Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Auteur/autrice : Laurent Page 2 of 353

GP de Québec: un parcours plus facile et une arrivée plus… dangereuse

Dans une semaine, nous y serons: le Grand Prix cycliste de Québec, première course d’un duo québécois complété par le GP de Montréal, le dimanche suivant.

Cette année, le parcours, jusqu’ici inchangé en 13 éditions, fait « presque » peau neuve. Exit la côte des Glacis, exit la côte de la Fabrique, une fois en haut de la côte de la Montagne les coureurs prendront gauche au lieu de droite, remonteront direct vers le Chateau Frontenac, monteront la rue Saint-Louis mais pas jusqu’en haut comme avant, tourneront sur les Plaines juste après la porte St-Louis, puis ce sera l’arrivée 400m plus loin.

Malgré ce que plusieurs ont voulu faire croire ces dernières semaines, ce parcours est plus facile que lors des éditions antérieures selon moi.

Les nombres, d’abord: près de 3000m de dénivelé pour l’ancien parcours, contre 2600m pour le nouveau.

Surtout, on aura moins de « stop and go » comme avant, et les « stop and go », c’est usant à la longue même pour des coureurs pros. Imaginez un peu: sitôt le haut de la côte de la Montagne, vous aviez l’an dernier quelques secondes seulement de répit (et encore, la descente des Remparts, rapide, exigeait de la concentration) avant de ré-attaquer la côte des Glacis, abrupte, vers le Carré d’Youville, et rebelotte, quelques secondes de répit dans la courte descente de St-Jean avant de rempiler sur la côte de la Fabrique, puis le long faux plat de la rue St-Louis puis de Grande Allée. Ca faisait un enchainement infernal!

Au lieu de ca, les coureurs devront cette année affronter une seule bosse sur le parcours, mais un peu plus longue. Une fois en haut de la côte de la Montagne au terme de la première partie pentue de cette longue bosse, direction le Chateau, ca monte encore, puis deuxième partie, la rue St-Louis et son faux plat, mais pas jusqu’en haut comme l’an dernier.

Je suis d’avis que pour les coureurs plus « diesels », ce sera plus facile à encaisser, surtout qu’après, on aura droit à une longue récupération pour ceux qui seront dans les roues. Sur une plus longue bosse dont la 2e partie est beaucoup moins difficile puisqu’un simple faux plat, on peut prendre plus facilement son rythme, et la puissance peut être plus lissée que si on a à passer trois raidards consécutifs.

La distance un peu plus longue cette année (216km au lieu de 202km) n’aura aucun impact à ce niveau de professionnalisme.

L’arrivée

L’arrivée a été déplacée de Grande Allée aux Plaines d’Abraham, au terme de la courte descente après le petit raidard de l’entrée des Plaines, une fois qu’on quitte la rue Saint-Louis.

Autrement dit, au lieu d’une ligne d’arrivée située au terme d’un long faux plat ascendant tout droit sur la rue Saint-Louis puis à côté du Parlement, on aura droit à une arrivée ponctuée, dans les 500 derniers mètres, d’un virage 90 degrés sur la gauche, d’un petit raidard pour une grosse relance, et d’une courte descente en virage sur la droite, puis l’arrivée.

Je peux déjà vous prédire des chutes sur ce dernier kilomètre où ca va frotter comme jamais à Québec. Voyez un peu: 215km de course moins sélective propre à générer un plus gros paquet à l’entrée du dernier kilomètre, une grosse bataille sur St-Louis pour virer à gauche à l’entrée des Plaines, puis un sprint en jouant du dérailleur puisque la ligne est au terme d’une courte montée immédiatement enchainée d’une courte descente.

Aie.

Les arrivées solo ou en petit comité étant rares à Québec, les équipes organisées qui disposeront d’un bon sprinter à l’entrée du dernier kilomètre auront l’avantage, c’est clair. Parfait pour un Michael Matthews, champion sortant et déjà triple vainqueur de l’épreuve, qui peut se débrouiller avec ou sans coéquipiers. Arnaud de Lie, annoncé, sera aussi à surveiller sur ce GP de Québec mais seulement s’il est bien entouré. Deux autres épouvantails, Wout Van Aert bien sûr, mais aussi Biniam Girmay, 2e l’an dernier et 3e en 2022, récent 5e de la Bretagne Classic et qui doit « sauver » sa saison, n’ayant pas encore levé les bras en 2025.

Super Record 13v: le retour de Campagnolo

Depuis une dizaine d’années, il était difficile de suivre la stratégie marketing de Campagnolo, la mythique compagnie italienne de composantes haut de gamme.

Selon moi, seul le relatif succès du groupe gravel Ekar sauvait les meubles de cette compagnie qui, pourtant, est au coeur de l’histoire du cyclisme. Le groupe Super Record 12v wireless sans le fameux « thumb shifter » lancé il y a quelques années s’est avéré un échec cuisant.

