Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Auteur/autrice : Laurent Page 1 of 351

Une étape à ne rien comprendre

Ironie du sort: Simon Yates perd le Giro 2018 dans la Finestre lors de la 19e étape, Simon Yates gagne le Giro 2025 dans la Finestre la veille de l’arrivée…

Quelle revanche sur le sort pour le coureur anglais!

Pour le reste, je n’ai rien compris de la tactique des équipes – sauf Visma Lease a Bike bien sûr – samedi dernier.

Et en un mot selon moi: du grand n’importe quoi! À ce niveau de professionnalisme, je suis médusé de voir pareil amateurisme.

En premier lieu des UAE Team Emirates, totalement absents au combat sur la Finestre et dans le final pour filer un coup de main à Del Torro, pauvre jeune laissé bien seul en pâture aux autres équipes.

Ils étaient où, les Majka, McNulty et Adam Yates, des coureurs pourtant d’expérience, rompus aux grands tours, et plutôt très forts?

Je n’ai pas compris. Car avec un ou deux coéquipiers autour de lui, Del Torro aurait probablement sauvé son maillot rose.

Impardonnable, et j’ai même trouvé indécentes les images à l’arrivée d’une équipe satisfaite, jouant la carte de « c’est bien mon garçon, tu t’es bien battu ». Les accolades données par Gianetti vers Del Torro sonnaient tout faux, je suis désolé.

La triste réalité, c’est qu’UAE a totalement merdé samedi, point à la ligne. Impardonnable à ce niveau de professionnalisme, pour une des équipes les plus riches du peloton, sinon LA plus riche.

Remarquez, Del Torro a aussi fait une grosse erreur, celle de ne voir en son principal adversaire que Carapaz, calquant sa course sur ce dernier uniquement. Total, le danger était aussi avec le 3e du général, qu’il a laissé filer sans jamais réagir.

Carton rouge également à Carapaz selon moi, qui n’a pas bien joué ses cartes. Si tu veux lâcher Del Torro, ben tu fais du « stop and go », c’est-à-dire que tu places une mine, si Del Torro suit tu coupes, et tu repars 1min plus tard.

Façon Tadej.

Au lieu de ca, Carapaz a souvent longtemps prolongé son effort après une accélération, emmenant au train un Del Torro trop content de l’aubaine puisque dans la Finestre, ca voulait aussi dire revenir gratis sur Yates devant.

Enfin, je n’ai pas compris la tactique de Derek Gee dans la Finestre, ce dernier roulant en mode contre-la-montre du bas en haut. Une fois rentré sur Del Torro et Carapaz, pourquoi diable rouler pour ces deux-là? Il me semble que tu veux te refaire une santé, et profiter des éventuelles ouvertures plus tard, non? Yates – parti devant – le précédait de toute façon au général, le seul objectif à ce moment n’était-il pas de faire couler Del Torro en s’alliant avec Carapaz et ainsi monter sur le podium?

Gee était certes un ton en dessous des trois autres, c’est clair. Mais comme on ne sait jamais, sur un malentendu ca peut marcher, ben j’aurais joué le malentendu à ce stade de la course…

Quoi qu’il en soit, chapeau bien bas aux Visma Lease a Bike qui, avec un Van Aert parti tôt dans l’étape non au prix d’efforts soutenus, a pu filer un sacré coup de main à Simon Yates. Sommet du Finestre, l’écart était d’environ 1min30 avec le groupe Del Torro, pied de Sestrières quelques kilomètres plus loin c’était presque 4min, merci M. Van Aert la mobylette!

Pour Del Torro, c’est quand même un Giro exceptionnel: grande révélation de la course, meilleur jeune, plusieurs jours en rose, le gars fait presque jeu égal des meilleurs en montagne, bref, de quoi s’assurer, à 21 ans, d’un bel avenir dans le cyclisme pro. On le reverra c’est certain, mais pas sur le Tour de France en juillet. Sage décision d’ailleurs!

Les déceptions

Elles sont quand même nombreuses: Ayuso bien sûr, mais aussi Tiberi qui a sombré en troisième semaine.

Sans parler de Roglic, le poissard du cyclisme.

Et de Pidcock, qui continue de beaucoup parler, mais de ne pas vivre à la hauteur des espérances que lui-même fait naître. Un peu de retenue du coureur anglais serait de mise selon moi. Ineos ne doit pas le regretter.

La suite

Le Dauphiné bien sûr, d’abord et avant tout, toujours une répétition générale de juillet. Et un nouveau match entre Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard.

Puis le Tour de Suisse, plus discret mais excellente préparation aussi à la Grande Boucle.

UAE dans les cordes

Ca se décante sur le Giro!

Très intéressante 16e étape hier où on a pu, peut-être pour la vraie première fois, voir les forces en présence.

Et parmi les forces, sans conteste Simon Yates, Richard Carapaz et… Derek Gee.

On a surtout vu hier la déconfiture des UAE Team Emirates.

Exit Ayuso, largué assez tôt dans l’étape et qui termine loin, très loin, à plus de 14 minutes.

Giro terminé.

Je suis surpris, et ne connait pas son problème.

Del Torro a également montré des signes qu’il est désormais dans les cordes. À 21 ans, quoi de plus normal? Il paye ses efforts, la pression du maillot rose, deux semaines d’usure, trois éléments beaucoup trop lourd pour ses jeunes épaules. Del Torro est en sursis à partir de maintenant, et je ne serais pas surpris de le voir hors du podium à Rome dimanche.

