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Mois : mai 2021 Page 1 of 2

Ineos: d’Egan à Geraint

Les Ineos-Grenadier continuent de marquer le cyclisme professionnel de leur marque sur les grands tours.

Hier, Egan Bernal a remporté « comme prévu » le Giro d’Italia, succédant à Tao Geoghegan l’an dernier, lui-aussi chez Ineos-Grenadier.

Et comme prévu, Filippo Ganna a remporté le chrono dans les rues de Milan, enroulant son plateau de 62 dents afin de respecter une ligne de chaine minimisant la friction, et donc les watts perdus.

Pour Bernal, 24 ans, c’est une consécration, et s’il s’aligne sur la Vuelta en septembre prochain, il pourrait devenir le plus jeune coureur de l’histoire à remporter les trois grands tours. De quoi donner une certaine motivation, et je pense qu’il pourrait très bien se tourner vers cet objectif. Bernal n’est pas prévu pour le Tour de France cette année… mais qui sait, s’il récupère bien, l’équipe pourrait certainement lui faire une petite place… à suivre!

Quoi qu’il en soit, Ineos-Grenadier continuera probablement sa domination sur les grands tours cette semaine avec le Critérium du Dauphiné Libéré.

Le favori s’appelle en effet Geraint Thomas, qui débarque avec une équipe Ineos surpuissante. Voyez un peu: Richie Porte, Tao Geoghegan, Andrei Amador, Michal Kwiatkowski, Dylan Van Baarle… de quoi voir venir.

Thomas et Porte ont terminé 1er et 2e déjà cette année du récent Tour de Romandie.

On dit de Geraint Thomas qu’il est en grande condition, surpuissant. On en saura plus mercredi lors du chrono de 16 bornes du côté de Firminy.

Ce Critérium du Dauphiné se jouera samedi et dimanche prochain, aucun doute là-dessus.

Samedi, ca sera l’ascension du Cormet de Roseland, puis une arrivée au sommet de La Plagne, belle montée très régulière mais où il s’est toujours passé des choses sur le Tour de France.

Dimanche, une très belle étape: les Aravis, la Colombière, Joux Plane, 147 kms de très belle montagne. Joux Plane, ce n’est jamais simple dans le final d’une étape… Un de mes parcours favori pour mettre la touche finale à ma préparation pour la Marmotte, à une certaine époque, depuis Genève.

L’opposition sur ce Dauphiné sera toutefois intéressante.

Les Francais d’abord: on a hâte de voir où en sont les Warren Barguil, David Gaudu, Guillaume Martin et Pierre Rolland, à un mois du départ du Tour.

La Jumbo-Visma aussi. Si Primoz Roglic a fait le choix – risqué selon moi – de ne plus courir d’ici le Tour de France, l’équipe néerlandaise débarque avec Steven Kruijswijk, Robert Gesink, Tony Martin et un certain Sepp Kuss. En rodage.

Chez Movistar, on ne sera pas en reste avec Alejet Valverde, Enric Mas et Miguel Angel Lopez.

Chris Froome est de la partie pour Israel-Start-Up Nation dans le but de maigrir en prévision du Tour. Mike Woods n’est pas au départ, il est plutôt prévu que le coureur d’Ottawa s’aligne avec Alaphilippe sur le prochain Tour de Suisse.

Parmi les autres coureurs à surveiller, Nairo Quintana, Alexey Lutsenko, Tim Wellens, Brendon McNulty ainsi que… Fabio Aru.

Deux Canadiens au départ, soit Alexandre Cataford chez Israel Start-Up Nation ainsi que Benjamin Perry chez Astana. Je pense que Hugo Houle se réserve pour le Tour de Suisse.

Bref, un beau plateau sur ce Dauphiné, à un mois du départ du Tour. Les deux absents de ce mois de juin seront les deux slovènes Roglic et Pogacar. Roglic s’entraine solo sans courir, et Pogacar a prévu de s’aligner sur son tour national, le Tour de Slovénie du 9 au 13 juin prochain.

Plusieurs coureurs présents sur ce Dauphiné s’aligneront probablement aussi sur la Route d’Occitanie, du 10 au 13 juin prochain. Avant une période d’affutage, ceci afin d’optimiser la condition pour les Championnats nationaux le 20 juin prochain, puis une autre récup-affutage avant le départ du Tour prévu le samedi 26 juin prochain en Bretagne.

Bernal: le plus dur est fait

En principe, Egan Bernal deviendra aujourd’hui le deuxième coureur colombien à remporter le Giro d’Italia après Nairo Quintana (2014).

Il rejoindra également Nairo Quintana à titre d’un vainqueur de deux grands tours cyclistes. Bernal a toutefois gagné le Saint Graal, le Tour de France (2019). Quintana, un Giro et une Vuelta.

Il ne manquera donc que la Vuelta à Bernal pour inscrire son nom au palmarès rarissime des coureurs qui ont gagné les trois grands Tours cyclistes. S’il le fait cette année, il devancera Alberto Contador, auteur du triplé à 25 ans. L’an prochain, Bernal égalerait le record de Contador.

Le Colombien a su hier s’appuyer sur son équipe Ineos, encore très forte. Il peut dire merci aux Narvaez, Moscon, Castroviejo et son compatriote Martinez, auteurs d’un boulot remarquable pour sa pomme.

Seul moment de panique, quand Castroviejo a largué son coéquipier Martinez dans la dernière descente, sous la flotte. Ils se sont vite repris en laissant l’équipier colombien recoller. Grand bien leur en a pris!

Au passage, je n’ai pas remarqué de grandes différences entre l’efficacité des Ineos dans la descente sous la pluie, comparé aux autres équipes. L’équipe Ineos est montée sur freins à mâchoires, les autres freins à disques… De quoi revoir les copies?

