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Cycles Marinoni, 50 ans à notre service

La microbrasserie du Siboire avec un de ses fondateurs, Pierre-Olivier Boily, soulignaient en septembre dernier les 50 ans d’histoire de Cycles Marinoni, ce désormais légendaire fabriquant de vélos au Québec, par un événement festif qui a regroupé de nombreux cyclistes notamment pour une sortie sur le circuit automobile Gilles Villeneuve.

Ce court et beau petit vidéo témoignant de la journée a été diffusé tout récemment.

Un hommage mérité pour cette entreprise et son fondateur, Giuseppe Marinoni, venu d’Italie pour courir au Québec dans les années 1960. Marinoni a tout gagné à la grande époque du cyclisme au Québec, semant la terreur dans le peloton avant de se lancer dans la fabrication de cadres sur mesure au début des années 1970.

Terminée, sa carrière? Jamais tout à fait puisque l’homme s’est attaqué à plusieurs records de l’heure depuis 15 ans chez les coureurs d’âge plus avancés, avec succès!

Rapidement au fil des ans, l’entreprise Marinoni a su se construire une solide réputation d’excellence non seulement pour les vélos de course, mais aussi pour les vélos à vocation plus « cyclotourisme », permettant notamment le montage « à la carte ».

Surtout, fait remarquable, l’entreprise a su durer jusqu’aujourd’hui, notamment grâce à une approche toujours demeurée prudente quant au développement, et soignant son service à la clientèle. Chez Marinoni, pas de bling bling, mais l’accès à une solide expertise à votre service, et cette garantie que jamais, ô grand jamais, on ne vous laissera tomber comme client.

Pourtant, il y en a eu des défis au cours de ces 50 dernières années: révolution des cadres alu, puis avènement du titane et du carbone, évolution de l’industrie qui est passée de multiples « petites » marques à quelques géants internationaux maintenant, changements techniques, avènement de la vente directe en ligne sur l’Internet, mondialisation, pandémie, et j’en passe.

Je vous ai plusieurs fois parlé de cette entreprise et la famille derrière au fil des 20 dernières années (2018: Marinoni autrement ; 2013: l’histoire d’une vis), étant un client fidèle de Paolo que je salue bien bas. Paolo a repris l’entreprise de son père il y a plusieurs années déjà, poursuivant donc l’entreprise familiale. J’ai encore vu Paolo et son équipe en juillet dernier. C’est pas compliqué, personne ne touche à mon vélo à part moi, Paolo et Raoul, point barre.

À l’heure du gigantisme et du « main stream », à l’heure du n’importe quoi au niveau des tarifs prohibitifs des vélos de course qui ne valent tout simplement pas ça, à l’heure des « stop ride » de plus en plus fréquents, à l’heure des fissures dans des cadres vendus rapidement sans contrôle de qualité car il est plus rentable de les écouler par milliers, quitte à devoir en changer quelques centaines (mais pour le client, bonjour les emmerdes…), à l’heure des services impersonnels via Internet ou par manque de personnel, moi je trouve que Marinoni, notre fabriquant local et vrai au Québec, est plus pertinent que jamais. Lorsque j’entre chez Marinoni à Terrebonne, je sais que je n’y trouverai peut-être pas une salle de montre dernier cri aseptisée bling bling, mais un endroit vrai au service ultra-compétent, précis, raisonnable, et un endroit ou l’on ne me laissera jamais tomber, pièces en main et quitte à devoir travailler 15min de plus.

Paolo, Giuseppe, et toute l’équipe de Cycle Marinoni, tout simplement merci. Vous êtes grands. À très bientôt.

La triste agonie de Garneau Sports

De mal en pis.

Florissante dans le monde du cyclisme il y a encore 15 ans, la société Louis Garneau Sports vit des moments pénibles depuis quelques années.

Et la descente aux enfers se poursuit.

Placée à l’abri de ses créanciers en 2020, le redressement entrepris alors n’a pas porté fruit: aujourd’hui, la dette de l’entreprise n’a pu être résorbée, les ventes stagnent voir régressent, c’est la débandade.

Je m’en désole, car Garneau Sports était un fleuron au Québec et parce que Garneau Sports a contribué à La Flamme Rouge pendant quelques années en offrant aux trois premiers du jeu « pool de cyclisme » des petits cadeaux à sa discrétion. J’en suis encore reconnaissant.

La société a été vendue en septembre dernier à la compagnie de vêtements de sport Lolë. Au passage, on aura licencié de nombreux employés(ées), et fermé les usines de Chine et du Mexique, ainsi que la succursale des États-Unis.

Le siège social situé à St-Augustin de Desmaures en banlieue de Québec a été vendu depuis plus d’un an, et cela faisait des années qu’on n’y fabriquait plus rien.

Comme fin abrupte, c’est assez spectaculaire et triste. Garneau Sports a incarné pendant trois décennies la réussite, voire l’entreprenariat au Québec. Bref, le succès. Parti de rien, fabriquant des vêtements cyclistes dans le garage paternel, Louis Garneau aidé de sa conjointe a hissé à force de travail son entreprise parmi les joueurs importants du marché du vêtements de sports au Canada, voire sur la scène internationale.

L’entreprise avait aussi réussi à diversifier ses produits, faisant dans les fournitures scolaires pour enfants par exemple.

Il aura même été le bonnetier de l’équipe pro Europcar pendant quelques années au début des années 2010, soutenant également un David Veilleux et, auparavant, la Classique Montréal-Québec ainsi qu’une équipe Senior 1 tout entière, initiatives qu’on regrette encore aujourd’hui.

Alors, comment est-ce possible d’assister à pareille déchéance, et aussi rapidement?

Quelques réflexions sur les possibles raisons

Je ne suis évidemment pas dans le secret des Dieux, bien loin de tout ca et détaché du milieu cycliste au Québec, un état que je chéris car il me procure une indépendance, critère de la crédibilité.

Vu de loin, comme ca, plusieurs raisons me viennent à l’esprit pour expliquer en partie la triste évolution de Garneau Sports depuis quelques années.

Pour moi, trois tournants: le premier vers 2011-2012, puis un deuxième plus récemment, 2020-2021 et enfin le dernier, vers 2023-2024.

Sur le premier tournant vers 2011-2012, peut-être une expansion trop rapide, et une décentralisation de la production à l’extérieur du Québec qui s’est malheureusement soldée par une baisse drastique de la qualité des produits Garneau Sports.

Je me souviens des magasins « Concept Store » qui ouvraient partout au Québec au tournant des années 2010, Garneau mettant alors de l’avant sa « solution globale », c’est à dire sa capacité d’équiper le cycliste de la tête au pied, vélo compris. À l’époque, Garneau Sports donnait l’impression que tout lui réussissait, et j’étais personnellement très séduit par la compression offert par les cuissards haut de gamme de la compagnie.

