Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Auteur/autrice : Laurent Page 13 of 353

Van Aert, la perfection

Quelle classe!

Van Aert et Jumbo-Visma hier sur la 4e étape du Tour de France, tout simplement la perfection.

Irréprochable.

Vélo 101 ici. Watch, and learn.

Au sein de l’équipe néerlandaise, on avait visiblement coché la côte du Cap Blanc-Nez, située à environ 10 bornes de l’arrivée. Le plan de match était très clair, restait pu qu’à l’exécuter.

Exécuté, il le fut!

D’abord Van Hooydonck, puis Benoot, qui ont fait l’effort à bloc pour lancer Wout Van Aert.

Roglic et Vingegaard connaissaient évidemment le plan de match, même eux n’ont pas pu suivre!!

Au sommet de la dernière bosse de l’étape, Van Aert était solo. Pas de Mathieu Van Der Poel dans sa roue, encore moins de Tadej Pogacar.

Tout seul pour un chrono de 10 bornes jusqu’à la plus belle des victoires, solo, avec le maillot jaune sur le dos.

Fort, très fort. La classe Van Aert.

Rien à ajouter!

Du coup pour aujourd’hui et les pavés, Van Aert pourra voir venir, fort de ses 25 secondes d’avance au classement général. Sauf ennui mécanique, il devrait garder le jaune jusqu’à la Planche des Belles Filles vendredi. Ca sera difficile pour Mathieu de combler ses 38 secondes de retard sur Wout, mais c’est Mathieu et avec lui, on ne sait jamais.

Pour le reste, l’étape demain sera piégeuse pour les favoris, qui auront besoin d’un travail irréprochable de leurs équipiers. Antoine Duchesne, Hugo Houle et Guillaume Boivin seront de service pour les Mike Woods, David Gaudu et Thibault Pinot.

Quoi qu’il en soit, après le calme plat et assez ennuyeux du Danemark, on a enfin eu droit à un premier beau final sur ce Tour de France!

L’erreur au sprint

Jour de transfert du Danemark à la France aujourd’hui sur le Tour de France.

Les trois premières étapes sur le sol danois ont été un franc succès, le public étant (très) nombreux sur le bord de la route.

Victoire surprise d’Yves Lampaerts sur le chrono du premier jour, celle-là personne ne l’avait prédit.

Hier au sprint, c’est Dylan Groenewegen qui s’impose après une certaine mésentente entre Laporte et Van Aert dans les tous derniers moments du sprint final.

Les images sont claires: Laporte lance le sprint pour Van Aert sur la gauche, Van Aert ne reste pas dans la roue et par plutôt sur la droite, Laporte ne s’en rend pas tout de suite compte et reste bien décalé de son leader, mais sans forcément relâcher son effort rapidement.

Du coup, un espace s’ouvre entre Van Aert et Laporte, et Groenewegen n’en demandait pas: il s’y engouffre et vient coiffer sur la ligne Van Aert, qui n’en croit pas ses yeux.

Bien joué de Groenewegen, il fallait avoir des nerfs d’acier pour passer à cet endroit à plus de 60 à l’heure, si tard dans le sprint.

Van Aert a-t-il bloqué Sagan derrière lui? Je ne le crois pas, Van Aert a produit un sprint clean en respectant sa ligne. Sagan aura-t-il pu forcer le passage? À 22 ans peut-être, plus maintenant.

Au général, Wout Van Aert reste en jaune et tout baigne pour l’équipe Jumbo-Visma jusque maintenant. Tadej Pogacar est également très bien placé, 3e du général à 14 petites secondes du maillot jaune.

Pour d’autres, on a déjà une très claire indication qu’ils joueront les victoires d’étape, et non le général. C’est le cas de Mike Woods (+2min15), de Thibault Pinot (+2min07), de Rigoberto Uran (+2min), de Guillaume Martin (+1min49), de Damiano Caruso (+1min41) et de Warren Barguil (+1min19).

D’autres sont déjà près d’une minute de retard sur Van Aert et 45sec sur Pogacar, je pense notamment à Ben O’Connor, à David Gaudu, à Jakob Fuglsang, à Nairo Quintana, ou encore Enric Mas et Daniel Martinez. L’addition monte vite!

Tour: les étapes clé, les favoris, les stratégies par équipe

Alors que la 109e édition du Tour de France s’élance aujourd’hui de la capitale mondiale du vélo, Copenhague, petit tour d’horizon des étapes clé de l’épreuve, des favoris pour les principaux classements, et des diverses stratégies d’équipe.

Le parcours

Au menu des Messieurs les coureurs, 3 350 kms entre Copenhague et Paris, répartis selon la formule classique, soit en 21 étapes et exceptionnellement trois jours de repos, le 3e (lundi prochain) étant nécessaire en raison du transfert de retour des coureurs du Danemark vers la France.

Première semaine

Le chrono aujourd’hui n’aura pas grand impact sur le classement à Paris, et sera réservé aux spécialistes comme Ganna, Asgreen ou encore Kung, ce dernier ayant une revanche à prendre après le Tour de Suisse qu’il a connu.

Les deux étapes en ligne au Danemark, sans relief, se résumeront essentiellement à de la nervosité et des chutes dans le peloton, et à l’histoire d’un pont samedi, le Grand Belt situé juste avant l’arrivée de la 1ere étape. Très exposé au vent de côté, tout le monde voudra s’y présenter placé, ca va être dantesque à son approche à des vitesses très élevées. Spectacle garanti.

La présence de pavés mercredi prochain entre Lille et Arenberg sera à surveiller, les risques de pépins mécaniques et de chutes étant multipliés, mais je pense que la difficulté de cette étape somme toute assez courte (153kms) a été sur-évaluée. On annonce également très beau en France la semaine prochaine, les coureurs évolueront dans d’excellentes conditions climatiques.

Les étapes 4 (Dunkerque-Calais) et 6 (Binche-Longwy) seront réservées à des baroudeurs, cette année on a vu bien davantage des échappées aller au bout que les années précédentes. Beaucoup de coureurs voudront s’échapper, ce qui garantira des départs d’étape animés.

Le premier vrai test pour les favoris du général, c’est évidemment la 7e étape et son arrivée à la Super-Planche-des-Belles-Filles dans les Vosges. On aura une première indication des hommes en forme, tout comme deux jours plus tard sur la route vers la belle station de Châtel.

Deuxième semaine

Après une remise en route entre Morzine et Mégève lors de la 10e étape, on abordera les choses sérieuses dans les Alpes avec deux magnifiques étapes, les 11e et 12e.

L’enchainement Galibier (via Télégraphe, le côté le plus difficile) et Granon lors de la 11e étape est un rendez-vous pour les favoris du Tour: il n’y aura plus de marge de manoeuvre, il faudra suivre les meilleurs. La montée du Granon est terrible et je pense qu’on aura un podium final presque défini au soir de cette étape.

L’étape-reine de ce Tour selon moi survient le lendemain entre Briançon et l’Alpe d’Huez, un grand classique: Galibier via Lautaret, Croix de Fer et la montée mythique sur l’Alpe d’Huez. Souvent dans l’histoire du Tour, le maillot jaune à l’Alpe d’Huez est le maillot jaune sur les Champs Élysées. Si vous avez une seule étape à regarder en intégralité sur ce Tour, c’est celle-là!

Les trois étapes suivantes vers St-Étienne, Mende et Carcassonne seront compliquées car accidentées et piégeuses, mais en principe réservées aux baroudeurs/puncheurs.

Troisième semaine

Deux étapes selon moi seront vraiment importantes en troisième semaine du point de vue du classement général, soit l’arrivée en altitude à Hautacam ainsi que le chrono de 40 bornes la veille de l’arrivée.

Le reste ne devrait pas avoir une grande incidence sur le général, et permettront plutôt aux coureurs qui n’auront pas encore gagné de viser de belles victoires d’étape. Un Mike Woods, par exemple, y trouvera un terrain propice à s’exprimer.