Deux coureurs m’ont fait forte impression hier: Richard Carapaz et… Derek Gee.

Carapaz a pris l’initiative, faisant rouler son équipe tôt dans l’étape; ca envoyait un signal très clair sur ses ambitions. Loin de se défiler, Carapaz a fait exploser le peloton des leaders dans le final, faisant un excellent rapproché au général.

Pour moi, c’est l’homme fort de ce Giro. Il ne cédera pas, et il est le plus fort en montagne.

Simon Yates? Il gère, souvent sur la réserve on dirait. Son frère chez UAE pourra-t-il l’aider maintenant que son équipe UAE joue les accessits? À suivre, mais la dernière – et la seule – victoire dans un grand tour de Simon Yates remonte à la Vuelta… 2018.

L’autre coureur qui impressionne, c’est Derek Gee.

Très intelligent en course, Derek.

Sur l’accélération de Carapaz hier, il ne s’est pas affolé, n’a pas essayé de suivre pour exploser quelques hectomètres plus loin, il a simplement haussé son rythme, s’est installé dans un haut régime et l’a maintenu jusqu’à l’arrivée, question de limiter la casse.

J’aime beaucoup ce que je vois. Un coureur lucide, intelligent en course, et qui gère bien son capital à 5 jours de l’arrivée.

Pas compliqué, le meilleur coureur canadien depuis Bauer et Hesjedal.

Sa game? Simplement continuer de la sorte. Si Del Torro craque, il monte sur le podium. Si Simon Yates craque, il peut être 2e de ce Giro. Et si Carapaz a un moment de faiblesse, qui sait?

Pour Gee, c’est donc la course d’attente qui est la meilleure actuellement: suivre, s’économiser, envoyer la puissance lorsque c’est requis, jouer discret mais toujours présent, et le reste se fera naturellement je pense.

Ca va être un fin de Giro passionnante, surtout lors des 19e et 20e étape.

Demain le Mortirolo? Si le nom seul fait frémir, l’ascension côté Monno est beaucoup plus facile que la classique et redoutable ascension depuis Mazzo Di Valtellina. Pas un stress.

Roglic (encore) dans les cordes

Deuxième jour de repos hier sur le Giro, le temps de faire le point avant d’amorcer aujourd’hui la troisième et dernière semaine.

Plusieurs constats.

Le premier, c’est que ce Del Torro, 21 ans, semble plus solide que prévu, et est fermement installé en tête du général avec 1min20 de priorité sur Simon Yates chez Visma-Lease a Bike. C’est à se demander qui chez UAE sera le leader désigné cette dernière semaine; je crois en fait qu’on laissera simplement la course se décanter d’elle-même, et qu’Ayuso, actuellement troisième, pourra profiter du moindre coup de mou du jeune Mexicain, surtout s’il reste au contact de Yates. Dans le cyclisme moderne et ses enjeux, vaut mieux deux options qu’une seule… Si Del Torro devait réussir à suivre sur toutes les étapes, je crois bien qu’Ayuso devra se contenter d’au mieux la 2e place.

Le deuxième, c’est que Roglic éprouve encore – et toujours – de la malchance sur un grand tour, une histoire qui se répète sans fin. Ayant chuté samedi, il a lâché 1min30 sur les principaux favoris dimanche hier, et pointe désormais à presque 4 min au général: Giro terminé. Je ne serais pas surpris de voir le Slovène abandonner son Giro pour panser ses plaies, et modifier son calendrier de courses à venir pour envisager d’autres options.

Il faut en tout cas que Roglic revoit quelque chose dans sa gestion de course, son placement, ou son attention durant les grands tours.

Troisièmement, le Canadien Derek Gee, sans faire de vagues et en toute discrétion, pointe désormais en… 5e place de ce Giro, à seulement 1min25 du podium. La suite va être intéressante pour Gee, même si ceux qui le précède sont de sacrés coureurs: Yates, Ayuso, Carapaz et le leader Del Torro. Pour Gee, le podium se jouera davantage sur ceux qui craqueront en dernière semaine, car les bons de sortie, oubliez ca!

Quatrièmement, l’énigme Richard Carapaz. Le gus est un remuant, on l’a vu à l’offensive dimanche, et il veut gagner. Plus isolé que les autres, cela peut être un avantage pour utiliser la stratégie des autres équipes à son avantage. Bahrein ont Caruso et Tiberi, les Ineos Bernal et Arensman, Carapaz pourra éventuellement profiter de la course d’équipe de ces deux formations pour profiter d’un coup d’ascenseur vers le maillot rose.

L’étape d’aujourd’hui

C’est du costaud avec 203 kilomètres à parcourir et presque 5000m de dénivelé. Arrivée en altitude surtout à San Valentino, au terme d’une ascension de 18km avec quelques belles rampes surtout en milieu d’ascension.

Dégâts garantis!

L’expérimenté et le poissard

Avant de couvrir l’actualité de ce Giro au terme du chrono de Pise hier, il est utile de revenir sur la très belle étape de Sienne, sur les routes des Strade Bianche.

Quelle belle victoire de Wout Van Aert!

Une victoire clairement au nom du métier et de l’expérience.

Dans la dernière ascension une fois les murs de Sienne franchi, on pouvait sentir l’opposition entre la fougue de la jeunesse de Del Torro et le métier de Wout Van Aert qui a su s’accrocher là où il le fallait, puis porter l’accélération fatale au bon moment, fort de son expérience sur ce final des Strade qu’il a remporté en 2020.

