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Pogacar intelligent

Y’a pas à dire, Tadej Pogacar conduit actuellement son Tour de France de façon intelligente.

Ayant perdu un élément important en Joao Almeida, il s’adapte en laissant aller le maillot jaune vers Ben Healy, conscient que ce dernier ne représente pas vraiment une menace pour la victoire à Paris, et qu’à 29 secondes, les risques sont minimes.

Son équipe a également beaucoup payé lors de l’étape avant-hier, et Pogi peut dire merci au dragster allemand Nils Politt, qui aura d’ors et déjà une partie importante du maillot jaune si Tadej le ramène à Paris. Impressionnant Politt qui a assumé une méchante partie de l’étape lundi en tirant le peloton pendant de nombreux kilomètres derrière l’échappée menaçante qui comportait notamment un certain Simon Yates, vainqueur du Giro plus tôt cette saison.

Sûr qu’à ce régime, et devant la puissance des Visma Lease a Bike, vaut mieux jouer de prudence et d’user de stratégie pour s’économiser. Chez UEA, on l’a bien compris.

Aujourd’hui sur la route de Toulouse, ce sera les EF Education Easy Post qui auront à gérer le poids de la course. Bien joué UAE, et toujours ça de pris.

Pour le reste, on aborde le vif du sujet jeudi, avec l’arrivée à Hautacam. Misez Pogacar pour reprendre le maillot jaune, et ne plus le lâcher jusqu’à Paris.

Pour le reste, la bataille sera pour les places de 2 et 3 sur le podium du Tour, et ca se jouera entre Remco, Jonas et Matteo. Ce Jorgenson a du mordant, et je pense qu’il est un coureur à surveiller de très près pour une place sur le podium, au détriment même de Jonas.

J’aime bien également les chances de Oscar Onley, actuellement 7e à 3min24 mais qui devrait logiquement remonter au classement général à mesure que le Tour avance vers l’arrivée. Les Alpes lui seront favorables.

Félix Gall devrait lui aussi logiquement remonter vers le top-5.

Pour le reste, faut voir. Guillaume Martin par exemple. 16e du général à un peu plus de 10min, il représente encore une menace au classement général, mais pas tant. Alors, la victoire d’étape? Le général? Pas simple!

Perso, ca serait la victoire d’étape, et de loin. Pour cela, il faut qu’il perde un peu plus de temps encore. À moins que les Pyrénées lui permettent des gains significatifs et donc un joli rapproché au général.

Le Tour du Tour, y compris ce qui fâche

Petit tour de ce qui a retenu mon attention ces derniers jours, alors que le peloton du Tour aborde enfin les étapes accidentées voire la montagne.

1 – Van Der Poel. Quelle performance athlétique hier par le coureur franco-néerlandais! Résister ainsi au paquet jusqu’au 700m, après 175km d’échappée à deux, il fallait le faire. Van Der Poel a prouvé que sa valeur athlétique demeure hors norme même au plus haut niveau, et qu’il a également le sens du panache, car il fallait oser hier alors que l’étape était promise aux sprinters.

Certain que sur un malentendu, ca peut marcher, mais pas cette fois!

2 – Van Aert. Le grand rival de Mathieu Van Der Poel retrouve lui-aussi la bonne jambe je trouve, pour preuve le voilà qui se mêle aux sprints. Attention à lui dans les deux prochaines semaines, et il pourrait être la pierre angulaire du succès des Visma-Lease a Bike sur ce Tour, étant un coureur dans lequel Vinge a une confiance absolue.

3 – Le Mont Dore. L’étape aujourd’hui comporte 4400m de dénivelé sur un parcours casse-pattes, presque pire que dans les grands cols des Alpes ou des Pyrénées où tu peux prendre un rythme en montée, et trouver une fréquence cardiaque et une puissance stable. Au lieu de ca aujourd’hui, ca sera des montées, des descentes, des relances, du usant quoi. Par chance, la chaleur devrait être supportable demain pour les coureurs, donnant un petit coup de pouce la difficulté de l’étape.

