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Mois : avril 2021 Page 1 of 2

Tour de Romandie: une opportunité à saisir pour Woods

La 74e édition du Tour de Romandie s’élance aujourd’hui par un prologue de quatre petits kilomètres du côté d’Oron (à ne pas confondre avec Auron dans les Alpes françaises!), avec dans ses derniers 800m une belle rampe qui corsera l’affaire. Maximum effort!

J’ai toujours adoré le Tour de Romandie, que j’allais voir lors de ma vie genevoise. Une très belle région pour la pratique du cyclisme, entre mer (le lac Leman) et montagnes. Je salue au passage mes amis les Gessiens, et leur désormais traditionnelle sortie autour du lac!

Le Tour de Romandie, c’était aussi à cette période une voix unique, celle de Bertrand Duboux, qui était à cette course ce que Daniel Mangeas était au Tour de France. Je m’ennuie de son franc parlé, de ses connaissances du sport cyclisme, de son engagement aussi comme journaliste tout sauf « main stream ». Aujourd’hui, tout le monde il est gentil, tout le monde il est beau. La critique, ce n’est plus permis, sinon t’es viré.

Anyway, cette semaine, on aura six étapes à se mettre sous la dent, soit le court mais difficile prologue aujourd’hui, quatre étapes en ligne et le dernier chrono de Fribourg sur 16 kilomètres dimanche prochain. Un chrono également particulier, avec dès son départ une courte descente sur le premier kilomètre, puis une bosse pavée de 700m abordée au km 1,8. Dure entrée en la matière!

C’est un difficile Tour de Romandie. Plus de 14,000m de dénivelé en six jours.

Dès la 1e étape, on aura un circuit exigeant à faire quatre fois autour de Martigny, avec deux grosses bosses. Un écrémage à petit feu.

La 2e étape, sur 165 bornes, sera très casse-pattes. Il faudra être vigilant toute la journée si tu es parmi ceux qui visent la victoire au général. Usant.

Idem sur la 3e étape autour d’Estavayer.

L’étape reine sera samedi prochain, à ne pas louper: Sion-Thyon, avec l’arrivée en altitude à la station de ski valaisanne (les Français ont les Trois Vallées, les Suisses ont les Quatre Vallées…!). De quoi faire de gros écarts.

Les favoris

Sur le papier, y’a pas photo: un seul grand favori… Mike Woods!

Le coureur canadien vient de terminer 5e de La Doyenne, en faisant tout péter dans la Roche aux Faucons. Pas de doute, il est en grande condition, possède un gros capital confiance en ce moment et une victoire en Romandie serait un grand résultat.

Mike débarque avec une belle équipe chez Israel Start-Up Nation: Chris Froome d’abord, qui semble être un peu mieux récemment, même vu en échappée lors de la dernière étape du Tour des Alpes il y a 10 jours.

Froome pourrait-il être l’artisan de la victoire de Woods? À suivre.

Alex Dowsett, Patrick Bevin, Guillaume Boivin pourront aussi être utile à Mike sur plusieurs étapes. Israel Start-Up Nation a une grosse semaine de travail devant elle.

L’opposition viendra d’abord et avant tout de l’équipe Ineos qui aligne Richie Porte et Geraint Thomas sur l’épreuve suisse. Tous deux ont terminé 2e et 3e du Tour de Catalogne plus tôt en avril, et ils voudront se tester. Ils sont épaulés par les Rohan Dennis, Filippo Ganna et Andrey Amador, entre autre, de quoi faire des dégâts. De gros dégâts.

Autres coureurs à surveiller, certainement Marc Hirschi chez UAE, Alexei Lutsenko chez Astana ainsi que les grimpeurs Jumbo-Visma Sepp Kuss et Steven Kruijswijk.

Sinon, pas beaucoup d’autres rivaux pour Mike Woods et le général selon moi. On en sait très peu de la condition actuelle des Rigoberto Uran, Sergio Henao, Miguel Angel Lopez, Kenny Elissonde, ou encore Marc Soler et Tejay Van Garderen.

Des surprises ne sont pas à exclure, le cyclisme moderne étant plus difficile à déchiffrer qu’avant.

Peter Sagan, quant à lui, est au départ pour préparer son Giro: il est là pour suer sa vie, et bruler du gras.

Un Canadien en Romandie? Why not! L’histoire montre que la région a souvent réussi à des ressortissants canadiens (je vous laisse deviner à qui je pense, en le saluant au passage). Mike peut y croire, et pourrait signer là une très belle victoire propre à assoir son autorité au sein du peloton pro.

LBL: Pogacar au métier

Ils étaient cinq.

Cinq coureurs tous avec des raisons précises d’y être, dans ce final de Liège-Bastogne-Liège.

Dossard 41 le jour de son 41e anniversaire de naissance, Alejandro Valverde voulait écrire une ligne de plus à son histoire et à l’histoire du cyclisme en rejoignant Eddy Merckx comme quintuple vainqueur de La Doyenne.

Julian Alaphilippe voulait effacer la gêne de 2020 où il avait perdu la course au sprint face à Primoz Roglic en levant les bras trop tôt avant la ligne.

Tadej Pogacar voulait quant à lui simplement montrer qu’il n’était pas venu sur les Ardennaises pour y faire de la figuration, frustré de son éviction de la Flèche Wallonne mercredi dernier sur un test faux-positif de Covid-19 au sein de son équipe.

David Gaudu voulait quant à lui en décrocher une belle et redonner le sourire à la Groupama-FDJ éprouvée par un leader Thibault Pinot qui va de mal en pis. Et pourquoi pas franchir un statut à la Groupama-FDJ, question de prouver que lui aussi peut être un vrai grand leader.

Et enfin Mike Woods, 2e en 2018 sur l’épreuve, qui voulait enfin – enfin – en décrocher une belle pour laisser sa marque dans le cyclisme, et rejoindre Steve Bauer et Ryder Hesjedal au panthéon du vélo canadien.

Inutile de vous dire qu’une fois partis, on n’allait pas revoir ces cinq là.

Une sélection opérée de brillante façon par Mike Woods sur le haut de la Roche aux Faucons, une attaque parfaite, au bon moment, bien dosée, et qui a fait mal à plusieurs favoris, les Ineos en premier lieu mais aussi Primoz Roglic.

Juste avant, Davide Formolo chez UAE Team Emirates avait produit un gros relais pour aller chercher Carapaz, montrant que l’équipe en force sur ce LBL n’était peut-être pas Ineos mais bien UAE!

Carapaz, c’était évident que c’était un feu de paille, juste trop fort son intensité, et de trop loin. Mention très bien toutefois à son coéquipier Tao Geoghegan, qui a provoqué la première grosse sélection dans La Redoute.

En gros hier, c’est Mike Woods qui a tout fait péter en haut de la Roche aux Faucons, et ça, ça nous a vraiment électrisé. Thanks Mike for making every Canadian cycling fan out there proud! I’ll make sure to be on your wheel on your next attack going up Pink Lake…

Malheureusement par après pour Woods, restaient 10 bornes roulantes.

La collaboration a été excellente entre les 5 coureurs, qui ont tous fait une vraie belle course. Ça s’est joué à la pédale. Et après 255 bornes, la pédale, ben c’est pas simple.

Si on veut chipoter un peu, on pourra dire que Mike Woods en a fait beaucoup sur ces 10 derniers kilomètres, davantage par exemple que ce vieux briscard de Valverde.

