Ne manquez pas ca ce week-end: Paris-Roubaix!
La Reine des Classiques. L’Enfer du Nord. Le vélo à son meilleur, dans son côté « tragédie grecque ».
En effet, tout peut arriver sur cette course: même en tête à quelques hectomètres de l’arrivée, tu n’as jamais course gagnée. Crevaisons, pépins mécaniques, chutes, défaillances, l’histoire de cette course est jonchée de drames et donc d’exploits aussi.
118e édition de Paris-Roubaix ce dimanche chez les hommes, 1ere édition chez les femmes samedi.
Ca s’annonce dantesque sur les deux épreuves, avec de la pluie et du vent, beaucoup de vent, mais orienté favorablement par rapport à la progression des coureurs. Toujours ça de gagné!
La pluie, ca entretient un pavé glissant. Dimanche, il faudra voir l’impact sur les secteurs pavés qu’aura eu la course des femmes la veille, avec pas mal de véhicules de course y circulant.
30 secteurs pavés à affronter chez les hommes, 17 chez les femmes, pour un total de 258 kilomètres dans le premier cas, 116 dans le second.

Les secteurs névralgiques sont toujours les mêmes: la trouée d’Arenberg au km 163, moment où la course se lance vraiment pour les favoris. Orchies, Mont-en-Pévèle, Templeuve, le Carrefour de l’Arbre où la course s’est jouée si souvent, à 25 kms de l’arrivée.
Le sprint sur le vélodrome n’est jamais simple non plus, surtout pour ceux qui n’ont jamais fait de piste. Et un sprint après 258 bornes et 30 secteurs pavés, ca réserve souvent des surprises!
Bref, l’intérêt de Paris-Roubaix, au-delà de son côté spectaculaire, c’est qu’il s’agit d’une course où la sélection se fait autant par l’avant que par l’arrière. Toujours très imprévisible!
Les favoris
Ils sont très, très nombreux cette année à pouvoir rêver s’imposer à Roubaix.
En premier lieu, Wout Van Aert bien sûr, qui aura à coeur de prendre sa revanche après son échec aux Mondiaux. Il a la Jumbo-Visma à son seul service, et il a aussi la pression.
En deuxième lieu, Mathieu Van Der Poel, son éternel rival, qui découvre Paris-Roubaix pour la première fois. Gageons que ces deux-là se marqueront une nouvelle fois à la culotte. Mathieu a affirmé hier croire en ses chances de victoire, il est là pour faire la course et je suis convaincu qu’il n’aura pas peur de lancer les hostilités de loin. Sa formation Alpecin-Fenix est également à son service.
La Deceuninck débarque en force également, avec pas moins de… quatre coureurs qui peuvent aspirer à la victoire! Asgreen, Lampaerts, Sénéchal et surtout, Stybar, auteur d’un grand Mondial la semaine dernière et spécialiste du cyclo-cross comme Wout et Mathieu, ne seront pas là pour faire de la figuration. C’est l’équipe à battre samedi, aucun doute là-dessus.
Derrière, on a une foule d’autres grosses pointures pour la gagne.
Par exemple, Dylan Van Baarle, 2e des Mondiaux il y a une semaine, et dont la formation Ineos présente de bons équipiers pour le néerlandais, comme Michal Kwiatlowski.
Attention, attention à Nils Politt chez Bora-Hansgrohe, deuxième de l’épreuve en 2019 derrière Philippe Gilbert. On l’a vu devant à attaquer à plusieurs reprises sur les récents Mondiaux. Logiquement, il sera dans le coup au Carrefour de l’Arbre dimanche, sauf pépin mécanique ou chute bien sûr.
Michael Valgren est le leader chez EF. Fort lui aussi en ce moment.
Chez Bahrain-Victorious, on misera Colbrelli ou Mohoric, deux coureurs pouvant facilement jouer la gagne dimanche. Colbrelli a l’avantage d’avoir une jolie pointe de vitesse.
Chez Trek-Segafredo, bien sûr Stuyven 4e des Mondiaux, mais aussi le jeune américain Quinn Simmons, qui voue une véritable dévotion à Paris-Roubaix. Forcément, ca joue sur la motivation!
La Groupama-FDJ comptera sur Kung et Demare, qui présente une belle pointe de vitesse si jamais il devait atteindre le vélodrome au sein d’un petit groupe disputant la gagne. Motivée, la Groupama-FDJ, chaque fois qu’elle se pointe sur Paris-Roubaix: Marc Madiot, son manager, ne vit que pour cette course!! (double vainqueur aussi).
On a d’autres coureurs à surveiller: Christophe Laporte chez Cofidis, Giacomo Nizzolo chez Qhubeka, avec son coéquipier Victor Campenaerts, le sympathique carnassier Taco Van Der Hoorn aussi chez Intermarché, pas un manche sur ce genre de parcours, ou encore Matteo Trentin.
Peter Sagan? Je n’y crois toujours pas.
Enfin, comment oublier le Québécois Guillaume Boivin, qui sera leader d’Israel Start-Up Nation dimanche. Auteur d’une remarquable saison 2021, champion canadien en Beauce il y a deux semaines, 17e des Mondiaux, il peut légitimement croire en ses chances dimanche d’un top-5. Il faut y croire!!!
Deux autres coureurs canadiens au départ, pour Astana-PremierTech: Hugo Houle et Ben Perry.
Boyaux, pneus ou tubeless?
Parmi les autres enjeux de la course, le matos.
Paris-Roubaix met à l’épreuve les mécaniques et s’il pleut comme prévu, il sera très intéressant de suivre la fréquence des crevaisons, et la capacité des équipes à les changer efficacement.
Pour des raisons commerciales, le peloton est passé sur freins à disque, toutefois moins faciles à changer rapidement. Mathieu Van Der Poel a perdu le récent Primus GP sur crevaison de la roue avant qui a pris trop de temps à changer, alors qu’avec un frein à mâchoire traditionnel et un déblocage rapide, il aurait pu revenir rapidement dans le groupe de tête.
On va voir ce que ca va donner dimanche!
Et on assiste également à une guerre entre le traditionnel boyau, le pneu (notamment chez Deceuninck) et le tubeless dans le peloton. Laquelle de ces trois options sera la plus fiable dimanche sur les pavés et sous la flotte?
Suspension avant
Ce n’est pas nouveau: on cherche à donner aux coureurs un peu plus de confort en intégrant aux vélos une suspension avant.
Greg Lemond et son équipe Z avaient monté des suspensions avant Rock Shox sur leurs vélos pour Paris-Roubaix au début des années 1990 dans ce but.
Samedi et dimanche, plusieurs coureurs équipés par Specialized utiliseront la suspension Future Shock 2.0 avec 20mm de débattement, une suspension située au dessus du tube de direction, juste en dessous de la potence. Le système peut facilement se barrer en tournant une clé située au sommet de la potence. Très astucieux! et probablement un réel avantage.
Pour les autres, on se repliera sur la tradition: la double guidoline! Une solution qu’adopte par ailleurs Julian Alaphilippe à l’année sur son vélo.