De très belles images!

Et une victoire de Wout qui fait rudement plaisir, car le gars a galéré sur les Classiques du printemps. C’est un coureur de classe, dur au mal, et qui est sur le bon chemin pour la suite je pense. En regardant l’étape, la souplesse de la cheville et donc de la pédalée de Wout était vraiment superbe, beaucoup plus souple que celle de Del Torro. Un pédalage parfait, économique, détendu malgré l’effort.

Je pense que Wout n’est pas loin de la grande condition!

Gee, chrono réussi!

Sur le chrono hier, c’est… le Canadien Derek Gee qui a offert la meilleure performance des favoris, terminant par exemple 15 secondes devant Primoz Roglic excusez-du-peu, et 34 secondes devant Ayuso. C’est vrai que la météo, avec la pluie, a faussé un peu les résultats de ce chrono, les coureurs ayant roulé sur le mouillé ne pouvant pas rouler aussi vite que les autres.

Chose certaine, well done pour Gee. Certainement un signe qu’il est en excellente condition et que la suite de ce Giro sera intéressante.

Au général, Gee pointe en 12e place actuellement, à 2min37sec du maillot rose de DelTorro. Le podium est encore jouable j’en suis convaincu, à condition de prendre des initiatives au bon moment pour créer des écarts, car il ne reste qu’un nombre limité de grandes étapes pour faire la différence.

Y’a cependant beaucoup de beau monde devant Gee au général, c’est un Giro très très relevé, conforme aux attentes et à ce que je vous disais en prologue de ce grand tour.

Quatre UAE Team Emirates parmi les sept premiers! Del Torro, Ayuso, McNulty et Adam Yates. Ouch!

Simon Yates est également dans le coup, tout comme Roglic, Tiberi, Bernal, Ciccone et Carapaz. Attention à ce dernier, c’est un coureur d’expérience avec une grosse caisse pour la dernière semaine.

Tiberi pourra également surprendre je pense, mais il n’a que 23 ans et pour lui, c’est la dernière semaine qui sera cruciale.

Roglic, quant à lui, pointe en 5e place à 1min18 de la tête: compte tenu de l’étape sur les strade bianche où il a été pris dans des chutes, c’est un petit miracle.

Roglic, le poissard du cyclisme, avec Mike Woods!

Incroyable quant même comment le slovène est malchanceux sur les grands tours: toujours abonné aux chutes, il a même chuté hier durant… sa reconnaissance du parcours du chrono. Faut le faire tout de même!

À côté de ca, vous avez des coureurs qui vont rarement à la faute, comme Mathieu ou Tadej. À quelque part, il y a une question d’aptitudes, d’équilibre, de degré d’attention qui joue, c’est certain.

La suite s’annonce passionnante, à commencer par demain et le test du Passo de San Pellegrino, puis dimanche prochain sur le Monte Grappa, même si ces deux cols sont situés loin de l’arrivée. Il ne reste plus de chrono sur ce Giro, et la course se jouera certainement lors des étapes #16, 19 et 20.

Soirée exceptionnelle sur le champ de Bataille!

Quelle soirée jeudi à Sherbrooke pour la 1ere étape de La Bataille de la 55, cette série de huit critériums à Sherbrooke et Drummondville jusqu’au 17 juillet prochain.

J’en ai perdu la voix!

Et à la clé, les deux premières places remportées par deux coureurs… juniors de 17 ans, Shawn Rheault et Jeremy Bouchard, dans un critérium relevé frisant avec le record de participants, plus de 55 coureurs au départ au sein de solides formations comme le Siboire-Café William, Rocket Factory Golden, iBike, Équipe Studio Vélo, Cycles Régis, Mathias Sport-Felt ou encore CC Alliance-ExpertisMed.

Et devant une foule nombreuse et enthousiasme, là encore un record à ce jour!

Déjà, des équipes se sont positionnées pour la victoire au général par équipe, et cette prime de 500$ au terme de La Bataille le 17 juillet prochain. De quoi faire un beau party!

Une course « Sport » avait lieu avant la course « Open », et là encore, de nombreux coureurs et coureuses au départ. Je souligne la belle 3e position sur le critérium de Jade Goyette, ca fait plaisir de voir une jeune fille être à la lutte avec de nombreux autres coureurs masculins et pouvoir s’illustrer de la sorte. Les applaudissements étaient nourris à son endroit hier lors de la remise des médailles.

Les résultats sont ici.

Chose certaine, on ne peut pas être plus pertinent pour faire vivre et vibrer le cyclisme au Québec, et assurer une relève. Qui sait, Shawn ou Jérémy seront peut-être les prochains Derek Gee ou Hugo Houle pour le Canada? La force du cyclisme dans un pays provient toujours de sa base: vigoureuse, vous avez quelque chose. Absente, votre élite sera également absente, sauf rares exceptions.

Et tout cela, grâce à la volonté, la passion et l’engagement de plusieurs personnes se mobilisant à Sherbrooke et à Drummondville. Bref, une initiative citoyenne sans soutien externe, pas le choix dans un monde ou Cyclisme Canada et la FQSC sont absents, faute de moyens.

Je remercie au passage le journaliste Jérémy Trudel pour son excellent article diffusé le jour même de la course dans son média. Jérémy nous a fait le plaisir de se joindre à nous pour la soirée, une présence appréciée.