Perso, si j’avais été à la place de Mike, après avoir initié le move, je n’aurais plus bougé devant le plateau autour de moi: Valverde 4 fois vainqueur, Alaf champion du monde, et Pogacar vainqueur en titre du Tour. Vous me demandez un relais les boys? Yeah, right, je n’ai pas le tiers de la moitié de votre palmarès, alors sur ce coup-là, c’est à vous de voir si vous voulez que ça revienne derrière mais moi, je reste planqué dans vos roues. J’ai déjà donné d’ailleurs. On se revoit au sprint.

Mike est beaucoup passé en tête, très bien, mais ça lui a surement coûté de la fraicheur dans le sprint, notamment sa relance avec 1,4 kilomètre à faire, où il a manifestement tenté de surprendre son monde. Il est 5e sur la ligne.

Valverde a cru bon de nous refaire le coup des Mondiaux 2018 en menant le sprint en tête; ce n’est pas passé cette fois-ci. Mike était dans sa roue, peut-être pas le meilleur choix mais à ce moment-là, les choix ne sont pas simples.

Pogacar a choisi la roue d’Alaf, bien vu. Il le remonte dans les derniers 25 mètres, en puissance, rien à dire. Propre. Le plus fort a gagné, point barre. Pour preuve, aux 200 mètres, Pogacar était 5e!

La surprise est venue de David Gaudu, 3e. Sous la flamme rouge, je le plaçais 5e et dernier du groupe.

Bref, très belle épreuve, passionnante à partir de La Redoute. Je suis déçu pour Mike Woods, qui a fait une belle course, qui était probablement le 2e plus fort avec Pogacar, et qui a simplement été battu par plus fort que lui. Valverde demeure sa bête noire.

Alaphilippe mouché une 2e année de suite au sprint, et par un coureur slovène, c’est peut-être lui qui a le plus de regrets aujourd’hui, même si beau joueur en entrevue d’après-course, il semblait déjà très satisfait de son podium et de sa semaine dans les Ardennes. Effectivement, en cyclisme, tu ne peux pas toutes les gagner. À moins de t’appeler Eddy Merckx bien sûr.

Insulte suprême pour le couac Ineos sur LBL, Carapaz est disqualifié pour avoir pratiqué la position « supertuck ». Je me suis fait la réflexion en direct devant mon écran! On peut être pour ou contre cette mesure, mais force est de reconnaître que l’UCI a de la suite dans les idées. Aucun doute pour moi que Carapaz était fautif ; du coup, le premier Ineos à l’arrivée, Kwiatkowski, est 11e, en dehors du top-10!

Notre intérêt se tourne désormais vers le magnifique Tour de Romandie, ultime épreuve de prépa en vue du Giro qui est à nos portes. Thibault Pinot a déjà annoncé son forfait pour ce Giro, sans annoncer la suite de son programme. Mais c’est une autre histoire. Nous y reviendrons.

Un Doyen sur La Doyenne

Le doyen du peloton WorldTour, Alejandro Valverde, aura 41 ans dimanche, le jour de Liège-Bastogne-Liège. Une victoire serait un beau cadeau d’anniversaire… et en gagnant, il rejoindrait dans l’histoire du cyclisme Eddy Merckx, qui trône comme d’hab seul au firmament avec ses cinq victoires sur l’épreuve.

C’est vous dire à quel point « Alejet » (ou « Bala » , comme vous voulez) et toute son équipe Movistar seront motivés dimanche!

107e édition de La Doyenne donc, une course de 259 kilomètres dans les Ardennes belges. Un grand Monument du cyclisme, au palmarès élogieux, constitué que de champions cyclistes établis, car on ne gagne pas facilement cette course qui requiert à la fois une grande endurance, de la résistance dans l’effort lors des (longues) ascensions, et également de la puissance pour encaisser les rampes les plus pendues.

Bref, seul un coureur très complet peut s’imposer à Liège.

L’essentiel des difficultés sont concentrées dans les 100 derniers kilomètres. La traversée du village de Vielsalm marque vraiment l’entrée dans la phase importante, avec juste derrière la Côte de Mont-le-Soie. S’enchaine alors une succession ininterrompue de grosses bosses, désormais célèbres dans le cyclisme: Wanne, Stockeu, Haute Levée, Rosier, La Redoute, Forges, Roche aux Faucons.

Restera plus ensuite qu’environ 10km très roulants pour rallier l’arrivée (voir ci-bas), sur le Quai des ardennes. Une ultime chance pour certains coureurs de boucher un trou et de revenir sur l’avant de la course. Attention au sprint, qui pourrait se dérouler à haute vitesse.

Nouveauté cette année, la côte de Desnié, située entre la côte de Rosier et La Redoute. Une nouvelle rampe assez musclée au km 211, soit 1,6 kilomètre à 8,1% de moyenne, avec un passage à près de 10%. De quoi réduire la récupération entre Rosier et La Redoute ; Desnié durcira donc la course ça c’est certain, l’enchainement sera infernal.

La météo sera bonne ce dimanche dans les Ardennes, avec du soleil et une température de 14 degrés environ, sans trop de vent.

Les favoris

Commençons d’abord par parler du Canadien Mike Woods, qui n’est peut-être pas parmi les deux-trois archi-favoris, mais qui est l’un des premiers outsiders et qui peut aspirer de s’imposer, aucun doute là-dessus.

Si Mike doit en claquer une belle dans sa carrière, c’est dimanche que ca doit arriver.

Il est en forme, il est aussi revanchard suite à son ascension manquée du Mur de Huy mercredi ou il a été gêné par plusieurs coureurs dont Valverde. Il avait sans nul doute un podium dans les jambes (il termine 4e, de quoi se rassurer et se donner confiance). Son équipe devra prendre soin de lui le plus longtemps possible, afin de le déposer idéalement assez frais au pied de La Redoute, souvent un juge de paix important de l’épreuve.

Mike devra ensuite être intelligent: marquer à la culotte les archi-favoris, mais aussi doser ses efforts: si un client comme Pogacar s’en va seul et que la Deceuninck, les Ineos ou les Jumbo ont encore des forces en présence autour, tu laisses évidemment pisser, car ces équipes ramèneront.

Et Mike devra se défaire de sa bête noire, Bala bien évidemment. Ca fait une paire de courses que le champion espagnol lui soutire sous le nez, dont les Mondiaux 2018. Mike est dû pour une belle revanche!

Sinon, on a quelques épouvantails pour dimanche.

Le champion du monde Alaf Polak bien sûr, avec une équipe Deceuninck très bien outillée pour animer la course. Joao Almeida sera de la partie, c’est intéressant. Et Mauri Vansevenant sera sur un terrain idéal pour lui. Alaf en ayant claqué une belle, je suis certain qu’il serait content qu’un coéquipier réussisse en réalisant un joli coup (il avait été très ému de la victoire d’Asgreen sur le Ronde). Des fois, l’épouvantail peut servir la cause de son équipe autrement qu’en étant devant!

Le numéro un mondial Primoz Roglic aura la pancarte dans le dos bien évidemment, et il est le vainqueur sortant. Je pense qu’il voudra se racheter de sa 2e place mercredi dernier. Chez Jumbo, c’est tout pour Primoz! La coupure commence dimanche soir, je suis sûr qu’il voudra conclure cette première partie de sa saison avec un grand résultat.

Les Ineos ensuite, qui ont deux cartes à jouer: Pidcock et Carapaz. Ils sont bien entourés. Je miserais plus sur Carapaz que Pidcock.

