Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Catégorie : Les courses Page 3 of 81

Les enjeux des GP cyclistes de Québec et Montréal

Une belle partie du peloton WorldTour est au Québec depuis quelques jours pour les deux Grands Prix cyclistes de Québec (vendredi) et de Montréal (dimanche).

L’autre partie termine actuellement la Vuelta, où Remco Evenepoel pourrait signer sa première victoire sur un grand tour. Avec Roglic le poissard qui a bêtement chuté dans les derniers mètres de l’étape il y a quelques jours, on voit mal ce qui pourrait désormais empêcher le jeune prodige belge de la consécration. Enric Mas? Je n’y crois pas.

Peu importe, pour Québec et Montréal, le peloton s’amène avec quelques gros enjeux en toile de fond. Question de bien comprendre les stratégies de course qu’on risque de voir, il est utile de les rappeler.

Enjeu #1

D’abord et avant tout, la préparation des prochains Mondiaux, fin septembre, en Australie. Le parcours là-bas est casse-pattes, et beaucoup de coureurs peuvent nourrir des ambitions, surtout qu’un puncheur comme Alaphilippe, double tenant du titre, n’est pas au mieux.

Québec et Montréal, avec les bosses à répétition, c’est parfait pour amorcer la préparation finale, en situation de course.

Enjeu #2

La sélection et le leadership des équipes nationales.

Les Mondiaux sont une des rares courses pro à être disputées en équipes nationales. Il faut donc s’y faire sélectionner, et la question du leadership de l’équipe nationale se pose ensuite.

Pour beaucoup de coureurs sur les GP de Québec et Montréal, on voudra se mettre en évidence pour assurer sa sélection pour l’Australie, voire pour revendiquer un statut de coureur protégé lors de ces Mondiaux. Une sélection en équipe nationale est toujours une belle réalisation dans une carrière.

Ca sera l’occasion par exemple pour Guillaume Martin ou Warren Barguil de rassurer sur leur condition actuelle. Idem pour certains coureurs belges, italiens ou espagnols.

À noter que chez les Belges, les deux leaders pour les prochains Mondiaux ont déjà été annoncés: Wout Van Aert et Remco Evenepoel, qui d’autre? Les autres Belges voudront plutôt s’assurer d’une place en sélection nationale pour faire briller la Belgique en Australie.

Enjeu #3

Bien entendu, les points UCI en vue du renouvellement des licences WorldTour.

Gageons que des équipes comme Israel-Premier Tech, Bike Exchange, Lotto-Soudal, EF Education First, voire Cofidis et Arkea voudront marquer de précieux points. La lutte est serrée pour la 18e et dernière place permettant d’accéder au précieux graal, ces équipes devront être offensives.

Enjeu #4

Renouveler son contrat pour la saison prochaine!

Certains coureurs jouent gros en cette fin de saison, n’ayant pas encore renouvelé leur contrat en vue de 2023.

Antoine Duchesne à la Groupama-FDJ est dans cette situation.

Ils viseront donc de se mettre en évidence aux yeux de leur propre équipe, soit par un solide travail d’équipier, soit par une belle place sur la ligne d’arrivée.

En WorldTour, les places sont chères et les directeurs sportifs et managers d’équipe ne font pas dans le sentiment. Il s’agit donc, pour plusieurs coureurs, de ne pas rater leur mois de septembre et d’octobre afin de convaincre.

Enjeu #5

Une saison à sauver!

Si certains coureurs ne sont pas à risque de perdre leur contrat en vue de la saison prochaine, ils ont sous-performé en 2022 compte tenu de leur contrat actuel, de leur réputation et des attentes à leur endroit.

La fin de saison chez les pros, c’est aussi le moment où certains cherchent à « sauver » leur saison.

Un Greg Van Avermaet par exemple, assez inexistant cette saison pour AG2R-Citroen, compte tenu de son statut et de son salaire.

Un Jakob Fulgsang chez Israel-Premier Tech, ou Sep VanMarcke.

Jasper Stuyven chez Trek-Segafredo.

Enjeu #6

Les neo-pro.

Plusieurs coureurs du peloton de Québec et Montréal sont très jeunes (22 ans ou moins), et en sont à leur première année en WorldTour. Les deux courses sont des tests pour eux, ceci afin de mesurer leur progression et leur potentiel en vue des prochaines années. Les équipes voudront suivre de près leur performance, là encore en vue du renouvellement de leur contrat pour les prochaines années.

Enjeu #7

L’équipe canadienne!

Pour beaucoup de coureurs sur la sélection canadienne, il s’agit de se montrer, et de faire briller les couleurs de l’équipe nationale. Cyclisme Canada compte également là-dessus, c’est toujours une belle vitrine que de passer la première moitié de la course avec des maillots de l’équipe nationale dans l’échappée devant.

D’autres, comme Pier-André Côté ou Matteo Dal-Cin, joueront probablement plutôt une belle place à l’arrivée.

Le premier veut une place en WorldTour, le second veut sécuriser un contrat pro – n’importe lequel – en vue de la saison prochaine.

Un jeune coureur comme Carlson Miles est un candidat parfait pour l’échappée matinale à Québec.

Les favoris

Pour moi, un seul nom sort du lot: Wout Van Aert.

Il sera très difficile à battre, surtout à Québec. Si le sprint si spécial en faux-plat ascendant convient bien à Michael Matthews et Peter Sagan, il conviendra également parfaitement à un Wout Van Aert surpuissant cette saison.

Van Aert dispose d’une belle équipe à son service, et il se doit de rassurer la Belgique en vue des Mondiaux puisque Evenepoel remportera probablement la Vuelta.

Tadej Pogacar ne devra pas être sous-estimé, particulièrement à Montréal: d’un tempérament offensif, il est clair pour moi qu’il ne restera pas anonyme au sein du peloton durant les deux courses.

Aussi à surveiller, Michael Matthews bien sûr, il a déjà réalisé le doublé au Québec sur des circuits correspondant parfaitement à ses qualités.

Je vois bien un Matej Mohoric également, Alberto Bettiol ou Neilson Powless pour EF Education, Christophe Laporte, Luke Rowe et Adam Yates chez Ineos, Rui Costa ou encore Diego Ulissi chez UAE dépendemment de Pogi, ou encore Benoit Cosnefroy.

Autre attraction de ces deux courses, Biniam Girmay bien entendu! SVP, s’il gagne, ne lui offrez pas de bouteille de champagne sur le podium…

Hugo Houle superstar

Comme David Veilleux à une certaine époque, gageons que l’accueil du public québécois pour Hugo Houle sera remarquable et… bruyant sur les deux courses.

