au débat.

J’ajouterais: vous devez être actifs. Vous devez prendre part au débat.

Car c’est une valeur ajoutée très importante: un blog permet de prendre le pouls d’une communauté d’experts sur certains sujets. Ca peut être très intéressant.

Ca peut être, pour certains acteurs du milieu, très utile également.

Ca peut donc influencer la prise de décision.

Je ne sais pas de quoi est fait l’avenir de La Flamme Rouge, mais je sais que cet avenir est lié à la qualité et à la diversité des commentaires laissés sur ce site.

Vous savez que j’accorde une attention particulière à vos commentaires. Je les lis. Je les modère. Je m’assure de leur qualité, par exemple en m’opposant vigoureusement aux attaques personnelles.

Globalement, ca fonctionne très bien grâce à vous tous; je vous en remercie.

Ceci étant, vous pouvez contribuer davantage à maintenir La Flamme Rouge vivante, pertinente et utile dans l’avenir.

La Flamme Rouge n’est pas un forum de discussion entre initiés. Si ca le devient, l’intérêt de beaucoup de lecteurs pour ce site disparaitra, car La Flamme Rouge projettera l’image d’un club sélect réservé à une petite bande.

Vos commentaires doivent être pertinents à l’égard du ou des sujets traités dans la publication du jour.

Pour être utiles, les commentaires sont idéalement variés, provenant de plusieurs personnes qui apportent des points de vue ou des connaissances différentes à propos du sujet du jour. On veut éviter ici que quelques personnes seulement laissent 70 commentaires sous la forme d’un échange qui, parfois, s’éloigne rapidement du sujet du jour sur le site.

Vous n’avez jamais laissé de commentaires sur La Flamme Rouge? Osez! Vous contribuerez ainsi à la pérennité du site, à sa pertinence et son utilité aussi.

Vous avez été plus nombreux que jamais ces dernières semaines à consulter La Flamme Rouge et à y laisser un ou des commentaires. Je vous en remercie, même si je ne cherche pas à faire de l’audimat. Je n’ai rien à vendre, aucun produit à promouvoir… et je préserve jalousement l’indépendance totale de La Flamme Rouge. Sur ce site, zéro publicité, pas de fenêtres intempestives ou de vidéos qui démarrent sans avertissement, et encore moins d’articles payants.

Vous êtes également plusieurs à m’avoir témoigné – en public ou en privé – de votre appréciation de la qualité du travail proposé sur ce site; là encore, je vous en remercie, ce sont des messages qui font toujours plaisir et qui poussent forcément à poursuivre.

La Flamme Rouge peut encore se développer, augmenter sa pertinence, sa qualité. Au cours des deux prochaines semaines, je penserai à tout ca. Mais il est clair que la suite ne dépend pas que de moi, mais de vous aussi.

Plus que jamais, j’ai besoin de vous pour faire de ce site un lieu unique de partage de la passion du cyclisme.

Ma passion du cyclisme. La vôtre aussi. L’indépendance totale de ce site, donc un espace de liberté, dénudé de tout intérêt mercantile. La qualité, la pertinence et la diversité de vos commentaires. Réunis, ces ingrédients assureront la crédibilité, l’utilité et le caractère unique de La Flamme Rouge.

C’est comme cela que l’on pourra souligner, dans deux ans, les vingt ans d’existence de ce site!

Dans le monde d’aujourd’hui, c’est aussi un sacré pari.

Le Tour de l’actualité

1 – Faites du cyclo-cross!

À la lumière des résultats cette saison en cyclisme, c’est la seule conclusion qui me vient.

Ou alors, nationalisez-vous slovènes!

2 – Pidcock dégaine lui aussi

Très belle victoire hier de Thomas Pidcock dans l’épreuve Mtb (VTT) de Tokyo, où il a dominé tous ses adversaires dont le plus coriace Mathias Flückiger, le dernier à lui résister.

Intéressant, Pidcock a remporté l’épreuve sur un vélo BMC Fourstroke full suspension, Pinarello, l’équipementier de son équipe Ineos-Grenadier, ne produisant pas de vélo de montagne. Évidemment, le BMC avait été « neutralisé » par une peinture toute noire n’affichant aucun logo.

Rappelons que Pidcock a gagné plus tôt cette saison la Flèche Brabançonne, terminé 2e de l’Amstel et 3e de Kuurne-Bruxelles-Kuurne. Il avait aussi dominé à la régulière Mathieu Van Der Poel lors de la 6e manche du SuperPrestige de cyclo-cross en décembre dernier avant de terminer 4e des Mondiaux de la discipline.

Pidcock rejoint avec cette prestigieuse victoire à Tokyo ses deux autres acolytes du cyclo-cross que sont Mathieu Van Der Poel et Wout Van Aert au firmament du cyclisme international actuel.

Quel trio infernal! ca promet pour encore quelques années, et ca sera intéressant de les suivre l’hiver prochain sur les circuits de cyclo-cross puis sur les Classiques d’avril.

3 – MVDP, la frayeur

Méchante chute pour Mathieu au premier tour de la course, qui croyait que la rampe de bois était présente en course comme à l’entrainement à cet endroit. Que nenni, les organisateurs l’enlève pour la course, obligeant les coureurs à sauter.

J’ai peine à croire qu’à ce niveau, l’information ait échappé au staff d’encadrement de Mathieu qui aurait pu sérieusement se blesser. On n’aime pas voir de telles images.

https://www.youtube.com/watch?v=9Y0TKiP-fTY

4 – Pays-Bas, les jours maudits

Outre la violente chute de Mathieu, les Pays-Bas ont eu d’autres problèmes dans la course sur route des femmes, où les néerlandaises étaient pourtant les archi-favorites.

Personne n’a compris leur tactique; elles ont accordé beaucoup trop de temps à l’échappée matinale et n’ont pas pu reprendre l’Autrichienne Anna Kiesenhofer qui a fait un joli numéro devant.

Très mauvaise tactique. C’était à elles d’assumer une part du travail en tête du peloton, au moins en déléguant une ou deux filles pour stimuler la poursuite.

Certaines ont décrié l’absence des oreillettes. Je n’en crois rien: Mariane Vos a déclaré à l’arrivée qu’elle savait qu’il restait une fille devant.

Il s’agit plutôt d’un manque de communication au sein de l’équipe, peut-être causée par la présence au sein de la formation de trop de superstars qui voulaient jouer leur carte personnelle.

Chose certaine, l’équipe a mal paru.

Belle prestation de Karol-Ann Canuel, 16e sur la ligne et qui prouve qu’elle détient en ce moment une bonne forme physique. Elle devrait pouvoir l’exprimer pleinement dans le chrono demain.

5 – Mtb (VTT) femmes aujourd’hui

On saura sous peu qui de Loana Lecomte ou Pauline Ferrand-Prevost a eu le dessus sur l’autre, les deux françaises étant archi-favorites de l’épreuve.

