Mois : octobre 2021 Page 1 of 2

Ca fait beaucoup de bruit dans le monde du cyclisme professionnel depuis quelques jours: une équipe de scientifiques strasbourgeois a retrouvé des traces de tizanidine dans les échantillons capillaires des coureurs de la Bahrain-Victorious, perquisitionnée en juillet dernier lors du Tour de France.
Même s’il est surprenant d’en trouver un usage chez des coureurs cyclistes pro en excellente santé, la tizanidine n’est pas un produit interdit actuellement, il faut le dire.
La tizanidine est un relaxant musculaire, surtout utilisé pour traiter les spasmes musculaires liés à diverses pathologies.
Ce qui me gêne beaucoup plus, c’est que l’équipe Bahrain-Victorious ment: elle nie l’utilisation du produit durant le dernier Tour.
Or, on a bel et bien retrouvé des traces de ce produit dans les échantillons capillaires de trois de leurs coureurs, grâce à leur étude scientifique.
Et les gendarmes de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp) qui ont mené la perquisition ont bel et bien retrouvé des boites de ce produit dans la chambre du médecin de l’équipe.
Quoi qu’il en soit et pour nous aider à y voir plus clair, on fait le point avec Marc Kluszczynski, que je remercie une fois de plus pour sa contribution à La Flamme Rouge.
Surprise attendue chez Bahrain-Victorious? Par Marc Kluszczynski
Le 14 juillet, au soir de la 17ème étape du Tour de France 2021, l’Oclaesp perquisitionnait l’hôtel de l’équipe Bahrain-Victorious. Des prélèvements de cheveux ont été effectués. Un résultat partiel vient de tomber (1) : présence de tizanidine chez trois coureurs.
Dans un premier temps, on est étonné de la trouvaille. Comme on l’a lu partout, ce médicament est utilisé pour traiter les spasmes musculaires de la sclérose en plaques et certaines paralysies, bien que son mécanisme d’action soit inconnu. Elle a tellement d’effets indésirables que l’on se demande comment des cyclistes peuvent l’utiliser. Est-ce pour son effet hypnotique, couplé à la relaxation musculaire, ou pour remplacer les benzodiazépines classiques ?
Pas sûr car l’accoutumance et la tolérance de la tizanidine sont connues.
D’autres effets indésirables sont gênants : sensation de bouche sèche, tachycardie, tremblements, anxiété, vertiges, hypotension orthostatique, révélation d’une dépression latente… Bref, tous les effets que l’on appelle anticholinergiques, qui empêchent la pratique d’un sport à haut niveau. En gros, une grosse saloperie !
Pourquoi alors la Bahrain-Victorious a-t-elle utilisé de la tizanidine ?
Il s’agit bien de cette équipe car c’est la seule à avoir été perquisitionnée lors du dernier Tour de France. Il s’agit bien de cette équipe car c’est la seule à avoir été perquisitionnée lors du dernier Tour de France. Les démentis du directeur sportif, Milan Erzen, sont donc sans fondement.
L’Oclaesp retrouva dans la chambre du médecin de l’équipe, le Dr Marjan Korsic, de nombreuses boîtes de Sirdalud ou Zanaflex, noms commerciaux de la tizanidine, vendue en pharmacie dans certains pays dont les États-Unis. En France, elle n’est disponible qu’à l’hôpital et bénéficie d’une autorisation temporaire d’utilisation (ATU, à ne pas confondre avec les autorisations pour usage thérapeutiques, les fameuses AUT !).
Quand on fouille dans la littérature, on apprend que la tizanidine est apparentée à la clonidine (antihypertenseur central dont la commercialisation a cessé en France en 2016 suite à des problèmes d’usage détourné chez les toxicomanes).
Sédative et anxiolytique, la clonidine renforce l’effet analgésique de la morphine et est utilisé dans le sevrage morphinique. On sait que la clonidine provoque une hyperglycémie légère, augmente la mobilisation des lipides et favorise la sécrétion d’hormone de croissance endogène. Autant de propriétés intéressantes pour un cycliste.
L’usage d’un myorelaxant et d’un antalgique (par quoi le tramadol a-t-il été remplacé dans le peloton ?) pourrait favoriser l’effort en fin d’étape.
Les effets indésirables à base de somnolence devront être vraisemblablement contrebalancés par une bonne dose de caféine le lendemain. Ce n’est certainement pas un problème (2). De très nombreuses équipes comptent parmi leurs sponsors ou fournisseurs officiels un torréfacteur. On peut citer Caffè Bristot pour Bahrain-Victorious, Il Magistrale Cycling Coffee pour Jumbo-Visma, Caffè Vergnano pour Lotto-Soudal ou encore Segafredo, sponsor principal de l’équipe Trek-Segafredo depuis 2016.
Les gels à la caféine sont également très populaires. La marque suédoise Maurten commercialise un gel contenant 100mg de caféine. Elle fournit officiellement pas moins de trois équipes UCI WorldTeam (Israel Start-Up Nation, Jumbo-Visma et Intermarché Wanty Gobert) ainsi qu’une équipe UCI ProTeam (Team Novo Nordisk).
L’Agence Mondiale Antidopage (AMA), comme souvent, n’a rien vu venir. La clonidine (donc ses apparentés et la tizanidine) figure dans la liste des interdictions 2022 au chapitre S6B des stimulants spécifiés (?) mais au bas de la page à l’alinéa exception (!). La clonidine (et la tizanidine) sont donc des substances autorisées et ne nécessitent pas d’AUT.
Les organisateurs du Tour de France savaient-ils ?
Chaque équipe doit déposer la liste des médicaments autorisés utilisés pendant le Tour. On s’attend à ce que la clonidine et la tizanidine passent maintenant d’urgence dans la catégorie S4 des modulateurs métaboliques.
