Pour beaucoup, le Giro d’Italia est la plus belle course cycliste du monde.
La 105e édition s’élance vendredi depuis Budapest en Hongrie, site du grand départ et où trois étapes seront disputées, dont un court chrono de 9,2 petits kilomètres lors de la 2e étape.
On mettra ensuite le cap sur la Sicile et son volcan l’Etna, puis la remontée sur Naples, le golfe de Gênes, pour finir avec les Alpes et les Dolomites avant l’arrivée à Vérone le 29 mai prochain.
Je ne parviens pas à m’emballer pour cette édition du Giro, et j’estime les risques assez grands qu’on s’y ennuie cette année.
D’une part, le parcours m’apparait un peu fade, sans grand point fort. 26 petits kilomètres de chrono, huit étapes de 172 kms ou moins, seulement six étapes que l’on peut considérer comme des étapes de montagne et encore! certaines sont classées ainsi parce qu’on a juste, à la fin de l’étape, une ascension comme celle de l’Etna sur la 4e étape.
Seulement deux cols de plus de 2000m seront franchis, les deux lors de la 20e étape entre Belluno et la Marmolada, soit le Pordoi (2239m), pas très difficile, ainsi que l’ascension finale avec le Passo Fedaia (2059m).
La plupart du temps, les cols culminent autour de 1500m.
Enfin, pas moins de neuf étapes proposent des parcours plats ou assez plats qui devraient favoriser les sprinters.
D’autre part, le plateau de coureurs qui prendront le départ m’apparait assez pauvre cette année. Seulement 5 des 20 meilleurs coureurs mondiaux y participent!
Enfin, un seul coureur canadien au départ, Alex Cataford chez Israel-Premier Tech. Ce coureur va vite sur les chronos, et pourrait nous surprendre je suppose s’il fait, par exemple, le coup du kilomètre sur certaines étapes de plat. En manque de points UCI, l’équipe Israel-Premier Tech débarque sur ce Giro avec une formation somme toute très moyenne, et ne devrait logiquement pas beaucoup peser sur la course, aussi bien au général que dans les classements connexes, ni même sur les victoires d’étapes même si leur sprinter Nizzolo est de l’aventure. Mais face à la concurrence dans le registre, je ne suis pas optimiste.
Les étapes à surveiller
Les trois premières d’abord, surtout en raison de la présence au départ de Mathieu Van Der Poel qui n’a pas caché son ambition de décrocher le maillot rose tôt dans la course.
S’il réussit, son expérience du Tour l’an dernier nous prouve qu’il serait bien capable de le garder un peu, même si les pentes de l’Etna lors de la 4e étape lui feront mal. MVDP pourra cependant bénéficier de la journée de repos la veille (pour le transfert depuis la Hongrie) pour se refaire une petite santé avant d’attaquer le géant de Sicile.
Ce qui sera bien, c’est qu’avec le petit chrono du 2e jour et l’Etna le 4e jour, on sera vite fixé sur les coureurs qui pourront gagner ce Giro.
Ca ira ensuite à la 9e étape et cette arrivée en haut du Blockhaus. Un classique.
Ce Giro se jouera très certainement sur les quatre étapes de montagne vers la fin de l’épreuve et entrecoupées du dernier jour de repos, voire sur le dernier chrono de 17 bornes à Vérone le dernier jour.
Les 70 derniers kilomètres de l’étape vers Cogne seront difficiles, avec trois bons cols à franchir, mais aucun ne culminant à plus de 1600m. L’altitude ne sera donc pas un facteur déterminant.

On franchira le Mortirolo le lendemain sur l’étape Salo-Aprica, mais pas du côté le plus dur, mais bien par celui qui est plus facile, via Monno. Pour l’avoir fait plusieurs fois, rien de bien terrible pour des coureurs pros sur cette ascension. Le Santa Christina, dernière difficulté avant la plongée sur Aprica, n’est pas très difficile non plus.

Je ne suis même pas sûr si la 19e étape peut être qualifiée d’étape de montagne.