Logiquement, à Hautacam au soir de la 18e étape, nous connaitrons le vainqueur de ce Tour de France.

Les favoris

Bien sûr, Tadej Pogacar. Vainqueur des deux dernières éditions, récent vainqueur du Tour de Slovénie, c’est l’homme à battre sur ce Tour. Il dispose d’une excellente équipe à son service, notamment le polonais Rafal Majka, lui aussi en grande condition. Pas impossible qu’il joue le maillot à pois celui-là!

Outre Majka, Pogo (ou Pogi, c’est selon) pourra aussi compter sur Bennett, McNulty, Soler et Hirschi, de quoi voir venir.

La réplique viendra en premier lieu de la Jumbo-Visma, qui aligne deux leaders: Primoz Roglic, à qui il manque toujours une victoire sur le Tour, ainsi que Jonas Vingegaard, 2e du Tour l’an dernier.

Pour les épauler, les Van Aert, Laporte, Benoot, Kruijswijk et Kuss, ouf!

Troisième équipe pour le général, Ineos-Grenadier avec les Geraint Thomas, récent vainqueur du Tour de Suisse, Daniel Martinez et Thomas Pidcock, ce dernier étant plutôt pressenti pour les victoires d’étape. Ils sont épaulés par les solides Castroviejo, Ganna, Kwiatlowski, Rowe, Van Baarle et Yates, une « dream team » du vélo.

D’autres coureurs peuvent rêver à une place parmi les 10 premiers à Paris, voire les cinq premiers: Alexandr Vlasov en premier lieu, mais aussi les Ben O’Connor, Romain Bardet, Enric Mas, Guillaume Martin, David Gaudu, Thibaut Pinot, Damiano Caruso, Rigoberto Uran, Nairo Quintana, Warren Barguil voire Jakob Fuglsang, Bauke Mollema et Giulio Ciccone. Pour certains d’entre eux, ils auront besoin de circonstances favorables.

Pour le maillot vert, ca sera intéressant entre les Peter Sagan, déjà 7 fois vainqueur, Caleb Ewan, Fabio Jakobsen, Michael Matthews et surtout, surtout, Mathieu Van Der Poel ou Wout Van Aert.

Les pois sont plus incertains, ca dépendra des circonstances. Le Canadien Mike Woods en a fait un objectif, mais ca sera difficile.

Pour le maillot blanc, c’est plié: Tadej Pogacar.

La stratégie des équipes

Les équipes du Tour n’ont pas toutes les mêmes ambitions.

UAE Team Emirates

Tout pour Pogacar.

Jumbo-Visma

On débarque avec deux leaders, l’expérience de 2021 ayant prouvé que ce n’est pas inutile… On joue le général chez Jumbo-Visma, mais Van Aert aura un statut particulier pour viser des étapes au sprint, sur les chrono voire en montagne, et le maillot vert.

Ineos-Grenadier

Réussir son Tour avec Ganna sur la première étape aujourd’hui, puis tout pour le général avec Martinez et Thomas. Pidcock et Yates pourront jouer leur carte personnelle sur des étapes accidentées voire en montagne.

AG2R-Citroen

Ben O’Connor visera le général, Cosnefroy les coups d’éclat et Aurélien Paret-Peintre aura à coeur de franchir un cap comme coureur et… dans le coeur du public français!

Bora-Hansgrohe

Le joker de ce Tour de France s’appelle Alexandr Vlasov qui pourrait surprendre au général. Attention à Großschartner et à Kamna en montagne, et à Politt sur les étapes en ligne. Une bien belle équipe selon moi!

Quick Step

Les sprints avec Jakobsen et les victoires d’étape. Pour eux, tout est bon à prendre sur ce Tour, mais le général on oublie ca.

Movistar

On aura dans la tête de marquer des points UCI pour le renouvellement de la licence WorldTour. Mas ira pour le général, les autres… faudra voir.

Cofidis

On voudra aussi marquer des points UCI. Martin sera une belle carte pour une place au général ou une victoire de prestige, et je sens bien Lafay pour une belle victoire d’étape.

Bahrain-Victorious

Ce Tour commence mal avec deux perquisitions de police… C’est une belle équipe de jokers, avec Caruso, Haig, Mohoric, Sanchez, Tratnik et Teuns. Ils ont l’avantage de ne pas avoir la pression… outre celle des flics.

Groupama-FDJ

On vise une place au général avec Gaudu, Pinot ira pour une belle victoire d’étape, misez sur un coup de sa part sur la Planche des Belles Filles où il jouera à domicile. Kung, pour les chronos, et Madouas, sur les étapes accidentées, auront une belle carte à jouer. Une belle équipe bien équilibrée!

Alpecin-Deceuninck

La superstar Van Der Poel débarque pour s’amuser sur ce Tour, et son tempérament d’attaquant ne manquera pas d’animer la course, surtout lorsque se présenteront des belles patates dans le final d’une étape. Jasper Philipsen sera leur carte lors des arrivées au sprint, alors ne vous étonnez pas de voir Mathieu amener dans le dernier kilomètre.

DSM

Bardet pour une place au général ou une belle victoire d’étape en montagne, John Degenkolb peut-être dans les sprints, mais face à la concurrence, ca sera difficile.

Intermarché

Une équipe de baroudeurs! Taco Van Der Hoorn est un coureur volontaire, on le verra souvent dans les échappées. Louis Meintjes sur les étapes accidentées.

Astana

Une victoire d’étape pour Lutsenko ou Moscon serait déjà bien.

EF Education

Les points UCI dans la tête, on verra si une place au général est possible avec Uran, sinon Bettiol, Bisseger ou encore Cort et Powless sont de bons coureurs capables de créer la surprise sur bien des terrains. Ils chercheront l’ouverture.

Arkea-Samsic

On sera vite fixé sur Quintana et Barguil, qui risquent tous deux de se rabattre sur des victoires d’étape en montagne.

Lotto-Soudal

On doit marquer des points UCI et Caleb Ewan est une sacré pièce maitresse pour y parvenir. Tim Wellens est un bon coureur et on rêve d’une belle victoire d’étape pour le dernier Tour de Philippe Gilbert.

Trek-Segafredo

Ciccone pour des exploits en montagne, Mollema le régulier pour la constance et une place d’honneur à Paris, Quinn Simons pour surprendre en montagne, Jasper Stuyven en baroudeur, la plus internationale des équipes a de quoi surprendre sur ce Tour.

Total-Énergies

Peter Sagan a donné récemment des signes d’un retour au plus haut niveau. On misera sur lui dans les sprints massifs, et les coureurs français Turgis, Latour et Vuillermoz pourront très certainement jouer leur carte personnelle sur plusieurs étapes, car dans cette équipe, c’est la victoire d’étape qui est chaque jour l’objectif.

Israel-Premier Tech

Woods jouera les victoires d’étape en montagne voire le maillot à pois, Fuglsang une place au général, et Chris Froome… faut voir. Chose certaine, chez Israel-Premier Tech, on doit marquer des points UCI, c’est capital sur ce Tour surtout si Lotto-Soudal, Movistar ou EF Education cartonnent.

Team Bike Exchange

Ils ont aussi la pression des points UCI. Groenewegen et Matthews ont tous deux de belles cartes à jouer au sprint, le premier sur les étapes en ligne, le 2e lorsqu’il faudra passer des bosses avant de se présenter dans le dernier kilomètre.

B&B Hôtels

Pierre Roland voudra se faire plaisir en montagne, sinon l’équipe visera surtout à montrer le maillot tous les jours dans les échappées, et partant de là on ne sait jamais, sur un malentendu ca peut marcher.

2e journal du Tour

Encore pas mal de nouvelles autour du Tour aujourd’hui, avant le Grand Départ ce vendredi de Copenhague.