La Suédoise Jenny Rissveds sera probablement la plus menaçante de leurs adversaires.

6 – Le chrono de Tokyo

44 kms chez les hommes (2 tours), 22 kms chez les femmes sur un circuit plus compliqué qu’il n’y parait, présentant plus de 400m de dénivelé.

Une belle bosse à escalader entre les kms 5 et 10,5, qui fera gagner 200m d’altitude aux coureurs(res). Ouch.

Sur un tel circuit, je mets Wout Van Aert grand favori, avec très près de lui un Primoz Roglic malgré qu’il ne soit pas apparu en grande condition sur la course sur route.

Derrière, on a évidemment les Ganna, Kung, Dennis, Evenepoel, Dumoulin, Asgreen, Porte et Lutsenko qui devraient être à la lutte pour une place sur le podium.

Très relevé comme plateau. Asgreen, en particulier, m’apparait un sérieux client pour chauffer Van Aert et Roglic. C’est lui qui a terminé 2e derrière Van Aert sur le dernier chrono du récent Tour de France, rappelons-le.

Chez les femmes, Canuel vise un top-5 et je pense que c’est jouable. Pour la gagne, une des deux néerlandaises évidemment, Van Vleuten ou Van Der Breggen.

7 – Jeux Olympiques à Radio-Canada

Je sais pas vous, mais moi je trouve ça impossible à regarder: que de la pub. Encore de la pub. Toujours de la pub. Et attendez, votre écran – c’est nouveau – se sépare en deux, à gauche les images du sport, à droite une pub qui joue en même temps.

J’ai décroché. Du grand n’importe quoi.

8 – Maillots nationaux

C’est toujours intéressant de regarder la créativité des designers pour habiller les coureurs(res) pro de leur drapeau national.

Pas grand changement depuis des lustres pour l’équipe canadienne qui demeure fidèle à Louis Garneau.

En revanche, certaines équipes innovent à chaque fois, comme les Italiens, plutôt réussi cette année comme vêtements (Castelli).

Les Suisses (Assos), les Belges (BioRacer), les Français (Ale), les Colombiens, l’Équatorien Carapaz aussi avaient tous des maillots plutôt réussis.

Par contre, on repassera pour les Anglais (Adidas) et les Slovènes (Santini). Mais bon, tout ceci est très subjectif!

9 – Mondiaux 2026 à Montréal?

La rumeur enflait depuis quelques semaines déjà.

Montréal a officiellement déposé son dossier de candidature à l’organisation des Mondiaux de cyclisme 2026.

Évidemment, une excellente nouvelle pour le cyclisme canadien et québécois, notamment sur route qui en a bien besoin ces temps-ci. Je reviendrai prochainement en détail sur les enjeux du cyclisme sur route au Canada et au Québec.

En prélude, cette déclaration de Claude Pinard, président de la FQSC, dans la foulée de l’annonce de la candidature de Montréal:

La venue des Championnats du Monde Route UCI à Montréal serait un moteur de développement exceptionnel pour la prochaine génération de cyclistes québécois, garçons et filles. Il ne fait aucun doute que les prochaines années permettront de voir émerger de nouveaux talents qui, à l’instar de nos meilleurs cyclistes, s’illustreront sur la scène internationale. Et puisqu’il est permis de rêver, la consécration serait de voir un Québécois et une Québécoise remporter un titre mondial et enfiler le maillot arc‐en‐ciel au Québec. 

Claude Pinard, 22 juillet 2021

Ich… c’est parce qu’il manque beaucoup de pièces du puzzle entre la base et le très haut niveau, celui des Mondiaux, M. Pinard.

Il n’y a plus, au Québec voire au Canada, d’équipes élite, de courses élite voire de programmes pour permettre à nos athlètes de participer à des épreuves amateurs internationales (je pense au récent Tour du Val d’Aoste par exemple) permettant à des jeunes talents de 16-17-18 ans de se développer et de se faire remarquer à l’international.

J’y reviendrai en détail prochainement vous dis-je.

Et quoi qu’il en soit, c’est le 24 septembre prochain que l’UCI annoncera le lieu de ces Mondiaux 2026.

Je crois que Montréal a d’excellentes chances.

10 – Groupama-FDJ, troisième semaine

J’ai aimé.

11 – Greipel, vie de coureur mature

J’ai aussi beaucoup, beaucoup aimé ce vidéo qui nous montre le Andrei Greipel intime, à une époque de sa carrière où d’autres intérêts et responsabilités se greffent à celle de sa profession, notamment à titre de père de famille.

Un volet trop souvent occulté de la vie d’un coureur pro: comment marier exigences de cette profession particulière à celles associés à un père de famille? Greipel nous montre que ce mariage est difficile.

https://www.youtube.com/watch?v=BHzd_mdWwYQ

Carapaz l’or, Van Aert le plus fort, Woods le mérite

Les Québécois qui auront fait l’effort de se lever cette nuit pour regarder les 60 derniers kilomètres de la course sur route des JO de Tokyo ne le regrettent surement pas ce matin.

Quel final!

Ca a flingué à tout va.

Ouf, j’étais fatigué pour les coureurs sur la ligne d’arrivée.

Autrement, la course s’est jouée en gros comme prévu: une échappée matinale de seconds couteaux, la reprise peu avant Mikuni, le feu d’artifice dans cette rampe, puis les 30 derniers kilomètres très débridés où le groupe de survivants devant, environ 10-12 coureurs seulement, se sont tirés la bourre.

C’est Richard Carapaz qui emporte le gros lot, parti après Mikuni avec un Brandon McNulty déchainé dans ce final.

La paire s’est parfaitement entendue pour rouler à bloc, comment en aurait-il été autrement, ils avaient les deux premières médailles assurées?!

Malin, Carapaz a cependant déposé McNulty au profit d’une petite bosse non loin de l’entrée du circuit. Quand tu joues l’or olympique, aussi bien arriver solo…

Fort, Carapaz, pour rouler ainsi en solitaire dans les tous derniers kilomètres d’une course qui en comptait 234.

Mais le plus fort, pour moi, aucun doute: Wout Van Aert. Méchante machine!

Van Aert n’a certes pas pu accompagner Pogacar sur son accélération dans Mikuni – Mike Woods et Brandon McNulty oui – mais le champion belge a géré sans s’affoler, et est rentré rapidement au train par la suite.

On l’a vu ensuite sauter sur tout ce qui bougeait, tout le monde sur son porte-bagage. Il a encore trouvé les ressources pour terminer 2e au sprint.

Je pense que Van Aert retirera de la frustration de la course, tout le monde courait contre lui, sauf peut-être… Mike Woods.

Valeureux Mike Woods! Le Canadien en sort avec une 5e place au final, un peu décevant tant on espérait une médaille, mais il sort la tête très haute.

