Beaucoup de nouvelles intéressantes dans le monde du cyclisme ces derniers jours.
1 – La surprise Foss
Le jeune norvégien de 25 ans Tobias Foss a remporté le chrono des Mondiaux devant les plus grands spécialistes, et notamment un Stefan Kung qui termine une nouvelle fois 2e et qui aura du mal à se remettre de cette défaite crève-coeur, pour… trois petites secondes après 34 kilomètres.
Foss devance également le récent vainqueur de la Vuelta, Remco Evenepoel.
Fort.
Jusqu’ici, la plus grande victoire de Foss était le général du Tour de l’Avenir en 2019. On l’a cependant vu devant le peloton lors des GP cyclistes de Québec et Montréal à travailler fort pour son leader Wout Van Aert au sein de la Jumbo-Visma.
Comme quoi les GP de Québec et Montréal sont une bonne préparation pour les Mondiaux!!
2 – Gee et Dal-Cin surprennent aussi
On pourra être très fiers de la performance des deux coureurs canadiens sur ce chrono des Mondiaux, deux coureurs de la région d’Ottawa-Gatineau.
Gee termine 19e de ce chrono, à moins de deux minutes du vainqueur.
Dal-Cin termine juste derrière, 26e, à 2min22 du vainqueur, et donc 23 secondes de plus que Gee.
Considérant les 48 coureurs classés, c’est très très bien. Des coureurs comme Lutsenko sont derrière, et ils font jeu égal avec des coureurs confirmés comme Mollema, Cort ou Powless.
Chapeau!!!
3 – Benoit Cosnefroy
Je l’ai écrit deux fois sur La Flamme Rouge, Benoit Cosnefroy serait des Mondiaux pour l’équipe de France.
Rappelons les prochaines destinations: 2023 (Glascow), 2024 (Suisse), 2025 (Rwanda – doit-on rappeler à Cyclisme Canada de déjà planifier des frais de déplacement plus importants qu’à l’ordinaire?), 2026 (Montréal) et 2027 (Haute Savoie).
5 – Billets d’avion pour les Mondiaux
Au Canada, la controverse tourne autour de l’incapacité de Cyclisme Canada de défrayer les coûts de déplacement de ses athlètes pour les Mondiaux en Australie.
La justification de la Fédé française fait cependant du sens. Les hommes sont double-champions du monde, et défendent donc le titre avec de belles ambitions du côté notamment de Cosnefroy. Ce n’est pas le cas des femmes. En VTT (mtb), la Fédé affirme qu’elle aurait fait voyager Pauline Ferrand-Prévost et Loana Lecomte en business, ayant de meilleures chances de résultats que les hommes. D’ailleurs, PFP est triple championne du monde cette saison, short-track, XCO et Marathon, excusez du peu!
6 – Ganna et l’heure
Le dragster italien va s’attaquer au record de l’heure le 8 octobre prochain à 20h sur le vélodrome de Granges en Suisse.
Quoi qu’il en soit, il ne fait aucun doute que le récent succès du britannique Daniel Bigham (55,548km), testeur chez Ineos, se voulait une répétition générale pour Ganna. Bigham a testé du matériel, des innovations, des braquets, un rythme aussi probablement, et Ganna ne se lance donc pas dans l’aventure sans repères précieux.
Sauf grosse surprise, je suis sûr que Ganna établira une nouvelle marque sur l’heure, et qu’il s’approchera des 56kms.
7 – Boivin et la Primus Classic
Dans les derniers cinq kilomètres, je dois vous avouer que j’y croyais pour Guillaume Boivin, bien amené par un équipier en vue de l’emballage final.
Devant, lucide, Boivin a su éviter une belle grosse chute pour jouer la gagne.
S’il est débordé dans les tous derniers mètres, il se console par une belle 5e place qui prouve qu’il a actuellement de bonnes jambes.
De quoi être optimiste pour les prochaines courses!!
https://www.youtube.com/watch?v=gX8E4s5fNJ0
8 – Mathieu Van Der Poel
Il est en Australie pour les Mondiaux sur route, et vient de se rappeler au bon souvenir de tous en remportant le récent GP de Wallonie face à Biniam Girmay.
Si la distance des Mondiaux (266 kms) devraient poser problème pour un coureur qui a peu couru depuis 6 semaines, c’est MVDP, donc il demeurera un client dimanche prochain. Mollema et lui peuvent nourrir des ambitions.
C’était la première manche de la Coupe Québec de cyclo-cross 2022 à Sherbrooke samedi dernier.
Une première course réussie!
Y’avait du beau monde de 3 à 73 ans, la météo était magnifique, et le parcours tracé par l’organisateur Stéphane Vallières toujours à la hauteur c’est le cas de le dire, avec quelques belles petites montées casse-pattes.
Et à l’animation du jour, le sympatique Tino Rossi (fils).
Après les critériums régionaux en juin dernier, c’est mission accomplie pour l’organisation de Sherbrooke, le Club Cycliste Sherbrooke et tous ses partenaires: Dalbix, le Siboire, Trek, Café Hubert St-Jean, la ville de Sherbrooke, Humano District et la FQSC.
Stéphane Vallières, en particulier, a été bien occupé ces derniers jours pour planifier l’accueil de tous, lui qui gère déjà la boutique Qui Roule, véritable camp de base du CCS-Siboire. Il faut le remercier pour son dévouement!
Côté compétition, de très bons coureurs étaient présents, tant chez les femmes que chez les hommes. Je pense par exemple à Christel Ferrier Bruneau qui n’a pas eu de mal à s’imposer en élite femmes, et Matteo Oppizzi chez les hommes, c’était impressionnant à voir.
Pour un routier comme moi, il est intéressant de mieux connaître l’excellente ambiance des courses de cyclo-cross, qui ont un petit côté « relâché » que la route a souvent moins. Parce que la notion de peloton est moins présente, le plaisir demeure pour les coureurs même lâchés(ées) tôt dans la course, chacun pouvant continuer à son rythme sans ressentir cette compétition féroce qu’on vit souvent sur la route.
L’attention du monde du cyclisme professionnel se tourne désormais vers les Mondiaux en Australie à la fin du mois.
Les sélectionneurs nationaux confirmeront dans les prochains jours leur équipe et leurs ambitions.
Chez les Belges par exemple, on sait déjà que le leadership sera partagé entre Wout Van Aert et Remco Evenepoel. Ca risque d’être compliqué, les deux pouvant nourrir des ambitions.
