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Il va falloir attendre

1 – Dans l’affaire de dopage qui secoue l’Espagne et tout le monde du cyclisme, il va falloir attendre les suites de l’opération. Difficile donc d’entrevoir actuellement les conséquences de cette opération comme des coureurs qui seraient impliqués dans ce vaste réseau de dopage sanguin. Comme un lecteur nous le faisait remarquer hier, il s’agit effectivement d’auto-transfusion. Mentionnons simplement parmi les nouvelles qui transpirent en ce moment que « Jan Ullrich et Ivan Basso seraient sur la liste des 200 clients de Fuentes »:http://www.rtl.be/page/rtlinfo/articles/sportarticle/229.aspx?articleid=60135, ce qui est inquiétant. Mentionnons enfin que « l’équipe de Manolo Saiz semblerait poursuivre ses activités jusqu’à la fin de l’année, misant sur son autre sponsor Wurth »:http://www.cyclingnews.com/news.php?id=news/2006/may06/may26news2. On verra si le Tour de France acceptera de prendre une telle équipe sur son épreuve si des accusations formelles et des preuves irréfutables d’un dopage organisé par certains de ses membres étaient déposées.

2 – « Vu sur le Giro »:http://www.cyclingnews.com/photos/2006/giro06/index.php?id=/photos/2006/giro06/giro0618/fs-024. Sympa.

3 – « L’étape d’aujourd’hui sera musclée, avec 4 ascensions dont la Marmolada, le Pordoi et la montée finale sur le San Pellegrino »:http://www.cyclingnews.com/road/2006//giro06/?id=stages/giro0619. Avec 3 semaines de course dans les guibolles ainsi que pas mal de mauvais temps, les coureurs vont souffrir aujourd’hui et il pourrait y avoir pas mal d’abandon, même si nous sommes à 48h de l’arrivée. Encore une fois, misez Basso ou Piepoli, même si nous attendons toujours un coup d’éclat de DiLuca ou de Cunego pour racheter leur Giro.

Liberty Seguros : c’est terminé!

La nouvelle est énorme. « La compagnie Liberty Seguros a annoncé ce matin qu’elle stoppait immédiatement le sponsoring de son équipe cycliste ProTour »:http://www.cyclingnews.com/news.php?id=news/2006/may06/may25news3. Cette nouvelle fait suite à l’opération anti-dopage, intitulée « Operacion Puerto », actuellement en cours en Espagne.

Pour ceux qui lisent l’espagnol, « l’article d’El Pais est ici »:http://www.elpais.es/articulo/deportes/Liberty/Seguros/cancela/contrato/patrocinio/equipo/ciclista/Manuel/Saiz/elppordep/20060525elpepudep_6/Tes/.

Pour l’instant, « aucune nouvelle du retrait du sponsor sur le site officiel de l’équipe »:http://www.libertyseguroswurth.com/index.asp?idioma=1.

Vinokourov est donc depuis ce matin au chômage, comme tous ses équipiers dont certains sont actuellement sur le Giro. Repartiront-ils demain ?

On vous disait que cette affaire qui secoue l’Espagne ferait probablement du bruit, l’opération ayant été de toute évidence montée méticuleusement par la police espagnole (on ne place pas des caméras de surveillance sans avoir bien ficellé son affaire auparavant…). Nous ne croyions cependant pas que l’affaire aurait des conséquences aussi rapides. Liberty Seguros aurait-elle eu accès à des informations accablantes à partir desquelles elle aurait bien compris que le scandale serait énorme, préférant alors se retirer dès maintenant ? À suivre…

On apprend également ce matin que les enquêteurs ont localisé lors des perquisitions des milliers de produits anabolisants, de l’EPO et des hormones de croissance fabriquées en Chine, ainsi que toute sorte de médicaments provenant d’un hôpital allemand. Aie aie aie.

Si un scandale éclatait et mettait à jour les techniques actuellement utilisées par les coureurs pros, ce serait accablant puisque cela signifierait que rien n’a changé depuis l’affaire Festina. Quel discrédit pour toutes les instances administratives du cyclisme, l’UCI en premier lieu, qui tiennent depuis plusieurs années des discours rassurants quant au dopage dans ce sport!

Étape galvaudée sur le Giro, retraite de Bessette et l’Espagne à l’heure du dopage

1 – « Victoire – arrangée – de Piepoli aujourd’hui sur le Giro »:http://www.cyclingnews.com/road/2006/giro06/?id=results/giro0617 dans une étape amputée de ses cinq derniers kms en raison d’une météo défavorable. Victoire arrangée puisqu’il est clair que Basso et Piepoli s’étaient entendu dans le dernier km. À Piepoli de faire le travail en échange de la victoire d’étape, à Basso le bénéfice de creuser davantage encore son avance sur son plus proche poursuivant, le surprenant Gutierrez Cataluna. On pourra s’élever contre cette entorse à la dure loi du sport – que le meilleur gagne! – mais c’est courant en cyclisme dans une telle situation.

La décision de la direction de course d’amputer l’étape nous semble franchement plus discutable. S’il faisait effectivement très froid (3 degrés à 1700m, moins encore à 2300m d’altitude), il semble que la route était libre de toute neige. La pluie était alors le seul obstacle à la progression des coureurs. On était donc loin selon nous des conditions vues dans le col du Galibier en 1996 et qui avaient entraîné l’amputation d’une partie de l’étape qui se terminait à Sestrières (victoire de Riis sur les 46 kms de l’étape). Et encore plus loin des fameuses conditions vues sur le Gavia en 1988. Bref, on l’a joué un peu léger selon nous, peut-être parce que la direction de course a voulu tenir compte de la météo capricieuse depuis le départ du Giro en Belgique ainsi que les prochains jours qui sont encore musclés…

2 – La surprise est de taille et nous ne l’avons pas vu venir: « Lyne Bessette a annoncé aujourd’hui sa retraite sportive en conférence de presse à Montréal »:http://www.radio-canada.ca/sports/cyclisme/2006/05/24/002-bessetteRetraite.shtml. Rentrée prématurément du Tour de l’Aude après un abandon « surprise » là-aussi, on se demandait ce qui se passait à quelques jours de l’épreuve de la Coupe du Monde sur le Mt Royal. Bessette a justifié sa décision par les blessures à répétition qu’elle connaissait cette saison, par la crainte des chutes dans ce contexte ainsi que par la pression constante qui découle du fait d’évoluer au plus haut niveau. On a l’impression que le plaisir n’y était plus chez Bessette, surtout du moment que l’idée de la retraite trottait déjà dans sa tête depuis les JO d’Athènes.

Cette nouvelle est évidemment un coup dur pour le cyclisme canadien et québécois puisqu’il perd ses deux plus grandes championnes en moins de 6 mois, Jeanson ayant tiré sa révérence plus tôt cette saison dans des circonstances plus troublantes. La relève repose désormais essentiellement sur Audrey Lemieux qui continue son apprentissage au plus haut niveau.

Rappelons que « Lyne Bessette »:http://www.geocities.com/lynebessette/ s’était révélée au grand public en 1998 grâce à sa victoire à la course sur route des Jeux du Commonwealth à Kuala Lumpur. Chez les américains de Saturn dès 1999, elle avait remporté cette année là le prestigieux Tour de l’Aude puis terminé 2e sur le Mt Royal. Après une année 2000 en demi-teinte (22e place aux JO de Sydney dans la contreverse avec Jeanson qui avait roulé contre elle dans le final), elle signait une nouvelle victoire au Tour de l’Aude en 2001 qui restera sa meilleure saison avec également un titre de championne canadienne sur route et une 3e place sur le Mt Royal. 2e du Tour de l’Aude en 2003 (cette course lui convenait décidemment très bien), elle devenait cette année là championne canadienne du clm. Sa dernière grande victoire sur route fut acquise en 2004 avec un nouveau titre de championne canadienne, titre acquis au sein d’une nouvelle équipe Quark. Elle termina cette même année 16e du clm des JO avant d’abandonner sur chute la course sur route. Laissant Quark en 2005 pour courir pour Louis Garneau, elle se consacra au cyclo-cross ou elle obtenu d’excellents résultats dont un nouveau titre de championne canadienne dans cette discipline, portant à 4 son cumul. Après une nouvelle excellente saison de cyclo-cross durant l’hiver 2005-06, elle annonçait fièrement (« Je m’en vais dans la Ligue nationale ! ») – on la comprend – la signature d’un contrat avec la nouvelle équipe féminine T-Mobile, d’entrée une puissance formation du cyclisme féminin. 4 mois plus tard, c’est la retraite.