4 – Mauro Gianetti. On le sait, le milieu du cyclisme pro en Europe est incestueux, en gros quelques centaines de personnes qui font tourner la boutique et qui n’admettent parmi eux que ceux qui ont déjà été initiés, le plus souvent en étant coureur. Pour être un observateur éclairé du cyclisme, il faut lire cet excellent reportage récent sur Mauro Gianetti, manager général de l’équipe UAE-Team Emirates d’un certain Tadej Pogacar. Produit par Radio-France avec notamment l’aide de l’excellent journaliste Pierre Carrey, c’est un must, question de vous assurer qu’on ne vous prend pas pour une valise et que vous réagissez aux perfs de Pogi en toute connaissance de cause.

5 – Pas Normal Studio. Vidéo comique mais vrai sur cette tendance incarnée par excellence par Pas Normal Studio, ce couturier du vélo: aujourd’hui, le look est ce qui prime, rien d’autre. Hey! Il ne suffit pas de s’acheter un vélo à 15,000$ et des fringues tendances pour faire de vous un ou une cycliste… Et pour ceux qui ont pédalé un peu comme moi, je peux vous dire qu’on reconnaît ce genre de clown vite au sein d’un groupe!

6 – Alimentation. Je m’intéresse à cette nouvelle lubie dans le monde du cyclisme, celle d’accroitre très significativement son ingestion de glucides à l’effort, cette technique, apparemment en vogue dans le peloton pro, permettant de devenir vraiment plus performant. Certains annoncent jusqu’à 120 grammes de glucides à l’heure, une quantité que n’importe quel estomac a vraiment du mal à assimiler. Qu’en est-il vraiment? Après plusieurs lectures (et je les continue), je donne une fois de plus dans la fumisterie d’un milieu qui utilise tout ce qui est possible pour cacher la vérité sur comment on fait pour tourner les jambes à 100 RPM dans une pente à 12% au km 185 d’une étape de haute montagne sur le Tour… Et j’ai trouvé ce vidéo sur les puissances « extra-physiologique » et l’alimentation vraiment intéressant.

7 – Mike Woods. Le coureur canadien, actuellement englué dans le paquet du Tour mais qu’on attend bientôt sur une ou deux étapes qu’il aura ciblé, s’est récemment lâché sur les risques encourus au sein du peloton, écorchant au passage ASO l’organisateur du Tour: « No matter what ASO says, they love crashes« . C’est vrai que dans le registre, Mike a plutôt fait fort durant sa carrière, tout comme Primoz Roglic. Mike mets quelques propositions de l’avant, et c’est intéressant.

8 – Hincapie et Armstrong. Les deux affreux que je ne peux pas supporter mettent sur pied une nouvelle équipe américaine, Modern Adventure Pro Cycling, avec l’ambition d’être une équipe présente voire dominante « dream team selon Hincapie, sur la base de US Postal ca promet! » sur le Tour de France d’ici cinq ans. Que voulez-vous, s’il fallait éliminer tous ceux qui trainent de grosses casseroles dans le milieu de l’organisation des équipes World Tour, ca aurait de quoi déstabiliser pendant un moment… En attendant, à voir comment ce projet s’articulera au cours des prochains mois. Je leur souhaite le moins de succès possible.

9 – Canyon. Je vous le dis depuis quelques mois déjà, le commerce dans le monde du vélo va mal, va très mal même. Beaucoup de grandes compagnies demeurent discrètes pour le moment, mais le marché est très difficile et même l’usagé est touché. Que voulez-vous, les prix ont atteint de tels niveaux que ca a du mal à suivre. Pour preuve, Canyon, géant allemand bien présent au coeur du peloton pro, éprouve actuellement d’importantes difficultés financières. D’autres sont dans une situation similaire, et espère passer à travers la période actuelle.

10 – Campagnolo. L’équipementier italien légendaire a rendu public début juin le premier groupe 13 vitesses pour vélos de route, le Super Record, avec en prime le retour du levier actionné par le pouce, la signature de Campagnolo. Je vous en parlerai plus en détails bientôt, et c’est vraiment un tour de force qu’a fait là Campi, réussissant à abaisser le tarif du groupe entier de 900 euros par rapport à la version 12 vitesses précédente.

Remco comme prévu, la claque pour Vinge

La surprise du jour est venue de la « contre-performance » de Jonas Vingegaard sur ce premier chrono du Tour.

Il termine « seulement » 13e du chrono, à 1min21 de Remco et, plus important, à 1min05 de Tadej, qui est, outre le champion belge, l’autre grand vainqueur du jour.

Tadej, 16 secondes seulement sur Remco, ouf, une grande grande performance pour lui, car le parcours était tout plat. Ca en dit long sur la puissance qu’est capable de générer le coureur slovène, et sur son actuelle condition physique.