Début juin dernier, Campagnolo a signé son grand retour dans la course aux groupes haut de gamme pouvant équiper les vélos des plus assidus d’entre nous en lançant le premier groupe 13 vitesses, le Super Record.

Pour la petite histoire, rappelons que Campagnolo avait été le premier à lancer un groupe 10 vitesses (2000), 11 vitesses (2008) et 12 vitesses (2018).

Preuve de la volonté de Campagnolo de revenir dans la course, la compagnie italienne est également revenue en World Tour en 2025 avec l’équipe Cofidis dont elle équipe les vélos.

Ce nouveau Super Record 13 vitesses est un tour de force remarquable de la part des Italiens.

D’une part, et peut-être le plus important, un prix nettement revu à la baisse par rapport au groupe Super Record 12v. J’ai pu trouver des prix tournants autour de 6500$CAN pour ce groupe, soit environ 1000 à 1200$ de moins que la version précédente, ce n’est pas rien.

En comparaison, un groupe Sram Red tourne autour de 5500$ et un Shimano Dura Ace autour de 5800$.

Outre un prix en baisse, on gagne évidemment un braquet, qui sera utile surtout pour ceux pratiquant le cyclisme en terrain très accidenté voire en montagne, le 13e pignon pouvant être vu comme celui de la « réserve », pratique quand vous rencontrez la sorcière aux dents vertes au km 168 de la Marmotte…

Surtout, c’est le choix de braquets possibles qui est un bon coup de Campagnolo sur ce groupe tant les combinaisons possibles sont grandes: à l’avant, choix de 55-39, 54-39, 53-39, 52-36, 50-34, 48-32, 45-29, excusez-du-peu!

À l’arrière, quatre cassettes possibles: 10-29, 10-33, 11-32 et 11-36.

Pour nous cyclosportifs, la combinaison 52-36 et 10-33 sera sérieusement à considérer, permettant d’évoluer entre un braquet de 52-10 (5,2m par coup de pédale!) et 36-33 (1,1m), pour les passages les plus pentus des grands cols.

Combiné à une 11-36, le 52-36 vous permet d’aller jusqu’au rapport de 1, pour le braquet 36-36. Avec ça, vous pouvez grimper aux arbres.

Ni Shimano, ni Sram ne propose une gamme aussi évolutive et des étagements aussi progressifs.

Mode oblige (ou Tadej oblige?), Campagnolo offre aussi le pédalier en manivelles de 165mm, outre les classiques 170, 172,5 et 175mm.

Autre tour de force, le poids. Malgré un 13e pignon, le nouveau Super Record est plus léger que son prédécesseur en 12v, près de 100 grammes en moins. Poids total annoncé du nouveau groupe, 2445 grammes en freins à disque, la seule option.

Petit clin d’oeil aux amateurs de la marque, Campagnolo est revenu avec ce groupe au fameux « thumb shifter » situé à l’intérieur de la manette de frein, permettant de descendre les vitesses. Caractéristique unique de Campagnolo, certains, comme moi, ne peuvent plus s’en passer, d’autres n’ont jamais pu s’y faire.

L’introduction aussi d’un petit bouton sur l’avant de la manette de frein, petit bouton appelé « smart button » qui peut être programmable pour lui faire faire ce que vous voulez. Bien pensé!

Le groupe est évidemment sans fil, les batteries rechargeables sur le vélo comme détachées du vélo, une option pédalier intégrant un capteur de puissance (fait par SRM!) est disponible, et une application pour téléphones intelligents permet de régler le fonctionnement du groupe, tout en indiquant l’usure des batteries bien sûr.

Bref, du très beau matos selon moi, à prix plus compétitif en comparaison à la concurrence. Toutes les analyses critiques crédibles – c’est à dire indépendantes – que j’ai pu trouver à ce jour m’indiquent un groupe fiable, bien conçu, répondant aux besoins et, sur le terrain, ultra-efficace. Le changement de vitesse, annoncé le plus rapide sur le marché, livre la marchandise concrètement, pour une douceur de fonctionnement inégalée. Campagnolo fabrique le groupe entièrement en Europe, un détail important.

Terminons en mentionnant que Campagnolo sortira cet automne d’autres versions de ce nouveau groupe Super Record: un groupe en transmission un plateau (1x13v), un groupe chrono et deux groupes gravel, soit 2x13v et 1x13v. Ces groupes gravel seront d’un intérêt particulier considérant la popularité de ce type de cyclisme actuellement.

Couplé aux nouvelles roues Hyperon Ultra, bien pensées pour notamment des parcours de haute montagne mais pas que, vous obtiendrez une machine au rendement redoutable, une machine également versatile, polyvalente, et d’une fiabilité absolue.