On terminera en rappelant quelques éléments marquants de sa carrière. D’une part, ses différents fréquents avec Jeanson. Les deux rivalisant pour le titre de meilleure cycliste canadienne, comment pouvait-il en être autrement ? Quelques épisodes ont été plus critiques, notamment l’incident des JO de Sydney ainsi que les déclarations de Bessette suite à l’interdiction de départ pour un taux d’hématocrite trop élevé reçu par Jeanson aux Mondiaux d’Hamilton en 2003. D’autre part, on peut probablement dire que Bessette aura malheureusement manqué de réussite sur les grandes épreuves internationales que sont les JO et les Mondiaux, n’ayant pas réussi à s’y distinguer réellement, souvent en raison de la malchance. Enfin, on se souviendra tout particulièrement du franc parler de cette cycliste, une fille qui disait toujours ce qu’elle pensait et ce, très directement, avec ou sans micro, une qualité rare dans le milieu et qui nous la faisait apprécier tout particulièrement. Elle a d’ailleurs eu durant sa carrière quelques prises de bec assez pimentées avec des journalistes, notamment avec Diane Sauvé de Radio-Canada lors des Mondiaux 2002 à Zolder si notre mémoire est bonne.

Lyne, ta fraicheur dans ce monde du cyclisme parfois si drable et si « langue de bois » nous manquera. C’est bizarre mais ca nous fera tout drôle de ne pas te trouver dans le peloton de Montréal-Québec cette année…

3 – Le havre de paix qu’était l’Espagne quant au dopage est sur le point de s’effondrer. En effet, l’Espagne était jusqu’ici le seul pays qui n’avait pas vraiment connu un grand scandale de dopage. On a commencé plus tard qu’en France, en Italie ou en Belgique à parler de ce fléau, en 2004 en fait avec l’affaire Manzano, puis avec les scandales Hamilton et Perez à la Vuelta et enfin le scandale Heras l’an dernier. Tout cela ne touchait que des coureurs cyclistes mais jamais le milieu du cyclisme – médecins, soigneurs, etc. – espagnol.

Ca risque de changer avec les ramifications de la procédure en cours et qui semblerait porter sur un traffic de sang oxygéné destiné aux coureurs cyclistes espagnols comme internationaux, dont certains seraient actuellement sur le Giro!, qui se doperaient par homo-transfusion. On sait que cette forme de dopage est de loin celle qui, actuellement, est la plus sécuritaire puisqu’il n’existe aucun moyen de détection. Comme pour l’hormone de croissance soit dit en passant. « Il faut lire cet intéressant article qui donne le point sur ce qu’on sait actuellement de l’opération en cours »:http://www.velo-club.net/article?sid=32250. Stéphane Mandard au Monde a évidemment signé un article sur le sujet lui-aussi, « excellent article disponible ici »:http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3242,36-775442@51-775541,0.html.

La police espagnole aurait saisi d’importantes quantités de poches de sang ainsi que – et c’est le plus important – des documents permettant d’identifier les destinataires ou les utilisateurs de ces poches de sang. « On apprend ce matin que la police serait en possession des fiches de quelques… 200 coureurs (!!!) d’élite des principales équipes espagnoles, dont la plupart de ceux connus à l’exception de Valverde »:http://www.7sur7.be/hln/cch/det/art_213089.html?wt.bron=hlnBottomArtikels. Ces coureurs auraient même été filmés à leur insu par des caméras placées par la garde civile devant la porte d’un appartement madrilène où ils se rendaient pour des prélèvements de sang. Aie aie aie, on a l’impression que l’étau va rapidement se resserrer maintenant et que ce scandale pourrait sérieusement secouer le monde du cyclisme dans les prochaines semaines.

Le point de départ de l’enquête aurait été les révélations faites par Manzano et il est donc probable que la police montait le coup depuis quelques temps déjà.

Il est trop tôt pour entrevoir toutes les suites de cette opération mais ca sera très intéressant dans les prochaines semaines si jamais il y a des accusés formellement. Suite au réveil de l’Espagne face au dopage, il sera également intéressant de suivre la stratégie des coureurs, notamment américains puisqu’ils ont établi, depuis quelques années déjà, leur camp de base à Gérone. Trouvera-t-on dans les prochains mois le climat du Portugal plus approprié à la préparation cycliste?!

Saiz, Basso, Plan de Corones, des bidons, Dope-story…

1 – « La nouvelle du jour est évidemment cette opération anti-dopage d’envergure en Espagne et qui a mené à l’arrestation de Manolo Saiz »:http://www.cyclingnews.com/news.php?id=news/2006/may06/may23news3, le directeur sportif de l’équipe Liberty Seguros (Vinokourov entre autre) et un personnage important du cyclisme puisqu’il est manager depuis fort longtemps (il était déjà le directeur sportif de la puissante ONCE des années 1990).

Il est évidemment trop tôt pour se prononcer sur les modalités, les raisons et les conséquences de cette opération. Attendons de voir les prochains jours, et notamment si Saiz se « mettra à table » sous la pression policière. Tout au plus peut-on actuellement penser que la police détenait suffisemment de preuves pour arrêter formellement Saiz et trois autres personnes, dont le sulfureux médecin Eufemiano Fuentes Rodríguez, pas toujours clair (et notamment écorché par l’affaire Manzano il y a quelques années).

Plus inquiétant, la dépêche de l’AFP mentionnait l’existence de liens entre ce médecin espagnol et l’équipe… CSC qui domine actuellement grâce à Basso sur le Giro d’Italie. Inquiétant… même si on ne se fait guère d’illusions sur les moeurs de Bjarne Riis.

2 – Parlant Giro, justement, « on a assisté aujourd’hui à un récital de Basso sur les pentes du Monte Bondone »:http://www.cyclingnews.com/road/2006/giro06/?id=results/giro0616. Bien emmené au pied par Voigt, puis Gustov, puis Cuesta, puis Sastre, Basso a également tiré profit du travail de Piepoli et Simoni qui ont provoqué la sélection. Simoni était toutefois sans réaction lorsque Basso relança l’allure à 6,5 km du sommet. Au final, Basso s’impose avec presque 1min30 d’avance sur Simoni, une valise. Le reste est perdu dans la brume, loin derrière. Le Giro est terminé, sauf pépins (accidents, chutes, etc.). La lutte se concentrera désormais sur la 3e place disputée par Savoldelli et Simoni. Les deux n’ont que 17 secondes d’écart, à la faveur d’Il Falco. Gageons que Simoni essaiera de distancer Savoldelli dans les prochains jours afin de monter sur le podium à Milan. Il devrait logiquement y parvenir, probablement demain sur les pentes redoutables du Plan de Corones.

Deux éléments nous ont frappé aujourd’hui: d’une part, la technique de Basso, inspirée très largement de celle d’Armstrong. Une cadence de pédalage élevée dans les cols ainsi qu’une position très relevée, lui permettant – comme Armstrong – de monter les mains aux cocottes de frein et non sur le haut du cintre. Basso a visiblement modifié assez substentiellement sa position au cours des deux dernières années, étant beaucoup plus reculé sur sa machine lorsqu’il était chez Ferretti. On l’a donc avancé sur le vélo et on a baissé sa selle, lui permettant de mieux mouliner. On pourrait en ce sens parler de deux visions dans la position du cycliste, l’européenne (selle plus haute, plus à l’arrière du vélo) et l’américaine (selle moins haute, plus à l’avant du vélo).

