Hier, la Fédé a diffusé la troisième capsule qui porte sur le sujet du dopage dans le cyclisme. Les témoignages vidéo de William Goodfellow et Christiane Ayotte sont saisissants, et c’est à ne pas manquer.
Alors que Louis Barbeau vient d’envoyer par courriel à tous les coureurs maitres un formulaire de sensibilisation sur le dopage à compléter au plus tard le 22 juin prochain, alors que le Tour de Beauce s’est élancé tout récemment, alors que se profile la Grande Messe de juillet sur les routes de France et que la saison de course sur route bat son plein au Québec, le moment est opportun pour chacun d’entre nous de prendre quelques minutes et de (re)penser à notre éthique sportive.
Et surtout de rejeter l’éthique sportive de ceux qui pensent que « tous les cyclistes sont dopés« , ou que l’on triche « seulement si on est le seul à le faire« .
Dans la capsule vidéo, William apporte un élément qui résonne chez moi: l’acceptation de soi.
Il y a quand même une façon d’avoir de la performance avec l’acceptation de soi.
william goodfellow
La non-acceptation de soi, de son niveau physique, peut en effet être un élément menant facilement au dopage.
Personnellement, j’aurais aimé être un champion cycliste mais je n’ai pas tiré le gros lot à la loterie génétique. Et j’ai rapidement compris que la plus grande satisfaction qui soit n’est pas de battre les autres, mais bien de se battre soi-même.
Aujourd’hui, je lutte le plus souvent contre mes propres KOM, en privé; rien ne me fait plus plaisir que de rouler plus vite aujourd’hui, à 50 balais passés, qu’à 30 ou 40 ans. Évidemment, aussi propre aujourd’hui qu’il y a 10, 20 ou 30 ans.
Alors que les cas de dopage sont quasi-inexistants en World Tour depuis plusieurs années (voir ici le récent article de notre ami Marc Kluszczynski sur le sujet) alors même que les vitesses n’ont jamais été aussi élevées dans les cols, ce rappel de la FQSC n’est pas inutile, loin s’en faut. Car il nous rappelle aussi qu’à la base, la lutte contre le dopage est une affaire d’éducation, de sensibilisation, et de bon encadrement dès les premiers coups de pédale.
Et déjà, quatre équipes majeures au Québec qui se sont tirées la bourre toute la soirée, pour placer chacune un homme aux 4 premières places.
La victoire au sprint au sein d’une échappée de cinq coureurs partie à mi-course est revenue à Hendrik Pineda de l’équipe Cannondale-Échelon. Hendrik est reparti avec le maillot jaune de leader du classement général (une commandite de Castelli et l’Agence Marco Daigle) et aura à le défendre jeudi soir prochain à Sherbrooke lors de la 2e manche (message subliminal à mon ami Alain Cadorette…).
L’équipe sherbrookoise Siboire-GFT s’est aussi positionnée au général avec la belle 2e place de Maxime Turcotte, très volontaire durant toute la course, et très bien appuyé par ses co-équipiers qui ont parfaitement joué la course d’équipe.
Les 3e et 4e places sont revenues à Mathieu Gabriel (Premier Tech Endo Lévis) et Mathias Letendre (Studio Vélo), eux aussi présents avec des co-équipiers. La course tactique par équipe hier était belle à voir!!
Ces quatre équipes se retrouveront j’en suis sûr sur les 7 prochains critériums pour se disputer les bourses de 200$ à chaque course, puis de 600$ (classement général individuel) et de 800$ (classement général par équipe) au terme de la série.
Erratum!
Les résultats et photos du podium étaient basés sur des résultats provisoires. Après une compilation minutieuse des résultats à l’arrivée mais aussi des sprints intermédiaires, il appert que c’est… Mathieu Gabriel, de l’équipe Premier Tech, qui porte le maillot jaune de leader. Maxime Turcotte est deuxième.
La nouvelle photo est ici, ci-bas !! (merci Jonathan et photoshop!)
Yves Landry et Jules Béland, ambassadeurs de marque
L’excellente soirée d’hier a été rehaussée par la présence de nombreuses personnalités, dont notamment les parents d’Hugo Houle, qui soutient la série (le vidéo très récent d’Hugo est disponible sur la page Facebook du Siboire-GFT). L’infatiguable André Lamarche, grand organisateur d’événements cyclistes s’il en est, était ravi, surtout en présence de sa fille Caroline. Well done André!
Le départ de la course Open a également pu être donné en présence de deux légendes du cyclisme québécois, Yves Landry et Jules Béland (sur la photo ci-bas avec Rudy Landry, fils de Yves et commanditaire principal de la série avec sa compagnie GFT), tous deux membres du Temple de la renommée du cyclisme québécois et membre de l’équipe canadienne ayant pris part à la course sur route et au 100km contre-la-montre par équipe des Jeux Olympiques de Mexico.
Les gars sont en shape, je peux vous le confirmer! Jules avait fait 110 bornes la veille (à 75 ans!), et s’en désolait: il avait prévu faire 150 kms, mais les contraintes de temps l’ont obligé à écourter…
Ca été pour moi l’occasion d’une petite entrevue afin de revenir sur leurs carrières exceptionnelles.
LFR: Yves, Jules, adversaires à une époque, amis aujourd’hui?
Yves Landry: certainement Laurent! Ca me fait toujours plaisir de revoir Jules et de le voir impliqué dans le cyclisme comme il le fait.
Jules Béland: On ne s’est pas fait de cadeaux à une époque, mais la compétition c’est ca. On avait bien des points communs par ailleurs. Yves était toujours aux avants-postes des courses, dans les 3-4 premiers, et moi je ne lâchais jamais le morceau facilement!
LFR: Yves, on te surnommait « L’impérial grimpeur »…
Jules: Je coupe Yves pour te confirmer Laurent qu’il était tout un grimpeur. Mettons que ca paraissait qu’il venait de Québec!
Yves: Mais zéro sprinter par contre. J’ai seulement gagné deux courses au sprint dans ma vie, c’est tout. Je gagnais toujours tout seul, en solo.
LFR: et toi Jules?
Jules: moi, j’étais plus rouleur.
Yves: Jules, sur les circuits fermés, c’était toujours pareil: il partait fort, puis il prenait un tour sur tout le monde! Moi, ca me prenait plus de temps pour partir, et quand j’étais à 100%, souvent il était trop tard pour que je rattrape Jules devant.
Jules: je m’échappais souvent après un premier sprint intermédiaire, je ne me relevais pas.
LFR: Fin des années 1960, on lit qu’il y avait souvent 10, voire 15 000 spectateurs aux courses. Vraiment?
Yves: Oui, c’était ca Laurent. Surtout sur les critériums, les courses sur circuit. On voyait souvent 3, 4 rangées de spectateurs sur le bord de la route, notamment à l’Omnium Cornelli, beaucoup d’Italiens. L’ambiance était folle.