1 – Présentation des équipes. Très belle cérémonie que j’ai pris plaisir à regarder dans son intégralité. Excellent accueil du public danois, très nombreux!

2 – Vidéos pédagogiques. Cette année, le Tour a mis en ligne sur YouTube toute une série de petits vidéos pédagogiques expliquant les fondamentaux du Tour: les contre-la-montre, le prix de la combativité, aspiration&bordures, plaques de cadre, baroudeurs, l’échappée, le maillot vert, le peloton c’est quoi?, sont des exemples de sujets traités dans ces petits vidéos d’une durée habituellement inférieure à deux minutes.

Original!

3 – Tadej Pogacar. Son expérience et celle de son équipe sur le Tour des Flandres plus tôt cette année. Ca été mis en ligne que récemment.

4 – Guillaume Boivin. Et un coureur québécois de plus au départ, Guillaume Boivin, qui était le week-end dernier à Edmonton dans l’Ouest du pays pour les Championnats canadiens qu’il a terminé 2e derrière Pier-André Côté.

Boivin remplace un coureur indisponible en raison de la Covid qui perturbe déjà pas mal le Tour. L’encadrement de la Jumbo-Visma est également touché, AG2R-Citroen avec Jungels aussi, d’autres cas se multiplieront probablement dans les prochains jours, venant chambouler le planning et la stratégie des équipes.

Avec Boivin, ils sont trois coureurs québécois au départ du Tour, avec Houle et Duchesne. Ajoutez à cela l’Ontarien domicilié au Québec Mike Woods et vous avez quatre coureurs canadiens sur la Grande Boucle cette année, de quoi attiser notre intérêt!

5 – Maillots spéciaux. Ca devient une mode, de plus en plus d’équipes adoptent un maillot spécial à l’occasion du Tour.

Cette année, les équipes Education First, Israel-Premier Tech, Lotto-Soudal, Alpecin-Fenix, Bora-Hansgrohe, Jumbo-Visma et Trek-Segafredo ont consenti à la nouvelle mode.

Les maillots EF, Israel-Premier Tech et Bora-Hansgrohe me paraissent particulièrement réussis et apportent un vent de fraicheur dans le peloton.

6 – Marc Kluszczynski. Cette année encore, des collaborations spontanées pourraient être publiées sur ce site avec Marc.

Marc m’a récemment fait parvenir ce petit billet au sujet du jeune cycliste Alexys Brunel, 23 ans, qui a claqué la porte de l’équipe UAE Team Emirates il n’y a pas longtemps.

Junior promis à une belle carrière chez les Pros, fantasque, entier, voire dilettante, Alexys Brunel avait été engagé par Marc Madiot à la Groupama-FDJ en World Tour ces deux dernières saisons. Mais il ne rentrait pas dans le moule d’un coureur pro. Des parties de tennis l’après-midi, très peu appréciées d’un directeur sportif et du leader de l’équipe pendant une semaine de compétitions, il fut éjecté de l’équipe à la fin 2021. Madiot le jugeait « trop irrégulier » et vraisemblablement impossible à cadrer. Car un cycliste pro se doit d’être docile et d’obéir aux ordres du DS. L’omerta faisant le reste, tout se passe dans le meilleur des mondes (1).

On était donc étonné de le voir signer un contrat de deux ans chez UAE Team Emirates en début de saison, comme équipier de Tadej Pogačar, et avec comme DS Mauro Gianetti. Alexys Brunel parlait d’une approche plus ludique chez UAE, approche qui le rendait plus rigoureux ! Gianetti aurait eu alors avec le français (qui déclarait « je suis plus libre ») une approche psychologique bien plus adéquate que celle de Madiot. C’est fort possible.

Mais tout cela s’est écroulé fin juin, une semaine avant le début du TdF. Brunel était « avec des coureurs qui marchent ». Et subitement, il n’a plus voulu marcher avec eux. Il avait déclaré être bien conscient de l’anormalité française qui veut qu’un jeune coureur de 22 ou 23 ans ait du mal à éclater au plus haut niveau dans une équipe française contrairement aux équipes étrangères. Mais il n’en avait que faire des soupçons. Elevé dans l’éthique à la FDJ, il avait affirmé qu’il ne toucherait jamais au dopage. Peut-être s’est-il trouvé au pied du mur avec UAE ? Le 23 juin, il demandait la résiliation de son contrat. On n’en saura pas plus.

  • (1) Tom Dumoulin n’avait pas fourni non plus beaucoup d’explications sur son retrait du cyclisme. D’autres pro ont choisi une autre approche du cyclisme, moins rigoriste : Alex Howes, Lachlan Morton, Quinn Simmons.

7 – Points UCI. À l’amorce du Tour, plusieurs équipes se doivent de marquer des points car leur place n’est pas encore assurée parmi les 18 premières équipes mondiales. On pense ici à Israel-Premier Tech, Lotto-Soudal et Bike Exchange, les premières concernées, mais aussi des équipes comme Cofidis, Movistar, EF Education voire DSM et Arkea qui ne peuvent pas dormir sur leurs lauriers.

Ca va être très intense en première semaine du Tour, c’est moi qui vous le dit. Lotto voudra marquer des points avec Caleb Ewan, Bike Exchange voudra se placer dans des échappées tout comme EF Education, voire Cofidis.

Aux enjeux du Tour, voilà que s’ajoutent cette année plus particulièrement les enjeux WorldTour. Cocktail explosif!

8 – Télévision. Le Tour à la télé, ce sera sur France Télévision bien sûr, pour l’intégralité des étapes. Retour de l’équipe de 2021, Marion Rousse en moins: Laurent Jalabert, Thomas Voeckler, Nicolas Geay, Alexandre Pasteur.

Le Tour sera également disponible sur Eurosport et GCN+.

Au Québec, Flo Bikes retransmettra l’événement. C’est vous qui voyez.

Perso, ce sera France Télévision!

9 – Giro Donne 2022. Pendant que le peloton masculin s’élance sur le Tour au Danemark, le peloton féminin s’élance sur le Giro. La présentation des équipes est ci-bas.

Cinq coureures canadiennes au départ de la course, soit Magdeleine Vallières-Mill et Sara Poidevin (EF Education), Olivia Baril (Valcar), Anna Gabrielle Traxler (Roland Cogeas) ainsi que Leah Kirchmann (DSM).

Premier journal du Tour 2022

La couverture du Tour de France 2022 débute sur La Flamme Rouge par ce premier journal du Tour.

1 – Vendredi. Les coureurs du Tour prendront le départ de la première étape ce vendredi, un chrono de 13 km dans les rues de Copenhague.

Un vendredi, et non le samedi?

C’est exceptionnel, et c’est dû au départ hors de France, qui exige un transfert pour rapatrier ensuite les coureurs dans l’Hexagone. Trois étapes sont prévues au Danemark avant ce transfert le lundi 4 juillet.

2 – Danemark. Les deux étapes en ligne des 2e et 3e étapes au Danemark seront très probablement réservées aux sprinters, qui débarquent avec force sur ce Tour: Caleb Ewan, Wout Van Aert, Fabio Jakobsen, Bryan Coquard, Jasper Philipsen, Mathieu Van Der Poel pourquoi pas, John Degenkolb, Alexandr Kristoff, Peter Sagan, Michael Matthews pour ne nommer que ceux-là.

Sur fond d’une guerre inter-équipe pour marquer les précieux points UCI en vue du renouvellement des licences WorldTour en fin de saison, ca pourrait engendrer une lutte sévère pour les bonnes positions une fois dans les 10 derniers kilomètres. Sans être difficile au niveau du parcours, ce début de Tour pourrait toutefois être très explosif.

3 – Le premier chrono. En anglais, on dirait « dead flat ». Traduction libre, « désespérément plat »!

Misez un spécialiste du chrono, voire un pistard. Filippo Ganna étant au départ pour Ineos, je vois mal comment ce premier chrono pourrait lui échapper. Stephan Kung devrait être dans le coup aussi, peut-être un Kasper Asgreen chez Quick Step, voire les Stefan Bissegger ou encore Wout Van Aert.

