Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Auteur/autrice : Laurent Page 13 of 350

MVDP-Ineos, le match en Enfer

119e édition de Paris-Roubaix ce dimanche.

L’Enfer du Nord.

Mais ca sera moins l’enfer cette année, puisqu’un temps superbe est attendu sur l’épreuve: beau, chaud mais pas trop (18 degrés), des vents calmes. On sera loin des conditions dantesques de septembre dernier!

Autrement dit, une sélection par l’avant plutôt que par l’arrière est à prévoir.

Au menu de Messieurs les coureurs, 257 kms à parcourir, dont 55 kms au total sur des pavés, répartis en 30 secteurs.

Peu de changement au parcours par rapport à l’an dernier ; deux secteurs parmi les premiers qui seront affrontés sont un peu plus longs, le secteur de Hem en fin de course est désormais classé niveau 2 plutôt que 3 puisqu’il a fait l’objet de rénovations, et c’est à peu près tout.

Les secteurs pavés commencent à Troisvilles comme d’habitude et les secteurs très critiques demeurent ceux de la Tranchée d’Arenberg, Mons en Pévèle et du Carrefour de l’Arbre.

MVDP, pour l’histoire

Le grand favori dimanche selon moi, c’est Mathieu Van Der Poel. Récent vainqueur du Ronde Van Vlaanderen, il a une chance unique d’entrer dans l’histoire du cyclisme en remportant Paris-Roubaix pour la première fois de sa carrière, et en réalisant le fameux doublé Ronde-Enfer.

L’absence de Paris-Roubaix à son palmarès serait remarqué sur des générations, il se doit de remporter l’Enfer du Nord au moins une fois!

VDP a terminé 3e l’an dernier sur le vélodrome de Roubaix.

On peut penser que toute son équipe sera à son service, avec le but de l’accompagner le plus loin possible, notamment pour pouvoir donner la réplique à l’équipe Ineos. On a vu Mathieu rapidement isolé sur certaines courses récentes, notamment l’Amstel.

Son plus grand atout, outre une puissance phénoménale? Ses habiletés sur le vélo, découlant du cyclo-cross. Il fait peu d’erreurs sur les secteurs pavés. Et il est un bon tacticien.

Les autres favoris

En premier lieu, l’équipe Ineos qui débarque avec un gros capital confiance.

Van Baarle (2e du Ronde), Kwiatkowski (vainqueur dimanche dernier de l’Amstel), Sheffield (vainqueur mercredi dernier de la Flèche brabançonne), Rowe, Turner et le joker Ganna, ouf!

Les Ineos ont la capacité de cadenasser la course dimanche selon moi. Ils ont beaucoup de coureurs pouvant rêver à un podium, surtout Van Baarle, Ganna et… Ben Turner, en condition physique spectaculaire ces temps-ci. Turner pourrait bien être une très bonne carte « surprise » pour Ineos, surtout s’il part de loin, par exemple à 50 kms de l’arrivée.

Je pense aussi que l’Enfer du Nord est parfait pour un coureur comme Ganna, très puissant. Sur Paris-Roubaix, l’important n’est pas le rapport poids-puissance, mais bien la puissance brute.

La Jumbo-Visma débarque aussi avec une belle équipe dans laquelle figurera Wout Van Aert, pour son retour après un épisode Covid. Chez Jumbo, Christophe Laporte est certainement la meilleure carte.

Il faudra certainement aussi compter sur la WolfPack Quick Step Alpha Vinyl, qui a surtout un printemps à sauver. Je pense que les coureurs ont la pression de bien faire, car un Patrick Lefevere n’est certainement pas très heureux de la campagne de Classiques de son équipe, qui n’a remporté que Kuurnes-Bruxelles-Kuurnes cette saison dans le Nord de l’Europe.

L’équipe pourra compter sur Kasper Asgreen, Tim Declercq, Yves Lampaerts, Florian Sénéchal et Zdenek Stybar, entre autre.

On surveillera aussi l’équipe Groupama-FDJ, avec Stefan Kung et Valentin Madouas. Les deux coureurs sont en excellente condition, et peuvent prétendre faire une belle place sur une course qui transcende à chaque fois leur directeur sportif Marc Madiot.

Les Trek-Segafredo s’amènent aussi avec une belle équipe, Mads Pedersen et Jasper Stuyven en premier lieu.

Sinon, quelques autres coureurs pourraient bien faire dimanche: je pense à Matej Mohoric, capable de tout, à son coéquipier Jan Tratnik, en bonne condition et très dur au mal, à Victor Campenaerts chez Lotto, à Greg Van Avermaet ou Olivier Naesen chez AG2R – Citroen, à Michael Matthews bien sûr qui va vite au sprint en cas d’arrivée au sprint au sein d’un petit comité.

Quelques autres coureurs qui pourraient bien faire: Daniel Oss chez Total Énergies pourquoi pas (par contre, ne comptez pas sur Peter Sagan selon moi, en méforme totale cette saison jusqu’ici), Nils Politt chez Bora-Hansgrohe (il a terminé 5e d’À travers la Flandre fin mars) voire Alexander Kristoff ou Taco Van Der Hoorn pour Intermarché-Wanty-Gobert Matériaux.

Israel-Premier Tech

Auteur d’une course vraiment remarquable l’an dernier, le Québécois Guillaume Boivin sera de nouveau de la course dimanche, avec son équipe Israel-Premier Tech. Maillot de champion canadien sur le dos!

Hugo Houle y figure aussi avec Sep VanMarcke.

Hugo est probablement la meilleure chance de l’équipe dimanche, dans le contexte où une grande partie de l’équipe a souffert de maladies, notamment la grippe, au cours des dernières semaines. Ce fut le cas de Guillaume, qui n’aura que peu d’attente dimanche.

Pour Israel-Premier Tech, ces maladies sont tombées à un bien mauvais moment: l’équipe a besoin d’engranger de précieux points UCI au classement par équipe, de façon à s’assurer d’une place en WorldTour pour la période 2023-2025.

L’UCI redistribue en effet les licences WorldTour en fin de saison, et seules les 18 premières équipes au classement auront droit au précieux Graal leur garantissant une présence sur toutes les grandes courses de la saison. Actuellement, Israel-Premier Tech est plutôt dans le bas du classement, autour de la 18e place sur les 22 premières équipes si on en inclut quelques unes sans licence WorldTour actuellement, comme Fenix-Alpecin ou Uno-X ProCycling.

De surcroit, quelques points séparent actuellement six équipes bataillant pour cette dernière licence WorldTour, il faudra donc qu’Israel-Premier Tech engrange pas mal de points sur le reste de la saison pour s’assurer de leur place l’an prochain.