Jules: C’était des grosses courses oui, notamment la Madona di Pompei, le GP de St-Leonard, etc. Ca donnait de l’énergie.
LFR: Et le peloton était relevé, avec notamment Marinoni, Battelo (en 1966), Mecco, Tremblay, etc.
Yves: Oui Laurent, on bataillait fort. Giusseppe Marinoni arrivait d’Italie, il était un des hommes à battre et un dur à cuire. Des coureurs ontariens ou américains venaient même courir au Québec parce que la compétition était plus forte ici.
LFR: Il y avait en tout cas beaucoup de courses par étape à l’époque : Tour de la Nouvelle-France, Tour du lac St-Jean, GP cycliste Labatt de Chambord, etc.
Jules: Oui, il y en avait beaucoup, c’était une autre époque. Je suppose que c’était plus facile d’organiser des courses par étape à l’époque qu’aujourd’hui.
LFR: Vous abandonnez tous les deux Montréal-Québec 1968, l’année de votre sélection aux Jeux Olympiques. Que s’est-il passé?
Jules: J’étais devant! J’étais sûr de gagner, j’avais une belle avance sauf que j’avais mis de la nouvelle poudre énergétique dans mes bidons et pas très loin de l’arrivée, j’ai eu des gros problèmes intestinaux. Je t’épargne les détails! Ma pire galère sur un vélo.
Yves: On arrivait aussi de notre camp d’entrainement en altitude à Font Romeu en France et moi, surprise, je marchais pas du tout sur ce Montréal-Québec, j’ai carrément manqué d’énergie à la fin de la course. Ca donnait rien d’insister compte tenu des gros objectifs qui arrivaient.
LFR: Font Romeu en altitude?
Yves: Oui, car les Olympiques à Mexico faisaient peur à tout le monde à cause de l’altitude. Personne ne connaissait vraiment les liens entre entrainement, compétition et altitude, on entendait toute sorte d’affaire dont rien de moins que des risques de décès. Alors on est allé à Font Romeu pour se préparer, mais on ne connaissait pas vraiment comment faire. On a monté et descendu des cols pendant des jours, et on dormait là-haut, c’est à peu près ca.
LFR: Comment s’est passé votre 100kms contre-la-montre par équipe?
Jules: Je m’en rappelle, ca s’est mal passé! Rapidement, Yves et moi nous sommes retrouvés juste tous les deux, nos deux autres coéquipiers incapables de suivre notre rythme. On a terminé ensemble Yves et moi, mais l’équipe canadienne n’a pas bien fait car le troisième homme sur lequel était pris le temps de l’équipe était loin derrière nous. Un moment à oublier.
LFR: Et un beau moment de votre carrière?
Yves: Probablement les Jeux Panaméricains à Winnipeg en 1967, parce que je termine 6e, Jules 9e, pis on avait aidé notre coéquipier Marcel Roy qui a gagné la course. Trois québécois dans les 10 premiers ce jour-là!
Jules: Oui, bien fier de cela, et pour la joke ils m’ont envoyé la bourse d’Yves pour la 6e place, et Yves a reçu la mienne pour la 9e place… on a réglé ca après!
LFR: Comment étaient équipés vos vélos côté braquets et roues?
Yves: On roulait avec des boyaux bien sûr, et on avait 52-44 à l’avant bien souvent, parfois 53-44, et cinq pignons à l’arrière, du 13-17 et en montagne du 13-23, c’est tout. On montait tout, notamment les côtes de Charlevoix, sur 44-23. Les cadres étaient des tubes Reynolds, en acier. Mon premier cadre est venu d’Italie, 215$ transport inclus pour un cadre de course!
LFR: Messieurs, un plaisir, en espérant vous revoir pour la 2e (Sherbrooke) et 3e (Drummondville) manches de notre série de critériums GFT ces deux prochaines semaines, on va avoir une belle compétition.
L’occasion de faire le point sur sa saison 2022, et ce qui se prépare pour 2023.
La Flamme Rouge: On roule doucement aujourd’hui Mag?
Magdeleine: Certain Laurent, vraiment mollo, je suis en période de récupération en ce moment après une grosse saison.
LFR: En effet, on t’a vu sur tous les fronts cette saison.
Mag: J’ai cumulé 46 jours de courses, alors qu’au début de la saison il était prévu que j’en fasse plutôt une quinzaine. L’équipe a eu besoin de moi, et personnellement, j’aime mieux courir que de rester à la maison, donc ce n’était pas un problème. Mais j’ai senti en fin de saison que j’étais fatiguée et il est important en ce moment que je recharge les batteries.
LFR: Tu n’as que 21 ans, tu as vraiment beaucoup couru pour une néo-pro.
Mag: On peut dire ca. J’ai fait les Classiques en avril, puis après une petite coupure début juin, j’ai enchainé Giro, Tour, un déplacement en Australie pour les Mondiaux avec l’équipe canadienne, puis j’ai terminé ma saison par les Classiques italiennes de fin de saison et le Tour de Romandie en Suisse début octobre. J’ai tellement appris cette saison!
LFR: Cyclisme Canada a pu couvrir tes frais de déplacement en Australie?
Mag: Non, c’était à mes frais.
LFR: Tu as été contrainte à l’abandon lors de la course sur route.
Mag: Oui, une journée sans, où je n’avais vraiment pas de bonnes sensations et je n’ai pas pu contribué comme je l’aurais voulu. Ca arrive, peut-être le contre-coup d’une longue saison, du voyage dans des conditions parfois moins faciles, du décalage horaire. C’est toujours plate de ne pas pouvoir remplir le rôle que tu as au départ, d’épauler des filles comme Alison ou Simone. On avait une belle équipe chez les élites femmes.
LFR: Ton pic de forme, tu l’as atteint quand cette saison?
Mag: Je dirais au Giro, fin juin, je me sentais bien et j’avais des bonnes jambes. Il y avait 10 étapes, c’était long, ca roulait vite et j’ai pu remplir mon rôle d’équipière sur l’épreuve, j’y ai pris du plaisir. Et je termine mon premier grand tour!
LFR: Ce rôle d’équipière, parle-moi en un peu.
Mag: C’est tellement difficile Laurent! Beaucoup de gens ne se rendent pas compte comment c’est difficile d’être équipière dans une équipe professionnelle. Des fois, des filles sont brulées après 30 kilomètres seulement, car si tu dois couvrir 5, 6 attaques de suite pour l’équipe, tu te brûles c’est pas long. Tu dois parfois remonter des filles dans le peloton, gérer les bidons, rouler derrière des échappées, amener des sprints, aider une coéquipière à revenir d’un incident mécanique, il s’en passe des choses. J’ai beaucoup appris cette saison dans ce rôle, j’ai travaillé fort. Ca m’a permis aussi de progresser physiquement et tactiquement.