Une grande victoire canadienne!

Trois victoires d’étape.

Le général.

Les pois.

Le classement de la meilleure jeune.

Presque deux minutes d’avance sur la 2e.

C’est le bilan remarquable de la jeune (20 ans!) canadienne Isabella Holmgren sur le récent Tour de l’Avenir féminin.

Remarquable, et quasiment passé inaperçu ici au Canada, une honte selon moi et qui témoigne à quel point le sport cycliste est encore à la traine en Amérique du Nord. Il y a quand même eu ce court article de Radio-Canada le 29 août dernier.

C’est la première fois qu’un(e) coureur(e) canadien(ienne) s’impose sur le Tour de l’Avenir, aussi parfois surnommé le « petit » Tour de France pour les jeunes coureurs(es). Pour la petite histoire, le Québécois David Boily était passé bien près de remporter l’épreuve en 2011, alors qu’il avait terminé 2e derrière un certain Esteban Chaves, perdant son maillot jaune le tout dernier jour de course. Ce Tour de l’Avenir comportait des coureurs comme Warren Barguil, Mattia Cattaneo, Rohan Dennis, Tom Dumoulin, Romain Bardet, Simon Yates, tous devenus d’excellents professionnels et qui en dit long sur la perf de David cette année-là.

Chez les hommes cette année, c’est la pépite française de 18 ans, Paul Seixas, qui s’est imposé de belle manière, forgeant, comme Holmgren, sa victoire en montagne. Holmgren comme Seixas ont d’ailleurs remporté l’étape chrono vers La Rosière, et se sont imposés à la fois au général comme au classement du meilleur jeune.

Rappelons qu’Isabella Holmgren est probablement LA pépite du cyclisme canadien actuellement, hommes et femmes confondus. Elle et sa soeur jumelle Ava disposent manifestement de dispositions physiques hors norme, et leur succès en cyclo-cross et en vélo de montagne (Mtb) apportent une preuve incontestable de cela.

Isabella a en effet été championne du monde de cyclo-cross et de Mtb chez les juniors en 2024, un rare exploit. Elle court désormais chez les espoirs et sa soeur Ava est d’ailleurs actuellement championne canadienne du chrono dans cette catégorie. Toutes deux font partie de la formation Lidl-Trek.

La relève du cyclisme canadien est là, pas l’ombre d’un doute là-dessus.

Avec, en réserve, une autre jeune femme dont vous entendrez beaucoup parler d’ici peu: Raphaëlle Carrier, du Lac Beauport près de Québec. Elle aussi polyvalente puisque active sur route, en cyclo-cross, en gravel et en Mtb, elle gagne régulièrement en Europe chez les juniors et a été 2e des Mondiaux de Mtb en 2024, toujours chez les juniors. Elle aussi dispose sans conteste de qualités physiques certaines, lui permettant de se démarquer naturellement du lot.

Ces trois jeunes femmes seront au plus haut niveau d’ici quelques années, ca j’en suis sûr. Ca fera aussi du bien au cyclisme canadien qui, avec les retraites prochaines de Mike Woods et Hugo Houle, en aura bien besoin.

Magistral Wout!

Quelle fin de Tour hier dans Paris!

Spectaculaires, les images donnaient la chair de poule au passage des coureurs dans la montée de la rue Lepic. On sentait l’énergie de la foule même à la télé.

Et quelle course, et quel vainqueur!

Wout Van Aert s’est offert hier sans vergogne un certain Tadej Pogacar, lâché « à la pédale » dans la dernière ascension de la Butte Montmartre.

Je ne connais pas beaucoup de coureurs pro qui peuvent dire qu’ils ont lâché le cador slovène à la régulière. Wout l’a fait, pour signer là un très beau succès personnel, et finir avec une belle touche le Tour des Visma-Lease a Bike, souvent en manque de réussite sur ce Tour.

Je n’ose imaginer les watts qu’a dû sortir Van Aert pour décrocher Pogacar hier, ca devait être monstrueux.

Surtout, Wout a bien manoeuvré tactiquement, laissant les autres – dont Tadej – se dévoiler sur les premiers tours. Wout a été patient, pour ne porter qu’une seule attaque, la bonne, et c’était plié. Très bien joué sur le plan tactique selon moi.

Après avoir décroché tout le monde, il ne lui restait plus qu’à faire ce qu’il sait très bien faire, rouler à fond, pour rallier la ligne.

Gagner en solo sur les Champs Élysées, peu de coureurs ont accompli cet exploit dans l’histoire du vélo.

Grandiose Van Aert, et après les derniers mois souvent frustrant pour lui, c’est une victoire qui en vaut 10. Il sera intéressant de voir la suite de sa saison.