Du côté français, on attend tous de voir si Thomas Voeckler pourra convaincre Benoit Cosnefroy d’aller en Australie afin de profiter d’une belle condition physique en ce moment.
Silvan Adams affirme même qu’il n’hésitera pas à saisir les tribunaux s’il le faut!
Quoi qu’il en soit, une des raisons pour laquelle les meilleurs cyclistes canadiens refusent d’aller en Australie, c’est tout simplement qu’ils doivent y aller… à leurs frais!
Cyclisme Canada n’a pas les moyens de payer pour envoyer les athlètes. Donc, c’est entièrement à nos frais. C’est sûr que moi, ça ne m’intéresse pas. Guillaume Boivin a refusé l’invitation, Antoine Duchesne aussi. S’il faut payer, nous, on ne voit pas l’intérêt [d’y aller]. Ça va être intéressant de voir qui va aller subventionner la fédération.
Hugo Houle, la presse, 4 septembre 2022
Je salue en particulier le refus de Guillaume Boivin qui en a fait aussi une question de principe, lui qui est pourtant en forme et qui aurait pu faire de belles choses en Australie pour le Canada.
Avec les saisons qu’on fait et les résultats qu’on a apportés dans les dernières années, je trouvais ça un peu irrespectueux de nous demander de payer. J’ai décidé de ne pas y aller parce que ça coûte cher, mais par principe aussi.
guillaume boivin, la presse, 4 septembre 2022
C’est de pire en pire du côté de Cyclisme Canada. Vraiment déplorable.
Je dénonce sur ce site depuis des années le manque de leadership de notre fédération nationale pour développer le cyclisme sur route, soutenir les fédérations provinciales, et augmenter les débouchés pour nos coureurs cadets et juniors les plus prometteurs.
Plus encore, Dominik Gauthier a lui-aussi dénoncé la fédération canadienne récemment via la plate-forme de Radio-Canada.
J’ai donc demandé à Hugo Houle cette semaine si quiconque à Cyclisme Canada l’avait contacté pour répondre à ses interrogations. Non, rien! Rien? Même pas un accusé de réception? Non.
Cela est un manque de respect ultime! Comment une organisation peut-elle ignorer les plus grands noms de son propre sport? Il faut aussi spécifier qu’Hugo et ses acolytes sur route ne faisaient pas que se plaindre, ils proposaient des pistes de solutions intéressantes.
Dominik Gauthier, Radio-Canada, 8 septembre 2022
Bref, ce n’est pas brillant. Cyclisme Canada est probablement dû pour un très grand ménage.
Et Cyclisme Canada continue d’investir dans la piste, avec des résultats très mitigés depuis des années. Pendant ce temps, la route se meurt: plus d’épreuves nationales, plus d’équipes élites nationales, c’est la misère pour nos meilleurs(es) jeunes coureurs(ses).
De l’argent? Il y en a, de l’argent, mais Cyclisme Canada n’est pas capable de convaincre, apparemment. Pourtant, des sponsors investissent dans le cyclisme, j’en ai moi-même la preuve avec mon équipe cycliste.
Avec seulement quelques mois d’existence, j’ai bien l’impression que l’initiative Bridge The Gap a déjà fait plus pour le cyclisme sur route au Canada que Cyclisme Canada depuis des années. Je publierai bientôt sur La Flamme Rouge davantage d’information sur cette initiative intéressante et porteuse d’espoir.
Entretemps, souhaitons le meilleur des succès aux cyclistes canadiens qui seront du voyage des Mondiaux en Australie. Nos meilleures chances sont assurément du côté de l’équipe des femmes élite pour la route, et du côté de nos juniors.
Espérons qu’une autre équipe nationale aura la bonté de prêter une pompe à nos Canadiens(iennes) pour qu’ils(elles) puissent gonfler leurs pneus!
Surtout quant on a manqué son principal objectif de la saison, le Tour de France!
Du coup, Pogi a fait plaisir à tout son monde hier en remportant le GP cycliste de Montréal.
Pogi court toujours pour gagner et il est intéressant pour cela.
Et il a gagné hier en pleine maitrise de son art.
Autrement dit, il n’a pas raté son coup, et il a aussi assuré au niveau de ses coéquipiers qui ont donné durant toute la course pour lui permettre de jouer la gagne.
Comme d’hab, la sélection finale s’est faite « à la pédale » dans la dernière ascension de Camilien Houde.
Pogi n’a pas eu besoin de se débarrasser de ses compagnons d’échappée – Van Aert, Gaudu, Yates et Bagiolo – confiant qu’il était dans son sprint après 200 bornes d’une course usante.
Et comme il l’avait anticipé, il a pu battre Van Aert et les autres.
Ce dernier s’est bien battu, est allé au bout de l’effort. Rien à dire. Ses coéquipiers ne peuvent nourrir trop de regrets.
Mention très bien à David Gaudu aussi, impressionnant dans le final pour un « petit » gabarit.
Il n’a pas manqué grand chose à Bardet et Cosnefroy pour accrocher le bon wagon en haut de Camilien Houde. Ces deux-là peuvent nourrir des regrets.
Le premier Canadien est encore une fois Guillaume Boivin, 37e. Sur un tel parcours, c’est remarquable pour lui qui est plutôt sprinter. S’il connait une bonne intersaison durant les prochains mois, attention à lui l’an prochain!
Une autre qui doit rager, c’est Warren Barguil qui repart du Québec avec deux 10e places. Il tourne autour cette saison, mais ne parvient pas à en décrocher une belle. Frustrant pour lui.
Prélude aux Mondiaux
Assurément, plusieurs coureurs ont rassuré voire « mis la table » pour les prochains Mondiaux, en particulier Pogacar aujourd’hui, mais aussi Van Aert et Cosnefroy. Il faudra compter sur eux.
Il faudra aussi compter sur un certain Remco Evenepoel, qui a remporté hier le premier grand tour de sa carrière, la Vuelta. Evenepoel vient de passer dans une nouvelle dimension, et pourra prochainement aspirer au… Tour de France.
En attendant, il partagera la responsabilité du leadership de l’équipe de Belgique en Australie.
Avec les flammèches l’an dernier sur ces mêmes Mondiaux entre Van Aert et lui, j’ai bien hâte de voir comment ces deux-là vont s’entendre!
Quel spectacle hier dans la côte des Glacis lorsque Benoit Cosnefroy a attaqué ce qui restait alors du peloton principal au GP cycliste de Québec!
Ouf.