Prochain manche jeudi prochain le 22 mai à Drummondville, et je rappelle que cette ville n’est pas située très loin de Montréal et Québec, pas juste Sherbrooke. L’organisation, sous l’égide des passionnés que sont André Lamarche et Jonathan Boisvert, sauront livrer un événement à la fois sécuritaire et professionnel, dans une ambiance conviviale comme à Sherbrooke.

Je sais déjà que Shawn y sera avec son équipe pour défendre le maillot jaune, et la réplique a déjà été engagée du côté du Siboire-Café William!

Série critériums La Bataille de la 55 c’est ce jeudi!

La série de huit critériums à Sherbrooke et Drummondville est de retour cette année, et ca commence ce jeudi dans le Parc industriel de Sherbrooke pour le crit #1.

Crit #2 jeudi la semaine prochaine à Drummond.

Messieurs/Mesdames les coureurs(es), vous savez ce qui vous reste à faire!

Deux courses par soir au programme, une course « Sport » pour les cadets, juniors et autres coureurs moins aguerris à l’exercice du critérium, départ 18h15, durée 35min puis 5 tours. Durée totale, environ 45 min.

L’autre course, c’est catégorie « Open » vers 19h15 où tous les coups sont permis, ou presque! Cette série s’adresse davantage aux coureurs(res) expérimentés(ées) qui voudront batailler ferme pour les enjeux. 45min + 5 tours, pour environ 55 min de course.

Et des enjeux, il y en aura: la victoire d’étape bien sûr, mais aussi la victoire au classement général au terme des huit courses. Les sprints intermédiaires aussi, sans compter les primes diverses, en cadeaux comme en argent.

La Bataille de la 55 est donc excellente pour la mise en oeuvre de stratégie d’équipe, sachant que chaque équipe peut avoir des visées différentes.

La soirée s’annonce magnifique côté météo ce jeudi à Sherbrooke. Du beau monde est annoncé!

Surtout, surtout, la formule conviviale des années passées et qui a contribué à la « signature » unique de ces critériums est de retour: hot dogs, bières du Siboire, chips, musique, et surtout animation offerte par votre serviteur qui en profitera pour donner les dernières nouvelles du Giro aussi (que voulez-vous, on ne se refait pas), tout en décrivant la course bien sûr.

Vivement jeudi! Et le défi est lancé aux équipes voisines de la région, qu’elles soient de Granby, Montréal et notamment sa Rive-Sud, Québec, Trois-Rivières ou encore la Beauce.

Remerciements à tous les partenaires sans qui cette série ne pourrait pas se poursuivre: les équipes cyclistes du Siboire-Café William et StudioVélo bien sûr, le Club Cycliste de Sherbrooke (CCS), les villes de Sherbrooke et Drummondville, les boutiques Qui Roule et StudioVélo, le Siboire bien entendu, et les autres partenaires qui y croient comme nous, Café William, Trek, GrandMont, Usinage Richelieu, Construction Longer, Revo, BMW Lévis, sans oublier Mill, cette nouvelle compagnie de vêtements cyclistes sur mesure à l’initiative de Marco Daigle et son partenaire Pierre Perron, et avec laquelle l’équipe du Siboire-Café William roule (avec plaisir!) cette année.

Derek Gee peut-il gagner le Giro?

Alors que nous avons un autre exemple de la « convergence » avec la sortie du Cannondale Synapse orchestrée sur à peu près tous les sites cyclistes « mainstream » donnant dans l’influence, il est temps de penser au Giro qui s’élance ce vendredi depuis l’Albanie.

Ca va être une course passionnante!

Le parcours d’abord, plus ouvert que jamais car moins difficile que souvent.

Un exemple: un seul col de 2000m ou plus à franchir, le Finestre à presque 2200m durant l’avant dernière étape. Le reste des cols, du reste moins fréquents sur la globalité du parcours, culminent souvent à une hauteur autour de 1600m maxi.

Deux chronos, lors de la 2e et la 10e étape, pour un total de 44 km contre-la-montre, gérable. Les deux ont un profil surprenament similaire, avec une petite bosse à franchir à mi-parcours.

Surtout, seulement deux arrivées en altitude, à Tagliacozzo sur la 7e étape et à San Valentino lors de la 16e étape. On a vu Giro nettement plus difficile, notamment cette fameuse édition 1998 remportée par Pantani.

Enfin, plusieurs parlent de la 17e étape via Tonale et le Mortirolo, un nom qui fait frémir. Il faut relativiser: le Mortirolo sera gravi via Mono, sur son côté le plus facile, et de loin. Pour bien connaître l’ascension des deux (voire trois!) côtés, il n’y a rien de comparable depuis Mono au Mortirolo via Mazzo!

Bref, un parcours sans grande difficulté, qui offre beaucoup d’étapes avec un final roulant permettant de revenir éventuellement sur des échappées, et donc un parcours qui favorisera une sélection par l’avant, qui favorisera des coureurs qui prendront des risques pour gagner, et qui disposeront aussi d’une équipe solide pour les épauler. La course pourrait bien sourire aux opportunistes!

Les favoris

Ca donne le tournis tellement ils sont nombreux!

Quatre anciens vainqueurs sont au départ, soit Primoz Roglic, Egan Bernal, Jai Hindley et Richard Carapaz. Assez exceptionnel en soi.

Les quatre peuvent rêver d’un podium voire de s’imposer, tous sauf peut-être Carapaz, ayant rassuré sur leur condition physique au cours des dernières semaines.

Chez RedBull-Bora, Roglic et Hindley sont également épaulés par Daniel Felipe Martinez, un autre prétendant au podium. En cyclisme on le sait, abondance de bien nuit parfois… L’équipe part en tout cas avec des ambitions solides pour le général.