Ennuyeux, ce Tour?

À l’heure du bilan, un petit parfum d’ennui se dégage de ce Tour de France.

Pogacar a rapidement prouvé qu’il était intouchable, dès le premier chrono en fait, et a assumé la course dans les Pyrénées. Après, c’était plié et même Tadej Pogacar lui-même a semblé s’emmerder sur cette épreuve, montrant des signes de lassitude et de vouloir « en finir au plus vite » dans les dernières étapes.

Je reste convaincu qu’il pouvait gagner plus, le Ventoux notamment, comme l’étape de La Plagne. Mais ca devenait peut-être gênant pour lui et son équipe…

Je suppose que ce matin, les organisateurs du Tour se posent la question: comment proposer un parcours qui permette de conserver le suspense avec un tel coureur au départ?!

Incompréhensible

Si quelqu’un peut m’expliquer le final (5 derniers kms) hier vers La Plagne pour Vinge et Pogi, je suis preneur parce que là, je ne comprends pas.

Le Tour du Tour (2)

1 – Alors que l’étape du jour se termine à La Plagne, comment ne pas commencer ce Tour du Tour par une pensée pour Laurent Fignon, grand champion aujourd’hui malheureusement disparu (prématurément) et double vainqueur dans cette station de ski, en 1984 et 1987.

Cheveux blonds au vent, vélo moderne par ses couleurs et ses câbles de frein intégrés au guidon, une première en 1984, Fignon avait survolé de sa classe le Tour 1984, et m’a permis de sceller, à 13 ans, ma passion du cyclisme qui, encore aujourd’hui, ne me quitte pas.

2 – 5000m de dénivelé. On a entendu quelques coureurs du Tour déclarer hier à l’arrivée du côté du col de la Loze qu’ils avaient connu là la plus grosse étape de leur vie, avec plus de 5000m de dénivelé. Glandon, Madeleine puis une arrivée au sommet est pourtant un « classique » du Tour, proposé à de nombreuses reprises. En 1984, l’étape de La Plagne proposait Galibier, Madeleine, et l’ascension finale, beau programme!

3 – Plié. Le Tour est plié, Pogacar est intouchable, on se focalise sur la bataille pour la 3e marche du podium entre Lipowitz, Onley et, pourquoi pas, Roglic qui semble retrouver de très bonnes jambes en cette 3e semaine.

Pour les autres courses, 22 secondes d’écart entre Lipowiz et Onley pour le maillot blanc! Pour les pois, Pogacar semble avoir fait le plus dur par rapport à Lenny Martinez, sans vraiment le vouloir bien sûr. Pour le vert, Pogi talonne aussi Jonathan Milan, mais ne cherche pas à le devancer. C’est probablement plié pour Milan.

On s’ennuierait un peu sur ce Tour qu’on ne serait pas surpris. Et c’est ce que je vous avais dit dès la sortie du parcours en octobre dernier.

4 – À ne pas manquer, ce très beau reportage sur Françoise Deneckere, chef de cuisine pour l’équipe Arkea B&B Hôtel qui, à 67 ans, continue son travail auprès des coureurs, entre 5h du mat’ et 23h le soir. Vraiment passionnant!

5 – Après la betterave, la cerise, question d’avoir la pèche. C’est du jus de cerise que boivent de nombreux coureurs à l’arrivée des étapes, les facultés de ce jus de fruit étant prisée pour la récupération, notamment au niveau des antioxydants.

N’allez pourtant pas croire que c’est le jus de cerise qui fait avancer à 30 km/h dans les pentes à 11%… Ce qui sera intéressant, c’est de voir l’évolution à court terme du prix du jus de cerise!

6 – Rue Le Pic. C’est dimanche du côté de Montmartre, et on se demande tous si on revivra l’ambiance de la course sur route des JO de Paris l’an dernier. Ca sera en tout cas intéressant!

7 – Champs Élysées. Utilisés pour l’arrivée du Tour depuis 1975, il est possible que le Tour change sa tradition dans les prochaines années pour prévoir des arrivées ailleurs en France. À suivre, mais le succès de l’arrivée à Nice l’an dernier a donné des idées. Bordeaux, Lyon, Marseille, pourquoi pas? Mais pas Pau, svp!

8 – Tour de France des femmes. Ca démarre ce samedi, pour une grosse semaine de course (9 étapes) qui prolonge notre plaisir. Niewiadoma, Wollering, Music, Pieterse, Kopecky, Vos, Ferrand-Prevost, Wiebes, Reüsser, Longo Borghini, Balsamo, le plateau est relevé et la course devrait être passionnante. Cinq canadiennes au départ, dont Magdeleine Vallières-Mill chez EF Education-Oatly. Go Mag!