D’autre part, la belle prestation d’Ullrich qui termine cette étape en 30e position, à 5min27 de Basso. C’est loin, mais Ullrich concède moins d’une minute sur Cunego et à peine un peu plus qu’une minute sur DiLuca. Pour un coureur en petite forme au début du Giro qui marquait sa rentrée en compétition, on trouve que sa condition s’améliore très rapidement. C’est Basso qui peut être inquiet pour le prochain Tour de France!

Il convient également de souligner, en terminant, la perf du Français John Gadret, 5e de l’étape. Impressionnant pour un champion de France de… cyclo-cross!

3 – « Voici un excellent vidéo du Plan de Corones »:http://video.google.com/videoplay?docid=5275246978673943129, fait par un amateur – et assurement passionné de cyclisme – italien. 10 minutes de pur bonheur et ou on a une bonne appréciation de cette montée qui sera sans aucun doute à l’origine d’une étape dantesque aujourd’hui sur le Giro. Merci à Rooxy pour le lien.

4 – On s’amuse comme on peut pour les autres coureurs du Giro. José Antonio Garrido, un coureur chez Quick Step, a impressionné la caravane en transportant… 16 bidons à ses équipiers il y a quelques jours. Une dans sa bouche, deux dans les poches, deux sur les porte-bidons, six sous le devant du maillot et cinq derrière! Hier, Sacchi, chez Milram, a battu le record en transportant… 18 bidons. Du coup, Garrido a signifié son intention d’améliorer la marque avec 20 bidons d’un seul coup, ce qui fera plus de 5 litres de boissons!!! Garrido a d’ailleurs affirmé avoir déjà fait un test. Espérons pour lui qu’il n’y aura pas de coup de vent à ce moment là de la course! Quant au champion italien Francesco Moser, il a déjà promis au détenteur du record de lui donner le même nombre de bouteilles de vin à la fin du Giro. Rigolo.

5 –
On a lu pour vous le livre « Dope Story – Dix ans de dopage-réalité » récemment publié aux Éditions Logiques et dont l’auteur est Robert Frosi, journaliste à Radio-Canada et un habitué de l’émission Indicatif Présent de Marie-France Bazzo. Disponible dans les librairies du Québec, ce livre est en fait un recueil d’une dizaine d’entrevues que l’auteur a fait avec des personnalités impliquées à divers niveaux dans le monde du dopage. On y retrouve ainsi une entrevue avec Philippe Gaumont (athlète en cyclisme), avec Stéphane Desaulty (athlète en athlétisme), Willy Voet (soigneur chez Festina), Jean-Pierre de Mondenard (médecin et auteur de la bible « Dictionnaire du dopage »:http://www.le-sportif.com/boutique/dictionnaire-du-dopage-substances-procedes-conduites-dangers-livres-et-guides-librairie-libr-air.html), Brigitte Chaboud (athlète en ski alpin), William Lowenstein (médecin, fondateur de la clinique Montevideo pour athlète en difficulté avec le dopage), Jacques (prénom fictif, athlète au foot), Patrick (prénom fictif, athlète au tennis), Jean-Paul Escande (médecin, président de la Commission nationale de lutte contre le dopage) et Gérard Dine (médecin-biologiste, spécialiste des questions de thérapie génique). Selon l’auteur, le but du livre n’est pas d’être un traité exhaustif sur le dopage ni un état des lieux mais plutôt un objet de réflexion permettant, peut-être, d’ouvrir le débat.

Relativement court (229 pages), ce livre constitue selon nous un excellent départ pour ceux qui n’ont jamais lu sur le dopage dans le sport et qui ignorent tout de cette dure réalité. En effet, les entrevues menées sont largement assez en profondeur pour vous faire perdre bon nombre d’illusions quant à la façon dont les athlètes de haut niveau parviennent à courir le 100m en moins de 10 secondes ou à escalader des cols à 28 de moyenne après 6h de course. En ce sens, nous le recommandons à tout ceux qui sont néophytes dans le domaine.

Pour les initiés par contre, le livre est décevant puisqu’il n’apporte rien de vraiment nouveau dans ce vaste dossier qu’est le dopage dans le sport. Pourquoi en effet se contenter d’une entrevue de quelques pages avec Philippe Gaumont quant on peut aller directement à la source et lire son livre « Prisonnier du dopage »:http://www.amazon.fr/exec/obidos/ASIN/2246684315/171-6180861-6044269 ? Idem pour Willy Voet: il est 100 fois préférable d’acheter le bouquin culte de cet auteur, « Massacre à la chaîne »:http://www.amazon.fr/exec/obidos/ASIN/2290300624/171-6180861-6044269. Ces deux personnes ne disent en effet rien de nouveau par rapport à ce qu’ils avaient déjà dit, en plus complet. Les initiés ne pourront s’empêcher de penser que Frosi a manqué une belle occasion de se distinguer en confrontant des entrevues d’acteurs opposés dans la lutte contre le dopage, ce qui lui aurait permis d’apporter un angle intéressant en plus de mettre en évidence toute la confusion et la contradiction des discours sur ce sujet. On aurait ainsi pu interviewer – si possible évidemment – et mettre en relief les positions de Juan Antonio Samaranch et de Dick Pound par exemple. Ou de Christine Ayotte et certains présidents ou membres de commission UCI contre le dopage (Miguel Indurain, Francesco Moser…).

Un chapitre satisfera toutefois tout le monde, néophytes comme initiés des questions de dopage dans le sport, celui qui rend compte de l’entrevue avec Jean-Pierre de Mondenard. Mondenard approfondi réellement son sujet et livre ses réflexions profondes sur ce fléau. Il contribue à nous faire réfléchir sur les réalités du dopage en apportant certains points de vue qui, de toute évidence, sont le fruit d’un homme d’idées. Extrait: _Tout le monde s’appuie sur les résultats peu positifs, les statistiques qui sont faibles. Les meilleurs, Agassi, Armstrong, disent : « j’ai passé 18, 20 contrôles, 30 contrôles tous négatifs, donc je ne me dope pas ». Et la lutte anti-dopage dit: « Ils sont 1, 2, 3% à être positifs, on contrôle le dopage (ndlr: le dopage est donc peu présent dans le sport) ». Donc ils s’appuient sur des statistiques totalement bidons. S’appuyer sur les contrôles négatifs pour dire qu’on ne se dope pas, on peut avoir des doutes sur la sincérité du personnage, puisqu’il sait très bien qu’on passe à travers le contrôle comme on veut. Donc, il utilise un argument fallacieux pour apporter la preuve qu’il se dope pas. D’un autre côté, et c’est là que c’est totalement dramatique, c’est que le type qui vraiment ne se dope pas – et ils sont pas nombreux -, eh bien il n’a rien pour prouver qu’il ne se dope pas. Il est complètement coincé, parce que s’il parle, il est rejeté du peloton._ Avec Mondenard, le discours est franc, totalement indépendant et repose sur une saine vision de ce que doit être le sport, c’est-à-dire sur l’ethique qui lui sous-tend forcément.