Et c’est très mérité. Il s’agit de l’heure de gloire d’Hugo, et considérant sa victoire d’étape sur le Tour de France, quoi de plus normal?

On espère qu’Hugo pourra se mettre en évidence, pourquoi pas en se glissant dans une échappée dans le final de Québec ou de Montréal? Gageons qu’il aura un statut de coureur protégé chez Israel-Premier Tech, ce qui devrait lui donner une certaine marge de manoeuvre.

La météo

Grand beau, assez chaud, peu de vent. Des conditions de course idéales!

Les revanches de cette Vuelta

La 77e édition du Tour d’Espagne s’élance ce vendredi d’Utrecht aux Pays-Bas, avec des revanches à prendre sur le sort ou sur certains adversaires pour beaucoup de coureurs. Et, pour beaucoup d’équipes, c’est la licence WorldTour 2023-2025 qui se joue!

C’est donc un très beau plateau qui s’aligne sur cette Vuelta.

Pas moins de six anciens vainqueurs au départ, un record: Alejandro Valverde, Vicenzo Nibali, Chris Froome, Simon Yates, Nairo Quintana (malgré son double-contrôle au Tramadol sur le Tour, ces contrôles ne constituant pas une infraction au code antidopage) et Primoz Roglic, vainqueur des trois dernières éditions.

Beaucoup d’autres coureurs de premier plan: Julian Alaphilippe le champion du monde qui prépare ses Mondiaux et son coéquipier Remco Evenepoel, Richard Carapaz, Tao Geoghegan Hart et Pavel Sivakov chez Ineos, Jay Hindley vainqueur du Giro en mai dernier, Ben O’Connor malheureux sur le Tour, Enric Mas, Louis Meintjes, Joao Almeida et Brandon McNulty chez UAE, Thibault Pinot, Miguel Angel Lopez, Fred Wright et Mikel Landa chez Bahrain, Hugh Carty et Esteban Chaves chez EF, Mike Woods en leader pour Israel-Premier Tech, bref, beaucoup de beau monde!!

Une quatrième victoire pour Roglic lui permettrait d’égaler le record de quatre victoires tenu par Roberto Heras, à une autre époque du cyclisme (début des années 2000).

Le parcours

Au menu de Messieurs les coureurs, 3 280 kilomètres entre Utrecht et Madrid qui sera rejoint le 11 septembre prochain.

Le parcours est très musclé en 2e et 3e semaine, avec une première arrivée en altitude lors de la 6e étape vers d’Al Pico Jano. C’est à ce moment que la course au maillot amarillo se lancera réellement.

Pas moins de… huit autres étapes sur les 15 restantes à ce moment de la course se termineront par une ascension, plus ou moins longue. Autrement dit, des étapes chaque fois au final difficile, compliqué, pouvant créer des écarts. Il faudra être très attentif tout le temps sur toutes ces étapes, ce sera très usant pour ceux qui ont des ambitions au général.

Beaucoup d’étapes font entre 160 et 190 kilomètres, de quoi user les organismes à la longue. Peu de répit.

Deux chronos, le premier jour et en milieu de Vuelta, lors de la 10e étape longue de 31 kilomètres.

Cinq étapes sont à surveiller de près, les 6e, 8e, 14e, 15e et 20e étapes.

Je pense que cette Vuelta se jouera lors des 14e et 15e étapes, deux étapes au profil similaire qui offrent une arrivée en altitude, la première à la Sierra de la Pandera, la deuxième à l’Alto Hoya de la Mora.

Les favoris, les enjeux

Encore malheureux sur le Tour cette année, Primoz Roglic s’est décidé pour la Vuelta seulement récemment. Si on ignore où en est sa réelle condition, il demeure le client principal de cette Vuelta et dispose d’une belle équipe à son service, avec notamment Kuss, Gesink et Dennis.

La réplique viendra d’abord de Richard Carapaz. Avec Roglic, c’est le plus doué physiquement sur cette Vuelta. Il sera également revanchard, ayant perdu le Giro en mai dernier aux mains de Jay Hindley. Carapaz a une saison à sauver!

Carapaz avait également terminé 2e derrière Roglic sur la Vuelta 2020, pour 24 petites secondes. Gageons qu’il s’en souviendra!

Cette Vuelta comporte plusieurs inconnus par ailleurs: Jay Hindley, après sa victoire sur le Giro plus tôt cette saison pourra aller jusqu’où?

Et le jeune prodige belge, Remco Evenepoel, qui se teste de nouveau sur un grand tour après son échec du Giro 2021?

Simon Yates, vainqueur en 2018, sera aussi un sérieux client. Il peut gagner.

Enfin, Mikel Landa et est « Superman » Lopez sont capables du meilleur comme du pire; à surveiller de près.

Les Movistar ont toujours la pression en Espagne, surtout Enric Mas qui se doit d’enfin justifier son statut. Valverde voudra réussir sa sortie par une belle victoire d’étape je suppose.

Les autres joueront aussi les victoires d’étape, sauf circonstances. Joao Almeida ne semble pas en grande condition actuellement, de son propre avis.

Enfin, misez quelques coups d’éclat de Julian Alaphilippe qui voudra certainement hausser sa condition sur les trois prochaines semaines, et se tester en vue des Mondiaux. Après plusieurs semaines compliquées, il est probablement très motivé à l’idée de reprendre la compétition!

Mike Woods

L’équipe Israel-Premier Tech a besoin désespérément de points UCI, et a très probablement demandé à Mike Woods de jouer une place au général. Si les 10 premiers sont jouables, le podium sera toutefois difficile selon moi.

Espérons surtout que Woods pourra jouer une victoire d’étape au moins; beaucoup d’étapes lui conviennent, avec toutes ces arrivées après une montée finale.

Jumbo-Visma, totale domination

Le Tour de France s’est conclu hier sur les Champs Élysées avec la 2e victoire d’étape de Jasper Philipsen, ce qui a bien dû faire plaisir à MVDP devant sa télévision, lui qui est passé au travers de sa Grande Boucle.

Quelques conclusions de ce Tour de France.

1 – La nouvelle dimension d’Hugo Houle

Entré dans l’histoire en devenant le 2e coureur canadien et le premier Québécois à remporter une étape du Tour, on mesurera à quel point Hugo est aussi entré dans une nouvelle dimension sur les prochains Grands Prix Cyclistes de Québec et Montréal.

Ca risque d’être de la folie!

24e à Paris au général, c’est une belle place plus que respectable également. Carton plein.

2 – Jumb0-Visma, la meilleure équipe de grands tours

Après les éditions 2020 et 2021 crève-coeur au niveau du général, la Jumbo-Visma s’est bien reprise cette année: on n’a vu qu’eux en juillet!