J’avais déjà lu que Cosnefroy était le « petit Alaphilippe » et j’en ai eu la preuve hier.
Une attaque foudroyante, et surtout imparable. Viens un moment où il y a une limite à la vitesse que tu peux monter une bosse. Cosnefroy l’avait probablement atteinte hier dans les Glacis.
Personne n’a pu embrayer dans sa roue.
Sur le haut, le plus dur restait à faire: tenir.
Ben il a tenu. Cosnefroy aura aussi bénéficié d’un dernier kilomètre décousu derrière lui, aucune équipe ne parvenant vraiment à assurer un train pour amener son sprinter vers la ligne.
Une TRÈS grande victoire du coureur français de 26 ans, assurément sa plus belle en carrière jusqu’ici.
Cosnefroy sera un sacré client des prochains Mondiaux.
Une course classique
Sinon, le GP de Québec a connu hier un scénario classique.
Une échappée matinale, avec un coureur de l’équipe canadienne, Carlson Miles d’Ottawa qui est allé assez loin tout en jouant les points du grimpeur. Bien fait.
J’ai été très surpris de voir parmi les 5 hommes devant un Damiano Caruso, pourtant d’un autre niveau. Caruso est logiquement allé le plus loin parmi les coureurs de la première échappée.
C’est avec 4 tours à faire que la course s’est vraiment lancée, mais trois équipes veillaient au grain: Intermarché, Jumbo-Visma et BikeExchange.
Visiblement, les Van Aert, Girmay et Matthews avaient donné des instructions.
Et parfois Pogi puisqu’on a aussi vu les UEA Team Emirates par moment.
Je pense qu’encore une fois, ce circuit de Québec et sa dernière ligne droite jusqu’à la ligne auront surpris bon nombre de coureurs: sur un tour, on se dit « pas de problème, c’est pas très difficile ».
Après cinq tours, aie, ca se complique.
Après huit, tu ne la trouves plus drôle.
Après 10 tours, ca pète de partout.
Après 14 tours, la grande lessive: ils n’étaient plus que 45 dans le peloton principal.
Et dans le dernier tour, c’est au mental que ca se joue.
Si Cosnefroy et Matthews n’ont pas pété hier dans le long faux-plat jusqu’à la ligne, Wout Van Aert a semblé le trouver un peu indigeste après 200 bornes: il rate le podium après avoir fait rouler son équipe toute la journée. Gageons qu’il sera revanchard à Montréal.
Les Canadiens
Hugo Houle n’était visiblement pas dans un grand jour, mais on l’excusera après une très grosse saison.
Carlson Miles, très bien dans l’échappée.
Matteo Dal-Cin et Pierre-André Côté se sont rendus jusque dans le final, très bien là encore. Il n’aura pas manqué grand chose à Côté pour finir avec le premier peloton devant, ce qu’a réussi à faire Guillaume Boivin au métier. Il est le premier coureur canadien classé.
Montréal dimanche
On remet ca dimanche avec les mêmes favoris, sur un parcours mythique et un peu plus difficile qu’à Québec.
Une belle partie du peloton WorldTour est au Québec depuis quelques jours pour les deux Grands Prix cyclistes de Québec (vendredi) et de Montréal (dimanche).
L’autre partie termine actuellement la Vuelta, où Remco Evenepoel pourrait signer sa première victoire sur un grand tour. Avec Roglic le poissard qui a bêtement chuté dans les derniers mètres de l’étape il y a quelques jours, on voit mal ce qui pourrait désormais empêcher le jeune prodige belge de la consécration. Enric Mas? Je n’y crois pas.
Peu importe, pour Québec et Montréal, le peloton s’amène avec quelques gros enjeux en toile de fond. Question de bien comprendre les stratégies de course qu’on risque de voir, il est utile de les rappeler.
Enjeu #1
D’abord et avant tout, la préparation des prochains Mondiaux, fin septembre, en Australie. Le parcours là-bas est casse-pattes, et beaucoup de coureurs peuvent nourrir des ambitions, surtout qu’un puncheur comme Alaphilippe, double tenant du titre, n’est pas au mieux.
Québec et Montréal, avec les bosses à répétition, c’est parfait pour amorcer la préparation finale, en situation de course.
Enjeu #2
La sélection et le leadership des équipes nationales.
Les Mondiaux sont une des rares courses pro à être disputées en équipes nationales. Il faut donc s’y faire sélectionner, et la question du leadership de l’équipe nationale se pose ensuite.
Pour beaucoup de coureurs sur les GP de Québec et Montréal, on voudra se mettre en évidence pour assurer sa sélection pour l’Australie, voire pour revendiquer un statut de coureur protégé lors de ces Mondiaux. Une sélection en équipe nationale est toujours une belle réalisation dans une carrière.
Ca sera l’occasion par exemple pour Guillaume Martin ou Warren Barguil de rassurer sur leur condition actuelle. Idem pour certains coureurs belges, italiens ou espagnols.
À noter que chez les Belges, les deux leaders pour les prochains Mondiaux ont déjà été annoncés: Wout Van Aert et Remco Evenepoel, qui d’autre? Les autres Belges voudront plutôt s’assurer d’une place en sélection nationale pour faire briller la Belgique en Australie.
Enjeu #3
Bien entendu, les points UCI en vue du renouvellement des licences WorldTour.
Gageons que des équipes comme Israel-Premier Tech, Bike Exchange, Lotto-Soudal, EF Education First, voire Cofidis et Arkea voudront marquer de précieux points. La lutte est serrée pour la 18e et dernière place permettant d’accéder au précieux graal, ces équipes devront être offensives.
Enjeu #4
Renouveler son contrat pour la saison prochaine!
Certains coureurs jouent gros en cette fin de saison, n’ayant pas encore renouvelé leur contrat en vue de 2023.
Antoine Duchesne à la Groupama-FDJ est dans cette situation.
Ils viseront donc de se mettre en évidence aux yeux de leur propre équipe, soit par un solide travail d’équipier, soit par une belle place sur la ligne d’arrivée.
En WorldTour, les places sont chères et les directeurs sportifs et managers d’équipe ne font pas dans le sentiment. Il s’agit donc, pour plusieurs coureurs, de ne pas rater leur mois de septembre et d’octobre afin de convaincre.
Enjeu #5
Une saison à sauver!
Si certains coureurs ne sont pas à risque de perdre leur contrat en vue de la saison prochaine, ils ont sous-performé en 2022 compte tenu de leur contrat actuel, de leur réputation et des attentes à leur endroit.