On terminera cette critique sur quelques petits détails qui ont agacé l’expert en nous. On regrettera premièrement de ce livre sa publication manifestement tardive puisque nombre d’entrevues comportaient des questions sur les « futurs » Jeux Olympiques d’Athènes. En ce sens, le lecteur aura parfois la désagréable impression de lire un livre pourtant récent mais déjà « passé date ». On regrettera ensuite le titre, « Dope-Story », un terme anglais. Pourquoi ne pas avoir choisi un titre en français qui aurait mieux refléter le contenu de l’ouvrage qui n’est en rien l’histoire du dopage? Dans la même veine (sans jeu de mots), le sous-titre – Dix ans de dopage-réalité – fait référence à un intervalle de temps qui nous a semblé absent de l’ouvrage. Enfin, l’auteur présente au début du livre un court chapitre sur la « petite histoire du dopage ». Il y est évidemment souvent question de cyclisme. Dans la section sur les amphétamines, on y présente 3 exemples célèbres de dopage avec ces substances. Un des trois choix est malheureux puisqu’il s’agit de l’affaire de Savone qui toucha Eddy Merckx. Il est aujourd’hui bien connu que cette histoire fut monté de toutes pièces pour exclure Merckx du Giro 1969 afin qu’un Italien puisse s’y imposer.

Quoi qu’il en soit, on recommande l’ouvrage à tous ceux n’ayant jamais eu l’occasion de lire des ouvrages comme « Massacre à la chaine »:http://www.amazon.fr/exec/obidos/ASIN/2290300624/171-6180861-6044269, comme « Secret Defonce »:http://www.amazon.fr/exec/obidos/ASIN/2290306916/171-6180861-6044269, comme « Positif »:http://www.fnac.com/1119915/rcwwwa/Positif-Christophe-Bassons.html, comme « Prisonnier du dopage »:http://www.amazon.fr/exec/obidos/ASIN/2246684315/171-6180861-6044269, comme « Tour de Vices »:http://www.amazon.fr/exec/obidos/ASIN/2012355854/171-6180861-6044269, comme « L.A. Confidentiel »:http://www.amazon.fr/exec/obidos/ASIN/2846751307/171-6180861-6044269, etc. Pour les autres, ce livre n’apporte rien de bien nouveau… et ne permettra probablement pas d’ouvrir les débats. Nous pensons qu’un livre illustrant toutes les contradictions dans les discours anti-dopage aurait probablement eu plus d’effet à ce propos.

Giro: ce que nous réserve les prochaines étapes…

*Étape 15* : Comme prévu, l’étape est arrivée au sprint. Comme prévu, on a surtout vu les T-Mobile et les Milram dans les derniers kilomètres. Comme prévu, Pollack a tout tenté pour gagner, tout comme Ongarato et Lorenzetto. Mais ô surprise! « c’est Bettini qui a remporté ce sprint de peloton »:http://www.cyclingnews.com/road/2006/giro06/?id=results/giro0615, sautant Pollack sur la ligne. « Il Grillo » porte bien son nom! Et ce n’est qu’une demi-surprise puisque l’Italien tournait autour depuis les premières étapes de ce Tour d’Italie. On pourrait dire que Bettini a mis à profit la technique McEwen, ayant choisi jusqu’aux 400m la roue d’Ongarato, juste derrière le train Milram.

Basso, quant à lui, a passé une journée tranquille dans le peloton, tout comme ses principaux adversaires. On vise donc à récupérer un maximum avant d’aborder les prochaines étapes décisives. Justement, que doit-on attendre des prochains jours? Plusieurs coureurs doivent en effet « sauver » leur Giro, notamment DiLuca, Cunego, Sella et Parra.

*Étape 16* : Ca se corse, « avec l’arrivée en altitude au Monte Bondone »:http://www.cyclingnews.com/road/2006//giro06/?id=stages/giro0616. Une échappée partira certainement de loin, avec des coureurs loin au général. On voit bien des coureurs comme Parra chez Cofidis ou Sella chez Panaria qui se doivent de s’illustrer dans cette dernière semaine. Les favoris se réserveront pour l’ascension finale, soit les 18 derniers kms. Et là, c’est surtout Simoni, qui joue quasiment à domicile, qui sera à surveiller tout spécialement puisqu’il sera motivé à gagner devant son public. Les Saunier Duval devraient donc être très actifs à l’approche de la montée finale et Piepoli devrait se mettre rapidement au service de Simoni. Si ce dernier n’est pas dans un bon jour, attention à Piepoli qui pourrait sauver la mise pour Saunier-Duval.

L’ascension finale est aussi favorable à Cunego qui sera très certainement dans le coup demain. DiLuca et Savoldelli auront le plus à perdre. Basso, quant à lui, pourra se permettre de contrôler mais s’il était bien dans le dernier kilomètre, gageons qu’il ne se gênera pas pour aller cueillir la victoire d’étape.

*Étape 17* : « la fameuse étape du Plan de Corones »:http://www.cyclingnews.com/road/2006//giro06/?id=stages/giro0617, un col qu’on annonce au moins aussi redoutable – sinon plus – que les fameux Finestre et Angliru. Spectacle garanti, surtout que l’étape est courte (133 kms) et donc probablement nerveuse. Avant la montée finale, les coureurs auront dû se farcir le Passo Del Erbe qui culmine tout de même à presque 2000m. Il ne fera pas chaud là-haut, surtout qu’on annonçait récemment du mauvais temps pour cette étape difficile.

Ceux qui veulent s’illustrer (et entrer directement dans l’histoire du Giro, cette étape étant très attendue…) auront avantage à partir dans le Passo Del Erbe puisque l’ascension finale succède immédiatement à la descente. Cette étape est parfaite pour Basso bien sûr (quant on a les jambes…) mais surtout pour Cunego selon nous. L’ancien vainqueur du Giro pourrait en effet redorer son blason d’un seul coup en s’adjugeant cette étape. Les autres grimpeurs – Simoni, Parra notamment – pourraient aussi s’y illustrer. Enfin, nous pensons que Danielson a un bon coup à jouer sur cette étape. Il grimpe bien quant c’est pentu (rappelons-nous ses victoires au Mont Washington) et l’étape est courte (rappelons qu’il manque encore un peu d’endurance). Et cette étape devrait définitivement faire sombrer DiLuca et Savoldelli.

*Étape 18* : Une étape de transition ou les leaders vondront souffler un peu. Parfait pour des baroudeurs loin au général. Les CSC seront généreux dans les tickets de sortie…

*Étape 19* : « nouvelle arrivée en altitude (Passo di San Pellegrino), mais après une étape beaucoup plus longue (224 kms) dans laquelle il faudra enchaîner Marmolada et Pordoi »:http://www.cyclingnews.com/road/2006//giro06/?id=stages/giro0619, excusez un peu. Cette étape fera de gros écarts, c’est certain, surtout avec la fatigue qui sera très présente chez les coureurs. Seul un coureur très costaud pourra s’imposer et c’est donc l’étape qui devrait revenir à Basso. Cunego pourrait également s’y illustrer, tout comme Savoldelli dont l’ascension finale lui est favorable (assez roulante). Une échappée pourrait partir de loin, mais les CSC voudront probablement contrôler les écarts pour jouer une victoire de Basso qui asseoirait définitivement sa suprématie.

*Étape 20* : « nouvelle étape extrèmement difficile, longue de 211 kms et dont l’arrivée est jugée à Aprica après un final en côte et deux cols mythiques dans la journée »:http://www.cyclingnews.com/road/2006//giro06/?id=stages/giro0620, soit le Gavia (rappelez-vous Andy Hampsten dans la neige en 1988) et le Mortirolo (rappelez-vous l’envolée de Pantani en 1998). Rappelons enfin qu’Aprica a révélé aux yeux du monde Marco Pantani, c’était en 1994 et il avait déposé dans le final un certain Miguel Indurain et Evgueni Berzin, tous deux médusés.

Comment ca se passera ? Pour cette étape, on a peine à imaginer car tout sera une question de fraicheur. La très grande partie du peloton sera laminée, épuisée, détruite. Beaucoup de coureurs n’auront plus qu’une pensée en tête, en finir au plus vite avec ce Giro. Au diable la course! L’autobus devrait donc être rempli. À l’avant, on voit bien des coureurs de métier, avec beaucoup d’expérience et d’endurance. Savoldelli ? Basso très certainement, même si la fatigue pourrait se faire sentir chez ce coureur qui défendra alors le maillot rose depuis 2 semaines.