Six victoires d’étape, ca aurait pu être sept si Van Aert n’avait pas décidé de zapper le sprint des Champs Élysées. Je soupçonne que les Comm de la Jumbo-Visma ont influencé derrière, car déjà la veille, après le doublé Van Aert-Vingegaard, les questions fâcheuses n’avaient pas manqué de surgir…

3 – Vingegaard, combien de temps?

Comme personne ne l’a vu venir, on a du mal à imaginer la suite pour le coureur danois: vient-il d’ouvrir son compteur sur le Tour de France, où sa performance 2022 était due à un « état de grâce »? Pourrait-on voir Vingegaard gagner les deux ou trois prochains Tour de France?

4 – Pogacar reconnait son erreur

Je vous l’avais dit, Pogacar l’a reconnu hier à Paris: il a perdu le Tour en essayant de contrer seul toutes les attaques de Roglic et Vingegaard dans le col du Galibier, lançant lui-même quelques mines. Il a payé ses efforts dans le haut du Granon, quand toutes les lumières de son tableau de bord se sont allumées en même temps: rideau! Une erreur de jeunesse, il se console à Paris avec le maillot blanc.

Une chose est sûre: vous verrez la UAE Team Emirates très active sur la saison des transferts afin de renforcer leur formation pour 2023 et pouvoir mieux entourer Tadej Pogacar.

5 – Gaudu, mais pas de podium

Bardet, Pinot ont pu monter sur le podium du Tour, mais pas Gaudu, 4e et premier coureur français à l’arrivée. Il doit cette belle place en partie à ses équipiers, notamment Valentin Madouas, qui ont su l’épauler dans certains moments critiques. Une 4e place grâce au collectif!

6 – Woods et Boivin, la déception

Deux coureurs québécois à l’arrivée, Houle et Duchesne, mais pas de Woods ni Boivin, dernières victimes malheureuses de la Covid-19 la veille de l’arrivée à Paris. C’est vraiment pas de chance, terminer un Tour de France étant marquant dans une carrière de coureur cycliste professionnel.

Fin de Tour en apothéose pour les amateurs de cyclisme du Québec, Antoine Duchesne nous a régalé d’une belle petite échappée sur la plus belle avenue du monde! Merci Antoine!

7 – Les couacs

Lotto-Soudal et Caleb Ewan, assez inexistants sur ce Tour. Pour une formation qui doit marquer des points WorldTour, c’est un bilan très maigre en juillet.

Total-Énergies et Peter Sagan. On ne les a pas trop vu ces trois dernières semaines.

Astana, avec la nuance que Lutsenko termine dans les 10 premiers du général à Paris, 9e. Pouvez-vous simplement me nommer un autre coureur de cette équipe et qui était présent sur ce Tour?!

Movistar, Enric Mas n’a pas pu aller jusqu’à Paris. Les années Indurain et sa Banesto sont loin!

AG2R-Citroen. Merci Bob Jungels!

8 – Vitesse moyenne

42,026 km/h, soit le record absolu. Le précédent record « appartenait » à Lance Armstrong sur le Tour 2005, 41,654.

Autrement dit, vous avez bien vu: on a roulé plus vite que jamais sur ce Tour de France.

Évidemment, propre, car les études scientifiques montrent que les pneus tubeless offrent une résistance au roulement moindre que les pneus ou les boyaux…

9 – Tour de France féminin

Il est parti hier sur les Champs Élysées, et c’est un très belle nouvelle. Une semaine de course, qui nous amènera jusqu’à la Super Planche des Belles Filles dimanche prochain. Trois Canadiennes au départ, toutes Québécoises: Simone Boilard, Olivia Baril et Magdeleine Vallières. Toutes trois peuvent croire à une victoire d’étape!

Que du Jumbo-Visma!

Le Tour est plié: sauf accident ou chute, Jonas Vingegaard remportera ce Tour de France.

Il ramène aussi à Paris le maillot à pois.

Son co-équipier Wout Van Art, le maillot vert.

Carton plein chez Jumbo-Visma, qui ont aussi quatre victoires d’étape à ce jour. Ca pourrait être plus: Wout Van Aert demeure un gros client dans les prochains jours, tant au sprint que sur le dernier chrono.

Le podium final à Paris sera complété par Tadej Pogacar et Geraint Thomas.

Avant hier, on a vu un excellent Brandon McNulty se dépouiller pour placer son leader en orbite dans le final de l’étape. Si Pogacar est parvenu à battre au sprint Vingegaard, il n’a pas pu récupérer de temps sur le maillot jaune.

Hier dans la grande étape des Pyrénées, on a vu que du Jumbo-Visma durant l’étape, c’en était presque écoeurant. Wout Van Aert, Sepp Kuss en particulier ont évolué à un très haut niveau, lâchant tout le monde dans les cols. Ouf.

Je ne sais trop quoi penser devant le spectacle des derniers jours.

Je ne sais trop quoi penser de Jonas Vingegaard, insolent de facilité sur ce Tour. En juin 2021, il n’y avait que sa mère qui le connaissait. Treize mois plus tard, il s’apprête à gagner la plus prestigieuse course cycliste au monde, lui qui jusqu’ici n’a à peu près rien gagné dans sa carrière de coureur professionnel, ni même chez les amateurs.

Ce Tour de France sera probablement le plus rapide de l’histoire.

Des records de la sombre époque Pantani/Ullrich/Armstrong sont tombés, notamment dans la montée du col d’Azet avant-hier. On parle ici de Marco Pantani tout de même.

Hier, 36 de moyenne sur l’étape qui comportait 4000m de dénivelé. Hallucinant.

Il sera intéressant de notamment comparer la perf de Bjarne Riis – Monsieur 60% et un autre danois – sur Hautacam en 1996 et celle de Vingegaard hier.

Y’a pas à dire, du très, très haut niveau de la part de Pogacar certes, mais il a trouvé plus fort que lui: la Jumbo-Visma et Vingegaard, encore plus forts. C’est l’équipe archi-dominante de ce Tour de France.

Les analyses de puissance proposées par Frédéric Portoleau demeure d’une belle pertinence pour comprendre le cyclisme qu’on a sous les yeux.

Remarquable Gaudu

4e du général, mais à… 11 minutes du maillot jaune tout de même, le Français David Gaudu fait un Tour remarquable, et s’est bien battu en pouvant également compter sur un collectif intéressant, notamment un excellent Valentin Madouas.

Pour moi, c’est une des grandes perfs de ce Tour de France.