D’ailleurs, cette lutte est susceptible de changer un peu la tactique de course cette saison, les équipes se battront pour des top-10 plus que dans les saisons précédentes j’en suis sûr.

Je souligne au passage la belle 2e place hier de Pier-André Côté sur la 3e étape du Tour de Turquie. C’est pas passé loin!!

Paris-Roubaix femmes

Deuxième édition de l’épreuve samedi, avec 124 kms à parcourir (115 l’an dernier), dont 17 secteurs pavés donnant au total 29 kms sur ces routes difficiles.

La température samedi sera également clémente. Sélection par l’avant.

Lizzie Deignan, gagnante l’an dernier, est absente cette fois-ci pour cause de maternité.

Les favorites seront la championne du monde en titre, Elisa Balsamo, l’équipe SD Work avec Chantal Van Den Blaak et surtout, Lotte Kopecky, Marianne Vos chez Jumbo-Visma (il faut toujours compter sur elle!) voire Elisa Longo Borghini.

Au moment d’écrire ces lignes, trois Canadiennes figurent sur la liste de départ, soit la championne canadienne Alison Jackson et les Québécoises Simone Boilard ainsi que Magdeleine Vallières-Mills.

Quelques vidéos

https://www.youtube.com/watch?v=d8pLr9Q0pAo

Que du Ineos!!!

Y’a pas à dire, l’équipe Ineos-Grenadier est sur une bonne lancée en ce moment.

Hier, c’est le très jeune coureur américain de 19 ans Magnus Sheffield qui a remporté, à la surprise générale, la Flèche Brabançonne.

Une course parfaitement maîtrisée par l’équipe anglaise, qui avait trois (jeunes) représentants dans l’échappée devant, avec Tom Pidcock et Ben Turner, tous des U23.

Rappelons que les Ineos-Grenadier ont remporté dimanche dernier l’Amstel Gold Race avec Michal Kwiatkowski, ont gagné le Tour du Pays Basque avec Daniel Martinez et ont terminé 2e du Tour des Flandres avec Dylan Van Baarle. Tout cela en deux semaines à peine. On fait difficilement mieux.

Cosnefroy et Barguil dans le coup

Le jeune coureur américain a parfaitement su placer son démarrage à quelques kilomètres de l’arrivée, sachant que c’était à son équipe de manoeuvrer.

Une fois parti, personne derrière n’a voulu ramener franchement, certain que soit Pidcock, soit Turner placeraient un contre. Vélo 101.

J’ai bien aimé le comportement de Barguil et Cosnefroy, qui ont tenté quelque chose tour à tour, ne s’avouant pas battu. Les deux confirment leur excellente condition, et il faudra les surveiller sur les prochaines Ardennaises.

Dans l’échappée lui-aussi, Remco Evenepoel a semblé s’éparpiller, multipliant les relances assassines mais sans vraiment faire la différence. Il avait surtout plusieurs équipiers de premier plan dans le groupe derrière, dont Alaphilippe, et aurait donc pu ne prendre aucun relais dans l’échappée qui comptait, rappelons-le, trois Ineos. Visiblement, le jeune coureur belge a encore à progresser tactiquement… ou alors il continue d’insister à vouloir faire son « one-man show »…

Enfin, l’affaire de la chute du champion du monde Julian Alaphilippe fait couler beaucoup d’encre, puisque causée par son propre directeur sportif Geert Van Bondt au volant de la voiture QuickStep-AlphaVinyl. Ce dernier essayait alors de remonter vers l’échappée ou Remco figurait.

Pour moi, un incident de course, certes regrettable, mais un incident de course.

Qui est Magnus Sheffield?

Je connaissais que très peu ce Magnus Sheffield, son parcours est intéressant car son ascension très, très rapide.

En 2018, il gagnait la course junior Green Mountain Stage Race aux États-Unis, ouverte aux amateurs comme moi.

Moins de quatre ans plus tard, il gagne la Flèche Brabançonne en étant passé, dans l’intervalle, par l’équipe américaine Rally en 2021 et en ayant gagné le Valley of the Sun Stage Race en 2020.

Cette année, il avait déjà accroché à son palmarès une étape de la Ruta Del Sol en février.

Dans quelle mesure son arrivée chez Ineos-Grenadier, avec son niveau de professionnalisme, lui aura permis d’hausser son niveau cette saison?

Houle 16e

Le Québécois Hugo Houle termine 16e de l’épreuve, remarquable, les conditions climatiques étant difficiles.

Pour moi, c’est clair qu’il s’agit d’une nouvelle confirmation que Hugo tourne autour depuis un petit moment déjà. Il ne manque vraiment pas grand chose pour que ca soit la bonne très bientôt. Il faut persévérer, continuer de travailler car tout va dans le bon sens actuellement.

Ineos et Paris-Roubaix

On devrait voir les Ineos-Grenadier devant sur Paris-Roubaix dimanche prochain, l’équipe s’amenant avec Dylan Van Baarle et Magnus Sheffield, mais aussi les Michal Kwiatkoswi, Luke Rowe, Ben Turner et surtout, Filippo Ganna.

De quoi faire des dégâts au niveau du collectif.

Le Tour de l’actualité

1 – Pression des pneumatiques.

On n’arrête pas le progrès.

Certains coureurs, notamment de l’équipe DSM, utiliseront pour la première fois sur Paris-Roubaix un système de réglage en temps réel de la pression des pneumatiques.

Vous ne rêvez pas! Sans descendre de machine, je ne l’aurais pas cru.

Mis au point par la compagnie Scope qui équipe DSM de roues, ce système appelé Atmos permet, au moyen de deux boutons sur le guidon, de gonfler ou de dégonfler des pneus tubules en roulant.

Ainsi, un coureur pourra choisir de passer tel secteur pavé particulièrement mauvais avec mettons 5 bars dans les pneus, et au sortir regonfler à 7 bars pour avoir un meilleur rendement sur le bitume.

Le système a été officiellement autorisé par l’UCI, notamment parce que tout le monde peut aujourd’hui acheter un tel système (4000 euros tout de même…).

Les détails sont ici.

Un avantage? Je dirais que oui!

Voilà qui est susceptible d’améliorer sensiblement le confort des coureurs sur les pavés, limiter le risque de crevaison par endroit, et offrir un meilleur rendement sur l’asphalte. Le système alourdit certes de vélo, mais ce n’est pas un gros enjeu sur une course sans relief comme l’Enfer du Nord.

C’est pas pour ca qu’un coureur DSM gagnera dimanche, mais ca ne devrait pas nuire.