Chose certaine, si Pogacar fait dans les 5 premiers, ouch pour la suite!

4 – Dopage. À quelques jours seulement du Grand Départ, l’équipe Bahrain-Victorious a déjà fait l’objet d’une descente de police, les policiers ayant perquisitionné les affaires des coureurs et du personnel encadrant.

Coincidence? Il y a quelques jours, la directrice générale de l’UCI, Amina Lanaya, en charge de la lutte contre le dopage, avait déclaré vouloir utiliser tous les moyens légaux pour débusquer les tricheurs.

L’UCI et les autres instances auraient-elles des informations sur les substances dopantes actuellement en usage probable au sein du peloton pro? La suite sera intéressante et gageons que ce Tour de France pourrait nous réserver aussi des surprises sur ce front.

5 – Covid. Rien de rassurant non plus sur ce front, le peloton présent au récent Tour de Suisse ayant été décimée par le virus.

Wait and see sur le Tour, mais il est d’ors et déjà certain que les équipes devront user d’une grande prudence pour éviter les contagions. Trois semaines, c’est long.

6 – Trois. Ils sont trois ex-vainqueurs du Tour de France au départ de Copenhague, soit Chris Froome, Geraint Thomas et bien sûr Tadej Pogacar.

7 – Alaf. Pas de Tour de France cette année pour le champion du monde Julian Alaphilippe, question de pouvoir continuer sa convalescence tranquillement et de se préparer pour ses trois objectifs de fin de saison, soit la Vuelta, les Mondiaux et le Tour de Lombardie.

Alaphilippe avait pourtant démontré une condition physique très correcte le week-end dernier durant l’épreuve sur route des Championnats de France.

Un champion du monde français privé de Tour de France, ca n’a pas manqué de faire réagir en France. Lefevere a peut-être sous-estimé l’impact à ce niveau.

Alors, une bonne décision? Personnellement, je ne suis pas de cet avis. Alaphilippe aurait pu tirer profit de ce Tour de France pour accélérer son retour au plus haut niveau, et viser des victoires d’étapes en 2e et 3e semaine.

8 – Coureurs canadiens. Ils seront trois au départ de cette Grande Boucle, soit Mike Woods et Hugo Houle chez Israel-Premier Tech, ainsi qu’Antoine Duchesne chez Groupama-FDJ.

Mike Woods a déjà avoué faire du maillot à pois et des victoires d’étape en montagne son objectif principal de ce Tour.

Hugo Houle n’aura pas beaucoup de liberté, il devra travailler pour protéger ses leaders Fuglsang et Woods durant la première semaine en particulier. Il n’est pas exclu qu’on lui laisse tenter sa chance cependant sur une étape accidentée en 2e semaine.

Antoine Duchesne devra lui aussi travailler pour ses leaders Gaudu et Thibault. Sa sélection a eu de quoi surprendre, même si on est très content pour lui, après deux saisons plus difficiles. Bruno Armirail était manifestement l’autre choix logique, le Français n’a pas été retenu et a envoyé un message clair à ses dirigeants, Marc Madiot en tête, en remportant le titre de champion de France du chrono vendredi dernier. Question de faire mal paraitre l’encadrement de Groupama!

9 – Bonifications. Parce que dans le cyclisme moderne, ca peut se jouer sur les bonifications sur la ligne d’arrivée de chaque étape, sauf les chronos. Sur ce Tour, 10, 6 et 4 secondes de bonif seront attribuées aux trois premiers de l’étape.

10 – Primes. 500 000 euros au vainqueur du général comme d’hab, un prix qui n’a pas changé depuis plusieurs années malgré l’inflation!

Chaque coureur qui terminera ce Tour de France recevra 1000 euros.

Chaque jour, le porteur du maillot jaune reçoit une prime de 500 euros.

Un vainqueur d’étape sur ce Tour empoche 11 o00 euros.

Un vainqueur d’un sprint intermédiaire en cours d’étape, 1 500 euros.

Les vainqueurs final du maillot vert et du maillot à pois, empocheront 25000 euros. Le vainqueur du maillot blanc, 20 000 euros.

Le combatif du jour reçoit 2000 euros, et le super combatif à la fin du Tour 20 000 euros.

Enfin, le Souvenir Henri Desgranges vaudra au premier coureur à le franchir une prime de 5 000 euros.

Au total, toutes les primes s’additionnent au montant total de… 2 282 000 euros. Joli pactole!

11 – Cipollini. Pas joli joli, le cas Cipollini, un sprinter des années 1990 qui a remporté pas moins de 57 étapes sur les grands tours, et 12 étapes sur le Tour de France. Il risque deux ans et demi de prison ferme pour des agressions à l’endroit de son ex-femme.

12 – Demain sur LFR, la description du parcours, puis jeudi les principaux favoris pour les divers classements.

Canadiens: la suite, avec Alexis Pinard

Mon article intitulé « Trop dur, les Canadiens » diffusé la semaine dernière a suscité beaucoup de réactions au sein de la communauté des coureurs maitres du Québec, mais aussi d’ailleurs.  

Les mentions légales de La Flamme Rouge garantissent un droit de réplique. Cela fait partie de l’éthique de travail que je m’impose.  

Personne ne m’en a demandé, mais Alexis Pinard et moi avons échangé ces jours derniers au sujet des enjeux liés à ces Championnats canadiens, dans une perspective plus globale qui est celle de la survie des courses sur route au Québec, aujourd’hui confrontées à une concurrence jamais vue auparavant (événements cyclosportifs, de gravelle, de vélo de montagne, etc.).

Entretien avec Alexis, avec qui j’avais reconnu l’an dernier le parcours de ces Canadiens, et ami de longue date.

La Flamme Rouge : Alexis, tu as compris que La Flamme Rouge est aussi utile en ce sens qu’elle permet de prendre le pouls de la communauté cycliste d’ici. 

Alexis Pinard : Pour moi Laurent, une communauté cycliste en santé est une communauté capable de s’exprimer sur les enjeux de notre sport, objectivement et de façon constructive. J’accueille favorablement ton article, car il est pertinent et permet pour moi de bien avoir le pouls de la communauté, et de réagir. Je le fais aujourd’hui, et merci à toi!   

LFR : Selon toi, et considérant le parcours 2021 des Canadiens, est-il raisonnable de penser que la difficulté du parcours, très sélectif, a découragé plusieurs coureurs maitres à participer cette année? Une fois lâché du peloton de tête, le fun d’une course cycliste n’est plus vraiment là.

AP : Il est certain que le parcours est difficile, je le reconnais, notamment si on le compare à d’autres courses au Québec. Mais est-il trop difficile? Je n’en suis pas sûr. Il l’est un peu moins que l’an dernier, et ça reste une course de Championnat canadien, ou un parcours sélectif est particulièrement pertinent. 

D’autres courses sont aussi très difficiles, je pense à Green Mountain Stage Race où, chaque année, de nombreux coureurs maitres du Québec s’inscrivent. 

J’ai bien aimé le commentaire laissé par Éric sur La Flamme Rouge : c’est une question d’avoir une bonne approche, un bon rapport à la compétition. Tous les parcours ne sont pas faits pour tout le monde, mais ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas y trouver son compte, être satisfait et progresser. Pour certains, seule la victoire compte, et c’est très bien. Pour d’autres, l’objectif peut être ailleurs, par exemple une place dans les 10 premiers, ou simplement le défi d’aller au bout de la course. Cette approche, qui était aussi la mienne lorsque je courais, parle-t-elle encore à beaucoup de gens? J’ose l’espérer, mais je n’en suis pas sûr non plus. C’est utile d’en parler. 