Tellement fort, le marketing de nos jours!

Anyway. Ca vous prend des freins à disque. Vous aurez l’air de coureurs pros.

Pour le reste, on n’a pas vu Ganna hier. Free ride, ses directeurs sportifs lui ont certainement dit « Filippo, aujourd’hui tranquillo, tu y vas dimanche pour la victoire d’étape alors repose tes jambes, pas d’efforts, et all out dans les rues de Milan« .

Bref, aujourd’hui, Ganna.

Mention très bien hier pour Romain Bardet. Avec Almeida, ca le faisait. Avec Caruso, not a chance, les Ineos allaient forcément rouler derrière. Des fois, au niveau professionnel, tes chances de succès ne sont pas en fonction des jambes que tu as, mais bien d’avec qui tu roules.

Mention très bien aussi à Caruso, belle performance. Probablement deuxième du général selon le chrono aujourd’hui, une belle victoire d’étape solo en montagne hier, rien à dire d’autre que bravo! À 33 ans, c’est pour lui une véritable consécration.

Yates a montré certaines limites hier. Le Britannique a souvent des jours sans sur les grands tours, une confirmation? Les Yates, je résumerais en disant « capable du meilleur, comme du pire ».

Les alliances d’équipe? Sur la route hier, on a vu les BikeExchange rouler avec les Ineos pour limiter la casse derrière Caruso, qui menaçait les chances de Yates de monter sur la 2e place du podium à Milan. Logique.

Et on a aussi vu une alliance italienne avec un Giovanni Visconti (Bardiani) qui roulait pour Caruso (Bahrain-Victorious) dans l’échappée. Juste une saine revanche italienne face à l’alliance colombienne!

Par contre, pour Louis Vervaeke chez Fenix, faudra m’expliquer pourquoi il a roulé aussi vite au pied de l’avant dernier col en faveur de l’échappée, pour sauter 4 km plus haut.

Giro: Bernal au métier

C’est un consensus: Simon Yates est bien le coureur le plus fort en cette fin de Giro.

Egan Bernal est sur les vapeurs.

Mais il dispose de la meilleure équipe qui soit.

Et manifestement, l’équipe court très intelligemment.

Chez Ineos, on reste groupé jusque très tard dans la course, on ne répond plus aux attaques dans la dernière ascension et on monte au train pour abriter Bernal.

La recette est éprouvée.

Yates a 2min49 de retard sur Bernal. De quoi gérer.

Assurément, Yates vise plutôt la 2e place, avec seulement 20sec d’écart à combler sur Caruso. La lutte sera là aujourd’hui sur la route de Alpe Motta, et dimanche dans le chrono.

Et on ne sait jamais, Bernal peut craquer. Il faut essayer. L’altitude, avec deux cols à franchir en haut de 2000m, réussit toutefois bien à Bernal. La dernière ascension n’est pas très difficile, son équipe devrait pouvoir l’épauler jusque tard dans l’étape.

Chose certaine, ils ne sont plus que trois pour le podium: Bernal, Caruso et Yates. Tous les autres viseront une belle victoire d’étape, et pour cela il faudra lancer dès l’ascension du San Bernardino, en espérant résister au rouleau-compresseur Ineos dans le final.

Bardet, Carthy, Vlasov, Almeida, Bennett, Formolo, Nibali, ils ont tous un va-tout à jouer aujourd’hui. Espérons une course de mouvement!

C’est Almeida qui a probablement le plus faim.

Et les Ineos savent que ce soir, leur Giro est terminé; dans le chrono dimanche, ce sera chacun pour soi. Ils donneront tout ce qu’il leur reste dans l’étape d’aujourd’hui pour protéger l’avance de Bernal. Et ainsi faire un doublé, avec la victoire de Geoghegan l’an dernier.

Le dernier chrono dimanche? Bernal, Yates et Caruso ont fait à peu près jeu égal dans le chrono du premier jour. Ganna remportera l’étape, mais je doute que ce chrono provoque de gros changements pour le podium.

Des alliances d’équipe demain? Pas impossible non plus. On sera vite fixé. Chose certaine, tous les coureurs colombiens de ce Giro roulent pour Bernal. Sinon, comment expliquer hier l’action de Molano chez UAE Team Emirates?

Quelques vidéos d’intérêt: Ineos, Carapaz, Almeida et Adam Roberge

Ténérife. Désormais mythique dans le monde du cyclisme professionnel, le lieu de si nombreux camps d’entrainement au cours des 15 dernières années.

Richard Carapaz, le premier cycliste équatorien à connaitre autant de succès en World Tour. L’histoire d’un homme simple, issu des milieux les plus modestes. Parce que tout le monde ne peut pas devenir un grand cycliste, mais un grand cycliste peut venir de n’importe où au monde.

Joao Almeida, qui finit fort ce Giro d’Italia.

Performance remarquable (3e place) du Québécois Adam Roberge sur le récent Gravel Locos, remporté par Laurens Ten Dam qui se passe de présentation sur ce site. Bravo Adam!

Giro: c’est pas fini!!!

On dirait bien que la montée de Sega di Ala en a surpris plus d’un hier. Pour une première, c’est réussi!

En premier lieu le maillot rose d’Egan Bernal, jusqu’ici sans faille aucune. Hier, sur les pentes abruptes de cette ascension finale, il a montré des signes de défaillance, ne pouvant suivre le rythme de Yates et d’Almeida.

Je pense que Bernal a fait l’erreur de répondre trop violemment à l’attaque de Yates. Il s’est manifestement mis dans le rouge, et a sauté quelques mètres plus loin.