Rappelons que d’autres équipes rouleront sur des vélos équipés de « mini-suspension » devant et derrière, que ce soit par la présence d’élastomères ou d’amortisseurs situés à des endroits stratégiques comme la potence ou le tube de selle par exemple.

2 – Wout Van Aert

Décision ce jeudi quant à son éventuelle participation à Paris-Roubaix. C’est une info importante, ce coureur pouvant changer la donne sur l’épreuve, notamment au niveau tactique.

3 – 20 000 euros

C’est ce que touchera la coureuse qui remportera Paris-Roubaix ce week-end, contre 30 000 euros chez les hommes.

Si la parité n’est pas encore atteinte, c’est un grand pas dans la bonne direction puisque l’an dernier, Lizzie Deignan avait touché… 1 535 euros, soit presque 20 fois moins que Sonny Colbrelli.

Au total, c’est 50 000 euros que se partageront les femmes, contre 90 000 euros pour les hommes.

4 – Filippo Ganna

Le dragster italien sera un client sur Paris-Roubaix c’est clair, la course correspondant bien à ses qualités physiques. Fait intéressant, le coureur prépare actuellement l’Enfer du Nord sur la… piste! Selon lui, l’effort requis pour passer un secteur pavé est similaire à celui d’une poursuite.

Je pense qu’il a raison!

Et l’arrivée se déroule sur une piste…

5 – Taylor Phinney

Quelques interviews seulement ces 30 dernières années ont changé ma vision du cyclisme.

La récente interview accordée par Taylor Phinney au site anglais Thereabouts est certainement de celles-là.

Vous vous passionnez pour le sport cycliste? Seule façon d’être un(e) passionné(e) éclairé(e) est d’écouter cette entrevue.

Phinney parle de l’ère dite « post-EPO », celle des années 2010, ou d’autres produits étaient largement en usage au sein du peloton, comme les opiacés ou cette bonne vieille cortisone qui traverse les époques on dirait bien.

Surtout, Phinney y dénonce l’omerta toujours bien présente au sein du petit monde du cyclisme pro. C’est bien connu, tu ne craches pas dans la soupe.

J’ai reçu une injection de cortisone une fois quand j’ai eu la jambe cassée. je volais littéralement alors que la moitié de ma jambe ne fonctionnait pas… C’est à ce moment que j’ai compris l’intérêt des coureurs d’utiliser ces produits. J’en ai parlé et j’ai reçu pas mal de réactions négatives de la part de ma direction. » 

Taylor Phinney

Plus ca change, plus c’est pareil!

6 – Nacer Bouhanni

L’enfant terrible du cyclisme français était bien parti cette saison, avec notamment cette victoire à la Roue Tourangelle et cette 2e place sur Milan-Turin.

Pris dans une grosse chute sur le Tour de Turquie, Bouhanni souffre d’une fracture de la première vertèbre cervicale.

Ca s’appelle la poisse.

L’équipe Arkea-Samsic morfle d’ailleurs sur ce Tour de Turquie, les frères Quintana ainsi que Kevin Ledanois ayant aussi souffert de blessures plus ou moins graves suite à des chutes.

Elle peut se consoler avec la victoire hier d’Anthony Delaplace sur Paris-Camembert!

7 – Michelin Power Cups

Le nouveau pneu de Michelin a été lancé en mars, et il est présenté comme le pneumatique avec la plus faible résistance au roulement sur le marché, surpassant apparemment l’excellent Continental GP5000.

Ces pneus sont disponibles en version classique ou tubuless.

Bike Radar commente ici. Je testerai sous peu.

8 – Coupe du Monde de Mtb

Ca redémarrait le week-end dernier du côté du Brésil (Pétropolis), et ca faisait du bien de revoir tout ce beau monde en action.

En XCO, le Suisse Nino Schurter, qui n’a plus besoin de présentation, a égalé la marque de 33 victoires en Coupe du Monde, détenue par un certain Julien Absalon. Le Français Maxime Marotte termine à une belle 2e place.

Chez les femmes, l’Australienne Rebecca McConnell s’est imposée devant Anne Terpstra et Loana Lecomte, partie comme une fusée dès le premier tour mais qui n’a pas su maintenir le rythme. À noter la victoire de Pauline Ferrand-Prevost sur le short track, à sa rentrée cette saison.

La Coupe du Monde compte neuf étapes cette année, dont l’avant-dernière le 7 août prochain au Mont Sainte-Anne au Québec.

9 – Cinelli Pressure

Un des très beaux vélos actuellement sur le marché, typé aéro.

On trouvera ici une belle analyse de la bête, malheureusement pas pour moi et mon gabarit de petit grimpeur. Mais si vous avez beaucoup de puissance et habitez sur la rive-sud de Montréal, dans les Landes ou encore la plaine d’Alsace, ben ce vélo est pour vous et fera tourner les têtes!

Amstel: la tactique et le collectif!

C’était crève-coeur hier à l’arrivée: d’abord annoncé gagnant, Benoît Cosnefroy a ensuite été relégué à la 2e place, étant clair sur la photo-finish que Michal Kwiatkowski l’avait devancé d’un boyau.

Une victoire de Cosnefroy aurait été sa première grande sur la scène internationale.

Cosnefroy, sans aucun doute un mec bien et intelligent, a réagi de la plus belle des façons, témoignant de beaucoup de maturité.

Si je commence à pleurer après un podium, autant arrêter le vélo.

Benoit Cosnefroy à l’arrivée de l’amstel

Je pense que Cosnefroy a raté son « jeté du vélo » sur la ligne et Kwiatko l’a parfaitement réussi lui. Si Cosnefroy avait eu un meilleur timing sur ce geste technique, je pense que c’est lui qui aurait gagné. Ca se joue parfois à rien.

Pour le reste, ca été une très belle Amstel Gold Race, très tactique et surtout, une course où le collectif a fait la différence.

Et côté collectif, c’est celui des Ineos qui a été de loin le meilleur, même si on ne comprends pas certaines accélérations de Tom Pidcock dans les derniers kilomètres, puisqu’il avait Kwiatko devant.

À 50 bornes de l’arrivée, on a d’abord vu les Fenix-Alpecin de Mathieu Van Der Poel prendre la course en main. Trop tôt, ou alors pas assez de profondeur dans l’équipe de VDP pour tenir jusqu’à la ligne. Total, 20 bornes plus loin, Mathieu était isolé, son équipe à la trappe notamment grâce à un formidable travail de sape de Luke Rowe pour Ineos, qui a roulé comme une bête pendant des bornes afin de provoquer une grosse sélection.