J’ajoute aussi qu’il ne faut pas oublier le GranFondo UCI du dimanche, où l’accent est davantage mis sur l’aspect défi. On compte déjà sept nationalités au départ. On peut y tester sa forme, ça c’est clair, et possiblement se qualifier pour les Mondiaux en Italie plus tard dans la saison.

LFR : Tu as mis en place plusieurs stratégies pour rendre ton événement accessible cette année, notamment en proposant des tarifs d’inscription de groupe. Peux-tu nous en dire plus?

AP : C’est un beau party de vélo qu’on organise, avec une foule d’activité pour tout le monde, incluant la famille des coureurs, leurs enfants. On veut rendre l’expérience client optimale. Dans ce contexte, c’est sûr qu’on favorise la présence d’équipes complètes. 

Cette année, une équipe qui inscrit de trois à cinq participants bénéficie de 20% de réduction sur toutes les inscriptions. À partir de six coureurs(es), c’est 30% de réduction. 

(ndlr : notons que les inscriptions ferment ce mercredi à 23h59, et que les équipes intéressées ou déjà inscrites peuvent profiter du rabais en écrivant à info@classiquedesappalaches.com)

LFR : Des changements seraient possibles si l’événement revenait dans l’avenir?

AP : Manifestement, et grâce notamment à ton article, on a des choses à revoir pour l’avenir parce que mon organisation a manifesté son intérêt auprès de Cyclisme Canada à poursuivre l’organisation des Championnats canadiens Maitres au cours des prochaines années. 

Il faut toutefois comprendre que des changements impliqueront des efforts, des coûts humains et logistiques supplémentaires. On va le faire avec plaisir si cela nous permet d’augmenter l’expérience client, d’optimiser le plaisir qu’ont les participants à venir courser à Victo. L’enjeu reste à savoir si d’éventuels changements vont amener une participation accrue ? À quel point la communauté cycliste va répondre présent si on modifie le parcours l’an prochain, pour le rendre disons plus accessible? C’est une grande question pour moi.

LFR : À long terme, quel est l’impact d’une participation moindre des coureurs maitres sur un événement comme le tien, sur des partenaires financiers aussi?

AP : C’est très clair qu’un des indicateurs importants de l’évaluation de l’événement, c’est le nombre de participants, ainsi que les retombées économiques et sociales. Moins de participants veut dire plus d’enjeux pour convaincre les partenaires de poursuivre l’aventure dans les prochaines années. C’est important que la communauté cycliste participe. Et ma responsabilité c’est de leur livrer un événement de grande qualité, notamment en matière de sécurité, de fun, ou tout le monde va y trouver son compte, que ce soit le futur champion canadien ou le cycliste participant à son premier GranFondo. 

LFR : J’ai souvent écrit, ces dernières années, que les courses sur route au Québec traversent une période difficile. La compétition avec d’autres types d’événements est certainement une partie de l’explication. Le GP cycliste de Ste-Justine, prévu le 18 juin dernier, a été annulé à la dernière minute. Je pense que c’est difficile d’organiser une course cycliste sur route actuellement? 

AP : Je te le confirme Laurent. Une chance qu’on a nos précieux bénévoles, la réelle force de notre organisation. Ces gens travaillent avec professionnalisme et passion, ce sont nos héros. Et c’est sûr qu’une source de satisfaction de nos bénévoles, ils sont 300 pour l’événement en fin de semaine prochaine, c’est le nombre de participants.

Je te confirme également que certains coûts fixes sont très élevés pour des courses sur route, car c’est un événement mobile, où on a un peloton qui évolue à vitesse variable sur des routes le plus souvent ouvertes à la circulation. La sécurité en course, l’encadrement (signalisation, premiers répondants, ambulances, etc.) représente donc des coûts importants, que d’autres disciplines du cyclisme n’ont pas forcément. 

C’est clair que les courses sur route traversent une période difficile. Et je trouve cela parfois difficile à expliquer car il n’y a jamais eu autant de monde sur un vélo, et jamais autant de monde l’hiver sur leur home-trainer et des plate-formes comme Swift. 

LFR : Tu as l’impression que Cyclisme Canada et la FQSC facilite actuellement les choses pour un organisateur de courses sur route? 

AP : Je pense qu’on a besoin d’avoir une conversation sur le paysage compétitif et cyclosportif au Québec, pour moi c’est clair. On est à une croisée des chemins, et on a probablement une fenêtre d’opportunité actuellement pour revoir les facteurs associés tant à l’offre qu’à la demande pour des événements cyclistes puisqu’on amorce l’ère post-Covid, et qu’on se dirige notamment vers l’accueil des Mondiaux UCI GranFondo en 2026. 

Du côté de l’offre, a-t-on trop d’événements cyclistes? Les fédérations ont un rôle à jouer en s’assurant de ne pas développer chacune des disciplines en silo, ce qui augmente la concurrence entre ces disciplines. Il faut probablement une certaine coordination, notamment au niveau des événements : route, piste (notamment avec le nouveau vélodrome de Bromont, bientôt prêt), gravelle, vélo de montagne, cyclosport, BMX, de plus en plus d’événements pour les e-bike… 

Du côté de la demande, je ne suis pas sûr qu’on la comprenne bien aujourd’hui. Les mentalités ont évolué, les gens sont plus dans le plaisir qu’avant, recherchent aussi des expériences plus « immersives » avec une vraie expérience client, il y a une analyse à faire, en particulier du côté de leur rapport avec la compétition en cyclisme sur route. Les fédérations ont un rôle à jouer dans l’élaboration de ces analyses, question de prendre les bons virages pour l’avenir en fournissant un cadre structurant pour l’ensemble de leurs parties prenantes, des plus récréatives aux plus compétitives, à titre de participant ou d’organisateur d’événements.

LFR : Je te laisse le mot de la fin Alexis.

AP : Je veux être clair : si nous devons revoir le parcours pour améliorer l’expérience client et augmenter la participation dans l’avenir, on va le faire!  

Je tiens aussi à rassurer : tout le monde peut trouver son compte cette année au Vélo.Victo.Fest.  Ma philosophie se résume un peu à « Podium, Peloton, Party ». C’est certain que sur ce parcours, tout le monde ne peut pas rêver à un podium, mais beaucoup peuvent rêver au peloton et son ambiance, et tout le monde peut être du party. Je l’ai écrit dans le mot de bienvenue à l’événement : « profitez-en, ensemble, et brillons par notre passion. Trève d’introduction. Passons à l’action. »

Trop dur, les Canadiens Maitres?

Sur la base de l’expérience de septembre 2021 et selon l’avis de nombreux coureurs, la réponse est oui pour ce qui est du parcours de Victoriaville dans un peu plus d’une semaine.

Au cours des derniers temps, j’ai pu constater que la distance et le dénivelé de ces Championnats canadiens maitres 2022 font encore peur cette année, malgré les modifications au parcours de l’an dernier.

132 kilomètres chez les Maitres 1 et 2, incluant trois tours d’un circuit assassin, ce qui veut dire trois fois une rampe qui est assurément plus difficile à encaisser que Camilien Houde ou la côte de la Montagne à Québec. Certains pourcentages dans cette rampe de trois kilomètres dépassent les 18%.

Sur un tel parcours, c’est une sélection par l’arrière. Course d’équipe? Je demande à voir! L’an dernier en tout cas, il n’y a pas eu de course d’équipe. Je le sais, j’y étais.

Il y a eu des Championnats canadiens élite moins difficiles…

Les quelques coureurs maitres disposant d’un rapport poids-puissance supérieur à la moyenne et d’une excellente VO2max y trouveront leur compte, puisque 90% du peloton sera éliminé par simple attrition.

On connait ceux qui pourront s’illustrer, et ils en ont le mérite. En gros, vous prenez les mêmes que l’an dernier, c’est une bonne base. En M2, je peux presque déjà vous décliner le top-10. Je n’en fais pas partie!

Il faut toutefois s’inscrire!

Il y va de la survie du cyclisme sur route au Québec.