LFR: As-tu pu trouver ton créneau, ta spécialité?
Mag: J’en suis pas encore sûre. Plus jeune, je pouvais rouler assez vite dans les chronos, mais je n’ai pas vraiment travaillé ca cette saison. Je te dirais que je m’en sors assez bien sur des parcours accidentés, avec des petites bosses. Je suppose que ca voudrait dire que je suis plutôt une puncheuse. Chose certaine, pas une grimpeuse de grands cols, en tout cas pas encore!
LFR: Tu arrives dans le cyclisme féminin à un moment intéressant, alors que le sport explose, se professionnalise, créé des opportunités.
Mag: Oui, c’est vraiment bien de ce côté-là, c’est excitant. Sur le Tour de France, le public tant sur le bord des routes qu’à la télé était aussi nombreux que pour les hommes. C’était vraiment spécial de vivre ca, la présence du public nombreux donne de l’énergie. On a des conditions bien meilleures aussi, notamment ce salaire minimum imposé par l’UCI, qui nous permet d’exercer notre métier dans de bien meilleures conditions que les coureuses il y a encore quelques années, plus besoin de penser à comment on va manger le soir. On commence à voir une volonté d’ajuster les primes de victoire aussi pour avoir moins d’écart avec celles des hommes, on a des équipes mieux structurées avec des ressources, c’est l’fun.
LFR: Lorsque tu es à Gérone, ton camp de base en Europe, tu ne t’ennuies pas trop de Sherbrooke?
Mag: Non, ca va. Un peu quand même, c’est certain, mais je vis bien ca. Je suis bien installé à Gérone, je partage mon appartement avec une coéquipière, et puis mes amis(es) et ma famille, notamment mon père, me rendent visite régulièrement.
LFR: Ouin, ca va prendre un camp d’entrainement du Siboire-CCS à Gérone cet hiver!
Mag: Je peux en tout cas vous servir de guide là-bas! Ca serait cool.
LFR: Justement, parlons un peu de la saison prochaine.
Mag: Je reste chez Team EF, et tout ce que je sais c’est que je commencerai ma saison sur le Tour de Valence en février. Le programme précis n’a pas encore été élaboré, mais je pense que je ne ferai qu’un grand tour l’an prochain, pas deux. Nous avons un camp d’entrainement début décembre en Californie, je suppose que les choses commenceront à se préciser à ce moment.
LFR: Après, retour à Gérone pour l’hiver?
Mag: Oui, c’est trop difficile de rouler 20-25h par semaine au Québec durant l’hiver, et j’ai déjà essayé. À un moment donné, le fatbike a ses limites, comme le home-trainer. Le froid, la neige, pour nous qui devons beaucoup rouler et faire du spécifique, c’est pas évident à gérer au quotidien. Alors je serai plutôt à Gérone pour accumuler les kilomètres et préparer la saison 2023.
LFR: Tu travailles avec un entraineur, une nutritionniste?
Mag: Oui, c’est essentiel. Côté nutrition, il faut vraiment faire attention à ca, notamment en course. J’ai beaucoup appris de ce côté-là cette saison, savoir exactement ce que mon corps consomme à chaque heure de course et pouvoir manger ce qu’il faut. J’ai apporté plein d’ajustement sur par exemple la quantité de carbs que j’ingère en course, ca a fait une différence. Et puis j’ai aussi pris un peu de masse corporelle et ca m’aide.
Mag: Oui, et des fois je me sens un peu mal, car c’est beaucoup de travail pour mon père. Je veux m’investir dans ce projet, je le fais le plus possible mais je dois aussi faire mon métier de coureuse professionnelle. J’en profite ces jours-ci pour l’aider le plus possible, définir la suite, les projets d’avenir, et puis je reste en contact.
LFR: Ton implication à long terme dans Qui Roule, c’est quoi?
Mag: Les plans actuels, c’est qu’après ma carrière je puisse reprendre le magasin, et continuer son développement. On a une vision large, celle de créer une communauté active à Sherbrooke, où ca bouge et ca roule en ce moment. Je veux faire partie de ce projet, et la boutique est un élément rassembleur à quelque part, le point de regroupement pour beaucoup de personnes que l’on souhaite rejoindre. On a de bons partenaires, la première année a été un franc succès, c’est vraiment un beau projet qui va encore beaucoup se développer je pense.
LFR: Justement, on est de retour à Qui Roule, c’était venteux aujourd’hui! Merci Mag, bonne route pour la suite des choses.
C’était la première manche de la Coupe Québec de cyclo-cross 2022 à Sherbrooke samedi dernier.
Une première course réussie!
Y’avait du beau monde de 3 à 73 ans, la météo était magnifique, et le parcours tracé par l’organisateur Stéphane Vallières toujours à la hauteur c’est le cas de le dire, avec quelques belles petites montées casse-pattes.
Et à l’animation du jour, le sympatique Tino Rossi (fils).
Après les critériums régionaux en juin dernier, c’est mission accomplie pour l’organisation de Sherbrooke, le Club Cycliste Sherbrooke et tous ses partenaires: Dalbix, le Siboire, Trek, Café Hubert St-Jean, la ville de Sherbrooke, Humano District et la FQSC.
Stéphane Vallières, en particulier, a été bien occupé ces derniers jours pour planifier l’accueil de tous, lui qui gère déjà la boutique Qui Roule, véritable camp de base du CCS-Siboire. Il faut le remercier pour son dévouement!
Côté compétition, de très bons coureurs étaient présents, tant chez les femmes que chez les hommes. Je pense par exemple à Christel Ferrier Bruneau qui n’a pas eu de mal à s’imposer en élite femmes, et Matteo Oppizzi chez les hommes, c’était impressionnant à voir.
Pour un routier comme moi, il est intéressant de mieux connaître l’excellente ambiance des courses de cyclo-cross, qui ont un petit côté « relâché » que la route a souvent moins. Parce que la notion de peloton est moins présente, le plaisir demeure pour les coureurs même lâchés(ées) tôt dans la course, chacun pouvant continuer à son rythme sans ressentir cette compétition féroce qu’on vit souvent sur la route.
L’attention du monde du cyclisme professionnel se tourne désormais vers les Mondiaux en Australie à la fin du mois.
Les sélectionneurs nationaux confirmeront dans les prochains jours leur équipe et leurs ambitions.
Chez les Belges par exemple, on sait déjà que le leadership sera partagé entre Wout Van Aert et Remco Evenepoel. Ca risque d’être compliqué, les deux pouvant nourrir des ambitions.
Du côté français, on attend tous de voir si Thomas Voeckler pourra convaincre Benoit Cosnefroy d’aller en Australie afin de profiter d’une belle condition physique en ce moment.