Les Ineos sont bien ceux qui ont tout fait péter hier, et qui ont réussi à isoler Mathieu de son équipe. Ce dernier avouera à l’arrivée qu’il « ne pouvait pas courir après tout le monde« , preuve que le manque d’équipiers dans ce final lui aura cruellement manqué.

Gageons que la leçon sera retenue en prévision de la saison prochaine, où Fenix-Alpecin pourrait se retrouver avec une licence WorldTour qui exigerait aussi un renforcement de l’effectif.

Sommet du Cauberg, toujours un bon endroit pour attaquer (ca c’est aussi confirmé avec la course des filles), Kwiatko part solo. C’était bien vu et quasi-forcé, les Ineos étaient la seule équipe devant avec deux représentants.

Cosnefroy qui revient sur le Polonais solo quelques minutes après au profit du Geulhemmerberg, fallait le faire. Voilà pour moi l’indice qu’il faudra désormais compter avec le coureur Français, redoutable puncheur. Attention à lui sur les Ardennaises qui approchent à grands pas.

19 kms d’échappée à deux, l’entente était parfaite devant. Réglo tous les deux. Beau à voir.

Derrière, un groupe de chasse quasiment « royal », avec Mathieu, Matthews, Pidcock, Asgreen, Benoot, Kung, Hirschi, Theuns et Kamp. Tous les favoris, ou presque, étaient là! Mais l’entente a fait défaut comme d’hab à ce niveau de compétition, personne ne voulant rouler pour l’autre.

Je suis d’avis qu’un seul autre Fenix-Alpecin devant aurait tout changé, comme un seul autre Quick Step. Hier, ca été très ouvert, aucune équipe n’étant en force dans ce final, sauf les Ineos.

Et chose certaine, chez Jumbo-Visma, on doit amèrement regretter l’absence de Wout Van Aert. Avec Benoot présent hier dans le final, ca aurait aussi tout changé.

Mais avec des « si », on refait le monde…

Paris-Roubaix

On se tourne désormais vers le Monument Paris-Roubaix, Enfer du Nord. Une course très particulière, de spécialistes, notamment ceux qui se débrouillent bien en cyclo-cross.

Ca s’annonce très différent de l’an dernier, avec une belle semaine assez ensoleillée en perspective en France, et des températures très largement supérieures aux normales de saison. Misez donc pour un pavé sec, et un temps assez chaud dimanche prochain. Ce ne sont pas les conditions climatiques qui durciront la course cette année.

Encore cette année, Mathieu Van Der Poel, Kasper Asgreen, Stefan Kung, seront de grands favoris pour l’emporter, auxquels il faudra ajouter les Van Baarle, Laporte, Pedersen, Matthews voire Van Avermaet.

Flèche Brabançonne et Tour de Turquie

On garde aussi un oeil sur la Flèche Brabançonne (mercredi) et le Tour de Turquie cette semaine, épreuve où deux coureurs canadiens sont engagés, soit Nickolas Zukowsky ainsi que Adam deVos, tous les deux pour l’équipe Human Powered Health.

Sur la Flèche, la présence d’Alaphilippe et d’Evenepoel est annoncée.

UAE Team Emirates Behind The Scene

Amstel: les Pays-Bas attendent Mathieu

56e édition de l’Amstel Gold Race ce dimanche entre Maastricht et Valkenburg.

On annonce un temps assez clément (pas de pluie), frais (11 degrés) et peu venteux.

254 kms à parcourir, et pas moins de 33 côtes à grimper, certaines plus symboliques, d’autres de vrais patates qui feront mal aux jambes, comme le Kruisberg ou le Gulperberg.

La dernière difficulté, le Bemelerberg, se situe à huit kilomètres de l’arrivée.

À noter que cette année, l’Amstel est située entre le Ronde et Paris-Roubaix, en raison du premier tour des élections présidentielles en France. En Belgique, on hurle au crime, la « semaine sainte » ayant été ainsi coupée!!! Pour la plupart des coureurs, ca ne change pas grand chose. Les plus perdants d’entre eux sont les purs spécialistes des pavés qui doivent maintenir leur forme une bonne semaine de plus, après l’avoir tenu pendant au moins un mois (Gand-Wevelgem remonte à il y a plus de deux semaines). Pour Wout Van Aert, c’est une aubaine car cela multiplie ses chances d’être au départ de l’Enfer du Nord…

Les favoris

Ou plutôt LE favori, Mathieu Van Der Poel, qui joue à domicile.

C’est pas compliqué, toute la population des Pays-Bas attend son enfant chéri dimanche. La pression sera forte sur les épaules du champion néerlandais, qui vient de gagner le Ronde dimanche dernier.

Son grand rival, Wout Van Aert, n’est pas prévu, se remettant encore d’un infection à la Covid.

Les adversaires les plus sérieux de VPD seront évidemment ceux de dimanche dernier: Van Baarle et Madouas. En principe, Pogi ne court pas avant le 20 avril prochain, quelque part par là. À moins qu’on le retrouve du côté de Compiègne dans une semaine?!

Pour Valentin Madouas, il y a une occasion à saisir, c’est clair. Son équipe FDJ est forte, notamment avec Stefan Kung, la confiance des excellents résultats de dimanche dernier booste certainement l’envie. Ca ferait plaisir de voir le coureur français triompher dimanche.

La Ineos de Van Baarle dispose d’un autre atout dans son jeu, Tom Pidcock, qui devrait être plus à l’aise dans les côtes de l’Amstel que sur celles du Ronde, souvent en pavés.

Parmi les autres coureurs à surveiller, Kasper Asgreen et toute la Quick Step qui a dû se faire remonter les bretelles par Lefevere suite à leur échec sur « leur » course, le Tour des Flandres. Ils doivent rebondir vite et je suis sûr que les dirigeants leur mettront la pression ce week-end.

On surveillera aussi les Christophe Laporte, Tim Wellens, Jack Haig, Matej Mohoric, Soren Kragh Andersen, Greg Van Avermaet et Benoît Cosnefroy, ainsi que Michael Matthews qui a souvent bien fait sur cette épreuve.

Un Warren Barguil, pourquoi pas?

Il sera également intéressant de suivre la course d’un certain jeune prodige au nom imprononçable, Cian Uijtdebroecks chez Bora, qui est annoncé au départ sur plusieurs startlists. Il s’agirait alors de sa première grande classique en carrière, à 19 ans!

À priori, pas de coureurs canadiens au départ cette année, mais aucune liste de départ ne semblait définitive au moment d’écrire ces lignes.

Kristoff confirme

Je vous disais hier qu’à 35 piges, la pointe de vitesse d’Alexander Kristoff n’était probablement plus ce qu’elle était.

