Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Je lui serrerais bien volontiers la main

À l’heure où les échantillons du Tour 2016 et 2017 vont être re-testés à la lumière des trouvailles de l’Affaire Aderlaas, à l’heure où Lance Armstrong professe encore une fois ad nauseam ses demi-vérités, à l’heure où certains des lecteurs de ce site n’ont toujours pas compris que si je parle encore, 16 ans après sa mort, de Marco Pantani c’est pour que l’on oublie jamais à quoi conduit les dérives du dopage et pourquoi il faut le combattre de toutes nos forces, à l’heure où on pleure la disparition tragique de notre collègue Gilbert Bessin, à l’heure où l’apparence, l’artificiel, l’instantané font foi de tout, ce video (me) fait tellement de bien.

So much in there. Le ton aussi.

Tyler Hamilton, je lui serrerais bien volontiers la main aujourd’hui.

Je n’ai jamais autant roulé sur mon vélo dans ma vie qu’au cours des deux derniers mois, en 35 ans de cyclisme.

Je roule pour moi, le plus souvent solo. Avec le seul objectif de me dépasser. À l’eau claire bien sûr.

Rouler à vélo, c’est une question d’équilibre dit-on. Le vélo pour moi, ce n’a jamais été autant une question d’équilibre. Mais les Alpes me manquent. Le Galibier me manque.

Je reproduis aujourd’hui le final du beau texte de David Desjardins diffusé récemment par Vélo Cartel:

« Il ne s’agit pas d’un geste égoïste. C’est, au contraire, le temps qu’il me faut pour rassembler mes forces et devenir un être humain meilleur, plus ouvert, plus apte à écouter les autres parce que je me sens alors heureux de mon sort, et non pas en train de m’imaginer comment le «moment présent» de demain sera plus satisfaisant que celui-ci.

C’est un geste de créativité, de recul face aux dates de tombée, aux demandes incessantes et à l’accélération du travail dans un monde qui ne semble jamais assez performant, comme si cette course pouvait nous faire oublier nos malheurs.

La solitude du cycliste au petit matin, le midi, en fin de journée, sa lumière rouge clignotant dans le lointain alors que le soleil se couche : voilà qui permet à la femme et à l’homme de se réfugier dans un mouvement salvateur, dans l’expression de son individualité, dans son désir de se retirer du bruit ambiant pour goûter au silence.

La solitude du rouleur, c’est le choix de s’appartenir entièrement pendant quelques heures. »

S’appartenir entièrement. Ca veut aussi dire de retrouver ce qui nous rend foncièrement heureux et ce qui donne un sens à notre vie.

Sentir la brise dans mes cheveux. Sentir la chaleur du soleil sur ma peau. Le voir se lever, se coucher. Sentir les cuisses et les poumons brûler après un effort violent. Tout donner, full gas, solo. Être fier de soi. Respecter les règles. Respecter les autres. Être libre. Être vivant.

Sur mon vélo, sur ce site, je suis à ma place, pour les bonnes raisons.

Lance Armstrong ne pourra jamais en dire autant.

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15 Commentaires

  1. Bernard

    Très beau, le texte de Déjardins est toujours vrai quel quel que soit l’âge, même quand les cols sont moins longs, le soleil levant dans la descente du Canadel avant hier, le soleil couchant dans la descente du Babaou hier soir…
    Je transmets sur un autre site. Je crois que le confinement a permis d’accroître cette belle intériorité que l’on recherche si on est vrai…Merci…

  2. Christophe Journoud

    Merci pour ce partage

  3. Vandenbosch

    100 % avec toi Laurent pour continuer à parler du dopage et ce pourquoi il faut le combattre de toutes nos forces.

    J’ai 62 ans et je fais du sport depuis mon enfance, cyclisme, athlétisme, triathlon, … J’ai goûté à presque tous les sports, mais je me suis toujours refusé à la facilité pour améliorer ma place au sain des pelotons, pour la médaille ou pour le club, cela m’a coûté des places, jusqu’à me faire traiter de « nul » par un entraîneur et du coup me faire exclure de la bande…

    J’ai souvent pratiqué mon sport en mode compétition, uniquement par plaisir, pas besoin d’aspirine++ pour se dépasser, accepter les règles du jeu « tous simplement » par respect de soi-même et surtout de ses adversaires, ceux qui ont fait le « choix » de ne pas y toucher !

    Merci à Tyler Hamilton d’avoir le courage de dire non à « la loi du silence ».

  4. plasthmatic

    Laurent,
    « à l’eau claire », « à l’eau claire », il faut le dire vite : je n’ai pas toujours vu que de la Vittel dans tes verres le soir, plutôt du blanc alsacien, et les cadavres de Leffe, je les ai vus aussi !

  5. Yvon

    Bien sûr que tu as raison Laurent. Il ne faut pas lâcher la guerre contre le dopage. Les Français qui ont couru avec Armstrong se sont toujours tus n’est-ce pas Mr Vasseur pareil avec Indurain, lui était plus discret faire gagner une étape à Hincapie en montagne. Les journalistes politiques seraient complices avec les politiques mais que penser des journalistes sportifs. Armstrong a dit a G. Home tais ou je ne parle plus dans ta chaîne. Les rétrospectives sont très instructives à ce niveau là. Continuons encore et encore. Amitiés à tous ces fêlés dont je suis fier de faire partie.

  6. Yvon

    Pardonnez moi mon smartphone me trahit souvent c’est bien Armstrong qui a fait gagner Hincdapie dans les Pyrénées.