On peut constater dans cette histoire que l’encadrement médical des Bahrain-Victorious (le Dr Marjan Korsic) est très fort, se fiche de l’éthique médicale, et que l’AMA est encore à la traîne (3).
La médicalisation à outrance semble continuer en World Tour, grâce à l’aide de médecins à l’affût qui savent interpréter la liste des produits interdits de l’AMA.
Mais il serait étonnant que la Bahrain-Victorious ne doivent tous ses succès de la dernière saison qu’à la tizanidine !
(1) L’article paru dans Wiley Analytical Sc J (Pascal Kintz, Laurie Gheddar, Jean-Sébastien Raul) ne cite pas le nom de l’équipe. Les concentrations retrouvées sont de 1,1 ;3,7 et 11,1 pg/mg. Seuls des prélèvements urinaire et sanguin sont officiellement reconnus par l’AMA.
(2) L’AMA a libéralisé la caféine en 2004, elle figure maintenant depuis 18 ans sur la liste des substances sous surveillance !
(3) Les similitudes avec la trimétazidine, qui avait suivi le même chemin, sont présentes. Sauf qu’on se demande encore pourquoi cette dernière substance est interdite.

On ne les reverra plus dans le peloton pro:
Fabio Aru. Un sentiment d’inachevé.
Andrei Greipel. Gagne à être connu.
Tony Martin. L’éternel malchanceux avec un beau palmarès.
Dan Martin. À sa place.
Nicolas Roche. Sous-estimé.
Anna Van Der Breggen. 7 Flèche Wallonne, trois titres mondiaux, deux Giro, le titre olympique en 2016. Need to say more?
Brent Bookwalter. Honnêtes services.
William Bonnet. 17 ans de carrière pro, tout de même.
Mickaël Delage. Loyaux services à la FDJ.
Koen de Kort. L’anonymat.
Ben Gastauer. Un palmarès luxembo-luxembourgeois.
Michał Gołaś. Ła tradition polonaise respectée.
Tejay Van Garderen. On rêvait de mieux.
Mathias Frank. De beaux souvenirs à chérir.
Karol-Ann Canuel. La tête haute.
Jelle Vanendert. Un coup d’éclat.
Eros Capecchi. À la bonne école…
Kévin Reza. A ouvert des portes.
Petr Vakoč. Brisé.
Roman Kreuziger. La grande classe sur un vélo.
Julien Duval. La discrétion.
Trixi Worrack. La Poulidor du peloton féminin.

Un coureur WorldTour, c’est actuellement autour de 30 000 kilomètres par an.
Soit presque 100 bornes par jour, six jours sur sept, 52 semaines par an.
C’est leur métier. Ils sont payés pour ca.
Mais ca pose quand même la question: font comment pour récupérer, et pour durer ?
Surtout qu’on apprend hier que UAE Team Emirates est cette semaine sur leur premier camp d’entrainement en prévision de 2022.
Ouf!
Perdent pas de temps eux.
Ca se passe du côté des Émirats Arabes Unis. Toute l’équipe est réunie pour ce premier stage.
Imaginez, Pogacar vient de gagner la Lombardie et pas trop le temps de souffler, il roule déjà sur les routes du désert avec ses équipiers, la saison 2022 en tête. À moins que lui ait bénéficié d’un aménagement particulier, c’est bien possible.
J’ignore de quoi est composé ce camp d’entrainement, et on peut supposer qu’il s’agit davantage d’entretenir les bonnes habitudes que de faire de grosses séances d’intervalles.
C’est la mode actuellement dans le peloton pro: ils sont rarement inactifs, comme pouvaient l’être les pros jusqu’il y a quelques années, qui n’hésitaient souvent pas à observer une coupure complète des semaines durant, de novembre à janvier.
Aujourd’hui, ca roule plus vite partout, sur la moindre course, le niveau est plus homogène, tu ne peux plus te permettre de perdre de la condition physique en observant un arrêt de six ou huit semaines.
Alors les camps d’entrainement se succèdent, jusque quatre au sein de certaines formations d’ici la reprise des courses fin janvier.
Pour récupérer, c’est technique micro-coupures: entre trois et sept jours de break, rarement plus, mais régulièrement durant la saison.
Et on orchestre savamment les séances de « zone 1 » (endurance de base) avec les séances d’intervalles très intenses, en ne manquant évidemment pas d’ajuster l’alimentation en conséquence chaque fois, question d’aussi faire attention aux kilos superflus.
Autrement dit, on ne bouffe pas la même chose lors du 4e camp d’entrainement qu’en octobre lors du premier. On ne bouffe pas la même chose le soir d’une séance d’intervalles dans les cols, que le soir d’une longue sortie relax.
Tout est au millimètre. Optimisé. Un héritage des fameux « marginal gains »?
Il y a un revers de la médaille: la santé mentale. Plusieurs ont du mal à supporter la pression constante, comme s’ils ne pouvaient jamais vraiment débrancher la tête pour vraiment récupérer. Les cas de coureurs fragilisés mentalement se sont multipliés ces dernières années.
Même sur six jours de repos seulement, certains culpabilisent. D’autres y perdent leur passion du cyclisme, qui devient alors un métier, voire une obligation.
Il faudra voir si le cyclisme féminin, en plein essor, sera soumis à pareil régime. J’ai bien peur que oui. Rendez-vous pris pour faire le bilan dans quelques années de ces régimes infernaux.
Wolfpack, bilan de saison

5h03min03.
Le temps de Bernard Hinault et Greg Lemond pour franchir les 163 kilomètres de l’étape Briançon – L’Alpe d’Huez lors du Tour de France 1986.
Une étape reprise à l’identique sur le Tour 2022.
Et sur l’Étape du Tour cyclo.