Il a été un des coureurs les plus actifs dans le final, attaquant de nombreuses fois. Dans Mikuni, il a pu rentrer solo sur Pogacar, excusez-un-peu. C’était solide.

La feuille d’érable brillait dans ce final éprouvant d’une longue course sur route. Bravo Mike, et bravo à Hugo et Guillaume qui l’ont assisté et qui, tous deux, ont mis un point d’honneur à terminer la course cette nuit.

Après Mikuni et derrière le duo Carapaz-McNulty, Mike en a remis dans la petite ascension suivante, mais il est simplement tombé sur un Van Aert très fort qui se méfiait de lui.

Les dernières mines de Mike n’ont peut-être pas été placées tout à fait au bon moment, mais il a le mérite complet d’avoir essayé jusqu’au bout ; tous dans ce groupe de chasse derrière Carapaz ne peuvent pas en dire autant.

Enfin, un mot sur Pogacar, qui a fait la sélection dans Mikuni en plaçant une grosse accélération – assis sur sa selle! – après le travail des Belges. Très fort aussi. Repris par la suite, Pogacar a régulièrement roulé avec Van Aert pour revenir sur le duo Carapaz-McNulty parti dans un moment de flottement après Mikuni, témoignant je trouve de l’attitude moins calculatrice de cette nouvelle génération de coureurs. Ca fait du bien et c’est beau à voir!

Pogacar offre le bronze à la Slovénie, qui ne repart donc pas les mains vides. Et Mollema devance Woods au sprint pour la 4e place… une place parfois importante s’il advenait un contrôle positif pour les trois premiers.

De la taille des pelotons hommes et femmes aux JO

Ceci est 2021.

Parfois, on ne le croirais pas!

132 coureurs prendront part à la course sur route des hommes samedi matin.

Aux derniers Mondiaux d’Imola, ils étaient près de 180 au départ.

Il est difficile pour moi de comprendre pourquoi on limite ainsi le peloton dans l’épreuve sur route des JO.

On pourrait facilement accroitre sa taille d’une soixantaine de coureurs, donc permettre à davantage de coureurs et de nations de vivre l’expérience olympique. Ca aurait aussi l’avantage d’augmenter la profondeur du peloton.

C’est encore bien pire chez les femmes!

Elles seront… 67 à prendre le départ dimanche de la course sur route.

Enlevez les filles de pays « émergents » en cyclisme qui seront probablement très loin du niveau mondial que peuvent avoir les néerlandaises ou les italiennes, par exemple les coureures de pays comme Trinidad et Tobago, Chypre, l’Érythrée, la Chine, la Namibie ou encore le Paraguay, ca veut dire que vous avez maxi 45 filles au départ avec un niveau suffisant pour faire la course dimanche.

C’est un peu ridicule si vous voulez mon avis.

Elles étaient près de 130 récemment au départ de La Course organisée par le Tour de France, et à peu près le même nombre au Giro Donna il y a quelques jours.

Le peloton féminin s’est suffisamment développé ces dernières années pour avoir un peloton largement plus conséquent et de qualité.

Comment voulez-vous développer le prestige, l’image et tout l’intérêt du public pour le cyclisme féminin avec seulement 45 filles capables d’en découdre dimanche?

Mais il y a pire!

À Paris en 2024, l’UCI a annoncé en décembre dernier la parité hommes-femmes dans les épreuves de cyclisme, parité par ailleurs déjà atteinte en 2021 à Tokyo dans des disciplines comme le VTT (Mtb), le BMX ou la piste.

Reste la route, toujours à la traine, apparemment.

Ben l’UCI a annoncé à Paris des pelotons composés de… 90 hommes et 90 femmes.

Autrement dit, au lieu d’augmenter par exemple à 160 pour tout le monde, on réduit de façon conséquente le peloton masculin et on augmente marginalement celui des femmes.

Lamentable, si vous voulez mon avis.

On tue une partie de la compétition chez les hommes avec un peloton aussi petit. Que voudra dire l’or olympique devant une si faible compétition? À 90 coureurs au départ seulement, on peut se demander si des équipes de cinq comme à Tokyo seront encore possibles?

Et 90 filles… on a déjà des pelotons nettement plus importants et donc plus compétitifs sur les grandes courses du calendrier féminin en Europe.

Le peloton masculin des JO est passé de 184 coureurs à Atlanta (1996) à 145 à Athènes en 2004 puis à 130 cette année. Chez les filles, le nombre est resté stable autour de 67 coureures depuis plus de 20 ans.

Sans revenir à des pelotons de plus de 200 coureurs comme dans les années 1980, sécurité en course oblige, je pense qu’on peut permettre largement plus que 90 coureurs(res) dans une épreuve aussi prestigieuse que la course sur route des Jeux Olympiques, tant chez les hommes que chez les femmes.

Tokyo: ca sera compliqué pour Woods

Samedi prochain 11h (heure locale), le départ de la course sur route des Jeux Olympiques de Tokyo sera donné pour les hommes.

Ce qui veut dire vendredi soir 22h, heure du Québec.

Au menu de Messieurs les coureurs, 234 kilomètres (si on exclut les 10 premiers, neutralisés) sur le difficile circuit autour du Mont Fuji.

4800m de dénivelé.

On annonce très chaud samedi, 30 degrés au thermomètre. Ça durcira considérablement la course, qui totalisera environ 6h de temps de selle.

La course se jouera probablement dans le Mikuni Pass, dont le sommet est situé à 33 kms de l’arrivée. La patate fait 6,8 km de long, moyenne à 10% avec des passages plus pentus. Une parfaite rampe de lancement pour les favoris, pourvu que certaines équipes aient pris la responsabilité de contrôler l’échappée qui ne manquera pas de se former dans les 60 premiers kilomètres. Le peloton est constitué de beaucoup de coureurs de « petites » nations » en cyclisme (le Pérou, la Turquie, la Namibie, l’Iran, l’Algérie par exemple), qui voudront se montrer.

L’arrivée sera jugée sur le circuit automobile de Fuji, donc une chaussée en bon état et très large si ça devait arriver au sprint.

Les favoris

La course sur route des JO, c’est une course très particulière comme l’est aussi la course sur route des Mondiaux, car elles se courent en équipes nationales.

Le reste du temps, les pros sont en équipes de marques.

Du coup, ça peut jouer sur la tactique en course voire même avant la course!

L’an dernier, le coureur belge Dries Devenyns avait refusé sa sélection en équipe de Belgique pour ne pas être exposé au risque de devoir rouler contre son coéquipier et grand ami Julian Alaphilippe dans le final. Grand bien lui en a pris!!

Si vous voyez Richard Carapaz sauter des relais derrière un Michal Kwiatkowski échappé samedi, ben vous saurez pourquoi. Idem pour un Tom Dumoulin si jamais c’est Primoz Roglic qui est devant. Nibali roulera-t-il contre Mollema?! (remarquez, Nibali est pressenti chez Astana en 2022, alors ce n’est pas impossible qu’il roule!)