Silvan Adams affirme même qu’il n’hésitera pas à saisir les tribunaux s’il le faut!
Quoi qu’il en soit, une des raisons pour laquelle les meilleurs cyclistes canadiens refusent d’aller en Australie, c’est tout simplement qu’ils doivent y aller… à leurs frais!
Cyclisme Canada n’a pas les moyens de payer pour envoyer les athlètes. Donc, c’est entièrement à nos frais. C’est sûr que moi, ça ne m’intéresse pas. Guillaume Boivin a refusé l’invitation, Antoine Duchesne aussi. S’il faut payer, nous, on ne voit pas l’intérêt [d’y aller]. Ça va être intéressant de voir qui va aller subventionner la fédération.
Hugo Houle, la presse, 4 septembre 2022
Je salue en particulier le refus de Guillaume Boivin qui en a fait aussi une question de principe, lui qui est pourtant en forme et qui aurait pu faire de belles choses en Australie pour le Canada.
Avec les saisons qu’on fait et les résultats qu’on a apportés dans les dernières années, je trouvais ça un peu irrespectueux de nous demander de payer. J’ai décidé de ne pas y aller parce que ça coûte cher, mais par principe aussi.
guillaume boivin, la presse, 4 septembre 2022
C’est de pire en pire du côté de Cyclisme Canada. Vraiment déplorable.
Je dénonce sur ce site depuis des années le manque de leadership de notre fédération nationale pour développer le cyclisme sur route, soutenir les fédérations provinciales, et augmenter les débouchés pour nos coureurs cadets et juniors les plus prometteurs.
Plus encore, Dominik Gauthier a lui-aussi dénoncé la fédération canadienne récemment via la plate-forme de Radio-Canada.
J’ai donc demandé à Hugo Houle cette semaine si quiconque à Cyclisme Canada l’avait contacté pour répondre à ses interrogations. Non, rien! Rien? Même pas un accusé de réception? Non.
Cela est un manque de respect ultime! Comment une organisation peut-elle ignorer les plus grands noms de son propre sport? Il faut aussi spécifier qu’Hugo et ses acolytes sur route ne faisaient pas que se plaindre, ils proposaient des pistes de solutions intéressantes.
Dominik Gauthier, Radio-Canada, 8 septembre 2022
Bref, ce n’est pas brillant. Cyclisme Canada est probablement dû pour un très grand ménage.
Et Cyclisme Canada continue d’investir dans la piste, avec des résultats très mitigés depuis des années. Pendant ce temps, la route se meurt: plus d’épreuves nationales, plus d’équipes élites nationales, c’est la misère pour nos meilleurs(es) jeunes coureurs(ses).
De l’argent? Il y en a, de l’argent, mais Cyclisme Canada n’est pas capable de convaincre, apparemment. Pourtant, des sponsors investissent dans le cyclisme, j’en ai moi-même la preuve avec mon équipe cycliste.
Avec seulement quelques mois d’existence, j’ai bien l’impression que l’initiative Bridge The Gap a déjà fait plus pour le cyclisme sur route au Canada que Cyclisme Canada depuis des années. Je publierai bientôt sur La Flamme Rouge davantage d’information sur cette initiative intéressante et porteuse d’espoir.
Entretemps, souhaitons le meilleur des succès aux cyclistes canadiens qui seront du voyage des Mondiaux en Australie. Nos meilleures chances sont assurément du côté de l’équipe des femmes élite pour la route, et du côté de nos juniors.
Espérons qu’une autre équipe nationale aura la bonté de prêter une pompe à nos Canadiens(iennes) pour qu’ils(elles) puissent gonfler leurs pneus!
Surtout quant on a manqué son principal objectif de la saison, le Tour de France!
Du coup, Pogi a fait plaisir à tout son monde hier en remportant le GP cycliste de Montréal.
Pogi court toujours pour gagner et il est intéressant pour cela.
Et il a gagné hier en pleine maitrise de son art.
Autrement dit, il n’a pas raté son coup, et il a aussi assuré au niveau de ses coéquipiers qui ont donné durant toute la course pour lui permettre de jouer la gagne.
Comme d’hab, la sélection finale s’est faite « à la pédale » dans la dernière ascension de Camilien Houde.
Pogi n’a pas eu besoin de se débarrasser de ses compagnons d’échappée – Van Aert, Gaudu, Yates et Bagiolo – confiant qu’il était dans son sprint après 200 bornes d’une course usante.
Et comme il l’avait anticipé, il a pu battre Van Aert et les autres.
Ce dernier s’est bien battu, est allé au bout de l’effort. Rien à dire. Ses coéquipiers ne peuvent nourrir trop de regrets.
Mention très bien à David Gaudu aussi, impressionnant dans le final pour un « petit » gabarit.
Il n’a pas manqué grand chose à Bardet et Cosnefroy pour accrocher le bon wagon en haut de Camilien Houde. Ces deux-là peuvent nourrir des regrets.
Le premier Canadien est encore une fois Guillaume Boivin, 37e. Sur un tel parcours, c’est remarquable pour lui qui est plutôt sprinter. S’il connait une bonne intersaison durant les prochains mois, attention à lui l’an prochain!
Une autre qui doit rager, c’est Warren Barguil qui repart du Québec avec deux 10e places. Il tourne autour cette saison, mais ne parvient pas à en décrocher une belle. Frustrant pour lui.
Prélude aux Mondiaux
Assurément, plusieurs coureurs ont rassuré voire « mis la table » pour les prochains Mondiaux, en particulier Pogacar aujourd’hui, mais aussi Van Aert et Cosnefroy. Il faudra compter sur eux.
Il faudra aussi compter sur un certain Remco Evenepoel, qui a remporté hier le premier grand tour de sa carrière, la Vuelta. Evenepoel vient de passer dans une nouvelle dimension, et pourra prochainement aspirer au… Tour de France.
En attendant, il partagera la responsabilité du leadership de l’équipe de Belgique en Australie.
Avec les flammèches l’an dernier sur ces mêmes Mondiaux entre Van Aert et lui, j’ai bien hâte de voir comment ces deux-là vont s’entendre!
Quel spectacle hier dans la côte des Glacis lorsque Benoit Cosnefroy a attaqué ce qui restait alors du peloton principal au GP cycliste de Québec!
Ouf.
J’avais déjà lu que Cosnefroy était le « petit Alaphilippe » et j’en ai eu la preuve hier.
Une attaque foudroyante, et surtout imparable. Viens un moment où il y a une limite à la vitesse que tu peux monter une bosse. Cosnefroy l’avait probablement atteinte hier dans les Glacis.
Personne n’a pu embrayer dans sa roue.
Sur le haut, le plus dur restait à faire: tenir.
Ben il a tenu. Cosnefroy aura aussi bénéficié d’un dernier kilomètre décousu derrière lui, aucune équipe ne parvenant vraiment à assurer un train pour amener son sprinter vers la ligne.