Vous avez été très nombreux à répondre à l’appel, les inscriptions pour l’Étape du Tour se sont envolées hier en quelques heures à peine. Fou!
De quoi vous mesurer directement avec l’histoire du vélo.
Ca sera très intéressant de voir le temps des tous premiers sur l’Étape du Tour, ainsi que le temps du vainqueur sur le Tour 2022, Tadej Pogacar peut-être!
Une magnifique étape, avec les majestueux Lautaret puis Galibier depuis Briançon, souvent escaladés vent de face.
Puis la belle descente sur Valloire, roulante, et la descente plus technique du Télégraphe.
La vallée entre St-Michel et St-Jean, plus roulante dans ce sens que l’inverse.
Le sauvage col de la Croix de Fer et ses difficiles rampes après St-Sorlin d’Arves.
La plongée casse-pattes vers Allemont, puis la courte vallée vers Bourg d’Oisans avant d’entamer les 21 célèbres lacets de l’Alpe d’Huez.
Pas super-difficile l’Alpe d’Huez, mais après 145 bornes en haute montagne c’est une autre histoire…
Pour revivre cette belle étape du Tour 1986, et dans l’attente de 2022, voici de quoi revivre des grandes heures du cyclisme, avec des animateurs télé de légende.


Un problème de jeu de direction.
L’emmerde.
À 17 000$ le vélo, ca fait cher l’emmerde quand même…
Ce n’est pas le premier « stop ride » de l’année.
Même que chez Specialized, on n’en est pas à un premier « stop ride », le modèle 2018 du populaire Allez ayant déjà fait l’objet d’une telle directive à la fin de l’année 2017.
Rappelons aussi que le fameux guidon extensible Canyon a fait l’objet d’un « stop ride » plus tôt cette année, après que Mathieu Van Der Poel ait cassé son guidon sur le nouveau Aeroad lors du GP Le Samyn en mars dernier.
D’autres vélos Canyon, notamment les vélos de montagne (Mtb) ainsi que les BMC TimeMachine 01 ont aussi fait l’objet de « recall » ces dernières années. Sans parler de certains groupes SRAM.
Une situation appelée à être plus fréquente dans l’avenir, alors que le prix des vélos « top end » augmente sans cesse?
Personnellement, je pense que tous les facteurs sont réunis pour ca.
Et que ca veut dire une chose: à quelque part, on se fout de notre gueule.
Pour simplifier, les vélos sont aujourd’hui de plus en plus intégrés, aéro, techniques.
Pas facile de faire un entretien, de changer une pièce. Chaque constructeur est spécifique, plus rien de « standard ».
Parmi les géants de l’industrie, notamment ceux qui sont en WorldTour, les cadences sont infernales: tu te dois de sortir un nouveau vélo tous les deux ans maximum, pour faire le « buzz ». Sinon, tu perds des parts de marché.
Pinarello Dogma F8. Dogma F10. Dogma F12. Dogma F. Alouette!
Marketing à fond bien évidemment: +4% d’efficacité ici. + 7% de « reduced drag » par là. + 6% de rigidité au passage, bien sûr.
Pourtant, la très vaste majorité d’entre nous n’y verront que du feu. Je vous mets au défi de reconnaitre à l’aveugle (le seul test qui tient) un Dogma F12 versus un Dogma F en descente de col.
Conséquence de ces cadences infernales, plus le temps de faire beaucoup de contrôle de qualité. Pas grave, on a tellement majoré le prix des vélos que l’on peut se permettre de remplacer les cadres défectueux si le client se présente.
Et les pièces de ces vélos sont de plus en plus « cheap », faites par exemple de plastique ou de composites susceptibles de briser sous les contraintes d’un usage prolongé. J’ai vu par moi-même.
Mais on gagne sur tous les tableaux: certains clients ne se présenteront jamais (toujours ca de pris) en cas de bris, les autres devront attendre selon nos (les entreprises de vélo) volontés.
Bref, je ne serais vraiment pas surpris de voir les « stop ride » se multiplier dans les prochains mois. Le temps nous dira si j’ai raison ou non, mais les derniers mois vont en ce sens.
Les cadences de production actuelles ne sont certainement pas moins rapides devant la demande mondiale qui a explosé au cours des derniers mois.
La seule question qui se pose: jusqu’où les consommateurs suivront, notamment dans les prix?
Surtout que la main d’oeuvre se faisant rare actuellement dans le registre des bons mécanos de vélo, et les vélos devenant justement de plus en plus techniques et difficiles à entretenir (freins à disque nécessitant des purges, groupes électroniques, câbles intégrés au cadre, etc.), ca pourrait devenir vraiment compliqué au cours des prochaines années pour le cycliste amateur proprio d’un vélo haut de gamme avec un haut degré de technicité.
Plus que jamais, ceux entretenant une relation privilégiée avec le bon vélociste du coin seront les gagnants…

J’aime beaucoup le tracé du prochain Tour de France.
Mais les sprinters ne seront probablement pas d’accord avec moi!
Ce sont en effet ceux qui seront le moins à la fête en juillet prochain, sauf peut-être durant les tous premiers jours de la course.
Pour le reste, on garde la formule actuelle, celle de la mixité des terrains pour permettre une course de rebondissement, celle de peu de kilomètres contre-la-montre pour ne pas « bloquer » la course, celle aussi des étapes courtes et nerveuses, pour inciter les coureurs à passer à l’attaque tôt dans les étapes.
La distance moyenne des étapes en ligne sur la première semaine, 184 kms. En deuxième semaine, 175 kms. En troisième semaine, et excluant la dernière étape de 112 kms à Paris, 160 kms. C’est très certainement une volonté des organisateurs du Tour.
Les étapes
109e édition, du 1er au 24 juillet. 3328 kilomètres, soit la poursuite d’une tendance à la baisse pour le nombre total de kilomètres à parcourir.