Pour Vinge, ben c’est la cata: la puissance n’y était pas. J’ai eu beau chercher sur le visuel, je ne trouvais rien qui clochait dans son style, son apparence sur le vélo. La puissance n’était simplement pas la même que pour les premiers.

Pas bon signe pour la suite, mais ca peut aussi être le fameux « jour sans ».

Drôle de coïncidence, même résultat décevant pour son équipier Matteo Jorgenson, seulement deux secondes plus rapides que lui.

C’est donc la Jumbo-Lease a Bike qui a loupé son chrono, sauf évidemment Edoardo Affini le spécialiste, 3e de l’étape. Je l’avais oublié celui-là!

Misons cependant pour une réaction d’orgueil de l’équipe néerlandaise, et les étapes piégeuses, à commencer par celle de demain jeudi, sont là pour donner le terrain propice à une guerre de tranchée. Un homme devient alors ultra-important dans l’effectif Jumbo, un certain Wout Van Aert.

Pour Tadej, faudra désormais gérer le maillot jaune et la pression de la course; Paris est encore loin.

Pour Remco, une opportunité en or d’améliorer son classement de l’an dernier à Paris, et de faire donc 2e du Tour 2025. Ce n’est cependant pas gagné d’avance, la haute montagne de la dernière semaine étant tout un défi, et autour de lui peu d’équipiers pour l’épauler, sauf peut-être Valentin Paret-Peintre.

Enfin, mention très, très bien à Bruno Armirail et Kevin Vauquelin, respectivement 4e et 5e de ce chrono. Pour ces deux coureurs français, c’est vraiment une très belle performance, à ce niveau sur le Tour. Vauquelin tout particulièrement vient à mes yeux de confirmer son excellent Tour de Suisse, et il faudra le garder à l’oeil pour le reste du Tour. C’est excitant.

Demain vers Vire-Normandie

202 km vers la Normandie demain, avec un profil d’étape plutôt compliqué, pas moins de 3500m de dénivelé dans la journée!

Après un chrono que beaucoup auront fait « en dedans », gageons qu’ils seront nombreux demain matin sitôt M. Prudhomme abaissera le drapeau pour passer à l’attaque et vouloir prendre l’échappée matinale. Belle guerre durant la première heure à prévoir, il ne faudra pas manquer ca.

La première heure est, parfois, plus intéressante que la dernière!

Le rendez-vous de Remco

Les grands champions ne veulent pas simplement exister, ils veulent laisser leur trace.

C’est pour ca qu’en sport, ils détestent perdre.

Remco est de la race des grands champions, et il le sait.

Que voulez-vous, ca fait longtemps qu’il s’est rendu compte qu’en sport, en cyclisme tout particulièrement, il a un gros plus par rapport aux autres. Ca toujours été comme ça.

Et pour laisser sa trace sur ce Tour de France, Remco sait que c’est aujourd’hui et pas un autre jour.

33 km pour faire la différence sur le tracé autour de Caen.

Maintenant.

C’est sa meilleure chance pour une victoire d’étape, et pour combler une partie de ces 58 secondes de retard sur le maillot jaune.

Alors Remco va tout donner. À bloc. Après tout, il est le champion olympique de la discipline, alors il veut exister et gagner à la hauteur de sa réputation de meilleur rouleur du monde.

Il lui restera à s’attaquer au record de l’heure pour entrer définitivement dans le Grand Livre de la Légende du Cyclisme. On verra ca plus tard.

Pour l’heure, Caen et ses 33 km. Le Belge est l’homme à battre, aucun doute là-dessus. S’il gagne, son Tour sera d’ors et déjà réussi.

Et la pression durant le reste du Tour sera un peu moindre, même si l’on sait que Remco ambitionne d’un jour gagner le Tour, pourquoi pas essayer dès cette année?

Le maillot jaune? Pas sûr toutefois. Ca sera difficile selon moi de reprendre 50 secondes sur Jonas Vingegaard, 3e du général et le seul autre favori de ce chrono à mon avis.

Vingegaard peut rouler vite, et il est en excellente condition. Son chrono de Combloux a marqué les esprits.

Remco vs Jonas, le match aujourd’hui!