Une TRÈS grande victoire du coureur français de 26 ans, assurément sa plus belle en carrière jusqu’ici.
Cosnefroy sera un sacré client des prochains Mondiaux.
Une course classique
Sinon, le GP de Québec a connu hier un scénario classique.
Une échappée matinale, avec un coureur de l’équipe canadienne, Carlson Miles d’Ottawa qui est allé assez loin tout en jouant les points du grimpeur. Bien fait.
J’ai été très surpris de voir parmi les 5 hommes devant un Damiano Caruso, pourtant d’un autre niveau. Caruso est logiquement allé le plus loin parmi les coureurs de la première échappée.
C’est avec 4 tours à faire que la course s’est vraiment lancée, mais trois équipes veillaient au grain: Intermarché, Jumbo-Visma et BikeExchange.
Visiblement, les Van Aert, Girmay et Matthews avaient donné des instructions.
Et parfois Pogi puisqu’on a aussi vu les UEA Team Emirates par moment.
Je pense qu’encore une fois, ce circuit de Québec et sa dernière ligne droite jusqu’à la ligne auront surpris bon nombre de coureurs: sur un tour, on se dit « pas de problème, c’est pas très difficile ».
Après cinq tours, aie, ca se complique.
Après huit, tu ne la trouves plus drôle.
Après 10 tours, ca pète de partout.
Après 14 tours, la grande lessive: ils n’étaient plus que 45 dans le peloton principal.
Et dans le dernier tour, c’est au mental que ca se joue.
Si Cosnefroy et Matthews n’ont pas pété hier dans le long faux-plat jusqu’à la ligne, Wout Van Aert a semblé le trouver un peu indigeste après 200 bornes: il rate le podium après avoir fait rouler son équipe toute la journée. Gageons qu’il sera revanchard à Montréal.
Les Canadiens
Hugo Houle n’était visiblement pas dans un grand jour, mais on l’excusera après une très grosse saison.
Carlson Miles, très bien dans l’échappée.
Matteo Dal-Cin et Pierre-André Côté se sont rendus jusque dans le final, très bien là encore. Il n’aura pas manqué grand chose à Côté pour finir avec le premier peloton devant, ce qu’a réussi à faire Guillaume Boivin au métier. Il est le premier coureur canadien classé.
Montréal dimanche
On remet ca dimanche avec les mêmes favoris, sur un parcours mythique et un peu plus difficile qu’à Québec.
Une belle partie du peloton WorldTour est au Québec depuis quelques jours pour les deux Grands Prix cyclistes de Québec (vendredi) et de Montréal (dimanche).
L’autre partie termine actuellement la Vuelta, où Remco Evenepoel pourrait signer sa première victoire sur un grand tour. Avec Roglic le poissard qui a bêtement chuté dans les derniers mètres de l’étape il y a quelques jours, on voit mal ce qui pourrait désormais empêcher le jeune prodige belge de la consécration. Enric Mas? Je n’y crois pas.
Peu importe, pour Québec et Montréal, le peloton s’amène avec quelques gros enjeux en toile de fond. Question de bien comprendre les stratégies de course qu’on risque de voir, il est utile de les rappeler.
Enjeu #1
D’abord et avant tout, la préparation des prochains Mondiaux, fin septembre, en Australie. Le parcours là-bas est casse-pattes, et beaucoup de coureurs peuvent nourrir des ambitions, surtout qu’un puncheur comme Alaphilippe, double tenant du titre, n’est pas au mieux.
Québec et Montréal, avec les bosses à répétition, c’est parfait pour amorcer la préparation finale, en situation de course.
Enjeu #2
La sélection et le leadership des équipes nationales.
Les Mondiaux sont une des rares courses pro à être disputées en équipes nationales. Il faut donc s’y faire sélectionner, et la question du leadership de l’équipe nationale se pose ensuite.
Pour beaucoup de coureurs sur les GP de Québec et Montréal, on voudra se mettre en évidence pour assurer sa sélection pour l’Australie, voire pour revendiquer un statut de coureur protégé lors de ces Mondiaux. Une sélection en équipe nationale est toujours une belle réalisation dans une carrière.
Ca sera l’occasion par exemple pour Guillaume Martin ou Warren Barguil de rassurer sur leur condition actuelle. Idem pour certains coureurs belges, italiens ou espagnols.
À noter que chez les Belges, les deux leaders pour les prochains Mondiaux ont déjà été annoncés: Wout Van Aert et Remco Evenepoel, qui d’autre? Les autres Belges voudront plutôt s’assurer d’une place en sélection nationale pour faire briller la Belgique en Australie.
Enjeu #3
Bien entendu, les points UCI en vue du renouvellement des licences WorldTour.
Gageons que des équipes comme Israel-Premier Tech, Bike Exchange, Lotto-Soudal, EF Education First, voire Cofidis et Arkea voudront marquer de précieux points. La lutte est serrée pour la 18e et dernière place permettant d’accéder au précieux graal, ces équipes devront être offensives.
Enjeu #4
Renouveler son contrat pour la saison prochaine!
Certains coureurs jouent gros en cette fin de saison, n’ayant pas encore renouvelé leur contrat en vue de 2023.
Antoine Duchesne à la Groupama-FDJ est dans cette situation.
Ils viseront donc de se mettre en évidence aux yeux de leur propre équipe, soit par un solide travail d’équipier, soit par une belle place sur la ligne d’arrivée.
En WorldTour, les places sont chères et les directeurs sportifs et managers d’équipe ne font pas dans le sentiment. Il s’agit donc, pour plusieurs coureurs, de ne pas rater leur mois de septembre et d’octobre afin de convaincre.
Enjeu #5
Une saison à sauver!
Si certains coureurs ne sont pas à risque de perdre leur contrat en vue de la saison prochaine, ils ont sous-performé en 2022 compte tenu de leur contrat actuel, de leur réputation et des attentes à leur endroit.
La fin de saison chez les pros, c’est aussi le moment où certains cherchent à « sauver » leur saison.
Un Greg Van Avermaet par exemple, assez inexistant cette saison pour AG2R-Citroen, compte tenu de son statut et de son salaire.
Un Jakob Fulgsang chez Israel-Premier Tech, ou Sep VanMarcke.
Jasper Stuyven chez Trek-Segafredo.
Enjeu #6
Les neo-pro.
Plusieurs coureurs du peloton de Québec et Montréal sont très jeunes (22 ans ou moins), et en sont à leur première année en WorldTour. Les deux courses sont des tests pour eux, ceci afin de mesurer leur progression et leur potentiel en vue des prochaines années. Les équipes voudront suivre de près leur performance, là encore en vue du renouvellement de leur contrat pour les prochaines années.
Enjeu #7
L’équipe canadienne!