Deux autres coureurs sont les archi-favoris: Valverde bien sûr, et Tadej Pogacar. Privé de Flèche Wallonne mercredi pour un test Covid faux-positif dans l’équipe, Pogacar et ses coéquipiers dont Marc Hirschi ont fait l’intégralité du parcours de La Doyenne à l’entrainement pour remplacer. Je suis certain que Tadej aura été frustré de ne pouvoir courir cette semaine, et aura le couteau entre les dents dimanche. Et avec lui comme avec Mathieu, ce qui est bien c’est qu’il n’a pas peur d’attaquer de loin.

On a beaucoup d’autres coureurs « outsiders ».

Chez Lotto-Soudal, on est passé à travers de la saison des Classiques et pour une équipe belge, ca fait grand désordre. Tim Wellens est leur meilleure carte et je pense qu’ils voudront se montrer dimanche, ils sont à domicile après tout.

Les Français Warren Barguil, David Gaudu et Guillaume Martin peuvent tous rêver d’une place dans les 5, et je met un petit bémol pour Benoit Cosnefroy malheureusement, après un début de saison compliqué.

N’oublions pas non plus les Maximilian Schachmann, que je vois très bien dimanche, Marc Hirschi qui pourra brouiller les pistes pour Pogacar, Bauke Mollema en net regain, Esteban Chaves et Michael Matthews chez BikeExchange (ce dernier a gagné à Montréal et Québec, il passe bien les bosses et au sprint en petit comité il sera un sacré client), sans oublier Alex Aranburu et Jakob Fuglsang (vainqueur en 2019) chez Astana.

Outre Mike Woods, deux autres coureurs canadiens au départ, les Québécois Hugo Houle et Guillaume Boivin. Chacun d’eux sont au service de leur leader.

Bref, une course très ouverte, beaucoup de gros clients pour disputer la victoire, ca sera vraiment passionnant tant ils sont nombreux à pouvoir y croire. Espérons surtout une course avec sélection par l’avant, et non pas une course d’attente.

Et je vous rassure tous, on ne peut pas partir trop tôt sur LBL!

The Wolfpack sur la Flèche

Toujours intéressant ces vidéos « de l’intérieur ».

Comment gagner la Flèche Wallonne?

Débat passionnant hier sur ces pages à propos de la Flèche Wallonne: je vous en remercie.

Tant qu’à être dans le technique et le super-pointu, allons-y franchement!

La question: comment gagner la Flèche Wallonne?

Pour plusieurs d’entre vous, j’ai exagéré en écrivant que Roglic avait commis une erreur « impardonnable » en partant trop tôt dans le Mur de Huy.

Ben je persiste et signe!

Un examen plus attentif montre que la Flèche Wallonne est une course très spéciale, unique même.

Prenez d’abord son palmarès depuis que l’épreuve se termine en haut du Mur, soit depuis 1985.

On a des vainqueurs en série: Claude Criquielion, 1985 et 1985. Moreno Argentin, 1990, 1991 et 1994. Laurent Jalabert, 1995 et 1997. Davide Rebellin, 2004, 2007 et 2009. Alejandro Valverde, 2006, 2014, 2015, 2016 et 2017. Julian Alaphilippe, 2018, 2019 et 2021.

Aucune autre grande classique n’offre ces séries de vainqueurs uniques. Aucune. On a donc affaire à une course très spécifique, qui couronne des coureurs aux qualités singulières. Pas d’improvisation. Pas de hasard. La Flèche Wallonne comporte moins d’aléatoire, moins d’incertitude que les autres grandes Classiques, et notamment les cinq Monuments.

Autrement dit, sur la Flèche, ce sont toujours les jambes qui parlent, et le rapport poids-puissance d’un puncheur émérite, capable de mobiliser une énergie folle sur 45-60 secondes. Dans la catégorie, ils sont très peu nombreux.

Secondo, payez-vous les images des 10 dernières éditions. Je l’ai fait. En voici la synthèse:

2021: Alaphilippe augmente son rythme (progressivement) aux 280m, pas le choix pour boucher l’écart créé par Roglic. Il augmente son rythme (sa cadence) dans les 70 derniers mètres pour déposer le Slovène.

2020: Hirschi démarre aux 75m, déposant un Mike Woods parti trop tôt, aux 200m.

2019: Alaphilippe démarre aux 120m pour déposer Fuglsang, à l’effort depuis le pied de l’ascension!

2018: Alaphilippe démarre aux 120m pour déposer Jelle Vanendert.

2017: Valverde démarre à 160m de la ligne et dépose David Gaudu.

2016: Valverde démarre aux 120m et contrôle aisément Rodriguez et Alaphilippe.

2015: Valverde démarre tard, aux 100m, pour déposer Alaphilippe et Albasini.

2014: Valverde démarre aux 140m et dépose Kwiatkowski et Dan Martin aisément.

2013: Daniel Moreno accélère aux 150m et s’offre le scalp de Philippe Gilbert, alors champion du monde, et parti… trop tôt!

2012: Joaquim Rodriguez part de très loin pour s’imposer au sommet du Mur de Huy.

2006: pour sa première victoire, Alejandro Valverde démarre aux 100m et dépose Samuel Sanchez, Karsten Kroon et Andy Schleck.

Bref, les faits sont clairs: personne ne s’est imposé au sommet du Mur de Huy ces 10 dernières années en partant au delà des 300m, sauf Joaquim Rodriguez en 2012. Personne.

On parle davantage de vainqueurs qui ont placé leur démarrage aux 120-150m, guère plus.

Ce n’est donc pas compliqué sur le Mur: tu attends au minimum les 150 derniers mètres pour porter ta réelle accélération, et les jambes font le reste, pour preuve le palmarès de cette épreuve si spécifique.

Avant les 150 derniers mètres, tu lisses le plus possible l’effort.

Au niveau World Tour, seule la victoire compte. Primoz Roglic le sait. En partant aux 375m mercredi, il n’avait aucune chance de succès compte tenu de la qualité des coureurs qui l’entouraient à ce moment, en particulier Alaphilippe, Woods et Valverde. L’un d’eux allait la jouer plus fine, ce fut Alaphilippe, qui est allé à la bonne école d’Alejet au début de sa carrière. Et qui a donc appris, dans la défaite, à partir au bon moment.

Je persiste et signe: Roglic a commis une erreur de cadet.

En plus, il ne lisse pas son effort. Pour preuve, il créé tout de suite le trou sur son accélération initiale, preuve qu’il a eu un pic important de puissance, qu’il n’a évidemment pas pu maintenir très longtemps.

Fait important, Primoz Roglic disputait cette semaine sa… première Flèche Wallonne. Son premier Mur de Huy en course, arrivée en haut. Voilà qui rend la victoire d’Hirschi l’an dernier encore plus impressionnante puisqu’il en était à sa… première participation.

Alaphilippe, hier, en était à sa… 5e participation.

Alaf n’a jamais terminé l’épreuve au delà de la 2e place. Deux victoires avant mercredi.

Son expérience a manifestement fait la différence: il ne s’affole pas derrière Roglic, hausse simplement d’une coche son rythme, le maintient sur la durée pour revenir sur le Slovène (sur le même braquet!) puis, aux 70m, hausse simplement sa cadence de pédalage pour faire la différence.

Roglic, asphyxié, ne peut hausser son jeu, même si, je vous l’accorde, il ne s’effondre pas.

Le métier et l’expérience ont triomphé, aucun doute là-dessus. Roglic est parti bien trop tôt. Si son impulsion avait été faite aux 200m, pas sûr que Alaphilippe, juste depuis le début de la saison, aurait trouvé assez de bitume sous ses roues pour revenir.