Les inconnus, ben c’est Tadej et Mathieu. Les deux peuvent aller très vite sur un chrono, on se rappellera tous le chrono de Tadej l’an dernier à Nice, époustouflant.

Mathieu sait aussi rouler vite lorsqu’il le faut. Le maillot jaune transcende.

Ganna étant out, il n’y a pas vraiment d’autres coureurs capables de rivaliser aujourd’hui. Beaucoup feront ce chrono « en dedans », simplement pour rentrer dans les délais et accumuler des minutes de retard au général, question d’avoir des bons de sortie plus tard dans la course.

Remco, 33 km pour entrer dans l’histoire de ce Tour 2025.

Réponse vers midi, heure du Québec.

Un Tour piégeux

Départ du Tour de France 2025 ce samedi depuis Lille, dans le nord de la France.

Un Tour qui, pour moi, se résume à un seul mot: piégeux.

En plein dans l’ère du temps: les organisateurs visent à offrir un parcours où tout peut survenir, tous les jours, tout le temps.

Y’a qu’à voir le nombre d’étapes dites « accidentées », par exemple la 6e étape Bayeux-Vire Normandie, 202 kilomètres mais surtout 3500 mètres de dénivelé positif. Sur un tel parcours, les opportunités ne manqueront pas aux audacieux qui voudront tenter quelque chose.

Et des étapes comme ca, il y en a un paquet, pas moins de quatre dans la première semaine, et encore trois en dernière semaine.

Les grands classiques pour faire la différence comme les chronos ou les grandes étapes de montagne sont atténués, question d’ouvrir la course au maximum.

Ainsi, 33 petits kilomètres chrono tout plat lors de la 5e étape du côté de Caen. Le chrono en côte vers Peyragudes lors de la 13e étape ne fait que 11 kilomètres, soit une distance très modeste chez les professionnels.

Si on exclut l’étape du Ventoux, réellement une simple course de côte, ce Tour ne comporte que quatre étapes de montagne. Les deux plus intéressantes surviennent en troisième semaine, soit Vif-Col de la Loze puis, le lendemain, Albertville-La Plagne. C’est vraisemblablement là que le Tour sera définitivement fixé.

Le travail d’équipe

Chose certaine, avec un tel parcours, le travail des équipes fera certainement la différence.

Une équipe forte pourra contrôler les échappés, voire rétablir une situation dans le final d’une étape, par exemple un coup de bordure ou autre.

Les équipes moins homogènes seront exposées à subir la course.

Surtout, pour le coureur qui vise le général, son équipe sera cruciale et plus que jamais, elle devra être à ses côtés en permanence. La vigilance sera de mise à chaque jour, à chaque instant. Il faudra également être prompt à réagir, car sur plusieurs étapes, des écarts pourraient être rapidement créés.

Les chutes

Une fois de plus, il est fort possible que ce soit l’histoire de la première semaine, tout simplement parce que les opportunistes croyant en leurs chances sur de tels parcours seront nombreux.

À suivre, et espérons que Primoz Roglic et Mike Woods pourront éviter la poisse. Ils ont chacun déjà donné…

Les favoris

L’épouvantail est évidemment Tadej Pogacar, point barre. Avec sa saison jusqu’ici et sa condition physique démontrée plus tôt en juin, difficile de croire qu’il peut être battu. Il présente une équipe très forte autour de lui, apte à maîtriser les coups du sort. La seule faiblesse, c’est peut-être la tactique parfois discutable des UAE, une équipe qui semble pouvoir rapidement se désorganiser.

Jonas Vingegaard? Perso, je n’y crois pas vraiment, mais lui aussi présente une très solide équipe, et ils ont de l’expérience, peut-être davantage même qu’UAE. Wout Van Aert, Matteo Jorgensen, Sepp Kuss, Simon Yates, ouf, ils ont quand même toute une puissance de feu!

Où « Vinge » peut-il faire la différence sur Pogi « à la pédale »? Pas simple à anticiper! Le chrono de Caen, peut-être: Vinge avait quand même bouffé 28 secondes à Pogi sur le chrono du Dauphiné en juin dernier, en 17 petits kilomètres…

Sinon où? À voir si les Visma-Lease a Bike ne tenteront pas de piéger Pogi et les UAE sur une étape dite accidentée, les gains sont parfois importants si cela fonctionne.

Pour la 3e place sur le podium, ils sont plusieurs à pouvoir la revendiquer.