On a très peu vu Roglic en course en 2025, mais il a remporté le difficile Tour de Catalogne. Disons que l’individu sait comment bien se préparer pour une telle course comme le Giro, en espérant que la poisse le laisse tranquille en première semaine…

Egan Bernal dispose aussi d’une solide équipe Ineos, avec notamment Thymen Arensman, 6e du général l’an dernier. À 25 ans, ce dernier pourrait surprendre tout le monde et il vient de terminer 2e du Tour des Alpes. Pour Bernal, c’est l’inconnu, c’est un coureur de classe mais qui n’a pas encore retrouvé tous ses moyens lorsque la course s’emballe et qu’il faut porter l’estocade dans les derniers kilomètres.

Ca sera plus compliqué pour Carapaz car son équipe est moins solide, mais tu ne peux pas exclure un coureur de son talent de la gagne.

Outre ces quatre coureurs, on en compte de nombreux autres qui viseront un podium voire carrément la gagne, pourquoi pas?

Je pense aux Juan Ayuso, Jai Vine, Adam Yates, Antoni Tiberi, Giulio Ciccone, Tom Pidcock, Mikel Landa, Simon Yates, Romain Bardet pourquoi pas et surtout, surtout Derek Gee.

Les UAE Team Emirates font aussi peur que les RedBull-Bora sur le papier, avec outre Ayuso, Adam Yates et Jai Vine, les Rafal Majka, Brendon McNulty et Isaac Del Toro. Ouch. Ils ont de quoi contrôler la course durant trois semaines, et gageons qu’ils sauront s’entendre pour jouer la meilleure carte au bon moment.

Je vois bien Giulio Ciccone faire un grand Giro, il est à maturité et auteur d’un bon début de saison. Solide grimpeur, je pense que dans son cas, c’est en dernière semaine qu’il aura l’occasion de faire la différence, à condition de rester au contact sur les deux chronos.

Le joker de ce Giro, c’est toutefois le Canadien Derek Gee. Révélé sur cette course en 2023, auteur d’un excellent Tour de France l’an dernier (9e du général), bien en vue sur le récent Tour des Alpes, il a confirmé tout son talent sur les courses par étapes et présente la meilleure carte canadienne pour succéder à Ryder Hesjedal, vainqueur du Giro en 2012.

Surtout, je pense que le parcours ne peut pas être meilleur que cela pour un coureur avec les qualités de Gee: dur mais pas trop, deux chronos, des étapes parfois casse-pattes, pas de nombreux cols de plus de 2000m d’altitude, sur papier c’est très bien.

La clef pour Gee sera aussi le travail de son équipe pour l’entourer durant toute l’épreuve. Avec le vétéran Hugo Houle comme capitaine de route, avec l’expérimenté Jakob Fulgsang, avec Simon Clarke, Jan Hirt et Corbin Strong, l’équipe tient la route et n’a pas à rougir face aux autres formations, excepté peut-être RedBull-Bora et UAE, mais c’est un autre budget.

Vivement qu’on entre dans le vif du sujet vendredi!

Le Tour de l’actualité

Sur fond de Liège-Bastogne-Liège, petit tour de l’actualité, ca fait une mèche.

1 – La Doyenne.

L’intérêt dimanche ne repose pas sur qui s’imposera, mais bien sur l’endroit où l’attaque sera portée.

Pour les favoris, c’est très simple, ils sont deux: Pogi et Remco. Le reste se battra pour des accessits.

Non, la question est plutôt de savoir à quel endroit Pogi ou Remco mettront en route.

D’ordinaire, c’est la Redoute qui sert de tremplin à la victoire finale. Nombre de vainqueurs y ont construit leur succès, même ces dernières années.

Pogi, tout particulièrement, ose attaquer de plus loin, parfois bien avant l’entrée dans les 50 derniers kilomètres.

Du coup, voudra-t-il surprendre son monde en partant dès Stockeu, la Haute Levée ou encore le col du Rosier dimanche?

L’intérêt de la course sera là.

Le beau temps est attendu dimanche, ca sera donc une sélection vers l’avant.

Chose certaine, Remco comme Pogi auront intérêt à se marquer à la culotte. Remco a l’avantage se savoir rouler, Pogi de savoir grimper. Chacun peut rattraper un coup de retard, mais pas plusieurs.

2 – La Flèche.

Victoire presque « mécanique » de Pogi qui a accéléré dans le Mur de Huy en restant assis sur sa selle. Commentaire de Jalabert « les autres ne seront même pas sur la photo en haut ». Elle était bonne la blague! (mais on rit jaune)

Soulignons quand même une prestation extraordinaire de Kevin Vauquelin, excellent 2e pour Arkea B&B Hôtels devant un Pidcock retrouvé. L’Anglais pourrait être le 3e homme sur le podium ce dimanche à Liège.

Vauquelin devant Remco en haut de Huy, je n’aurais pas parié là-dessus au départ mercredi matin dernier.

3 – Retour sur Roubaix.

Encore eux et les autres (coureurs). Je ne trouve rien à ajouter de plus, sinon ma surprise sans cesse renouvelée de voir que quelques coureurs seulement (en gros, trois!) gagnent à peu près tout en ce moment.

Du jamais vu en cyclisme!

4 – Derek Gee.

Le coureur canadien est en préparation finale pour le Giro, et sa prestation actuelle sur le Tour des Alpes a de quoi rassurer tout le monde quant à sa condition physique.

