Comme plusieurs d’entre vous, j’ai suivi avec attention les événements de la Vuelta, alors que des manifestants pro-palestiens ont perturbé la course tous les jours, visant notamment l’équipe Israel-PremierTech pour des raisons évidentes.
Ma surprise n’a pas été les manifestations en soi, mais bien la durée de celles-ci: les manifestants étaient présents tous les jours, et ont réussi à perturber de façon très significative de nombreuses étapes du Tour d’Espagne, jusqu’à la toute dernière. Avec, à la clef, certains événements déplorables puisque la sécurité en course des coureurs a été, par moment, compromise.
Ces événements sont significatifs dans la mesure où ils sont susceptibles de faire boule de neige: à Montréal dimanche dernier, tout près de la ligne départ/arrivée, une manifestation du même type était présente, fort heureusement dans le respect de l’événement et des coureurs.
D’autres manifestations sont probablement prévisibles sur les prochaines courses du calendrier cycliste professionnel, par exemple sur le Tour de Lombardie qui est l’un des cinq grands monuments.
Dans tout cela, je déplore depuis un petit moment déjà la politisation du sport.
Voyez un peu: pour la première fois à ma connaissance, on a pas moins de quatre équipes de premier plan au sein du peloton qui battent pavillon d’un état ou d’une ville dont la réputation n’est pas des meilleures sur la scène internationale, que ce soit à l’égard du respect des droits de l’Homme, de positions ou régîmes politiques, ou de comportement envers d’autres pays: UAE Team Emirates (Émirats Arabes Unis), Bahrain-Victorious (Bahrein), Astana (Kazakhstan) ainsi qu’Israel-PremierTech (Israel).
Je ne me souviens pas d’une autre époque dans le vélo où cela s’est produit, aussi loin que ma mémoire me permet de remonter.
Manifestement, ces états utilisent le cyclisme pour améliorer leur image internationale, faisant du coup oublier les défis et enjeux parfois importants derrière.
Je le déplore, car on assiste à une politisation du cyclisme, une dérive à mon sens très dangereuse.
Le sport de façon générale est un des rares endroits, peut-être avec l’art, où la politique devrait être totalement absente. Bien sûr, on se souviendra de l’histoire des Jeux Olympiques, ponctuée de liens entre sport et politique, mais globalement, en sport, une devise prévaut: que le meilleur gagne. Point barre.
Le sport devrait être un lieu de rencontre et de respect entre adversaires, dans le seul but de la recherche de la performance et de la victoire, tout en respectant les règles bien sûr.
Au lieu de ca, on assiste à la dangereuse hausse de l’instrumentalisation du sport qui a certes toujours existé, mais qui prend de l’ampleur dans le monde selon moi. Le cyclisme en est un exemple. Le ski de fond aussi d’ailleurs, avec l’exclusion des fondeurs russes des épreuves de Coupe du Monde, un des seuls sports à continuer d’appliquer une telle règle.
Il y a pourtant d’autres solutions. Les états ou les millionnaires derrière certaines équipes peuvent soutenir le vélo sans pour autant en faire un véhicule politique; rien n’empêche l’homme d’affaire Sylvan Adam de soutenir le vélo sans pour autant promouvoir l’état d’Israel sur un maillot.
On va en venir au point où les autorités comme l’UCI n’auront d’autre choix que d’intervenir pour fixer des règles claires sur le sponsoring, surtout si les manifestations actuelles devaient perdurer dans le temps, par exemple sur la saison 2026.
Avec, bien sûr comme défi majeur, celui de l’argent, on n’y échappe pas. L’équipe UAE Team Emirates n’est-elle pas la plus riche du peloton actuel?
Chose certaine, je comprends et surtout je respecte la décision de certains coureurs pro actuels de ne pas courir au sein de certaines équipes, par principe.