Cette expansion s’est toutefois accompagnée d’une décentralisation de la production, traditionnellement assurée au Québec. Dorénavant fabriqués en Chine notamment, les produits Garneau ont souffert d’une énorme baisse de qualité, et Garneau n’aura pas compris qu’il négligeait ainsi sa base, c’est à dire en premier lieu tous ces Québécois qui lui faisaient confiance.

Je m’en souviens comme si c’était hier: j’avais acheté au Concept Store de Longueil plusieurs items Garneau, dont des gants et un sac à dos multi-rangement.

Les gants ont duré une seule sortie: sans coutures mais collés, les pièces se sont séparées en moins de 50kms, notamment en raison de l’action de la sueur. Idem pour le sac à dos: deux sorties et les fermetures éclair étaient explosées, et des compartiments entiers déchirés.

Une qualité médiocre, pour un prix qui, lui, n’avait pas baissé.

Connaissant un représentant commercial de la compagnie, je lui avais fait part de mes constatations, et de mes inquiétudes.

On peut lire dans le livre « Je suis tombé deux fois » de Valérie Lesage et portant sur Louis Garneau ceci:

« Chez Louis Garneau Sports, nous avons, pendant quelques années, négligé d’écouter les représentants commerciaux qui, eux, étaient en contact avec les clients ».

Je suis tombé deux fois, p.140

C’est exactement ça.

Déçus, de nombreux cyclistes se sont tournés ailleurs, et notamment sur toutes ces compagnies émergentes qui ont refaçonné le textile cycliste en proposant notamment de nouveaux look, je pense aux « Pas Normal Studio », « Attaquer », « Pedal Mafia », « Café du Cycliste », « Velocio » et tellement d’autres, ils sont si nombreux aujourd’hui !

Malgré tout ca, j’ai été fier que mes premiers vêtements La Flamme Rouge ont été fabriqués par Garneau Sports, vers 2015. Cependant fatigué des problèmes de décoloration et de tenue dans le temps, j’ai changé pour une compagnie concurrente environ trois ans plus tard.

Autre raison, Louis Garneau, de son aveu lui-même dans ce livre, a toujours voulu garder une influence de premier plan sur « la création et le marketing ». Je pense qu’il n’aura pas su prendre certains virages sur les nouveaux look cyclistes, les nouvelles façons d’assurer la promotion des produits, sur le « branding » et l’expérience qu’offrent aujourd’hui de nombreuses compagnies, façon Apple qui a peut-être été la première compagnie a comprendre qu’il était important de créer ce « branding » limite « secte » pour bien accrocher les consommateurs.

Au deuxième tournant, fin des années 2010, le monde du vélo avait changé: aujourd’hui, quelques grandes compagnies dominent outrageusement le marché, Shimano, Sram, Trek, Specialized, par exemple. Tu ne peux plus lutter contre ce quasi-monopole, cette – TRÈS malheureuse – convergence (le jour où vous roulerez tous sur des Trek, vous comprendrez…). Dans ce contexte, il faut justement miser sur la niche, la secte, le différent, et la qualité. Le branding aussi: en achetant un vélo, un consommateur n’achète pas juste un vélo, il achète une identité. Plus cool, plus différente est l’identité, plus il achète, jusqu’à l’irrationnel. Ce concept a été poussé encore plus loin au cours des cinq dernières années.

Bref, face aux géants, Garneau Sports n’a pas su se positionner pour survivre. L’exemple de son actuel site Internet en dit long.

Et Garneau Sports n’a peut-être pas su connecter avec les acteurs d’ici, au Québec, la base, qui vendent des produits du vélo et qui sont au contact de la clientèle, parfois de niche. Ces acteurs sont à Québec, à Montréal, à Gatineau, à Sherbrooke, sont reseautés, créent, innovent, bougent. Garneau? À ma connaissance depuis quelques années, jamais à la table.

Sur le troisième tournant, la lecture du plus récent livre laissait croire que Garneau Sports se relancerait grâce aux vélos électriques et aux vélos d’enfants.

Force est de reconnaitre qu’en effet, l’occasion semblait très belle: la vente de vélos électriques a explosé dans le monde ces dernières années, et ce type de vélos est le plus vendu actuellement.

Or, qui a entendu parler des vélos électriques Garneau récemment?

Pas moi en tout cas. Dans ce domaine, les géants n’ont pas loupé l’occasion de s’imposer.

Il fallait proposer des produits faits ici, compétitifs, et se distinguant, ne serait-ce que par le look.

Dernier point, derrière une entreprise, il y a toujours des personnes, c’est comme dans tout.

Enfin, s’il s’en défend dans les premières pages, il reconnait plus tard dans le dernier livre à son sujet que l’entreprise Garneau a longtemps été un « one man show ». Or, s’entourer efficacement est un gage de s’ouvrir à des réalités et des évidences que seul, on ne voit pas toujours.

Je ne connais pas M. Garneau. J’ai beaucoup de respect pour ce qu’il a fait. Mes lectures me laissent croire qu’il présente un petit côté mégalomane qui, dans certaines circonstances, auront pu lui servir, et dans d’autres le desservir. A-t-il pu s’entêter par moment, refusant ce que d’autres voyaient comme évidences ?

Quoi qu’il en soit, je suis bien triste de l’évolution des choses pour cette entreprise québécoise dans le monde du cyclisme. Idem pour Argon 18 dont la trajectoire récente a été difficile, à la lumière de ce qu’ils représentaient il y a 10 ou 15 ans. Ces compagnies auraient pu être le moteur du développement du cyclisme au Canada, aux côtés de Cyclisme Canada et de la FQSC. Au lieu de ca…

Au fond, Garneau Sports est peut-être à l’image de ce maillot de l’équipe canadienne, qui n’a jamais vraiment évolué depuis 50 ans: figé dans le temps. Alors que l’équipe nationale italienne ou d’autres présentent régulièrement un nouveau look, et vendent facilement les nouveaux maillots au grand public, fiers de leur produit et de leur nation, Garneau Sports et Cyclisme Canada sont figés dans le temps, tant au niveau du look que du marketing, comme s’ils étaient encore en 1980. C’est dommage.

Nordiq Canada n’en est pas loin non plus, dommage aussi… pour moi qui devient tous les jours davantage fondeur que cycliste, c’est désolant.

Le titre du plus récent livre sur Louis Garneau, écrit par Valérie Lesage, est « je suis tombé deux fois ». Malheureusement, j’ai bien l’impression que le vieil adage « jamais deux sans trois » se vérifiera cette fois encore. Espérons simplement que Louis Garneau l’homme s’en relèvera, fidèle à son adage « ne jamais abandonner ».