Ben il a gagné solo hier sur le GP de l’Escaut, il a eu raison!

Kristoff est parti à plus de 7 kilomètres de l’arrivée pour résister solo au retour du groupe qu’il avait quitté. Faut quand même le faire.

Ca doit bien faire plus de 15 ans que cette course ne s’était pas terminée par un sprint massif. Je peux vous dire qu’il devait y avoir pas mal de déçus à l’arrivée hier, surtout parmi les équipes de sprinters. Et parmi les directeurs sportifs.

Surtout, Kristoff confirme son retour aux affaires après une saison 2021 catastrophique, et sa bonne condition depuis le début de cette saison.

Il avait terminé 10e du Ronde dimanche dernier. Troisième de Milan-Turin mi-mars. Il a gagné la Classica de Almeria en Espagne mi-février, après avoir tourné autour des victoires d’étape lors du Tour des communautés valenciennes plus tôt dans le mois.

Il avait surtout déclaré en début de saison que celle-ci pourrait être sa dernière s’il ne retrouvait pas le chemin de la victoire. Le voici définitivement bien lancé.

Et Kristoff confirme le bon début de saison de son équipe Intermarché-Wanty-Gobert Matériaux. Rappelons qu’ils ont aussi gagné Gand-Wevelgem avec leur coureur africain Biniam Girmay. Pour une équipe sans coureur de grand renom, ca force le respect. D’autres résultats suivront certainement cette saison, on le souhaite notamment pour leur sympathique et volontaire Taco Van Der Hoorn!

Un petit moment cocasse…

Le Tour de l’actualité

1 – Hey! C’est un Specialized Tarmac SL7 qui a gagné hier sur la 2e étape du Tour du Pays Basque…

…et je le répète, je ne travaille pas pour Spe. Aucun lien entre le monde du cycle et mon activité professionnelle.

Je me questionne juste sur les gains que confère l’usage de ce (type de) vélo.

2 – GP de l’Escaut aujourd’hui. Ca sera nuageux et surtout venteux en Belgique pour cette 110e édition (quand même! c’est la plus vieille des Flandriennes).

Ca se jouera au sprint, je n’ai pas de doute. Toutes les équipes y vont dans une telle configuration.

En effet, au départ vous avez les Philipsen (vainqueur sortant), Jakobsen (vainqueur en 2018 et 2019), Kristoff (vainqueur en 2015 mais n’a plus la même pointe de vitesse), Bennett, Groenewegen, Modolo, Bouhanni voire Bol.

Beaucoup d’équipes voudront donc rouler dans le final pour assurer un sprint massif. Le reste se jouera sur les détails: le meilleur train, le meilleur timing, le bon côté de la route, la bonne économie durant la course, le bon braquet lors du sprint, toutes ces choses-là.

Misez Philipsen ou son équipier Merlier chez Fenix.

3 – Tadej Pogacar

Il était furax envers Van Baarle à l’arrivée du Ronde dimanche.

Aucune raison de l’être.

Pogi et VDP ont laissé Van Baarle et Madouas rentrer, ce n’était pas la faute à ces deux là quand même.

Et Van Baarle et Madouas ont fait un sprint très réglo, sans changer de trajectoire, rien, très clean.

Pogi ne peut en prendre qu’à lui-même.

4 – Tadej Pogacar (bis)

Il a reconnu hier certains secteurs pavés de Paris-Roubaix, surtout ceux en fait qu’on retrouvera sur la 5e étape du prochain Tour de France.

C’est la raison officielle.

La raison moins officielle, c’est que Pogi pourrait disputer Paris-Roubaix dans deux semaines. Pour le cyclisme, ca serait d’un grand intérêt bien sûr. Pour Pogi, moins, car les risques sont quand même grands de se blesser sur chute. Et une fracture du fémur à trois mois du Tour de France, alors que tu viens de gagner les deux derniers, c’est moins bon pour tout le monde ca…

Pogi peut-il gagner Paris-Roubaix? Je suis sûr que oui. Pas un manche en cyclo-cross, celui-là.

5 – Tour du Pays Basque

Une vraie course dure, chaque année. Le Pays basque, c’est montagneux, c’est casse-patte, tu peux pas gagner le Tour du Pays Basque sans être en grande condition.

Chaque année, j’en fais mon jalon #1 pour savoir qui marchera fort sur les Ardennaises. Et chaque année, ca ne loupe pas.

Plusieurs coureurs canadiens y sont engagés: Woods, Houle, Duchesne, Piccoli, Cataford.

Auteur d’un excellent chrono sur la 1ere étape, Houle a surpris tout le monde hier en se mêlant au sprint en légère ascension pour terminer 4e de l’étape.

Wow!

Et les derniers hectomètres n’ont pas dû être faciles quant on voit un Remco Evenepoel s’arracher à bloc pour lancer son leader Julian Alaphilippe aux 200m. On trouve difficilement de meilleurs coureurs pour ce type d’arrivée, ce qui témoigne selon moi de la perf d’Hugo hier.

Faut pas s’arrêter là, faut continuer d’y croire, il tourne autour et Hugo va finir par nous en claquer une belle cette saison!

https://www.youtube.com/watch?v=rlEtFDMMU4o

6 – Wout Van Aert

Pas de date de retour pour l’immense champion belge suite à son contrôle positif à la Covid (à quelque part, ca me fait drôle d’écrire « contrôle positif »!), mais Paris-Roubaix n’est que dans deux semaines.

On peut y croire. Ces gars-là sont des monstres.

7 – Circuit de la Sarthe

Popularisé au début des années 2000 par un certain Lance Armstrong et son « Road to Paris« , l’épreuve française souvent de préparation aux Ardennaises s’est élancée hier.

Quatre étapes, parfait pour augmenter sereinement sa condition, loin des grands projecteurs.

Victoire hier de Mads Pedersen, qu’on savait en forme. Plus intéressant, une deuxième place de Benoît Cosnefroy… un petit signe de ce qui s’en vient?

D’autres pointures sont dans la Sarthe cette semaine: Peter Sagan, Ganna, Pinot, Cavendish, Lampaerts, Viviani, Naesen. Sont pas là pour faire du tourisme, c’est clair.

8 – « Entertaining disk brakes« 

Chris Froome s’entraine actuellement à Ténérife et continue à vivre des moments pénibles avec ses freins à disque.

Comment lui reprocher?!

Je rappelle que les freins à disque Campagnolo sont encore à ce jour les seuls à ma connaissance à utiliser un système magnétique pour repositionner les pads de frein après le freinage, de façon à ce qu’aucun frottement résiduel ne subsiste.

Specialized Tarmac SL7: le meilleur vélo du monde?