Ils sont 132 au départ samedi.

Les favoris sont nombreux: outre Woods, j’en compte personnellement une vingtaine.

C’est dire si ca sera compliqué pour le Canadien Mike Woods qui a fait de cette course sur route l’objectif principal de sa saison.

Mon objectif est de remporter une médaille, mais ça va être très dur. Il y a une quinzaine de gars qui peuvent aspirer au podium. Ça va m’avantager si la course est difficile.

mike woods, journal de québec, 20 juillet 2021

Sur le plan physique et mental, Mike Woods peut s’imposer, c’est certain. Il peut accompagner les meilleurs dans le final lorsque ca grimpera fort. C’est plutôt son sprint qui m’inquiète un peu, l’idéal pour lui étant d’arriver seul. C’est toutefois peu probable samedi considérant les 25 derniers kilomètres, roulant.

Trois équipes se détachent car très puissantes, capables de jouer plusieurs cartes: l’équipe de Belgique, qui défend le titre de Greg Van Avermaet acquis à Rio, l’équipe des Pays-Bas et, bien sûr, l’équipe de Slovénie.

Les Belges débarquent avec Wout Van Aert, l’épouvantail samedi avec Tadej Pogacar bien sûr.

Van Aert sait tout faire, grimper, rouler et sprinter. Utile sur ce genre de parcours. Il est épaulé par Van Avermaet, Remco Evenepoel, Benoot et Vansevenant.

Remco sera le joker belge à n’en pas douter. On sait mal où il en est dans sa condition, mais je la soupçonne très bonne: après son Giro moyen, il a remporté le Tour de Belgique, et terminé 2e du chrono sur le Championnat de Belgique avant de s’adjuger la 3e place dans la course sur route.

Les Néerlandais pourront compter sur Kelderman et Mollema, qui sortent d’un bon Tour de France, sur Dumoulin, sur Van Baarle et Havik. Mollema, en particulier, peut être un sacré client: souvent quant il part celui-là, on ne le revoit pas.

Les Slovènes débarquent avec les deux géants du cyclisme actuel, Roglic et Pogacar. Tratnik et Polanc complètent l’effectif. Dans le cas des deux premiers, quant tu as les jambes, tu n’as besoin de personne. Je vois mal comment Pogo pourrait ne pas être dans le coup dans Mikuni, et son sprint à Liège-Bastogne-Liège cette année nous prouve qu’il sait être très rapide lorsqu’il le faut.

Pour Roglic, il faudra voir comment il a récupéré de sa chute sur le Tour. Je pense qu’il sera présent dans le final et parfaitement opérationnel.

Avouez qu’un sprint Pogo-Van Aert pour la médaille d’or, ça aurait de la gueule!

Je vois plusieurs autres coureurs très dangereux samedi: Lutsenko, un homme de Championnats, toujours solide dans ces occasions. Kwiatkowski, idem. Dan Martin qui a fait globalement un bon Tour de France. Kasper Asgreen, une bête à rouler si jamais il passe Mikuni.

Et comment ne pas penser à Alejet, aussi un homme de Championnat, grosse expérience de ce genre d’événement? Les Espagnols alignent aussi Omar Fraile, qui sort d’un bon Tour de France.

D’autres gros clients potentiels: Jakob Fuglsang, aussi un homme de ce genre d’événement et qui était en hausse sur le récent Tour, même s’il a été diminué par son vaccin Covid subit avant la Grande Boucle.

Richard Carapaz est un autre client, Stephan Kung aussi s’il passe Mikuni comme pour Asgreen.

Joao Almeida pourquoi pas, un dur au mal celui-là.

Côté Français (Gaudu, Martin, Cavagna, Cosnefroy et Elissonde), je ne les vois pas dans le coup pour les 5 premières places.

Les Italiens? Ca tient la route sur le papier (Nibali, Caruso, Moscon, Bettiol et Ciccone), mais sauront-ils s’entendre?

Bref, pas mal de beau monde pour la gagne, et tous ces gens n’auront pas voulu faire ce long voyage à l’autre bout du monde pour faire de la figuration dans le peloton.

Rappelons que Mike Woods sera épaulé par deux coureurs québécois, soit Guillaume Boivin et Hugo Houle. La tactique est probablement simple: Boivin sera en charge de veiller sur Mike jusqu’au pied du Mont Fuji, voire de contribuer (avec d’autres pays) à limiter les écarts avec une échappée devant, après quoi ce sera à Hugo, meilleur grimpeur que Guillaume, de rester avec Mike le plus longtemps possible, espérons jusqu’au pied de Mikuni. Après, Mike devra faire la différence à la patte. Ou suivre les meilleurs quand ca embrayera.

Les autres épreuves à surveiller

Aux JO en cyclisme, on a plusieurs disciplines: route, chrono, VTT (Mtb), BMX, piste.

Dimanche prochain, la course sur route des femmes à surveiller, avec deux représentantes canadiennes au départ, soit Leah Kirchmann et Karol-Ann Canuel.

Je surveillerai évidemment le chrono mercredi prochain, tant chez les hommes que chez les femmes. Hugo Houle vise un top-15 et je le crois tout à fait capable d’atteindre cet objectif. Karol-Ann Canuel a connu de bons résultats récemment dans la discipline, c’est prometteur.

Parmi les gros clients pour le titre sur le chrono, Wout Van Aert, Filippo Ganna et Stephan Kung bien sûr, ca sera le gros match! Il faudra aussi surveiller Remi Cavagna, Tom Dumoulin, Rohan Dennis et Kasper Asgreen. On y reviendra.

En VTT (Mtb), l’épreuve cross-country des hommes aura lieu lundi, et les femmes mardi. Le match entre Mathieu Van der Poel et tous les géants du circuit Mtb de la Coupe du Monde, Schurter, Sarrou, Flueckiger en premier lieu! Mathieu en a fait un gros objectif de sa saison.

Bref, méchant programme dès samedi et jusque mercredi prochain!

La piste m’intéressera moins, mais fait remarquable, le Canadien Vincent de Haitre fera partie de l’équipe canadienne de poursuite par équipe, trois ans après avoir pris part aux JO d’hiver de PyeongChang en… patinage de vitesse. Il sera de la discipline probablement aux JO d’hiver de Pékin dans deux ans.

Remarquez, ce n’est pas le premier à participer aux JO d’hiver et d’été dans deux disciplines différentes pour le Canada. On se souvient bien sûr de Pierre Harvey en cyclisme et en ski de fond dans les années 1980. De méchants athlètes!

La belle histoire

Celle de Masomah Ali Zada, coureure cycliste afghane, oui, vous ne rêvez pas. Elle sera de la course sur route dimanche, pour l’équipe des « réfugiés » autorisée par le CIO.

Elle s’est entrainée récemment du côté du Centre mondial de cyclisme à Aigle en Suisse.