Excellent 2e de l’étape hier, il pointe également en 3e place du général, avec une seule étape à parcourir aujourd’hui. Ca grimpe, le Tour des Alpes!

Rappelons que Derek Gee s’était révélé aux yeux de beaucoup lors du Giro 2023, où il avait brillé de mille feux.

La suite sera intéressante; le Giro s’élance le 9 mai prochain de l’Albanie.

5 – Bernard Hinault.

Autant je respecte le champion cycliste qu’il a été, autant je le trouve d’une arrogance et d’une suffisance insupportables en entrevue depuis quelques années. Ses dernières entrevues récentes à l’occasion du dévoilement du parcours des Mondiaux 2027 en Haute Savoie – la côte de Domancy! – sont pires encore! Ca manque de classe.

6 – Paul Seixas.

Comme plusieurs d’entre vous, je suis assez renversé des performances récentes du très jeune coureur pro Paul Seixas, un Français évoluant chez Decathlon-AG2R-La Mondiale.

18 ans seulement! 18 ans…

Sacré grimpeur, sacré rouleur, sacré coureur de cyclo-cross, il vient de terminer sur le podium de deux étapes du Tour des Alpes, avec juste avant une 2e place sur Paris-Camembert.

L’an dernier sacré champion du monde junior – junior – sur le chrono, champion de France en titre en cyclo-cross comme sur le chrono, vous voyez la pointure… Très précoce, il faudra suivre ses prochaines courses pro de près.

La France aurait-elle trouvée en Seixas le successeur de Bernard Hinault au palmarès du Tour?

7 – Printemps tardif.

Je ne sais pas en France, en Suisse, en Belgique et ailleurs, mais le printemps est tardif au Québec. Du coup, rouler dehors a parfois constitué, ces trois dernières semaines et encore ces derniers jours, un sacré défi dans le froid, le vent, et les routes sales de l’hiver. Faut une sacrée dose de motivation parfois pour partir enquiller 60 bornes dans ces conditions.

Vivement un temps (et un printemps) plus clément, bordel!

Je suis d’avis qu’il n’y a pas qu’en Belgique qu’on retrouve des flahutes.

Ils cherchent le paradis en Enfer

Troisième manche du match des Monuments du cyclisme ce dimanche sur Paris-Roubaix, 259 kilomètres d’enfer à parcourir entre Compiègne et le vélodrome de Roubaix.

Course si spéciale comportant 30 secteurs pavés, dont certains presque inhumains, et une arrivée qui se déroule sur une piste lisse comme une peau de bébé…

Même s’il y a 11 secteurs pavés avant, c’est vraiment dans le secteur de la légendaire Trouée d’Arenberg que la véritable course est lancée. Au menu pour ce secteur, 2,3km de « mauvais pavés » où les chutes et les crevaisons sont garanties. Souvent, seuls les équilibristes parviennent au bout sans aller à la faute.

Ça s’annonce cependant plutôt pluvieux dimanche, de quoi compliquer la course en rendant les pavés glissants. Aie.

Deux autres secteurs sont capitaux: Mons-en-Pévèle au km 211, et le Carrefour de l’Arbre, km 242, et dernière véritable chance pour faire la différence.

En cas d’arrivée au sprint, la stratégie peut être compliquée sur la piste de Roubaix où il faut savoir jouer du vent, du bon braquet, et du bon démarrage au bon moment. Après 258km de course à se faire secouer comme un cocotier, pas toujours évident de conserver la lucidité nécessaire à la conduite d’un sprint victorieux.

Bref, Paris-Roubaix, c’est toujours compliqué et il faut un peu de chance pour réussir, c’est clair.

Les favoris

Pour les favoris, simple comme bonjour dans le cyclisme moderne.

Tadej Pogacar en premier lieu, surpuissant, tous les autres sont des cadets, mais qui s’est quand même lancé un sacré défi sur cette première participation pour lui. Respect pour cela, il forge ses saisons « à la Merckx », présent sur Milan SanRemo en début de campagne comme en Lombardie en octobre.

Pogacar peut-il gagner dimanche? Bien sûr! Il a de belles bases en cyclo-cross, et possède la puissance requise. Il l’a d’ailleurs déjà montré lors d’un récent Tour de France, alors que l’étape du jour reprenait plusieurs secteurs pavés de Paris-Roubaix.

Quelle tactique adoptera-t-il sur sa première participation à l’Enfer du Nord? Partir de loin pour anticiper et rester à l’abri des chutes collectives? Attendre au dernier moment et produire un seul, gros effort?

Son équipe pourra l’épauler en tout cas, notamment avec les Nils Politt, Tim Wellens et Florian Vermeesch. Ce dernier a déjà terminé 2e de l’épreuve d’ailleurs (en 2020).

Espérons-le remis de son petit rhume, Mathieu Van Der Poel est l’autre épouvantail, et il dispose d’une bonne équipe à ses côtés.

Vainqueur sortant, MVDP avait roulé à 47,8 km/h de moyenne l’an dernier vers Roubaix. Hallucinant!

MVDP est probablement revanchard de dimanche dernier où il s’est fait larguer « à la régulière » par Tadej. On sait Mathieu orgueilleux, il saura se servir de son expérience dimanche dernier pour se motiver dimanche. Si c’est humide, il aura l’avantage sur les portions pavées.

À surveiller de très, très près, les Wout Van Aert, Fillipo Ganna, Stefan Kung, Jasper Stuyven et Mads Pedersen. Aucun d’eux n’a gagné à Roubaix à ce jour.