*Étape 21* : arrivée à Milan. Ca se terminera au sprint, très certainement. Le train Milram devrait se remettre en marche, s’il reste des coureurs!

Tous ses pronostics sont évidemment à prendre avec des bémols. Parmi les coureurs qui pourraient s’illustrer dans n’importe laquelle de ces étapes de montagne, nous voyons également Rubiera, Noe, Beltran, Garate, Sella et surtout… Sastre.

En terminant, pour les fans de Lance Armstrong, « ne manquez pas ce petit reportage sur son récent pélérinage à l’Alpe d’Huez »:http://grahamwatson.com/gw/imagedocs.nsf/updateframesetcall?openform&06laatad, avec quelques uns de ses potes les plus proches. Rigolo.

À ne pas manquer non plus pour ceux qui ont été intéressés par l’exploit de Jean-Pascal Roux, 11 ascensions du Mont Ventoux en 24h. « Il nous livre ici le récit de son aventure et son tableau de marche avec le temps de ses ascensions »:http://www.velo101.com/actualite/default.asp?Id=10490.

Giro : Basso dans un fauteuil

*13e étape*: « Ivan Basso a encore accru son avance samedi sur la route de La Thuile, terminant 2e de l’étape derrière Leonardo Piepoli »:http://www.cyclingnews.com/road/2006//giro06/?id=results/giro0613, le petit grimpeur de poche italien. Plus tôt dans l’étape, les Saunier Duval ont bien essayé de travailler pour Gibo qui leur avait probablement demandé de rouler. Encore une fois, Gibo a présumé de ses forces (c’est arrivé souvent dans sa carrière…) et s’est effondré dans l’ascension du Colle San Carlo suite à l’attaque de Rujano. Le Vénézuélien présumait lui aussi de ses forces, démarrant trop tôt et se faisant donc rattraper par le groupe Basso un peu plus haut, groupe qui contenait encore le 2e du général, Gutierrez Cataluna. Auparavant, DiLuca et Savoldelli étaient déjà en difficulté.

C’est alors que Basso a décidé de tester Gutierrez Cataluna, question de voir ce que l’Espagnol avait dans le ventre à l’entrée de la dernière semaine de course. Basso se détacha facilement et seul Piepoli parvenait à revenir au train (et au métier).

Une fois le sommet franchi, il restait 7 bornes de descente sous la pluie. Basso a alors très intelligemment laissé partir le petit grimpeur italien qui prenait beaucoup de risques. Avec le maillot rose sur le dos et une confortable avance au général, Basso n’avait en effet pas à prendre des risques inutiles. Sur la ligne, Piepoli signait donc une belle victoire d’étape (« il en gagne en moyenne une aux 2 ans »:http://www.velo-club.net/article?sid=32135, généralement les années paires, et probablement lorsqu’il est en fin de contrat…) et Basso terminait à 44 secondes, mais plus de 30 devant son plus proche rival et Simoni. DiLuca, Savoldelli et Cunego terminaient tous à plus de 1min30 de Basso qui domine depuis le général avec une confortable avance de… 3min27 sur son dauphin. Sauf problème majeur, le Giro est joué.

Très curieusement, Rujano, pourtant vu à l’attaque quelques instants plus tôt, n’a pas terminé l’étape, préférant abandonner tout simplement. « Difficile d’expliquer cet abandon… »:http://www.velo-club.net/article?sid=32152

On remarquera enfin la 7e place de John Gadret dans cette étape, un coureur français plus habitué aux sous-bois durant l’hiver qu’aux grands cols des Alpes. Impressionnant.

*14e étape* : « victoire d’étape d’un baroudeur, Laverde, chez Panaria »:http://www.cyclingnews.com/road/2006//giro06/?id=results/giro0614 et qui rachète donc la déconfiture de l’autre jour ou deux coureurs (dont Sella) de cette équipe figuraient dans la bonne échappée. On remarquera la belle prestation d’un autre Français, Sandy Casar, lors de cette étape et qui pointe maintenant en… 6e place au général (il était 21e le matin même!), devant Cunego et DiLuca! On a toutefois l’impression que faute de pouvoir jouer le général, les coureurs français ont adopté la technique Moncoutié sur ce Giro: tous les jours dans le gruppetto sauf une journée, soigneusement choisie, ou on tente un grand coup. C’était Gadret hier, Casar aujourd’hui.

Basso a quant à lui passé une journée tranquille dans le peloton, récupérant des efforts de la veille.

*Demain* : « étape pour les sprinters »:http://www.cyclingnews.com/road/2006//giro06/?id=stages/giro0615 mais « McEwen a déjà abandonné ce Giro »:http://www.velo-club.net/article?sid=32120. On devrait donc voir une lutte T-Mobile (pour Pollack) versus Milram qui ont maintenant un très bon coup à jouer puisque leur bête noire n’est plus là.

*Gazzette* : Curieux tous les coureurs qui évoquent des « maux d’estomac » sur ce Giro difficile pour justifier leur abandon. Depuis le départ de la course en effet, voilà de nombreux coureurs qui évoquent de tels problèmes. Il faut se méfier de ce justificatif, l’histoire du cyclisme ayant montré que c’est le motif « passe-partout » par excellence des coureurs pour masquer d’autres raisons.

Serait-ce plutôt lié à la météo pluvieuse de ce Giro ? Il est en effet très mal vu pour des coureurs professionnels bien payés que de justifier un abandon pour des raisons de mauvaises conditions climatiques. Avec les journées de pluie qui s’accumulent (d’autres sont à venir cette semaine) et de redoutables étapes de montagne devant, la dernière semaine a en effet de quoi inquiéter les coureurs fatigués. De nombreux autres abandons sont probablement à venir, surtout à partir de mercredi.

Une leçon de cyclisme!

L’occasion est trop belle de rendre hommage ce soir à Jan Ullrich, un coureur si décrié ces dernières années. « Le champion allemand a en effet remporté avec une classe éloquente et sans équivoque le long clm du Giro disputé aujourd’hui, à plus de 51km/h de moyenne »:http://www.cyclingnews.com/road/2006/giro06/?id=results/giro0611. Seul un coureur pointe à moins d’une minute de l’allemand, soit Basso à 28 secondes, une performance également remarquable. Le reste de la troupe accuse le coup – plus d’une minute de retard au minimum – ce soir, non sans rappeler la performance exceptionnelle de Miguel Indurain lors du clm de Luxembourg en 1993. Car Ullrich a aujourd’hui littéralement explosé l’opposition; il y avait lui et les autres dans cette étape.

Car les écarts sont grands : Savoldelli à 1min19, Danielson à 2min35, Rujano à 4min15, Simoni à 4min21, DiLuca à 5min13 et Cunego à 5min34, toutes de sacrés valises qui font pratiquement de Basso le vainqueur du Giro 2006 dès maintenant. On voit en effet mal comment le mieux placé du général, Gutierrez Cataluna, pourra reprendre 2min48 à Basso dans la montagne, sauf évidemment maladie ou défaillance sévère.

Quoi qu’il en soit, Jan Ullrich nous semble avoir prouvé aujourd’hui être le plus grand talent dans le cyclisme des années récentes avec Lance Armstrong. Ce dernier l’a d’ailleurs affirmé à de nombreuses reprises au cours des dernières années. Quant on a la classe… En méforme depuis le début de saison, blessé au genou même, revoilà donc l’Allemand aux premières loges dans l’épreuve de vérité, une épreuve qui ne laisse aucun doute quant au moteur de l’individu. Si quelques kilos peuvent encore être à perdre pour Der Kaiser, il se replace du coup au sommet de la liste des prétendants pour le Tour. Ullrich a en ce sens frappé un grand coup ce soir à ses adversaires non pas du Giro, mais bien du Tour, Basso y compris. Car si ce dernier débourse 28 secondes aujourd’hui, que sera son débours lorsque la condition du champion allemand ce sera encore affinée? On peut en effet penser que Basso a évolué aujourd’hui à 110% de ses capacités alors qu’Ullrich n’en a utilisé que 90%… Et n’oublions pas non plus qu’Ullrich a prouvé dans le passé pouvoir maintenir une excellente condition physique durant de nombreuses semaines (saison 2003 et 2004 par exemple), ayant besoin de temps – et de courses – pour parvenir à la condition optimale.