C’est bien connu dans mon monde de la démographie: le développement, le progrès d’une population et d’un pays commence d’abord par des investissements en éducation chez les jeunes filles et femmes.

Les pros aux JO?

Ca revient toujours: doit-on permettre aux coureurs pro de concourir aux JO?

Certains diront que ce débat appartient à une autre époque. Ou que la notion de pro versus amateur est aujourd’hui quasiment révolue, les distinctions n’étant plus aussi claires qu’avant.

Les meilleurs coureurs sur les plus grandes courses, c’est aussi un argument qui se vaut.

Pour moi, le débat est ailleurs: que représente une victoire dans la course sur route des JO pour un coureur cycliste pro, en comparaison avec une victoire sur un Monument ou une belle Classique, voire même en comparaison avec une victoire d’étape sur le Tour, ou porter ne serait-ce qu’une journée le maillot jaune?

C’est là qu’on mesure tout le poids des traditions en cyclisme, qui est différent d’autres sports à ce niveau. En natation, en athlétisme, une médaille olympique c’est le Saint-Graal.

Pas en cyclisme selon moi.

Je préfèrerais 100 fois gagner Paris-Roubaix ou le Tour des Flandres que l’or olympique en cyclisme sur route.

Qui se souvient aujourd’hui que Samuel Sanchez a été champion olympique à Beijing et Alexandr Vinokourov, à Londres? Ils sont davantage reconnus pour leurs autres résultats.

On oublie moins un porteur du maillot jaune, ou du maillot de champion du monde.

La montagne et le chrono pas incompatibles…

… et le discours trompeur de certains médias. Une contribution de Marc Kluszczynski.

Dans cette nouvelle contribution à La Flamme Rouge, Marc revient sur l’exercice de l’ascension d’un col, souvent présenté comme très difficile par les commentateurs télé.

Or, montagne et chrono, ce sont des exercices pas forcément très éloignés, et cela peut d’ailleurs expliquer comment Wout Van Aert a pu enchainer une victoire dans le dernier chrono du Tour avec celle acquise au Ventoux quelques jours plus tôt. Les coureurs se préparent à la montagne aujourd’hui de bien des manières!

Après la descente de police à l’hôtel des Bahrain Victorious dans la nuit du 14 juillet, le discours encenseur et flouté des consultants TV des chaînes françaises apparaît totalement déplacé de la réalité de ce Tour 2021. 

En dehors de la question du dopage, prenons l’exemple de la « haute montagne ». 

Dès que le peloton l’aborde, ces consultants, mais aussi certains journalistes de la presse écrite étrangère, présentent cet univers comme dangereux pour les coureurs. La dramatisation à outrance, maintenant généralisée à bien d’autres évènements d’actualité, est devenue un refrain bien rodé. Ils ne s’attaquent tout de même pas à un 8000 sans oxygène ! 

Même le journaliste de CyclingNews, Alasdair Fotheringham, écrit que la montée de Luz-Ardiden de la 18ème étape va être difficile pour « ceux qui souffrent en altitude ». Fotheringham est aussi correspondant de journaux anglais grand public, et ceci explique cela. 

À la télé française, si l’on en croit les spécialistes consultants, les coureurs respirent mal dans un col. Comme Tadej Pogačar dans la montée du col de Portet ? Bouche à peine ouverte dans les derniers kilomètres, ne pouvait-il pas l’ouvrir davantage comme Jonas Vingegaard et Richard Carapaz ? Ce qui montre une fois de plus qu’un dopé est sur la retenue dans l’ascension d’un col, et qu’il est difficile de forcer certains comportements non naturels. 

Laurent Jalabert avait-il du mal à respirer dans les cols de la Vuelta 1995, qu’il remporta avec le maillot du meilleur grimpeur et celui du maillot vert du classement par points ? 

Alors, les coureurs souffrent-ils en montagne ? 

Éliminons de suite du débat les utilisateurs de VTT-E qui gravissent les cols des Alpes et des Pyrénées, certains parfois en sifflotant, le sourire aux lèvres (quand il vous dépasse), et qui font semblant de tourner les jambes sans appuyer sur les pédales.

Certains pro vivent toute l’année en altitude et la plupart des équipes effectuent des séjours en altitude plusieurs par an, parfois à 3000 m. 

Ce qui est sûr, c’est qu’un cycliste dopé et suroxygéné souffrira moins à allure égale qu’un non dopé ayant effectué des séjours en altitude ou en tente ou chambre hypoxique. L’augmentation physiologique du taux d’hémoglobine atteint une limite, qu’il est possible de dépasser avec le dopage actuel microdosé, sachant que les hémoglobines solubles de vers marins, les nouveaux PFC, et les hémoglobines synthétiques permettent un transport de l’oxygène court-circuitant cette filière dont les variations sont épiées dans le passeport sanguin. 

L’expérience du cyclisme en amateur montre aussi que l’organisme fonctionne mieux au fur et à mesure que l’on gagne de l’altitude, en partie dû au fait que la température baisse avec l’élévation, mais aussi au fait qu’il fait appel à sa mémoire cellulaire du fonctionnement en altitude. 

Naturellement, gravir un col reste difficile, et d’autant plus pour un sprinteur ou un cycliste de 80 kg, car l’effort est continu et solitaire, mais pour un pro, ce n’est pas plus difficile qu’un CLM de 50 minutes.

Bilan du Tour, en chiffres

Il l’a fait!

Incroyable.

Wout Van Aert s’est imposé hier au sprint sur les Champs Élysées, comme il l’avait annoncé. Parfaitement amené par Teunissen, il a lancé de loin et c’était bien vu pour épuiser les sprinters plus courts comme Cav. Ce dernier a été enfermé par Philipsen sur sa droite et n’a rien pu faire. Son échec est surtout celle de la Wolfpack, inexistante au moment où ça comptait le plus.

Fort Van Aert. Très fort. Le gus remporte sur dans les derniers 10 jours une grande étape de montagne – deux ascensions du Ventoux, excusez du peu – un chrono et un sprint massif.

Très impressionnant.

Le Tour a commencé avec Mathieu, il se termine avec Wout. Ces deux-là ne cessent de m’étonner.

Et ce n’est probablement pas fini: Mathieu pourrait très bien devenir très bientôt le champion olympique en Mtb (VTT) et Wout le champion olympique du chrono et/ou de la course sur route.

L’ironie du sort veut également que ce soit le champion de… Belgique qui prive Mark Cavendish de dépasser le record de victoires d’étape sur le Tour, un record aussi détenu par le Belge Eddy Merckx.

Sinon, 2e victoire de suite de Pogo sur le Tour de France. Avec ce qu’on a vu, la série pourrait être très longue tant la domination a été manifeste. Il ramène à Paris trois classements distinctifs, soit le général, le classement de la montagne et le classement du meilleur jeune. Comme l’an dernier!