Pogacar: un grand exploit!

Tadej Pogacar est entré dans l’histoire du cyclisme hier, remportant durant la même saison le Giro, le Tour, et les Championnats du monde sur route.

Un exploit accompli jusqu’ici que par deux hommes et une femme: Eddy Merckx en 1974, Stephen Roche en 1987, et Annemiek van Vleuten en 2022.

Pogi est aujourd’hui le meilleur cycliste au monde, dans une catégorie à part qui semble même supérieure à celle dans laquelle évolue Mathieu Van Der Poel et Remco Evenepoel, réduit hier à des simples cadets. Evenepoel, quand même, double champion olympique à Paris en août, n’a jamais pu faire jeu égal avec Pogi hier.

Outre la victoire du Slovène hier, c’est la manière qui passera à l’histoire. C’est pas compliqué, pour moi ce fut le plus grand exploit dans le cyclisme depuis 25 ans, et la meilleure course cycliste depuis… le Tour de France 1989 et ce duel LeMond-Fignon!

C’est pas compliqué, on a été sur le bout de notre chaise pendant les 100 derniers kilomètres, soit le moment ou Pogi a décidé de prendre les choses en main.

Un coup de folie! Démarrer avec 100 kms à faire, sur un Championnat du Monde alors que plusieurs équipes, dont les Belges, les Néerlandais, les Australiens, les Danois, les Italiens, étaient encore bien représentées…

Tous ses adversaires n’y croyaient pas, et Pogi lui-même a avoué à l’arrivée que c’était un peu stupide d’attaquer aussi loin de l’arrivée.

Mais il l’a fait.

La marque d’un grand.

Un authentique exploit athlétique, un exploit qui caractérisera durablement la pointure du bonhomme, et qui marquera l’histoire du sport.

Il y a eu quelques grands exploits « solo » dans le vélo, qui ont créé la légende des coureurs qui les ont réalisé car c’est ainsi que le monde a compris que c’était là des extra-terrestres. Avec sa perf hier, Pogi se hisse à leur niveau selon moi.

1 – Coppi et l’étape Cuneo-Pinerolo sur le Giro 1949. 254kms et plus de 5000m de dénivelé. Coppi part solo à 192km de l’arrivée, escalade Vars, Izoard, Monginevro et Sestrière, crève cinq fois et malgré tout, s’impose à Pinerolo avec près de 12min d’avance sur un certain Gino Bartali. Dément.

2 – Charly Gaul sur la 21e étape du Tour 1958. Briançon – Aix les Bains, les cols de la Chartreuse. Gaul part solo dans le Luitel, on ne le reverra jamais, malgré une pluie glaciale ce jour-là. Le petit grimpeur s’impose avec presque huit minutes d’avance, et jette les bases de sa victoire finale sur l’épreuve.

3 – Le doublé Dauphiné – BordeauxParis de Jacques Anquetil en 1965. Le gus gagne un Dauphiné-Libéré – course d’une semaine – le dimanche après un âpre duel contre Raymond Poulidor et par une météo exécrable toute la semaine en montagne, prend un avion nolisé par le Général De Gaulle pour rejoindre Bordeaux à minuit, prend le départ de « la course qui tue » Bordeaux-Paris, 600km, à 2h du matin, passe derrière derny vers 6h du matin après avoir roulé toute la nuit, et gagne à Paris quelques heures plus tard. Un exploit jamais renouvelé par quiconque.

4 – Merckx à Mourenx sur le Tour 1969. Merckx devance au Tourmalet son équipier Van Den Bossche pour lui signifier son agacement que ce dernier ait signé pour une autre équipe en vue de la saison suivante, ne se relève pas, et part solo pour 140km dans les Pyrénées, un coup d’orgueil. Merckx s’impose avec plus de huit minutes d’avance sur ses plus proches poursuivants, et assomme le Tour. Le champion belge a toujours dit que ce fut là son plus grand exploit sur un vélo.

5 – Hinault sur Liège-Bastogne-Liège 1980. Tempête de neige, ils ne seront que 21 à l’arrivée. Un journée en enfer, prise 2 cette année-là. Hinault gagne par plus de neuf minutes d’avance après 80 bornes solo, et perd de façon permanente la motricité fine de deux doigts, gelés ce jour-là sur le vélo. Animal.

6 – Indurain à Luxembourg sur le Tour 1992. 63km chrono, seul contre la montre. Indurain met son coéquipier De Las Cuevas à plus de trois minutes, et tous les autres à plus de quatre minutes, Bugno et LeMond compris. De mémoire d’homme, on n’avait jamais vu pareil écart sur 63km contre la montre, Anquetil « maitre Jacques » ou « la Caravelle » compris.

7 – Pantani aux Deux Alpes sur le Tour 1998. En 50km, Pantani renverse le Tour de France 1998 sur une seule étape, se détachant solo dans le Galibier par un temps de chien, et terminant seul aux Deux Alpes avec plus de 9min d’avance sur le maillot jaune, l’Allemand Jan Ullrich, vainqueur l’année précédente. Personne n’avait encore grimpé les 7 derniers kms du Galibier aussi vite.

La course hier

Pogi aura réalisé un authentique exploit certes, mais le parcours l’aura favorisé: pas de sections « roulantes » ou un homme seul devant est désavantagé, c’était du « up and down » tout le temps. Lucide, Pogi avait compris qu’avec un tel parcours, c’était possible de rouler devant aussi vite que derrière dans un paquet.

Justement derrière, on aura rapidement compris que c’était assez décousu et désorganisé, aucune équipe à l’exception des Belges et des Néerlandais un court laps de temps ne parvenant à s’organiser efficacement. L’erreur de Remco et de Mathieu aura probablement été de ne pas utiliser leur équipe assez longtemps, faute d’organisation efficace et sur un parcours trop sélectif, provoquant une impitoyable sélection par l’arrière. Rapidement isolés, ces deux coureurs ont dû jouer « mano à mano » sur les derniers 50 kilomètres, et à ce jeu Pogi a été le plus fort.

Mention très bien à Tom Skujiņš, pour moi hier le 2e homme le plus fort derrière Pogi. Au pied du podium (4e), c’est lui qui peut nourrir aujourd’hui le plus de regret. Pour la petite histoire, Skujiņš avait terminé 6e du récent GP de Montréal, avec son gabarit les connaisseurs apprécieront.

GP de Montréal: Pogi, logiquement

La photo est une fois de plus de mon ami Grégoire Crevier, photographe qui diffuse ses photos sur « On the rivet.photo ». Merci Greg!

Auteur d’une bévue aux 800m vendredi dernier sur le GP de Québec, il est clair que Tadej Pogacar et son équipe UAE Emirates ne débarquaient pas sur le GP de Montréal pour faire de la figuration.