Roglic bien sûr; on lui souhaite, il est si doué. Mais pour cela, il doit passer la première semaine sans encombre, et trouver la surmultipliée en montagne.

Il sera intéressant de suivre ce que peut faire son coéquipier Florian Lipowitz, impressionnant jusqu’ici cette saison.

Evenepoel bien entendu, même si je le vois encore marquer le pas en haute montagne. Il sera logiquement le favori au départ du chrono de Caen.

Carlos Rodriguez ensuite, un coureur qui progresse chaque saison. Discret, il n’a que 24 ans et dispose encore d’une belle marge de progression. Son équipe lui fera confiance.

Matteo Jorgensen, ou un des deux jumeaux Yates pourraient aussi viser le podium à n’en pas douter.

Et pour la petite histoire, un autre couple de jumeaux sera présent sur ce Tour de France, les jumeaux Johannessen au sein de l’équipe Uno-X Mobility. Pour les fratries, y’a les Paret-Peintre aussi. Que voulez-vous, le cyclisme à ce niveau est surtout une affaire de génétique.

Les victoires d’étape

On peut déjà se risquer à prédire quelques vainqueurs d’étape possibles.

Mathieu Van der Poel bien sûr, tant il est au-dessus du lot. Les étapes accidentées seront rêvées pour lui.

Ivan Romeo aussi, le jeune coureur récent champion d’Espagne. Une victoire d’étape à 21 ans serait exceptionnel.

En montagne, je verrais bien Lenny Martinez, Oscar Onley, Félix Gall, Ben O’Connor s’il est plus loin au général, ou encore Ben Healy et Sergio Higuita lever les bras.

Et bien sûr, on souhaite tous que Julian Alaphilippe en décroche enfin une belle, après deux ans loin des lumières. Ce Tour lui convient bien, avec de nombreuses étapes casse-pattes comme il les aime.

Mike Woods? Pour lui, à 38 balais, une seule stratégie est possible: cibler une étape en deuxième ou troisième semaine, pourquoi pas le Ventoux, et s’y commettre à 100%, tout en ayant perdu un paquet de temps en première semaine pour ne plus être une menace au général.

Les classements annexes

S’il y a du beau monde pour jouer les sprints, le vert devrait revenir à Jasper Philipsen selon moi, le plus complet pour passer la montagne. Il a une solide équipe pour cette conquête, et un poisson-pilote hors pair avec Mathieu, lorsque ce dernier ne joue pas sa carte perso.

Pour les pois, c’est très ouvert selon moi. Oscar Onley, n’étant pas dans une équipe visant le général, a peut-être un bon coup à jouer!

À la télé

Pour moi, le bon plan reste France Télévision et son excellente équipe avec les Laurent Jalabert, Thomas Voeckler, Marion Rousse et Alexandre Pasteur, sans oublier Franck Ferrand.

C’est possible via deux façons au Québec, par VPN et le site de France Télévision, ou via l’application FilmOn, qui propose France2 et France3 moyennant un abonnement raisonnable. Il faut faire attention, il est tout à fait possible de ne s’abonner que pour un mois. Par contre, l’enregistrement des étapes n’était pas possible ces dernières années.

Une étape à ne rien comprendre

Ironie du sort: Simon Yates perd le Giro 2018 dans la Finestre lors de la 19e étape, Simon Yates gagne le Giro 2025 dans la Finestre la veille de l’arrivée…

Quelle revanche sur le sort pour le coureur anglais!

Pour le reste, je n’ai rien compris de la tactique des équipes – sauf Visma Lease a Bike bien sûr – samedi dernier.

Et en un mot selon moi: du grand n’importe quoi! À ce niveau de professionnalisme, je suis médusé de voir pareil amateurisme.

En premier lieu des UAE Team Emirates, totalement absents au combat sur la Finestre et dans le final pour filer un coup de main à Del Torro, pauvre jeune laissé bien seul en pâture aux autres équipes.

Ils étaient où, les Majka, McNulty et Adam Yates, des coureurs pourtant d’expérience, rompus aux grands tours, et plutôt très forts?

Je n’ai pas compris. Car avec un ou deux coéquipiers autour de lui, Del Torro aurait probablement sauvé son maillot rose.

Impardonnable, et j’ai même trouvé indécentes les images à l’arrivée d’une équipe satisfaite, jouant la carte de « c’est bien mon garçon, tu t’es bien battu ». Les accolades données par Gianetti vers Del Torro sonnaient tout faux, je suis désolé.

