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J’aime Milan-Turin!

C’est la plus vieille course cycliste du monde: première édition en 1876!

10h09min de selle pour parcourir 150 bornes à l’époque. Le vainqueur s’appelait Paolo Magretti. Comique, ce coureur est aujourd’hui mieux connu pour ses travaux scientifiques dans le domaine de l’entomologie!

Traditionnellement courue au printemps, une semaine avant Milan San-Remo, le premier « Monument » de la saison, Milan-Turin se dispute à l’automne depuis 1987.

Avec le Tour du Piémont et le Tour de Lombardie, cette course fait partie du « Trittico di Autunno« , le triptyque de l’automne en Italie.

Le parcours a changé au fil des ans. Souvent disputée dans le vélodrome « Fausto Coppi » de Milan niché sur le Corso Casale, l’arrivée est aujourd’hui située au terme de l’ascension de la Superga, cette basilique sur les hauteurs de Turin, au terme d’une double ascension de cette rampe d’un peu plus de cinq kilomètres.

Torino, la ville de la compagnie Fiat!

Milan Turin est organisée par RCS, l’équivalent italien d’A.S.O. en France et propriétaire du Giro, des Strade Bianche, du Tour de Lombardie, de Tirreno-Adriatico et de Milan San-Remo.

Pour la petite histoire, Eddy Merckx n’a jamais remporté Milan-Turin, terminant 4e de sa seule participation, en 1973. On dit du Cannibale qu’il a tout gagné, mais pas la plus vieille course cycliste du monde en tout cas!

Par contre, le Canadien Mike Woods, présent au départ aujourd’hui, a lui gagné Milan Turin en 2019. Il avait également terminé 2e en 2016, preuve que cette classique lui réussit plutôt bien en raison de ses qualités de puncheur.

Le parcours

190 bornes, les 165 premiers presque tout plat pour ensuite attaquer deux ascensions de Superga sur les hauteurs de Turin. Ca se joue toujours là, entre puncheurs capables de générer beaucoup, beaucoup de watts sur quelques minutes.

Les favoris

Du très beau monde au départ, en mode « répétition générale » avant le Tour de Lombardie samedi, beaucoup plus difficile.

La Deceuninck débarque avec Alaphilippe, qui fait sa rentrée après les Mondiaux il y a deux semaines, ainsi qu’Almeida et Masnada.

Primoz Roglic, récent vainqueur du Giro dell’ Emilia, se pose aussi en grand favori de l’épreuve, et il est bien entouré chez Jumbo-Visma avec Sepp Kuss et George Bennett entre autre.

Mike Woods chez Israel Start-Up Nation a un bon coup à jouer. Il a prouvé sur le Tour de Grande-Bretagne qu’il est capable de suivre Alaf dans ses accélérations. Récent 3e du Giro Dell’ Emilia, il est fort et reposé en ce moment.

Tadej Pogacar voudra aussi répondre présent et faire des efforts afin de peaufiner sa condition en vue de samedi prochain. Il peut compter autour de lui sur les Hirschi, Ulissi, Polanc et Majka, une très forte équipe UAE Team Emirates capable de répondre à la WolfPack Deceuninck.

Sinon, on a d’autres coureurs intéressants à surveiller.

Vlasov et surtout Lutsenko chez Astana.

Les Français Guillaume Martin et surtout, Thibault Pinot qui est motivé en cette fin de saison. Pinot devrait être dans le coup demain dans la dernière ascension de Superga en vue de l’arrivée.

Chez Ineos, on a du beau monde aussi, notamment Geoghegan vu devant il y a deux jours en Italie, mais aussi Sivakov et Adam Yates.

Enfin, n’oublions pas Bauke Mollema et Vicenzo Nibali, très motivés en cette fin de saison. Nibali vient de gagner avec émotion son Tour de Sicile, preuve d’une bonne condition physique.

Et ce diable d’AleJet Valverde qui est de retour aux affaires après sa lourde chute lors de la 7e étape de la Vuelta. Incroyable ce type!!!

Petit Tour de l’actualité

1 – Remco Evenepoel

Le jeune prodige belge a gagné hier la Coppa Bernocchi, après 40 bornes solo dans le final et sous la flotte.

Il y a des signes qui ne trompent pas.

Evenepoel est en très grande forme et il sera un client toute la semaine en Italie.

Il sera le favori #1 sur le Tour de Lombardie samedi prochain.

Au coeur d’une controverse en Belgique quant aux récents Mondiaux, il est très certainement revanchard et veut prouver par ses résultats son point essentiel: il estime qu’il était le plus fort des Mondiaux, et que l’équipe de Belgique aurait dû être à son service, pas à celui de Wout Van Aert.

2 – La semaine italienne

Semaine chargée en Italie, avec aujourd’hui les Tre Valli Varesine, une course gagnée par le Québécois David Veilleux il y a quelques années rappelons-le.

Mercredi, Milan-Turin avec le champion du monde Alaf, ainsi que Mike Woods, Primoz Roglic, Tadej Pogacar, pour ne nommer que ceux-là.

Jeudi, le Gran Piemonte.

Et samedi, le Tour de Lombardie, 5e et dernier grand monument de la saison. Du beau monde au départ.

Les Deceuninck seront très difficiles à battre sur les prochaines épreuves italiennes, ils pourront compter, outre un Evenepoel en grande condition, sur le champion du monde Alaphilippe, sur Joao Almeida, sur Drys Devenyns, ainsi que sur Fausto Masnada, 3e hier de la Coppa Bernocchi et un homme toujours en forme et motivé en fin de saison.

3 – Thibault Pinot

Le grand retour!

Il a terminé 5e de la Coppa Bernocchi, de quoi signer son retour aux affaires du cyclisme professionnel et lui laisser croire en ses chances pour un beau Tour de Lombardie samedi prochain.

On est content de revoir ce coureur de talent être de retour au premier plan.

4 – Les gants à Roubaix

Je vous parlais de l’importance de porter des gants en course, surtout sur des épreuves comme Paris-Roubaix où les risques de chute sont importants et les surfaces particulièrement dangereuses pour les mains.

Sans le savoir, certains commentateurs de la télé anglaise en ont parlé dimanche.

Et la guidoline de Lizzie Deignan ne laissait aucun doute sur cet enjeu après la course des femmes samedi.

5 – Deceuninck et les crevaisons

Ca me surprend: silence radio sur les raisons derrière les multiples crevaisons des coureurs de la Deceuninck-Quick Step dimanche.

Lampearts, trois crevaisons.

Asgreen, au moins une crevaison.

D’autres coureurs de la formation ont aussi crevé.

Cette formation utilise des pneus avec chambres à air latex.

C’est vous qui voyez, mais j’ai ma petite idée sur les raisons de toutes ces crevaisons. Et chez Deceuninck, motus et bouche cousue, on ne veut pas nuire aux sponsors.

Et fait intéressant, les deux vainqueurs de Paris-Roubaix (hommes et femmes) roulaient sur des tubeless ce week-end. Colbrelli avait chaussé des tubeless de 30mm de section et Deignan était en mono-plateau de 52 dents, avec une cassette 12 vitesses derriere.

Des choix logiques selon moi, compte tenu de la nature du tracé de Paris-Roubaix.

6 – Les visages de Paris-Roubaix

C’est ici, toujours intéressant de voir à quel point les coureurs ont souffert dimanche dernier.

7 – Paris-Roubaix avec Israel Start-Up Nation

C’est ici, beau petit vidéo avec notamment Guillaume Boivin. On sent toute sa déception à l’arrivée, lui qui avait des jambes exceptionnelles dans le final.

8 – Record d’audience

France Télévision a signé un nouveau record d’audience dimanche dernier avec Paris-Roubaix: 2,8 millions de téléspectateurs!

L’effet Jaja, ou l’effet Marion?!

Chose certaine, la popularité du cyclisme se confirme, et pourtant au même moment le nombre de coureurs licenciés continue de diminuer.

Dans le monde d’aujourd’hui, nous ne sommes plus à un paradoxe près…

9 – Record de l’heure féminin

Comment passer sous silence que le record de l’heure chez les femmes vient d’être battu le 30 septembre dernier par Joscelin Lowden, avec 48,405 kms parcourus.