Et ce fut une course parfaitement maîtrisée par toute l’équipe. Cyclisme 101 ici.

UAE a controlé les échappés du jour qui n’ont jamais eu beaucoup plus que 5min d’avance. Mieux, ils ont « joué » avec l’échappée, un coup à 2min, puis leur laissant de nouveau prendre 3min30, comme si on ne voulait pas rentrer trop vite. C’est qu’il faisait chaud sur le circuit du Mont Royal, pas la peine de s’affoler. Les autres équipes étaient trop contentes de pouvoir compter sur pareille bonté de l’équipe du patron.

Car le patron du peloton, c’est bel et bien Pogacar lorsqu’il est au départ. Cela ne fait plus l’ombre d’un doute.

À trois tours de la fin, les choses sérieuses. On accélère. Avant-dernière ascension, tu vois Majka à l’effort devant, Pogi derrière en 2e place, tu sais que dans moins de deux minutes, c’est parti.

Et ca n’a pas loupé.

Sur la 16e ascension (sur 17) de la voie Camilien Houde hier, Pogi a établi le nouveau KOM, jusque là détenu par James Piccoli: 3min27 contre 3min31 pour le Canadien. 28,5 km/h de moyenne sur les 1,64 km d’ascension. Si vous n’avez rien à faire ce matin, tentez votre chance! Je vous dispense des 180 bornes que Pogi s’est tapé avant de produire son effort.

Chose certaine, on ne reverrait pas Pogi une fois son attaque placée. C’est que le gus a de l’orgueil. Le patron, c’est lui je vous dis.

Deux tours solo devant, avec une insolente facilité, et c’était plié. Il avait presque l’air de se balader mode « zone 3 ».

En tout cas, c’est le meilleur coureur du monde en 2024. Pas compliqué, il a gagné toutes les courses auxquelles il a participé cette saison, sauf deux: Milan SanRemo (3e) et le GP de Québec vendredi (7e). Autrement, il a gagné les Strade Bianche, le Tour de Catalogne, Liège-Bastogne-Liège, le Giro (6 victoires d’étape, le rose, le maillot de meilleur grimpeur), le Tour (6 victoires d’étape), et maintenant le GP de Montréal pour la 2e fois de sa carrière, après sa victoire de 2022.

C’est un fuoriclasse, un coureur totalement hors norme, et probablement un coureur de la dimension d’Eddy Merckx, qu’on ne voit qu’une fois tous les 50 ans.

Sa victoire hier a toutefois été favorisée par un manque d’organisation derrière lui pour la chasse. J’ai compté sur le boulevard Édouard Montpetit à l’approche du dernier tour pas moins de 4 coureurs Jumbo-Lease a Bike, dont les excellents Matteo Jorgenson et Tiesj Benoot. Pourquoi diable ne s’est-on pas organisé au sein de cette équipe et demandé à Kilderman et Lemmen de mener la chasse? Idem pour Israel-Premier Tech, qui n’a pas su se regrouper à ce moment pourtant crucial de la course: Gee aurait pu se mettre davantage au service de Woods. Carton rouge également aux Lidl-Trek, eux aussi en surnombre devant à l’approche du dernier tour. Je demeure toujours surpris de ce manque de lucidité à ce niveau de professionnalisme.

Chose certaine, Pogi n’a pas donné l’impression de forcer son talent hier, et sa victoire le propulse archi-favori des prochains Mondiaux dans deux semaines à Zurich.

Terminons ce petit compte-rendu en soulignant la belle 3e place d’un Alaphilippe volontaire hier dans les deux derniers tours, et qui mérite donc cette place sur le podium. Après deux saisons très compliquées, ca fait plaisir de revoir le bonhomme sur un podium, et c’est de bonne augure pour la saison 2025 au sein de sa nouvelle équipe Tudor.

La Slovénie, épouvantails de ces Mondiaux

Petit pays d’Europe, 2 millions d’habitants soit… 4 fois moins que le Québec (!!!), la Slovénie domine actuellement – et de façon surprenante? – le cyclisme mondial.

Les Slovènes seront les épouvantails de ces prochains Mondiaux, avec 7 coureurs au départ: outre le patron Tadej Pogacar, ils pourront compter, imaginez-vous donc, sur le récent vainqueur de la Vuelta, Primoz Roglic, mais aussi sur Matej Mohoric, Jan Tratnik bien en vue sur les GP de Québec et Montréal, Luca Mezgec, Domen Novak, et Matevž Govekar, moins connu mais récent vainqueur d’une étape du Tour de Grande-Bretagne en août. Ouch! Aucune nation ne peut dire mieux sur le papier.

Bien sûr, les Slovènes auront sur leur route les Mathieu Van Der Poel, Remco Evenepoel et une armada espagnole qui fait belle figure, mais disons que sur papier, c’est du costaud, pour ne pas dire du très très lourd.

Que du UAE Emirates!

Ou presque ces derniers jours, puisque Marc Hirschi fait un carton actuellement en Europe pour l’équipe de Tadej Pogacar. Le Suisse a remporté coup sur coup le Memorial Marco Pantani et, quelques jours avant, la Coppa Sabatini. Chez les Émiratis, on est sur tous les fronts!

Championnats d’Europe

Ca n’a que peu d’intérêt jusqu’ici dans l’histoire du vélo, mais on disputait hier en Europe les Championnats du continent. Christophe Laporte défendait son titre et son maillot de champion d’Europe.

Le parcours, relativement plat mais ponctué de quelques secteurs de chemins de terre, n’était pas très sélectif.

Au final, couronnement au sprint en petit comité du Belge Tim Merlier, une information quand même car il aligne au sprint les Olav Kooij, Jasper Philipsen, Mads Pedersen et j’en passe. Favori sur le papier avant le départ, l’Italien Jonathan Milan n’est que 13e et dernier du petit groupe qui s’est disputé la victoire.

À noter également qu’on aura vu Mathieu Van Der Poel actif durant la course, tentant notamment sa chance avec 85km à faire dans la course, mais sans succès. Sur un parcours aussi roulant, il était difficile de résister au paquet derrière.

Certains auront noté que MDVP n’a jamais semblé aussi maigre qu’actuellement. Pas un pet de graisse… affuté comme une dague, le Mathieu. On prépare ses Mondiaux…

GP de Québec: course classique, vainqueur classique…

La photo est de mon ami Grégoire Crevier, excellent photographe qui diffuse ses photos sur « On the rivet.photo« . Merci Greg!

Les Lotto-Destiny peuvent nourrir des regrets aux lendemains du Grand Prix Cycliste de Québec.