Parmi les grandes surprises de ce Tour de France, la 2e place de Jonas Vingegaard, la 4e place de Ben O’Connor et la belle 8e place de Guillaume Martin qui termine devant David Gaudu (11e).

Parmi les couacs, bien sûr l’équipe Ineos-Grenadier qui sauve les meubles avec la 3e place au général de Richard Carapaz. Pas une seule victoire d’étape!

Petit bilan du Tour, en chiffres

0. Le jeu blanc pour 4 équipes sur ce Tour, qui ne sont même pas parvenues à placer un coureur dans le top-3 d’une étape: Qhubeka, Total Énergies, B&B Hôtels et Intermarché-Wanty-Gobert. La misère.

1. Un seul top-3 sur une étape et c’est tout, aussi une misère pour les équipes Cofidis, Groupama-FDJ, Astana, DSM et Israel Start-Up Nation, cette dernière ayant eu sur une étape seulement le maillot à pois grâce à Mike Woods. Là encore, la misère. Et ca fait beaucoup d’équipes françaises: cyclisme à deux vitesses?

1. Une seule victoire d’étape pour les coureurs français, Alaf à la 1ere étape.

3. Le nombre de porteurs du maillot jaune: Alaf, Mathieu et Pogo. That’s it.

5. Le nombre de victoires d’étape de l’équipe belge Deceuninck, la plus victorieuse sur ce Tour grâce essentiellement à Mark Cavendish (4 victoires).

8. Le nombre d’équipes qui ont remporté une étape, ca en laisse beaucoup (15) sur la touche. Les équipes victorieuses: Deceuninck (5 victoires), Jumbo-Visma (4 victoires), UAE Team Emirates et Bahrain-Victorious (3 victoires), Bora-Hansgrohe et Alpecin-Fenix (2 victoires), AGR2 – Citroen et Trek-Segafredo (une victoire).

9. Le nombre de nationalités présentes dans le top-10 du général. Une seule n’est présente que deux fois, l’Espagne (Mas 6e et Bilbao, 9e).

13. Le nombre de coureurs qui ont remporté au moins une étape. Sur 184 partants. C’est peu, moins que d’habitude.

29. Alejandro Valverde prenait part, sur ce Tour de France, à son 29e grand tour en carrière. Madre de dios!

41,163. La vitesse moyenne de ce Tour de France. Le plus rapide de l’histoire, malgré un Tour très montagneux et la mauvaise météo.

42. Nombre d’abandons, il faut remonter au Tour 2012 pour en trouver davantage (45).

120. Les heures de télévision en direct assurée par France Télévision.

1000. En euros, la somme que perçoit chaque coureur qui termine le Tour.

11 000. En euros, ce que valait une victoire d’étape sur ce Tour.

12,000. En euros, les gains de l’équipe Qhubeka-Assos, la moins rémunérée sur ce Tour pour les efforts des coureurs. DSM suit juste derrière avec 13,000 euros de gain, une misère.

624,000. En euros, les gains de l’équipe UAE Team Emirates sur ce Tour de France. Le pactole, loin devant Jumbo-Visma en 2e position de ce classement (355,000 euros) et Bahrain, 3e (169,000 euros).

40 millions. Soit le nombre de téléspectateurs, répartis dans 190 pays.

Le mot de la fin à la Jumbo-Visma.

Van Aert, une bête

Carton plein pour l’équipe Jumbo-Visma hier, avec Wout Van Aert qui remporte le chrono et Jonas Vingegaard qui termine 3e de l’étape.

Wout Van Aert, quelle bête quand même.

Le gus a gagné plusieurs cyclo-cross l’hiver dernier, faisant la guerre avec Mathieu Van Der Poel son éternel rival.

Il enchaine sur route, gagne Gent-Wevelgem ainsi que l’Amstel, termine 2e de Tirreno-Adriatico et de la Flèche Brabançonne, 3e de Milan San Remo, 4e de Strade Bianche et 6e du Ronde.

Il se tape ensuite une appendice.

Il revient vitesse grand V afin de préparer le Tour, remporte le Championnat de Belgique sur route au passage fin juin.

Deux victoires d’étape sur le Tour: le Ventoux et le dernier chrono, toujours révélateur de l’état de fraicheur.

Et en n’en faisant pas un objectif, il est actuellement 19e du général…

Ouf. Une grosse santé.

Ce n’est pas tout. Il a déclaré hier après l’étape que son Tour n’est pas fini: il veut gagner aujourd’hui sur les Champs Élysées!

Le pire, c’est qu’il faut le prendre très au sérieux. C’est peut-être le plus gros client de Cavendish aujourd’hui. Van Aert peut également compter sur Mike Teunissen pour lui préparer le sprint dans le dernier kilomètre, un atout certain.

Voyez cela: un belge qui priverait Cav de dépasser Merckx avec qui il est ex-aequo au chapitre du nombre de victoires d’étape sur le Tour (34)!

Quoi qu’il en soit, pour moi, c’est très clair: Wout Van Aert termine ce Tour de France beaucoup plus fort qu’il ne l’était au départ de l’épreuve.

Du coup, il devient un très sérieux client pour la course sur route (samedi prochain le 24 juillet) ET le chrono (mercredi 28) des prochains Jeux Olympiques. Attention à lui, il peut tout faire.

Pas de surprises

On attendait Van Aert hier, il a livré la marchandise.

On attendait Kung, il est parti trop vite.

On attendait Asgreen, il a répondu présent mais il est tombé sur un super Van Aert.

On savait Vingegaard rapide, il termine 3e comme lors du premier TT de ce Tour.

Pogo, quant à lui, n’avait qu’à assurer. Pas de risques à prendre. Et valait mieux éviter la victoire…

Pas de changement au général.

Hugo Houle

Le Québécois a fait ce dernier chrono à fond, question de se tester en vue de la même épreuve sur les prochains JO. Excellente performance pour Hugo qui termine 29e du chrono, à 2min33 du vainqueur. Il est à sa place selon moi.

Matos sur le TT

Apparemment, les choses changent.

Alors que traditionnellement en cyclisme, les coureurs montaient des manivelles plus longues sur les chronos, question d’augmenter l’effet de levier, c’est la tendance inverse qui s’observe actuellement.

Des manivelles plus courtes. Certains coureurs auraient monté hier des 165 voire des 160mm.

Le but? Mieux « enrouler » le braquet, des manivelles plus courtes favorisant des cadences élevées.

Et ouvrir l’angle de la hanche, permettant de rester dans des positions qui favorisent plus de puissance que si la hanche est assez fermée, ce qui est le cas avec des manivelles plus longues.

La mode est aussi aux plateaux avant de 55, voire 58 dents. On vise ici à mieux respecter une ligne de chaine efficace, bien centrée avec la cassette arrière où on utilise plutôt les pignons de 13, 14 et 15 dents au lieu de 11 et 12. En d’autres mots, pas de croisement de chaine, susceptible de faire perdre quelques watts.