La fin de saison chez les pros, c’est aussi le moment où certains cherchent à « sauver » leur saison.
Un Greg Van Avermaet par exemple, assez inexistant cette saison pour AG2R-Citroen, compte tenu de son statut et de son salaire.
Un Jakob Fulgsang chez Israel-Premier Tech, ou Sep VanMarcke.
Jasper Stuyven chez Trek-Segafredo.
Enjeu #6
Les neo-pro.
Plusieurs coureurs du peloton de Québec et Montréal sont très jeunes (22 ans ou moins), et en sont à leur première année en WorldTour. Les deux courses sont des tests pour eux, ceci afin de mesurer leur progression et leur potentiel en vue des prochaines années. Les équipes voudront suivre de près leur performance, là encore en vue du renouvellement de leur contrat pour les prochaines années.
Enjeu #7
L’équipe canadienne!
Pour beaucoup de coureurs sur la sélection canadienne, il s’agit de se montrer, et de faire briller les couleurs de l’équipe nationale. Cyclisme Canada compte également là-dessus, c’est toujours une belle vitrine que de passer la première moitié de la course avec des maillots de l’équipe nationale dans l’échappée devant.
D’autres, comme Pier-André Côté ou Matteo Dal-Cin, joueront probablement plutôt une belle place à l’arrivée.
Le premier veut une place en WorldTour, le second veut sécuriser un contrat pro – n’importe lequel – en vue de la saison prochaine.
Un jeune coureur comme Carlson Miles est un candidat parfait pour l’échappée matinale à Québec.
Les favoris
Pour moi, un seul nom sort du lot: Wout Van Aert.
Il sera très difficile à battre, surtout à Québec. Si le sprint si spécial en faux-plat ascendant convient bien à Michael Matthews et Peter Sagan, il conviendra également parfaitement à un Wout Van Aert surpuissant cette saison.
Van Aert dispose d’une belle équipe à son service, et il se doit de rassurer la Belgique en vue des Mondiaux puisque Evenepoel remportera probablement la Vuelta.
Tadej Pogacar ne devra pas être sous-estimé, particulièrement à Montréal: d’un tempérament offensif, il est clair pour moi qu’il ne restera pas anonyme au sein du peloton durant les deux courses.
Aussi à surveiller, Michael Matthews bien sûr, il a déjà réalisé le doublé au Québec sur des circuits correspondant parfaitement à ses qualités.
Je vois bien un Matej Mohoric également, Alberto Bettiol ou Neilson Powless pour EF Education, Christophe Laporte, Luke Rowe et Adam Yates chez Ineos, Rui Costa ou encore Diego Ulissi chez UAE dépendemment de Pogi, ou encore Benoit Cosnefroy.
Autre attraction de ces deux courses, Biniam Girmay bien entendu! SVP, s’il gagne, ne lui offrez pas de bouteille de champagne sur le podium…
Hugo Houle superstar
Comme David Veilleux à une certaine époque, gageons que l’accueil du public québécois pour Hugo Houle sera remarquable et… bruyant sur les deux courses.
Et c’est très mérité. Il s’agit de l’heure de gloire d’Hugo, et considérant sa victoire d’étape sur le Tour de France, quoi de plus normal?
On espère qu’Hugo pourra se mettre en évidence, pourquoi pas en se glissant dans une échappée dans le final de Québec ou de Montréal? Gageons qu’il aura un statut de coureur protégé chez Israel-Premier Tech, ce qui devrait lui donner une certaine marge de manoeuvre.
La météo
Grand beau, assez chaud, peu de vent. Des conditions de course idéales!
Suite à mon article sur la Haute Route Alpes publié hier, vous êtes nombreux à me poser diverses questions, surtout sur ma préparation et ce qu’il faut pour terminer une telle épreuve. Je vous répond aujourd’hui.
Le premier investissement, c’est évidemment l’argent. La Haute Route Alpes, c’est sept étapes, sept jours, impliquant une grosse logistique. Dans ce contexte, les frais d’inscriptions sont en conséquence. Prévoir 2 000 euros environ, puis un autre montant selon votre formule d’hébergement. La mienne, en hôtel « premier prix », m’a couté 800 euros supplémentaires. À cela s’ajoute bien sûr, pour nous coureurs québécois, le billet d’avion et les frais connexes.
À noter que sur la Haute Route, les repas du soir ne sont pas compris. C’est la seule chose à mes yeux qui s’ajoute aux frais de la semaine.
La préparation
Ma préparation physique a débuté en septembre 2021, mais je disposais d’un gros capital après plus de 30 ans de vélo intensif. Mes ambitions sur cette Haute Route étant plus élevées que de simplement finir l’épreuve, je me suis préparé assidûment et un participant voulant simplement se rendre au bout pourrait faire moins.
À noter que des délais d’élimination sont prévus sur la Haute Route, il faut donc un certain niveau pour entrer dans le classement. Environ une centaine de concurrents ont pris le départ pour être DNF au fil des étapes.
Ma préparation a inclus beaucoup de travail en musculation au gym, que ce soit en gainage ou en squats et autres exercices spécifiques. Outre le gym, mon automne et hiver s’est passé sur deux planches, en ski de fond, ou j’ai engrangé quelques 3500 kms, et beaucoup d’intensité (en technique libre seulement).
La récup a été planifiée sous forme de micro-coupures tout au long des 10 derniers mois. Celle du début avril dernier, entre la fin de la saison de ski de fond et le début du vélo, a été un peu plus longue (deux semaines).
Mon entrainement cycliste s’est fait selon une formule « inversée », ne débutant pas par de longues sorties en endurance. Fort d’une grosse saison de ski de fond, mon endurance était déjà au point, si bien que des intervalles courts ont meublé mon mois d’avril et de mai dernier, dès la reprise du vélo.
Durant cette période, j’ai notamment dû rebâtir ma puissance musculaire spécifique au vélo car sans home-trainer l’hiver dernier elle avait diminué puisque les jambes travaillent différemment en ski de fond.
Les longues sorties sur le vélo ont été réalisées essentiellement fin mai et en juin dernier, à la faveur du beau temps. Plusieurs sorties de 200 bornes, au travers d’un entrainement « polarisé ».
Du travail spécifique était au programme du mois de juillet, avec acclimatation à la chaleur intense. Pour moi, cela voulait dire des séjours à Whiteface près de Lake Placid, pour travailler le coup de pédale spécifique de la montagne. J’ai enchainé les ascensions, parfois deux par jour, et travaillé dans la grosse chaleur.