En tout cas, Bernal peut dire merci à son compatriote Daniel Martinez qui l’a épaulé jusqu’au bout, n’hésitant pas d’ailleurs à parfois l’haranguer pour qu’il reste motivé et qu’il appuie plus fort sur les pédales.

Chez Ineos, on était proche de la panique, j’en suis sûr.

Du coup, Yates et Caruso penseront que Bernal est prenable. De quoi donner des idées pour les étapes de vendredi et samedi.

Tous deux n’auront pas de mal à trouver des alliés de circonstances qui voudront faire tomber le rouleau-compresseur Ineos.

Joao Almeida d’abord, qui semble finir très fort ce Giro et qui cherche certainement une belle victoire d’étape. Yates et lui peuvent faire un duo de choc.

Romain Bardet aussi voudra profiter d’une condition en hausse.

Giulio Ciccone devra aussi se rabattre vers cet objectif d’une victoire d’étape après avoir perdu pas mal de temps hier, étant pris dans la chute qui a entrainé Remco Evenepoel aussi, et qui l’a contraint à l’abandon hier soir.

George Bennett, Davide Formolo veulent aussi exister sur ce Giro.

Bref, c’est loin d’être fini! Et on a déjà vu des défaillances sur un dernier chrono. Toujours difficile, un dernier chrono après trois semaines de course intense dans les jambes. Révélateur des facultés de récupération.

Giro: ce qui reste à prendre

Le taulier est de retour…

Alors que le Giro reprend aujourd’hui après le deuxième jour de repos, quelques réflexions sur la course jusqu’ici et sur ce qui reste à prendre d’ici l’arrivée dimanche prochain à Milan.

L’étape d’aujourd’hui d’abord, 193 kms vers Sega di Ala, une arrivée en altitude qu’on connait mal, mais qui s’annonce redoutable: 11km à 9,8% de moyenne, des passages très pentus sur le haut avec notamment deux kilomètres à plus de 12%, et un court passage à 17%.

Juste avant, les coureurs devront franchir le Passo di San Valentino.

La chance des coureurs aujourd’hui? Pas d’altitude. Le San Valentino culmine à 1315m.

Et une météo clémente.

Le reste de la semaine ne sera pas simple pour autant. Sur les cinq étapes restantes, on compte trois arrivées en altitude (incluant aujourd’hui) et un chrono de 30 bornes dimanche prochain à Milan. Belle débauche d’énergie pour les coureurs!

L’étape de jeudi sera l’étape de récup. Vendredi, 176kms et une arrivée à l’Alpe di Mera, 1500m d’altitude.

Samedi, la grosse étape restante, avec 164 kms et deux cols à plus de 2000m d’altitude, le Passo San Bernardino et Passo di Spluga, avant l’arrivée à l’Alpe Motta où la Madonna d’Europa accueillera les coureurs. À partir de la mi-étape, plus de répit pour les coureurs, ca montera et ca descendra jusqu’à la ligne.

Si Egan Bernal est un solide leader au général, épaulé par une équipe Ineos tout aussi solide, tout peut encore arriver sur de telles étapes.

La météo semble vouloir enfin coopérer et les coureurs devraient profiter d’un temps plus sec et plus ensoleillé pour le reste du Giro.

Ce qui reste à prendre

Les deux premières places du général semblent solides, avec Bernal et Caruso.

Surprenant Caruso! 33 ans, pro depuis 2012, pas de grand palmarès, son meilleur résultat en carrière sur un grand tour est une 8e place sur le Giro 2015. Solide cependant, 14 grands tours à son actif, le gus en a jamais abandonné un! Pour lui, une 2e place serait une consécration. Et pour son équipe Bahrain-Victorious aussi.

La troisième place de Hugh Carthy sera probablement la plus disputée, trois coureurs naviguant à quelques 40 secondes du podium, soit Simon Yates, Alexandr Vlasov et Giulio Ciccone.

Bref, tout ce beau monde voudra prendre du temps, et ne diront pas non à une victoire d’étape en cours de route.

Les Romain Bardet, Dan Martin, Vicenzo Nibali, Bauke Mollema, George Bennett et surtout Remco Evenepoel voudront aussi sauver leur Giro 2021 sur les prochaines étapes. On devrait assister à une course de mouvement.

Pour Remco, l’étape de jeudi est probablement celle qui a retenu son attention car le chrono de Milan le dernier jour semble déjà promis à Ganna, 30 kms tout plat en légère descente (le 60 km/h de moyenne est jouable si on a vent de dos!). Avec 231 kms et quatre belles courtes bosses dans les 30 derniers kms, Remco pourrait faire parler sa puissance de train pour tenter un coup dans le final. Il l’a déjà fait plus tôt dans sa carrière, façon Alaphilippe!

Classement meilleur grimpeur

Le Français Geoffroy Bouchard d’AG2R-Citroen est toujours en tête du classement du meilleur grimpeur, 29 petits points devant Bernal. Ca sera très difficile pour lui de rester en tête je pense, il n’aura d’autres choix que de grapiller un maximum de points sur les premiers cols des étapes.

Classement par équipe

Possiblement une belle lutte de ce côté, avec Trek-Segafredo un maigre 6min d’avance sur Ineos.

On saura vite aujourd’hui si ce classement fait l’objet d’une convoitise de l’un ou l’autre des deux équipes. Trek a certainement le plus à gagner d’un succès. Ils ont un coup à jouer, avec Ciccone, Mollema, Nibali.

Le bilan à ce jour

Bernal a manifestement retrouvé la condition qui lui avait permis de gagner le Tour de France 2019. Il explose le temps d’ascension de Gilberto Simoni en 2003 sur le Zoncolan côté Sutrio, par plus d’une minute. Pas de données publiques de puissance pour Bernal (…) mais on sait que pour venir à bout de cette mythique ascension, Caruso a dû développer un peu plus de 400 watts pendant environ 41 minutes. Ouch.

