Ca bouge dans le cyclisme féminin en ce moment, c’est le temps pour un premier Tour de l’actualité dans ce registre.
1 – Alison Jackson 6e chez les élites aux Mondiaux
La nouvelle championne canadienne Alison Jackson a fait une sacrée course samedi dernier dans les Flandres pour terminer 6e au final.
Avec ce résultat, elle a peut-être donné une belle inspiration à l’équipe canadienne qui poursuivait le lendemain avec cette excellente 17e place de Guillaume Boivin.
Jackson sautait sur tout ce qui bougeait dans le final, ne faisant aucun doute qu’elle était parmi les filles les plus fortes ce jour-là. Gênée dans son sprint à 150-200m de la ligne, sans cet incident Jackson pouvait croire à un podium selon moi, par exemple la 3e place. Il s’en est probablement fallu de peu.
Alison Jackson sera normalement au départ du premier Paris-Roubaix féminin samedi prochain du côté de Denain. Aucun doute qu’elle peut elle-aussi, comme Guillaume, y faire une grande performance, et cela rehausse l’intérêt de la course pour les fans canadiens et québécois bien sûr.
Quand tu as des jambes de feu, il faut en profiter!
2 – Course femmes U23
L’absence d’une course chez les U23 femmes a fait couler beaucoup d’encre ces derniers jours. Les femmes réclament l’organisation d’une telle course, avec raison.
Le président reconduit de l’UCI (il n’avait pas d’adversaire contre lui pour cette élection), David Lappartient, a laissé entendre que l’idée était explorée, mais que cette course U23 se déroulerait « dans un premier temps » avec celle des élites.
Je partage totalement l’opinion d’Alison Jackson sur ce point: très mauvaise idée! Elle a twitté:
Non, merci! Cela signifie que chaque nation sera mise sous pression pour créer deux équipes : trois coureurs élite et trois coureurs U23 ? Cela enlève les places de course Elite, mais ne donne pas non plus aux moins de 23 ans une chance équitable. Faites-en une course à part entière.
Alison jackson sur twitter
On a tous vécu ce genre de course, où diverses catés courent ensemble: ca fausse tout, certains(es) coureurs(es) pouvant alors profiter de la course des coureurs(es) plus matures pour distancer leurs adversaires.
Un cyclisme féminin vraiment à la hauteur du cyclisme masculin passe forcément par un Mondial U23 chez les femmes aussi. On ne veut pas d’un cyclisme féminin au rabais, point final.
3 – Zoe Backstedt
Avec la victoire de la fille de Magnus Backstedt, vainqueur de Paris-Roubaix 2004, chez les juniors samedi dernier lors de la course sur route (elle a aussi terminé 2e du chrono), on a encore eu la preuve qu’en cyclisme plus que dans n’importe quel autre sport, « bon sang ne saurait mentir« .
Surtout que son autre fille, Elynor, est actuellement professionnelle chez Trek-Segafredo!
En vélo, sans les gênes te donnant naturellement un bon moteur, t’a beau t’entrainer comme une bête, ca n’arrivera pas.
4 – Retraite de Karol-Ann Canuel
La Québécoise domiciliée à Gatineau vivait ses derniers Mondiaux, et a pu remplir parfaitement ses responsabilités d’équipière d’Alison Jackson grâce à une belle condition physique.
Elle termine 31e de l’exigente course sur route, moins d’une minute derrière l’Italienne vainqueure.
Surtout, la tête haute. Ca s’appelle réussir sa sortie.
Il y a des coureurs(es) qui ne gagnent pas souvent au plus haut niveau, mais qui sont respectés(ées) de tous(tes) dans le peloton. Canuel est de celles-là.
5 – Paris-Roubaix féminin
117 kilomètres à parcourir pour cette toute première édition de Paris-Roubaix féminin samedi prochain. Départ 13h35, soit 9h35 heure du Québec.
17 secteurs pavés à franchir, dont certains célèbres comme Orchies, Mons-en-Pévèle ou le Carrefour de l’Arbre, où la course des hommes s’est souvent jouée.