Deux chronos sans difficulté, pour purs spécialistes, le premier lors de la 1er étape à Copenhague (13kms) et le deuxième l’avant dernier jour du côté de Rocamadour (40kms).
Pour Filippo Ganna, c’est la chance de sa vie de conquérir le maillot jaune le premier jour. Un maillot jaune dans une carrière, ca compte!
Six étapes de montagne, trois dans les Alpes et trois dans les Pyrénées. La plus longue de ces étapes fait 179 kms, les autres autour de 150 bornes seulement, c’est court, très court.
La 12e étape entre Briançon et l’Alpe d’Huez reprend exactement le parcours de la fameuse étape du Tour 1986, ou Bernard Hinault et Greg Lemond avait franchi la ligne d’arrivée main dans la main (un artifice compte tenu des vives tensions dans l’équipe La Vie Claire à ce moment). Outre le clin d’oeil à l’histoire, ce sera très intéressant de comparer le temps des deux vainqueurs, à 36 ans d’intervalle. Galibier, Croix de Fer, montée de l’Alpe d’Huez, on sera dans l’histoire du Tour et du cyclisme ce jour-là.
Il s’agit assurément de l’étape reine de ce Tour de France, et celle qui sera proposée aux cyclistes amateurs lors de L’Étape du Tour, le 10 juillet prochain. Les inscriptions ouvrent le 18 octobre, préparez-vous!
Reprenant essentiellement les mêmes cols, mais dans un sens et un ordre différents, la Marmotte aura lieu, elle, une semaine avant, soit le dimanche 3 juillet. De quoi passer une belle semaine en Oisans!

Six arrivées en « altitude »: la Super Planche des Belles Filles (7e étape), la montée de l’altiport de Mégève (10e étape), le difficile col du Granon (11e étape), l’Alpe d’Huez (12e étape), Peyragudes (17e étape) et Hautacam (18e étape). La 9e étape vers Chatel Les Portes du Soleil peut également entrer dans cette catégorie selon moi.
Une étape « spéciale », la 5e (155 bornes), avec 20 kms de secteurs pavés à franchir. Une étape toujours redoutée par les grands leaders, ainsi que par les grimpeurs.
Les sprinters se partageront quatre vraies opportunités, sur les étapes #2 (Nyborg), 3 (Sonderborg), 19 (Cahors) et bien sûr les Champs Élysées (21e étape), avec des possibles options sur les étapes #4 (Calais) et 15 (Carcassonne). C’est maigre pour eux.
Au Danemark sur les étapes #2 et #3, le vent pourrait jouer des tours, leur compliquant la tâche.
Les sprinters, une race de coureurs moins populaire de ces temps-ci? Avec eux arrivent les controverses (affaire Groenewegen-Jakobsen, chutes dans le final, etc.). Les organisateurs du Tour ont peut-être voulu limiter les emballages finaux – et les kilomètres les précédant où ca frotte beaucoup – pour ces raisons.
Bref, c’est un Tour 2022 très intéressant selon moi, car des choses pourront survenir presque tous les jours et en ce sens, chaque étape représente une vraie opportunité, et donc un grand intérêt. Les coureurs seront sur la brèche tous les jours, il y a très peu d’étapes « de transition ».
On peut penser que le coureur en jaune au sortir des Alpes aura pris une grosse option sur la victoire finale.
Chose certaine, un coureur comme Mike Woods a de quoi trouver chaussure à son pied, ce ne seront pas les occasions de briller qui vont manquer avec les arrivées en altitude.
Et pourquoi pas rêver d’une belle 5e étape sur les pavés pour Guillaume Boivin?
D’autres coureurs canadiens, dont Hugo Houle, y trouveront leur compte, il y a de belles opportunités pour les baroudeurs sur quelques étapes au final compliqué, avec une dernière patate à escalader à quelques hectomètres de l’arrivée.
Autrement dit, un Tour qui convient très bien aux coureurs canadiens! Et des étapes plus courtes ne seront certainement pas pour leur nuire.
Exit Le Coq Sportif, bienvenue Santini
C’est la compagnie italienne Santini, bien présente dans le vélo depuis des décennies, qui fournira les maillots distinctifs sur le Tour 2022, en remplacement de la compagnie française Le Coq Sportif qui en était responsable depuis quelques années.
Intéressant, l’histoire de chaque maillot sera imprimée sur l’intérieur de chaque pièce, et le nom des coureurs les portant lors de la dernière étape seront imprimés sur le maillot.
Le Tour de France féminin
Nom officiel, le Tour de France Femmes avec Zwift 2022.
On annonce partout la « première édition ». C’est avoir la mémoire courte, un Tour de France féminin ayant existé en… 1955 puis de 1984 à 1989, sans compter les autres expériences dans les années 1990 avec la Grande Boucle Féminine.
Huit étapes, entre le 24 et le 31 juillet. Autrement dit, le Tour de France masculin se termine et le féminin démarre aussi sur les Champs Élysées; les deux courses profiteront donc de la même infrastructure ce jour là.
L’épreuve se concentre par la suite dans l’est de la France, Champagne, Lorraine et Alsace.
Huit étapes en ligne. On regrettera l’absence d’un contre-la-montre.
Le final sera musclé, avec une très belle 7e étape entre Sélestat et le Markstein, par delà les très belles ascensions du Petit Ballon, du Platzerwasel et du Grand Ballon.
La 8e et dernière étape sera jugée au sommet de la Super Planche des Belles Filles, qui couronnera donc la championne 2022.
Mention bien pour cette première édition, la mention « très bien » aurait exigé la présence d’un chrono, qui aurait pu avoir lieu dans la traversée de la Champagne. Dommage, car l’épreuve aurait alors ressemblé davantage au Tour de France qu’on connait.