48,4 km/h de moyenne! Ouf!

Lowden s’est préparée de nombreux mois pour cette tentative et estimait à l’arrivée avoir géré sa course de façon conservatrice, suggérant qu’elle pourrait rouler plus vite encore dans l’avenir.

Les 49 km/h sont peut-être atteignables sous peu par les femmes, voire de briser la marque mythique des 50 km/h!

Le record masculin est détenu depuis 2019 par Victor Campenaerts avec 55,089 km dans l’heure.

Colbrelli, Boivin: au bout de l’enfer, leur paradis!

Quel dimanche de cyclisme!

Et ca n’a pas loupé: ce Paris-Roubaix restera gravé dans bien des mémoires, en particulier celles des amateurs de cyclisme au Québec.

Ca s’est joué à la pédale, le travail d’équipe étant réduit à peu de chose hier dans ces conditions climatiques.

Et quelle course incroyable de Guillaume Boivin!

Il nous aura tenu en haleine longtemps!

C’est pas compliqué: il pouvait gagner hier, aucun doute là-dessus. Très impressionnant, il répondait du tac au tac à chacune des accélérations du pourtant très remuant Mathieu Van Der Poel – je répète, Mathieu Van Der Poel! – dans le final.

Saleté de chute dans le secteur de Camphin-en-Pévèle, à 19 km de l’arrivée.

Sans cette chute, aucune raison de croire que Guillaume n’aurait pas pu rester avec son petit groupe Colbrelli-MVDP-Vermeersch qui a repris Moscon dans le secteur suivant du Carrefour de l’Arbre, et qui a joué la gagne sur le vélodrome.

Quoi qu’il en soit, c’est physiquement l’état de grâce pour Guillaume en ce moment. Des jambes de feu. Mais le principal est probablement ailleurs, dans la tête: avec une telle perf, le déclic s’opère. Avant, tu pensais faire partie des meilleurs; aujourd’hui, tu l’as fait. La confiance de Guillaume sera durablement renforcée et ca, ca fait une grosse différence.

Et pour nous, un réel plaisir et une fierté aussi de voir le maillot de champion canadien devant sur Paris-Roubaix, de quoi nous laisser de belles images dans la tête cet hiver!

L’Enfer du Nord sourit aux néophytes

Édition exceptionnelle hier, car les trois coureurs sur le podium en étaient tous à leur… premier Paris-Roubaix!!

Colbrelli a fait une course très juste, portant ses efforts aux bons moments, et s’économisant lorsqu’il le fallait, notamment dans les dix derniers kilomètres. Avec des jambes exceptionnelles en ce moment on le savait, il était le favori pour remporter ce sprint sur la piste de Roubaix, et il a su concrétiser.

Outre Guillaume Boivin, la révélation de l’épreuve c’est assurément le jeune Florian Vermeersch, 22 ans, déjà 3e du chrono U23 des récents Mondiaux (ne pas confondre avec Gianni Vermeersch chez Alpecin-Fenix).

Lui aussi en était à sa première participation, et il a passé la journée devant! Il a également été très impressionnant dans le sprint, Colbrelli ne le remontant que dans les 25 derniers mètres. Vermeersch s’offre au passage Mathieu Van Der Poel sur la ligne, excusez-du-peu.

Ce dernier se « contente » de la 3e place et sa déception était palpable tout juste après l’arrivée. Je suis d’avis que MVDP en a trop fait dans les 15 derniers kilomètres, et qu’il a mal négocié son sprint une fois sur la piste de Roubaix: il fallait laisser Colbrelli devant! Tu ne veux jamais amener un bon sprinter dans ta roue sur une piste.

Chapeau quand même à MVDP hier, grand animateur de la course qu’il a lancée loin de l’arrivée, dans la traversée d’Arenberg. Fort, très fort. MVDP s’accordera désormais une pause, tout comme Wout Van Aert d’ailleurs, avant de reprendre les courses de cyclo-cross en décembre prochain.

Mention très bien également à Gianni Moscon hier, très fort dans le final avant de chuter sur les pavés, je pense en raison d’une pression trop forte des pneumatiques sur le nouveau vélo pris en rechange suite à sa crevaison. Et oui, il faut aussi penser à ca!

Mention très bien aussi au Français Christophe Laporte, excellent 6e chez Cofidis.

Deceuninck, l’échec

Le fait peut-être le plus marquant hier a été la déconfiture presque complète de l’équipe belge Deceuninck, pourtant en surnombre jusqu’à l’entrée de la Trouée d’Arenberg.

Dans leur cas, la course s’est déroulée en deux temps: parfaite jusque Arenberg, l’hécatombe après. Exit les Asgreen, Stybar, Declercq, Sénéchal, tous à la trappe.

Seul Yves Lampaerts a pu sauver les meubles, terminant finalement 5e après s’être bien battu pour revenir de pépins mécaniques.

Pour la Deceuninck qui court habituellement sur des pneus, des enjeux à ce niveau hier? Chose certaine, les pneus dotés de chambres à air à l’intérieur sont plus sujets à des « chocs pincement » lorsqu’on les roule à basse pression, ce qui était nécessaire hier sur de tels pavés gras.

Quant à l’autre grand favori Wout Van Aert, une course à l’image de celle de ses Mondiaux: il a subi. Manifestement, Wout semble fatigué en cette fin de saison, comme s’il n’avait jamais récupéré de son Tour de France époustouflant en troisième semaine. Il a également été esseulé bien rapidement, même s’il avait deux hommes dans l’échappée devant: ca ne lui aura finalement servi à rien.

À noter que Hugo Houle n’a pas terminé et que Ben Perry est arrivé hors délai, fixés hier à 29min.

Paris-Roubaix femmes

Là encore, une course intéressante, bien qu’elle ait été pliée assez rapidement, Lizzie Deignan y allant d’un sacré numéro en solitaire.

82 kms seule devant!

Le rapproché de Marianne Vos dans le final aura été vain, elle est partie trop tard en poursuite. L’Italienne Borghini a complété le succès pour l’équipe Trek-Segafredo, avec une 3e place.

La Canadienne Alison Jackson termine 24e à un peu plus de six minutes.

J’ai été surpris par Deignan samedi: la seule à avoir disputé Paris-Roubaix sans… gants! Je n’ai vu aucun homme, et aucune autre femme oser ce pari.

Sans gants, une chute peut être catastrophique pour les paumes de main, un endroit compliqué à guérir et très handicapant pour la suite de la course, si jamais vous pouvez repartir.

Mike Woods 3e

Week-end faste pour le cyclisme canadien puisque Mike Woods a terminé 3e samedi du Giro Dell Emilia, remporté par Primoz Roglic devant Joao Almeida.

À la 5e place, un certain Remco Evenepoel.

Mike Woods prouve hors de tout doute qu’il est en excellente condition, et ca va nous faire une semaine très intéressante, avec Milan-Turin mercredi suivi du Tour de Lombardie samedi prochain, sur un parcours redessiné. Woods sera l’un des favoris de ces deux épreuves, mais la concurrence sera vive.

Pas tout à fait finie, cette saison!

Paris-Roubaix: ca sera très ouvert et… dantesque!

Ne manquez pas ca ce week-end: Paris-Roubaix!

La Reine des Classiques. L’Enfer du Nord. Le vélo à son meilleur, dans son côté « tragédie grecque ».

En effet, tout peut arriver sur cette course: même en tête à quelques hectomètres de l’arrivée, tu n’as jamais course gagnée. Crevaisons, pépins mécaniques, chutes, défaillances, l’histoire de cette course est jonchée de drames et donc d’exploits aussi.

118e édition de Paris-Roubaix ce dimanche chez les hommes, 1ere édition chez les femmes samedi.

Ca s’annonce dantesque sur les deux épreuves, avec de la pluie et du vent, beaucoup de vent, mais orienté favorablement par rapport à la progression des coureurs. Toujours ça de gagné!

La pluie, ca entretient un pavé glissant. Dimanche, il faudra voir l’impact sur les secteurs pavés qu’aura eu la course des femmes la veille, avec pas mal de véhicules de course y circulant.