Beaucoup de nouvelles ont attiré mon attention ces dernières semaines.

Il y a notamment eu cette si belle victoire de l’Érythréen Biniam Girmay sur Gand-Wevelgem, une victoire historique et capitale pour le cyclisme africain. Ca a vraiment fait plaisir.

Il y a aussi eu cet article sur Vélo101 à propos des nouveaux vélos de l’équipe Direct Énergie, les Specialized Tarmac SL7.

Une partie des résultats à la hausse de cette équipe française cette saison serait-elle liée, en effet, à ces vélos dit très performants?

Anthony Turgis a notamment pu terminer 2e de Milan SanRemo derrière l’équilibriste Matej Mohoric et son dropper post, une autre nouvelle ayant attiré mon attention, mais ca sera l’objet d’un autre sujet.

15 watts.

C’est la différence annoncée selon des tests réalisés par Pierre Latour au vélodrome national de Saint Quentin en Yvelines. 15 watts de gagnés (ou de moins pour générer la même vitesse) avec ce vélo, par rapport aux autres vélos et notamment les Willier de l’an dernier.

Les raisons? On en cite trois: un poids en deçà de ce qu’on retrouve habituellement pour un vélo aéro, le Tarmac SL7 pouvant facilement être monté à 6,8 kg, limite UCI.

Une rigidité du cadre très supérieure à la moyenne, rendant le vélo particulièrement efficace dans les relances.

Et enfin un aérodynamisme très étudié, notamment au niveau du mariage avec les roues Roval.

15 watts, c’est en effet énorme. On aurait besoin de d’autres tests indépendants et empiriques pour confirmer les chiffres.

J’ai cherché d’ailleurs plusieurs tests comparatifs de vélos sur l’Internet et effectivement, le Specialized Tarmac SL7 est habituellement dans les tous premiers rangs, sinon au premier rang des classements des « meilleurs » vélos. Souvent, on salue sa rigidité, la précision de sa direction, sa stabilité, sa polyvalence aussi. Beaucoup concluent que le Tarmac SL7 est le vélo le plus rapide qui soit.

Évidemment, je ne travaille pas pour Specialized, je m’intéresse seulement au rendement des vélos puisque ce rendement pourrait aussi expliquer pourquoi on roule nettement plus vite depuis 2-3 ans qu’auparavant. L’arrivée de cette génération de vélos « aéros » dans le peloton et sur les marchés aurait-elle plus d’impact qu’on le pensait? Aurions-nous sous-estimé les réels gains de performance?

L’expérience actuelle de l’équipe Total Énergies nous apporte peut-être les premières réponses, et je ne l’aurais pas cru à prime abord.

Je termine en remerciant tous les lecteurs ayant pris soin de laisser un petit commentaire hier suite à mon texte et après mon (trop) long silence. Donnez-moi encore quelques jours pour bien me remettre la tête dans le cyclisme, et ca va repartir fort!

Flandres: Van Der Poel au métier

Après des semaines à tout sacrifier sur l’autel du travail pour Statistique Canada, y’en a marre.

La Flamme Rouge me manque. Vous me manquez.

Il est grand temps de relancer ce petit blog, et de couvrir tout le reste de la saison, sans interruption.

Je dois aussi vous dire que je trouve désolant la couverture sur le cyclisme sur de nombreux sites que j’ai consulté ces dernières semaines: articles « main stream » qu’on retrouve duplicaté ailleurs, format « feuille de choux », aucune profondeur, les sempiternelles mêmes structures de texte.

Enfin bref.

Je me suis régalé du Ronde hier.

Le duel attendu Mathieu Van Der Poel – Tadej Pogacar a bel et bien eu lieu comme prévu.

Quel match! Aucun autre arbitre, ni Pidcock, ni Van Avermaet, ni Mohoric, ni Asgreen qui, avec le reste de la Quick Step, sont passés à travers de leur Ronde, malgré le (toujours gros) travail de Tim Declercq en début de course. C’est Lefevere qui ne doit pas être content.

Pour moi, il n’y avait pas photo: Pogi (ou Pogo!) était le plus fort, pas de doute là-dessus.

J’ai toutefois eu l’impression à plusieurs reprises, et notamment dans cette dernière ascension du Paterberg, que Pogi a pêché par excès de confiance.

Au train, il a souvent l’habitude de faire le ménage en effet, Strade Bianche le prouvant. Mais cette fois-ci, ce n’était pas n’importe qui dans sa roue!

VDP a été au rupteur dans le Paterberg, mais a réussi à se dépouiller au bon moment pour rester au contact. Il est clair que la course s’est jouée à ce moment, Pogi ne parvenant pas à le distancer.

Il aurait peut-être fallu une grosse accélération façon « grimpeur » pour Pogi, l’accélération dans le Paterberg étant peut-être trop progressive pour réellement faire mal à VDP, gros rouleur.

Dans le sprint, deux erreurs selon moi.

La première, c’est d’avoir laissé rentrer Van Baarle et Madouas aux 200m. Sans ce retour, VDP et Pogi finissaient 1er et 2e. Total, Pogi rate le podium! Quand des coureurs rentrent comme ca, c’est toujours le différentiel de vitesse qui créé le chaos, et ca n’a pas loupé hier. VDP et Pogi devaient rouler presque 10km/h moins vite, tu lances plus ton sprint de la même manière lorsqu’il faut que tu t’ajustes sur cet écart de vitesse.

La deuxième, c’est de ne pas avoir serré la barrière sur la droite. Du coup, Madouas s’engouffre à droite, Van Baarle à gauche (le différentiel de vitesse aidant beaucoup), et Pogi se retrouve coincé derrière. Exit le podium.

Je pense qu’il faudra qu’il fasse encore quelques sprints.

Mathieu van der poel à l’arrivée du ronde hier, parlant de tadej pogacar

Kung est 5e pour la FDJ, qui signe là un beau doublé dans le top-5, certain de plaire à Marc Madiot. Cela récompense aussi l’équipe pour le gros boulot abattu durant la course. Deux Bahrain également dans le top-10, on s’y habitue. Et un deuxième Français, Christophe Laporte, termine 9e, remarquable car pris dans une chute et ayant donc dû mener une grosse chasse pour revenir devant.

Méconnaissable d’ailleurs, Laporte cette saison, depuis qu’il est passé chez Jumbo. Toujours surprenant de voir des coureurs français passer un gros cap dès qu’ils s’expatrient dans une équipe étrangère, il y a d’autres exemples ces dernières années.

Vivement que Guillaume Martin intègre la Bahrain-Victorious…

Aucun coureur canadien n’était cette année au départ.