Bref, ce soir, le Giro est pour ainsi dire gagné par Basso qui n’aura qu’à contrôler les écarts en montagne afin de s’assurer du sacre à Milan. Il sera intéressant de surveiller les performances d’Ullrich en montagne et l’Allemand y sera surtout pour faire des efforts dans le but de retrouver son poids de forme idéal.

On termine en soulignant une performance nous apparaissant assez exceptionnelle, celle de Sandy Casar, 13e du chrono (et premier Français) à 2min52 du champion allemand. Assurément le signe que ce coureur dispose d’un moteur intéressant.

La gazzette du Giro

1 – Les meilleurs devraient mettre moins d’une heure aujourd’hui pour compléter l’épreuve qui demandera de savoir enrouler du braquet. Misez Basso, Ullrich, Rogers ou Savoldelli. Mais le plus intéressant sera de voir ou termineront les DiLuca, Simoni et surtout Cunego en prévision de la dernière semaine.

2 – « Abandon de Rebellin »:http://www.velo-club.net/article?sid=32067 suite à sa chute dans la 10e étape. Dommage pour le coureur italien qui a bien du mal, depuis 2 ans, à en gagner des belles. Il demeure toutefois un coureur assez régulier, sa marque de commerce depuis fort longtemps.

3 – « Abandon également de Philippe Gilbert »:http://www.velo-club.net/article?sid=32076, le jeune prodige belge. Marc Madiot préfère ne pas le griller et l’abandon était donc planifié. Il est vrai que le coureur belge a beaucoup couru depuis le début de saison, ayant remporté en mars dernier le Het Volk. Madiot veut probablement lui offrir une pause salutaire avant de l’engager sur la Grande Boucle pour qu’il acquiert de l’expérience.

4 – « Vélo de clm des Discovery »:http://www.cyclingnews.com/road/2006/giro06/tech.php?id=/tech/2006/features/giro_disco. On y trouve plusieurs marques de ressemblance avec le « vélo Time RXR »:http://www.time-sport.com/fr/accueil.htm pour les chrono. Le carrénage prend de plus en plus d’importance apparemment.

Giro: les étapes 9 et 10

1 – *Étape 9* : Le train Milram encore mouché! Cette étape courte (127km) et nerveuse s’est soldée par « la victoire au sprint de Vaitkus »:http://www.cyclingnews.com/road/2006//giro06/?id=results/giro069 qui a employé la même stratégie que l’autre jour, c’est-à-dire un sprint lancé de loin pour surprendre ses adversaires, surtout McEwen. Il a su bien résister au déboulé final de Bettini et Pollack et il convient de saluer son esprit sportif, ayant bien gardé sa ligne malgré le fait qu’il avait commis l’erreur « d’ouvrir la porte » le long des balustrades, une erreur que Bettini a bien essayé d’exploiter. McEwen a pris la mauvaise roue hier (celle de Pollack) et a manqué de giclette pour remonter ses adversaires, une conséquence probable des efforts fournis plus tôt dans l’étape afin de recoller au premier peloton.

Le train Milram s’est encore mis en marche aux 5 kms environ. Ils étaient encore 4 à l’entrée du dernier km, mais les images ont montré que leur coordination est encore imparfaite, Lorenzotto ou Ongarato ayant été gênés par leur propre coéquipier et dernier relayeur qui s’est tassé du même côté qu’eux!

Soulignons enfin toute la grinta de Bettini qui travaille décidemment bien fort avec ses Quick Step pour en décrocher une. Bettini a fait rouler Garate lors du Grand Prix de la Montagne, espérant visiblement se débarrasser des meilleurs sprinters que sont McEwen et Pollack. Ca a presque fonctionné puisque ces derniers ont laissé beaucoup de jus dans l’affaire. Gageons que Bettini remettra ca tant et aussi longtemps qu’il ne gagnera pas. Il nous fait penser à Mauritzio Fondriest qui, au milieu des années 1990, avait terminé dans les 3 premiers de très nombreuses étapes du Giro, sans jamais parvenir à la consécration. Espérons qu’il en sera différemment pour Il Grillo…

*Étape 10* : « Belle victoire de Pellizotti »:http://www.cyclingnews.com/road/2006//giro06/?id=results/giro0610 qui se devait de concrétiser après tout le travail effectué par un Wegelius inspiré en cours d’étape. Du coup, Pellizotti se replace au général (4e), mais Basso et Cunego peuvent selon nous être tranquille, Pellizotti n’ayant jamais montré de très grandes qualités en haute montagne. Et comme ce Giro est très montagneux dans la dernière semaine, Pellizotti devrait rétrograder progressivement. Il pourra cependant être utile à DiLuca.

On a toutefois un regret ce soir, celui de constater que Merckx est passé à côté – de très peu puisqu’il a été repris aux 150m – d’une belle victoire. Il la mérite pourtant, ce coureur ne gagnant pas souvent. On saluera le « métier » dont il a fait preuve dans la conduite de son effort, se retournant très rarement et insistant jusqu’à la toute fin, relançant même son effort lorsque Pellizotti l’a rejoint et doublé. Chapeau M. Merckx.

Enfin, on se pose de sérieuses questions quant à la stratégie des Lampre ce soir. Pourquoi roulent-ils ainsi et font le jeu des CSC? Normalement, c’est à l’équipe danoise d’assumer le poids de la course et de contrôler les écarts. Depuis deux jours, ce sont pourtant les Lampre qui assument ce rôle. On ne voit qu’une explication, celle que Cunego se sent vraiment très bien et qu’il tient à garder les CSC sous pression en gardant le tempo élevé. Attention cependant, les efforts produits cette semaine seront payés plus tard en montagne…

*Giro – la suite* : après un transfert ce soir, les coureurs auront droit à leur 2e et dernière journée de repos demain. Ils devront bien en profiter parce que dès jeudi, le programme est copieux avec 11 jours de course sans arrêt dont une succession d’étapes de haute montagne, toutes redoutables. Jeudi, le clm de 50 kms sera révélatrice de la fraicheur des coureurs après 10 jours de course. Basso devrait bien s’en tirer, tout comme Savoldelli qui demeure un des favoris pour remporter ce chrono, « même s’il semble souffrir d’allergies »:http://www.velo-club.net/article?sid=32057. « Ullrich fera un test et courra l’étape à fond »:http://www.velo-club.net/article?sid=32030. Rogers aussi probablement, tout comme Honchar. Cunego, DiLuca et Simoni ont tout à perdre. Cunego, bien placé au général avant la haute montagne, devra faire l’étape à fond afin de rester au contact de Basso. S’il réussissait à le faire, il sera très dangereux en haute montagne.

Bref, si le Giro est déjà perdu pour certains (Rujano par exemple), il est encore loin d’être gagné pour les premiers du général. Des surprises nous attendent encore, nous en sommes convaincus.

2 – « On souligne ce soir un authentique exploit, celui de Jean-Pascal Roux qui a réussi 11 ascensions du Mont Ventoux en 24h »:http://www.velo101.com/actualite/default.asp?Id=10444, un nouveau record. Quant on connaît le Géant de Provence et les efforts qu’on doit consentir pour parvenir à son sommet, on ne peut qu’être admiratif devant un tel exploit sportif. Il est intéressant de lire le récit de ses ascensions et ce qui frappe, c’est la fréquence cardiaque que l’athlète a maintenu dans sa journée. Pour nous, cela correspond à une zone 2 (de 5)!