30 secteurs pavés à affronter chez les hommes, 17 chez les femmes, pour un total de 258 kilomètres dans le premier cas, 116 dans le second.

Les secteurs névralgiques sont toujours les mêmes: la trouée d’Arenberg au km 163, moment où la course se lance vraiment pour les favoris. Orchies, Mont-en-Pévèle, Templeuve, le Carrefour de l’Arbre où la course s’est jouée si souvent, à 25 kms de l’arrivée.

Le sprint sur le vélodrome n’est jamais simple non plus, surtout pour ceux qui n’ont jamais fait de piste. Et un sprint après 258 bornes et 30 secteurs pavés, ca réserve souvent des surprises!

Bref, l’intérêt de Paris-Roubaix, au-delà de son côté spectaculaire, c’est qu’il s’agit d’une course où la sélection se fait autant par l’avant que par l’arrière. Toujours très imprévisible!

Les favoris

Ils sont très, très nombreux cette année à pouvoir rêver s’imposer à Roubaix.

En premier lieu, Wout Van Aert bien sûr, qui aura à coeur de prendre sa revanche après son échec aux Mondiaux. Il a la Jumbo-Visma à son seul service, et il a aussi la pression.

En deuxième lieu, Mathieu Van Der Poel, son éternel rival, qui découvre Paris-Roubaix pour la première fois. Gageons que ces deux-là se marqueront une nouvelle fois à la culotte. Mathieu a affirmé hier croire en ses chances de victoire, il est là pour faire la course et je suis convaincu qu’il n’aura pas peur de lancer les hostilités de loin. Sa formation Alpecin-Fenix est également à son service.

La Deceuninck débarque en force également, avec pas moins de… quatre coureurs qui peuvent aspirer à la victoire! Asgreen, Lampaerts, Sénéchal et surtout, Stybar, auteur d’un grand Mondial la semaine dernière et spécialiste du cyclo-cross comme Wout et Mathieu, ne seront pas là pour faire de la figuration. C’est l’équipe à battre samedi, aucun doute là-dessus.

Derrière, on a une foule d’autres grosses pointures pour la gagne.

Par exemple, Dylan Van Baarle, 2e des Mondiaux il y a une semaine, et dont la formation Ineos présente de bons équipiers pour le néerlandais, comme Michal Kwiatlowski.

Attention, attention à Nils Politt chez Bora-Hansgrohe, deuxième de l’épreuve en 2019 derrière Philippe Gilbert. On l’a vu devant à attaquer à plusieurs reprises sur les récents Mondiaux. Logiquement, il sera dans le coup au Carrefour de l’Arbre dimanche, sauf pépin mécanique ou chute bien sûr.

Michael Valgren est le leader chez EF. Fort lui aussi en ce moment.

Chez Bahrain-Victorious, on misera Colbrelli ou Mohoric, deux coureurs pouvant facilement jouer la gagne dimanche. Colbrelli a l’avantage d’avoir une jolie pointe de vitesse.

Chez Trek-Segafredo, bien sûr Stuyven 4e des Mondiaux, mais aussi le jeune américain Quinn Simmons, qui voue une véritable dévotion à Paris-Roubaix. Forcément, ca joue sur la motivation!

La Groupama-FDJ comptera sur Kung et Demare, qui présente une belle pointe de vitesse si jamais il devait atteindre le vélodrome au sein d’un petit groupe disputant la gagne. Motivée, la Groupama-FDJ, chaque fois qu’elle se pointe sur Paris-Roubaix: Marc Madiot, son manager, ne vit que pour cette course!! (double vainqueur aussi).

On a d’autres coureurs à surveiller: Christophe Laporte chez Cofidis, Giacomo Nizzolo chez Qhubeka, avec son coéquipier Victor Campenaerts, le sympathique carnassier Taco Van Der Hoorn aussi chez Intermarché, pas un manche sur ce genre de parcours, ou encore Matteo Trentin.

Peter Sagan? Je n’y crois toujours pas.

Enfin, comment oublier le Québécois Guillaume Boivin, qui sera leader d’Israel Start-Up Nation dimanche. Auteur d’une remarquable saison 2021, champion canadien en Beauce il y a deux semaines, 17e des Mondiaux, il peut légitimement croire en ses chances dimanche d’un top-5. Il faut y croire!!!

Deux autres coureurs canadiens au départ, pour Astana-PremierTech: Hugo Houle et Ben Perry.

Boyaux, pneus ou tubeless?

Parmi les autres enjeux de la course, le matos.

Paris-Roubaix met à l’épreuve les mécaniques et s’il pleut comme prévu, il sera très intéressant de suivre la fréquence des crevaisons, et la capacité des équipes à les changer efficacement.

Pour des raisons commerciales, le peloton est passé sur freins à disque, toutefois moins faciles à changer rapidement. Mathieu Van Der Poel a perdu le récent Primus GP sur crevaison de la roue avant qui a pris trop de temps à changer, alors qu’avec un frein à mâchoire traditionnel et un déblocage rapide, il aurait pu revenir rapidement dans le groupe de tête.

On va voir ce que ca va donner dimanche!

Et on assiste également à une guerre entre le traditionnel boyau, le pneu (notamment chez Deceuninck) et le tubeless dans le peloton. Laquelle de ces trois options sera la plus fiable dimanche sur les pavés et sous la flotte?

Suspension avant

Ce n’est pas nouveau: on cherche à donner aux coureurs un peu plus de confort en intégrant aux vélos une suspension avant.

Greg Lemond et son équipe Z avaient monté des suspensions avant Rock Shox sur leurs vélos pour Paris-Roubaix au début des années 1990 dans ce but.

Samedi et dimanche, plusieurs coureurs équipés par Specialized utiliseront la suspension Future Shock 2.0 avec 20mm de débattement, une suspension située au dessus du tube de direction, juste en dessous de la potence. Le système peut facilement se barrer en tournant une clé située au sommet de la potence. Très astucieux! et probablement un réel avantage.

Pour les autres, on se repliera sur la tradition: la double guidoline! Une solution qu’adopte par ailleurs Julian Alaphilippe à l’année sur son vélo.

Alaf, à l’instinct!

Ouf, quelle course hier!

On s’en souviendra longtemps. Notamment parce qu’une page de l’histoire du cyclisme s’y est écrit, comme on s’en doutait.

Méga-performance de Julian Alaphilippe. C’EST UN GÉANT!

Pour les livres, « Alaf » est devenu le premier coureur français à conquérir deux fois le titre mondial sur route. C’est le 7e coureur de l’histoire à réaliser l’exploit de défendre avec succès le titre acquis un an plus tôt.

Alaf a surtout gagné avec panache. Solo d’une part, en faisant tout péter à la pédale d’autre part. Pas une victoire à l’économie, ca c’est clair!

Il a surtout couru à l’instinct, faisant même fi des consignes du DTN Thomas Voeckler dans le final.

Il a attaqué plusieurs fois tout seul, c’est son instinct qui a parlé. Mais il m’a fait peur le con.

Thomas voeckler, 26 septembre 2021, journal le monde

Il m’a fait peur à moi-aussi.

Sur ses deux premières attaques à 58 et 49 kms de l’arrivée, j’ai cru à la grosse erreur, surtout qu’il sortait chaque fois isolé. Trop tôt, trop loin, trop de beau monde derrière… Il a eu le mérite de ne pas insister trop longtemps, voyant qu’il ne creusait pas.

Il a remis ca au km 21 (bien assisté à ce moment par un excellent Valentin Madouas), avant de porter la dernière estocade à 17 kms de la ligne. Ces deux dernières attaques étaient parfaites compte tenu du déroulement de la course juste avant. Il était alors clairement le plus fort et gagne un peu de la même façon que sur les Mondiaux 2020.

Remarquable équipe de France, discutable équipe de Belgique…

Selon moi, la victoire d’Alaf hier est aussi celle de toute l’équipe de France, qui a peut-être réalisé la course parfaite, se jouant de l’équipe de Belgique très habilement.