Sinon, ben ca fait du bien de revoir du monde en masse sur les bords de route! J’ai vraiment hâte à Paris-Roubaix la semaine prochaine, ca sera intéressant, avec possiblement le retour aux affaires d’un certain Wout Van Aert, s’il est suffisamment guéri.

Chez les femmes

Les Belges étaient en liesse, victoire au sprint de la championne de Belgique Lotte Kopecky, bien amenée par sa coéquipière Chantal VanDenBroeck-Blaak.

Annimiek Van Vleuten termine 2e.

À noter la belle prestation de la formation FDJ-Nouvelle Aquitaine Futuroscope, qui place trois coureuses dans les neuf premières. La première française, Aude Biannic, n’est que 29e toutefois.

Trois Canadiennes étaient au départ, soit Olivia Baril (46e), Sara Poidevin (65e) ainsi que Leah Kirchmann (80e).

Ski de fond aux JO: difficile de comprendre ce qu’on voit!

Après deux semaines de silence en raison d’une charge de travail exceptionnelle, La Flamme Rouge reprend doucement du service.

La saison cycliste a redémarré, j’ai hâte de vous entretenir sur ces premières courses et déjà, des belles performances notamment du côté de Nairo Quintana.

Spécial, Quintana: pas la première fois qu’il survole le début de saison, pour ensuite s’éteindre en saison…

L’article du jour est cependant consacré au ski de fond aux Jeux olympiques. Parce que j’y vois des liens avec ce qu’on observe en cyclisme depuis 18 mois, et notamment sur le dernier Tour de France.

Spectacle hallucinant!

Du moins pour moi.

Tous mes repères en Coupe du Monde ont disparu: les logiques ne tiennent plus, les écarts sont stratosphériques, les nations dominantes ne dominent plus, certaines nations émergentes sont devant, je ne comprends plus grand chose à mon ski de fond!

Il y a certes l’altitude, qui change la donne: tous les corps humains ne réagissent pas de la même façon à l’altitude. Certains supportent, d’autres moins.

C’est notamment le cas du Gatinois Antoine Cyr, sur l’équipe canadienne. Le meilleur fondeur canadien souffre depuis le début de ces Jeux, et ne parvient pas à donner le meilleur de lui-même. Il va falloir analyser tout ca à tête reposée une fois les JO terminés.

C’est tout le contraire pour son coéquipier Olivier Léveillé, 21 ans, parmi les plus jeunes fondeurs présents à Pékin: course après course, il est le meilleur Canadien. Exceptionnel! Son corps réagit probablement mieux à l’altitude que celui d’Antoine.

Devant, ben c’est pas compliqué: les Russes survolent tout.

Y’a à peu près que Livo Niskanen qui a pu offrir une certaine résistance sur le 15 km classique jeudi dernier, devenant champion olympique devant le Tsar Bolshunov.

Et Klaebo dans les sprints, sur sa classe et sur… trois minutes d’effort.

Fort, Bolshunov. Très, très fort.

Il a survolé le skiathlon le week-end dernier. Tous les autres avaient l’air de cadets, il les a tous mis à plus d’une minute. L’altitude? Connais pas… Bouche fermée, ou presque!

Rebelotte sur le relais dimanche dernier.

Chervotkin, premier relayeur pour l’équipe de Russie, a mis tout le paquet, Norvégiens compris, à plus de 40sec sur le premier 10kms. Bolshunov, derrière, a accru l’avance à un écart insurmontable. Derrière, Spitsov et Ustiagov ont pu faire une petite sortie de récup en technique libre pour aller chercher l’or par la suite.

Je me pose des questions, surtout que les fondeurs russes n’ont pas été transcendants, en tout cas pas autant que ca, en Coupe du Monde cette saison… Grosse différence de niveau.

Le 50 kms samedi prochain semble déjà plié: qui pourrait rivaliser avec Bolshunov? Ca sera intéressant, car pour atomiser à 1800m d’altitude et après 40 bornes samedi prochain, il faudra pouvoir oxygéner ses muscles de belle façon.

Beaucoup d’excellents résultats chez les femmes russes aussi, nouvelles championnes olympiques au relais, avec notamment la jeune prodige Stepanova, dernière relayeuse samedi dernier.

La Norvégienne Therese Johaug sauve les meubles pour l’Équipe de Norvège, sur sa VO2max certainement.

Les Canadiennes parmi le top-10 du relais, absolument remarquable à ce niveau. Il fallait le souligner.

Et que dire des skis?

Là encore, je perds mes repères.

Les Norvégiens ont très, très souvent d’excellents skis en Coupe du Monde. Sans être à la traîne, leurs skis ne semblent pas aussi performants à Pékin, sur cette neige artificielle. Ceux des Russes sont hallucinants, leur glisse est très nettement supérieure à celle des autres nations, sauf exception.

Et ces exceptions viennent possiblement de la… Chine et du Japon, qui offrent sur ces Jeux des perfs également surprenantes en ski de fond. Manifestement, ils glissent très, très bien.

Je ne suis pas le seul à me poser des questions. Mon collègue et ami Marc Kluszczynski s’en pose lui aussi, et je le remercie de m’avoir envoyé ses réactions tout récemment:

Dégouté! (le mot est de Lucas Chanavat).

Le russe Alexander Bolshunov assomme la concurrence sur le skiathlon en gagnant avec 1 minute d’avance. Après une préparation automnale perturbée par plusieurs opérations aux gencives et les conséquences d’une chute à vélo, Bolshunov reste le leader d’une équipe russe surpuissante alors que les biathlètes russes sont en retrait. Normalement interdits de JO et de CM, suite aux scandales de dopage depuis maintenant huit ans (manipulation de plus de 2000 échantillons sanguins), les russes ont bénéficié de l’indulgence du CIO et de la FIS qui autoriseront leur participation sous bannière du ROC (Comité olympique russe). Ces russes ne peuvent même pas être considérés comme athlètes neutres au sens où l’exige World Athletics, c’est-à-dire avec des contrôles antidopage réguliers et négatifs. L’IBU, par contre, fait preuve de fermeté depuis 2014 et des nations comme la France, la Norvège, l’Allemagne, la Suède, la Tchéquie et l’Autriche s’imposent en biathlon, mais le ROC est néanmoins 3ème en relais mixte.

A l’issue du skiathlon, le finlandais Iivo Niskanen, troisième, a déclaré : « Les russes étaient tout simplement incroyablement rapides. Je ne pouvais pas les tenir. C’est même un peu surprenant ».