Et surtout, l’arrivée sur le vélodrome de Roubaix, avec ce sprint toujours si particulier à négocier!
On va se régaler!
Paris-Roubaix, c’est une course intéressante parce que c’est autant une sélection par l’arrière (chutes, crevaisons, etc.) que par l’avant. Et ca convient à un type de coureurs(es) assez précis, puissants(es) et capables d’enrouler de gros braquets.
Une fille comme la championne italienne Elisa Longo-Borghini devrait jouer la gagne. Beaucoup d’autres seront à surveiller, comme Lotte Kopecky, Marlen Reusser, Annemiek Van Vleuten, Ellen Van Dijk, la nouvelle championne du monde Elisa Balsamo, Marianne Vos, ou encore Cecilie Uttrup Ludwig.
6 – Tour de France féminin 2022
Rappelons au passage que ce premier Paris-Roubaix chez les femmes précède de quelques mois le retour du Tour de France féminin, prévu pour 2022.
Les détails de l’épreuve seront connus le 14 octobre prochain, en même temps que sera dévoilé en banlieue parisienne le parcours du Tour de France chez les hommes. Et en attendant, toutes les rumeurs à ce sujet sur le toujours très exhaustif site Velowire.
7 – Une équipe féminine Cofidis avec Gabrielle Pilote-Fortin
De plus en plus d’équipes professionnelles se dotent d’une équipe féminine et Cofidis vient d’embrayer à ce chapitre.
Les Trek-Segafredo, Jumbo-Visma, Movistar, FDJ, Team DSM, Team BikeExchange, Arkea, Lotto-Soudal, Rally Cycling, sont déjà dans le peloton féminin depuis un moment.
La création d’une formation Cofidis chez les femmes en 2022 a été récemment annoncée et l’effectif, majoritairement français, comportera la Québécoise Gabrielle Pilote-Fortin.
Je pense que la création d’équipes hommes-femmes avec un même sponsor est un modèle porteur, notamment en raison des économies d’échelle, et d’un système susceptible d’accélérer le développement du cyclisme féminin, les équipes femmes pouvant alors bénéficier plus facilement du professionnalisme et de l’expérience des équipes masculines.
Espérons que d’autres sponsors présents en WorldTour chez les hommes emboiteront le pas.
8 – Patrick Lefevere has been?
Patrick Lefevere est un manager d’équipe très respecté. L’homme derrière la Deceuninck QuickStep sait mener des champions, sait tirer le maximum d’une équipe de compétition où les égos sont parfois bien présents, et sait aussi durer dans le sport professionnel.
Ses récentes déclarations sur la perspective d’une équipe féminine Deceuninck manquaient cependant de classe. Il a notamment affirmé qu’il s’intéresserait au cyclisme féminin quant il y aurait suffisamment de bonnes coureures, et qu’il n’était pas un « centre social ».
Insultant pour le moins!
Chez certains, les mentalités sont longues à changer. Et les femmes doivent non seulement s’employer à appuyer (fort) sur les pédales, mais aussi à investir de l’énergie à lutter contre les préjugés.
Pour preuve, on pourra regarder cet extrait d’une discussion entre Jeannie Longo, Marc Madiot et Laurent Fignon qui remonte au milieu des années 1980. Avec nos yeux d’aujourd’hui, c’est surréaliste!
Et on mesure d’où le cyclisme féminin est parti, et le chemin parcouru depuis quatre décennies.
9 – Maghalie Rochette en forme
La spécialiste du cyclo-cross vient de remporter les deux épreuves élite de cyclocross de Rochester aux États-Unis le week-end dernier.
Rochette continue sa préparation en vue des épreuves de la Coupe du Monde plus tard cette saison. Ca commence en octobre aux États-Unis avec les trois premières manches, Waterloo le 10, Fayetteville le 13 et l’Iowa le 17.
On savait Rochette en forme grâce à sa 2e place acquise lors des récents Championnats canadiens sur route, derrière… Alison Jackson. Le parcours était difficile, révélateur des conditions physiques.