Hasard de la vie, Bernal s’était aussi imposé lors d’une étape écourtée pour cause d’orages de grêle sur son Tour de France victorieux, l’étape vers Tignes en passant par l’Iseran avait à l’époque aussi subit des conditions météo difficiles.

Bernal semble à l’aise sur des routes de gravier, dans la pluie et le froid, et en haute altitude. Des atouts non négligeables, et des conditions qu’on retrouve certainement assez régulièrement chez lui en Colombie, à l’entrainement.

Remco

Le jeune prodige belge a pris une belle claque sur ce Giro, et je pense qu’il s’agit peut-être du premier gros revers de sa carrière. Un sentiment dont parle également son manager général Patrick Lefevere.

Je pense que Remco vient de comprendre ce qu’est réellement le cyclisme professionnel au plus haut niveau, quand tu dois te battre avec des coureurs qui ont déjà remporté des grands tours. Pas simple.

Il va apprendre, pas inquiet là-dessus. Et puis, quand tu as le moteur, ben tu as le moteur. Ça, ça ne se perd pas.

Je suis plus inquiet des limites techniques qu’il a montrées, que ce soit sur les Strade Bianche où il n’était pas à l’aise du tout, ou dans les descentes de cols, surtout sous la pluie.

En clair, Remco descend comme un fer à repasser. Probablement pas étranger à sa violente chute dans la descente de Sormano l’an dernier, et qui lui a valu des mois d’hôpital.

Son équipe Quick Step devra prendre le taureau par les cornes. Lui faire faire du karting peut-être, ou le sens des trajectoires est tout. D’autres coureurs ont pu s’améliorer considérablement dans ce registre par le passé, je pense par exemple à Thibault Pinot.

Les échappées

Je sais pas vous, mais le nombre d’échappées qui sont allés au bout sur ce Giro m’a frappé. On n’avait pas vu ça depuis 20 ans sur les grands tours. Exit le retour du paquet dans les 10 derniers kilomètres, cette année le peloton du Giro laisse filer, avec la bénédiction des Ineos. Ca fait quoi, 7 ou 8 étapes que la victoire se joue parmi les coureurs devant? Intéressant! De quoi en tout cas raviver l’intérêt de se lancer tôt dans pareils raids. On sait jamais, sur un malentendu, ca peut marcher… plus aujourd’hui qu’hier! Espérons notamment qu’un Antoine Duchesne pourra en prendre une belle prochainement…

Lotto-Soudal

Encore cinq étapes et il leur reste… deux coureurs en course! Caleb Ewan a certes remporté deux étapes avant de quitter la course, mais l’équipe belge a depuis été décimée.

Qhubeka-Assos

L’équipe sud-africaine est restée en WorldTour in-extemis à la fin de la saison passée. Elle vient de signer trois succès en cinq étapes sur ce Giro, c’est la fête totale de leur côté: d’abord Mauro Schmid, puis Giacomo Nizzolo et enfin Victor Campenaerts. J’ai l’impression que l’ambiance au sein de cette formation est au beau fixe, et des succès en appellent souvent d’autres!

Photos

Très belles photos de l’étape du Giau avant-hier, vraiment. Merci à thierry pour le lien.

Ambiance bord de la route

Bernal, option victoire

Quelle étape hier!!!

Question: suffit-il d’organiser une course cycliste dans la région de la Toscane pour avoir un gros spectacle?!

Pour y avoir été, la Toscane, ben ça monte et ça descend. Et il y a effectivement de belles routes blanches bordées de cyprès.

Terre de cyclisme.

Chaque année, on se régale avec les Strade Bianche. On s’est régalé hier avec la 11e étape du Giro qui a causé de gros dégâts au général.

Bernal et ses Ineos ont tout fait exploser, en commençant le travail par un relais monstrueux de Filippo Ganna sur le premier secteur de gravel. Ganna roulait tellement vite qu’il a failli rater un virage en descente.

Plein de maitrise, Bernal n’a jamais lâché sa roue sur ce premier secteur. Il faut certainement y voir les fruits du passé de Bernal, qui a débuté en MTB (VTT) et qui est sans l’ombre d’un doute à l’aise sur des routes de gravel, bien plus en tout cas que les autres favoris de ce Giro. Rappelez-vous que Bernal a terminé 3e des Strade Bianche cette année.

Remco Evenepoel était, lui, manifestement beaucoup moins à l’aise sur de telles routes. Ses difficultés étaient évidentes à chaque virage, dans chaque descente.

La panne de jambes due à une fringale? Une mauvaise gestion de sa première journée de repos en carrière sur un grand tour ? Je ne pense pas. Sur l’asphalte, Evenepoel semblait bien rouler.

Quoi qu’il en soit, l’équipe Deceuninck a totalement implosé hier, laissant tomber leur leader au plus mauvais moment. C’était indigne de la plus grosse équipe de Classiques d’un jour, voire même indigne d’une équipe cycliste pro tout court. Si quelques équipiers ont bien ramené Remco devant après le premier secteur, ils doivent aussi leur salut à ce moment à la présence dans leur groupe de Vlasov qui a donc fait rouler ses Astana.

Par la suite, bonsoir la Deceuninck, on se revoit aux douches. Almeida était devant avec Remco avec 20 bornes à faire, mais ne s’est jamais occupé du jeune prodige belge qui était dernier du groupe à faire le yo-yo. Une fois lâché, Remco était fou furieux, probablement du manque de soutien de son dernier équipier. C’est clair que le mental de Remco a été défaillant à ce moment de l’étape.