La Doyenne, dimanche

Présentation de l’épreuve et de ses favoris demain sur ces pages. Beaucoup d’enjeux intéressants, de motivations diverses, qu’on vous présentera. Ca sera une course palpitante, wide open, avec quelques grands favoris, et notamment Mike Woods, qui peut y croire.

Nous vivons une ère des Classiques passionnante!

Flèche Wallonne: deux champions du monde au sommet

Deux champions du monde sur route se sont imposés hier au sommet du Mur de Huy sur la Flèche Wallonne: Julian Alaphilippe et Anna van der Breggen.

Pour Alaf, il s’agit de sa 3e victoire sur l’épreuve ; pour van der Breggen, sa… 7e consécutive, excusez-un-peu. Le vrai roi de Huy est en fait une reine!

Pour Alaphilippe, il s’agit d’une victoire qui fait certainement beaucoup de bien, sa campagne de Classique n’ayant pas produit, jusqu’ici, des résultats concrets hormis sa 2e place sur les Strade Bianche. Il en tient enfin une belle, maillot de champion du monde sur le dos pour la manière. Du coup, le voilà logiquement propulsé comme favori #1 de Liège-Bastogne-Liège dimanche prochain, même si la musique sera différente sur ce Monument, notamment parce que c’est beaucoup plus long. La Doyenne est assurément un objectif important pour lui.

Sacré puncheur, ce Alaf (mais ca, on le savait déjà). 1m73, 62 kilos (pareil que moi!), le gabarit parfait pour ces accélérations sèches sur 30-45 secondes. Son temps d’ascension sur le Mur de Huy serait le plus rapide de l’histoire hier.

Sinon, une course fidèle au scénario le plus classique qui soit: échappée matinale, arrivée groupée au pied du Mur où les équipes ont bien positionné leurs leaders, puis les jambes et la tactique qui ont parlé. C’est juste dommage que les UAE Team Emirates aient été interdits de départ suite à un cas positif de Covid-19, test qui s’est révélé être un faux-positif par la suite; il manquait Pogacar dans ce Mur!

Tactique justement, c’est Primoz Roglic qui doit s’en vouloir le plus: il est tout simplement parti trop tôt, façon Mike Woods un an plus tôt. Il coince à 100m de la ligne. Dommage, car il était très fort. Erreur classique… et impardonnable à ce niveau selon moi. On n’est pas chez les cadets!

J’aurais pu titrer « Alaphilippe au métier » tant sa réponse au démarrage de Roglic a été intelligente: sans s’affoler ni se mettre dans le rouge, il hausse son rythme progressivement, et ramène le coureur slovène petit-à-petit, plein de maitrise et d’expérience, sur le bon braquet. Manifestement, une action lucide sur le Mur. Bravo, impressionnant. Et respect.

Derrière, extraordinaire 3e place d’Alejandro Valverde, 41 ans, qui ne peut pas nourrir de regrets: il a donné tout ce qu’il pouvait sur ce Mur, et n’a commis à mon sens aucune erreur. Il devance sur la ligne les Mike Woods (4e), Warren Barguil (5e), Thomas Pidcock (6e), David Gaudu (7e), Esteban Chaves (8e), Richard Carapaz (9e) et Maximilian Schachmann (10e). Que du beau monde!!!

Les regrets, ils sont plutôt à placer du côté des Ineos, qui n’ont pas démérité (deux coureurs dans les 10 premiers) mais qui passent loin d’un grand résultat. L’inexpérience de Pidcock? Tombé dans le final, il avait peut-être laissé trop d’énergie pour revenir dans le paquet.

Petite déception probable aussi du côté de Benoit Cosnefroy et les AG2R – Citroen, qui avaient roulé dans le final pour préparer le terrain pour le coureur français. « Physiquement, c’est pas passé » a-t-il déclaré à l’arrivée, lui qui était blessé en début de saison. Sur le coup, à voir l’équipe rouler, je pensais qu’il était dans un grand jour. Ben non.

La Flèche et la violence du dernier effort ne pardonnent jamais.

La suite sur la Doyenne

Déjà la dernière grande Classique de ce printemps dimanche, Liège-Bastogne-Liège. Je pense que la course sera très ouverte, beaucoup de coureurs sont en forme et peuvent aspirer à un grand résultat, Mike Woods en premier lieu pour le Canada (rappelons qu’il a terminé 2e de la course en 2018).

Quelques équipes font figure d’épouvantails, notamment Deceuninck, Ineos, Jumbo-Visma et UAE, avec derrière un gros paquet d’outsiders prêts à surprendre à la moindre opportunité. Ca sera très intéressant.

Flèche Wallonne: qui pour battre Pidcock?

85e édition de la Flèche Wallonne aujourd’hui en Belgique francophone, entre Charleroi et Huy, sur 194 kilomètres.

Une course de côte. En gros, il ne faudra pas manquer les derniers 10min de la course. La dernière échappée à avoir réussi au sommet du Mur de Huy remonte au… début des années 2000!

On annonce relativement frais et venteux demain du côté de Charleroi, avec averses possibles. Si elles surviennent, ça pourrait rendre la course plus dangereuse bien évidemment.

Comme d’hab, trois ascensions du fameux Mur de Huy, le juge de paix de l’épreuve. L’arrivée est au sommet de la troisième. Une rampe de 1,3 kilomètres avec, à l’intérieur de certains virages, une pente à plus de 20%.

Sur cette course, tout est une question de timing: votre succès dépend de l’endroit où vous porterez l’estocade dans le Mur. Vous partez trop tôt, vous explosez 100m avant la ligne d’arrivée. C’est arrivé l’an dernier à un excellent Mike Woods, auteur du seul podium canadien sur l’épreuve à ce jour (3e).

Vous partez trop tard, vous ne pouvez plus rattraper ceux qui auraient démarré avant vous.

Dans tous les cas, vous devez arriver placé au pied du Mur, c’est à dire dans les 10-15 premiers maxi. Le travail d’équipe est donc primordial pour ramener les échappées qui resteraient devant, et pour déposer le leader dans les premières places du paquet au pied du Mur pour la dernière ascension.

Les favoris

L’homme à battre, c’est Thomas Pidcock. Il est en grande forme actuellement et le Mur de Huy correspond parfaitement à ses qualités physiques. Son rapport poids-puissance devrait lui être très avantageux sur cette rampe.

Il débarque avec une équipe Ineos très puissante, capable de bien contrôler la course. Dans ce contexte, ca serait surprenant qu’une échappée aille au bout, les Ineos voudront s’assurer que Pidcock sera en position de gagner au pied du Mur. Avec les Carapaz, Kwiatkowski, Geoghegan, Rowe et A. Yates, il y a de quoi assurer même sur la première moitié de l’ascension!

Pidcock aura essentiellement trois adversaires directs: le numéro un mondial Primoz Roglic, lui aussi explosif sur une ascension sèche, Julian Alaphilippe, deux fois vainqueur de l’épreuve, ainsi que Tadej Pogacar, capable d’être très puissant lui aussi comme en atteste ses victoires en 2020 et 2021 lors d’arrivées au sommet.

Chacun d’eux débarque avec une belle équipe, capable de bien contrôler la course.

Je ne serais toutefois pas surpris que la Deceuninck essaie de foutre le bordel plus tôt dans le final, s’appuyant sur l’excellent Mauri Vansevenant voire Dries Devenyns. Un leader (Alaphilippe) peut en cacher un autre!

Derrière, plusieurs autres coureurs peuvent tirer leur épingle du jeu.

M. Flèche Wallonne en personne, Alejandro Valverde, déjà cinq victoires à son actif, la première acquise en… 2006 il y a 15 ans – 15 ans! – sera au départ, et en bonne condition. Si je pense qu’il n’est plus le coureur explosif qu’il a déjà été, une place sur le podium est jouable dans son cas s’il se sent bien.