Le coup de pédale nécessaire dans les cols étant très spécifique, pour moi c’est un passage obligé pour nous cyclistes d’ici que d’aller à Whiteface ou dans la région du Vermont, où on trouvera des parcours comme celui des « Six Gaps » propices à ce travail.
J’ai peaufiné ma préparation finale par deux semaines dans la région de Nice juste avant la Haute Route, à grimper des cols en intensité (David attestera!), mais aussi en gérant du mieux possible le repos. Sur la Haute Route, il est crucial d’y arriver avec beaucoup de fraicheur, sous peine de passer une très mauvaise semaine.
Comme tout le monde, j’ai connu des revers, des moments difficiles. Ma préparation a régulièrement été perturbée par mon travail professionnel, très exigeant cette année. Il faut savoir maintenir le cap, et parfois serrer les dents. Il faut aussi savoir écouter son corps.
Ma Haute Route
Une première étape très difficile, 185 bornes et plus de 7h sur le vélo. Les 50 bornes de faux plats ascendants pour remonter la vallée de la Vésubie ont été très taxants pour beaucoup de participants, dont moi. Ca roulait très vite! J’ai payé le rythme élevé des premiers pelotons dans le premier col de cette Haute Route, le col de St-Martin. La Lombarde (2350m d’altitude) par la suite a été un long calvaire, surtout les 3 derniers kms, pentus. Le dernier tronçon chronométré de l’étape, long de 21 km vers Cuneo et accidenté, a été avalé à plus de 45 km/h dans la roue de quatre coureurs russes déchainés. Hallucinant!!
Une bonne 2e étape, mais le col d’Agnel, toit de cette Haute Route (2750m d’altitude) a été un très gros morceau, les 9 derniers kms étant à 10% de moyenne. L’Izoard bien.
Une bonne et belle 3e étape vers les Deux Alpes, en terrain connu avec Lautaret, Sarenne et l’ascension finale. Et de belles descentes rapides avec Maxime, notamment du Lautaret!
Le moment difficile de ma Haute Route est survenu dans la 4e étape, très difficile et longue (155km, Glandon, Madeleine, montée finale vers la station de Méribel). Sévèrement refroidi dans la descente des Deux Alpes, le moteur a eu bien du mal à démarrer dans le Glandon à 8h le matin, un col que je connais pourtant par coeur. Lâché, seul, démoralisé, l’étape me paraissait insurmontable et j’ai pensé à l’abandon pur et simple. Mais un kilomètre à la fois, la tête admirant les paysages grandioses du Glandon, je suis arrivé en haut. Retapé par le ravito, grosse descente du Glandon avec Maxime, la Madeleine s’est curieusement très bien passée dans la chaleur retrouvée. Grosse descente du col jusque Moutiers, et j’étais le plus fort de mon groupe dans Méribel, en profitant pour aider mes amis au prise avec diverses petites défaillances. Comme quoi les choses peuvent changer sur une seule étape!
5e étape de 10 kms, le chrono de la Loze (départ dans la station de Méribel), qui en a surpris plus d’un par ses pentes très irrégulières. Largement « overgeared » (34-29, il m’aurait fallu un 34-32 au minimum), j’ai perdu du temps à m’arracher à 40 de cadence dans certains passages à plus de 20%. Pour moi, 49 minutes de souffrance extrême!
6e étape magnifique, par delà les cols de Tra, le Cormet de Roseland depuis Bourg St-Maurice (c’est long!) et le Signal de Bisane / Saisies dans le final. Et encore une belle descente des Saisies avec Maxime!
7e étape la tête dans le guidon, la plus courte (99 kms) et celle avec le moins de dénivelé (2400m). J’ai tout donné dans le col de l’Épine et le col de la Croix-Fry, pour terminer sur le bord des crampes après le passage aux Aravis. Cuit sur la ligne!
En dehors du vélo
La vie en dehors du vélo est à la fois simple et compliquée sur la Haute Route.
Elle se résume chaque jour à: lever (habituellement 5h30 du matin), déjeuner, préparatifs, descendre les bagages dans le lobby de l’hôtel, se rendre au départ, donner le sac à dos et le race bag au service-course, vérifier la pression des pneus, l’étape sur le vélo, arrivée, repas d’après course, massage, retour à l’hôtel, monter les bagages, douche, lavage des vêtements, sieste, vérifier le vélo, souper (19h), finaliser les préparatifs du lendemain selon la météo, dodo à 21h30.
À noter que vos nuits seront probablement variables: des bonnes, et des (très) mauvaises. Jamais compris pourquoi!
Le matos
Un élément TRÈS important, votre sécurité en dépendant.
Lancé à plus de 80 km/h dans les descentes de cols composées de lacets parfois serrés et de précipices, il faut que la machine, notamment les freins, soit impeccable.
Boyaux neufs, patins de frein neufs, des roues parfaitement alignées, révision complète avant le départ, je ne peux remercier davantage l’équipe chez Marinoni pour leur excellent travail avec mon vélo et ce, depuis des années.
Équipé en Campagnolo Super-Record et roues Bora Ultra 35 à boyaux, Paolo Marinoni et Raoul m’avaient optimisé la machine fort de leur savoir-faire unique au Québec, me permettant de me concentrer ailleurs. Ils ont même poussé le professionnalisme à me recommander un changement de guidon avant le départ, une inspection de leur part ayant montré que celui installé sur mon vélo pouvait présenter un trait de fracture. Je n’ai pas hésité.
Sincèrement, merci Paolo et Raoul pour votre travail si pro. Vous êtes simplement les meilleurs et j’ai pensé à vous dans de nombreuses descentes.
Les amis, le soutien
Préparer une Haute Route, faire une Haute Route, ca implique évidemment bien du monde autour de nous. Vous avez besoin d’eux!
Perso, je suis reconnaissant à mon équipe cycliste, le Siboire-CCS de Sherbrooke, avec Stéphane, Maxime, Étienne, P-O et tous les autres, pour leur amitié et leur accueil. Ils m’ont motivé à ne rien lâcher, à me dépasser, ils m’ont insufflé une nouvelle motivation cette saison, sans toujours le savoir. J’aurais aimé rouler plus souvent avec eux ces dernières semaines, mais on va se reprendre!
Mes enfants, ma famille, mon frère cycliste lui aussi et compagnon de la première heure dans tous ces cols, étaient évidemment derrière moi. Après l’étape, c’est un réconfort.