Romain Bardet a été plus à la peine en cette dernière semaine, régressant dans le classement. Presque rassurant…

Et malheureusement, on n’aura pas vu Thibault Pinot lever les bras. Il l’aurait mérité.

Les Canadiens

Fait remarquable, ils sont encore tous en course.

Hugo Houle a eu tout le succès qu’il mérite, encore devant hier, ouf, son niveau est exceptionnel.

Antoine Duchesne et Guillaume Boivin ont travaillé comme prévu pour leurs équipes respectives.

Petite déception pour Mike Woods qui n’a pu se distinguer dans les étapes accidentées, voire de montagne. Blessé sur chute en première semaine, ca l’a assurément handicapé. À ce niveau, tu te dois d’être à 110% pour faire quelque chose.

Lotto-Soudal sur la réserve

Les trois derniers du général hier étaient tous des coureurs Lotto-Soudal. Caleb Ewan n’a rien gagné jusqu’ici. Difficile Tour de France pour cette équipe, comme pour Astana qu’on a très peu vu.

Lopez et Astana (encore) dans la tourmente

Sale affaire.

Hugo Houle dans l’histoire

Après tout, je mène peut-être une bonne vie et mon cierge récemment brulé à l’église a été exaucé!!!!!!

Hugo Houle l’a fait hier: il a gagné l’étape sur le Tour de France entre Carcassonne et Foix.

Pour son frère disparu tragiquement il y a quelques années.

J’avais un rêve, gagner une étape pour mon frère qui est décédé quand je suis devenu professionnel. Je la voulais pour lui. J’ai attendu dix ans, mais aujourd’hui j’ai eu cette victoire pour lui. 

Hugo houle, cité par l’équipe

C’est magnifique, et historique. Jusqu’ici, seul Steve Bauer avait remporté une étape du Tour, la 1ere étape du Tour 1988. Et aucun coureur québécois n’avait encore réussi cet exploit.

Autrement dit, Hugo est directement entré dans l’histoire du cyclisme canadien hier, et il est aussi entré dans une autre dimension qu’il ne quittera désormais plus. Vainqueur d’une étape du Tour, sa carrière cycliste professionnelle est réussie.

C’est un géant.

Et quelles images! Ca donnait la chair de poule. J’avoue avoir été émotif dans le dernier kilomètre, pour Hugo. J’avais du mal à en croire mes yeux. Satané dernier virage à 500m de la ligne, un simple virage, mais on avait peur qu’il dérape, je ne sais trop.

Il s’impose solo. La plus belle des façons de s’imposer. Tu as le temps de savourer. Tous les autres derrière. Il a mené une étape brillante, intelligente, plaçant son accélération au bon moment, à 39 kilomètres de l’arrivée, alors qu’il voulait préparer le terrain pour son coéquipier et compatriote Mike Woods.

Tellement fort Hugo qu’il s’est retrouvé seul et a poursuivi son effort. Clairement le bon choix!

Une heure d’effort en solitaire.

Il a su résister dans le difficile Mur de Péguère.

Le plus fort.

La joie de Mike Woods derrière dans les derniers hectomètres faisait aussi plaisir à voir. Assurément le signe que l’ambiance chez Israel-PremierTech est très bonne.

Pour ajouter au succès, Mike Woods termine 3e de l’étape. Deux coureurs canadiens dans les trois premiers d’une étape du Tour, on se souviendra longtemps du mardi 19 juillet 2022 ici au Canada.

La portée d’une telle victoire

Pour le cyclisme canadien et québécois, cette victoire d’Hugo Houle au Tour de France, la plus prestigieuse et la plus connue des épreuves cyclistes, a probablement la portée d’une médaille olympique ici au Canada.

Autrement dit, on parlera du cyclisme sur route grâce à cette victoire qui pourrait aussi susciter des vocations chez les plus jeunes coureurs canadiens.

Hugo a prouvé qu’avec du travail, de la constance et du sérieux, on pouvait y arriver.

Certains médias donnent toutefois déjà dans le sensationnalisme, ou le déplorable: Le Devoir titrait hier « Hugo Houle, le petit gars de Sainte-Perpétue« .

Tellement judéo-chrétien!

Hugo Houle n’est pas le « petit gars de Sainte-Perpétue« , ou alors Tadej Pogacar est le « petit gars de Klanec » en Slovénie.

Autrement dit, on est tous le « petit gars » de quelque part. À un moment donné, faut arrêter.

Hugo Houle est un géant du Québec, point final.

Et rappelons l’état difficile du cyclisme sur route au Canada; Hugo lui-même a été très critique ces dernières années envers Cyclisme Canada. S’il est y parvenu, c’est grâce à lui-même, au soutien aussi de SpiderTech à une certaine époque de sa carrière, et aujourd’hui de Israel-PremierTech, sans oublier AG2R – La Mondiale, sa première équipe pro.

Déjà, de nombreux rapaces des organisations cyclistes au Canada et au Québec voudront s’associer à cette victoire d’Hugo. Je suis d’avis qu’elle est d’abord et avant tout la sienne, point final. Il en a le seul mérite, je rends hommage à son seul talent, sa persévérance et sa détermination aujourd’hui, rien d’autre à dire.

Tout au plus, certains dirigeants lui auront fait confiance dans sa carrière, que ce soit chez Spider Tech, AG2R, Astana, ou encore Israel-PremierTech. Ils doivent être reconnu à ce titre.

Pour le reste, les fédés canadiennes et québécoises? Niet. Si vous voulez qu’on en parle, on le fera preuves à l’appui, notamment à l’égard de cette récente sélection canadienne en vue des prochains GP de Québec et Montréal. Lamentable!

Inutile de vous rappeler que les courses cyclistes sur route disparaissent les unes après les autres au Québec et au Canada depuis plusieurs années, récemment les Mardis cyclistes de Lachine et le Tour de Beauce.

Une génération de coureurs, celle des Adam Roberge et Julien Gagné, a été sacrifiée. Notamment sur la lubie de la piste.

Bref, chapeau bien bas à Hugo aujourd’hui, une fierté nationale.

Mais solo.

Rien pour préparer l’avenir. Je persiste et signe, et l’ai déjà écrit sur ce site: l’après Hugo Houle, Mike Woods, Guillaume Boivin et Antoine Duchesne sera difficile pour le cyclisme canadien et québécois.

4e journal du Tour

Alors que les coureurs du Tour faisaient trempette hier à l’occasion du 2e jour de repos et par une grosse canicule, petit Tour de l’actualité au matin de cette 16e étape entre Carcassonne et Foix.

1 – Armes égales?