Imaginez, à 800m de la ligne, ils étaient trois devant dont le vainqueur sortant, Arnaud DeLie, avec comme seul os – mais quel os – Tadej Pogacar à contrôler.

Perso, face à un sprinter de la trempe de DeLie et sur une course qui fait 60 bornes de moins que les grandes classiques du calendrier, je ne donnais pas cher de la peau de Pogi au sprint.

Et puis non! Les deux coéquipiers de DeLie ont explosé, regroupement général aux 800m, et à partir de là ce fut le bordel complet. Connaissant parfaitement l’arrivée, le double-vainqueur de l’épreuve Michael Matthews n’a pas raté sa chance, en vieux briscard: il a lancé le sprint de loin, quoi de mieux quand, avec l’âge, on se fait moins explosif… Du coup il contrôlait Girmay et un surprenant Tisj Benoot qui prouve qu’à Québec, le sprint, c’est très particulier (et ca fait longtemps que je l’écris).

https://www.youtube.com/watch?v=MwPMpXHa4PI

Jusqu’aux 800m, les Lotto-Destiny avait fait course parfaite, dépêchant longtemps un homme en tête du peloton pour contrôler les échappées devant.

Sacré rouleur ce Frank van den Broek, 23 ans, qui a tenu en respect à lui (presque) tout seul le peloton pendant un bon bout de temps!

Pour le reste, on aura appris qu’Olaf a de bonnes jambes, étant acteur dans le final à quelques hectomètres de l’arrivée.

On aura appris également que Pogi est aussi très bien, lui qui faisait sur ce GP de Québec sa rentrée après une coupure depuis la fin du Tour de France. Honnête, il a avoué à la presse avoir commis une erreur en y allant pas après que les deux coéquipiers de DeLie se soient éteints, une erreur évidente pour le reste car l’arrivée lui convenait. S’il avait décollé aux 800m, pas sûr que le peloton revenait sur lui…

Bref, une course classique pour Québec: une échappée matinale, la chasse qui s’installe solidement vers la mi-course, une franche accélération de l’allure avec trois tours à faire, et les deux derniers tours débridés. Ca devient un classique.

Et ce n’est pas pour déplaire à Michael Matthews!

Pogi, l’homme à battre sur le GP de Montréal

Difficile de trouver un favori plus important que Tadej Pogacar pour le GP de Montréal dimanche. Les 17 ascensions de la voie Camilien Houde lamineront le peloton, provoquant l’habituelle sélection par l’arrière, surtout dans les derniers cinq tours. En s’appuyant bien sur Ayuso et Majka, Pogi a les cartes en main pour dominer dimanche.

Mike Woods? Il est la meilleure carte canadienne! Au moins, il sait quelle roue suivre…

Gee, le récit sur le Tour

Le Canadien Derek Gee, tout juste 27 ans, a réalisé un Tour de France remarquable, terminant 9e du général et ratant la victoire d’étape de très peu sur la 9e étape autour de Troyes et ses chemins blancs.

Beau vidéo de l’équipe Israel-Premier Tech relatant l’expérience de Gee sur ce Tour de France.

Je souligne également le très beau maillot de champion canadien que portera Michael Woods sur les prochains mois en WorldTour. Woods a lui-même contribué au design du maillot original, s’inspirant des maillots de… Donavan Bailey et de l’équipe canadienne de hockey en 1987 lors de ses matchs contre la Russie.

Ca change un peu du traditionalisme, et on souhaite que Cyclisme Canada s’en inspire car après des décennies du design classique du maillot de l’équipe nationale, il est probablement temps de se renouveler un peu… beaucoup d’équipes nationales proposant des maillots originaux à chaque Mondiaux ou chaque Jeux Olympiques.

3NERGY, une approche unique en boissons de l’effort

Bien connu dans le petit monde du cyclisme au Québec, Maxime Vives a récemment porté à mon attention une nouvelle gamme de produits diététiques de l’effort, les boissons 3NERGY.

L’intérêt?

Un concept assez unique: on peut personnaliser sa boisson, et la saveur également, question de répondre à ses besoins individuels en terme physiologique (capacité de digestion par exemple) et sportif, l’apport énergétique d’un effort bref et intense n’étant pas le même que celui pour un effort long par temps chaud, par exemple dans le cadre d’une cyclosportive.

Autrement dit, avec 3NERGY, on peut choisir comme base une boisson à sucre d’érable, à sucre de miel, ou avec maltodextrine. La tolérance gastrique de chacun à ces différentes formes de sucre étant variable, c’est un avantage indéniable, de même que la possibilité d’adapter la boisson au type d’effort: là où une longue cyclosportive de 3h ou plus nécessitera l’apport de la maltodextrine, des efforts plus brefs pourront nous orienter sur une boisson de l’effort à base de sucre d’érable, suffisant (inutile de surcharger la caisse, au risque de créer d’autres enjeux) et plus facile à digérer.

Un des concepts et avantage de 3NERGY se résume par ce graphique.

Toutes les boissons 3NERGY sont sans colorants, sans arômes artificiels, et sans succédanés de sucre, privilégiant des sucres naturels. Des choix véganes et sans gluten sont également disponibles.

Autre avantage appréciable, le choix des saveurs, assez original: banane, cannelle, figue, menthe pamplemousse, pêche, le tout disponible aussi par sachet individuel de 30 grammes, très très pratiques lorsqu’on est en déplacement et qu’on veut remplir ses bidons sans avoir à apporter un gros récipient de poudre énergétique dans le coffre de la voiture.

Les résultats du test

J’ai pu mettre à l’essai ces boissons au cours des deux derniers mois, question de les mettre à l’épreuve dans diverses conditions: temps chaud et humide, efforts courts et intenses, efforts plus longs et intenses, notamment une montée d’un col difficile en France, efforts longs d’endurance, et j’en passe.

TRÈS important, j’ai acheté ces boissons, et cet article est donc totalement de mon initiative, et totalement indépendant. D’une part La Flamme Rouge n’est pas un site d’influenceur, et d’autre part il s’agit d’une politique établie du site que d’être transparent sur ce point. Ma liberté de parler ou non de ces boissons était totale, et Maxime n’a eu aucune influence: je n’ai pas communiqué avec lui récemment, et il découvrira cet article en même temps que l’ensemble des lecteurs de ce site aujourd’hui.

Ma référence était mes deux autres boissons énergétiques habituelles, soit l’Hydrixir de la société française Overstim’s ainsi que la boisson EFS de First Endurance. L’Hydrixir est particulièrement intéressant sur des efforts longs, et l’EFS, très sucrée et plus difficile à tolérer d’un point de vue gastrique, très efficace sur des efforts très intenses et plus brefs, contenant notamment des BCAA.

Résultat? J’ai beaucoup aimé.