Almeida a certes été ensuite rappelé par son équipe pour revenir épauler Evenepoel, mais c’était beaucoup trop tard. Evenepoel lâche quand même plus de deux minutes sur Bernal au général, ça fait mal.

Si Almeida n’est plus chez Deceuninck l’an prochain, ne vous surprenez pas. Ca a dû causer sévère dans le bus après l’étape, c’est moi qui vous le dit. Patrick Lefevere ne devait pas être content du tout devant son poste télé hier après-midi.

Il manque un lieutenant pour Remco, un solide coureur d’expérience capable de le rassurer dans les phases critiques, ou lorsqu’il vit un moment de moins bien. Beaucoup de leaders ont bénéficié de tels « capitaines de route » étant jeunes, et Remco semble actuellement bien isolé au sein même de sa propre équipe.

L’étape a également été fossoyeur des ambitions de Dan Martin, de Davide Formolo, de Giulio Ciccone, de Marc Soler, de Romain Bardet et de Jai Hindley. Ils joueront désormais les victoires d’étapes.

Bernal se pose aujourd’hui comme l’homme fort du Giro. Son équipe est la plus solide du peloton également. On voit mal comment lui ravir le maillot rose, sauf défaillance, ce qui est toujours possible en cyclisme. Il reste beaucoup de grosses étapes, à commencer par celle d’aujourd’hui qui pourrait aussi créer de gros écarts notamment parce qu’on grimpe pas mal, et que l’étape fait 210 bornes au lendemain d’une grosse journée. Le Zoncolan se profile samedi.

Vlasov est pour moi le plus sérieux rival de Bernal à ce stade-ci. Je ne serais pas surpris de le voir 2e à Milan.

Emanuel Buchmann m’a paru hier très bien, et my good! qu’il est affuté. Pas un pet de graisse… Je pense qu’il peut jouer la 3e place à Milan, notamment parce qu’il est mon client #1 pour l’étape de samedi sur le Zoncolan, avec Bernal.

L’inconnu demeure Simon Yates, qui sauve les meubles hier et qui pointe actuellement à la 5e place du général, à à peine plus de 30 secondes de la 2e place de Vlasov. Yates pourrait être très fort en montagne en 3e semaine. Méfions nous de lui, il joue pour le moment profil bas et semble attendre son heure.

Pour le reste, on peut penser à une réaction d’orgueil prochaine de Remco Evenepoel qui estime probablement, avec raison, qu’il n’a pas été battu sur sa valeur physique hier. Il veut aussi certainement gagner la confiance de toute son équipe Deceuninck sur les grands tours pour les prochaines années, notamment pour demander à ce qu’elle soit renforcée à l’intersaison. Je pense qu’on n’a pas tout vu du jeune belge; il n’en restera pas là.

Gentleman cycliste: ouvrir la porte

L’air est doux en cette chaude journée d’été.

Tu roules avec ton ou ta pote, une belle sortie d’entrainement, pour le plaisir. Le vent est de dos, tu avances vite sans effort, ton(ta) partenaire derrière toi près de la ligne blanche, question d’évoluer en sécurité sur des routes ouvertes à la circulation.

Virage à gauche.

Soudainement, le vent vient de côté. Du côté gauche.

Pense à ouvrir la porte!

Trop peu de cyclistes ont ce réflexe qui peut faire une sacré différence dans le plaisir à rouler avec une ou deux autres personnes.

Par ouvrir la porte, j’entends te décaler un peu de la ligne blanche vers le centre de la route, question de permettre au partenaire de profiter de ton aspiration.

Le principe de l’échelon et de la bordure en cyclisme.

Si tu restes collé à la ligne blanche au plus près de la limite de l’asphalte, ton partenaire n’a plus d’abri maintenant que le vent vient de côté. Il est pris dans la bordure, exposé comme toi au vent. Il travaille aussi fort. Il risque de sauter si l’effort est soutenu et qu’il est moins fort que toi.

Si tu te décales de quelques centimètres seulement vers le centre de la route, il peut retrouver ton aspiration, et donc économiser ses efforts. Bientôt, ca sera ton tour de revenir derrière lui, et de profiter du même répit si lui aussi pense à t’ouvrir la porte.

La sécurité routière? Pas besoin de se décaler de beaucoup, quelques centimètres suffisent largement si vous êtes deux ou trois. Avec des groupes plus nombreux, c’est évidemment plus compliqué car l’éventail prend plus de place.

Protéger ses amis(es) du vent lors d’une sortie en leur faisant profiter de ton expérience, c’est ca être un gentleman cycliste.

Après, tu peux jouer à ouvrir ou non la porte.

Un(e) ami(e) ne roule pas bien? Est désagréable? Ferme lui la porte! En roulant au plus près de la limite de l’asphalte par vent de côté, tu le mets dans le vent lui(elle)-aussi. Tu peux ainsi le faire sauter, ou du moins le(la) faire travailler fort pour rester au contact.

À plusieurs, tu peux aussi jouer à ouvrir la porte pour certains, mais pas pour d’autres. À quatre par exemple, davantage d’espace est requis pour protéger tout le monde. Tu peux décider, selon ton emplacement sur la chaussée, de protéger un ou deux amis(es) seulement, dépendemment de qui tu veux mettre dans le vent. Ca peut être utile pour faire comprendre à des « suceurs de roue » professionnels qu’ils doivent eux aussi assumer leur part de travail. En gros, tu leur passes le message « je veux bien travailler pour toi, mais tu dois toi-aussi travailler pour les autres. »

Jouer ainsi peut être amusant. Mes plus belles sorties avec mon frère sont celles-là: nous « ouvrions la porte » chacun notre tour en début de sortie puis, à un certain moment, l’un de nous ne l’ouvrait plus. On savait alors que les choses sérieuses commençaient, et que ça serait bientôt l’explication finale pour établir qui des deux est le plus fort…

En course, rabattre un évantail peut être très payant pour créer une bordure et ainsi provoquer une grosse sélection. Les meilleures équipes ne laissent la place qu’à leurs coureurs, et basta.