Par contre, les freins à disque ne sont pas répandus sur les vélos de chrono autant que sur les vélos de route. C’est vrai qu’en contre-la-montre, moins tu touches aux freins, mieux c’est…

Aujourd’hui les Champs, demain Tokyo

Ca fait des plombes qu’une échappée n’est pas allée au bout sur l’étape des Champs Élysées. La dernière fois, Eddy Seigneur peut-être, en 1994?

Dans le cyclisme des oreillettes, ca devrait donc arriver au sprint cette année encore. Misez Cav ou Van Aert, mais on ne sait jamais, d’autres sprinters peuvent y arriver: Colbrelli, Matthews, Philipsen, Bol.

En soirée, ils seront nombreux à déjà prendre des vols pour Tokyo afin de gagner rapidement le Japon et débuter l’acclamation en vue de l’épreuve sur route des JO samedi prochain. On vous revient avec l’analyse complète de cette épreuve très particulière puisqu’elle sera courue sous les maillots nationaux, et non d’équipes de marques.

Ambiance lourde sur le Tour

Le geste « the zip lips » lourd en symboles fait par Matej Mohoric en franchissant la ligne d’arrivée en vainqueur hier a plombé l’ambiance du Tour.

Mohoric savait très bien que ce geste avait été effectué une fois avant lui, par nul autre que Lance Armstrong. Tout le monde a désormais vu cette triste image. Si vous ne savez pas, demandez à Christophe Bassons…

En gros, le « boss » de l’époque la plus sombre du cyclisme et du Tour de France avait envoyé un signal clair: on ne parle pas des choses qui fâchent.

Autrement dit, l’omerta.

Je l’avais écrit hier: il est clair que Mohoric était très remonté suite à la perquisition menée contre son équipe. Il l’a manifestement vécu comme une injustice, quoi qu’il ait dit plus tard devant les caméras de télé, s’étant certainement fait rappeler à l’ordre par son encadrement voire par la Société du Tour.

Chose certaine, il avait le couteau entre les dents au départ de l’étape vers Luz Ardiden.

Il l’avait encore hier.

26 km solo dans le final, pour pouvoir faire son « statement » (je ne trouve pas d’équivalent français à ce mot) sur la ligne. 55×11, solo, vent de face. La vitesse n’est pas beaucoup descendu en-dessous des 55 km/h. Les coureurs derrière en chasse ont été écoeurés d’une telle puissance si tard dans le Tour, en premier lieu Christophe Laporte mais aussi Cédric Vasseur son manager général.

Le geste de Mohoric a en tout cas sérieusement plombé l’ambiance sur ce Tour.

Beaucoup, beaucoup d’articles de presse fusent de partout pour soulever des doutes devant tant de succès des coureurs slovènes (Pogacar et Mohoric, 5 victoires d’étape à date sur ce Tour, et il faudra voir aujourd’hui si une 6e s’ajoute!) ainsi que de l’équipe Bahrain-Victorious (3 victoires, 2 pour Mohoric et une pour Teuns) qui a surpris une première fois cette saison avec la 2e place de Damiano Caruso au général du Giro. La série de succès s’est poursuivie depuis dans cette équipe avec des succès (parfois surprenants) pour les Mohoric, Teuns, Colbrelli, Poels, Bilbao, Haig, Padun, Mader, Bauhaus et Tratnik.

Des infos bizarres

On lit même dans la presse des articles qui surprennent, comme ceux rapportant que trois coureurs du peloton « enquêteraient » discrètement car en roulant derrière des coureurs de certaines équipes dans le peloton, ils entendraient des bruits totalement inhabituels émanant de la roue arrière.

J’avoue me perdre en conjectures.

Certains parlent d’accumulateurs, un peu comme en Formule 1: l’énergie dégagée par le frein à disque arrière lors du freinage serait acheminée dans le moyeu arrière pour ensuite?

Wait and see.

D’autres parlent de mystérieux breuvages ingurgités dès l’arrivée par certains coureurs. Certains coureurs leur auraient demandé ce dont il s’agissait, ce à quoi les coureurs en question auraient répondu qu’ils ne savent pas! Mais ils boiraient…

Surréaliste.

Voilà en tout cas des signes qui ne trompent pas: l’ambiance est lourde en cette fin de Tour de France, le doute et la suspicion se sont définitivement installés au coeur même du peloton, devant des performances tout simplement ahurissantes de certains coureurs.

La réaction d’Armstrong

I’ve got a problem with that. (ndlr: en parlant de la perquisition de l’équipe Bahrain-Victorious)

Lance armstrong, the move, 16 juillet 2021

Sans commentaire. Betsy Andreu a toujours eu raison quant à ce sinistre individu.

Aujourd’hui le chrono

31 kms entre Libourne et Saint-Émilion, en passant par Pomerol. Les amateurs de vin apprécieront.

Un chrono tout plat, taillé sur mesure pour les spécialistes de la discipline. Ca va rouler très vite.

Les organismes sont toutefois fatigués, des surprises sont possibles. L’analyse des 10 premiers de l’étape sera intéressante.

Franck Bonnamour, le plus sympathique!

Question de finir l’article d’aujourd’hui sur des notes plus sympathiques, un point sur Franck Bonnamour de l’équipe B&B Hôtels-KTM, un coureur qui aura vraiment tout tenté sur ce Tour. Volontaire, travaillant, ne se décourageant jamais, il laisse une belle image.

Il est dans la course pour le titre du coureur « super combatif » de ce Tour de France, titre qui sera dévoilé au terme de l’étape d’aujourd’hui. Je lui souhaite!

Et pour moi, il a déjà gagné un autre titre: le coureur le plus sympathique à regarder. Il y a un peu de Fanfan la Tulipe dans ce coureur!

Et pour mieux connaître cette équipe B&B Hôtels – KTM, les « Men in Glaz », ce beau vidéo tourné peu avant le Tour.

Tour de France Barbecue, avec Israel Start-Up Nation

Très sympathique vidéo!

Le nouveau Merckx, c’est Pogacar!

Le maillot jaune à Paris, très probablement. Son 2e consécutif.

À moins de 23 ans.

Du jamais vu dans l’histoire du vélo.

Indurain a gagné son 5e Tour à 31 ans. Armstrong, dopé, à 34 ans. Si Tadej Pogacar continue comme ca, il pourrait bien remporter 10 Tours de France en carrière!

Juste cette année, il a gagné le Tour des Émirats Arabes Unis, Tirreno-Adriatico, Liège-Bastogne-Liège, le Tour de Slovénie, une étape au Tour du pays Basque et, jusqu’ici, trois étapes du Tour. Sauf gros pépin d’ici dimanche, il devrait remporter ce Tour de France, avec en prime le classement du meilleur grimpeur et du meilleur jeune, comme l’an dernier.