Journée galère avant-hier pour l’équipe Jumbo-Visma qui a perdu deux coureurs contraints à l’abandon, et pas les moindres puisqu’il s’agit de Primoz Roglic et Steven Kruijswijk, et la chute sans trop de gravité de Jonas Vingegaard.

Du coup, voilà la Jumbo-Visma assez affaiblie pour les étapes pyrénéennes, privée de deux pièces maitresse. C’est Sepp Kuss qui, tout d’un coup, va avoir beaucoup de boulot dans les trois prochains jours.

Avec Pogacar qui a promis « d’attaquer dans toutes les bosses », je pense que ce Tour de France est loin d’être terminé. Un retard de deux minutes et des poussières n’est pas insurmontable pour Pogi, et les étapes de mercredi et jeudi vers Peyragudes et Hautacam seront assurément déterminantes.

Ca sera surtout intéressant de voir la manière avec laquelle Pogi s’essaiera: avec son style, je ne serais pas surpris qu’il tente de partir de loin!

2 – Les pois

Si les maillots vert et blanc sont probablement déjà pliés, rien n’est encore joué dans la course au maillot à pois de meilleur grimpeur et ca devrait pimenter les départs d’étape dans les trois prochains jours. Mouvements garantis!

À surveiller tout particulièrement, Tom Pidcock, pas très loin dans ce classement. Et Louis Meintjes bien sûr.

3 – Covid

Neuf coureurs à date ont quitté le Tour en raison d’un test positif, Warren Barguil étant du lot.

Gageons que ce n’est pas terminé, malheureusement.

4 – Canicule

Il fera encore chaud dans les prochains jours en France, et avec des organismes déjà bien fatigués abordant cette 3e semaine, je pense que des défaillances surviendront, y compris parmi le top-10 de ce Tour. Surtout que cette année, pas de cols en haut de 2000m d’altitude dans les Pyrenées, où l’air est souvent un peu plus frais.

5 – Fuglsang

Le coureur danois ne repart pas, touché aux côtes dans une chute récente. Du coup, les coureurs canadiens Hugo Houle, Guillaume Boivin et Mike Woods auront encore davantage carte blanche pour tenter de s’illustrer, et c’est tant mieux.

On a vu Hugo devant jusqu’ici, mais peu Guillaume et Mike, ce dernier étant pris dans une chute plus tôt dans l’épreuve. Je pense qu’on reverra Mike Woods devant quelque part dans les trois prochains jours, il a un Tour de France à sauver.

Parlant d’Hugo, une belle petite entrevue avec lui à Radio-Canada suite à sa belle 3e place l’autre jour.

6 – France

Aucune victoire française jusqu’ici sur ce Tour, la cocotte-minute monte encore davantage en pression!

7 – L’art de la descente

Parce que je grimpe des cols pour les descendre, magnifique maitrise technique à haute vitesse de Tom Pidcock dans la descente du Galibier, côté Valloire. C’est beau à voir!!

https://www.youtube.com/watch?v=3f4Pp4oYh28

8 – Forcats de la route

Les forçats de la route, c’était hier, mais c’est aussi aujourd’hui.

Respect pour M. Markov.

La belle journée d’Hugo Houle

On savait tous en voyant Hugo Houle aborder ce dernier kilomètre de l’étape hier avec un Mads Pedersen – ex-champion du monde – dans la roue, ca serait compliqué de lever les bras sur la ligne.

Mais on était quand même sur le bout de notre chaise!

Si j’avais pu, j’aurais été bruler un cierge à l’église du coin pour favoriser une victoire d’Hugo.

J’en aurais profité pour me confesser de souhaiter une crevaison, un pépin mécanique ou même une chute de ses deux compagnons d’échappée, Pedersen et Wright, un autre client celui-là sur ce Tour.

Ben non, je dois vivre une mauvaise vie, pas de miracle hier…

Mais quelle étape nous a offert Hugo Houle hier!! Ouf.

Meilleur résultat québécois dans l’histoire du Tour.

Surtout, avec la manière: l’étape a été difficile, ca roulait déjà plein pot dans la descente de la Romanche à la sortie de Bourg d’Oisans, un beau chantier. Fallait pouvoir prendre l’échappée, compliqué.

Une fois devant, Hugo était clairement l’un des plus costauds du groupe. Il a mené une course intelligente, n’en faisant pas trop mais assumant sa part de travail, et quand c’est reparti, il était dans le bon coup.

Il a surtout bien joué à un peu moins de 9 kilomètres de l’arrivée où il a tenté sa chance. Pedersen et Wright étaient vigilants, et très costauds.

Y’a pas de honte de se faire battre par plus fort que soi. Pas de regrets. Hugo pourra recommencer, l’expérience acquise lui servira pour le reste de ce Tour et de sa carrière.

Surtout, surtout, il a dû sentir de près cette victoire et tout ce qui vient avec, il aura certainement le goût voire la hargne de remettre ca.

À bien y penser, je vais aller le bruler, mon cierge…

Que de monde dans l’Alpe d’Huez!

Les images à la télé étaient impressionnantes hier dans la montée mythique de l’Alpe d’Huez: la foule était immense!!

Je ne me rappelle pas d’avoir vu autant de monde sur les 21 lacets. Ou si peut-être: en 1995, année de la première victoire là haut de Marco Pantani. J’y étais.

Par moment, et comme à la grande époque, la foule s’ouvrait tout juste devant les coureurs. Thomas Pidcock, très beau vainqueur hier à 22 ans, a exprimé ses émotions de cette foule après l’arrivée, lui qui connait les foules des circuits de cyclo-cross ou les gens sont aussi « au contact » des coureurs.

La montée de l’Alpe d’Huez ? Je n’ai jamais vu ça, les spectateurs, les drapeaux… Il n’y a rien de plus fort.

Thomas pidcock

Jumbo-Visma en contrôle

Quelle belle équipe cette Jumbo-Visma!

Hier, ils ont tous contribué à garder Vingegaard en jaune.

Ce fut Van Hooydonck et Laporte sur les portions plates, voire les rampes plus faciles du Lautaret.

Ce fut surtout un gigantesque Wout Van Aert a assumé un gros tempo souvent dans l’étape. C’est le genre d’équipier qui manque cruellement à Tadej Pogacar en ce moment. Vraiment fort, Van Aert, il mérite une statue.

On a vu Benoot aussi contribuer du pied des cols jusque mi-pente.

Ce fut ensuite aux grimpeurs de prendre le relais dans les plus forts pourcentages de la Croix de Fer puis dans l’Alpe d’Huez: Kruijswijk, Roglic, puis un très bon Sepp Kuss pour finir le boulot dans les derniers kilomètres de l’étape.

Parfait!