Bref, si je roule un jour devant vous 15 cm à gauche de la ligne blanche, ce n’est pas parce que je ne respecte pas les règles de la sécurité routière ; c’est que je vous ouvre la porte pour vous protéger du vent. Si je me rabats au plus près du bord de la route, c’est que je voudrai en finir avec vous!

Vent de dos

En groupe, plus difficile vent de face ou vent de dos?

Vent de dos!

C’est donc le contraire d’une sortie solo. Solo, c’est nettement mieux vent de dos bien sûr.

En groupe par contre, le différentiel de watts entre ceux qui sont devant et ceux qui sont derrière est nettement moins important par vent de dos, rendant la situation potentiellement plus compliquée pour ceux qui sont dans les roues.

Vent de face, la personne qui tire devant est peut-être à un niveau de puissance de 100 watts voire plus supérieure à la vôtre bien planqué dans les roues.

Vent de dos, ce différentiel est largement inférieur. À 50km/h vent de dos, le premier génère peut-être 400 watts, ceux qui sont dans les roues doivent aussi tirer 350 voire 375 watts à cette allure. Largement moins de différence que vent de face.

En groupe, méfiez-vous donc des phases de la sortie qui seront négociées vent de dos; si ca roule vite, vous aurez à travailler presqu’aussi fort pour suivre que les premiers devant!

Bernal-Evenepoel: ca sera sans merci!

Images incroyables hier lors de la 10e étape du Giro, je ne me rappelle pas d’avoir vu ça sur un grand tour. Payez-vous les images, ça vaut vraiment la peine (ça commence à 1min47 du résumé de l’étape ci-bas).

Bernal et Evenepoel qui sprintent à fond sur un sprint bonif (en temps, d’où l’intérêt bien sûr, n’étant tous deux séparés que de quelques secondes au général) au km 121 de l’étape, on croyait rêver. Tout cela pour un gain potentiel de quelques secondes dérisoires lorsqu’on songe que samedi, ca se jouera sur le Zoncolan.

Je suppose que c’est ca, le cyclisme moderne et c’est tant mieux car le spectacle était autant inattendu que captivant.

Normalement, sur une telle étape « de transition », les principaux leaders en profitent pour se refaire une santé en prévision de la montagne à venir.

Et bien non.

Et le tout était probablement prémédité chez Ineos puisque c’est nul autre que Ganna, le dragster italien, qui amène Bernal à quelques hectomètres du sprint. Il amène tellement fort qu’il créé un trou avec Evenepoel, dont l’équipe le lâche au même moment, plus personne ne pouvant l’aider à ce niveau de puissance. Remco a dû parler au WolfPack hier soir: focus les boys.

Mais retour à l’action hier, Remco ramène solo, incroyable. Dans le vent.

Il rentre sur Ganna et Bernal, et poursuit son effort, doublant les deux coureurs Ineos. Ganna s’écarte, Bernal agonise dans la roue d’Evenepoel, ne peut plus se lever alors que Remco en remet une couche et lance son sprint en danseuse.

Manque de chance, Remco avait scotché derrière lui un autre coureur Ineos, Narvaez. Ce dernier a été très lucide et un parfait équipier, débordant Remco dans les tous derniers mètres pour aller le priver du meilleur bonus en temps sur la ligne.

Bien joué Ineos: à défaut que Bernal puisse rafler la mise, autant que ce soit un de ses équipiers qui prive Remco du pactole.

Ouf. Belle phase de course.

On ne se fera pas de cadeau ça c’est clair entre Bernal et Evenepoel. Les deux veulent le titre, et le veulent vraiment.

La puissance de Remco sur cette phase de course était impressionnante. Pouvoir se lever ainsi de la selle pour lancer un sprint après un effort titanesque pour boucher solo un trou sur le duo Ganna-Bernal, il faut le faire.

Bernal, lui, tente bien de se lever pour lancer son sprint, mais se rassoit aussitôt, probablement les jambes asphyxiées par les lactates.

Aujourd’hui, repos.

Mercredi, une belle étape en Toscane sur les Strade Bianchi.

Et samedi, le grand test: Zoncolan.

Ce Giro me plait de plus en plus!

Giro: le carré d’as

À priori, ils ne sont plus que quatre à pouvoir prétendre à la victoire sur ce Giro 2021: Egan Bernal le nouveau maillot rose, Remco Evenepoel, Giulio Ciccone ainsi qu’Alexandr Vlasov.

Le plus vieux d’entre eux a 26 ans! (Ciccone)

Le plus solide pour le moment, c’est Bernal selon moi ; il présente le plus de garantie. Son accélération hier dans les derniers 600m pour la victoire d’étape (sa première en carrière sur un grand tour!) était tranchante. Pas de doute qu’il est revenu à son meilleur niveau, après une année 2020 très compliquée.

La semaine qui s’amorce mercredi sera difficile et selon moi à l’avantage de Bernal.

Jeudi vers Bagno di Romagna, 208 kilomètres, une étape qui reprend en gros les routes des Strade Bianche, au coeur de la Toscane. Rappelons-nous que Bernal a terminé 3e de la course en mars dernier. Son équipe Ineos est surpuissante, avec notamment les Castroviejo, Moscon, Ganna et Martinez pour l’épauler. Il a de quoi aborder cette étape avec l’esprit assez tranquille, sachant que tout peut toujours arriver.

Bernal présente aussi les meilleures garanties d’un succès au sommet du Zoncolan samedi prochain, une étape qui promet. Ciccone devrait aussi être dans le coup.