Et une quatrième victoire d’étape peut-être (probablement?) sur le chrono samedi. Ca se jouera entre Pogo, Kung, Van Aert, Vingegaard (qui devra ouvrir la machine pour ne pas voir Carapaz lui chiper la 2e place du général), Asgreen, Cattaneo et Bissegger.

Le 2e du classement général est déjà à près de 6 minutes, et l’écart pourrait encore se creuser samedi. On n’a pas vu ce genre d’écart entre le 1er et le 2e depuis… l’ère Armstrong, à l’exception de 2014 lorsque Nibali s’était imposé par plus de 7 minutes sur JC Péraud (on y sera peut-être samedi!). Et avant l’ère l’Armstrong, l’ère Indurain, à l’exception de 1997 où Jan Ullrich s’était imposé par… 9 minutes (!) sur Richard Virenque.

Enfin, depuis Bernard Hinault, aucun maillot jaune du Tour n’avait réussi à remporter deux étapes de suite avec ce maillot sur les épaules.

C’est du lourd. Du très très lourd. Ne cherchez pas ailleurs le nouveau Merckx, ne cherchez pas du côté de Remco, le nouveau Merckx est slovène et il est sous vos yeux.

Woods, Poels, Quintana et les pois: oubliez ca!!!

Tadej Pogacar a mis tout le monde d’accord en deux petites étapes, qu’il a remporté. Carton plein du côté des points au classement de la montagne.

Mike Woods a bien essayé hier dans le haut du Tourmalet, question de surprendre Poels. C’était une bonne idée. Poels ne s’est pas laissé avoir. Une nouvelle fois, Mike est probablement parti trop tôt avant le sommet, brulant ses jambes avant d’arriver dans les derniers 200m, là où il faut vraiment mettre la gomme.

Dommage, Mike Woods repartira probablement de ce Tour de France les mains vides: pas de victoire d’étape, pas de maillot à pois, pas de bonne place au général. Mais la tête haute: il aura essayé.

La révélation

Sans l’ombre d’un doute, Jonas Vingegaard chez Jumbo-Visma. Âgé de 24 ans, le Danois est passé pro en 2019 et n’a pas eu grands résultats au cours de ses deux premières années en WorldTour. Mais cette année, c’est l’explosion: une étape du Tour des Émirats Arabes Unis, le général et deux victoire d’étape sur la Semaine Coppi & Bartali, 2e du général du Tour de Pays Basque.

Il est en passe de terminer 2e du Tour de France derrière Pogacar, mais devant Richard Carapaz, qui touche 2,2 millions d’euros par an. Gageons que Vingegaard va passer à la caisse dans les prochains mois!

Il terminait… 46e de son premier grand tour l’an dernier, en Espagne.

On est d’accord avec lui, il a vraiment « franchi un cap cette année« . Le Cap Horn.

Le pire, c’est qu’il a été le dernier sélectionné de son équipe pour le Tour! (voir le vidéo)

https://www.youtube.com/watch?v=v890lOye8Bk

Ben O’Connor, 25 ans, aura aussi été une révélation sur ce Tour. Il est actuellement 4e du classement général avant le chrono de samedi, avec 32 secondes de priorité sur Wilco Kelderman. C’est jouable, les deux avaient fait jeu égal sur le premier contre-la-montre du Tour.

Uran, l’explosion

Deux places au général de perdues au sommet du col du Portet avant-hier, six places de perdues hier à Luz Ardiden, Uran est passé en deux jours de la 2e à la 10e place du général.

Turrim horribilis.

Perquisition chez la Bahrain-Victorious

L’info du jour sur le Tour hier, c’était la perquisition ayant eu lieu la veille dans l’hôtel de l’équipe Bahrain-Victorious, après qu’une enquête ait été débutée par le parquet de Marseille et l’Office Central de Lutte contre les Atteintes à l’Environnement et la Santé Publique (OCLAESP).

S’ils ont perquisitionné, c’est qu’ils avaient des bonnes raisons pour le faire.

Manifestement, ca a eu le don de beaucoup énerver les coureurs de cette équipe, qui est d’ailleurs en tête du classement par équipe. On a vu Matej Mohoric rouler comme une moto en début d’étape hier, Alaf et Périchon ayant bien du mal à rentrer sur le Slovène et ses deux compagnons d’échappée devant. Clairement, Matej en avait gros.

Mais sur France Télévision, pas un seul mot de cette histoire, sur les 3h30 de direct.

I don’t feel uncomfortable that they went through all my stuff because I have nothing to hide. I don’t care. I still find it a bit weird that even in the year 2021 they still believe we are doing something illegal.

Matej mohoric, 15 juillet 2021

La déclaration de Mohoric au départ de l’étape hier a du vrai, mais il faut plutôt lire « Je trouve ça un peu étrange qu’en 2021, ils croient encore que nous n’avons rien appris des scandales de dopage dans le cyclisme depuis 25 ans. On n’est pas des idiots, on n’amène plus de produits dans les hôtels car on a appris que des descentes de police y sont probables, surtout sur le Tour. On est pas mal plus malins que ca, on se dope ailleurs les boys…« 

Bref, il faudra voir ce que tout cela donne, mais je n’ai personnellement pas grand espoir. Quelle équipe, en 2021, prendrait encore le risque de voyager avec des produits dopants sur le Tour?! Faudrait être con.

Contrôles inopinés (hors compétition)

Selon le journaliste Bertrand Guyot, dans cet article publié hier sur ChronoWatts, baisse de moitié du nombre de contrôles inopinés (hors compétition) entre 2019 et 2020. De janvier à août 2020, baisse de 63,5%.

Il est raisonnable de se montrer prudent et lucide en ce moment dans l’interprétation de certaines perfs observées en WorldTour. À propos, Pogo a mis 12 petites secondes de plus que Lance Armstrong en 2003 (la belle époque!) pour escalader Luz Ardiden hier (35min45sec versus 35min33sec).

Cav, le seul intérêt qui demeure sur ce Tour

Avec deux chances (aujourd’hui et dimanche sur les Champs-Élysées) de battre le record de victoires d’étape sur le Tour détenu par Eddy Merckx (34 victoires), Mark Cavendish représente pour beaucoup le seul intérêt qui subsiste sur ce Tour de France. Un Tour de France qui a bien débuté avec les victoires d’Alaf et de Mathieu, l’histoire de Cav, il y avait de belles histoires. On dirait que la fin de ce Tour est franchement moins drôle. On rit jaune.

Test de récup

Le dernier chrono du Tour est toujours intéressant, car un bon test de récup. Les experts en cyclisme vont scruter attentivement les résultats, pour les coureurs qui feront le chrono à bloc.

L’an dernier, on avait vu que Pogo était plutôt doué dans le registre de la récupération. Misez sur lui samedi, même si Kung sera revanchard puisqu’il avait été battu de peu sur le premier chrono du Tour il y a deux semaines.

Un peu d’humour, pour terminer

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