Cosnefroy a mis le feu aux poudres à… 180 kms de l’arrivée, créant du mouvement parmi les formations favorites. Evenepoel n’a pas pu résister à se porter devant sur cette accélération, et entre ce moment et le km 26 où il a finalement rendu les armes, il a prouvé son manque d’expérience au plus haut niveau: rouler comme un dingue devant fonctionne chez les amateurs, pas chez les pros!

Mais respect quand même pour la démonstration d’Evenepoel: quelle force!! C’est hallucinant ce coureur. On entendra beaucoup parler de lui encore, surtout s’il perfectionne ses trajectoires en descente de col et apprend un peu plus les rudiments de la tactique de course chez les professionnels.

Remco devant, les Français ont chaque fois laissé faire, profitant habilement du travail des autres et les laissant user de leurs forces.

Et chaque fois qu’une phase de course se terminait, qui relançait? Les Français! Cosnefroy, Madouas… et Alaphilippe bien sûr. Bien joué!

Les Belges se sont dispersés, surtout Evenepoel: imaginez une minute s’il avait gardé ses forces pour les 20 derniers kilomètres pour épauler Van Aert, plutôt que de se dépenser à amener comme une brute le groupe de tête pendant de nombreux kilomètres (en gros, entre les kms 45 et 26) dans le final? Ca servait à quoi? Éviter un retour du groupe de derrière? On s’en foutait, lâchés une première fois, ces coureurs l’auraient été une seconde fois!

Dans les 15 derniers kms, derrière Alaphilippe parti et les quatre coureurs intercalés, ne restait plus personne pour rouler dans le groupe Van Aert – Colbrelli – Van Der Poel. Un Evenepoel efficace dans ce groupe aurait stimulé la chasse, et aurait probablement incité les deux Italiens (Colbrelli, Nizzolo) qui restaient à ce moment à contribuer avec les deux Belges.

L’autre erreur des Belges, c’est une fois Evenepoel rangé, pourquoi Van Aert n’a-t-il pas marqué à la culotte Alaf? Il savait ce dernier en jambes, il avait attaqué trois fois plus tôt! Et si Van Aert jouait la carte de l’arrivée au sprint, c’était très risqué: Colbrelli était bien présent, et lui aussi disposait d’un équipier (Nizzolo) pour l’amener.

Bref, les Belges, qui n’ont aucun coureur sur le podium – qui l’eu crû avant le départ?! – n’ont qu’eux à blâmer selon moi. Ils ont été bien aveuglés par l’équipe de France qui signe un Mondial collectif exceptionnel. Les Belges ont voulu contrôler la course façon « rouleau compresseur », ca n’a pas fonctionné.

Enfin, on dira encore que Mathieu Van Der Poel était clairement un ton en dessous de son niveau habituel hier, ne pesant en rien sur la course. Dans sa forme habituelle et avec son tempérament d’attaquant, je pense qu’un MVDP n’aurait pas laissé filer Alaf aussi facilement.

Tom Pidcock, lui, nous a tous surpris, étant un actif du final. Lui aussi paye probablement son inexpérience tactique dans ce genre de course chez les pros ainsi que son isolement, l’équipe du Royaume-Uni ayant été décimée tôt dans la course.

Probable révélation de ces Mondiaux, l’Américain Neilson Powless, 25 ans, devant quasiment toute la journée et ne ménageant pas ses efforts. J’ai été soufflé par le niveau du vainqueur plus tôt cette saison de la Classica San Sebastian. Et mine de rien, avec Valgren, les Education First occupent les 3e et 5e places de ces Mondiaux hier!

Guillaume Boivin, une course de ouf!

Pour les fans de cyclisme canadiens et québécois, on se souviendra longtemps de ces Mondiaux en raison de l’exceptionnelle 17e place de Guillaume Boivin qui confirme ainsi son excellente saison 2021.

En gros, notre nouveau champion canadien termine dans le premier groupe de chasse derrière l’échappée avant qu’Alaf n’en sorte. Imaginez le niveau!

Je n’en revenais pas de voir un maillot canadien présent dans ce final si difficile, après une course si usante. Sur une telle course, tu peux pas mentir sur ton niveau.

Des coureurs comme Roglic, Pogacar, Mollema, Almeida, Matthews, Sagan, même Cosnefroy terminent derrière Guillaume à l’arrivée.

Très fort. Très inspirant.

Guillaume Boivin s’alignera sur Paris-Roubaix la semaine prochaine, avec sa condition actuelle il peut tout faire sur cette course, il faut y croire. Solide coureur, rapide au sprint, endurant, et probable coureur protégé chez Israel-Start Up Nations, un grand résultat n’est pas loin!!!

Petite mention moins bien au public des Flandres

Ca s’entendait à la télé: en échappée dans le final, Alaf a souvent fait l’objet de huées du public très nombreux massé sur le bord de la route, et qui a contribué bien évidemment à mettre l’ambiance de la journée.

On peut comprendre: le public flamand était venu voir la victoire d’un coureur belge bien sûr, et flamand de préférence on peut supposer.

Après l’arrivée et devant les journalistes, Alaf a eu ces mots intelligents qui ont rapidement mis un terme à la situation sans provoquer de controverse, lui qui court pour une équipe belge. Une autre victoire d’Alaf hier!

Beaucoup de supporters qui étaient pour la Belgique et pour Wout Van Aert, dans le dernier tour, me demandaient de ralentir, ils n’avaient pas des mots très sympas. Je tiens à les remercier, car ca m’a donné envie d’appuyer encore plus fort.

Julian alaphilippe

Et toc!

Paris-Roubaix, la suite

Un autre beau week-end de courses professionnelles nous attend la semaine prochaine, avec le 2 octobre la première édition de Paris-Roubaix féminin, ca sera super-intéressant de voir comment le peloton féminin négociera les divers secteurs pavés.

Le 2 octobre également, le difficile Giro dell’Emilia pour les coureurs qui n’iront pas à Paris-Roubaix. Je pense qu’on y verra notamment Mike Woods.

Dimanche 3 octobre, la Reine des Classiques, 118e édition de Paris-Roubaix. Un autre très grand rendez-vous de la saison cycliste, et une course qui marque toujours.

Wout, toute la Flandre t’attend!

Ca s’annonce dantesque… et imprévisible, d’où l’intérêt.

Installez-vous confortablement dimanche matin (départ à 10h25 d’Anvers, soit 4h25 du matin heure du Québec) pour suivre ce qui sera peut-être la plus belle course sur route de la saison 2021.

Les Championnats du monde!

Au bout des 268 kilomètres de cette course qui se dispute dans l’un des hauts-lieux du cyclisme, la Flandre, le maillot irisé tend les bras au vainqueur. Le maillot irisé… le 2e le plus convoité en cyclisme après le maillot jaune (et c’est discutable!).

Je peux vous dire qu’il y a un paquet de coureurs qui sont motivés.

La foule, les fans passionnés de vélo, et qui devraient être nombreux sur le bord des routes, donneront encore plus d’énergie aux coureurs qui savent que dimanche, ils écriront une nouvelle page de la légende du cyclisme.

Ca devrait être une course de mouvement, pas une sélection par l’arrière. Le parcours est difficile, mais pas trop difficile. Les attaques devraient se succéder à un bon rythme dans les derniers 60-80 kms, après la toujours hautement probable échappée matinale.

Cette échappée matinale pourrait contenir des coureurs canadiens, certains ayant intérêt à se montrer comme Nickolas Zukowsky ou Pier-André Côté.

Ca sera compliqué dans le final, car une échappée avec une bonne composition de coureurs pourrait aller au bout. Pour les favoris, il ne s’agira donc pas d’attendre au dernier moment, mais bien de se dévoiler au « bon » moment.

Une échappée royale dans le final n’est pas à exclure.

Beaucoup d’équipes nationales ont de belles cartes à jouer.

La météo s’annonce clémente, un temps variable, des vents assez légers et une température agréable (23 degrés).

Van Aert, la pancarte

Un archi-favori, Wout Van Aert, déjà 2e du chrono derrière le spécialiste Ganna dimanche dernier, ne laissant aucun doute sur sa condition physique actuelle.