  7. Michel Garand

    Bien dit Laurent pour Tyler et les raisons pourquoi on roule.
    Moi Laurent c’est à Greg Lemond que je serrais la main, pour tous ce qu’il a fait dans sa carrière et de la façon qu’il la fait après sa carrière, nous lui devons beaucoup pour tous ceux qui sont « clean ».

  8. Marc Kluszczynski

    Désolé, pour moi, LeMond appartient à la caste des « Quelques messieurs trop tranquilles », film de Georges Lautner en 1973. Victime d’un accident de chasse en 1987 qui lui laissera quelques dizaines de plomb dans l’aile, il entame une résurrection en 1989, année où Eli Lilly et Amgen se disputent le marché de l’EPO aux USA: en d’autres termes, LeMond a-t-il été traité par l’EPO après ses nombreuses opérations? Autre Monsieur tranquille et respecté: Eddy Merckx. Comment pouvait-il dominer alors que les transfusions sanguines se généralisaient dès les années 70?

  9. noirvélo

    Pour Hamilton , je n’ai rien compris mais je me doute bien du contenu … Autant l’écrire , ça me laisse tout à fait indifférent , je m’en fiche et contre-fiche , le système , les obligations , la naiveté , la pression , l’argent … S’il ne s’était pas fait prendre il aurait joui d’une superbe « aura à vie » , tranquille , pas vu , pas pris ! c’est juste un « dopé gentil » comme Armstrong a été un « dopé méchant » , une victime et un parrain … Alors lui , on le trouve sympa , souriant , convaincant peut-être pour certains … pas pour moi , c’est du « réchauffé ».
    Et comme je l’écris toujours , aujourd’hui , il y en a un qui se dope , qui passera à travers les mailles du filet, ou non , et se mettra à table , s’excusera , balancera … Rien de neuf … Jusqu’à la fin de l’humanité il y aura du dopage tant qu’il y a des podiums , des coupes , des chèques et … de jolies filles qui « meublent  » les podiums!

  10. mica

    Le dopage, tjrs. le dopage….mais c’ est pratiquement inéluctable dans ce terrible sport d’ endurance qu’ est le cyclisme.
    Un seul exemple? On sait que les sports d’ endurance font chuter le taux de testostérone dans le sang au dela de une à deux heures de pratique intense par jour.
    Ajoutez à cela la pratique quotidienne pendant 20 jours consécutifs, avec 5 ou 6 heures cumulées par jours (dans les grands Tours) et vous aurez une des raisons de la prise de certaines « complémentations ».
    Ce n’ est pas une excuse, mais une simple constatation.
    D’ autres carences se font jour aussi au fil des étapes et pour maintenir ne serait ce qu’un équilibre physiologique, il n’ est pas surprenant de voir les produits circuler.
    Bon, il y en a, bien sur, qui prennent bien au dela du rééquilibrage…..mais le dopage est, décidement infiniment complexe et restera longtemps insoluble!

  11. noirvélo

    @ Marc Klus ….
    Je suis d’accord avec toi , que pas mal sinon tous des coureurs soignés pour blessures ou maladies aient pu bénéficier de traitements médicaux « poussés », mais beaucoup ont probablement utilisé ces soins et ces médicaments comme « leitmotiv » à poursuivre le traitement ! Lorsque j’ai constaté le « retour » d’Armstrong , j’ai décelé tout de suite la « faille » dans le systême … Idem pour la cortisone produit miracle en « AUT » d’un peloton presque à 100% « asthmatique » …
    En ce qui concerne Merckx (qui a toujours été mon idole une chape de boyau derrière De Vlaeminck !), je ne le défends pas bec et ongles sur le sujet , il a dû y goûter comme tous … Et s’il a gouté aux transfusions , il n’a pas été le seul non plus, (Lasse Viren ayant été un précurseur aussi rattrapé par la patrouille!) , mais vu son « tout à fait extraordinaire palmarès », on ne peut douter un seul instants de ses « gènes » de « haut niveau » , de ses capacités hors normes et de son mental hors du commun .Tu aurais pu me changer le sang 36 fois par an , je serais resté une mule , peut-être devenu gti mais pas V10 , 40 soupapes biturbocompressé …

  12. mica

    Si l’ on prends tous les champions olympiques et du monde en athlétisme (et ce n’ est qu’ un exemple parmi tant et tant de sports) ils étaient tous dopés d’ une maniére ou d’ une autre…transfusions de Lasse Viren en effet et autres, corticoides , anabolisant, EPO, hormones, de croissance et autres, cocaine, Amphétamines (il y a bien longtemps…).
    Tout cela vrai depuis presque la nuit des temps et dans tous les sports….
    Ceci dit, quand on voit l’ état de délabrement de certains lors des derniéres étapes des TDF ou Giro…Pinot lors de certaines derniéres semaines, ou Bardet lors du vrai faux clm de Marseille, on peut se poser des questions.

  13. Marc Kluszczynski

    Oui, on peut admirer un champion, source de motivations, voire de vocations.Mais nul n’est parfait. Des capacités cardio-respiratoires exceptionnelles (VO2 max à plus de 80 ml/min/kg, voire entre 85 et 90)n’excusent pas un dopage.Le top, c’est de dire NON: comme Christophe Bassons l’avait fait. On ne l’oubliera pas.

  14. Thierry mtl

    Je suis surpris d’entendre de la bouche d’ARMSTRONG que c’est Eddy Merckx qu’il l’a mis en lien avec Ferrari.
    (Entrevue sur ESPN).
    J’avais eu vent de la rumeur, mais il le confirme… et ça ajoute une couche merde sur le cyclisme.

  15. wolber

    Thierry, je crois me souvenir que Motorola , l équipe du texan courrait sur des vélos « Merckx »…ceci peut expliquer cela.

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