Pour battre les deux autres, il faudra peut-être anticiper dans le final, et espérer que Tadej et Mathieu se « neutraliseront » en duo sur la base de « à qui la chasse? ».

Sur les bases de dimanche dernier sur le Ronde, avantage Wout et Mads pour être devant avec les deux autres terreurs.

Tout le reste est de la chair à canon.

Pour les Canadiens au départ, espérons que Guillaume Boivin puisse le faire. Ennuyé récemment par des pépins santé, c’est encore la faute à pas de chance pour cette classique où il a brillé par le passé.

À la télé

Au Québec, c’est FloBikes. J’exècre.

Perso, mon bon plan, c’est le VPN puis France Télévision, pour bénéficier des commentaires d’Alexandre Pasteur, Laurent Jalabert, Marion Rousse et toute l’équipe, y compris sur motos embarquées.

Dans les cordes, l’industrie du vélo?

Colnago V4RS monté en Dura-Ace 12v, roues Partington R-Serie: 26,900$.

Kawasaki Ninja ZX-10R KRT Edition 2025: 21, 449$.

Je suppose que vous voyez où je veux en venir.

Pour moi, c’est clair, l’industrie du vélo a perdu tout sens des réalités et dans ce contexte, vivra une autre année très difficile du côté des ventes. Tant du côté du neuf, que de l’usager d’ailleurs.

L’industrie du vélo a été dopée depuis 10 ans par de nombreux facteurs: arrivée des freins à disque sur les vélos de route, qui a exigé de tous les amateurs – sauf moi! – de changer de cadre pour satisfaire aux besoins des disques, arrivée du gravel bike, arrivée du fat bike, et enfin pandémie de Covid-19 où, privés de la capacité de voyager, de nombreux consommateurs ont investi dans des biens de sports et loisirs en 2020 et 2021.

Durant toutes ces années, disons 2015 à 2021, les prix ont littéralement explosé notamment chez les grands fabricants présents en World Tour. Autrement dit, beaucoup sont passés à la caisse.

Ce n’est toutefois pas tout le monde qui peut acheter chaque année un vélo neuf oscillant entre 15 et 25,000$.

Et ce n’est pas tout le monde qui voudra acheter un vélo usager à 8,500$.

Du coup, l’industrie du vélo s’essouffle depuis deux ans, et les fabricants multiplient les coups d’éclat pour se maintenir, proposant aujourd’hui de « l’exclusif », du hors norme, pour encore et toujours tenter le cyclisme lamba d’investir dans un vélo certes à 20,000 euros, mais unique.

En gros, plus que jamais, on se doit de vendre du rêve, comme Ferrari ou Maserati le fait depuis des décennies.

Autrement dit, en achetant un Colnago Y1RS, vous n’achetez plus un vélo: vous achetez une identité. Celle du champion du monde, celle de l’exclusivité et de la distinction.

Le bel objet pour sortir du rang.

Le rôle des « influenceurs », ces mercenaires de la vente, sans foi ni loi, vantant aujourd’hui tel produit et le lendemain son concurrent pour seule considération qu’ils y retirent un bénéfice personnel, est dans ce contexte très important, car ils deviennent l’interface entre le produit et vous.

Seule carte à jouer qui reste à une industrie qui s’essouffle, je pense que cette stratégie fera son temps, et que les lendemains seront encore plus difficiles pour l’industrie du vélo.

Perso, ca fait longtemps que j’ai décroché, refusant de me soumettre aux marques « main stream » (on voit actuellement où ca mène…) et surtout, refusant de payer des prix que je juge totalement irréalistes et irresponsables. Ca ne vaut tout simplement pas le prix demandé. Je préfère m’abstenir.

Fort heureusement, il y a des fabricants qui gardent les pieds sur terre. Comme Cycles Marinoni par exemple, un fleuron du Québec qui continue de proposer des vélos haut de gamme à prix raisonnables et justes, loin des effets de mode passagère et de World Tour. Discret, mais c’est chez eux qu’on retrouve aujourd’hui l’authenticité (rare).

Loin des « 2% improvement » qu’on ne distingue plus d’une année à l’autre, loin des campagnes de marketing qui s’adressent à des béotiens du vélo, loin des marginal gains qui ne sont que poudre aux yeux.

Bref, il est temps pour nous consommateurs de prêter attention. De s’intéresser aux vraies affaires, pour cesser de se faire entuber par une industrie passée maître dans le marketing. On sous-estime le pouvoir de nos décisions lorsque vient le temps d’acheter.

Trump et ses tarifs

Le pire pour l’industrie du vélo est peut-être à venir en 2025: Trump et ses tarifs.

Déjà, pour certaines compagnies américaines présentes en WorldTour comme sur la Coupe du Monde de Mtb, l’inquiétude doit être grandissante, notamment devant la réaction anti-américaine d’une partie des consommateurs à l’extérieur des États-Unis.

La revanche des petits fabricants? Achetez local!

Avec des prix qui pourraient encore gonfler pour le main stream, qui pourra encore s’acheter un vélo (WorldTour) neuf au cours des prochains mois, compte tenu qu’il faut aussi assumer des hausses probables du paiement de l’hypothèque ou loyer, de la nourriture et d’autres besoins de base?

Toujours une affaire de globules

Devant les performances toujours plus ahurissantes de certains coureurs professionnels, il est légitime de se poser des questions.

Thomas Voeckler lui même se pose les mêmes!