Van Aert a cependant la pression: il joue à domicile, sur ses routes d’entrainement, et la Belgique attend avec impatience le successeur de Philippe Gilbert. Son équipe belge, puissante, capable de contrôler la course, est en principe à son service.

Les grands champions ont la capacité de se sublimer lors des grands événements dit-on. Wout, à toi de jouer!

Six équipes avec le poids de la course

Soit l’équipe de Belgique, des Pays-Bas, de la France, de la Slovénie, de l’Italie et du… Danemark.

Ces équipes partent toutes à huit coureurs, la France avec neuf même en raison d’Alaphilippe, le champion sortant.

Chez les Belges, Remco Evenepoel sera un beau joker derrière le leader Van Aert. Très en forme, souvent imprévisible, je demande à voir comment Van Aert et lui orchestreront leur collaboration. Je ne serais pas surpris que Remco devance Van Aert dans une échappée et tente ainsi sa chance.

Les Pays-Bas ont deux cartes à jouer: Mathieu Van Der Poel bien sûr, et Bauke Mollema.

Van Der Poel – Van Aert, un nouveau match!

Ces deux-là se tirent la bourre depuis qu’ils ont 12 ans, et gageons que l’un sera attentif à l’autre dimanche. Mathieu est cependant un peu plus dans l’incertitude au niveau de sa condition: comment son dos réagira-t-il après 240 kilomètres de course intense?

Et ce diable de Bauke Mollema, un coureur de l’automne, a une résistance peu commune et une bonne science de la course. Attention à lui… en attendant le Tour de Lombardie, sa course de prédilection (avec la Classica San Sebastian).

La France jouera Alaphilippe bien sûr, le champion sortant. Sa giclette dans les bosses (ca va gicler dans les bosses…) pourrait faire très mal dimanche. Récent vainqueur de la Primus Classic, Sénéchal est une belle carte à jouer aussi, le gars est solide sur les Classiques. Sans oublier Benoit Cosnefroy bien sûr, très, très fort ces dernières semaines. Un vrai joker pour l’équipe de France, et il disposera d’une certaine marge de manoeuvre dimanche.

Chez les Slovènes, la condition de Pogacar est en hausse, et tu dois te méfier d’un coureur qui a gagné le dernier Liège-Bastogne-Liège, de surcroit au sprint face à Alaf.

Récent vainqueur de la Vuelta, Roglic peut tout faire et nous a gardé dans l’inconnu depuis son sacre à St-Jacques de Compostelle.

Mohoric l’arrogant et fier sera probablement le premier slovène à se dévoiler dans le final dimanche. Dans une bonne échappée, il peut aller loin.

L’équipe italienne présente aussi de très bons coureurs susceptibles de jouer la gagne, en premier lieu Sonny Colbrelli, intenable en ce moment. Nous ramènera-t-il le maillot à pois et le maillot vert à Paris lors du prochain Tour de France?! En attendant, le récent champion d’Europe aura à coeur de refaire son numéro de Trente derrière Evenepoel, mais avec Van Aert cette fois.

Les Italiens ont aussi Nizzolo, Moscon et surtout Trentin au départ, de beaux jokers.

Les Danois ont… trois hommes en forme, de quoi y croire: Michael Valgren, récent vainqueur de la Coppa Sabatini et du Giro Della Toscana, Kasper Asgreen et Magnus Cort Nielsen. Normalement, chaque coup dans le final contiendra un coureur danois.

Au fait, méchante relève au sein du cyclisme danois: les nouveaux champions du monde U23 et juniors sont danois, Johan Price-Pejtersen et Gustav Wang, excusez-du-peu…

Les outsiders

Au moment d’écrire ces lignes, la liste finale des partants dimanche n’était pas encore disponible.

Mais on peut quand même élaborer un peu.

Un coureur à surveiller de près, c’est le Portugais Joao Almeida. Il était très fort sur le très récent Tour du Luxembourg, qu’il a gagné.

Comment ne pas compter parmi les outsiders l’Anglais Thomas Pidcock, un autre grand talent du cyclisme actuel, toujours prêt à répondre à ses « potes » de cyclo-cross que sont Mathieu et Wout?

Le Suisse Marc Hirschi a montré récemment des signes de grande forme.

Peter Sagan, je n’y crois pas.

Ni aux Espagnols, ni aux Polonais, ni aux Colombiens.

Michael Matthews, peut-être. Il est rapide au sprint et encaisse les longues courses.

L’équipe canadienne

Six coureurs au départ!

Les cartes Duchesne, Houle et Boivin sont excellentes. Houle et Boivin, en particulier, peuvent croire en leurs chances de participer au final de la course et partant de là, tout est possible pour un top-10.

Ben Perry est aussi au départ.

Pour les deux jeunes coureurs Zuko et Côté, le but sera probablement de se montrer. Il ne faut pas hésiter!

Suivre la course

Espérons que le live!channel de l’UCI sur YouTube fonctionnera mieux que lors des épreuves chrono de ces Championnats du monde.

Sinon, les plateformes habituelles. Évidemment, un petit plus pour la RTBF… pour l’ambiance, la saveur locale et… l’accent!

Mondiaux 2025 au Rwanda… en attendant Montréal?

C’est une excellente nouvelle selon moi: le Rwanda (Kigali) accueillera les Championnats du monde de cyclisme sur route en 2025, une première pour le continent africain.

Jusqu’ici, l’anneau noir représentant le continent africain sur le maillot de champion du monde était plus pâle que les quatre autres… il était temps.

Le choix est logique, le Tour du Rwanda montant en puissance depuis plus d’une décennie maintenant. Le choix de l’Afrique sub-saharienne est excellent.

Rappelons que pour 2026, Montréal s’est portée candidate et je pense que ses chances sont plus qu’excellentes.

L’UCI et les vélos de gravelle (vélo de route tout-terrain)

L’UCI a également annoncé la mise sur pied d’un circuit de courses de vélos de gravelle, appelé « Série Mondiale Gravel UCI », série qui proposera des épreuves de qualification pour le Championnats du monde de vélos de gravelle, une première. Les détails sont encore à être annoncés.

Autrement dit, le format en gravelle est un peu le même que pour la série UCI GranFondo pour la route, dont une des épreuves de qualification se déroule à Victoriaville lors du Vélo.Victo.Fest. Rappelons également que l’organisation de Victoriaville s’est portée candidate pour obtenir les Championnats du monde GranFondo en 2026.

Pour les organisateurs de courses de vélos de gravelle du Canada et du Québec, c’est l’occasion de s’assurer que l’UCI pourrait adjoindre leur épreuve dans ce nouveau calendrier officiel…

Et ce n’est pas tout: l’UCI plancherait sur la même formule pour le… fat bike! (vélos à pneus surdimensionnés, surtout utilisés l’hiver sur neige).

Contre-la-montre relais mixte

Pour ceux qui l’aurait manqué, c’est ici.

https://www.youtube.com/watch?v=TYh9apUQgiI

Et la suite?

Elle s’appelle Paris-Roubaix le 3 octobre et le Tour de Lombardie le 9 octobre prochain. La saison n’est pas terminée, ô que non!

Un choc de titans!!!

On s’est régalé hier sur le chrono des Mondiaux, vraiment.

D’abord la foule présente sur le bord de la route: fou!

Des hordes.

Ca promet pour dimanche prochain, c’est moi qui vous le dit!!!

On comprend vite pourquoi en Flandres, le cyclisme est une religion.

Ensuite, le suspense hier. Ganna en retard sur Van Aert au premier pointage, et Remco, passé 30min plus tôt, pas très loin derrière.

https://youtu.be/otW1aW6kmh8

Au deuxième pointage, Ganna et Van Aert séparés de moins d’une seconde!!!

Le suspense a été total jusqu’à la ligne.

Et c’est Ganna qui s’est imposé. 54,4 km/h de moyenne, excusez-du-peu. Record sur un Mondial de chrono.

Je sais pas si vous voyez mais pour faire 54,4 km/h de moyenne, compte tenu des relances, du départ, ca veut dire que Ganna était souvent bien au-delà de cette vitesse.

Essayez, pour voir! Perso, je tiens un kilomètre à 55 km/h, puis j’explose.