L’organisation de l’événement de Victoriaville, Alexis Pinard en tête, ne ménage pas les efforts pour faire de cet événement un incontournable de l’année, et ce depuis plusieurs années déjà.

C’est pas moins de quatre jours d’événements et de festivités qui sont organisés. Le programme est ici. On peut donc aussi y venir en famille, tout le monde y trouvera son compte. J’ai expérimenté l’an dernier avec mes parents.

On pourra facilement passer plusieurs jours à Victoriaville dans une ambiance résolument cycliste et… festive.

En marge des Canadiens, vous avez aussi le GranFondo UCI, épreuve de qualification aux Mondiaux UCI chaque année (en Italie à l’automne prochain). Et en 2026, c’est ici au Québec que ces Mondiaux prendront place, dans cette même région de Victoriaville.

On aura même droit à un critérium sélection retraite!! Pour le moins original…

Bref, si j’aurais souhaité un parcours un peu plus ouvert pour permettre d’attirer un maximum de coureurs et pour créer une course plus intéressante sur le plan tactique, je soutiens également qu’il faut s’inscrire à cet événement question de soutenir le cyclisme sur route, et de participer à un événement « épique ».

Dans 15 ans, ce parcours vous permettra encore de dire à vos collègues admiratifs « j’y étais, je l’ai fait »!

Le Tour de l’actualité

1 – Mike Woods

Le coureur canadien n’avait pas rassuré sur la récente Ventoux Dénivelé Challenge, lâché tôt au pied de la dernière ascension du Géant de Provence.

À environ deux semaines du départ du Tour, il a rassuré son monde avec une belle victoire d’étape sur la Route d’Occitanie, le général en prime!!

Si le plateau n’était pas exceptionnel, y’a quand même Alejet Valverde et Nairo Quintana derrière, preuve que Woods est en bonne condition à l’approche de la Grande Boucle.

Sa victoire d’étape surtout n’a laissé aucun doute sur sa force actuelle, Woods n’ayant laissé aucune chance à son compagnon d’échappée dans le final, Carlos Rodriguez (Ineos).

https://www.youtube.com/watch?v=mjxfvK-9u6w

2 – La guerre des points UCI

Très bonne semaine pour Israel-Premier Tech qui, avec la perf de Woods sur la Route d’Occitanie et celle de Jakob Fuglsang sur le Tour de Suisse, a comblé une partie de son retard sur la 19e équipe au classement, Lotto-Soudal qui a quand même marqué quelques points essentiellement sur le Tour de Belgique.

Israel-Premier Tech a marqué pas moins de 546 points UCI, juste un peu moins que la meilleure équipe de la semaine, Bora-Hansgrohe avec 693 points.

EF a aussi bien fait, 534 points.

C’est Bike Exchange qui est actuellement en perte de vitesse, glissant progressivement hors du top-18.

Ceci pour vous dire que la compétition est très intense en ce moment, et que les équipes mettent la pression à leurs coureurs pour obtenir ces précieux points.

Selon Pierre Carey et son récent article dans le journal suisse Le Temps, jamais la pression sur les coureurs n’a été aussi intense.

Le cocktail pourrait être très explosif en première semaine du Tour, cette pression des points UCI s’ajoutant à celles des enjeux et du gigantisme de la Grande Boucle. Tout le monde se rappellera la première semaine du Tour l’an dernier, qui a notamment décimée l’équipe Jumbo-Visma.

Ca pourrait être pire encore cette année, j’en ai bien peur. Chutes à gogo?

Mais la plus grande menace de ce Tour 2022, ca sera peut-être la Covid-19, qui a décimé le récent peloton du Tour de Suisse…

3 – Tour de Suisse justement

Victoire finale de Geraint Thomas grâce à ses qualités de pistard qui l’ont bien servi sur le chrono du dernier jour.

De retour, Geraint Thomas? Je ne le vois pas rivaliser avec Tadej Pogacar ni Primoz Roglic sur la Grande Boucle pour autant.

Sans surprise en Suisse, le chrono a été remporté par Remco Evenepoel, un sacré moteur celui-là. Il a encore quelques problèmes dans la montagne, mais une fois qu’il aura progressé dans ce registre, rien ne l’arrêtera sur les épreuves par étape.

Pour moi, ce n’est qu’une question de temps. De maturité. Et d’affutage.

Fuglsang termine 3e du général du Tour de Suisse, il est à sa place. Higuita est sur la 2e marche du podium, on le sentait très efficace en montagne mais son gabarit ne lui a pas permis de rivaliser sur ce dernier chrono.

On retiendra également la belle prestation de Thibault Pinot, sa victoire d’étape étant surtout excellente pour son moral et sa confiance à deux semaines du départ du Tour. C’est un plaisir que de le voir enfin avoir du plaisir sur son vélo.

4 – Hugo Houle

Exceptionnel Tour de Suisse pour le coureur québécois, remarquable dans l’aide qu’il a pu apporter à son leader Fuglsang sur les dernières étapes.

Il termine 22e du dernier chrono (après avoir tant abattu de travail pour son leader au cours des étapes précédentes) et 15e du général.

Il ne pouvait mieux faire selon moi. Exceptionnel!

Si cela ne lui vaut pas une sélection sur l’équipe du Tour chez Israel-Premier Tech, je ne sais pas ce qu’il faudra.

5 – Tour de France

Les équipes annoncent progressivement leur sélection pour l’épreuve phare de la saison.

Chez Jumbo-Visma, l’équipe a de quoi faire peur: Roglic, Vingegaard, Van Aert, Kuss, Kruijswijk, Benoot, Van Hooydonck et Laporte. La force du collectif!

6 – Tour de Slovénie

Beau festival de Tadej Pogacar, Rafal Majka et… Matej Mohoric sur la dernière étape.

Le général va à Pogacar qui y a mis un point d’honneur, question d’envoyer un signal très clair à la planète vélo: il est bien présent, en excellente condition et se présentera au départ du Tour pour le triplé, rien de moins.

Jamais inutile de marquer les esprits à l’approche d’un si grand rendez-vous!

7 – Championnats nationaux

C’est dans une semaine et ca sera intéressant, bien que les divers parcours favorisent des coureurs différents d’un pays à l’autre.

Au Canada, c’est à Edmonton.

En France, à Cholet. L’épreuve sur route marquera le retour en course du champion du monde Alaf Polak, ca fait bien plaisir de le revoir après sa lourde chute sur LBL. Je ne compte pas trop sur lui cependant.

Misez plutôt Arnaud Demare, le parcours de 240 kilomètres étant plutôt favorable aux sprinters.

Demare aura aussi l’avantage d’une équipe solide et étendue au départ de ces championnats, capable de contrôler la course.

8 – Monopoly cycliste

Ca vient de sortir, et c’est avec Arnaud Demare et Julian Alaphilippe. Pourquoi pas?!

La pub du jeu est originale en tout cas!!!

9 – Wampas

Certains aiment, d’autres pas.

Le groupe qui donne parfois dans le cyclisme sortira un nouvel album à l’automne prochain. Il sera notamment question d’Alaf, et de Mathieu!

Hugo Houle fait péter Evenepoel et Tibopino!

La canicule et la… Covid-19 fait des ravages actuellement sur le Tour de Suisse.

Mais pas que. Hugo Houle aussi!

L’équipe Jumbo-Visma s’est retirée de la compétition au matin de la 5e étape hier, Covid oblige. À trois semaines du Tour, c’est un coup dur pour la formation néerlandaise, surtout pour Sepp Kuss et Rohan Dennis qui étaient tous deux pressentis pour être sur la Grande Boucle. À voir s’ils pourront être de l’aventure prochaine.

Des chaleurs étouffantes sont annoncées aujourd’hui et surtout demain samedi sur l’Ouest de l’Europe, ca risque de durcir considérablement les trois étapes qui restent sur ce Tour de Suisse. En montagne, la chaleur peut faire des ravages, l’intensité de l’effort et la vitesse moindre en ascension multipliant les effets des températures élevées.