Le vainqueur sortant Marc Hirschi débarque aussi, et avec Pogacar sous le même maillot que lui, ils animeront certainement le final. Je ne vois cependant pas Hirschi rivaliser « à la pédale » avec Pidcock dans la dernière ascension du Mur, si on en arrive à ça.

Troisième l’an dernier, Mike Woods sera le leader pour Israel Start-Up Nation. Sa condition est-elle suffisante? Sincèrement, je ne le crois pas, pas pour la victoire. Et une belle place dépendra, dans son cas, de sa capacité de bien se placer au pied du Mur, souvent une lacune chez Mike. Il est vrai qu’il ne dispose pas tout à fait, dans le peloton pro, du capital résultat pour se positionner facilement.

Plusieurs coureurs français seront à surveiller, outre Alaphilippe: je pense à Benoit Cosnefroy qui progresse sur ce genre d’effort court, à Warren Barguil, à Guillaume Martin ainsi qu’à David Gaudu bien évidemment (je m’attends à un grand résultat de sa part aujourd’hui).

Miximilian Schachmann est en grande condition chez Bora. Chez Astana, Fuglsang ou Lutsenko seront certainement les leaders, mais je ne les vois pas dans les cinq premiers. Esteban Chaves saura-t-il se placer au pied de Huy pour Team BikeExchange?

Outre Woods, trois autres coureurs canadiens au départ: ses équipiers Piccoli et Boivin, ainsi qu’Hugo Houle chez Astana, tous dans un rôle de soutien.

Quel avenir pour la Flèche?

De plus en plus de voix s’élèvent pour décrier une Classique réduite, depuis 20 ans, à une simple course de côte d’une durée de 3 minutes.

Le cyclisme moderne avec le nivellement du niveau, les oreillettes, et les enjeux colossaux a considérablement modifié la capacité de certains parcours à offrir une course excitante.

Dans ce contexte, quel avenir pour la Flèche Wallonne? Doit-on conserver la même formule « traditionnelle » avec une arrivée en haut du Mur de Huy, comme c’est le cas depuis 1985? Devrait-on plutôt modifier le final pour le rendre plus excitant? Comment?

Perso, je pense que le cyclisme a avantage à se moderniser. Le Mur bloque la course. L’ajout d’un circuit final avec quelques côtes, aujourd’hui les cotes d’Ereffe et du Chemin des Gueuses, n’a pas eu l’effet escompté.

Pourquoi ne pas changer radicalement de formule pour proposer un final plus sélectif, mais avec une arrivée au terme de 5 ou 10 kms roulants suite à une dernière grosse bosse? En donnant la chance à des coureurs de revenir une fois la dernière difficulté, on maintient le suspense et on élargit l’échantillon de coureurs pouvant rêver s’imposer. Cela motive les moins bons grimpeurs à s’accrocher dans la bosse, l’espérance d’un retour étant bien réelle derrière.

Ou une arrivée au terme d’une grosse bosse et une courte descente technique juste après?

Le Ronde a, en tout cas, pas hésité à enlever de son parcours le célèbre Mur de Grammont il y a quelques années, afin de se renouveler…

Le Tour de l’actualité

1 – Ex-Aequo. C’était si serré sur l’Amstel dimanche qu’on peut se poser la question: deux coureurs ex-aequo, possible en cyclisme?

Oui. Et non!

Avant l’arrivée des photo-finish au milieu des années 1950 (on a commencé à utiliser ce dispositif pour les arrivées groupées sur le Tour 1955), il arrivait qu’on ne puisse départager des coureurs sur la ligne. L’arrivée était en effet jugée « de visu ». C’est ainsi que lors de l’étape Bordeaux-Bayonne du Tour 1929, trois coureurs portaient le maillot jaune! (Victor Fontan, Nicolas Frantz et André Leducq). La situation s’est reproduite à quelques reprises, notamment lors du Tour 1931.

Plus récemment, la précision des photo-finish empêche ces situations… bien que: on rappellera que le Québécois Guillaume Boivin a terminé 3e des Mondiaux U23 en 2010, ex-aequo avec Taylor Phinney. Plus récemment, en 2016, deux coureurs avaient été désignés ex-aequo sur la 7e étape du Tour de Corée, mais il est vrai que le système de photo-finish avait alors connu des ratées sur la ligne.

Bref, pas impossible que ça se produise un jour. Et ce, malgré la précision des appareils utilisés, précis au 10 000e de seconde et au demi-millimètre.

2 – Mauri Vansevenant. Comme Serge, j’ai été très impressionné par la perf offerte par Mauri Vansevenant dimanche sur l’Amstel. Retardé sur ennui mécanique, il perd un paquet de temps pour revenir solo sur le groupe de tête. Chute. Chasse solo. Il rentre encore! Et il se met immédiatement au service de son leader Alaphilippe en tête du groupe, menant la chasse derrière les Ineos. Ouf.

Plus tôt cette saison, c’est lui qu’on avait vu devant à protéger pendant de longs kilomètres d’ascension son leader Alaphilippe sur les pentes du Ventoux lors du Tour de la Provence.

Le jeune belge de 21 ans est un petit prodige, excellent grimpeur comme en atteste sa victoire chez les amateurs au difficile Tour du Val d’Aoste (2019). C’est une autre pépite du cyclisme qui murit chez Patrick Lefevere. Fils de l’ex-pro Win Vansevenant, il a certainement une génétique pour lui.

Il faudra le surveiller de près lors de la Flèche Wallonne mercredi. L’an dernier, il en avait été un des principaux animateurs: membre de l’échappée matinale, il avait été le dernier repris à quelques accablées du Mur de Huy, malgré une chute.

Y’a pas à dire, c’est un vrai battant. Il est probablement le meilleur joker mercredi sur l’épreuve belge.

3 – Tour des Alpes (Tour de Trentin). La dernière épreuve de préparation pour le Giro est partie hier, et c’est Gianni Moscon qui a remporté la première étape sur les cinq au programme.

Encore une victoire Ineos!

Moscon signe là une première victoire depuis des mois, lui qui est plus connu depuis quelque temps pour ses problèmes d’attitude en course voire hors course. Il avait été disqualifié l’an dernier de Kuurne-Bruxelles-Kuurne pour son altercation avec Jens Debusschere.

Le Tour des Alpes propose aujourd’hui (2e étape) et dans les prochains jours des étapes accidentées, casse-pattes, qui devraient révéler les hommes en forme. On surveille Chris Froome, Simon Yates, Thibault Pinot, Romain Bardet, Nairo Quintana, Jai Hindley, Daniel Martinez et Hugh Carthy en particulier.

Seule la compétition va pouvoir valider ma condition. On fera un bilan après le Tour des Alpes. 

Thibault Pinot, today cycling, 19 avril 2021

Deux Canadiens au départ, Antoine Duchesne qui épaulera Pinot sur le prochain Giro, ainsi qu’Alex Cataford chez Israel.

4 – Remco Evenepoel. C’est l’autre favori du Giro, sur le papier du moins. Evenepoel participera à son premier grand tour en carrière, mais dans des circonstances très spéciales puisqu’on ne l’a pas revu en course depuis sa chute en août dernier sur le Tour de Lombardie. Il a notamment préparé ce Giro par des stages en altitude, notamment du côté de la Sierra Nevada.