Ceci étant, j’aime beaucoup l’attitude et la position au général de Remco Evenepoel en ce moment. Si je voulais gagner ce Giro, c’eut été mon attitude: rester au contact de Bernal sachant qu’il existe un dernier chrono long de 30 kilomètres le dernier jour pour faire la différence.

Seul le maillot rose à Milan importe, et Evenepoel ne dispose pas d’une équipe aussi forte qu’Ineos pour contrôler encore 11 étapes.

Vlasov, c’est le joker. On ne sait pas trop de quoi il est capable, et son lieutenant Luis Leon Sanchez a plus d’un tour dans son sac, disposant du bagage de l’expérience.

Dan Martin, Simon Yates, Hugh Carthy, Marc Soler et Romain Bardet marquent tous le pas, mais ils voudront certainement exister d’une façon ou d’une autre sur ce Giro. Ils peuvent provoquer des choses susceptibles d’influencer la course au maillot rose, des opportunités pouvant s’ouvrir à tout moment. Des alliés de circonstance aussi.

Bref, rien n’est encore joué et ca s’annonce passionnant cette semaine. Ne manquez pas les étapes de jeudi et de samedi, ca sera du grand cyclisme je pense.

Antoine Duchesne

Gros boulôt d’Antoine Duchesne sur les deux dernières étapes, à rouler devant le peloton durant des kilomètres pour protéger son leader et maillot rose Attila Valter. Ca fait plaisir de revoir Antoine à ce niveau, utile pour son équipe, après une saison 2020 pas simple à gérer. Hard work always pays off, de quoi penser que la suite sera intéressante pour lui.

Nove Mesto MTB

Une minute. C’est la valise qu’a mis Thomas Pidcock à Mathieu Van Der Poel hier sur le XCO de Nove Mesto, 2e manche de la Coupe du Monde de VTT.

Tout simplement impressionnant. Le jeune coureur britannique a livré hier une réelle démonstration de force et de maitrise, décollant à la mi-course environ pour ne plus être revu.

Selon ses propres aveux, c’est dans la discipline du VTT qu’il se réalise le plus. Ca promet.

Ceci étant, devinant le tempérament de gagneur de MVDP, celui-ci doit être piqué au vif. Surtout par un rival sur les circuits de cyclo-cross aussi. MVDP va revenir c’est certain, plus fort encore. Rappelons que son objectif 2021 est l’épreuve de VTT des prochains Jeux Olympiques de Tokyo.

MVDP part-il trop vite sur ces épreuves XCO? Deux week-ends, deux mêmes stratégies, deux défaites: Mathieu décolle comme une fusée, puis semble marquer le pas au bout d’environ deux tours. Il ne peut suivre sa propre cadence. Des ajustements à faire?

Chez les femmes, le récital Loana Lecomte se poursuit. La Française est simplement intouchable en ce moment. Ca semble si facile!

Et chez les U23 hommes, nouvelle victoire du Canadien Carter Woods!!!

Salut Louis.

Je regarde encore régulièrement ce vidéo. Ce n’est pas la première fois que je vous en parle.

https://www.youtube.com/watch?v=Rw89iqyLEIg&t=481s

Alors que les allergies saisonnières me pourrissent la vie en ce moment, je continue de m’assurer que je respecte les règles. Quitte à me trainer sur mon vélo.

Il existe des façons de gérer la situation sans ce recours aux pompes, qui impliquent aujourd’hui que 80% du peloton est asthmatique. Je ne suis pas asthmatique. Je l’étais entre ma naissance et mes deux ans.

Ma façon de gérer la situation s’appelle aujourd’hui Montelukast (Singulair). Médicament autorisé par l’UCI. That’s how serious I am with the shit.

Mais tu continues, toi la gloire locale, d’impressionner sur Strava.

Je ne peux que te dire bravo, je n’ai aucune preuve.

Mais toi et moi, on sait.

Et tu sais que je sais.

Comme Pierre à l’égard de Gérard-Louis, comme Lyne à l’égard de Geneviève.

Ton cinéma en dupe beaucoup, mais pas moi. Je connais le cyclisme et ses chiffres. Et j’ai côtoyé suffisamment de champions dans ma vie pour savoir qu’on voit toujours venir de très loin les vrais champions. Encore récemment, avec mon ami Pierre. Pierre, il battait Kilian plus tôt dans sa carrière. Rien de surprenant à ses perfs.

Rien de surprenant dans les perfs de Guillaume non plus. On a vu arriver Mathieu dès 8 ans.

Mais toi et ta masse musculaire qui a doublé depuis 10 ans alors que tu vieillis, pas crédible.

La veille des compétitions, je sais que tu n’es pas tranquille. Comme si tu avais quelque chose à cacher.

Alors peut-être, un jour, tu me largueras.

La différence? La différence entre toi et moi, c’est que le soir, quand je rentre chez moi, je peux saluer ma conjointe, mes enfants, mes parents, mon frère, en les regardant droit dans les yeux. What you saw was the best of me, plain simple.

J’ai tout donné sur ma dernière Marmotte. Je ne pouvais pas faire mieux ce jour-là. À l’eau claire. Nothing more. Nothing less either.

Je ne triche pas. Ni dans le sport, ni ailleurs d’ailleurs. Tu ne peux en dire autant.

Au fond, ca s’appelle le respect. Le respect des règles. Le respect des autres. Le respect de soi.

Ce texte te passera 50 pieds au dessus de la tête, tu n’as pas ce qu’il faut pour comprendre anyway.

Mon ami Louis l’avait.

Nous partagions ce point commun: le respect.

Je roulais peu souvent avec Louis. Mais chaque fois, le respect que nous éprouvions l’un envers l’autre, envers les autres aussi, nous connectait.