La triste réalité, c’est qu’UAE a totalement merdé samedi, point à la ligne. Impardonnable à ce niveau de professionnalisme, pour une des équipes les plus riches du peloton, sinon LA plus riche.

Remarquez, Del Torro a aussi fait une grosse erreur, celle de ne voir en son principal adversaire que Carapaz, calquant sa course sur ce dernier uniquement. Total, le danger était aussi avec le 3e du général, qu’il a laissé filer sans jamais réagir.

Carton rouge également à Carapaz selon moi, qui n’a pas bien joué ses cartes. Si tu veux lâcher Del Torro, ben tu fais du « stop and go », c’est-à-dire que tu places une mine, si Del Torro suit tu coupes, et tu repars 1min plus tard.

Façon Tadej.

Au lieu de ca, Carapaz a souvent longtemps prolongé son effort après une accélération, emmenant au train un Del Torro trop content de l’aubaine puisque dans la Finestre, ca voulait aussi dire revenir gratis sur Yates devant.

Enfin, je n’ai pas compris la tactique de Derek Gee dans la Finestre, ce dernier roulant en mode contre-la-montre du bas en haut. Une fois rentré sur Del Torro et Carapaz, pourquoi diable rouler pour ces deux-là? Il me semble que tu veux te refaire une santé, et profiter des éventuelles ouvertures plus tard, non? Yates – parti devant – le précédait de toute façon au général, le seul objectif à ce moment n’était-il pas de faire couler Del Torro en s’alliant avec Carapaz et ainsi monter sur le podium?

Gee était certes un ton en dessous des trois autres, c’est clair. Mais comme on ne sait jamais, sur un malentendu ca peut marcher, ben j’aurais joué le malentendu à ce stade de la course…

Quoi qu’il en soit, chapeau bien bas aux Visma Lease a Bike qui, avec un Van Aert parti tôt dans l’étape non au prix d’efforts soutenus, a pu filer un sacré coup de main à Simon Yates. Sommet du Finestre, l’écart était d’environ 1min30 avec le groupe Del Torro, pied de Sestrières quelques kilomètres plus loin c’était presque 4min, merci M. Van Aert la mobylette!

Pour Del Torro, c’est quand même un Giro exceptionnel: grande révélation de la course, meilleur jeune, plusieurs jours en rose, le gars fait presque jeu égal des meilleurs en montagne, bref, de quoi s’assurer, à 21 ans, d’un bel avenir dans le cyclisme pro. On le reverra c’est certain, mais pas sur le Tour de France en juillet. Sage décision d’ailleurs!

Les déceptions

Elles sont quand même nombreuses: Ayuso bien sûr, mais aussi Tiberi qui a sombré en troisième semaine.

Sans parler de Roglic, le poissard du cyclisme.

Et de Pidcock, qui continue de beaucoup parler, mais de ne pas vivre à la hauteur des espérances que lui-même fait naître. Un peu de retenue du coureur anglais serait de mise selon moi. Ineos ne doit pas le regretter.

La suite

Le Dauphiné bien sûr, d’abord et avant tout, toujours une répétition générale de juillet. Et un nouveau match entre Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard.

Puis le Tour de Suisse, plus discret mais excellente préparation aussi à la Grande Boucle.

UAE dans les cordes

Ca se décante sur le Giro!

Très intéressante 16e étape hier où on a pu, peut-être pour la vraie première fois, voir les forces en présence.

Et parmi les forces, sans conteste Simon Yates, Richard Carapaz et… Derek Gee.

On a surtout vu hier la déconfiture des UAE Team Emirates.

Exit Ayuso, largué assez tôt dans l’étape et qui termine loin, très loin, à plus de 14 minutes.

Giro terminé.

Je suis surpris, et ne connait pas son problème.

Del Torro a également montré des signes qu’il est désormais dans les cordes. À 21 ans, quoi de plus normal? Il paye ses efforts, la pression du maillot rose, deux semaines d’usure, trois éléments beaucoup trop lourd pour ses jeunes épaules. Del Torro est en sursis à partir de maintenant, et je ne serais pas surpris de le voir hors du podium à Rome dimanche.

Deux coureurs m’ont fait forte impression hier: Richard Carapaz et… Derek Gee.