5 – Antoine Duchesne. J’ai bien aimé ce récent article de l’Agence SportCom sur Antoine Duchesne. Ce dernier nous donne quelques preuves de ce que j’avançais récemment: le cyclisme a changé. Il n’y a plus de courses « B », toutes les courses sont disputées à bloc, les données scientifiques dominent tout quitte à écraser certains coureurs psychologiquement, les jeunes sont aujourd’hui très précoces, et on n’a plus besoin de courir pour préparer un objectif, pour preuve Primoz Roglic qui ne disputera aucun événement entre le soir de la Doyenne et la première étape du prochain Tour de France.

C’est important d’avoir autre chose dans ta vie, car en vélo, ça va plus souvent mal que bien.

Antoine duchesne, 16 avril 2021

Et surtout, cette phrase d’Antoine qui témoigne sans contredit toute la difficulté du sport cycliste au niveau professionnel. Il faut être fort pour tenir le coup, pour supporter la pression constante du résultat et, souvent, vivre dans l’incertitude des contrats, année après année, souvent pour des salaires somme toute assez modestes. Au moins, les coureurs d’antan, il y a encore 10 ans, pouvaient débrancher la tête quelques semaines par an. Aujourd’hui, même cela n’est plus permis.

6 – BH Ultralight Evo 9.0 (présenté par Matos Vélo). Un vélo très intéressant selon moi, bon rapport qualité-prix, géométrie étudiée et somme toute, assez classique. 750 grammes le cadre. Le site officiel est ici. Un des rares vélos que je pourrais acheter.

Amstel: Van Aert au millimètre

Un millimètre. Ou, en gros, 3 dix millièmes de seconde de différence entre Wout Van Aert et Tom Pidcock sur la ligne hier à l’issue de 218 kms de course sur l’Amstel. On se croirait en Formule Un!

Un des finish les plus serrés de l’histoire, sans contredit. Merci la technologie d’avoir pu départager les deux, on se demande encore comment d’ailleurs tellement ce ne semble pas clair.

Si le résultat tient, Van Aert aura pris sa revanche sur Pidcock, après sa défaite sur la récente Flèche Brabançonne. Et, à quelque part, sur l’ensemble de sa saison sur route jusqu’ici: Van Aert en claque enfin une « belle ». Il peut partir « en vacances » en Sierra Nevada avec un sentiment de satisfaction, question de préparer sereinement le Tour.

Et l’équipe Jumbo-Visma a fait le carton plein hier, puisque Marianne Vos s’est imposée sur l’épreuve féminine, offrant ainsi à l’équipe néerlandaise un doublé à domicile. Difficile de faire mieux!

Une affaire de rapport poids-puissance hier: c’est fou comment un sprint sur le plat est différent d’un sprint en léger faux-plat ascendant.

Avant le sprint, la course a été dominée selon moi par une équipe, Ineos-Grenadier avec Pidcock, Kwiatlowski et Carapaz qui ont tout fait péter, et notamment fait péter un Julian Alaphilippe « à la pédale ».

Le pépin mécanique du numéro un mondial Primoz Roglic a certainement été un moment important de la fin de la course, privant Van Aert d’une sérieuse aide dans le final. Mais l’étau des Ineos était solide ; pas grand chose à faire dans ce contexte, ca allait se jouer à la force des jarrets. Pidcock a bien contré après le démarrage de son coéquipier Kwiatkowski, une action parfaitement orchestrée, rien à dire. Les trois plus costauds étaient devant. Et je pense que Van Aert peut, à quelque part, dire merci à Schachmann pour la générosité de ses efforts avant que le trio ne se dégage.

Faudra par ailleurs que quelqu’un m’explique la stratégie des Movistar depuis le début de la saison: je ne comprends pas, encore hier. Ça devient carrément gênant.

On retiendra surtout de cette Amstel les promesses pour cette semaine: l’équipe Ineos-Grenadier débarque sur la Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège comme archi-favorite, et le rapport poids-puissance de Pidcock devrait faire la différence. Dans l’état actuel des choses, difficile de voir qui pourra le menacer, sauf erreur de placement. Gaudu, Schachmann, Barguil pourquoi pas seront à surveiller, mais Ineos a de quoi tout contrôler. Alaphilippe semble trop juste.

Mike Woods termine dans le premier peloton juste derrière les échappées, après avoir tenté de sortir plus tôt dans la course. Sa condition sera-t-elle suffisante pour les deux épreuves cette semaine? Je n’en suis pas sûr. Hugo Houle et Guillaume Boivin étaient aussi de la fête hier mais n’ont pas terminé. Ils devraient tous deux être sur la Flèche mercredi.

L’Amstel dimanche

55e édition de l’Amstel Gold Race ce dimanche.

Une édition spéciale, puisque le parcours de l’épreuve a été modifié cette année, pandémie oblige.

Au programme, 13 tours d’un circuit de 17 kms assez difficile, comprenant chaque fois trois ascensions: le Geulhemmerberg, le Bemelerberg et le Cauberg. Ce dernier ne sera toutefois pas escaladé dans le 13e et dernier tour, qui ne comportera par conséquent que 15 kms. Distance totale à parcourir, 218 kms.

Ca sera un parcours très usant, une course de circuit que certains coureurs affectionnent particulièrement. Météo annoncée jusqu’ici, assez beau, 13 degrés, vents légers.

Les favoris

Notons d’entrée que le dernier vainqueur, Mathieu Van Der Poel en 2019 (la course n’a pas été organisée en 2020 à cause de la pandémie), ne sera pas au départ. Mathieu est remonté sur son vélo Mtb afin de préparer les prochaines Coupes du Monde (en commençant par Albstadt les 8 et 9 mai prochain), ainsi que l’épreuve des JO dans la discipline.

Quelques favoris se dégagent d’entrée: Thomas Pidcock, récent vainqueur de la Flèche Brabançonne, Wout Van Aert, qui a mis cette course à son programme suite au report de Paris-Roubaix, Julian Alaphilippe qui monte en pression en prévision d’une semaine à venir importante avec la Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège, sans oublier bien sûr le numéro un mondial, Primoz Roglic.

Soyez assuré qu’Alaphilippe voudra se tester dimanche!

Chez les Ineos-Grenadier, Pidcock pourra compter sur une armada de qualité, avec la présence autour de lui des Geoghegan, Carapaz, Kwiatkowski et De Plus.

En face, les Jumbo-Visma auront de quoi répondre, avec le duo Van Aert – Roglic, épaulés par des hommes en forme comme Vingegaard, Oomen ou encore Gesink. Ils ont de belles options, espérons qu’ils seront au point sur le plan stratégie.

De nombreux autres coureurs sont à surveiller. Je pense notamment à Greg Van Avermaet, souvent bon sur des courses en circuit (notamment à Québec ou Montréal), Maximilian Schachmann, le grimpeur David Gaudu qui aura la confiance de la FDJ entière, Matej Mohoric, Michael Matthews, lui aussi toujours excellent sur des courses en circuit, son coéquipier Chaves, le duo Fuglsang et Aranburu chez Astana, Alejandro Valverde qu’on ne doit jamais sous-estimé et qui a montré des signes de bonne condition récemment notamment sur le GP Miguel Indurain, Alberto Bettiol pour EF, Matteo Trentin et Marc Hirschi chez UAE Team Emirates, sans oublier Warren Barguil pour Arkea-Samsic qui pourrait très bien surprendre dimanche.

La liste des partants n’est pas finale, et est même contradictoire d’un site à l’autre. Sur certains sites, on annonce Mike Woods au départ pour Israel Start-Up Nation, sur d’autres on ne le donne pas partant, mais plutôt Alex Cataford pour sa formation. Hugo Houle devrait lui-aussi être au départ pour Astana.