Huit minutes

C’est l’écart en temps du vainqueur de l’étape en 1986 (Bernard Hinault, 5h03) et en 2022 (Thomas Pidcock, 4h55).

Huit petites minutes sur un parcours presque identique, autrement dit à peu près rien du tout.

On a beau dire, on savait rouler vite aussi il y a 35 ans… avec des vélos un peu moins performants qu’aujourd’hui. Le plus utile serait une comparaison au niveau des watts moyens sur l’étape bien sûr.

Pogacar trop juste

Sinon, pour l’étape elle-même, le « perdant » du jour s’appelle Romain Bardet, qui a cependant bien limité les écarts. Il glisse en dehors du podium, mais seulement d’une poignée de secondes. Rien n’est perdu.

Pogacar a tenté deux belles accélérations dans le final, contré immédiatement par Vingegaard. Je sais pas vous, mais connaissant très bien la montée de l’Alpe d’Huez, je n’ai pas trouvé que Pogi a attaqué au bon moment… il y avait des pentes plus raides à d’autres endroits pour tenter de casser son adversaire, non? Notamment certains virages au pied, ainsi qu’à mi-pente.

Pogacar semble en tout cas avoir relativement bien récupéré de sa défaillance hier. On devrait le revoir à l’attaque et le connaissant un peu, on peut penser qu’il n’hésitera pas à exploiter toutes les étapes afin de surprendre les Jumbo-Visma. Pour moi, il n’attendra pas les Pyrénées mais attaquera avant.

Hugo Houle bien

Souvent premier coureur canadien à l’arrivée, Hugo Houle a affirmé vouloir tenter sa chance dans les prochains jours et se glisser dans les échappées.

Ca sera intéressant à suivre. Il est en excellente condition, il faut y croire. Pourquoi pas aujourd’hui vers St-Étienne? La route comporte quelques jolies bosses et un final difficile, correspondant bien à ses qualités.

Michael Woods continue pour sa part de récupérer de sa gamelle l’autre jour. Les Pyrénées sont certainement sa prochaine occasion de se distinguer.

Le Tour sens dessus dessous!

Méchante étape hier, on s’en souviendra de celle-là!

C’est pas compliqué, il y a eu davantage d’attaques contre le maillot jaune sur l’étape d’hier qu’en sept Tours de France sous Lance Armstrong!!!

Et je vous avoue que j’ai trouvé le résultat surprenant, Vingegaard prenant une dimension que je ne soupçonnais pas possible il y a encore 24 heures. Après tout, ce garçon n’a jamais rien gagné de probant chez les juniors ou les amateurs, et voilà que depuis le Tour 2021, il atomise en juillet.

Depuis deux-trois ans, le cyclisme version moderne ne cesse de me surprendre… et je ne comprends manifestement pas tout ce qui s’y passe.

Ceci étant, chapeau bien bas aux Jumbo-Visma qui ont fait exactement ce qu’il fallait faire pour déboulonner Pogacar: l’attaquer tôt, de loin, et sans relâche.

Ils ont lancé le bal avec des attaques dans le Télégraphe, déjà.

Ils ont surtout remis ca avec une pluie d’attaques (Roglic puis Vingegaard à tour de rôle) dans les rampes du pied du Galibier, juste après Valloire. C’était impressionnant.

Rapidement isolé, Pogacar a cruellement manqué d’équipiers et surtout, surtout, a commis l’erreur de vouloir répondre à chacune des attaques, coup pour coup.

Ben du coup, il s’est usé prématurément, a puisé dans ses réserves et il saute à 5 kilomètres de la ligne, sur les pentes abruptes du Granon.

Explosé complet, Pogacar! Assurément une belle défaillance, la rapidité avec laquelle elle est survenue n’a laissé aucun doute.

Il lui a manqué une équipe pour assurer un bon tempo longtemps, Télégraphe, Galibier et les premières rampes du Granon. On savait que la faiblesse de son jeu, c’était son collectif. Ca n’a pas loupé hier devant l’organisation irréprochable de la Jumbo-Visma.

Pogacar pourrait-il être atteint de la Covid façon Majka, son coéquipier? Pas impossible… et pour l’heure, son équipe UAE tait l’information pour ne pas lui nuire. L’étape d’aujourd’hui vers l’Alpe d’Huez, où personne ne pourra se cacher, nous apportera la réponse: pas bien, Pogi pourrait bel et bien être malade. S’il est à l’attaque, la défaillance hier était alors passagère et probablement due à une erreur d’alimentation ou d’hydratation.

Pour Vingegaard, je ne comprends pas. Magistral dans le final, il explose le Tour. On avait vu venir Van Der Poel, on avait vu venir Van Aert, on avait vu venir Pogacar, on a vu venir Evenepoel et Pidcock, on voit venir Cian Uijtdebroeks, mais Jonas Vingegaard, niet.

Bardet, 2e du Tour!

Il peut être content, Romain Bardet. Très belle étape hier, et il s’installe 2e du Tour, quelques secondes devant Pogacar.

Le plus dur reste cependant à faire s’il veut rester sur le podium: pas moins de 7 coureurs sont encore dans la course pour une place sur ce podium à Paris, dont les Thomas, Quintana, Yates et Gaudu. Ca va batailler ferme.

Et ca n’arrangera pas les affaires de Pogi: outre les Jumbo-Visma et les Ineos, voilà qu’il pourrait avoir les DSM sur le dos aussi!

Van Der Poel, abandon

Devant en début d’étape pour répondre à son éternel rival Wout Van Aert, Mathieu Van Der Poel a abandonné hier au pied du Télégraphe.

Manifestement, le champion néerlandais n’est pas dans son assiette, et perso je pense qu’il est encore cramé de son Giro tonitruant. Il lui faut du repos, et encore du repos.

Pas inquiet pour lui, il reviendra.

Les pois

Ca va assurément pimenter la course aujourd’hui: rien n’est encore décidé dans la course au maillot à pois, un maillot prestigieux chaque fois âprement disputé.

Warren Barguil, auteur d’un sacré numéro hier, est dans la course, avec Pierre Latour, Simon Geschke, mais aussi Pogacar et Vingegaard, par la force des choses. On verra plus clair ce soir.

14 juillet

Misez aujourd’hui sur un coureur français devant pour remporter la prestigieuse étape de l’Alpe d’Huez, le jour du 14 juillet, fête nationale des Français: Thibault Pinot, qui s’est réservé hier, Warren Barguil, Romain Bardet, Pierre Latour, David Gaudu, Valentin Madouas pourquoi pas, ou encore Benjamin Thomas.