9 – Politique. C’est vrai qu’on ne voyait pas ça dans le vélo dans le passé: des pays qui soutiennent des équipes afin de refaire leur image internationale. Astana (Kazakhstan), Bahrein, Israel, Émirats arabes unis, d’autres pourraient suivre. Sans compter les loteries nationales, Fdj et Lotto par exemple.

10 – 27 secondes. C’est ce qui a manqué à Pogi pour aller chercher le record de la montée d’Hautacam établi par… Bjarne Riis – M. 60% – sur le Tour 1996. Y’a pas à dire, derrière le spectacle, les watts sont stupéfiants.

Sur le bout de notre chaise!!!

Ha! mes amis(es)! quelle victoire de Valentin Paret-Peintre hier tout en haut du Mont Ventoux!

C’est pas compliqué, j’étais sur le bout de ma chaise dans les 500 derniers mètres, on la voulait tellement celle-là… Après tout, Ben Healy avait déjà eu son heure de gloire sur ce Tour de France, place à un coureur français!

Au delà de l’émotion, vive, Valentin Paret-Peintre a vraiment impressionné hier par son sang froid et sa maitrise de la dernière ascension vers le Géant de Provence, malgré les enjeux qui sont – on le sait – énormes sur le Tour.

Pas un coup de pédale de trop, mais aussi pas un coup de pédale de moins, Paret-Peintre a couru juste, réglo mais sans plus, la course parfaite selon moi.

Surtout, une course dure, car lui et Healy se sont quand même attaqué à plusieurs reprises dans les derniers kilomètres. Ouf, il fallait avoir de l’énergie et du répondant, les deux coureurs évoluant à des niveaux physiques très proches.

Pour moi, dans ce contexte, pas de doute: ca s’est joué à la « grinta », à la volonté de s’arracher dans les tous derniers mètres de l’étape, par delà ce satané virage sur la droite avant la dernière rampe vers l’arrivée. Et Paret-Peintre savait qu’il avait là un morceau d’histoire qui lui tendait les bras. Bien joué!

Première victoire française sur ce Tour, c’est bien. Surtout, une victoire au sommet d’une montagne mythique sur l’épreuve, le coureur d’Annemasse près de Genève entre dans l’histoire de l’épreuve, aucun doute là-dessus. On s’en souviendra de celle-là, il ne l’a pas volé!

Terminons en disant que Paret-Peintre et son petit groupe ont résisté au retour des extra-terrestres Pogi et Vinge dans le final, et Dieu que ca fait plaisir. De quoi permettre à d’autres coureurs d’y croire dans les prochaines étapes alpestres qui se profilent. Le Tour n’est pas terminé, du moins pour les courses autres que celle du maillot jaune.

Pogi, le rhume?

C’est un Pogi moins dominant qu’on a vu hier sur les pentes du Ventoux, ne parvenant pas à se détacher du Vinge, et subissant plutôt ses attaques, ne pouvant que suivre.

Certaines rumeurs laissent entendre que le coureur slovène souffrirait d’un rhume sur ce Tour, depuis quelques jours. Inquiétant? Je ne crois pas: chez UEA, on sait soigner.

Les autres classements

Ce qui est intéressant sur le Tour, c’est qu’il y a toujours plusieurs courses au sein de la course.

C’est ainsi que si la course au maillot jaune apparait pliée actuellement tant Pogi est intouchable, fort de ses quatre minutes d’avance, d’autres courses font toujours rage.

Celle au maillot à pois par exemple. Misez Martinez jeudi et vendredi, qu’on verra assurément devant. Woods n’est pas très loin, mais je n’y crois pas pour le Canadien.

Celle du maillot vert, pour l’instant porté par Jonathan Milan. Pogi et Biniam Girmay ne sont pas très loin, l’étape d’aujourd’hui et de samedi seront cruciales pour cette conquête.

Le blanc aussi, entre Lipowitz et Onley. Sur ce coup-là, je vous dirais que les jeux sont encore ouverts.

Jordan Jedat

Le discret coureur français chez Total Énergie est actuellement 11e du général, et 2e coureur français derrière Kevin Vauquelin. Déjà 28e du Tour l’an dernier, il améliorera très certainement ce classement cette année.

Je pensais vous le dire, au cas où vous ne l’auriez pas remarqué. Y’a des coureurs comme ca, y’a que leur mère qui les connait, et c’est bien dommage.

Pogacar intelligent

Y’a pas à dire, Tadej Pogacar conduit actuellement son Tour de France de façon intelligente.

Ayant perdu un élément important en Joao Almeida, il s’adapte en laissant aller le maillot jaune vers Ben Healy, conscient que ce dernier ne représente pas vraiment une menace pour la victoire à Paris, et qu’à 29 secondes, les risques sont minimes.