Grosse performance du champion italien qui défend donc avec succès son titre de l’an dernier. Ou il avait battu… Wout Van Aert!

Deuxième fois 2e donc pour le Belge, cette fois-ci pour cinq misérables secondes après 48min d’effort, de quoi nourrir des regrets. Le Belge était déçu à l’arrivée même si, bel esprit sportif, il est immédiatement allé féliciter l’Italien quelques secondes après que ce dernier ait franchi la ligne d’arrivée.

Surtout que Van Aert a cumulé quelques belles places de 2e cette saison: sur la course sur route des Jeux Olympiques (Carapaz), sur les Mondiaux de cyclo-cross (Van Der Poel), sur Tirreno-Adriatico (Pogacar), sur la Flèche Brabançonne (Pidcock)…

Très puissant, Van Aert a bien amené son plateau de 58 dents à l’avant jusque dans les derniers kilomètres, où il a visiblement coincé un peu: ca se remarque chez Van Aert lorsque sa cadence de pédalage diminue. Dans le dernier kilomètre, elle n’était plus celle tenue jusque là.

Au moins, Wout peut se consoler hier: il n’a pas été battu par Mathieu, son éternel rival!

Van Aert se tourne désormais vers la course sur route dimanche prochain. Il sera forcément revanchard, et il aura la pression d’être l’archi-favori que tout un peuple – les Flamands – attend, frustré aujourd’hui de voir leurs deux coureurs prodiges terminer à la 2e et 3e place.

Dimanche prochain, l’équipe de Belgique n’a pas droit à l’erreur.

Pour Remco, ce chrono est une petite victoire. Quelle position! Il a été parmi les rares en « negative split » comme Ganna, terminant plus vite qu’il n’était parti. La preuve d’une excellente gestion de son chrono.

Hugo Houle 20e

Chrono difficile pour Hugo Houle hier, de ses propres aveux.

Il termine certes 20e, mais à seulement trois minutes de Ganna.

Sur 43km, compte tenu du niveau des coureurs sur le podium, je trouve cela remarquable sur le plan athlétique. Surtout, y’a du beau monde… derrière Hugo.

Il peut être fier de sa perf.

Aujourd’hui, les femmes

Trente bornes très roulantes aujourd’hui sur le chrono des femmes.

Misez la Néerlandaise Annemiek Van Vleuten pour la gagne. La suissesse Marlen Reussen, 2e l’an dernier dans la discipline derrière van der Breggen, est aussi au départ. L’Américaine Amber Neben, 6e l’an dernier, sera aussi à suivre avec intérêt.

Deux Canadiennes sur la ligne de départ, Leah Kirchmann et Karol-Ann Canuel, dont il s’agit de ses derniers Mondiaux. Un top-10 est jouable!

Chrono des Mondiaux: le match Kung-Ganna-Van Aert – Evenepoel

C’est jour de chrono sur les Championnats du monde dans les Flandres aujourd’hui!

Le parcours est long de 43 bornes, tout plat.

Pas une bosse.

Sur un tel parcours, la puissance brute parlera.

À prévoir, une moyenne élevée, probablement proche et possiblement supérieure à 55km/h. Ouf!

Je vois mal qui pourrait s’immiscer dans le match attendu entre Stefan Kung, récent champion d’Europe de la discipline, Filippo Ganna l’actuel champion du monde du chrono, Wout Van Aert en état de grâce et Remco Evenepoel, certes un plus petit gabarit mais dont l’aérodynamique est bluffante.

On a l’impression qu’Evenepoel a besoin de 80 watts de moins que les trois autres pour rouler à la même vitesse tant il est compact sur son vélo!

Pour Wout Van Aert, le parcours n’est peut-être pas assez sélectif. Mais dans un bon jour, rien ne semble hors de portée pour le champion belge qui a manifesté récemment son intérêt pour un doublé chrono-route.

Un tel doublé n’a jamais été réalisé chez les hommes. Miguel Indurain s’en est approché en 1995 à Duitama (Colombie), remportant le chrono et terminant 2e sur la route derrière son compatriote Abraham Olano.

Intéressant, Van Aert lui-même a fait 2e du chrono et de la route en 2020 à Imola.

Pour Ganna, ce chrono long de 43 bornes est peut-être un peu long. Ca sera son principal défi: résister en 2e partie de chrono face à des « routiers » tels que Van Aert ou Kung, rompus à des efforts solitaires assez longs.

Quant à Remco, il n’a rien à perdre, sachant qu’il a déjà déclaré vouloir se mettre à 100% au service de Van Aert lors de la course sur route. Pour lui, ca sera probablement « on débranche la tête, et full gas ». Le résultat sera le résultat.

Un seul Canadien au départ, Hugo Houle nouveau champion canadien de la discipline. Un choix logique. Un top-15 serait excellent, un top-10 carrément extraordinaire. On lui souhaite!

Peu de vent, peu de pluie, nuageux et environ 23 degrés, les conditions devraient être excellentes pour ce chrono. Espérons la foule flamande – des passionnés de cyclisme, les Flamands – nombreuse sur le bord de la route!

Un live stream est prévu pour la chaine UCI sur YouTube.

Les vidéos de l’heure

À quelques jours des Mondiaux sur route, les vidéos de l’heure pour ceux qui voudraient voir (ou revoir) les plus récentes courses professionnelles. Le prochain champion du monde s’y cache probablement!

Antwerp Port Epic

GP de Fourmies La Voix du Nord

https://www.youtube.com/watch?v=3p8QvGnhc1g

Giro Della Toscana

https://www.youtube.com/watch?v=lPgcgV5mXDQ

GP de Wallonie

https://www.youtube.com/watch?v=h_TsCwwYl2E

Coppa Sabatini

https://www.youtube.com/watch?v=a5jm9jA6o24

Tour du Luxembourg – 3e étape

https://www.youtube.com/watch?v=P9xIEkhM-2I

Ineos Grenadier – Off Script sur le Tour de Grande-Bretagne

Le Tour de l’actualité

Plein de courses intenses, des surprises, des confirmations, des controverses, quel week-end de cyclisme! Et tout cela sur fond de Mondiaux, dans moins de deux semaines…

1 – Un guerrier champion canadien!

Très belle victoire du guerrier Guillaume Boivin samedi dans la course sur route des Championnats canadiens.

Son 2e titre national chez les élites dans la discipline, après celui acquis en 2015.

Guillaume pourra porter le maillot de champion canadien sur les courses WorldTour en Europe et ca, ca fait rudement plaisir.

Guillaume l’a emporté avec la manière, auteur d’une longue et belle échappée solitaire. Gagner solo, c’est quand même quelque chose. Il était le plus fort samedi dernier, pas de doute là-dessus. Lui et les autres.

Avec une première participation au Tour de France en juillet dernier, Guillaume connait une très belle saison et cette victoire vient la couronner. Très content pour lui, compte tenu de ses années « galère » où il a dû composer avec des blessures à répétition. Forcément, le doute s’installe après un moment et de revenir ainsi cette saison au plus haut niveau, ca force le respect.

À 32 ans, le meilleur est peut-être encore à venir en Europe pour ce solide coureur, à commencer par les prochaines courses dont les Mondiaux qu’il devrait courir pour l’équipe canadienne. On attend la confirmation de l’équipe.

2 – Canadiens: la controverse

Une controverse est apparue à l’arrivée samedi de la course sur route des Canadiens, Hugo Houle n’étant pas content de n’avoir pu rentrer sur le groupe de tête au sein duquel faisaient partie notamment Guillaume Boivin et Antoine Duchesne, les deux seuls autres coureurs « WorldTour » au départ de la course, car ce groupe – lisez Antoine – a relancé l’allure quand Hugo s’est rapproché tout près.

Hugo a refusé de serrer la main d’Antoine à l’arrivée, ces deux-là ayant pourtant beaucoup partagé depuis le début de leur carrière en Europe. L’histoire a été rapportée notamment par Simon Drouin dans La Presse.