Je vous rappelle que les coureurs français n’ont pas encore remporté d’étape sur ce Tour, et ca s’est remarqué. La pression monte!

Tour 1986

L’étape d’aujourd’hui est pour ainsi dire identique à celle du Tour 1986, aussi entre Briançon et l’Alpe d’Huez et remportée par Bernard Hinault, main dans la main avec Greg Lemond.

Il sera très intéressant de comparer les temps d’ascension du Galibier, Croix de Fer et l’Alpe d’Huez, ainsi que le temps total de course. À plus de 35 ans de différence!

Cort, jusqu’au bout du bout!

Grand animateur du début de Tour, Magnus Cort a enfin pu concrétiser hier: il a remporté la 10e étape du Tour en haut de l’altiport de Mégève.

La victoire de la persévérance!

En début de Tour, Cort était devant tous les jours. Ca n’a pas voulu rigoler.

Hier, présent dans l’échappée, il était manifestement très limite dans la dernière ascension, jouant au yo-yo en queue du groupe, tantôt légèrement décroché, tantôt revenant in-extremis dans les roues au profit d’une temporisation.

Son immense chance hier, c’était d’avoir son co-équipier Bettiol devant: il a pu économiser ses forces dans l’échappée, avant l’ascension finale. Il n’avait évidemment pas à relayer les efforts des poursuivants.

Le regroupement général survenu à 450m de la ligne à l’initiative de Benjamin Thomas était inespéré. Cort a été le plus malin: encore 5e aux 350m, il a retardé au maximum son effort pour venir coiffer sur la ligne Nick Schultz, qui laisse là s’échapper sa chance pour le plus grand succès de sa carrière pro.

Comme quoi il ne faut jamais abandonner tant que la ligne n’est pas franchie!

Aujourd’hui, le redoutable Granon

Mon ami Pascal m’en parle souvent: le Granon, une tuerie!

11 kms d’ascension, 9% de moyenne, c’est pentu, c’est difficile, et il y fera très chaud aujourd’hui.

Avec juste avant le Galibier côté Télégraphe, les coureurs ne se présenteront pas sur ce Granon avec des jambes fraiches. Les écarts seront grands sur la ligne selon moi.

Pour la petite histoire, le Tour de France n’est arrivé au Granon qu’une seule fois, en 1986 (victoire de l’Espagnol Chozas). C’est lors de cette étape que Greg LeMond a revêtu pour la première fois le maillot jaune, dépossédant son coéquipier Bernard Hinault qui vivait, ce jour-là, son dernier jour en jaune de sa carrière.

Pogacar en danger?

Solide leader, Tadej Pogacar?

Je n’en suis pas si sûr!

La route est encore très longue d’ici Paris, et s’il a de toute évidence les jambes, Pogacar fait face à plusieurs défis redoutables.

Premièrement, la Covid au sein de sa propre équipe. Il a perdu hier George Bennett, super-grimpeur, positif Covid.

Rafal Majka présente aussi des symptômes, mais il a pu prendre le départ hier.

Ensuite, deux formations ont le luxe de pouvoir s’offrir une stratégie en plusieurs étapes: Jumbo-Visma et Ineos.

La Jumbo présente Vingegaard et Roglic très bien placés. Ils peuvent aussi être bien lancés par un Wout Van Aert en grande condition et qu’on laissera s’échapper pour jouer les sprints intermédiaires du maillot vert. Pratique.

Les Ineos ont Thomas, Yates et Pidcock dans les 10 premiers, le moins bien placé Pidcock n’étant qu’à 1min46 de Pogacar. Autrement dit, ce dernier ne peut pas vraiment laisser filer… et pour peu que ces deux équipes attaquent à tour de rôle, ils peuvent isoler Pogacar voire le faire péter.

Mais pour cela, il faudra prendre des risques.

Les pois

La réelle course au maillot à pois, ca débute aujourd’hui! Parmi les bien placés, Thibault Pinot: pourquoi ne pas en faire un objectif?

Soudal-Quick Step

La nouvelle a de quoi surprendre: la compagnie Soudal, présente depuis plusieurs années dans le cyclisme avec la loterie nationale belge Lotto, quitte cette équipe en 2023 pour rejoindre celle de Patrick Lefevere.

Autrement dit, l’Alpha Vinyl-Quick Step deviendra en 2023 la Soudal-Quick Step.

Soudal s’est engagé pour cinq ans avec Quick Step.

Aucune mention de l’avenir de l’équipe Lotto en WorldTour l’an prochain, suite à la perte de ce partenaire important.

https://www.youtube.com/watch?v=7aZTB2M-ULM

3e journal du Tour

Alors que le peloton du Tour reprend aujourd’hui la route vers Mégève, petit journal du Tour.

1 – Pogacar, intouchable?

C’est en tout cas l’impression qu’il a donné jusqu’ici, étant très convaincant depuis le premier jour sur ce Tour de France. Déjà 3e du premier chrono devant des spécialistes, deux victoires d’étape, en jaune depuis quelques jours, on se demande comment il pourrait être battu sur cette Grande Boucle.

La clé viendra peut-être avec l’usure, en troisième semaine, son équipe apparaissant comme son point faible par rapport à la force collective des Jumbo-Visma d’abord, puis des Ineos-Grenadier. Si on attaque à tour de rôle, sans relâche, Pogacar pourrait se trouver isolé dans le final de certaines étapes piégeuses et perdre du temps.

2 – Le pire ennemi de Pogacar, la Covid?

Les tests effectués hier lors du premier jour de repos sur le Tour n’ont pas confirmé de coureurs positifs, ouf. Mais la menace plane, Guillaume Martin étant parmi les dernières victimes du satané virus.

Pour Pogacar, le pire ennemi pour une troisième victoire est probablement davantage du côté de la Covid que sur la route.

3 – Pinot, la renaissance

Ca faisait fichtrement plaisir de revoir Thibault Pinot devant sur le Tour de France avant-hier, lancé aux trousses de Bob Jungels sur la route de Chatel. Le Français échoue de peu dans sa tentative de victoire d’étape, mais gageons qu’on reverra le Vosgiens à l’attaque dans la traversée des Alpes.

4 – Deux belles étapes cette semaine

Pour moi, les deux plus belles étapes de ce Tour de France arrive mercredi et jeudi cette semaine, soit sur la route vers le Granon puis le lendemain vers l’Alpe d’Huez.

De très belles étapes, difficiles.

Mercredi, c’est l’enchainement Télégraphe-Galibier, le versant le plus dur, puis le terrible Granon. Paysages sublimes, et action garantie.