Mes partenaires locaux d’entrainement, Martin, Erwan, Brass, Francis, G&J, Ludo, Éric, Oli, en particulier, avec qui j’ai partagé de nombreux kilomètres à l’entrainement, que ce soit à vélo ou sur mes skis. Ils te poussent aussi, toujours dans une ambiance tellement positive.
Sans oublier Rossi ces derniers mois.
Je n’oublie pas la meilleure physiothérapeute du monde, Stéphanie, qui m’a souvent permis un rapide retour à l’entrainement, suite à des petits bobos pour l’extrémiste que je suis. Sans elle, mon chemin vers la Haute Route aurait été nettement plus compliqué.
Et mes partners sur ce voyage et cette Haute Route, Martin, David et Fredo. Une équipe de choc, certes évoluant à divers niveaux, mais au sein de laquelle je savais que personne ne lâcherait jamais, et qu’ils avaient eux-aussi pris le départ pour terminer cette Haute Route, quoi qu’il advienne. Ils ont animé mes soirées, on a ri, on s’est entraidé, on s’est soutenu toute la semaine.
Maxime aussi, rencontré sur cette Haute Route et que je n’oublierai jamais. Tout un cycliste ce Maxime, gros moteur qui m’a souvent surpris. Polytechnicien, travaillant à Stanford en Californie, nous avons connecté vélo et en dehors du vélo. Salut Max!!!
Tous sont aujourd’hui des « Haute Route finishers ». Ils ont tout mon respect éternel. Je n’oublierai jamais l’émotion entre chacun d’eux et moi à l’arrivée samedi dernier. On l’a fait!
Ce n’était pas gagné d’avance, je pense notamment au sympathique Patrick Merle, contraint à l’abandon après avoir été victime d’une chute causé par un autre coureur dans la descente du premier col, le premier jour. Patrick était très déçu, et nous aussi pour lui.
David, un Ricard et ca repart! (je ne pouvais pas terminer cet article autrement). Comme ca, tout est nickel chrome…
Je viens de terminer l’édition 2022, la première à s’élancer de Nice pour remonter vers le Nord et Mégève.
J’ai encore aimé le caractère sportif et le défi, j’ai moins aimé l’organisation pour plusieurs raisons.
Survol, question de vous partager mon expérience au cas où vous voudriez, vous aussi, tenter cette grande aventure dans les prochaines années.
Niveau en hausse
Si j’ai retrouvé bien des points communs entre 2012 et 2022, le niveau et l’homogénéïté du peloton est aujourd’hui plus élevé, et le parcours de cette édition 2022 était particulièrement difficile.
Plus de 35 nationalités représentées au départ. Beaucoup d’Anglais, évidemment. Mais aussi des Belges, des Allemands, des Français, des Américains, des Canadiens (une bonne vingtaine!), des Australiens, des Néo-Zélandais, des Brésiliens, des Italiens et, mondialisation du cyclisme, même des cyclistes chinois ou de Singapour.
Mais oubliez l’ambiance cyclo bon enfant : ca roule fort, tout le temps. Le moindre replat dans un col, ça relance. Pas de cadeaux, et vous pouvez être sûr que ça accélérera sous la flamme rouge pour aller chercher l’arrivée.
Et à l’arrivée, les participants ont les yeux rivés sur le classement, manifestement, c’est très important.
Devant pour les trois premiers, voire les 10 premiers, c’est le niveau professionnel. C’était vraiment impressionnant de les voir dans le (très) difficile chrono du col de la Loze : 33min pour le grand vainqueur, Luca Vergallito. Superman Lopez n’aurait pas fait mieux!
Le bien
La Haute Route Alpes, c’est cher certes mais l’infrastructure offerte est au point, bien rodée.
D’abord, le transport des bagages d’hôtels en hôtels, presque tous les jours. Les bagages offerts pour cela sont corrects, le système efficace.
Le sac à dos que vous laissez au départ et reprenez à l’arrivée, 160 kms plus loin, est bien pratique pour rapidement se remettre au sec après une étape difficile.
Il y a aussi ce « race bag » qui n’était pas disponible en 2012 : un sac utile qui vous est mis à disposition à mi-parcours, durant l’étape, habituellement en haut d’un col. De quoi se mettre au sec et au chaud avant de plonger dans la descente. Et en temps de pluie, un réel must.
L’assistance technique Mavic est également bien présente et rodée, les voitures et motos en nombre suffisant.
Le personnel et les bénévoles de la Haute Route, efficaces et souriants.
Les ravitos bien organisés, variés.
Également absents en 2012, les massages gratuits, d’une durée d’environ 20-25min, offerts tous les jours à l’arrivée sans grande attente grâce à une armada de masseurs(euses), sont un vrai plus lorsqu’on doit encaisser jour après jour le régime « cols à bloc ».
Et surtout, la neutralisation des descentes, ce qui n’était pas le cas en 2012. Le plus souvent, le chrono arrête en haut des cols, pour n’être relancé que plus loin, une fois la descente terminée. Un vrai plus côté sécurité, et l’anarchie règne également moins aux ravitos au sommet des cols puisque les participants peuvent prendre leur temps.
Le moins bien
Plusieurs aspects m’ont été cependant très désagréables.
D’abord la présence des tours opérators, qui créent deux catégories de participants. Il y a nous, coureurs de la Haute Route, et eux, cyclistes clients des tours opérators, un peu en marge.
Les tours opérators proposent leurs hôtels, leurs ravitos, leurs infrastructures.
Ils proposeront par exemple de ravitailler « au vol » leurs clients à des endroits différents des ravitos officiels Haute Route, au risque de faire tomber d’autres concurrents : pas tout le monde qui a l’habitude de ramasser un bidon à 30 à l’heure…
Certains cols étaient interdits aux véhicules d’assistance, comme le col de Sarenne. Cela n’a pas empêché plusieurs véhicules de Tours opérators de contourner la règle et de desservir leurs clients dans ce col. Nous n’étions pas tous à la même enseigne…
Le pire, c’est que nombre de clients des Tours opérators ne participent pas aux « départs neutralisés » des débuts d’étape. Par exemple, l’étape reliant Les Deux Alpes à Méribel comportait plus de 30 kilomètres neutralisés en début d’étape, question d’assurer une descente des Deux Alpes sécuritaire à un peloton de plus de 300 coureurs.
Le départ du chrono était donné à Allemond, 30 bornes plus loin.