C’est toujours triste ces situations. D’une part, c’est la course! Antoine et Hugo ne courent pas sous le même maillot, donc il n’y avait pas nécessairement de cadeau à se faire. Ce sont des coureurs pro après tout, on les paye pour gagner.

En même temps, il y a parfois des alliances de circonstances qu’il convient alors de respecter, tout comme les règles « non-écrites » du cyclisme (elles sont nombreuses).

Il était évident que les trois coureurs WorldTour avaient avantage à ne pas laisser un coureur « amateur » s’imposer sur ces Canadiens; après tout, le plus haut niveau, c’est eux. Après avoir fait un gros boulôt sans être relayé pour rentrer devant, je comprends Hugo d’avoir été frustré de voir ses amis WorldTour relancer l’allure et ainsi le condamner: l’explication aurait tout à fait pu venir plus tard…

Des erreurs ont été commises de part et d’autre selon moi, espérons pour le bien de la prochaine équipe canadienne sur les Mondiaux en Flandres dans 10 jours que la paix pourra rapidement revenir.

3 – Hugo et les autres sur le chrono

Hugo Houle ne repart pas les mains vides de ces Canadiens: dans le chrono vendredi, il a confirmé en mettant une valise à tous ses concurrents, s’imposant par plus d’une minute 30 sur son plus proche poursuivant.

Il s’est fait mal pour aller la chercher, celle-là, 41min d’effort tout de même… ce qui taxe forcément un peu, l’épreuve sur route étant le lendemain (samedi).

Gros week-end de travail!

4 – Canadiens: les autres perfs

Carton plein pour Alison Jackson, titrée sur le chrono et la route chez les élites.

Chez les U23, c’est un coureur de la région d’Ottawa, Carlon Miles, qui s’impose, une très belle victoire. Ce coureur continue de grimper les échelons, c’est intéressant de suivre sa progression.

Enfin chez les juniors femmes, la nouvelle championne canadienne s’appelle Jazmine Lavergne et vient d’Aylmer, tout près de Gatineau. Annoncée avec un grand potentiel, elle sera en action dans sa ville lors du prochain critérium le 18 septembre prochain.

Comique, elle pratique l’hiver le ski de fond avec le club Nakkertok. Comme quoi cyclisme et ski de fond peuvent faire très bon ménage… pourvu d’entretenir son coup de pédale quand même un peu l’hiver durant.

5 – Van Aert intouchable

On sait qui sera l’homme à battre sur les prochains Mondiaux: Wout Van Aert.

Il vient de remporter quatre étapes du Tour de Grande-Bretagne, raflant également le général le dernier jour en gagnant l’étape et en empochant les bonifs.

Surpuissant, il n’a pas eu de mal à déborder Andrei Greipel hier dans le sprint final. C’est magnifique de maitrise par le champion belge.

https://www.youtube.com/watch?v=eScRb-sT0iM

6 – Colbrelli champion d’Europe

Méchante course également hier du côté de Trente en Italie pour le Championnat d’Europe.

J’étais sur le bout de ma chaise sur les 50 derniers kilomètres avec cette échappée « royale » qui comportait notamment Pogacar, Cosnefroy, Evenepoel, Colbrelli, Trentin, Hermans et j’en passe.

Après un long travail de sape par son compatriote Hermans, Remco a mis les gaz dans l’avant-dernière ascension de la patate du circuit. C’était impressionnant et seuls Colbrelli et… Cosnefroy ont pu s’accrocher, ce dernier en se dépouillant complètement. La violence de l’effort de Cosnefroy était palpable à la télé.

Exit Pogacar, déposé par l’accélération d’Evenepoel. N’allez toutefois pas croire que le Slovène ne sera pas dans le coup aux prochains Mondiaux: il est évident qu’il monte actuellement en puissance pour sa fin de saison qui passera donc par les Flandres avant d’attaquer les classiques italiennes, et son objectif principal le Tour de Lombardie.

Cosnefroy hier a pété au pied de la dernière ascension, il apparaissait clair qu’il n’a jamais vraiment pu récupérer de l’accélération de Remco au tour précédent. Cosnefroy a pu sauver sa 3e place, une belle récompense pour ses efforts.

Seul Colbrelli a pu s’accrocher au prodige belge, mais n’a pas relayé et a pu le battre au sprint sans grande difficulté.

Evenepoel était si frustré à l’arrivée qu’il a adressé un bras d’honneur au clan italien!

L’erreur tactique lui revient pourtant entièrement selon moi: il a certes monté vite la dernière bosse, mais au train, faisant parfaitement le jeu du sprinter italien qui était au rupteur, mais qui a pu s’accrocher avec un tel effort rectiligne, lisse.

Il aurait été plus judicieux de Remco de baisser d’un ton pour ensuite accélérer une première fois, puis une deuxième: je suis sûr qu’il aurait décroché Colbrelli. Remco en a beaucoup fait devant à rouler comme une moto, ca fonctionne chez les amateurs mais pas chez les pros où le niveau est beaucoup plus homogène.

Colbrelli a définitivement été le plus malin. Le voilà avec une belle garde-robe, lui qui est champion d’Italie en titre. Normalement, il aura l’obligation de porter le maillot de champion d’Europe en course durant les 12 prochains mois… à moins qu’il ne gagne les Mondiaux!

7 – Evenepoel au service de Van Aert?

C’est du moins ce que prétend Remco: il se mettra à 100% au service de Wout Van Aert sur les prochains Mondiaux, tout en disputant le chrono à fond bien sûr.

L’équipe de Belgique aura de quoi répondre à celle de Slovénie, qui débarquera avec Roglic, Pogacar et Mohoric.

8 – La France qui gagne

C’était un plaisir de revoir (brièvement) Thibault Pinot devant une course hier sur les Championnats d’Europe.

C’était un plaisir de voir Benoit Cosnefroy être acteur du final avec les deux pointures Colbrelli et Evenepoel. Il ne lui a pas manqué grand chose et le sélectionneur national pourra monter une belle équipe avec des coureurs comme Alaphilippe, Barguil ou encore Bardet qui marchent bien en ce moment. L’équipe de France aura un bon coup à jouer sur ces Mondiaux pour défendre le titre d’Alaf!

Chez les juniors, c’est aussi un plaisir de voir le titre pour Romain Grégoire, avec la 3e place de Lenny Martinez, le fils de Miguel. Les dynasties familiales continuent d’exister dans le cyclisme, un sport où les coureurs pro ont forcément des bons gênes souvent hérités des générations précédentes.

9 – Mathieu, le retour

On peut dire que Mathieu Van Der Poel a réussi sa rentrée lors de sa première course sur route depuis le Tour puisqu’il s’est imposé hier de belle manière sur Antwerp Port Epic dans le nord de la Belgique.

Pour tout vous dire, Antwerp sera le lieu de départ de la course des Mondiaux dans 10 jours.

Van Der Poel a mené une belle échappée avec Taco Van Der Hoorn pour s’imposer au sprint. Le parcours était ponctué de plusieurs chemins de gravelle, un bon test pour son dos convalescent.

Van Der Poel a fait savoir que la décision finale pour son programme de fin de saison sera prise cette semaine, notamment sa participation aux Mondiaux puis à… Paris-Roubaix. Assurément piqué par les succès actuels de Van Aert son éternel rival, je ne serais pas surpris de voir Van Der Poel vouloir donner la réplique!

10 – Woods, la déception

Mike Woods termine le Tour de Grande-Bretagne en excellente condition, c’est évident. Payez-vous ces images de la 4e étape, où Woods donne la réplique à Van Aert et Alaphilippe:

https://www.youtube.com/watch?v=cfqBuECKdx4

Du coup, son forfait pour les Mondiaux est une déception pour tous les fans de cyclisme au Canada selon moi: le parcours dans les Flandres est exigeant, et Woods est en forme.

Dans une carrière pro, tu n’as pas 50 occasions de participer à des Mondiaux en représentant ton pays, qui plus est lorsque ces Mondiaux te conviennent.

Un Mondial pour sprinters, je comprendrais facilement la décision de Woods, mais là j’ai un peu plus de mal.

Woods préfère apparemment gérer sa fatigue pour tout miser sur les classiques italiennes de fin de saison.