Pour beaucoup de coureurs sur la sélection canadienne, il s’agit de se montrer, et de faire briller les couleurs de l’équipe nationale. Cyclisme Canada compte également là-dessus, c’est toujours une belle vitrine que de passer la première moitié de la course avec des maillots de l’équipe nationale dans l’échappée devant.
D’autres, comme Pier-André Côté ou Matteo Dal-Cin, joueront probablement plutôt une belle place à l’arrivée.
Le premier veut une place en WorldTour, le second veut sécuriser un contrat pro – n’importe lequel – en vue de la saison prochaine.
Un jeune coureur comme Carlson Miles est un candidat parfait pour l’échappée matinale à Québec.
Les favoris
Pour moi, un seul nom sort du lot: Wout Van Aert.
Il sera très difficile à battre, surtout à Québec. Si le sprint si spécial en faux-plat ascendant convient bien à Michael Matthews et Peter Sagan, il conviendra également parfaitement à un Wout Van Aert surpuissant cette saison.
Van Aert dispose d’une belle équipe à son service, et il se doit de rassurer la Belgique en vue des Mondiaux puisque Evenepoel remportera probablement la Vuelta.
Tadej Pogacar ne devra pas être sous-estimé, particulièrement à Montréal: d’un tempérament offensif, il est clair pour moi qu’il ne restera pas anonyme au sein du peloton durant les deux courses.
Aussi à surveiller, Michael Matthews bien sûr, il a déjà réalisé le doublé au Québec sur des circuits correspondant parfaitement à ses qualités.
Je vois bien un Matej Mohoric également, Alberto Bettiol ou Neilson Powless pour EF Education, Christophe Laporte, Luke Rowe et Adam Yates chez Ineos, Rui Costa ou encore Diego Ulissi chez UAE dépendemment de Pogi, ou encore Benoit Cosnefroy.
Autre attraction de ces deux courses, Biniam Girmay bien entendu! SVP, s’il gagne, ne lui offrez pas de bouteille de champagne sur le podium…
Hugo Houle superstar
Comme David Veilleux à une certaine époque, gageons que l’accueil du public québécois pour Hugo Houle sera remarquable et… bruyant sur les deux courses.
Et c’est très mérité. Il s’agit de l’heure de gloire d’Hugo, et considérant sa victoire d’étape sur le Tour de France, quoi de plus normal?
On espère qu’Hugo pourra se mettre en évidence, pourquoi pas en se glissant dans une échappée dans le final de Québec ou de Montréal? Gageons qu’il aura un statut de coureur protégé chez Israel-Premier Tech, ce qui devrait lui donner une certaine marge de manoeuvre.
La météo
Grand beau, assez chaud, peu de vent. Des conditions de course idéales!
Après deux semaines de silence, La Flamme Rouge reprend brièvement du service, question de vous tenir informés de la suite.
Je suis en vacances!
Après une année compliquée au bureau, faute du recensement canadien, ces vacances font du bien.
Des vacances cyclistes vous vous en doutez.
Bientôt, un nouvel assault sur la Haute Route Alpes. Avec Loïc, avec David 1 et 2, avec tous(tes) les autres.
Alors je peaufine ma condition et fais le métier. Je ne suis pas très beau en maillot de bain, mais je monte les cols plus vite que jamais.
Avec Primoz. Et j’espère demain avec Tadej sur le Mont Chauve ou le col de Braus.
Putain les mecs, ca fait du bien après trois années privées de grands cols (la faute à la pandémie), de votre France qui est si belle, celle des petits villages perchés, des lacets, de la lavande et des cigales, parfois du cagnard que j’aime aussi, mais chaque jour assurément avec cette Grande Bleue en toile de fond.
J’abuse de Ricard. Pour David, « un Ricard, et ca repart… »
Bref, je suis heureux ici, mais d’un bonheur tout relatif, ne perdant pas de vue qu’il n’y a pas de meilleur endroit au monde que celui ou tous mes amis(es) sont… Je pense à vous, c’est certain, en attendant de vous retrouver.
Et dans une semaine, prise de risques maximum sur la Haute Route Alpes. Un voyage pour, encore une fois, mieux connaître de quoi je suis fait. Si je n’en reviens pas, je serai mort heureux.
Hugo Houle l’a fait hier: il a gagné l’étape sur le Tour de France entre Carcassonne et Foix.
Pour son frère disparu tragiquement il y a quelques années.
J’avais un rêve, gagner une étape pour mon frère qui est décédé quand je suis devenu professionnel. Je la voulais pour lui. J’ai attendu dix ans, mais aujourd’hui j’ai eu cette victoire pour lui.
Hugo houle, cité par l’équipe
C’est magnifique, et historique. Jusqu’ici, seul Steve Bauer avait remporté une étape du Tour, la 1ere étape du Tour 1988. Et aucun coureur québécois n’avait encore réussi cet exploit.
Autrement dit, Hugo est directement entré dans l’histoire du cyclisme canadien hier, et il est aussi entré dans une autre dimension qu’il ne quittera désormais plus. Vainqueur d’une étape du Tour, sa carrière cycliste professionnelle est réussie.
C’est un géant.
Et quelles images! Ca donnait la chair de poule. J’avoue avoir été émotif dans le dernier kilomètre, pour Hugo. J’avais du mal à en croire mes yeux. Satané dernier virage à 500m de la ligne, un simple virage, mais on avait peur qu’il dérape, je ne sais trop.
Il s’impose solo. La plus belle des façons de s’imposer. Tu as le temps de savourer. Tous les autres derrière. Il a mené une étape brillante, intelligente, plaçant son accélération au bon moment, à 39 kilomètres de l’arrivée, alors qu’il voulait préparer le terrain pour son coéquipier et compatriote Mike Woods.
Tellement fort Hugo qu’il s’est retrouvé seul et a poursuivi son effort. Clairement le bon choix!
Une heure d’effort en solitaire.
Il a su résister dans le difficile Mur de Péguère.
Le plus fort.
La joie de Mike Woods derrière dans les derniers hectomètres faisait aussi plaisir à voir. Assurément le signe que l’ambiance chez Israel-PremierTech est très bonne.
Pour ajouter au succès, Mike Woods termine 3e de l’étape. Deux coureurs canadiens dans les trois premiers d’une étape du Tour, on se souviendra longtemps du mardi 19 juillet 2022 ici au Canada.
La portée d’une telle victoire
Pour le cyclisme canadien et québécois, cette victoire d’Hugo Houle au Tour de France, la plus prestigieuse et la plus connue des épreuves cyclistes, a probablement la portée d’une médaille olympique ici au Canada.
Autrement dit, on parlera du cyclisme sur route grâce à cette victoire qui pourrait aussi susciter des vocations chez les plus jeunes coureurs canadiens.
Hugo a prouvé qu’avec du travail, de la constance et du sérieux, on pouvait y arriver.