Beaucoup de choses à couvrir dans ce nouveau Tour de l’actualité: le Tour de France, Premier Tech, Wout Van Aert, Zwift, Dorel, et d’autres nouvelles aussi.
1 – Tour de France 2022
La présentation du parcours du Tour 2022 aura lieu demain depuis la banlieue parisienne. Un moment toujours attendu car en cyclisme, le parcours détermine en partie qui pourra prétendre – ou non – s’imposer sur la course la plus prestigieuse du monde.
Grâce à l’excellent site velowire, on connait déjà les grandes lignes du prochain parcours.
Le Grand Départ du Danemark pour trois étapes, puis un transfert vers le nord de la France.
Une étape qui devrait reprendre quelques secteurs pavés de Paris-Roubaix.
La Lorraine, puis une arrivée à la Planche des Belles Filles, une étape qui devrait être reprise par le Tour féminin.
Une traversée des Alpes avec de belles étapes comme Morzine-Mégève, Albertville-Col de Granon ou encore Briançon-l’Alpe d’Huez qui serait donc de retour sur le Tour après une dernière visite en 2018.
Une traversée via Mende, puis les Pyrénées.
Le dernier chrono pourrait être dans le Lot, dans le secteur de Rocamadour.
Et encore, une volonté probable de dessiner un Tour ouvert, composé de diverses difficultés, permettant à de nombreux coureurs de s’exprimer et propre à susciter des rebondissements.
Réponse jeudi!
2 – Tour de France féminin
Il sera aussi présenté jeudi.
Moins long (8-10 étapes), il devrait toutefois présenter quelques étapes difficiles qui durciront la course.
Le buzz actuel autour de cette épreuve est la nomination comme directrice de la course Marion Rousse, ex-coureure pro, aujourd’hui aux commentaires sur les courses professionnelles présentées par France Télévision et… conjointe de Julian Alaphilippe.
C’est clair qu’elle est une bonne ambassadrice du cyclisme féminin (elle a notamment gagné un titre de championne de France), mais elle présente peu d’expérience de gestion.
Le temps nous dira si A.S.O. a fait le bon pari. Elle pourra toutefois compter sur les conseils de Christian Prudhomme.
3 – Team BikeExchange et Premier Tech
La nouvelle tarde quant à l’annonce d’un nouveau partenariat avec une équipe professionnelle, possiblement en WorldTour.
Ce nouveau partenariat ne se fera pas avec l’Australienne Team BikeExchange.
Apparemment, les équipes Rally, Qhubeka et Israel Start-Up Nation seraient d’autres possibilités. Wait and see, Israel Start-Up Nation étant évidemment un choix intéressant: équipe WorldTour, composante canadienne…
4 – Dorel
La compagnie canadienne vient de se départir de sa division sport, vendue à des intérêts néerlandais.
Exit donc les vélos Cannondale d’une compagnie canadienne. Il faudra voir ce que ca signifiera pour le monde du cyclisme où Cannondale est bien présent, tant en World Tour (EF First) qu’au niveau amateur.
La décision a de quoi surprendre, le monde du cyclisme étant en explosion commerciale actuellement, avec les freins à disque, la popularité croissante du gravel et du fat bike, et le désir des consommateurs de s’équiper pour jouer dehors.
5 – Mondiaux Zwift
La deuxième édition des Mondiaux UCI de home-trainer sur Zwift se déroulera le 26 février prochain.
23 fédérations auront des places pour leurs coureurs licenciés, mais la plate-forme Zwift offrira aussi à sa communauté des chances de se qualifier pour l’épreuve.
Votre chance d’y participer! Les détails sont ici. Sortez les watts!
On n’arrête pas le progrès…
6 – Tadej Pogacar
Réponse de Tadej à un récent article publié sur La Flamme Rouge:
I’m not the new Merckx.
Tadej pogacar
Réponse d’Eddy à Tadej:
I think we are really there this time: you are the new Merckx!
Eddy merckx
7 – Wout Van Aert
Même en vacances, le champion belge n’arrête pas. Il a récemment pris part à une épreuve en… trail (course à pied), les 10-miles d’Anvers.
Avec le cyclo-cross en tête, probablement.
8 – Vélo de route tout-terrain (gravel bike)
9 – WolfPack sur Paris-Roubaix
10 – Paris-Roubaix amateur
Si vous avez cette ambition un jour, reportage sur l’expérience d’un cycliste amateur sur cette épreuve, le sympathique Monsieur Phal que je suis depuis plusieurs mois déjà sur YouTube.
11 – Lance Armstrong
Longue entrevue très complaisante avec Lance Armstrong, pour ceux qui ne connaitrait pas le gus et qui voudrait en apprendre plus sur sa vie, version Lance bien sûr.
J’ai écouté une grande partie, pour rester bien informé sur ce sinistre personnage qui continue de vivre dans « sa » réalité, une réalité parallèle au monde du réel. Ce qui est d’ailleurs le propre des psychopathes.
12 – Coupe Québec de cyclo-cross – épreuve de Sherbrooke
Le cyclo-cross a bien repris au Québec cet automne, et la prochaine épreuve c’est ce samedi à Sherbrooke sur un super-parcours situé à quelque pas du Parc Jacques Cartier où l’événement se tenait dans les années précédentes.
Les inscriptions sont ici, vous avez jusque vendredi midi. Inscriptions sur place également disponibles, tarifs majorés.
Tous les détails de l’événement sont ici.
13 – Surprise!
Petit spin ce soir après le boulôt tous les deux Steph, pace confortable?
Partant Laurent!
J’me pointe au rendez-vous, tombe sur P.-O. qui se change dans sa van sur le stationnement, un sourire en coin. Personne d’autre.
J’aurais dû me méfier.