Dans le registre, j’ai acquis l’intime conviction que rien n’a changé depuis les années 1990, soit il y a 40 ans: il s’agit toujours, et plus que jamais, d’une course aux globules.

La récente (2024) affaire au monoxyde de carbone nous confirme en effet que dans le cyclisme professionnel, la clef, c’est d’oxygéner son sang: plus d’oxygène transporté aux muscles, c’est plus d’efficacité sur la durée, moins de toxines, moins d’acide lactique, un rendement optimisé sur le long terme.

Du coup, on continue de chercher tous les moyens possibles et imaginables pour mieux oxygéner l’organisme.

Le monoxyde de carbone, c’était pour reproduire n’importe où les effets d’un entrainement en altitude. Le principe, simple: en inhalant du monoxyde de carbone (très dangereux par ailleurs, donc sous supervision technique et médicale que seules les équipes les plus riches peuvent s’offrir), on force l’organisme à secréter de l’EPO, donc plus de globules rouges.

Moins cher qu’un séjour de six semaines à Tenerife…

Pour d’autres, comme Wout Van Aert récemment, on n’y coupe pas: Tenerife demeure un incontournable. Ou Livigno. Ou Val d’Isère.

Par tous les moyens, il faut augmenter le transport de l’oxygène. On n’y coupe pas.

À cela, ajoutez peut-être le dopage de l’hémoglobine et vous avez un cocktail surpuissant.

Je lis, je m’informe, je tente de comprendre, et j’en suis là. Le constat d’abord que la chasse aux globules est plus que jamais le nerf de la guerre dans le cyclisme, mais aussi le constat que la lutte contre le dopage dans ce sport s’est éteinte, notamment faute d’argent. Circulez, y’a rien à voir.

Même dans les médias, on n’a plus les moyens d’un journalisme d’enquête qui, par définition, coûte cher. Les sponsors sont plus friands d’articles médias courts, trois paragraphes maxi, vendant les exploits des champions cyclistes d’aujourd’hui.

Que voulez-vous, aujourd’hui, il faut vendre Zwift, Woosh, Enve ou encore Richard Mille. Quitte à désinformer: ca serait les progrès de la nutrition. En gros, avalez 2x plus de glucides qu’avant et vous atomiserez tous vos records… Dois-je rappeler que Lance Armstrong pesait tous ses steaks, et que des cuisiniers dans les équipes cyclistes, ca ne date pas d’hier?

Ce qui me sidère le plus dans le monde d’aujourd’hui, c’est l’efficacité des spins doctors pour faire avaler des couleuvres de désinformation au grand public.

Qui en redemande, aveuglément.

Ronde: cartouches à profusion!

Une fois de plus surpuissant, Tadej Pogacar a dominé de la tête et des jambes tous ses adversaires hier sur le Tour des Flandres pour aller chercher son 2e titre sur cette grande classique.

Son 8e monument en carrière. Eddy Merckx en a 19, dont 7 Milan SanRemo, quelque chose d’impensable dans le cyclisme moderne.

Ce qui m’a surpris le plus hier, c’est le nombre de cartouches que Pogi aura tiré dans les 55 derniers kilomètres: c’est pas compliqué, il a attaqué dans tous les monts!! Fort, vous dites?

Résistant un moment, Mathieu Van Der Poel a lui aussi cédé, mais deux éléments auront joué contre lui: un refroidissement contracté sur le GP E3 et l’ayant diminué ces derniers jours, ainsi qu’une chute plus tôt sur le Ronde. À ce niveau de compétition, ca ne pardonne probablement pas.

J’ai surtout aimé un Wout Van Aert très volontaire dans le final, malgré ses limites évidentes. Au rupteur dans toutes les bosses, il s’est battu chaque fois pour revenir, ne lâchant rien. Il aurait juste pu « utiliser » un peu plus ses coéquipiers par moment, mais bon.

Les deux Lidl-Trek étaient aussi limite dans les derniers kilomètres et manifestement, on a misé sur la pointe de vitesse de Mads Pedersen pour assurer une place sur le podium derrière l’extra-terrestre. Il n’y avait rien de mieux à faire.

Ganna 8e après un excellent Milan SanRemo, le dragster italien sera sur son terrain dimanche prochain vers Roubaix, attention à lui. Mention très bien également à Stefan Kung, qui lui aussi sera un coureur à surveiller dimanche prochain sur l’Enfer du Nord.

Pogi, le pari

La question de l’heure, c’est évidemment de savoir si Pogacar pourra remporter Paris-Roubaix et devenir le 12e coureur à faire le doublé Ronde-Enfer, le dernier doublé en date remontant à… l’an dernier avec Mathieu.

D’un poids plus léger, avec peu d’expérience sur les pavés, on pourrait penser que Pogi souffrira dans les roues des flahutes de gabarit, comme VDP, Van Aert, Kung, Ganna ou Pedersen.

Je crois qu’il n’en est rien.

Pogacar est sur-puissant, et il possède une certaine expérience en cyclo-cross. Habile sur un vélo, capable de choisir les bonnes trajectoires, je ne vois pas pourquoi il ne pourrait pas s’imposer sur le vélodrome de Roubaix, seul de préférence. Il pourra également compter sur le soutien de son excellente équipe, Nils Politt en tête.

Quoi qu’il en soit, ca sera intéressant le week-end prochain avec ce match revanche entre VDP, Van Aert, Pedersen, Pogi et Ganna. Ils sont actuellement les meilleurs coureurs du monde.

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