Hugo Houle n’est pas le « petit gars de Sainte-Perpétue« , ou alors Tadej Pogacar est le « petit gars de Klanec » en Slovénie.
Autrement dit, on est tous le « petit gars » de quelque part. À un moment donné, faut arrêter.
Hugo Houle est un géant du Québec, point final.
Et rappelons l’état difficile du cyclisme sur route au Canada; Hugo lui-même a été très critique ces dernières années envers Cyclisme Canada. S’il est y parvenu, c’est grâce à lui-même, au soutien aussi de SpiderTech à une certaine époque de sa carrière, et aujourd’hui de Israel-PremierTech, sans oublier AG2R – La Mondiale, sa première équipe pro.
Déjà, de nombreux rapaces des organisations cyclistes au Canada et au Québec voudront s’associer à cette victoire d’Hugo. Je suis d’avis qu’elle est d’abord et avant tout la sienne, point final. Il en a le seul mérite, je rends hommage à son seul talent, sa persévérance et sa détermination aujourd’hui, rien d’autre à dire.
Tout au plus, certains dirigeants lui auront fait confiance dans sa carrière, que ce soit chez Spider Tech, AG2R, Astana, ou encore Israel-PremierTech. Ils doivent être reconnu à ce titre.
Pour le reste, les fédés canadiennes et québécoises? Niet. Si vous voulez qu’on en parle, on le fera preuves à l’appui, notamment à l’égard de cette récente sélection canadienne en vue des prochains GP de Québec et Montréal. Lamentable!
Inutile de vous rappeler que les courses cyclistes sur route disparaissent les unes après les autres au Québec et au Canada depuis plusieurs années, récemment les Mardis cyclistes de Lachine et le Tour de Beauce.
Une génération de coureurs, celle des Adam Roberge et Julien Gagné, a été sacrifiée. Notamment sur la lubie de la piste.
Bref, chapeau bien bas à Hugo aujourd’hui, une fierté nationale.
Mais solo.
Rien pour préparer l’avenir. Je persiste et signe, et l’ai déjà écrit sur ce site: l’après Hugo Houle, Mike Woods, Guillaume Boivin et Antoine Duchesne sera difficile pour le cyclisme canadien et québécois.
Mon article intitulé « Trop dur, les Canadiens » diffusé la semaine dernière a suscité beaucoup de réactions au sein de la communauté des coureurs maitres du Québec, mais aussi d’ailleurs.
Personne ne m’en a demandé, mais Alexis Pinard et moi avons échangé ces jours derniers au sujet des enjeux liés à ces Championnats canadiens, dans une perspective plus globale qui est celle de la survie des courses sur route au Québec, aujourd’hui confrontées à une concurrence jamais vue auparavant (événements cyclosportifs, de gravelle, de vélo de montagne, etc.).
La Flamme Rouge : Alexis, tu as compris que La Flamme Rouge est aussi utile en ce sens qu’elle permet de prendre le pouls de la communauté cycliste d’ici.
Alexis Pinard : Pour moi Laurent, une communauté cycliste en santé est une communauté capable de s’exprimer sur les enjeux de notre sport, objectivement et de façon constructive. J’accueille favorablement ton article, car il est pertinent et permet pour moi de bien avoir le pouls de la communauté, et de réagir. Je le fais aujourd’hui, et merci à toi!
LFR : Selon toi, et considérant le parcours 2021 des Canadiens, est-il raisonnable de penser que la difficulté du parcours, très sélectif, a découragé plusieurs coureurs maitres à participer cette année? Une fois lâché du peloton de tête, le fun d’une course cycliste n’est plus vraiment là.
AP : Il est certain que le parcours est difficile, je le reconnais, notamment si on le compare à d’autres courses au Québec. Mais est-il trop difficile? Je n’en suis pas sûr. Il l’est un peu moins que l’an dernier, et ça reste une course de Championnat canadien, ou un parcours sélectif est particulièrement pertinent.
D’autres courses sont aussi très difficiles, je pense à Green Mountain Stage Race où, chaque année, de nombreux coureurs maitres du Québec s’inscrivent.
J’ai bien aimé le commentaire laissé par Éric sur La Flamme Rouge : c’est une question d’avoir une bonne approche, un bon rapport à la compétition. Tous les parcours ne sont pas faits pour tout le monde, mais ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas y trouver son compte, être satisfait et progresser. Pour certains, seule la victoire compte, et c’est très bien. Pour d’autres, l’objectif peut être ailleurs, par exemple une place dans les 10 premiers, ou simplement le défi d’aller au bout de la course. Cette approche, qui était aussi la mienne lorsque je courais, parle-t-elle encore à beaucoup de gens? J’ose l’espérer, mais je n’en suis pas sûr non plus. C’est utile d’en parler.
J’ajoute aussi qu’il ne faut pas oublier le GranFondo UCI du dimanche, où l’accent est davantage mis sur l’aspect défi. On compte déjà sept nationalités au départ. On peut y tester sa forme, ça c’est clair, et possiblement se qualifier pour les Mondiaux en Italie plus tard dans la saison.
LFR : Tu as mis en place plusieurs stratégies pour rendre ton événement accessible cette année, notamment en proposant des tarifs d’inscription de groupe. Peux-tu nous en dire plus?
AP : C’est un beau party de vélo qu’on organise, avec une foule d’activité pour tout le monde, incluant la famille des coureurs, leurs enfants. On veut rendre l’expérience client optimale. Dans ce contexte, c’est sûr qu’on favorise la présence d’équipes complètes.
Cette année, une équipe qui inscrit de trois à cinq participants bénéficie de 20% de réduction sur toutes les inscriptions. À partir de six coureurs(es), c’est 30% de réduction.
(ndlr : notons que les inscriptions ferment ce mercredi à 23h59, et que les équipes intéressées ou déjà inscrites peuvent profiter du rabais en écrivant à info@classiquedesappalaches.com)
LFR : Des changements seraient possibles si l’événement revenait dans l’avenir?
AP : Manifestement, et grâce notamment à ton article, on a des choses à revoir pour l’avenir parce que mon organisation a manifesté son intérêt auprès de Cyclisme Canada à poursuivre l’organisation des Championnats canadiens Maitres au cours des prochaines années.
Il faut toutefois comprendre que des changements impliqueront des efforts, des coûts humains et logistiques supplémentaires. On va le faire avec plaisir si cela nous permet d’augmenter l’expérience client, d’optimiser le plaisir qu’ont les participants à venir courser à Victo. L’enjeu reste à savoir si d’éventuels changements vont amener une participation accrue ? À quel point la communauté cycliste va répondre présent si on modifie le parcours l’an prochain, pour le rendre disons plus accessible? C’est une grande question pour moi.
LFR : À long terme, quel est l’impact d’une participation moindre des coureurs maitres sur un événement comme le tien, sur des partenaires financiers aussi?