Jeudi, un très grand classique du Tour: Lautaret, Galibier, Croix de Fer puis plongée vers Allemond avant la montée célèbre de l’Alpe d’Huez, qui n’est jamais très évidente lorsqu’on a déjà deux grands cols dans les pattes.

Là encore, des écarts sont garantis à l’arrivée.

5 – Braquets en montagne

Si vous vous demandez quels braquets les coureurs du Tour montent sur les vélos pour affronter la haute montagne, la réponse est simple: braquet minimum autour de 2,6m de développement, soit l’équivalent d’un 39-32.

Depuis plusieurs années déjà, les coureurs pro ont réduit considérablement les braquets utilisés en montagne. Dans les années 1980, il était plutôt commun de ne monter que des cassettes 12-23 ou 12-25, plateaux 53-39 devant.

Le Galibier sur 39-23, même un coureur pro ne peut pas tourner les jambes.

Aujourd’hui, les pros tournent les jambes en montagne nettement plus qu’avant, et utilisent donc des braquets beaucoup plus petits. Certains n’hésitent pas à monter un petit plateau de 38, 36 voire 34 dents devant pour les cols les plus raides (Mortirolo, Angliru, Zoncolan).

6 – Mathieu Van Der Poel

Totalement inexistant jusqu’à présent sur ce Tour de France, la surprise est de taille et elle continue.

7 – Mike Woods et les coureurs canadiens

Une belle gamelle pour Mike Woods, qui a perdu de la peau sur la route récemment. Il devra peut-être remettre ses ambitions d’une victoire d’étape à dans quelques jours, le temps de se refaire une petite santé.

Hugo Houle est de loin le coureur canadien qui s’illustre le mieux jusqu’ici, il était présent dans l’échappée avec Bob Jungels avant-hier et ca faisait plaisir.

Guillaume Boivin et Antoine Duchesne remplissent leur rôle d’équipiers, on ne les a pas vu à la caméra jusqu’ici, ou très peu.

8 – Canicule

Outre les grands cols des Alpes, les coureurs auront à affronter des fortes chaleurs au cours des prochains jours, de quoi durcir considérablement la course.

Dans ces conditions, toute erreur d’hydratation ou d’alimentation se paie cash. Des défaillances soudaines ne sont pas à exclure, ca sera intéressant à suivre.

9 – Puy de Dôme

On apprend que le Tour de France pourrait retourner au Puy de Dôme d’ici peu de temps.

Ce serait magnifique!

Théâtre de quelques unes des plus belles passes d’arme du cyclisme, le Tour n’est pas allé au Puy de Dôme depuis 1988. Le duel Anquetil-Poulidor ou encore la défaillance légendaire d’Eddy Merckx, frappé au foie par un spectateur, ont marqué les esprits sur la route du Tour.

On parle d’un possible retour en… 2024, soit exactement 60 ans après le fameux duel Anquetil-Poulidor.

Une victoire de Mathieu au sommet?

10 – Abandons

13 abandons jusqu’ici sur le Tour, mais c’est un peu la poisse du côté des coureurs français, ou des équipes françaises.

AG2R-Citroen et Total Énergies ont toutes deux perdues deux coureurs déjà. Chez AG2R, il s’agit de Ben O’Connor le leader, ainsi que Geoffroy Bouchard. Chez Total Énergies, Alexis Vuillermoz et Daniel Oss.

Guillaume Martin a également quitté le Tour en raison de la Covid.

11 – Colnago VR4

La sacrée belle machine de Tadej Pogacar sur ce Tour, un prototype Colnago VR4 monté Campagnolo SuperRecord.

Ca fait saliver!

Primoz Roglic, la poisse sur le Tour

Le grand perdant de la 5e étape du Tour sur les pavés de Paris-Roubaix, c’est Primoz Roglic selon moi.

2min59 de retard sur la ligne face au vainqueur du jour Simon Clarke, ce qui fait l’affaire de son équipe Israel-Premier Tech considérant les points UCI si précieux ces temps-ci, et surtout plus de deux minutes de retard sur Tadej Pogacar, qui est le favori qui s’en est le mieux sorti hier.

En quelques kilomètres, la poisse s’est abattue sur toute l’équipe Jumbo-Visma, au prise avec des ennuis mécaniques, des chutes, la totale.

Il faut selon moi leur tirer un coup de chapeau, car l’équipe a quand même su bien limiter les dégâts – et sauver le maillot jaune de Van Aert – dans les 20 derniers kilomètres. Le tarif aurait pu être plus sévère.

Plusieurs suiveurs se sont étonnés de l’aisance de Pogacar sur les pavés; c’est ignorer selon moi le fait que Pogi fait parfois des cyclo-cross en Slovénie l’hiver, et que c’est loin d’être un manche dans la discipline. Perso, je n’étais pas surpris de le voir devant hier.

L’autre perdant hier, c’est Ben O’Connor chez AG2R-Citroen, il termine à trois minutes de Pogacar. Ca fait beaucoup. Le Canadien Michael Woods est classé dans le même temps qu’O’Connor, mais il ne faut pas s’en surprendre: Woods se négocie actuellement des bons de sortie pour les étapes accidentées et de montagne plus tard sur ce Tour. Idem pour d’autres coureurs comme Pierre Rolland ou Giulio Ciccone.

Le mystère MVDP

Ce début de Tour est difficile pour Mathieu Van Der Poel, qui a confié n’être « pas l’ombre de lui-même » actuellement.

Son placement en queue de peloton depuis le début du Tour, son absence avant-hier dans la roue de Van Aert sur un parcours qui lui convenait, son absence également hier sur les pavés, voilà qui est expliqué.

Il faut évidemment persévérer pour Mathieu, le Tour c’est long et souvent, des organismes se bonifient au fil des étapes, malgré la fatigue. Il n’est pas impossible que VDP soit plutôt bien en 2e ou 3e semaine, retrouve ses jambes.

Des questions se posent cependant: a-t-il récupéré de son (beau) Giro où on l’a vu souvent à l’attaque même en 3e semaine? Son camp d’entrainement à Livigno où il a enchainé grosses sorties de VTT et de route était-il également de trop?

Enchainer deux grands tours dans l’année, qui plus est Giro-Tour (assez rapprochés) n’est certes pas facile.

Excellent Hugo Houle

La constance pourrait être le mot qui résume sa saison jusqu’ici.

Hugo Houle est souvent bien placé au classement des courses, premier quart, travaillant très loin dans la course pour ses leaders.

Il est 25e de l’étape hier, avec le premier groupe de chasse, et protégeant Fuglsang. Il a été le seul équipier à rester au côté de son leader danois hier sur un parcours sélectif.

Du beau travail, solide.

Page 3 of 81