La 20e étape par contre, aucun doute! En fin de Giro après trois semaines de course, cette étape est assurément l’étape-reine de ce Tour d’Italie et avec le chrono du lendemain, il faudra quand même du jus et une bonne récup pour s’imposer sur l’épreuve.

Les favoris
Si ce Giro s’annonce ouvert, ils ne sont pas si nombreux à penser pouvoir s’imposer sur l’épreuve.
Le grand favori est selon moi l’équatorien Richard Carapaz, champion olympique en titre.
À 28 ans, il est au sommet de son art, a déjà remporté le Giro (2019) et a montré des signes de forme cette saison, notamment sur le Tour de Catalogne.
Carapaz débarque avec une bonne équipe Ineos (Porte, Castroviejo, Puccio, Sivakov, Swift…) qui a connu beaucoup de succès sur les Classiques, de quoi mettre dans de bonnes dispositions pour poursuivre la lancée. Rappelons que l’équipe Ineos a remporté trois des quatre dernières éditions du Giro, excusez-du-peu, avec Froome (2018), Geoghegan (2020) et Bernal (2021).
Sur le papier, son rival le plus sérieux est probablement Simon Yates chez BikeExchange. Il a peu couru cette saison, débarque donc frais, et a connu un bon Tour des Asturies. Son équipe semble toutefois moins puissante qu’Ineos.
À surveiller de près également, deux coureurs français, Romain Bardet et Guillaume Martin.
Bardet en particulier est sur une bonne lancée, ayant remporté le Tour des Alpes. Il vise le classement général sur ce Giro.
Martin est davantage dans l’inconnu, mais lui aussi mise surtout sur le général et il a affirmé vouloir faire mieux que sa 8e place l’an dernier sur le Tour.
Autre coureur à surveiller, car robuste dans les conditions climatiques difficiles et habituellement à son avantage sur le Giro, Joao Almeida chez UAE Team Emirates. C’est lui qui a le leadership de l’équipe qui débarque avec plusieurs autres très bons coureurs, Costa, Formolo et Ulissi notamment. Je ne vois toutefois pas Almeida suivre Carapaz dans les cols, mais le parcours propose aussi quelques étapes piégeuses qui pourraient être à l’avantage d’un coureur comme Almeida.
Une poignée d’autres coureurs seront intéressants à suivre pour ce classement général. Je pense au duo Mollema et Ciccone chez Trek-Segafredo, je pense à ce diable d’Alejet Valverde chez Movistar, je pense à Tom Dumoulin chez Jumbo-Visma, un ancien vainqueur du Giro, je pense à Kelderman ou Hindlai chez Bora-Hansgrohe, Superman Lopez chez Astana, sans oublier bien sûr les coureurs de la Bahrain-Victorious Bilbao, Landa ou Wout Poels, ce dernier ayant été vu en bonne condition récemment.
Les sprints
Ce Giro annonçant plusieurs occasions pour les sprinters, ils sont plusieurs pointures à débarquer: Cavendish, Gaviria, Demare, Bol et Caleb Ewan. Ca va batailler ferme! et ca sera probablement un des intérêts de ce Giro.
L’intérêt Van Der Poel
Je sens que le champion néerlandais voudra se tester à fond sur ce nouveau grand tour, notamment dans sa capacité de terminer l’épreuve.
Rappelons que VDP n’a encore jamais terminé un grand tour. Il a déclaré vouloir terminer ce Giro et vouloir « se tester » en troisième semaine. Son premier objectif demeure cependant le maillot rose dès le premier jour.
Les Canadiens
Comme je le disais, il n’y a qu’Alex Cataford. Les Mike Woods, Hugo Houle, Guillaume Boivin dans la même équipe sont pressentis pour le Tour. Pour ce qui est d’Antoine Duchesne, je ne sais pas et je m’attendais à le voir sur ce Giro. Espérons qu’il pourra être de la fête en juillet, ou alors sur la Vuelta en septembre.
À la télé
En France, c’est sur Eurosport.
Au Canada et au Québec, ca se complique. Il faudra être abonné à la chaine privée GCN+, ou sinon se débrouiller autrement. FloBikes ne diffuse pas ce Giro.