Bref, une course très ouverte, avec beaucoup d’équipes pouvant croire à un grand résultat. Espérons une course de mouvement, comme c’est souvent le cas sur des courses sur circuit. Ca devrait être intéressant.

Le Tour de l’actualité

1 – Pidcock première! Nous pensions tous, sous la flamme rouge, que Wout Van Aert allait s’imposer sur la Flèche Brabançonne hier, il ne lui restait plus qu’à déposer au sprint ses deux compagnons d’échappée, Thomas Pidcock et Matteo Trentin.

Ben non! C’est Thomas Pidcock qui nous a rappelé de bien belle façon les règles élémentaires du rapport poids-puissance, le sprint final se déroulant en léger faux-plat ascendant. Un sprint mené à la perfection selon moi par Pidcock, qui a fait preuve d’une belle maîtrise dans le final de cette course importante.

À 21 ans seulement, Pidcock signe là sa plus belle victoire sur route, et montre qu’il est digne de confiance au sein de son équipe Ineos-Grenadier. Tout un talent ce Pidcock! Plus tôt cette saison, il avait pris la 3e place de Kuurne-Bruxelles-Kuurne et la 5e place des Strade Bianche, nous rappelant qu’il n’y a pas que Mathieu Van Der Poel et Wout Van Aert qui peuvent bien faire une fois la saison de cyclo-cross terminée.

Je pense que Wout Van Aert aura été frustré de cette 2e place, et attention à lui dimanche sur l’Amstel, il sera revanchard. Sa campagne de Classiques se solde à ce jour par une seule victoire, sur Gent-Wevelgem. 2e de Tirreno, 2e de la Flèche Brabançonne, 3e de Milan SanRemo, 4e des Strade Bianche, 6e du Ronde, à un moment donné, pour un tel champion, y’en a marre des places d’honneur…

2 – Romain Sicard. On a décelé chez le coureur basque de l’équipe Direct Énergie une anomalie cardiaque qui l’a obligé à mettre un terme à sa carrière.

J’aimais ce coureur peu médiatique certes, mais honnête et travaillant. On trouvera ici une belle et récente entrevue avec lui.

Rappelons qu’en 2009, année de son titre de champion du monde chez les espoirs, même Bernard Hinault le désignait comme le futur grand pour la France. Les promesses étaient immenses. Ca ne s’est pas passé comme ça.

Sicard n’aura pas eu les résultats à la hauteur de son talent selon moi, souvent victime de maladies ou de blessures.

Je souligne qu’en 13 participations à des grands tours, dont sept Tour de France, et plusieurs doublés sur une saison, Romain Sicard n’en a abandonné… aucun.

Respect.

3 – Tour de Turquie. Et de trois pour Mark Cavendish qui n’a pas connu pareille fête depuis des années. Ceci étant, la 4e étape a été l’objet d’une chute massive et impressionnante dans les tous derniers mètres. Du coup, c’est Fabio Jakobsen qui n’a certainement pas dû apprécier, ni sa conjointe d’ailleurs. Jakobsen fait sur ce Tour de Turquie son grand retour au sein du peloton pro, neuf mois après sa terrible chute dans le sprint de la 1ere étape du Tour de Pologne 2020.

4 – Bidons. L’UCI a annoncé tout récemment des allégements à sa politique de sanction à l’égard des coureurs qui jetteraient leurs bidons hors des zones prévues à cet effet. On comprend mieux également les raisons de la nouvelle réglementation de l’UCI: éviter les chutes occasionnées par des coureurs qui roulent sur des bidons, éviter également que des enfants soient victimes d’accident après avoir couru derrière ces bidons pour les ramasser.

Oui. Certes. Mais je demeure convaincu que si Messieurs les coureurs avaient faits un peu gaffe à la façon dont ils se débarrassaient de leurs bidons ces dernières années, on n’en serait pas là.

5 – Tour des Alpes. Pas de présence pour Egan Bernal sur cette épreuve (anciennement le Tour du Trentin) de préparation au Giro. Bernal annonce qu’il se présentera directement sur l’épreuve italienne, sans davantage de course. Ouais. Faut voir. L’entrainement peut-il remplacer la compétition? Apparu en bonne condition sur les Strade Bianche, Bernal semble beaucoup mieux en 2021 qu’en 2020, mais est-ce que ca sera suffisant? Rappelons que comme adversaires principaux sur ce Giro, Bernal trouvera sur sa route les Thibault Pinot, Romain Bardet, Tao Geoghegan, Simon Yates, Mikel Landa, Joao Almeida, Hugh Carthy, et un certain… Remco Evenepoel.

6 – Theo Nonnez. Le jeune coureur français, 21 ans, à la FDJ continentale depuis deux ans, annonce la fin de sa carrière, alors qu’il est en plein développement. Burn-out. Y’a vraiment une tendance actuelle dans le peloton pro pour des épuisements professionnels, c’est évident. Et inquiétant.

7 – Pandémie et masque. La FQSC a émis ce communiqué donnant des nouvelles quant au port du masque pour des activités sportives extérieures. Depuis (c’est à dire hier), le Gouvernement Legault a assoupli certaines règles à cet égard, pourvu qu’une distance de deux mètres soit respectée entre les pratiquants. La situation évolue donc très rapidement, et dans ce contexte il est important de rester à l’affut des nouvelles les plus récentes.

8 – LGBTQ2. Les récentes lois anti-trans en Arkansas font réagir la communauté cycliste, et c’est très bien. Philippa York, connue précédemment sous le nom de Robert Millar, a dénoncé la mollesse de la réaction d’USA Cycling. Les événements cyclistes dans cet état pourraient être annulés en protestation, et ce serait la bonne chose à faire selon moi.

Nous sommes en 2021, rappelons-le.

9 – On n’est pas près de voir ça au Québec!!!

Géométrie des cadres: attention au « stack » et au « reach »

Quelques récentes conversations m’ont donné l’idée de cet article.

Aujourd’hui, et depuis un peu plus de 10 ans, deux mesures font foi de tout lorsque vient le temps de considérer la géométrie d’un cadre de vélo: le « reach » (portée) et le « stack » (hauteur).

À en croire certains vendeurs en boutique cycliste, il ne suffit que de considérer ces deux mesures pour pouvoir choisir le bon cadre pour votre morphologie.

Ça nous vient du monde du Mtb ou, depuis assez longtemps, les formes de cadres sont très diverses, notamment afin d’équiper le vélo de suspensions (avant et arrière). Dans ce contexte, il faut reconnaitre que le stack et le reach sont utiles pour comparer les géométries d’un cadre à l’autre.

L’avènement progressif, dès le début des années 2000, des cadres carbone pour les vélos de route a multiplié les possibilités de designs. On trouve aujourd’hui des cadres « sloping » ou « semi-sloping ». Beaucoup de cadres présentent des formes de tubes très variables, question surtout de se distinguer de la concurrence (le Pinarello Dogma F12 en regorge!). Certains cadres sont même asymétriques.

Plus récemment, on joue également sur la longueur des haubans arrières, question de permettre l’usage de pneus ou de boyaux de section plus large (25, voire même 28mm).

Dans ce contexte, les mesures traditionnelles associées à la géométrie des cadres n’étaient plus tout à fait pertinentes, et le stack et le reach sont aujourd’hui les deux mesures les plus communes. L’époque des cadres acier avec tubes Reynolds (les fameux 753 ou 531), Columbus (les fameux SL ou SLX) ou encore Dedacciai est loin!