Surtout la saveur figue, une tuerie! Si tous les goûts sont dans la nature, j’ai raffolé de cette saveur même durant les efforts longs, et ne suis jamais parvenu à une sensation de saturation. Je vous la recommande fortement.

J’ai surtout apprécié la texture de la boisson à base de maltodextrine, plus douce et soyeuse, faite pour les efforts longs. Similaire à celle de l’Hydrixir d’Overstim’s, on sent un Ph plus neutre, ce qui est très important sur le long terme pour éviter les sensations d’écoeurement au sucre, et les aigreurs d’estomac. Ces boissons se supportent mieux également en cas de grande chaleur.

Je n’ai jamais senti de baisse de régime en utilisant les produits 3NERGY, comparativement aux autres, surtout sur des efforts plus longs.

Côté dilution dans l’eau, aucun problème, c’est pareil pour les trois produits et 3NERGY est aussi facile à préparer. On ajoute simplement de l’eau, et la poudre se dissout bien.

Comme pour l’EFS et l’Hydrixir, les boissons 3NERGY contiennent également des électrolytes, dont du potassium, du magnésium et du calcium, bien qu’en concentration différente des deux autres produits que j’utilise. Je n’ai pas eu de crampes à l’effort avec les trois produits.

Bref, je n’ai pas pu prendre en défaut les produits 3NERGY, et je ne peux pas en dire autant de bien d’autres produits sur le marché québécois, souvent trop sucrés et menant rapidement au phénomène d’écoeurement surtout par temps chaud, ou trop pauvres en calories, électrolytes ou autres comme les BCAA pour réellement soutenir les athlètes d’endurance comme ceux en cyclisme ou en ski de fond.

Seul point peut-être d’amélioration potentielle pour l’avenir, l’ajout, peut-être, de vitamines E, C et B6 (notamment), présentes dans certaines boissons comme l’Hydrixir, permettant notamment de lutter contre le stress oxydatif des efforts intenses en sports d’endurance. 3NERGY étant développé par et en collaboration avec des nutritionnistes, ils pourront veiller à évaluer la pertinence de cet ajout, du moins dans certains produits spécifiques aux efforts plus longs.

À prix compétitifs, les produits 3NERGY m’apparaissent donc comme une alternative intéressante au Québec à l’Hydrixir d’Overstim’s, impossible à trouver ici. La capacité de personnalisation de votre boisson 3NERGY est un réel atout, de même que l’approche avec les trois formes de sucres disponibles, répondant aux particularismes de chaque organisme. J’ai eu du plaisir à utiliser ces produits, n’ai eu aucun inconfort digestif à ce jour, aucun écoeurement au sucre sur des sorties plus longues par temps chaud, aucun manque d’énergie, et vous les recommande donc.

Faits au Québec, on trouve ces produits sur le site Internet de la société québécoise, ainsi que dans certains points de vente disponibles sur le site Internet également.

Un rapport accablant pour Cyclisme Canada

J’ai publié sur ce site depuis environ 10 ans quelques articles dénonçant l’inaction voire l’incompétence de Cyclisme Canada à plusieurs égards, surtout en lien avec le développement et le soutien du cyclisme sur route au Canada.

Ces articles étaient instruits de diverses sources crédibles. Je ne fais aucun compromis sur la qualité de l’information qu’on retrouve sur ce site.

Depuis, d’autres ont confirmé mes propos, notamment le coureur cycliste professionnel Hugo Houle.

C’est pas compliqué, aujourd’hui Global Replay Bridge The Gap fait bien davantage pour soutenir le cyclisme au Canada que Cyclisme Canada lui-même, pourtant la fédération officielle.

Comprenez-moi bien: je ne tire aucun plaisir à dénoncer Cyclisme Canada, seuls le développement et le soutien du cyclisme sur route au Canada me tient à coeur.

Mes propos ont toutefois été confirmés – en quelque sorte – par le récent rapport, accablant, de Sport sans abus, sous l’autorité du Bureau du Commissaire à l’intégrité dans le sport (BCIS) à l’endroit de Cyclisme Canada.

Le journaliste Jean-François Racine du Journal de Montréal a été un des premiers à en parler dans les médias.

Pour faire court, le portrait n’est pas réjouissant: culture de « clique » au sein de l’organisation, surtout entretenue par des hommes (« boy’s club »), discrimination fondée sur le genre, culture du silence du personnel voire même chez les athlètes de peur de ne pas être sélectionnés pour des grands rendez-vous, manque de transparence notamment dans les décisions, manque de communication entre la gestion et les employés(ées), commérages, désinformation, on parle même de « culture toxique ».

J’arrête là, je crois que vous aurez compris.

Cyclisme Canada a réagi publiquement à la diffusion du rapport par un communiqué laconique qu’on trouve ici.

Le positif dans tout ca?

1 – enfin, c’est public: il y a un gros problème à Cyclisme Canada.

2 – du coup, c’est l’occasion en or pour changer, pour effectuer un virage TRÈS important, quitte à se débarrasser d’un certain nombre d’employés faisant partie du problème, ceci afin d’envoyer un signal fort que le statut quo n’est pas(plus) une option.

3 – le rapport de Sport sans abus incluant des recommandations, la feuille de route et les prochaines étapes sont très claires, ne reste plus qu’à les mettre en oeuvre dans les plus brefs délais.

Nul doute que les fédérations sportives du Canada font face à de nombreux défis, en premier lieu le financement de leurs activités pour soutenir le développement du sport qu’elles régissent. La situation n’est pas facile tous les jours, entrainant des choix déchirants.

Ces choix doivent cependant émaner d’une analyse éclairée et transparente, ou chaque acteur peut exprimer son point de vue sans avoir peur de représailles.

Certaines fédérations sportives s’en sortent très bien, chérissant une culture d’inclusion et de transparence. Cyclisme Canada doit se comparer et prendre exemple sur ces autres fédérations, afin de s’améliorer rapidement. Une consultation avec d’autres fédérations ceci afin de mieux connaître les « meilleures pratiques » du milieu est une autre action concrète qui permettrait un réel virage à 180 degrés rapidement.

Espérons que Cyclisme Canada saura faire ce virage majeur dans les prochains mois, il en va de l’avenir du cyclisme au Canada: trop de coureurs prometteurs ont déjà payé les égarements de la Fédé au cours des dernières années.

Grandiose Tour de Beauce!

La 36e édition – 36e ! – du Tour de Beauce s’élance mercredi prochain le 12 juin, pour cinq étapes et se conclura dimanche le 16 dans le centre-ville de Saint-Georges.