« Vous trouverez ici une interview de l’athlète après son exploit »:http://www.velo101.com/actualite/default.asp?Id=10458.

3 – « Interview avec Filippo Pozzatto qui nous parle de la suite de son programme »:http://www.velo-club.net/article?sid=32050.

4 – « Campagnolo annonce qu’il misera sur un nouveau concept de pédalier – axe l’an prochain »:http://www.cyclingnews.com/tech.php?id=tech/2006/news/05-12. Ce nouveau concept devrait être d’entrée de jeu disponible sur tous les groupes de la marque italienne. L’Ultra-Torque – son nom – sera un pédalier-axe intégré, reprenant l’idée mise en marché par Shimano depuis peu. Contrairement à Shimano par contre, l’axe serait intégré au manivelles du pédalier à raison d’une moitié d’axe par manivelle, une vis joignant les deux axes en leur centre.

L’avantage ? Un gain de poids appréciable, mais aussi une distance pédale-pédale moins grande.

Campagnolo devrait mettre en ligne sur son site web de plus amples informations sur cette nouvelle technologie dès le 1er juin prochain.

Les étapes 6, 7 et 8 du Giro

*Étape 6*: « nouvelle victoire au sprint de McEwen »:http://www.cyclingnews.com/road/2006//giro06/?id=results/giro066 qui a peu d’adversaires à sa taille depuis l’abandon de Petacchi très tôt dans la course. Une victoire acquise comme on l’avait prévu puisque McEwen se servit dans un premier temps du train Milram qui ont essayé de remettre ca. McEwen a ensuite eu l’intelligence de répondre à Tomas Vaitkus (dont « vous trouverez ici une interview »:http://www.velo101.com/actualite/default.asp?Id=10438) qui a choisi d’essayer de surprendre son monde en démarrant tôt (400m de la ligne). Voyant probablement que le lituanien partait en costaud, McEwen a plongé dans sa roue pour en surgir aux 150m, avalant sans problème le coureur d’Ag2R.

*Étape 7*: « belle victoire – acquise à la pédale – d’un revenant, Rik Verbrugghe »:http://www.cyclingnews.com/road/2006//giro06/?id=results/giro067. Le coureur a fait preuve d’une intelligence remarquable durant l’étape, laissant un Garate se disperser dans l’échappée. Se sachant moins fort dans les cols, Verbrugghe s’est économisé, laissant aux autres (Garate, Pena) le soin d’imprimer le rythme voir de placer quelques pétards mouillés. Puis il est parti au moment qui convenait le mieux à ses qualités, celles d’un formidable rouleur. « Rappelons en effet que Verbrugghe a remporté le prologue du Giro en 2001 »:http://www.cyclingnews.com/results/2001/giro01/results/prologue.shtml, à la moyenne horaire de 58.874 km/h, la meilleure moyenne établie à ce jour sur un clm dans un grand tour. Comment alors se surprendre que Verbrugghe a attendu hier le final de l’étape qui était sur du plat pour prendre le large? Il se savait alors capable de produire un effort bref mais très intense pour rallier la ligne d’arrivée. Verbrugghe hier a résolument été le plus intelligent des coureurs de l’échappée, jouant ses atouts de main de maître. Pourtant, Garate était visiblement le plus fort des 5 coureurs…

*Étape 8*: « Ivan Basso a dévoilé ses ambitions en remportant en solitaire l’étape, prenant du même coup le maillot rose »:http://www.cyclingnews.com/road/2006/giro06/?id=results/giro068. C’est tôt, très tôt dans la course puisqu’il reste encore 2 semaines à l’épreuve. Mais les CSC ont la capacité de défendre le maillot et c’est ce qu’ils devraient faire dans les prochains jours, aucun autre coureur de l’équipe n’étant dans les 10 premiers du général. 12 étapes en rose, ce sera long pour Basso mais sa prise de pouvoir aujourd’hui ne laisse aucune incertitude quant à ses intentions.

Basso a clairement voulu montrer sa force aujourd’hui (on n’est donc pas dans un scénario improvisé), demandant d’abord à Sastre de provoquer la sélection dans l’ascension finale. L’Espagnol s’est acquitté à merveille de sa tâche, condamnant notamment Di Luca et surtout Savoldelli qui a lâché 2min20 aujourd’hui, une grosse valise. Basso a ensuite démarré pour faire un contre à l’attaque de Cunego, lui aussi très bien sur ce Giro. Revenu avec une belle aisance sur le leader de la Lampre, il redémarrait aussitôt pour s’envoler vers la victoire d’étape. Seul Cunego parvenait à bien limiter les dégâts, terminant à 30 secondes seulement du leader de la CSC. Car derrière, les écarts creusés sont plus conséquents: Simoni à 1min15, DiLuca à 1min32, Rujano à 1min50, Danielson à 2min25 (il est vrai que ce dernier a oeuvré pour Savoldelli dans les derniers kms). Quant à Ullrich, il termine dans le premier autobus à plus de… 16 minutes de Basso. Il y a encore beaucoup de boulôt pour prétendre à la victoire finale sur le Tour, mais le champion allemand est un diesel qui a besoin d’une longue mise en route et le Giro est parfait pour ca.

Bref, ce soir, on y voit déjà plus clair dans ce Giro. Nous dirions que Basso est clairement le favori maintenant, avec un Cunego qui est loin d’être battu compte tenu de la dernière semaine, très montagneuse, et de ses facultés exceptionnelles de récupération. Le Giro devrait être une bataille CSC-Lampre maintenant, avec bien sûr les Discovery, les Liquigas et les Saunier Duval prêt à saisir toutes les opportunités. On ne peut enterrer Savoldelli, qui a déjà connu par le passé des jours sans sur les grands tours, et ou il s’est toutefois remis par la suite. C’est le clm de jeudi qui sera capital pour Savoldelli s’il veut se replacer pour le général. Pour DiLuca, Simoni, Danielson et surtout Rujano, ca sera plus difficile maintenant et ils auront besoin d’une journée exceptionnelle en montagne pour se replacer au général, en supposant qu’ils limitent la casse au clm jeudi. Ca demeure possible, mais ce sera difficile.

On termine en mentionnant que M. Bertrand sur Canal Évasion nous semblait particulièrement en verve ce soir, multipliant les intonations de voix visant à immiter l’accent italien lorsqu’il prononçait – de nombreuses fois – le nom des coureurs cyclistes. C’est ainsi que Basso devenait Baassô par exemple. Rigolo, mais un peu fatiguant à la longue.

Déjà des écarts!

1 – « Victoire – attendue – des CSC aujourd’hui sur le clm par équipe du Giro »:http://www.cyclingnews.com/road/2006/giro06/?id=results/giro065, à près de 57 km/h de moyenne excusez un peu. Seuls les Discovery l’an dernier sur le Tour ont roulé plus vite dans un clm par équipe, à environ 57,3 km/h. C’est extrèmement rapide.

La surprise du jour est venue des T-Mobile, 2e à 1 seconde, une performance qui permet à Honchar d’enfiler le maillot rose. Voilà une forme de consécration pour ce spécialiste des chronos qui avait surpris ces deux dernières années au Giro en accompagnant les meilleurs en montagne. Il sera intéressant de connaître demain la stratégie des T-Mobile: défendront-ils le maillot de Honchar ou essaieront-ils plutôt de jouer la carte Pollack au jeu des bonifications? On irait plutôt avec la 2e option car Honchar est un coureur important pour T-Mobile puisque pouvant jouer placé au général. Dans ce contexte, la défense du maillot dès maintenant pourrait lui coûter cher dans la dernière semaine… Quoi qu’il en soit, ils devront avoir un oeil sur ce vieux briscard de Voigt qui a devant lui une belle occasion d’ajouter un maillot à sa collection…

Soulignons également la surprise « Française des Jeux qui ont fait le chrono à fond »:http://www.velo101.com/actualite/default.asp?Id=10426 et qui terminent à une très belle 5e place.