Déjà fatigués, les coureurs vont souffrir dans les deux prochains jours, c’est certain. La 2e étape de la Route d’Occitanie sera d’ailleurs réduite à… 36 kilomètres aujourd’hui en raison de la canicule (contre 155 prévus initialement).

En attendant, quelle étape hier en Suisse!

Le final a été magnifique, notamment avec le Québécois Hugo Houle qui a pris la tête du peloton avec 10 bornes à faire, au pied de la dernière grosse bosse.

Un train d’enfer!!!

Hugo a fait péter Remco Evenepoel et Thibault Pinot, excusez-du-peu. Y’a pas beaucoup de coureurs qui pourront s’enorgueillir de pareil exploit.

Très solide, Hugo, qui bossait alors pour son leader Jakob Fuglsang, bien calé dans sa roue à ce moment.

Être capable de faire la différence avec des acteurs-clés, c’est vraiment cool !

Hugo Houle sur sportcom, 16 juin 2022

Malheureusement, Fuglsang a manqué de réussite dans le dernier kilomètre. étant devancé sur la ligne par un excellent Alexandr Vlasov et un surprenant Neilson Powless.

Pour Hugo, si cela ne lui garantit pas sa place sur l’équipe du Tour, je ne sais pas ce qu’il faudra!

Pour le général en Suisse, misez Vlasov qui pourrait donc faire le doublé Romandie-Suisse. Très costaud dans le final hier, il semblait avoir une puissance bien supérieure à tous ses adversaires.

Pour samedi et dimanche, attention à son coéquipier Sergio Higuita, que j’ai trouvé facile hier dans les ascensions.

La Bora-Hansgrohe a tout une équipe, avec aussi Maximilian Schachmann et Felix Großschartner qui sont tous deux à l’affut. Ouf!!

Geraint Thomas et Thomas Pidcock pour Ineos ne sont pas à prendre à la légère non plus.

On sent enfin que le Colombien Rigoberto Uran monte en puissance depuis un moment, c’est bien.

Ca sera intéressant à suivre!

Festival des sprinters

Sinon, on suit avec intérêt ce qui se passe en Slovénie, en Belgique et en France sur la Route d’Occitanie.

Festival de sprinters hier avec Philipsen qui s’impose en Belgique, Groenewegen en Slovénie et Demare en France.

En Slovénie, Pogo a fait une grosse impression sur la 1ere étape, créant la sélection. Si la compétition n’est pas à la hauteur de celle qu’on retrouve habituellement en WorldTour, y’a des signes qui ne trompent pas. Il sera prêt pour le Tour!

https://www.youtube.com/watch?v=-Wf-oB4X7c0

Le Tour de l’actualité

1 – Points UCI

Si vous aviez un doute quant à mon article hier, il fallait voir l’approche de la 2e ascension du Mont Ventoux hier sur la Ventoux Dénivelé Challenge: Movistar amenait, avec les EF suivi des Israel-Premier Tech juste derrière.

Peut pas être plus clair!

Plusieurs équipes sont au coude-à-coude aucun doute là-dessus, et les managers ont passé des consignes: on doit marquer des points.

2 – Ventoux Dénivelé Challenge

Doublé pour EF Education First avec Ruben Gueirrero et Esteban Chaves, le carton plein de points UCI.

Les grands perdants du jour sont Israel-Premier Tech, loin derrière. Guy Niv termine 14e, les Canadiens James Piccoli et Mike Woods sont « seulement » 36e et 37e.

Pour Mike Woods, je ne suis pas sûr de comprendre: il a essayé un petit moment au pied de la dernière ascension du Ventoux, a été rapidement lâché et rideau. Pas très rassurant pour la suite, mais peut-être juste une mauvaise journée.

Guillaume Martin (Cofidis, 5e), Cristian Rodriguez (Total Énergies, 6e), Carlos Verona (Movistar, 7e) sont dans les points pour leur équipe respective.

https://www.youtube.com/watch?v=aK5RnR4NGKw

3 – Tour de Suisse

Une bonne journée pour Total Énergies qui remporte la 3e étape avec… le revenant Peter Sagan, sur sa classe.

Il s’impose devant Brian Coquard (Cofidis) et Alexandr Kristoff (Intermarché).

Hugo Houle est 11e de l’étape, pas mal!

Sagan a pas mal galéré depuis le début de saison, selon moi la faute à une hygiène de vie défaillante.

Quoi qu’il en soit, le slovaque montre des signes de forme au bon moment, c’est à dire à trois semaines du départ du Tour. Encourageant pour toute l’équipe.

4 – Tour de Belgique

Ca commence aujourd’hui pour cinq étapes, et ca sera l’occasion de marquer encore de précieux points UCI.

Lotto-Soudal débarque en force avec notamment Tim Wellens et Victor Campanaerts. On voudra marquer un maximum de points.

La Quick-Step arrive avec Fabio Jakobsen, Yves Lampaerts et Florian Sénéchal. Ils sont les favoris sur le papier, et ils courent aussi à domicile.

Sam Bennett est là avec son équipe Bora-Hansgrohe.

Du coup, Israel-Premier Tech a décidé d’y aligner une équipe, notamment amenée par le Québécois Guillaume Boivin dont la condition est ascendante en ce moment. Je suis sûr qu’il a la pression pour faire des places sur ces cinq étapes, et ainsi donner la réplique à Lotto-Soudal, le plus proche adversaire de l’équipe israélienne pour la licence UCI WorldTour en fin de saison.

Sep VanMarcke aura également la pression de bien faire pour Israel-Premier Tech.

5 – Tour de Slovénie

Loin de tout cela, Tadej Pogacar débute aujourd’hui le Tour de Slovénie, son tour national, question de se préparer tranquille à la défense de son double-titre sur le Tour de France.

Pas simple, le Tour de Slovénie: vous pourrez voir ici qu’il y a moyen de bien se préparer pour le Tour avec les cinq étapes casse-pattes au programme.

Pas un mauvais calcul pour le champion slovène: loin de l’attention médiatique, il peut se concentrer sur sa condition physique, tout en restant « tranquille ». Il sort d’un gros bloc d’entrainement du côté de Livigno en Italie, où séjourne actuellement Mathieu Van Der Poel.

Populaire, Livigno! Non seulement chez les cyclistes sur route et en VTT, mais aussi chez les fondeurs (ski de fond).

6 – Primoz Roglic, enfin le Tour?

C’est a voir, mais le coureur semble serein et bien au sein de son equipe Jumbo-Visma.

7 – Bernard Hinault

Belle entrevue avec le grand champion, dernier vainqueur français du Tour.

Une entrevue très « franche », Hinault n’ayant jamais sa langue dans sa poche. Il revient notamment sur la plaie que constituent les oreillettes, et sur ce faux-argument de la sécurité en course, de la pure foutaise depuis plus d’une décennie maintenant.

Peut pas être plus d’accord et je l’ai déjà écrit il y a des années.

8 – Matos

Je vous disais récemment que la période qui s’ouvre avec le Dauphiné Libéré est toujours intéressante puisque c’est là qu’on commence à voir sortir les prototypes qui sont testés par les coureurs pros en vue d’une commercialisation l’année suivante.

Sur le Dauphiné, on a vu un nouveau Trek, et maintenant un nouveau Canyon (600gr le cadre?). Les détails sont ci-bas:

On attend la suite avec impatience, notamment (possiblement) du côté de Campagnolo.

9 – Colnago de Pogo

Le nouveau Colnago de Tadej Pogacar pour le Tour de France pourrait bien être celui-là.

Intéressant, car on travaille toujours sur la quadrature du cercle dans le cyclisme: créer un vélo à la fois aéro, léger, rigide et confortable. Trop souvent, aéro = lourd, léger = pas aéro, rigide = lourd et tape-cul, et finalement confortable = nul en sprint et en relance.