Une victoire sur Milan-Turin n’aura jamais le même retentissement qu’une victoire ou un podium sur les Mondiaux selon moi… et Mike trouvera bien des clients de choix pour lui disputer la victoire sur le prochain Tour de Lombardie, et notamment Tadej Pogacar.

Vuelta: Roglic conclut

Primoz Roglic a signé un exploit hier selon moi sur la 17e étape du Tour d’Espagne, sous une météo difficile.

Parti sur l’attaque d’Egan Bernal à plus de 60 bornes de l’arrivée, Roglic a roulé avec le Colombien jusqu’au pied de l’ascension finale des lacs de Cavadonga, pour ensuite rouler solo jusqu’à la ligne.

Bernal n’a juste pas pu suivre le rythme imposé par Roglic dans l’ascension.

Roglic s’impose avec 1min35 d’avance sur son coéquipier Sepp Kuss qui règle un petit groupe incluant les deux Movistar Mas et Lopez.

Au général, Roglic ré-endosse le maillot rouge avec plus de 2min20 d’avance sur son plus proche poursuivant, Enric Mas.

La Vuelta est pliée. Son troisième succès consécutif sur ce grand tour.

Je ne vois plus comment le champion slovène pourrait être battu sur cette Vuelta, à quatre étapes de l’arrivée à St-Jacques de Compostelle.

Sauf incident bien sûr.

Roglic se paye donc un beau prix de consolation sur ce grand tour: sa victoire probable sur cette Vuelta nous rappelle cependant qu’il n’a jamais remporté à ce jour le Tour de France!

L’étape d’aujourd’hui

De façon surprenante, l’étape du jour est presque identique à celle d’hier, mais un peu plus courte (163kms).

Une nouvelle arrivée en altitude à l’Altu d’El Gamoniteiru (1700m), 15 km d’ascension à une moyenne de 9,7%, avec deux passages plus pentus à 12 et 13%. Les quatre derniers kilomètres sont les plus difficiles.

Roglic n’a plus à attaquer, il peut se contenter de suivre, bien épaulé par son coéquipier Kuss qui a prouvé être très efficace en montagne actuellement.

Les deux Movistar devront, eux, passer à l’attaque s’ils veulent faire la différence, et on verra si l’équipe veut ou non en sacrifier un en lui demandant de partir de loin… C’est en effet pour moi la seule façon de mettre en difficulté cette équipe Jumbo-Visma actuellement.

Si les Movistar le faisaient, qui sait, les Bahrain-Victorious et les Ineos pourraient leur venir en aide… Je pense que ces trois équipes ont intérêt à unir leurs efforts durant l’étape d’aujourd’hui, et c’est probablement ca que doivent craindre le plus les Jumbo-Visma.

Pour le reste, les autres classements sont pas mal pliés: Bardet la montagne, Jakobsen les points, Bernal le jeune, et la Bahrain le classement par équipe.

Rohan Dennis chez Jumbo-Visma

L’une des grosses nouvelles hier dans le monde du cyclisme, c’est la signature chez Jumbo-Visma de Rohan Dennis, qui quittera donc en fin de saison son équipe actuelle Ineos-Grenadier.

Gros talent que ce Rohan Dennis: il roule très vite, il grimpe très bien quant il le veut.

Un renfort de choix pour Primoz Roglic qui perdra, rappelons-le, George Bennett en fin de saison, en partance pour la concurrence de UAE Team Emirates.

Landa, encore la déception

Décidément, Mikel Landa continue de décevoir, mois après mois, année après année.

Annoncé comme un des favoris de cette Vuelta suite à sa victoire sur le Tour de Burgos, le coureur espagnol a abandonné la Vuelta hier.

Par la petite porte.

Vuelta: Roglic, n’importe quoi!

J’avoue ne pas bien comprendre la stratégie de course employée hier par Primoz Roglic et les Jumbo-Visma.

Plus tôt cette saison, Primoz Roglic a perdu Paris-Nice ET le Tour de France en raison de chutes. Dans le registre, il a beaucoup donné.

Il tient une excellente condition sur cette Vuelta, il est en rouge, et seul Mas et Lopez semblent pouvoir encore le titiller légèrement pour la gagne.

Il reste de nombreuses étapes avec des arrivées en altitude, notamment en 3e semaine qui sera difficile.

Il a donc largement des occasions de creuser son avance, et il sera difficile à déloger.

Qui plus est, la dernière étape – un chrono de 33 bornes – l’avantagera aussi!

Enfin, il a une solide équipe autour de lui, avec notamment Kuss et Kruijswijk en montagne.

Hier dans la dernière (et la seule) patate du jour, il attaque alors que le sommet est situé à 15 bornes de l’arrivée. Mouais… pas sûr: il avait encore Kuss à ses côtés, donc pourquoi attaquer à cet endroit? L’échappée devant avait 13 minutes d’avance en plus, l’étape était pliée, il ne s’agissait que de rentrer tranquille avec ses adversaires directs.

Voyant l’attaque, tu te dis que Roglic joue la carte de l’intox psychologique, voulant probablement marquer ses adversaires de sa supériorité. C’est toujours bon de rappeler à tout le monde c’est qui le patron. Que tu es en contrôle, que tu fais ce que tu veux. Ok.

Je me dis « il va se relever en haut », surtout qu’à la bascule, il n’a qu’une vingtaine de secondes d’avance sur ses poursuivants, dont les deux Movistar Mas et Lopez.

Ben non, descente à bloc! Prise de risques maximum.

Va falloir m’expliquer là!!!

Et ca n’a pas loupé: sa roue arrière qui glisse dans un virage, Roglic s’étale. Il s’en tire avec des égratignures, a pu repartir très vite et finir avec ses trois poursuivants, ouf, Vuelta sauf jusqu’à… demain… Faudra voir comment il récupère de cette nouvelle gamelle.

Mais pourquoi cette prise de risque dans cette descente? L’exemple de Valverde n’a pas suffit?

Roglic a été très chanceux: il aurait pu se relever avec une clavicule sautée…

Jamais je n’aurais agi ainsi en tête d’un grand tour, bien entouré, alors qu’il reste un paquet d’étapes pour faire la différence sans prendre de tels risques…

Pour moi, c’est du grand n’importe quoi à ce niveau de professionnalisme. Je vous rappelle que le seul but dans la vie de Primoz Roglic, c’est de gagner des courses cyclistes. Point barre.

Sinon, la Jumbo-Visma a choisi de laisser aller (temporairement) le maillot rouge, enfilé par un norvégien Odd Christian Eiking de chez Intermarché-Wanty-Groupe Gobert qui, du coup, n’en revient pas de si belle aubaine.

Décidément, le cyclisme norvégien a le vent dans les voiles ces jours-ci, avec ses récentes étincelles sur le Tour de l’Avenir. L’avenir en cyclisme, justement, semble bien assuré pour ce pays!

Si vous voulez voir descendre un fer à repasser, payez-vous les images d’Enric Mas en descente. Hier, après chaque lacet, on le voyait parler dans la radio, certainement pour demander à son équipier Lopez juste devant de descendre moins vite.

Enfin, Guillaume Martin nous refait le coup du Tour de France en se replaçant au général au profit d’une seule étape. Comme si les grands leaders ne croyaient pas trop en la menace Guillaume Martin; à ce petit jeu, un jour, ca pourrait bien leur échapper… Faudra voir ce que Martin peut faire dans les prochains jours pour préserver sa place sur le podium.

Et une belle lutte se dessine entre Egan Bernal et Alexandr Vlasov pour le maillot blanc de meilleur jeune, ce qui pourrait pimenter voire dynamiter la course dans le groupe des favoris sur les prochaines étapes.

Bernal, qui ne court pas très bien lui non plus: sur l’attaque de Roglic, c’est lui qui fait le premier effort de chasse derrière, alors qu’il a les deux Movistar avec lui… heu, Egan, c’est pas à toi de passer! Un kilomètre plus loin, ca n’a pas loupé quand les deux Movistar ont commencé à appuyer: largué, Bernal! Je comprends pas à ce niveau de professionnalisme.

Mais le reste de cette Vuelta va être passionnant!

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