Croire cependant que le stack et le reach vous permettent de choisir la bonne géométrie de cadre adaptée à votre morphologie, je dis attention.

L’épreuve des faits

J’ai comparé les géométries annoncés de plusieurs vélos du World Tour où celles de vélos dans le vent actuellement, comme le Specialized Tarmac SL7 ou le Aethos, et bien d’autres. J’ai pris un vaste panel de 20 différents cadres, de BMC à Lapierre en passant par Pinarello, Bottecchia, Canyon, Giant, Trek, ou encore Merida, Ridley, ou Bianchi et Scott.

Ces comparaisons de géométries de 20 cadres très haut de gamme a été réalisée notamment grâce à l’excellent site geometry geeks. J’ai pris soin de comparer des pommes avec des pommes, soit tous des cadres présentant des douilles de direction comprises entre 13 et 14cm de longueur. Curieusement, la plupart des fabricants détaillaient ces cadres comme taille Small, mais certains les qualifiaient de Médium ou d’autres en taille 47 jusqu’à… 55 cm!

Les résultats sont clairs.

Prenez le Specialized Aethos et le Cervelo S5 par exemple: ils annoncent tous deux un reach de 384mm, pour un stack de 544 et 542mm, respectivement.

Autrement dit, ces deux géométries sont très, très proches apparemment, si on se fie à ces deux mesures phare.

Pourtant, la longueur réelle du tube horizontal de ces deux vélos est très différente: 540mm pour l’Aethos, contre 550mm pour le S5. Un centimètre complet de différence en longueur. C’est énorme!

L’explication? L’angle de recul de selle, bien évidemment. L’Aethos donne un angle de 74 degrés, et le S5 un angle de 73 degrés. Autrement dit, avec le S5, vous êtes beaucoup plus sur l’arrière du vélo, la distance entre le centre du tube vertical et le pédalier étant nettement plus importante que sur l’Aethos qui est un cadre plus « droit ».

Et ca, le reach et le stack ne vous en dit rien.

Autre exemple.

Le Cervelo R5 vous donne une longueur réelle du tube horizontal de 548mm. Le Canyon Aeroad CF SLX, 549mm. Un petit millimètre de différence.

Leur stack et leur reach? 548mm et 380mm dans le cas du R5, 539mm et 390mm pour le Aeroad. Très différents, en gros un centimètre complet!

L’angle de selle, encore une fois, explique la majeure partie de ces différences.

Dans ce contexte, quatre autres mesures sont pour moi fondamentales dans le choix d’une géométrie de cadre, car elles seront déterminantes dans l’équilibre des masses sur votre vélo, et donc la conduite de ce dernier, notamment à haute vitesse dans les descentes de col: l’angle de selle, la longueur réelle du tube horizontal, la hauteur de la douille de direction ainsi que la longueur des haubans arrières.

Négliger de considérer ces mesures, c’est s’exposer à rouler sur un vélo qui sera dangereux pour vous: soit un vélo trop instable pour vous car votre masse sera trop sur l’avant de la machine, vous « embarquant » rapidement dans des trajectoires difficiles et non-sécuritaires, soit un vélo « mort » sous vous, avec une direction flottante et des trajectoires imprécises, par manque de réactivité.

D’autres résultats m’ont surpris.

Cervelo par exemple propose tous ses cadres R5 ou S5 en recul de selle 73 degrés, qu’il s’agisse d’un cadre très petit en 48cm ou très grand en 61cm. Je ne comprends pas cette philosophie qui m’apparait peu judicieuse.

Les Cannondale SuperSix, Giant Propel et BMC TeamMachine SLR proposent des reach et des longueurs réelles de tube horizontal les plus courtes du marché: 52,8cm pour le Cannondale SuperSix, autrement dit un ultra-court cadre. Ce cadre est notamment celui vous proposant l’angle de selle le plus droit de la gamme de 20 vélos analysés: 74,3 degrés, autrement dit vous êtes pas mal au dessus de l’axe du pédalier. Sur ce cadre, votre masse corporelle sera forcément beaucoup plus sur l’avant du vélo que sur les autres.

Autre bizarrerie chez Pinarello, avec son Dogma F12: pour le cadre en douille de direction 13,1cm, on annonce un stack de 55,12mm, pour une longueur réelle de tube horizontal de 550mm. Autrement dit, un cadre presque « carré », 55 par 55, mais on le présente comme un cadre de taille… 54!

Enfin, les haubans arrières: le DeRosa SK Pininfarina propose des haubans d’une longueur de… 39,5cm. C’est très court ca! Le vélo sera forcément plus réactif, plus « agile » en virage, notamment si vous faites des critériums. En comparaison, le Canyon Ultimate CFR propose lui des haubans d’une longueur de… 41,5cm, soit pratiquement deux centimètres plus longs, un monde!

Bref, je pense qu’il faut être très prudent quand vous choisissez un nouveau vélo par rapport à sa géométrie, car elle affectera fortement son comportement sur la route, en particulier dans des sprints ou à haute vitesse lors de descentes techniques comme des cols avec de nombreux lacets. Se fier uniquement sur le stack ou le reach est une erreur selon moi, et il convient d’avoir bien en tête votre morphologie (longueur de vos jambes, fémurs, bras et avant-bras notamment, et rapports entre tout cela) pour bien choisir ce qu’il vous faut.

Après tout, c’est de votre sécurité dont il est question, et votre plaisir sur votre machine.

Port du masque obligatoire à vélo?

La mesure a été annoncée discrètement: le port du masque est désormais obligatoire au Québec lors de sorties à vélo si l’on fait partie d’un petit groupe, limité à un maximum de huit cyclistes.

La mesure a de quoi surprendre puisque l’activité se déroule en plein air, à bonne vitesse et que par défaut, les cyclistes ne peuvent se « coller » l’un à l’autre pour des raisons évidentes de sécurité et de… largeur du guidon.

Même la Fédération québécoise des sports cyclistes a été prise au dépourvu par la mesure entrée en vigueur jeudi dernier, et a fait des représentations auprès des autorités compétentes avec comme objectif ultime un assouplissement de la mesure. On attend toujours des nouvelles.

Reste à savoir si la mesure sera strictement appliquée par les forces de l’ordre.

Selon moi, les priorités sont ailleurs: avec le beau temps, les parcs sont pris d’assaut, les groupes s’y multiplient avec, bien souvent, des mesures sanitaires élémentaires bafouées. C’est là qu’il faut agir si on se fie au gros bon sens, plutôt qu’au sein d’un groupe de quatre cyclistes évoluant à 35 km/h sur une route de campagne, en file indienne et donc forcément distants l’un de l’autre.

Le port du masque peut-il affecter la qualité de l’entrainement à vélo?

L’article publié en novembre dernier sur le site Nature humaine de Guy Thibault nous permet d’en savoir plus sur cette question.

Dans tous les cas, le port du masque lors de la pratique cycliste peut entrainer une gêne respiratoire.

À intensités faible ou modérée toutefois, cette gêne ne se traduit pas forcément par un impact significatif sur le débit ventilatoire, la fréquence cardiaque ou les performances générales.

À intensité plus élevée, les choses se gâtent. Les performances peuvent être réduites, et l’inconfort est grandissant.

En attendant d’autres nouvelles officielles, je conseille la prudence, tout en espérant que les autorités feront preuve de jugement dans l’application des directive. Il m’apparait plus judicieux de concentrer les efforts là où ça paye le plus: les parcs, les rues piétonnes dans les grands centre-villes, voire les lieux publics comme les centres de services divers, sont probablement des endroits où les interventions auront le plus grand impact sur la santé publique.

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