Après les perturbations de la pandémie, ce fleuron du cyclisme nord-américain revient en force cette année, et il faut s’en réjouir. Le Tour de Beauce est une épreuve phare, permettant à de jeunes coureurs prometteurs de s’illustrer, de se faire remarquer au plus haut niveau, et donc d’avoir des opportunités pour développer leur carrière aux étages supérieurs.

Le Tour de Beauce est la plus ancienne course internationale pour Élites hommes en Amérique du Nord.

Louis Barbeau, directeur général de la fédération quebecoise des sports cyclistes

On est ravi de voir la mythique étape du Mont Mégantic revenir cette année encore, et cette étape aura lieu vendredi prochain le 14 juin. Gagner au sommet du Mont Mégantic, ben ca équivaut à remporter l’étape de l’Alpe d’Huez sur le Tour de France, et la montagne estrienne a couronné de nombreux coureurs prestigieux au fil des ans. Et pour la petite histoire, plusieurs coureurs de la région de l’Outaouais y ont fait bonne figure ces dernières années en remportant cette étape, je pense à Carlson Miles l’an dernier, ainsi qu’à Mateo Dal-Cin il y a quelques années, sans oublier Mike Woods et son ascension exceptionnelle après avoir chuté au pied (un signe du destin?!) au milieu des années 2010.

Un beau plateau au départ

Au menu de Messieurs les coureurs, 725 kilomètres répartis en cinq étapes dont un critérium le quatrième jour, situé dans la ville de Québec comme à l’habitude des dernières éditions.

En l’absence d’un chrono (pourquoi?), la troisième étape vers le Mont Mégantic apparait comme le passage critique de l’épreuve, les écarts pouvant être grands au sommet de la montagne.

On annonce près de 150 coureurs au départ de ce Tour de Beauce, répartis en 21 équipes.

Pour la petite histoire, les rumeurs indiquent que Bruno Langlois – le Bruno Langlois! – prendra le départ de son… 23e Tour de Beauce. Mieux que Sylvain Chavanel et ses… 18 participations au Tour de France!

L’organisation annonce parmi les coureurs à surveiller les Carlson Miles, Arthur Liardet, les québécois Félix Bouchard, Laurent Gervais, David Drouin, William Goodfellow et Francis Izquerdo Bernier, un excellent fondeur celui-là puisque vu à des places de prestige sur plusieurs épreuves de ski de fond cet hiver, et notamment l’American Birkebeiner au Wisconsin. Je le sais, j’y étais!

Parmi les coureurs étrangers à garder à l’oeil, les Conn McDunphy, George Radcliffe, Blayde Blas, Hugo Lutz-Atkinson mais aussi Thomas Peyroton-Dartet et Guillaume Soula, annoncés sur l’épreuve. Ce sont tous des coureurs avec un bon niveau en cyclisme.

J’espère être sur le Mont Mégantic le vendredi pour voir ce spectacle, toujours une belle sortie aller-retour de 200 bornes depuis Sherbrooke pour aller virer au sommet de la montagne. De quoi préparer les grandes cyclosportives alpestres qui s’en viennent vite désormais!

Julien Gagné, à l’aventure comme D’Artagnan!

Il arbore la moustache, comme les mousquetaires du temps de Louis XIV.

L’oeil romantique, la tignasse au vent, sans complexe aucun et dans une certaine désinvolture que lui donne assurément l’assurance d’un talent cycliste confirmé, il part à l’aventure comme D’Artagnan le faisait en son époque.

Et l’aventure pour Julien, ca veut dire 100 bornes d’échappée solo – là où il y a de la gêne il n’y a pas de plaisir! – pour aller gagner avec presque trois minutes d’avance sur son dauphin un certain… Nikki Terpstra la récente course de gravel bike Locos à Hico au Texas.

Et sur la même course, deux autres mousquetaires de sa patrie terminent respectivement 3e et 8e, soit Adam Roberge et Alexis Cartier.

Une compagnie autoproclamée « la Poutine Mafia »!

Bref, plus motivé que jamais, Julien Gagné poursuit ses rêves, roule toujours et gagne! On fait le point avec lui, à quelques jours du Unbound Gravel Race, peut-être la plus prestigieuse course de gravel aux États-Unis et qui verra à son départ outre les habitués, des certains Daniel Oss, Nicholas Roche, Greg Van Avermaet et même le champion du monde en titre, Matej Mohoric, qui y sera en pensant à sa prochaine participation au… Tour de France.

La Flamme Rouge: Julien, ta première grande victoire sur une course de gravel au Texas!

Julien Gagné: Oui, content, une belle étape de franchie! Ca prouve qu’en gravel je peux tirer mon épingle du jeu parmi les meilleurs du moment, et je m’impose en solitaire après une échappée qui a duré 100 kilomètres. Un peu ma signature!

LFR: Avant la Locos, tu as également eu d’excellents résultats, très constants.

Julien: J’ai une bonne saison oui. Ma première course a été au Texas, la Valley of Tears, ou je termine 6e après une chute durant la course. Un peu plus tard, sur la Mid-South en Oklahoma, je suis mal positionné à l’entrée d’un single tract, et je ne peux faire mieux qu’une 9e place. L’expérience de gravel qui rentre! Enfin, j’ai terminé 4e à la Belgium Waffle Ride en Utah, sur cette course j’avais de très bonnes jambes mais il m’a manqué un peu de confiance pour partir de loin en solo.

LFR: Tu as aussi pris le départ de la fameuse Rasputitsa.

Julien: Quelle journée! Je casse ma chaine dès le départ des élites à 8h. On m’en remet une, mais trop courte et je ne peux pas passer les vitesses les plus faciles. Je prends le second départ à 8h30, je vise faire un bon entrainement, je me retrouve rapidement solo et comme ca, je réalise le 3e meilleur temps de la journée! Dommage que je n’étais pas dans le peloton des élites mais bien tout seul devant le 2e peloton du jour.

LFR: Quels sont tes prochains objectifs?

Julien: Certainement la première édition de la Bromont Gravelooza, prévue le 8 juin prochain, un parcours de 140 kilomètres en Estrie, ma région. La course est notamment organisée par le Centre National de Cyclisme de Bromont, alors c’est l’fun de voir le vélo gravel se développer au Québec. Ensuite ce sera les Canadiens à Calgary mi-juin, puis la Belgium Waffle Ride en Caroline du Nord les 21 et 22 juin.

LFR: Des chances de te voir en Outaouais lors de la Big Red à Greenville-sur-la-Rouge?

Julien: À voir Laurent, je n’ai jamais fait cet événement, mais on m’en a parlé en bien.

LFR: Et la Unbound en fin de semaine prochaine?

Julien: Ca n’a pas fonctionné cette année, vraiment dommage car je suis en bonne condition en ce moment. Je me suis pris un peu tard, c’est aussi un budget mais c’est définitivement une course qui est à mon programme l’an prochain, un beau 320 kilomètres, le genre de truc que j’aime beaucoup et sur lequel je peux bien faire.