À 7h du matin, descendre les Deux Alpes en procession derrière une voiture « tête de course », c’est très frais, voire froid. Je suis arrivé au départ du chrono assez gelé, pas simple pour être à bloc un kilomètre plus loin dans le Glandon.
Une soixantaine de « clients » attendaient 200m avant le départ du chrono, à Allemond, amenés là par leurs Tours opérators… Pas de descente glaciale pour eux, pas de procession de 30 kms avant le départ du chrono, une heure de plus au chaud pour prolonger la récup avant l’étape…
Si on cumule les sept étapes, les coureurs Haute Route auront fait un peu plus de 800 kms, les clients des Tours operators 100 km de moins… frustrant, car ils partagent le même classement.
Mais le plus douteux est certainement la présence de… mercenaires sur cette Haute Route.
Certains coureurs, très forts, sont en effet « engagés » sur l’épreuve par d’autres participants afin de leur servir de « gregario » durant toute la semaine.
Celui qui paye peut ainsi s’affranchir de bidons sur son vélo, ne prendra pas un cm de vent de la semaine, pourra être assisté pour les vêtements et les ravitaillements, voire se faire pousser dans les cols les plus pentus, au besoin (je l’ai vu de mes yeux durant la dernière étape).
On déplorera enfin quelques choix douteux sur cette édition 2022, comme l’arrivée à Cuneo qui ne présentait aucun intérêt car trop loin des grands cols.
Certains choix d’hôtels, situés loin du village d’arrivée, m’ont fait rager, notamment celui de Briançon. Mon hôtel était situé tout en haut dans la vieille ville fortifiée, au sommet d’une rampe d’un km à 10%… pas top lorsque tu es épuisé de l’étape et que tu as tes bagages à remonter… Le comble était le garage à vélo, situé 400m plus loin que l’hôtel!
On déplorera également certains choix pour le chronomètre, comme celui de le laisser courir en haut du col de Sarenne, pourtant le lieu d’un ravito. Résultat, personne ne s’est arrêté à ce ravito puisque le chrono tournait encore, et un coureur est évidemment allé à la faute dans la mauvaise descente juste après, nécessitant une évacuation par hélico. Dommage, et vraiment dangereux pour la sécurité de tous.
Conclusion
La Haute Route Alpes, c’est avant tout un grand défi, celui d’enchainer sept jours de haute montagne sur un vélo. Perso, c’est ma chance, pour le modeste cycliste que je suis, de m’approcher un peu de ce que peut vivre un coureur pro sur un grand tour. Pour beaucoup, l’intérêt sera là.
Ceci étant, j’ai trouvé sur cette édition de la Haute Route des dérives désagréables, propres à remettre en question la nature même de l’épreuve et l’égalité des chances entre participants, pour ceux voulant jouer une place au classement général. Il conviendra d’être vigilant dans les prochaines années, et de mieux encadrer les diverses formules permettant de s’inscrire à cette épreuve.
La 77e édition du Tour d’Espagne s’élance ce vendredi d’Utrecht aux Pays-Bas, avec des revanches à prendre sur le sort ou sur certains adversaires pour beaucoup de coureurs. Et, pour beaucoup d’équipes, c’est la licence WorldTour 2023-2025 qui se joue!
C’est donc un très beau plateau qui s’aligne sur cette Vuelta.
Beaucoup d’autres coureurs de premier plan: Julian Alaphilippe le champion du monde qui prépare ses Mondiaux et son coéquipier Remco Evenepoel, Richard Carapaz, Tao Geoghegan Hart et Pavel Sivakov chez Ineos, Jay Hindley vainqueur du Giro en mai dernier, Ben O’Connor malheureux sur le Tour, Enric Mas, Louis Meintjes, Joao Almeida et Brandon McNulty chez UAE, Thibault Pinot, Miguel Angel Lopez, Fred Wright et Mikel Landa chez Bahrain, Hugh Carty et Esteban Chaves chez EF, Mike Woods en leader pour Israel-Premier Tech, bref, beaucoup de beau monde!!
Une quatrième victoire pour Roglic lui permettrait d’égaler le record de quatre victoires tenu par Roberto Heras, à une autre époque du cyclisme (début des années 2000).
Le parcours
Au menu de Messieurs les coureurs, 3 280 kilomètres entre Utrecht et Madrid qui sera rejoint le 11 septembre prochain.
Le parcours est très musclé en 2e et 3e semaine, avec une première arrivée en altitude lors de la 6e étape vers d’Al Pico Jano. C’est à ce moment que la course au maillot amarillo se lancera réellement.
Pas moins de… huit autres étapes sur les 15 restantes à ce moment de la course se termineront par une ascension, plus ou moins longue. Autrement dit, des étapes chaque fois au final difficile, compliqué, pouvant créer des écarts. Il faudra être très attentif tout le temps sur toutes ces étapes, ce sera très usant pour ceux qui ont des ambitions au général.
Beaucoup d’étapes font entre 160 et 190 kilomètres, de quoi user les organismes à la longue. Peu de répit.
Deux chronos, le premier jour et en milieu de Vuelta, lors de la 10e étape longue de 31 kilomètres.
Cinq étapes sont à surveiller de près, les 6e, 8e, 14e, 15e et 20e étapes.
Je pense que cette Vuelta se jouera lors des 14e et 15e étapes, deux étapes au profil similaire qui offrent une arrivée en altitude, la première à la Sierra de la Pandera, la deuxième à l’Alto Hoya de la Mora.
Les favoris, les enjeux
Encore malheureux sur le Tour cette année, Primoz Roglic s’est décidé pour la Vuelta seulement récemment. Si on ignore où en est sa réelle condition, il demeure le client principal de cette Vuelta et dispose d’une belle équipe à son service, avec notamment Kuss, Gesink et Dennis.
La réplique viendra d’abord de Richard Carapaz. Avec Roglic, c’est le plus doué physiquement sur cette Vuelta. Il sera également revanchard, ayant perdu le Giro en mai dernier aux mains de Jay Hindley. Carapaz a une saison à sauver!
Carapaz avait également terminé 2e derrière Roglic sur la Vuelta 2020, pour 24 petites secondes. Gageons qu’il s’en souviendra!
Cette Vuelta comporte plusieurs inconnus par ailleurs: Jay Hindley, après sa victoire sur le Giro plus tôt cette saison pourra aller jusqu’où?
Et le jeune prodige belge, Remco Evenepoel, qui se teste de nouveau sur un grand tour après son échec du Giro 2021?