AP : C’est très clair qu’un des indicateurs importants de l’évaluation de l’événement, c’est le nombre de participants, ainsi que les retombées économiques et sociales. Moins de participants veut dire plus d’enjeux pour convaincre les partenaires de poursuivre l’aventure dans les prochaines années. C’est important que la communauté cycliste participe. Et ma responsabilité c’est de leur livrer un événement de grande qualité, notamment en matière de sécurité, de fun, ou tout le monde va y trouver son compte, que ce soit le futur champion canadien ou le cycliste participant à son premier GranFondo.
LFR : J’ai souvent écrit, ces dernières années, que les courses sur route au Québec traversent une période difficile. La compétition avec d’autres types d’événements est certainement une partie de l’explication. Le GP cycliste de Ste-Justine, prévu le 18 juin dernier, a été annulé à la dernière minute. Je pense que c’est difficile d’organiser une course cycliste sur route actuellement?
AP : Je te le confirme Laurent. Une chance qu’on a nos précieux bénévoles, la réelle force de notre organisation. Ces gens travaillent avec professionnalisme et passion, ce sont nos héros. Et c’est sûr qu’une source de satisfaction de nos bénévoles, ils sont 300 pour l’événement en fin de semaine prochaine, c’est le nombre de participants.
Je te confirme également que certains coûts fixes sont très élevés pour des courses sur route, car c’est un événement mobile, où on a un peloton qui évolue à vitesse variable sur des routes le plus souvent ouvertes à la circulation. La sécurité en course, l’encadrement (signalisation, premiers répondants, ambulances, etc.) représente donc des coûts importants, que d’autres disciplines du cyclisme n’ont pas forcément.
C’est clair que les courses sur route traversent une période difficile. Et je trouve cela parfois difficile à expliquer car il n’y a jamais eu autant de monde sur un vélo, et jamais autant de monde l’hiver sur leur home-trainer et des plate-formes comme Swift.
LFR : Tu as l’impression que Cyclisme Canada et la FQSC facilite actuellement les choses pour un organisateur de courses sur route?
AP : Je pense qu’on a besoin d’avoir une conversation sur le paysage compétitif et cyclosportif au Québec, pour moi c’est clair. On est à une croisée des chemins, et on a probablement une fenêtre d’opportunité actuellement pour revoir les facteurs associés tant à l’offre qu’à la demande pour des événements cyclistes puisqu’on amorce l’ère post-Covid, et qu’on se dirige notamment vers l’accueil des Mondiaux UCI GranFondo en 2026.
Du côté de l’offre, a-t-on trop d’événements cyclistes? Les fédérations ont un rôle à jouer en s’assurant de ne pas développer chacune des disciplines en silo, ce qui augmente la concurrence entre ces disciplines. Il faut probablement une certaine coordination, notamment au niveau des événements : route, piste (notamment avec le nouveau vélodrome de Bromont, bientôt prêt), gravelle, vélo de montagne, cyclosport, BMX, de plus en plus d’événements pour les e-bike…
Du côté de la demande, je ne suis pas sûr qu’on la comprenne bien aujourd’hui. Les mentalités ont évolué, les gens sont plus dans le plaisir qu’avant, recherchent aussi des expériences plus « immersives » avec une vraie expérience client, il y a une analyse à faire, en particulier du côté de leur rapport avec la compétition en cyclisme sur route. Les fédérations ont un rôle à jouer dans l’élaboration de ces analyses, question de prendre les bons virages pour l’avenir en fournissant un cadre structurant pour l’ensemble de leurs parties prenantes, des plus récréatives aux plus compétitives, à titre de participant ou d’organisateur d’événements.
LFR : Je te laisse le mot de la fin Alexis.
AP : Je veux être clair : si nous devons revoir le parcours pour améliorer l’expérience client et augmenter la participation dans l’avenir, on va le faire!
Je tiens aussi à rassurer : tout le monde peut trouver son compte cette année au Vélo.Victo.Fest. Ma philosophie se résume un peu à « Podium, Peloton, Party ». C’est certain que sur ce parcours, tout le monde ne peut pas rêver à un podium, mais beaucoup peuvent rêver au peloton et son ambiance, et tout le monde peut être du party. Je l’ai écrit dans le mot de bienvenue à l’événement : « profitez-en, ensemble, et brillons par notre passion. Trève d’introduction. Passons à l’action. »
Sur la base de l’expérience de septembre 2021 et selon l’avis de nombreux coureurs, la réponse est oui pour ce qui est du parcours de Victoriaville dans un peu plus d’une semaine.
Au cours des derniers temps, j’ai pu constater que la distance et le dénivelé de ces Championnats canadiens maitres 2022 font encore peur cette année, malgré les modifications au parcours de l’an dernier.
132 kilomètres chez les Maitres 1 et 2, incluant trois tours d’un circuit assassin, ce qui veut dire trois fois une rampe qui est assurément plus difficile à encaisser que Camilien Houde ou la côte de la Montagne à Québec. Certains pourcentages dans cette rampe de trois kilomètres dépassent les 18%.
Sur un tel parcours, c’est une sélection par l’arrière. Course d’équipe? Je demande à voir! L’an dernier en tout cas, il n’y a pas eu de course d’équipe. Je le sais, j’y étais.
Il y a eu des Championnats canadiens élite moins difficiles…
Les quelques coureurs maitres disposant d’un rapport poids-puissance supérieur à la moyenne et d’une excellente VO2max y trouveront leur compte, puisque 90% du peloton sera éliminé par simple attrition.
On connait ceux qui pourront s’illustrer, et ils en ont le mérite. En gros, vous prenez les mêmes que l’an dernier, c’est une bonne base. En M2, je peux presque déjà vous décliner le top-10. Je n’en fais pas partie!
Il y va de la survie du cyclisme sur route au Québec.
L’organisation de l’événement de Victoriaville, Alexis Pinard en tête, ne ménage pas les efforts pour faire de cet événement un incontournable de l’année, et ce depuis plusieurs années déjà.
C’est pas moins de quatre jours d’événements et de festivités qui sont organisés. Le programme est ici. On peut donc aussi y venir en famille, tout le monde y trouvera son compte. J’ai expérimenté l’an dernier avec mes parents.
On pourra facilement passer plusieurs jours à Victoriaville dans une ambiance résolument cycliste et… festive.
Bref, si j’aurais souhaité un parcours un peu plus ouvert pour permettre d’attirer un maximum de coureurs et pour créer une course plus intéressante sur le plan tactique, je soutiens également qu’il faut s’inscrire à cet événement question de soutenir le cyclisme sur route, et de participer à un événement « épique ».
Dans 15 ans, ce parcours vous permettra encore de dire à vos collègues admiratifs « j’y étais, je l’ai fait »!