Dégoûté, on l’est aussi par la FIS qui a laissé pourrir la situation sur l’interdiction des farts fluorés. Selon Vegard Ulvang, certaines nations vont utiliser pendant ces JO les farts fluorés C8 les plus concentrés en fluor, autorisés en Chine mais interdits en Europe et dont le test de détection tarde à être au point. Mais alors que le C6 reste autorisé, l’utilisation du C8 à Zhangjiakou n’apporterait pas forcément un gros avantage, sur une neige artificielle farineuse, très sèche et très froide (- 20°C).

On aura frôlé la catastrophe avec le chinois Qiang Wang dans l’épreuve du sprint skating. 55ème sur le 50 km des Jo de PyeongChang, et 17ème à la Coupe du Monde de Planica en 2019 (date de sa dernière apparition en Europe), Wang s’était qualifié pour la demi-finale ! Il avait terminé 2ème de son quart, mais sera disqualifié pour obstruction sur Pål Golberg. Les juges de la FIS ont préféré le sortir, un scandale de dopage à domicile n’étant jamais bon!

Marc Kluszczynski, 11 février 2022

Reste quelques beaux moments, comme celui de cette troisième place acquise à l’arrachée par l’Équipe de France sur le relais masculin dimanche. Magnifique! Il fallait voir Maurice « Momo » Manificat s’arracher pour rester au contact de Klaebo, et même l’attaquer par moment, dans le dernier 10km. Et que dire des entraineurs de l’équipe de France sur le bord de la piste qui se sont époumonés pour encourager leurs fondeurs et le « Momo » national, un grand moment d’intensité sportive!

3-2-1 go! de Guy Thibault: des séances impossibles à réaliser?

Le récent article publié par Guy Thibault et présenté sur ce site à propos de séances d’entraînement par intervalles impossibles à réaliser a suscité beaucoup d’intérêt, et je vous en remercie.

Certains, sur diverses plate-formes, ont émis des doutes sur les séances proposées dans l’application 3-2-1 Go! de Guy, application qui propose 17 séances d’entrainement par intervalles courts (EPIC). Et notamment la séance 10 sur 17, intitulée « Le Cadran ».

J’ai communiqué dernièrement avec Guy pour avoir son avis sur la question, et le publie aujourd’hui, pour le bénéfice de tous ceux qui aiment d’entrainer avec les EPIC (ce que je recommande fortement!). Je te remercie Guy pour cette nouvelle contribution à La Flamme Rouge, au nom de tous les lecteurs.

« Le Cadran », par Guy Thibault

Cette séance complexe comprend un très grand nombre (68) de périodes d’effort de 10 à 55 secondes, avec des périodes de récupération (5 à 30 s) d’autant plus longues que l’effort est court. 

Cette séance d’une durée totale (hormis l’échauffement et le retour au calme) de près de 55 minutes facilite l’accumulation d’une grande durée de pédalage à des intensités favorables au développement (et au maintien) de la consommation maximale d’oxygène (VO2max), de la puissance aérobie maximale (PAM) et de la capacité anaérobie, qui sont les trois principaux déterminants physiologiques de la performance en sports cyclistes.

C’est une séance que je recommande d’exécuter sans la programmer d’avance en mode .erg. Il est préférable d’appliquer le schéma en ajustant « au ressenti » l’intensité de pédalage de chaque fraction d’effort. On a alors bien évidemment tendance à pédaler à intensité plus élevée pendant les fractions d’effort courtes entrecoupées de longues périodes de récupération (ex. 10 s d’effort, 20 s de récupération) que pendant les fractions d’effort longues entrecoupées de courtes périodes de récupération (ex. 55 s d’effort, 5 s de récupération).

Si on a proposé des puissances de pédalage pour chaque partie de cette séance, c’est simplement pour harmoniser avec les 16 autres séances de 3-2-1 Go !. Pour estimer ces puissances, je me suis servi du modèle de l’entraînement de Coggan. Déjà à l’époque, j’avais l’intuition que ce modèle pouvait mener à des séances impossibles à exécuter, mais je n’en avais pas la preuve.

Notre étude Can popular high-intensity interval training (HIIT) models lead to impossible training sessions? publiée au début de janvier 2022 et interprétée ici confirme que le modèle de Coggan et celui de Skiba peuvent mener à des séances impossibles à exécuter. Il s’agit surtout de séances avec de très brèves fractions d’effort très intenses, comme dans la séance fétiche « Le Cadran ».

Bref, il est impossible d’exécuter Le Cadran aux intensités que nous proposions parce qu’elles étaient basées sur un modèle fautif (sans compter que lorsque la puissance requise augmente ou diminue, on n’est jamais certain que la puissance réelle soit bien celle qui a été programmée, à cause du retard dans l’ajustement de la résistance).

Mais on peut exécuter Le Cadran « au ressenti » et en retirer des effets bénéfiques intéressants!

Gatineau Loppet: c’est en présentiel

Il faut en profiter, car c’est plus rare depuis 18 mois: l’événement populaire mais aussi l’épreuve chaudement disputée de la Gatineau Loppet aura lieu en présentiel du 18 au 20 février prochain.

44e édition!

En 2021, l’événement avait dû se tenir en mode « virtuel » en raison de la pandémie.

Soyez rassuré: l’organisation ne néglige aucun effort afin d’assurer aux skieurs un événement à la fois magique, et sécuritaire pour tous. Des adaptations sont effectuées pour tenir compte des règles de la santé publique, par exemple par rapport aux sites intérieurs ou à certains événements publics.

Sur les deux grandes distances (50 kms), le parcours dit « linéaire » qui part de Wakefield est maintenu. Davantage d’autobus seront disponibles pour acheminer sécuritairement les fondeurs au départ à P17.

Le choix d’épreuve reste large: outre les deux 50 km (classique et style libre), les participants peuvent s’inscrire aux deux 27 km, au 10 km style libre, au 15 km classique et, pour les plus petits, au 5 et au 2 km classique.

Cette année, la course donnant des points FIS est le 50 km classique.

Plusieurs nouveautés sont également offertes : une course à relais le vendredi soir, course à laquelle participera Alex Harvey, un volet « découverte » pour ceux qui veulent participer à l’événement sans la pression du chronomètre, et une course style libre de 27 km chez les juniors, course sanctionnée permettant d’accumuler des précieux points CPL.

Les inscriptions à tarif préférentiel ont été prolongées jusqu’au 30 janvier prochain. C’est donc le temps de s’inscrire! Vous cliquez ici.

Complément de mon autre article plus tôt cette semaine

Publié dans le journal La Presse, ces deux articles traitant des succès du Centre National d’Entrainement Pierre Harvey (CNEPH) du Mont Sainte-Anne, et du géant que demeure Alex Harvey.

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