Son équipe a également beaucoup payé lors de l’étape avant-hier, et Pogi peut dire merci au dragster allemand Nils Politt, qui aura d’ors et déjà une partie importante du maillot jaune si Tadej le ramène à Paris. Impressionnant Politt qui a assumé une méchante partie de l’étape lundi en tirant le peloton pendant de nombreux kilomètres derrière l’échappée menaçante qui comportait notamment un certain Simon Yates, vainqueur du Giro plus tôt cette saison.

Sûr qu’à ce régime, et devant la puissance des Visma Lease a Bike, vaut mieux jouer de prudence et d’user de stratégie pour s’économiser. Chez UEA, on l’a bien compris.

Aujourd’hui sur la route de Toulouse, ce sera les EF Education Easy Post qui auront à gérer le poids de la course. Bien joué UAE, et toujours ça de pris.

Pour le reste, on aborde le vif du sujet jeudi, avec l’arrivée à Hautacam. Misez Pogacar pour reprendre le maillot jaune, et ne plus le lâcher jusqu’à Paris.

Pour le reste, la bataille sera pour les places de 2 et 3 sur le podium du Tour, et ca se jouera entre Remco, Jonas et Matteo. Ce Jorgenson a du mordant, et je pense qu’il est un coureur à surveiller de très près pour une place sur le podium, au détriment même de Jonas.

J’aime bien également les chances de Oscar Onley, actuellement 7e à 3min24 mais qui devrait logiquement remonter au classement général à mesure que le Tour avance vers l’arrivée. Les Alpes lui seront favorables.

Félix Gall devrait lui aussi logiquement remonter vers le top-5.

Pour le reste, faut voir. Guillaume Martin par exemple. 16e du général à un peu plus de 10min, il représente encore une menace au classement général, mais pas tant. Alors, la victoire d’étape? Le général? Pas simple!

Perso, ca serait la victoire d’étape, et de loin. Pour cela, il faut qu’il perde un peu plus de temps encore. À moins que les Pyrénées lui permettent des gains significatifs et donc un joli rapproché au général.

Le Tour du Tour, y compris ce qui fâche

Petit tour de ce qui a retenu mon attention ces derniers jours, alors que le peloton du Tour aborde enfin les étapes accidentées voire la montagne.

1 – Van Der Poel. Quelle performance athlétique hier par le coureur franco-néerlandais! Résister ainsi au paquet jusqu’au 700m, après 175km d’échappée à deux, il fallait le faire. Van Der Poel a prouvé que sa valeur athlétique demeure hors norme même au plus haut niveau, et qu’il a également le sens du panache, car il fallait oser hier alors que l’étape était promise aux sprinters.

Certain que sur un malentendu, ca peut marcher, mais pas cette fois!

2 – Van Aert. Le grand rival de Mathieu Van Der Poel retrouve lui-aussi la bonne jambe je trouve, pour preuve le voilà qui se mêle aux sprints. Attention à lui dans les deux prochaines semaines, et il pourrait être la pierre angulaire du succès des Visma-Lease a Bike sur ce Tour, étant un coureur dans lequel Vinge a une confiance absolue.

3 – Le Mont Dore. L’étape aujourd’hui comporte 4400m de dénivelé sur un parcours casse-pattes, presque pire que dans les grands cols des Alpes ou des Pyrénées où tu peux prendre un rythme en montée, et trouver une fréquence cardiaque et une puissance stable. Au lieu de ca aujourd’hui, ca sera des montées, des descentes, des relances, du usant quoi. Par chance, la chaleur devrait être supportable demain pour les coureurs, donnant un petit coup de pouce la difficulté de l’étape.

4 – Mauro Gianetti. On le sait, le milieu du cyclisme pro en Europe est incestueux, en gros quelques centaines de personnes qui font tourner la boutique et qui n’admettent parmi eux que ceux qui ont déjà été initiés, le plus souvent en étant coureur. Pour être un observateur éclairé du cyclisme, il faut lire cet excellent reportage récent sur Mauro Gianetti, manager général de l’équipe UAE-Team Emirates d’un certain Tadej Pogacar. Produit par Radio-France avec notamment l’aide de l’excellent journaliste Pierre Carrey, c’est un must, question de vous assurer qu’on ne vous prend pas pour une valise et que vous réagissez aux perfs de Pogi en toute connaissance de cause.

5 – Pas Normal Studio. Vidéo comique mais vrai sur cette tendance incarnée par excellence par Pas Normal Studio, ce couturier du vélo: aujourd’hui, le look est ce qui prime, rien d’autre. Hey! Il ne suffit pas de s’acheter un vélo à 15,000$ et des fringues tendances pour faire de vous un ou une cycliste… Et pour ceux qui ont pédalé un peu comme moi, je peux vous dire qu’on reconnaît ce genre de clown vite au sein d’un groupe!