Débaroule Julien. Aie. Qu’est ce que tu fais ici toi?
Puis Maxime.
Étienne. Jérome. Et finalement Steph.
Toute la bande!
J’ai compris, mais trop tard.
Et j’avais certainement pas prévu ca physiquement. Les boys, on est le 12 octobre, on va rouler pépère hein?
Je passe les statistiques de la sortie, des enfants peuvent nous lire.
Ou Antoine Vayer…!
Les seules allures pépère de la ride, réservées à la traversée des villages.
Les rides improvisées sont toujours les meilleures. Ca sentait bon l’automne du côté de Martinville.
Merci les boys pour cette troisième soirée cette saison pour moi… ca a fait sacrément du bien, vous avez eu raison.
M’a surtout donné une bonne dose de motivation pour les prochains mois, question de ne pas être ridicule au printemps prochain… ni sur mes skis cet hiver en croisant P.-O.!

Un récent tweet de Romain Bardet, auteur d’un beau Tour de Lombardie (8e), fait réagir le monde du cyclisme professionnel ces jours-ci.
Quand je vois ces images du Tour d’Emilie, une de mes courses préférées, je n’ai pas l’impression d’avoir monté le même versant de San Luca ces années-là (pour la faire simple 2 bornes à 10 %), c’était du moto GP cette année ?
Romain bardet
C’est vrai que les accélérations d’Evenepoel et de Roglic dans l’ascension finale étaient très impressionnantes.
C’est assez rare qu’un coureur pro en activité ose ainsi se poser des questions publiquement.
Du coup, ils sont nombreux à réagir.
Un bon résumé des réactions est disponible ici, dans cet article publié par le journal français Ouest-France. Warren Barguil, Maxime Bouet, Guillaume Martin y confient leurs impressions personnelles.
C’est vrai que globalement cette saison, les watts sont repartis à la hausse, les moyennes aussi. Les calculs de puissance de Vayer et Portoleau vont dans le même sens, notamment sur la récente Vuelta où Roglic a quand même épinglé quelques perfs assez exceptionnelles.
Je suis assez d’accord avec le fait d’être prudent et de ne pas attribuer tous les progrès en watts au dopage; certains viennent certainement de vélos au meilleur rendement, du développement de la science de l’entrainement, des progrès en nutrition et préparation physique générale, de l’usage plus répandu des stages en altitude, des micro-coupures permettant aussi des conditions physiques plus stables à de haut niveau, etc.
Mais on ne peut pas exclure non plus le recours à de nouvelles formes de dopage pour autant! Certains faits troublants ont été observés cette saison. Et beaucoup de très jeunes coureurs affichent une précocité surprenante.
Du coup, je vous ai souvent écrit depuis ces derniers mois que je me pose aussi des questions devant certaines performances ou certaines séries de succès, notamment celle de l’équipe Bahrain-Victorious cette saison. Ca a commencé avec la 2e place de Caruso sur le dernier Giro.
Avec Marc Kluszczynski, fin observateur du cyclisme, on a essayé de faire le tour de la question des nouvelles formes de dopage, dans une série de deux articles diffusés récemment sur La Flamme Rouge. C’est ici et ici.
Marc Kluszczynski a lui-aussi réagi au récent tweet de Romain Bardet, et il revient sur la situation en se posant la question suivante: comment parler de dopage dans le cyclisme?
Je diffuse aujourd’hui son texte, en le remerciant de cette nouvelle contribution pour La Flamme Rouge.
Le dopage est un sujet difficile. Quel cycliste se dope ? Tous les cyclistes sont-ils dopés ? Faut-il attendre un cas positif pour écrire sur le sujet ?
On peut tout de suite éliminer ce dernier choix, considérant qu’un cycliste comme Lance Armstrong n’a jamais été contrôlé (officiellement) positif. Il n’est pas le seul ! Tous les cyclistes du World Tour ne sont certainement pas tous des tricheurs. Par exemple, l’irlandais Dan Martin (ISN) vient de prendre sa retraite. Il déclare partir la tête haute, comprenons qu’il n’a jamais cédé au dopage, malgré son passage chez UAE Emirates en 2018 et 2019. Sa dernière année n’aura été marquée que par une victoire d’étape au Giro. Son meilleur résultat sur un Grand Tour a été une 4ème place à la Vuelta 2020. On se souvient aussi de sa victoire en 2013 à Liège-Bastogne-Liège et de sa chute dans le dernier virage l’année d’après alors qu’il était encore bien placé pour la victoire. Mais Dan Martin n’en dira pas plus sur le dopage, l’omerta étant encore de mise dans le peloton.
Cette année, devant les performances de certains, en forme de février à octobre, certains pro français encore en exercice ont osé parler. Leur propos rassure sur la manière de traiter le sujet sur la Flamme Rouge. S’ils nous lisent, merci à eux pour leurs déclarations sans équivoques.
David Gaudu (GFC) déclarait le 8 octobre avant le Tour de Lombardie : « Cela roule beaucoup plus vite qu’avant dans le peloton ! Avec le niveau stratosphérique de Primož Roglič, il faut battre ses records tous les jours sur toutes les arrivées un peu difficiles. C’est une année où cela roule vraiment très très vite ». Quand on pense que le gars a été orienté vers le saut à skis dans sa jeunesse, cherchez l’erreur !
Alexis Vuilllermoz (TotalEnergies), de retour dans le peloton suite à sa chute du CLM du Tour de Suisse, parlait d’une reprise délicate au Tour d’Emilie Romagne « Formule I ».
Sur la même course, Romain Bardet (DSM) comparait la montée de San Luca (2 km à 10%) à une compétition de Moto GP cette année tant la vitesse atteinte par Roglič (Jumbo Visma) vainqueur au général, était élevée.