LFR: Tu t’es converti au gravel bike après une carrière en cyclisme sur route.

Julien: Oui, pour moi désormais c’est du gravel bike à temps plein, et je trouve ca plus l’fun, en gravel tu es dans la nature, dans des prairies, je préfère ca désormais à me faire frôler par des voitures pendant 250 kilomètres à l’entrainement.

LFR: En course, c’est très différent de la route?

Julien: En gravel, c’est plus honnête dans le sens que ca se joue vraiment à la pédale, tu peux vraiment exprimer le moteur que tu as. Le gravel, c’est souvent plus diesel que la route. Autre point, tu ne peux pas vraiment te cacher comme sur la route, et puis il y a moins de stratégie en gravel. Enfin, je trouve ca généralement plus ludique, tu as plus de pilotage à gérer, le temps passe vite même si les vitesses moyennes sont généralement moins élevées que sur la route.

LFR: Tu roules avec une équipe cette saison?

Julien: J’ai la chance de pouvoir compter sur la boutique Qui Roule à Sherbrooke, notamment leurs vélos Trek. Et puis, d’autres partenaires de la région de Sherbrooke m’aident également, comme la microbrasserie Siboire et la compagnie Fino, qui aide les compagnies à mieux servir leurs clients.

LFR: Tes partenaires s’appellent aussi Adam Roberge et Alexis Cartier…

Julien: Oui, on n’est pas vraiment dans la même équipe mais on voyage ensemble le plus souvent possible, on s’aide, on partage la logistique lorsque nous sommes sur des courses à l’étranger, ca aide beaucoup. Et puis, ca divise aussi la facture!

LFR: Un pour tous et tous pour un…

Julien: C’est exactement ca!!!

LFR: Ce passage au gravel a entrainé un changement dans ton entrainement?

Julien: Disons que j’évolue. Aujourd’hui, je fais moins de très haute intensité comme de l’anaérobie, que je réserve en course seulement. Je fais davantage de zone 1 et de zone 2, ainsi que pas mal de volume. Ca été spécial la semaine dernière, 41h de vélo! (le Strava de Julien est ici).

LFR: De la musculation?

Julien: J’aimerais en intégrer davantage, l’an prochain j’espère pour bien faire cette transition. Je fais cependant du core, du gainage.

LFR: Et tu avais préparé ta saison comment?

Julien: Juste du home-trainer cet hiver Laurent, souvent deux séances par jour, matin et soir avec Zwift. Un peu de fat bike dans le Mont Bellevue à Sherbrooke aussi, pour prendre l’air. Je n’ai pas fait de camp d’entrainement, la saison de gravel commençait tôt.

LFR: Tu as modifié ta position sur le vélo pour passer au gravel?

Julien: Peu d’ajustement en fait. Je roule sur un vélo un peu plus grand, et j’ai adopté une position un peu plus moderne disons, guidon assez étroit et position peut-être un peu plus avancée. La prochaine étape est de réviser la longueur des manivelles, la tendance est d’aller actuellement vers du plus court, comme sur la route.

LFR: Ce sont des gros budgets maintenant le vélo…

Julien: À qui le dis-tu! Mais je veux continuer de mettre l’emphase sur le gravel en 2024 et plus encore en 2025, car je crois pouvoir y faire de très belles choses. Il faut trouver les moyens de poursuivre, de performer encore mieux sur les grands événements du calendrier, car le moteur est là et ne demande que ca. Comme souvent, les moyens financiers sont cruciaux!

Premier critérium 2024 à Drummondville: c’est ce soir!

La Bataille de la 55 commence ce soir à Drummondville, avec le premier de huit critériums en alternance, une semaine dans cette ville, l’autre à Sherbrooke.

Tous les détails sont ici, et on s’inscrit ici. Des inscriptions sur place seront possibles également. Le tarif maximum est de 40$, un tarif qui inclut une belle soirée avec, pour le réconfort, la formule BBQ et bière qui fait la signature conviviale de ces critériums.

L’événement se déroule entre 18h et 20h15, et on annonce beau temps!

Je serai derrière le micro à Sherbrooke la semaine prochaine, question de jazzer un peu la soirée. Si je ne suis pas encore Daniel Mangeas, j’y travaille…

Ce premier critérium de Drummondville est sous l’égide de Studio Vélo, avec comme organisateurs hors pair l’infatigable André Lamarche, aussi derrière La Classique Jules Béland, et l’intense Jonathan Boisvert, très focus sur le développement du cyclisme dans sa région et au Québec.

Critériums Sherbrooke-Drummondville: La Bataille de la 55 de retour!

Ca commence le jeudi 16 mai prochain à Drummondville: la Bataille de la 55 est de retour!

Comme l’an dernier, cette série de huit critériums se déroulera comme suit:

16 mai: Drummondville

23 mai: Sherbrooke

6 juin: Drummondville

13 mai: Sherbrooke

20 juin: Drummondville

27 juin: Sherbrooke

4 juillet: Drummondville

11 juillet (finale): Sherbrooke

Comme l’an dernier, deux épreuves sont organisées chaque soir: une première épreuve « sport » à 18h15 (35min + 3 tours), plus accessible car la vitesse y est moins élevée. Parfait pour des cyclistes qui ont moins l’habitude des critériums, ou qui commencent les courses.

La deuxième épreuve (19h15 – 50min + 3 tours) est dite « open », et regroupera les cyclistes les plus rapides. Ca roulait vite l’an dernier, des moyennes proches des 50km/h pour une heure de course.

Aussi comme l’an dernier, un classement général sur l’ensemble des huit critériums sera un enjeu majeur de la Bataille de la 55. C’est là qu’intervient le travail d’équipe, et ce qui rend cette série si excitante! Rappelons que l’an dernier, c’est Mathieu Gabriel de Premier Tech qui avait remporté les honneurs de la série.

Le guide technique est ici.

Les critériums de Sherbrooke et Drummondville vous sont offerts par les équipes cyclistes Club Cycliste de Sherbrooke ainsi que Studio Vélo à Drummondville, ainsi que les commanditaires GFT, le Siboire, Castelli Agence Marco Daigle, Qui Roule ainsi que Café Hubert Saint-Jean. Étienne Couture, Samuel Blanchette, André Lamarche et Jonathan Boisvert ont tout particulièrement été les chevilles ouvrières de cette série 2024. Avec quelques autres, ils ne sont pas si nombreux, ils font le cyclisme sur route au Québec!

On s’inscrit ici, au tarif entre 15 et 30$ pour la course Sport, et entre 20 et 40$ pour la course Open.

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