Louis n’était pas une gloire locale.

Simplement un (bon) cycliste discret.

Louis m’a toujours partagé son appréciation de ma dénonciation du dopage sur La Flamme Rouge. Il trouvait ça bien.

Louis était un gentleman cycliste, un gars qui respectait les règles, qui respectait les autres, qui respectait sa place et ses limites, conscient qu’il n’était pas forcément le meilleur sur le vélo. Mais toujours, il était là pour les bonnes raisons. Modeste, mais pas moins présent.

Louis était toujours le facteur positif d’un groupe lors d’une sortie d’entraînement. Jamais une plainte. Toujours le sourire. Toujours de bonne humeur. Heureux d’être là. Heureux de te voir, même si ça faisait une mèche. Il avait confiance en ses semblables, il avait confiance que tu respectais, comme lui, les règles du sport, de la vie en groupe, du partage.

Ces dernières années, Louis savait aussi qu’il devait faire attention.

Louis est décédé à Hull le 21 avril dernier, foudroyé par une crise cardiaque, lui le cycliste aguerri. Pas sur son vélo, mais bien dans une banale épicerie.

Les funérailles de Louis ont eu lieu hier.

Cette nouvelle m’a dévasté.

J’ai aimé chaque tour de pédale que j’ai pu faire dans ma vie avec Louis. Chaque tour, même s’ils ont été (trop) peu nombreux.

Je n’ai jamais oublié ce cycliste mort lors de la dernière étape de la Haute Route 2012, 5min devant moi, dans la descente de la Couillole.

Je n’oublierai jamais Louis non plus. Parce que nos valeurs étaient communes. Celles du respect des autres. Du respect de soi. De la modestie aussi. Rester à sa place. Ne pas monter bien haut peut-être, mais tout seul…

À sa famille, sa conjointe, sa fille qui porte le même prénom que la mienne (ça nous avait aussi rapproché), mes sincères sympathies. We’ve lost a good one.

Le point sur le Giro

L’histoire de ce Giro pour le moment, c’est la pluie et le froid qui durcissent la course et font souffrir les organismes.

L’étape d’hier a été éprouvante c’est certain, et plusieurs coureurs y auront laissé des plumes. C’est notamment le cas de l’équipe Ineos, qui a beaucoup travaillé sur les 60 derniers kilomètres afin de préparer le terrain pour Egan Bernal.

Bernal n’a pas déçu, et s’inscrit aujourd’hui comme un des tous favoris de ce Giro. Son équipe est solide (mais a-t-elle trop travaillé hier?), il est en forme, il est jeune et on sait qu’il a la caisse pour tenir trois semaines durant, et notamment dans les cols culminant en altitude.

Ceci étant, j’ai beaucoup aimé la course de Remco Evenepoel hier, une course que j’estime intelligente. Il savait que le Giro ne se gagnait pas hier. Qui plus est, dans les conditions météo difficiles, tu ne veux pas trop en faire, mais plutôt faire le dos rond, attendre que ca passe sans pour autant perdre du temps.

Mission accomplie pour Remco hier: il reste au contact de Bernal, profite du travail des Ineos pour distancer certains adversaires notamment Simon Yates, et garde des forces pour la suite.

Pour moi, à la lumière de ce qu’on a vu hier, ce Giro se jouera entre Evenepoel et Bernal. La 14e étape qui se termine par l’ascension du Zoncolan sera déterminante pour les départager, pas de doute.

Ils ont perdu le Giro

Outre certains comme Landa qui ont perdu ce Giro sur chute et abandon, quelques coureurs ont déjà été distancés sur cette course. Je pense à Jay Hindley, à Joao Almeida désormais au service de Remco, à George Bennett, à Bauke Mollema, voire à Marc Soler.

Ils sont encore dans le coup

Certains sont limite, mais ils peuvent encore y croire.

Simon Yates en premier lieu. Incapable de suivre le groupe Bernal hier, il limite les dégâts mais inquiète pour la suite.

Idem pour Alexandr Vlasov et Romain Bardet. On a vraiment l’impression qu’ils sont un peu justes.

Par contre, Dan Martin et Giulio Ciccone ont agréablement surpris hier et semblent pouvoir suivre la cadence de Bernal dans les ascensions. Une belle place à Milan leur semble tout à fait jouable.

Hugh Carthy, actuellement 6e du général à 38 secondes du maillot rose, demeure pour moi une énigme. Totalement imprévisible!

Antoine Duchesne

Contre toute attente, le maillot rose se retrouve aujourd’hui à la Groupama-FDJ, l’équipe du coureur québécois Antoine Duchesne.

Ils peuvent espérer conserver le maillot un jour de plus, donc je ne serais pas surpris de voir l’équipe travailler en tête sur l’étape d’aujourd’hui pour assurer la défense du maillot d’Attila Valter.

Dimanche, ca sera une autre paire de manche, mais Valter grimpe bien en ce moment, il peut aussi y croire, sachant que lundi, ça sera assurément fini.

L’étape d’aujourd’hui

Étape de transition aujourd’hui, en principe assez tranquille du côté du général.

Les réjouissances reprennent dimanche avec une étape un peu comme celle d’hier, une belle ascension à l’amorce du final, une longue descente puis une courte grimpée vers l’arrivée. Encore une étape où, si tu n’es pas bien dans la première longue ascension, tu peux perdre beaucoup de temps si tu te retrouve isolé dans la descente.

Je m’attends à ce que la Bora-Hansgrohe roule dans le long col dimanche si Sagan est au contact, question d’éliminer plusieurs sprinters en faveur du coureur slovaque. C’est l’occasion de le replacer dans la course au maglia ciclamino.

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