Il faut donc continuer à écrire sur le dopage alimenté par les soupçons apportés par les surhommes du vélo. Merci à eux aussi : ils se tirent une balle dans le pied !

Le Tour des Émirats arabes unis (février)
Tirreno-Adriatico (mars)
Liège-Bastogne-Liège (avril)
Le Tour de Slovénie (juin)
Le Tour de France, avec trois victoires d’étape, le classement du meilleur grimpeur et du meilleur jeune (juillet)
Et maintenant, le Tour de Lombardie (octobre)
Ha oui, et au passage plusieurs belles places sur des grandes courses, notamment la médaille de bronze lors de la course sur route des Jeux olympiques (juillet).
Il vient d’avoir… 23 ans.
Tadej Pogacar a fait une saison « à la Merckx« , c’est à dire en gagnant de février à octobre.
Fort, très fort.
Pogacar, c’est bien lui le nouveau Merckx.
Deux Monuments dans la même saison, en plus du Tour de France. Seuls Fausto Coppi et Eddy Merckx avant lui avaient réalisé pareil exploit. Ouf.
Pensez-y deux minutes: être capable après un début de saison chargé et après avoir épinglé le Tour de se remotiver, de refaire des sacrifices à l’entrainement pour revenir en grande forme et s’imposer lors de la dernière grande course de la saison, en octobre… Beaucoup d’autres coureurs ont déjà (dans le passé) et auraient dit après le Tour « à l’an prochain ».
Sa course samedi en Lombardie a été limpide: il est sorti sur un contre en répondant à Vicenzo Nibali qui a mis le feu aux poudres au début de la dernière difficulté du jour. L’accélération de Pogo a été foudroyante, personne n’a pu suivre. Il y avait pourtant du beau monde avec lui à ce moment, notamment Roglic, Alaphilippe, Woods et Yates.
Jusque là, la course avait été rapide, et tout le monde commençait à être dans le dur.
Seul un très surprenant Fausto Masnada est parvenu à rentrer sur le champion slovène seul devant, au prix d’une belle poursuite notamment dans la descente juste après.
Masnada était sur des routes qu’il connait par coeur, ce qui l’a aidé à rentrer.
Le duo n’a plus été revu et Pogacar n’a pas eu de mal à disposer de l’Italien dans le sprint. Une formalité.
Ce qui pose une question: la Deceuninck a-t-elle jouée la bonne carte samedi? Celle d’Alaphilippe ne leur aurait-elle pas permis de nourrir d’autres espoirs?
Remco Evenepoel, lui, n’était pas dans un grand jour et a déclaré à l’arrivée avoir eu une panne de jambes de cinq minutes au plus mauvais moment. Bizarre quand même.
Mention très bien quand même à Masnada, un homme de l’automne, qui a réussi à rester au contact de Pogo dans la dernière petite bosse du Colle Aperto à quatre kilomètres de l’arrivée. C’était noir de monde dans cette ascension, le cyclisme italien à son meilleur!
Bref, Pogo va passer un très bel hiver, serein. Ses adversaires, moins: je suis sûr qu’il y en a plusieurs qui se demandent aujourd’hui comment on pourra battre le champion slovène l’an prochain!
Revoilà El bala
Incroyable mais vrai: quelques semaines après sa violente chute sur la Vuelta, AleJet Valverde, 41 balais, termine 5e du Tour de Lombardie.
Je n’en reviens pas de ce type. Quelle motivation!
Woods 9e…
… et dernier du sprint au sein du premier groupe de chasse derrière Pogo et Masnada.
Mike Woods était fort samedi, aucun doute là-dessus: il a été un des seuls à notamment pouvoir répondre aux relances d’un Romain Bardet bien en jambes dans les derniers kilomètres.
Mais il n’a pas pu aller chercher la 3e place. Sûr qu’Alaf, Valverde ou encore Roglic sont plus rapides que lui au sprint.
La saison de Mike Woods aura été à cette image: beaucoup de belles places, mais peu de podiums.
Deux victoires, une étape du Tour de Romandie et une autre sur le Tour des Alpes Maritimes et du Var en début de saison.
On retiendra un mot de sa saison 2021, qui donne espoir pour 2022: constant.
Mike Woods a été constant en 2021. Il est désormais capable de toujours faire le final de toutes les courses difficiles et accidentées avec les meilleurs cyclistes du monde dans ce registre.
Il faut maintenant qu’il trouve comment gagner.
Il ne dispose pas du sprint comme arme. Il va falloir trouver autre chose.
Perso, je pense qu’il peut marquer les esprits et se constituer un beau palmarès en étant plus spécifique sur les étapes et courses d’un jour qu’il choisit pour jouer la gagne: ca lui prend des arrivées en altitude, c’est aussi simple que cela.
Les grands tours en regorgent.
On se souviendra tous de sa 2e place sur l’étape-reine du Tour de Suisse, une 2e place crève-coeur car il était le plus fort ce jour-là.

115e édition du Tour de Lombardie demain samedi.
La « course aux feuilles mortes »!
Et la course de Fausto Coppi, quintuple vainqueur et jamais égalé. Vicenzo Nibali est le coureur encore en activité le plus titré sur ce Monument, avec deux victoires. Une troisième victoire samedi lui permettrait de faire jeu égal avec Henri Pelissier, Costante Girardengo, Gaetano Belloni, Gino Bartali, Sean Kelly et Damiano Cunego, plus près de nous.
C’est dire si s’imposer plusieurs fois sur cette course de fin de saison est difficile. À la difficulté du parcours, il faut savoir entretenir sa motivation et gérer sa fatigue au terme d’une longue saison.
Au menu de Messieurs les coureurs, 239 kilomètres entre Côme et Bergame.
4400 mètres de dénivelé!