6 – Alimentation. Je m’intéresse à cette nouvelle lubie dans le monde du cyclisme, celle d’accroitre très significativement son ingestion de glucides à l’effort, cette technique, apparemment en vogue dans le peloton pro, permettant de devenir vraiment plus performant. Certains annoncent jusqu’à 120 grammes de glucides à l’heure, une quantité que n’importe quel estomac a vraiment du mal à assimiler. Qu’en est-il vraiment? Après plusieurs lectures (et je les continue), je donne une fois de plus dans la fumisterie d’un milieu qui utilise tout ce qui est possible pour cacher la vérité sur comment on fait pour tourner les jambes à 100 RPM dans une pente à 12% au km 185 d’une étape de haute montagne sur le Tour… Et j’ai trouvé ce vidéo sur les puissances « extra-physiologique » et l’alimentation vraiment intéressant.

7 – Mike Woods. Le coureur canadien, actuellement englué dans le paquet du Tour mais qu’on attend bientôt sur une ou deux étapes qu’il aura ciblé, s’est récemment lâché sur les risques encourus au sein du peloton, écorchant au passage ASO l’organisateur du Tour: « No matter what ASO says, they love crashes« . C’est vrai que dans le registre, Mike a plutôt fait fort durant sa carrière, tout comme Primoz Roglic. Mike mets quelques propositions de l’avant, et c’est intéressant.

8 – Hincapie et Armstrong. Les deux affreux que je ne peux pas supporter mettent sur pied une nouvelle équipe américaine, Modern Adventure Pro Cycling, avec l’ambition d’être une équipe présente voire dominante « dream team selon Hincapie, sur la base de US Postal ca promet! » sur le Tour de France d’ici cinq ans. Que voulez-vous, s’il fallait éliminer tous ceux qui trainent de grosses casseroles dans le milieu de l’organisation des équipes World Tour, ca aurait de quoi déstabiliser pendant un moment… En attendant, à voir comment ce projet s’articulera au cours des prochains mois. Je leur souhaite le moins de succès possible.

9 – Canyon. Je vous le dis depuis quelques mois déjà, le commerce dans le monde du vélo va mal, va très mal même. Beaucoup de grandes compagnies demeurent discrètes pour le moment, mais le marché est très difficile et même l’usagé est touché. Que voulez-vous, les prix ont atteint de tels niveaux que ca a du mal à suivre. Pour preuve, Canyon, géant allemand bien présent au coeur du peloton pro, éprouve actuellement d’importantes difficultés financières. D’autres sont dans une situation similaire, et espère passer à travers la période actuelle.

10 – Campagnolo. L’équipementier italien légendaire a rendu public début juin le premier groupe 13 vitesses pour vélos de route, le Super Record, avec en prime le retour du levier actionné par le pouce, la signature de Campagnolo. Je vous en parlerai plus en détails bientôt, et c’est vraiment un tour de force qu’a fait là Campi, réussissant à abaisser le tarif du groupe entier de 900 euros par rapport à la version 12 vitesses précédente.

Manche #7 – Bataille de la 55

C’est ce soir jeudi à Sherbrooke, avant la grande finale la semaine prochaine (jeudi 17) à Drummondville. Les détails sont ici.

Pour s’inscrire, c’est ici.

Et la bataille fait rage entre le Siboire, Cycles Régis et Felt Mathias Sport pour la 2e place du classement par équipe, ainsi qu’entre le jeune Jérémy Bouchard (Café William), Merlin Dallaire (Cycles Régis), Maxime Turcotte (Siboire) et Francis Brunelle (Felt Mathias Sport) pour les grands honneurs de la série. Ca sera intéressant ce jeudi!

Un grand merci aux commanditaires et aux bénévoles de la Bataille, parmi lesquels le Club Cycliste de Sherbrooke, le Siboire, Trek, Café William, Qui Roule, Mill et l’Agence Marco Daigle, Construction Longer, ainsi que l’équipe Studio Vélo, partenaire indispensable de l’organisation de la série.

Remco comme prévu, la claque pour Vinge

La surprise du jour est venue de la « contre-performance » de Jonas Vingegaard sur ce premier chrono du Tour.

Il termine « seulement » 13e du chrono, à 1min21 de Remco et, plus important, à 1min05 de Tadej, qui est, outre le champion belge, l’autre grand vainqueur du jour.

Tadej, 16 secondes seulement sur Remco, ouf, une grande grande performance pour lui, car le parcours était tout plat. Ca en dit long sur la puissance qu’est capable de générer le coureur slovène, et sur son actuelle condition physique.