Simon Yates, vainqueur en 2018, sera aussi un sérieux client. Il peut gagner.
Enfin, Mikel Landa et est « Superman » Lopez sont capables du meilleur comme du pire; à surveiller de près.
Les Movistar ont toujours la pression en Espagne, surtout Enric Mas qui se doit d’enfin justifier son statut. Valverde voudra réussir sa sortie par une belle victoire d’étape je suppose.
Les autres joueront aussi les victoires d’étape, sauf circonstances. Joao Almeida ne semble pas en grande condition actuellement, de son propre avis.
Enfin, misez quelques coups d’éclat de Julian Alaphilippe qui voudra certainement hausser sa condition sur les trois prochaines semaines, et se tester en vue des Mondiaux. Après plusieurs semaines compliquées, il est probablement très motivé à l’idée de reprendre la compétition!
Mike Woods
L’équipe Israel-Premier Tech a besoin désespérément de points UCI, et a très probablement demandé à Mike Woods de jouer une place au général. Si les 10 premiers sont jouables, le podium sera toutefois difficile selon moi.
Espérons surtout que Woods pourra jouer une victoire d’étape au moins; beaucoup d’étapes lui conviennent, avec toutes ces arrivées après une montée finale.
Après deux semaines de silence, La Flamme Rouge reprend brièvement du service, question de vous tenir informés de la suite.
Je suis en vacances!
Après une année compliquée au bureau, faute du recensement canadien, ces vacances font du bien.
Des vacances cyclistes vous vous en doutez.
Bientôt, un nouvel assault sur la Haute Route Alpes. Avec Loïc, avec David 1 et 2, avec tous(tes) les autres.
Alors je peaufine ma condition et fais le métier. Je ne suis pas très beau en maillot de bain, mais je monte les cols plus vite que jamais.
Avec Primoz. Et j’espère demain avec Tadej sur le Mont Chauve ou le col de Braus.
Putain les mecs, ca fait du bien après trois années privées de grands cols (la faute à la pandémie), de votre France qui est si belle, celle des petits villages perchés, des lacets, de la lavande et des cigales, parfois du cagnard que j’aime aussi, mais chaque jour assurément avec cette Grande Bleue en toile de fond.
J’abuse de Ricard. Pour David, « un Ricard, et ca repart… »
Bref, je suis heureux ici, mais d’un bonheur tout relatif, ne perdant pas de vue qu’il n’y a pas de meilleur endroit au monde que celui ou tous mes amis(es) sont… Je pense à vous, c’est certain, en attendant de vous retrouver.
Et dans une semaine, prise de risques maximum sur la Haute Route Alpes. Un voyage pour, encore une fois, mieux connaître de quoi je suis fait. Si je n’en reviens pas, je serai mort heureux.
Après quelques jours de repos, on reprend par ce Tour de l’actualité.
1 – Jonas Vingegaard. Les analyses sortent actuellement pour nous permettre de mieux comprendre la portée des performances offertes par ce coureur de 60 kilos – je répète, 60 kilos – sur le récent Tour de France.
Son ascension du Granon reste l’une des plus grandes performances observées en cyclisme, ever. Seuls les Ullrich, Pantani et Rominger, à une époque très sombre du vélo, ont fait mieux, c’est dire.
Et pour moi, une perf demeure encore plus éloquente: sa 2e place du dernier chrono, devant des grands spécialistes comme Ganna ou Thomas. À 60 kilos tout mouillé, il fallait le faire.
Plus que jamais, je continue de me poser des questions sur le cyclisme que je vois depuis deux, trois ans.
2 – Points WorldTour
Le récent Tour de France aura permis à l’équipe israélo-canadienne Israel-Premier Tech de rattraper l’équipe Lotto-Soudal en… 19e place du classement, cette dernière équipe ayant connu un Tour très difficile.
Mais rien n’est encore joué!
Devant, aux 15e, 16e, 17e et 18e places, quatre équipes au coude-à-coude: Movistar, Cofidis, BikeExchange ainsi que EF Education, que seulement 500 petits points séparent. Israel et Lotto sont quelques 900 points derrière.
Ces six équipes ne peuvent s’endormir et gageons que cette fin de saison sera âprement disputée.
3 – GP de Québec et Montréal
Doucement, l’attention se tourne vers ces deux épreuves cyclistes de fin de saison, épreuves qui sont aussi préparatoires aux Mondiaux.
On annonce des pointures au départ, Tadej Pogacar en premier lieu, mais aussi Wout Van Aert qui, malade (surprenant rhume…), fera l’impasse sur la Classica San Sebastian ce week-end.
Hugo Houle sera évidemment la grande vedette de ces Grands Prix cyclistes au Québec, et on peut d’ors et déjà anticiper une foule record sur les deux événements.
4 – Chutes sur le Tour féminin
Le cyclisme féminin est bien intéressant à regarder, il y a beaucoup d’action mais on peut déplorer les nombreuses chutes qui entachent le spectacle général. Parfois, on a vu trois chutes majeures en moins de 5 minutes. Dommage, et stressant pour les coureuses.
Pour le moment Marianne Vos est en jaune, mais difficile de dire si elle pourra tenir ce week-end, notamment dimanche vers la Super Planche des Belles Filles.
5 – Classica San Sebastian, du beau monde au départ
Sur le papier, ce sera un match entre Tadej Pogacar et Remco Evenepoel, mais il y a beaucoup de beau monde au départ, notamment les Geraint Thomas, Daniel Martinez, Matej Mohoric, Luis Leon Sanchez, Bauke Mollema, Giulio Ciccone, Tiesj Benoot, Simon Yates (il vient de gagner le Tour de Castille-Leon), Nick Schultz, Alexey Lutsenko, Alejandro Valverde, Benoit Cosnefroy, Romain Bardet, David Gaudu, Valentin Madouas, Pierre Latour et Maximilan Schachmann.
Côté canadien, c’est encore à confirmer, possiblement Woods et Houle au départ mais compte tenu des récents événements, je ne serais pas surpris que cela ne se concrétise pas.
Ceci étant, l’organisation de Victoriaville est irréprochable et est à l’écoute de la communauté cycliste. Gageons que des changements seront annoncés au cours des prochains mois, notamment quant au parcours proposé pour l’épreuve sur route.
7 – Alpe d’Huez
Ambiance sur la montée de l’Alpe d’Huez lors de la récente étape du Tour qui se terminait au sommet. Fou!