Les coureurs attaqueront par le traditionnel pèlerinage à la Madonna des Ghisallo, patronne universelle des cyclistes.
Suivront une succession de belles ascensions jusqu’au Passo di Ganda où la course devrait se jouer.
Le défi, c’est que le sommet de cette dernière bosse, qui comporte des rampes à 15% dans son final, se situe à… 32 kms de l’arrivée. Ceux qui basculeront avec une petite minute de retard en haut pourront encore espérer rentrer sur la tête de course si ca collabore bien.


Pour les grimpeurs, il faudra donc bien gérer ces 30 derniers kilomètres. Ne pas partir seul est probablement une bonne idée.
Et les trois derniers kilomètres sont en descente, très roulants.
Ca sera assurément un final compliqué!
Surtout que côté météo, on annonce des averses de pluie. Les descentes pourraient être dangereuses, surtout que les coureurs y prendront des risques avec des écarts probablement peu importants au sommet des bosses.
Départ à 10h20 heure de Côme, 4h20 du matin heure du Québec.
20 000 euros au vainqueur.
Les favoris
Deux archi-favoris: Remco Evenepoel et Primoz Roglic.
Remco Evenepoel est en très grande condition, sa récente victoire sur la Coppa Bernocchi acquise après 40 bornes solo sous la pluie ne laissant aucun doute.
En voilà un qui ne faudra pas laisser partir dans le Passo di Ganda voire dans l’ascension précédente car il est capable de résister solo au retour de ses poursuivants.
Son équipe Deceuninck dispose d’une véritable armada: Alaf, Devenyns, Almeida surtout, très fort en ce moment, ainsi que Masnada.
Je pense que Remco a besoin d’une victoire en Lombardie pour clore la polémique qui fait rage en Belgique sur la stratégie de l’équipe nationale sur les Mondiaux. Eddy Merckx, Remco lui-même en ont rajouté cette semaine, ce n’est pas bon.
Et il voudra également « effacer » sa chute survenue en 2020 sur la même course.
Ses équipiers Alaf et Almeida peuvent aussi s’imposer c’est clair. Faudra voir comment la Deceuninck orchestrera sa course d’équipe, surtout pour éviter de nouvelles polémiques!
Leur adversaire principal sera Primoz Roglic, littéralement impérial mercredi sur Milan-Turin. Les autres avaient l’air de cadets! Vraiment très, très fort. Il faudra voir si un certain Jonas Vingegaard pourra l’aider.
Parmi les autres favoris, Adam Yates chez Ineos, lui aussi très fort sur Milan-Turin. Ineos aligne également Gianni Moscon, auteur d’un grand Paris-Roubaix.
Tadej Pogacar semble encore en progression et il devrait être dans le coup samedi après une 4e place mercredi.
Mike Woods sera lui aussi à surveiller. Les ascensions lui conviennent, mais peut-être moins le final car si ca devait arriver au sein d’une petite échappée royale, on sait tous que le sprint n’est pas la première qualité du coureur canadien.
Côté français, trois coureurs à surveiller: David Gaudu d’abord, Thibault Pinot ensuite, et enfin Benoit Cosnefroy. Guillaume Martin semble un peu juste.
Vlasov, Ulissi, Valverde – incroyable 10e de Milan-Turin – peuvent aussi prétendre au podium samedi.
D’autres bons coureurs sont au départ: Nibali bien sûr, son coéquipier Mollema vainqueur en 2019, Majka, Powless, Pozzovivo, Quintana et Lutsenko.
Les Canadiens
Outre Mike Woods, pas d’autres coureurs canadiens au départ, mais la liste finale des partants n’était pas encore disponible au moment d’écrire ces lignes.
Les femmes
Pas de Giro di Lombardia chez les femmes, du moins pour l’instant.
Et à propos de cyclisme féminin, ce beau vidéo « The Run Up » tourné à l’approche du récent Paris-Roubaix.
Milan-Turin
C’est ici, pour ceux qui auraient manqué ce beau final. Commentaires en portugais, je sais, mais c’est mieux que rien!

Quelques mots, échangés il y a des années au départ des courses.
Une fraternité dans l’effort, le cyclisme étant un sport si dur.
Le respect, toujours.
La Flamme Rouge, aussi. Ca rapproche parfois, malgré la distance physique entre nous.
Puis la vie qui te sépare, mais pas si différente au fond pour lui et moi.
Des enfants à s’occuper, une carrière. Métro, boulôt, dodo. Les années passent.
Survient la tuile. La vie est rarement un long fleuve tranquille. Surtout en vieillissant.
Tu espères le mieux, discrètement. Quelques mois plus tard, t’es heureux d’apprendre que l’enjeu est maîtrisé. Tu as certes gardé le silence, mais tu es fier de voir qu’une fois de plus, un coureur cycliste a montré de quel bois il était fait.
Après tout, nous sommes de sacrés gaillards.
De nouveau, t’es admiratif de ses exploits, de sa passion pour le cyclisme. De très bons résultats cette saison. Je suppose que souffrir sur un vélo n’est pas grand chose quant on a traversé l’enfer.
L’enfer se représente.
Petite salope.
Alors le compte-rendu de Milan-Turin attendra un peu. Jamais été là pour faire de l’audimat, encore moins du cash.
Aucun doute, la petite salope sera vaincue, car elle est seule: lui ne l’est pas.
Ce n’est qu’une question de temps, de patience: porter l’attaque au bon moment.
Sait pas à qui elle a à faire, cette petite salope: le gars est un teigneux, dans le bon sens du terme. Capable de rouler 250 bornes solo, pour les bonnes raisons.
Et de repartir le lendemain.
Lâchera jamais l’affaire.
Aujourd’hui, je pense à lui.
Prompt rétablissement, champ.
Demain, la route ne sera que plus belle.