Pour Vinge, ben c’est la cata: la puissance n’y était pas. J’ai eu beau chercher sur le visuel, je ne trouvais rien qui clochait dans son style, son apparence sur le vélo. La puissance n’était simplement pas la même que pour les premiers.

Pas bon signe pour la suite, mais ca peut aussi être le fameux « jour sans ».

Drôle de coïncidence, même résultat décevant pour son équipier Matteo Jorgenson, seulement deux secondes plus rapides que lui.

C’est donc la Jumbo-Lease a Bike qui a loupé son chrono, sauf évidemment Edoardo Affini le spécialiste, 3e de l’étape. Je l’avais oublié celui-là!

Misons cependant pour une réaction d’orgueil de l’équipe néerlandaise, et les étapes piégeuses, à commencer par celle de demain jeudi, sont là pour donner le terrain propice à une guerre de tranchée. Un homme devient alors ultra-important dans l’effectif Jumbo, un certain Wout Van Aert.

Pour Tadej, faudra désormais gérer le maillot jaune et la pression de la course; Paris est encore loin.

Pour Remco, une opportunité en or d’améliorer son classement de l’an dernier à Paris, et de faire donc 2e du Tour 2025. Ce n’est cependant pas gagné d’avance, la haute montagne de la dernière semaine étant tout un défi, et autour de lui peu d’équipiers pour l’épauler, sauf peut-être Valentin Paret-Peintre.

Enfin, mention très, très bien à Bruno Armirail et Kevin Vauquelin, respectivement 4e et 5e de ce chrono. Pour ces deux coureurs français, c’est vraiment une très belle performance, à ce niveau sur le Tour. Vauquelin tout particulièrement vient à mes yeux de confirmer son excellent Tour de Suisse, et il faudra le garder à l’oeil pour le reste du Tour. C’est excitant.

Demain vers Vire-Normandie

202 km vers la Normandie demain, avec un profil d’étape plutôt compliqué, pas moins de 3500m de dénivelé dans la journée!

Après un chrono que beaucoup auront fait « en dedans », gageons qu’ils seront nombreux demain matin sitôt M. Prudhomme abaissera le drapeau pour passer à l’attaque et vouloir prendre l’échappée matinale. Belle guerre durant la première heure à prévoir, il ne faudra pas manquer ca.

La première heure est, parfois, plus intéressante que la dernière!

Le rendez-vous de Remco

Les grands champions ne veulent pas simplement exister, ils veulent laisser leur trace.

C’est pour ca qu’en sport, ils détestent perdre.

Remco est de la race des grands champions, et il le sait.

Que voulez-vous, ca fait longtemps qu’il s’est rendu compte qu’en sport, en cyclisme tout particulièrement, il a un gros plus par rapport aux autres. Ca toujours été comme ça.

Et pour laisser sa trace sur ce Tour de France, Remco sait que c’est aujourd’hui et pas un autre jour.

33 km pour faire la différence sur le tracé autour de Caen.

Maintenant.

C’est sa meilleure chance pour une victoire d’étape, et pour combler une partie de ces 58 secondes de retard sur le maillot jaune.

Alors Remco va tout donner. À bloc. Après tout, il est le champion olympique de la discipline, alors il veut exister et gagner à la hauteur de sa réputation de meilleur rouleur du monde.

Il lui restera à s’attaquer au record de l’heure pour entrer définitivement dans le Grand Livre de la Légende du Cyclisme. On verra ca plus tard.

Pour l’heure, Caen et ses 33 km. Le Belge est l’homme à battre, aucun doute là-dessus. S’il gagne, son Tour sera d’ors et déjà réussi.

Et la pression durant le reste du Tour sera un peu moindre, même si l’on sait que Remco ambitionne d’un jour gagner le Tour, pourquoi pas essayer dès cette année?

Le maillot jaune? Pas sûr toutefois. Ca sera difficile selon moi de reprendre 50 secondes sur Jonas Vingegaard, 3e du général et le seul autre favori de ce chrono à mon avis.

Vingegaard peut rouler vite, et il est en excellente condition. Son chrono de Combloux a marqué les esprits.

Remco vs Jonas, le match aujourd’hui!

Les inconnus, ben c’est Tadej et Mathieu. Les deux peuvent aller très vite sur un chrono, on se rappellera tous le chrono de Tadej l’an dernier à Nice, époustouflant.

Mathieu sait aussi rouler vite lorsqu’il le faut. Le maillot jaune transcende.

Ganna étant out, il n’y a pas vraiment d’autres coureurs capables de rivaliser aujourd’hui. Beaucoup feront ce chrono « en dedans », simplement pour rentrer dans les délais et accumuler des minutes de retard au général, question d’avoir des bons de sortie plus tard dans la course.

Remco, 33 km pour entrer dans l’histoire de ce Tour 2025.

Réponse vers midi, heure du Québec.

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