10 – Route d’Occitanie

Ca démarre jeudi avec du beau monde au départ, dont plusieurs qu’on pourrait revoir devant sur le Tour de France: Nairo Quintana, Arnaud Demare, Alejandro Valverde, Juan Lopez, Cristian Rodriguez, Simon Carr et surtout, Pavel Sivakov. On suivra cette course avec attention.

11 – Bardet, Pinot, Alaphilippe

Les trois meilleurs coureurs français seront au départ du Tour apparemment, et ca fait plaisir.

Bardet vient de confirmer sa participation suite à son abandon crève-coeur sur le Giro, Pinot est prévu depuis un moment et Alaphilippe semble suffisamment remis de sa gamelle sur Liège-Bastogne-Liège. Le champion du monde est même sur la feuille de départ des Championnats de France à Cholet. La course sur route fait 240 bornes, quand même…

12 – Calibrer vos EPIC

C’est le principal défi: bien calibrer les séances d’entrainement par intervalles courts (EPIC).

Ce récent article publié sur le site Nature Humaine de Guy Thibault peut vous aider dans cet exercice délicat.

Très utile! Je suis perso un grand adepte de ce type d’entraînement, avec des résultats très concrets.

Mode « rattrapage » pour Israel-Premier Tech

Mike Woods prend le départ aujourd’hui du Mont Ventoux Dénivelé Challenge en France. Il était d’abord prévu sur le Tour de Suisse.

Une belle course pour grimpeurs où Woods devrait logiquement très bien faire: le podium est certainement possible, peut-être la victoire.

L’équipe s’est aligné également sur plusieurs courses d’un jour en Belgique depuis le début du mois de juin, avec notamment Nizzolo et Boivin.

On est présent en Suisse avec Fuglsang.

Manifestement, on est inquiet chez Israel-Premier Tech du renouvellement de la licence WorldTour en fin de saison. Et on a ajusté le calendrier des coureurs en conséquence.

Actuellement en 20e place, elle doit absolument être parmi les 18 premières équipes en fin de saison. Pour y parvenir, Israel-Premier Tech devra doubler au moins deux équipes parmi Lotto-Soudal, EF Education et Bike Exchange. Ca ne sera pas facile!

En effet, chacune a de beaux atouts et la lutte s’annonce féroce: Lotto peut compter sur Caleb Ewan, EF sur Bettiol qui pensait bien avoir gagné hier sur la 2e étape du Tour de Suisse, et Bike Exchange sur notamment Michael Matthews.

Chose certaine, on a fait des calculs chez Israel-Premier Tech et on mise sur les « low hanging fruits », ces courses d’un jour qui rapportent gros comparativement à d’autres courses, par exemple les étapes sur les grands tours.

Difficile à aller chercher, une étape sur un grand tour, pour marquer 60 points UCI.

Mais aujourd’hui, une victoire au sommet du Mont Ventoux vaudra… 125 points. C’était pareil sur le récent Heistse Pijl disputée le 4 juin dernier en Belgique, et où Nizzolo a terminé 2e et Guillaume Boivin 8e. On y a engrangé 115 points UCI avec ses deux places parmi les 10 premières.

Ces courses sont donc très « rentables » et Israel-Premier Tech a manifestement misé sur la stratégie de multiplier ses chances au niveau de la collecte de points: on est au Tour de Suisse, on est en Belgique, on est sur le Mont Ventoux aujourd’hui avec Mike Woods, quitte à ré-aménager les horaires de course de tous les coureurs.

Y’a pas de mal, c’est tout à fait légitime considérant l’urgence de la situation.

Le prochain Tour de France sera évidemment capital. La Vuelta aussi. Mais pas que. On voudra aussi miser sur les courses d’un jour, particulièrement « rentables »: le doublé victoire au GP de Québec et de Montréal, déjà vu (Gerrans en 2014, Matthews en 2018), rapportera… 1000 points UCI, soit l’équivalent d’une victoire au général du Tour de France!

Trois semaines de courses versus… deux jours de 200 bornes. Faites les calculs pour un manager…

Une victoire sur la Bretagne Classic, 400 points, soit… plus de cinq fois ce que vaut une victoire d’étape sur le Tour.

Certains directeurs sportifs, notamment ceux de Movistar, ont d’ailleurs récemment exprimé leur mécontentement à propos de l’injustice des points attribués aux diverses courses.

Il apparait très clair que cette course aux points UCI pourrait changer l’allure des courses pro restantes au calendrier en 2022, en particulier au sein des équipes qui bataillent ferme pour être dans les 18 premières. Même Cofidis et Movistar, actuellement 15e et 16e, ont du souci à se faire.

Dauphiné: que du Jumbo-Visma

On savait que le plateau de ce Dauphiné n’était pas le plus relevé de l’histoire.

En gros, l’équipe Jumbo-Visma est débarquée avec son équipe A, et (presque) toutes les autres avec leur équipe B.

Ben ca n’a pas loupé: on n’a vu que du Jumbo-Visma sur cette semaine du Dauphiné.

Il y aura eu tout de même un excellent Pierre Rolland pour animer la course, un Kenny Ellissonde aussi, voire de belles échappées dont certaines sont allées au bout. Du beau cyclisme tout de même, peut-être sans le suspense du classement général.

Et que dire de ces deux belles étapes en montagne samedi et dimanche?! Je me suis régalé de cette ascension de la Croix de Fer.

Pour le reste, Jumbo-Visma a fait son « statement » en vue du Tour: il faudra compter sur eux. Quand Roglic ou Vingegaard accéléraient, plus personne derrière.

Roglic rassure donc tout le monde, Vingegaard aussi, et les lieutenants Van Aert, Laporte, Kruijswijk ont aussi bien accompli leur travail. Ouf, la UAE Team Emirates aura de l’opposition sur la Grande Boucle.

Van Aert a été encore une fois impressionnant. Objectif maillot vert sur le Tour.

Et pendant ce temps, Mathieu Van Der Poel récupère de son Giro et prépare son Tour du côté de Livigno, alternant sorties sur route dans les cols du coin (Stelvio, Gavia, etc.), et sorties de VTT.

Seul Ben O’Connor aura su résister un peu au rouleau compresseur Jumbo sur ce Dauphiné. Belle 3e place pour le jeune Australien qui fait ainsi encore plaisir à son pays, après la victoire de son compatriote Jai Hindley sur le Giro.

J’ai bien aimé également revoir devant Esteban Chaves.

J’attendais un peu mieux de Warren Barguil.

Enfin, à noter l’excellente tenue, notamment en montagne, du Canadien James Piccoli, qu’on a vu s’accrocher longtemps au groupe maillot jaune loin dans les grands cols. Vraiment très bien!

Où est Mike Woods?

Le Tour de Suisse s’est élancé hier, mais sans Mike Woods pour Israel-Premier Tech, une surprise pour moi comme pour plusieurs.

Le seul Canadien chez Israel-Premier Tech en Suisse est Hugo Houle, qui a connu une bonne 1ere étape hier.

Fort d’une belle 2e place au Mercan’Tour, je pensais vraiment que Mike peaufinerait sa condition en Suisse cette semaine. La course était à son programme.

Tadej Pogacar n’est pas au départ non plus, ayant préféré faire comme l’an dernier et privilégier le Tour de Slovénie. L’histoire récente nous prouve que cela lui réussit bien.

L’intérêt de ce Tour de Suisse sera… Remco Evenepoel. En très grande condition physique actuellement (il a produit au récent Tour de Norvège la plus grosse performance de la saison en terme de watts par kilo, 6,5 w/kg sur 30min!), il s’agira de voir s’il peut s’imposer sur l’épreuve par étape, en passant la montagne lors des 6e et 7e étapes. Le chrono du dernier jour est pour lui.

Rappelons que la montagne du Giro 2021 lui avait été fatale! Mais le bonhomme a progressé depuis.

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