Un problème de jeu de direction.
L’emmerde.
À 17 000$ le vélo, ca fait cher l’emmerde quand même…
Ce n’est pas le premier « stop ride » de l’année.
Même que chez Specialized, on n’en est pas à un premier « stop ride », le modèle 2018 du populaire Allez ayant déjà fait l’objet d’une telle directive à la fin de l’année 2017.
Rappelons aussi que le fameux guidon extensible Canyon a fait l’objet d’un « stop ride » plus tôt cette année, après que Mathieu Van Der Poel ait cassé son guidon sur le nouveau Aeroad lors du GP Le Samyn en mars dernier.
D’autres vélos Canyon, notamment les vélos de montagne (Mtb) ainsi que les BMC TimeMachine 01 ont aussi fait l’objet de « recall » ces dernières années. Sans parler de certains groupes SRAM.
Une situation appelée à être plus fréquente dans l’avenir, alors que le prix des vélos « top end » augmente sans cesse?
Personnellement, je pense que tous les facteurs sont réunis pour ca.
Et que ca veut dire une chose: à quelque part, on se fout de notre gueule.
Pour simplifier, les vélos sont aujourd’hui de plus en plus intégrés, aéro, techniques.
Pas facile de faire un entretien, de changer une pièce. Chaque constructeur est spécifique, plus rien de « standard ».
Parmi les géants de l’industrie, notamment ceux qui sont en WorldTour, les cadences sont infernales: tu te dois de sortir un nouveau vélo tous les deux ans maximum, pour faire le « buzz ». Sinon, tu perds des parts de marché.
Pinarello Dogma F8. Dogma F10. Dogma F12. Dogma F. Alouette!
Marketing à fond bien évidemment: +4% d’efficacité ici. + 7% de « reduced drag » par là. + 6% de rigidité au passage, bien sûr.
Pourtant, la très vaste majorité d’entre nous n’y verront que du feu. Je vous mets au défi de reconnaitre à l’aveugle (le seul test qui tient) un Dogma F12 versus un Dogma F en descente de col.
Conséquence de ces cadences infernales, plus le temps de faire beaucoup de contrôle de qualité. Pas grave, on a tellement majoré le prix des vélos que l’on peut se permettre de remplacer les cadres défectueux si le client se présente.
Et les pièces de ces vélos sont de plus en plus « cheap », faites par exemple de plastique ou de composites susceptibles de briser sous les contraintes d’un usage prolongé. J’ai vu par moi-même.
Mais on gagne sur tous les tableaux: certains clients ne se présenteront jamais (toujours ca de pris) en cas de bris, les autres devront attendre selon nos (les entreprises de vélo) volontés.
Bref, je ne serais vraiment pas surpris de voir les « stop ride » se multiplier dans les prochains mois. Le temps nous dira si j’ai raison ou non, mais les derniers mois vont en ce sens.
Les cadences de production actuelles ne sont certainement pas moins rapides devant la demande mondiale qui a explosé au cours des derniers mois.
La seule question qui se pose: jusqu’où les consommateurs suivront, notamment dans les prix?
Surtout que la main d’oeuvre se faisant rare actuellement dans le registre des bons mécanos de vélo, et les vélos devenant justement de plus en plus techniques et difficiles à entretenir (freins à disque nécessitant des purges, groupes électroniques, câbles intégrés au cadre, etc.), ca pourrait devenir vraiment compliqué au cours des prochaines années pour le cycliste amateur proprio d’un vélo haut de gamme avec un haut degré de technicité.
Plus que jamais, ceux entretenant une relation privilégiée avec le bon vélociste du coin seront les gagnants…