Les déceptions maintenant ? Elles sont au nombre de deux selon nous puisque les Discovery, les Liquigas et les Lampre ont bien limité les dégâts. Saunier Duval d’abord, qui terminent 18e à près d’une minute et demie des vainqueurs. Avec le temps perdu cette semaine en Belgique, voilà Simoni le plus mal placé des favoris au départ avec un débours de presque 2 minutes déjà. Une sacré valise! L’autre grand perdant de la journée est Rujano puisque son équipe Selle Italia n’est que 20e, à 1m37. Du coup, le petit grimpeur de poche vénézuélien pointe à 2min46 au général. Le voilà avec un sacré contrat pour la montagne, surtout dans le contexte ou il ne bénéficiera plus de l’effet « inconnu » comme l’an dernier ou on se méfiait peu de lui.

On termine ce compte-rendu du chrono par deux autres choses, notre surprise d’abord de ne voir les Liberty Seguros que 17e aujourd’hui d’une part, et la bonne perf des Crédit Agricole d’autre part (10e).

2 – L’étape de demain devrait se jouer au sprint. D’ordinaire, on vous aurait dit qu’au lendemain d’un chrono exigeant, le peloton aurait souhaité souffler un peu, créant une course plus statique. Mais dans le cyclisme moderne avec de tels enjeux, cette époque est terminée et nul doute que les volontaires pour les échappées seront nombreux demain. Ce sera aux T-Mobile et aux Davitamon surtout de contrôler la course.

3 – Rigolo : ce soir, à la toute fin du reportage sur Canal Évasion, Louis Bertrand a en quelque sorte répondu à la question qu’on vous posait hier, à savoir pourquoi les Milram ont roulé avant-hier dans le final. Peut-être que M. Bertrand est un lecteur assidu de La Flamme Rouge et y puise une partie de son inspiration ? Ou qu’un de vous a envoyé notre question du jour à l’analyste?

Nous sommes beau joueur et reconnaissons que M. Bertrand a globalement bien répondu à la question. Les Milram ont en effet roulé pour essentiellement trois raisons:

1 – ils n’ont aucun coureur pouvant jouer le général ou simplement les étapes de montagne. Si l’équipe veut ramener un peu d’argent dans la cagnotte à la fin de ce Giro (ce sont des professionnels, ne l’oublions pas…), ils n’ont d’autres choix que de faire ce qu’ils savent le mieux faire et ce pour quoi ils sont ensemble: préparer – et gagner! – des sprints. Et ils doivent le faire maintenant car dans la dernière semaine, il sera trop tard. On ne peut leur reprocher de simplement faire leur travail.

2 – ils l’ont fait avec conviction pour leur sprinter Mirco Lorenzetto puisqu’il avait terminé 2e (au sprint bien sûr) de la 1ere étape du récent Tour de Romandie (Payerne – Payerne) derrière… Robbie McEwen. Bien qu’âgé de seulement 24 ans, ce coureur est actuellement leur meilleure carte pour le sprint final. Ca n’a pas fonctionné avant-hier, un sprint du Giro étant plus difficile. Mais on prépare aussi l’avenir…

3 – ils l’ont surement aussi fait pour Petacchi lui-même, afin de lui rendre hommage d’une part et de montrer, d’autre part, que l’équipe existe même sans ses deux grands leaders que sont Petacchi et Zabel. Car si le sponsor est allemand, l’équipe a une grande notoriété en Italie également. Et doit être vue aux avant-postes dans le final si ses coureurs ne se glissent pas dans les échappées.

Pourquoi le travail des Milram a servi plus que tout autre McEwen? Parce que McEwen est un sprinter d’expérience qui, s’il n’a besoin de personne dans les 300 derniers mètres, a toujours aimé se placer juste derrière un « train » pour préparer son sprint. Les exemples dans sa carrière sont nombreux, notamment lors des Mondiaux 2002 et des arrivées au sprint derrière le train Fassa Bortolo. Il préfère de loin cette stratégie, plus facile, à celle d’une préparation de sprint totalement débridée, même s’il peut très bien se débrouiller dans ce dernier cas. Quelle roue McEwen a-t-il choisi avant-hier ? Celle de Lorenzetto sur la gauche bien sûr, et non celle des coureurs de La Française des Jeux qui relançaient à ce moment sur la droite, un endroit ou le sprint était plus débridé. Si les Milram remettent en route demain dans les tous derniers kms, gageons qu’on disputera cher la roue de Lorenzetto. Et à ce jeu, McEwen sait frotter… et ne sera pas très loin.

McEwen seul au monde

« Victoire _facile_ (aucune victoire n’est jamais facile mais bon, vous comprenez ce qu’on veut dire) de McEwen aujourd’hui dans la dernière étape disputée en Belgique »:http://www.cyclingnews.com/road/2006/giro06/?id=results/giro064. Demain, c’est jour de transfert vers l’Italie ou la course reprendra jeudi.

On a écouté le reportage de Canal Évasion. Comme vous tous, on est ravi d’avoir cette course retransmise au Québec et il faut remercier la chaîne télé pour cela. Ceci étant dit, on ne peut s’empêcher de penser que les deux animateurs ne rendent pas justice au sport cycliste. Ou alors, c’est qu’ils n’ont jamais entendu un Bertrand Duboux commenter une course cycliste! Ce qu’on reproche aux deux animateurs ? De manquer de passion, de manquer d’enthousiasme et de manquer la description de la course. Ce soir, pas un mot lorsque l’échappée fut reprise sur qui faisait le travail en tête de peloton (c’était les T-Mobile). On aurait pu dire pourquoi les T-Mobile roulaient à ce moment-là. Parler des alliés de circonstance des Gerolsteiner (qui défendent visiblement le maillot d’ailleurs) que sont les Davitamon. D’expliquer pourquoi, après l’abandon de leur sprinter Petacchi, les Milram roulent encore dans le dernier km comme s’il était toujours présent. De parler de l’attaque de Voigt, qui avait visiblement une liberté que n’avaient pas les coureurs de Discovery sur le Tour du temps d’Armstrong. Ils auraient pu commenter l’effort de Voigt, remarquable lorsqu’on connaît l’énergie qu’il faut pour sortir d’un peloton lancé à plus de 50 km/h. De parler du travail des coureurs du moment que l’échappée fut reprise et qui consiste à amener le peloton à vive allure pour limiter les possibilités d’attaque. Malgré celà, Voigt a trouvé une petite ouverture, rapidement colmatée.

Bref, on regarde l’émission et on aurait des tas de trucs à dire à tout moment. Il nous apparaît peu utile de savoir que le T-Mobile qui tire tout le peloton dans le final s’appelle André Korff. Mais il nous apparaît beaucoup plus utile de savoir pourquoi les T-Mobile ont décidé de rouler ainsi… l’explication étant évidemment la présence du sprinter Pollack qui, en l’absence de Petacchi, s’est mis à croire en ses chances, d’ou l’équipe T-Mobile qui roule.

On s’arrête là ce soir, on pourrait écrire des pages et des pages sur la description lacunaire d’une course cycliste pourtant passionnante ou il se passe constamment des choses en tête comme à l’arrière du peloton. Il y aurait aussi eu des choses à dire sur la présence aux avant-postes de Baguet dans le final, qui porte le maillot… de champion de Belgique!

Un mot en terminant sur « le clm par équipe de vendredi »:http://www.cyclingnews.com/road/2006//giro06/?id=stages/giro065. Ca sera très roulant, favorisant les formations puissantes. Attention aux Gerolsteiner qui pourraient créer la surprise, étant investis de la défense du maglia rosa. Les Discovery et les CSC devraient logiquement se situer en haut du tableau, les Lampre, les Liquigas, les Saunier-Duval et les Selle Italia ayant le plus à perdre.

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