Carapaz a pris l’initiative, faisant rouler son équipe tôt dans l’étape; ca envoyait un signal très clair sur ses ambitions. Loin de se défiler, Carapaz a fait exploser le peloton des leaders dans le final, faisant un excellent rapproché au général.

Pour moi, c’est l’homme fort de ce Giro. Il ne cédera pas, et il est le plus fort en montagne.

Simon Yates? Il gère, souvent sur la réserve on dirait. Son frère chez UAE pourra-t-il l’aider maintenant que son équipe UAE joue les accessits? À suivre, mais la dernière – et la seule – victoire dans un grand tour de Simon Yates remonte à la Vuelta… 2018.

L’autre coureur qui impressionne, c’est Derek Gee.

Très intelligent en course, Derek.

Sur l’accélération de Carapaz hier, il ne s’est pas affolé, n’a pas essayé de suivre pour exploser quelques hectomètres plus loin, il a simplement haussé son rythme, s’est installé dans un haut régime et l’a maintenu jusqu’à l’arrivée, question de limiter la casse.

J’aime beaucoup ce que je vois. Un coureur lucide, intelligent en course, et qui gère bien son capital à 5 jours de l’arrivée.

Pas compliqué, le meilleur coureur canadien depuis Bauer et Hesjedal.

Sa game? Simplement continuer de la sorte. Si Del Torro craque, il monte sur le podium. Si Simon Yates craque, il peut être 2e de ce Giro. Et si Carapaz a un moment de faiblesse, qui sait?

Pour Gee, c’est donc la course d’attente qui est la meilleure actuellement: suivre, s’économiser, envoyer la puissance lorsque c’est requis, jouer discret mais toujours présent, et le reste se fera naturellement je pense.

Ca va être un fin de Giro passionnante, surtout lors des 19e et 20e étape.

Demain le Mortirolo? Si le nom seul fait frémir, l’ascension côté Monno est beaucoup plus facile que la classique et redoutable ascension depuis Mazzo Di Valtellina. Pas un stress.

Derek Gee peut-il gagner le Giro?

Alors que nous avons un autre exemple de la « convergence » avec la sortie du Cannondale Synapse orchestrée sur à peu près tous les sites cyclistes « mainstream » donnant dans l’influence, il est temps de penser au Giro qui s’élance ce vendredi depuis l’Albanie.

Ca va être une course passionnante!

Le parcours d’abord, plus ouvert que jamais car moins difficile que souvent.

Un exemple: un seul col de 2000m ou plus à franchir, le Finestre à presque 2200m durant l’avant dernière étape. Le reste des cols, du reste moins fréquents sur la globalité du parcours, culminent souvent à une hauteur autour de 1600m maxi.

Deux chronos, lors de la 2e et la 10e étape, pour un total de 44 km contre-la-montre, gérable. Les deux ont un profil surprenament similaire, avec une petite bosse à franchir à mi-parcours.

Surtout, seulement deux arrivées en altitude, à Tagliacozzo sur la 7e étape et à San Valentino lors de la 16e étape. On a vu Giro nettement plus difficile, notamment cette fameuse édition 1998 remportée par Pantani.

Enfin, plusieurs parlent de la 17e étape via Tonale et le Mortirolo, un nom qui fait frémir. Il faut relativiser: le Mortirolo sera gravi via Mono, sur son côté le plus facile, et de loin. Pour bien connaître l’ascension des deux (voire trois!) côtés, il n’y a rien de comparable depuis Mono au Mortirolo via Mazzo!

Bref, un parcours sans grande difficulté, qui offre beaucoup d’étapes avec un final roulant permettant de revenir éventuellement sur des échappées, et donc un parcours qui favorisera une sélection par l’avant, qui favorisera des coureurs qui prendront des risques pour gagner, et qui disposeront aussi d’une équipe solide pour les épauler. La course pourrait bien sourire aux opportunistes!

Les favoris

Ca donne le tournis tellement ils sont nombreux!

Quatre anciens vainqueurs sont au départ, soit Primoz Roglic, Egan Bernal, Jai Hindley et Richard Carapaz. Assez exceptionnel en soi.

Les quatre peuvent rêver d’un podium voire de s’imposer, tous sauf peut-être Carapaz, ayant rassuré sur leur condition physique au cours des dernières semaines.

Chez RedBull-Bora, Roglic et Hindley sont également épaulés par Daniel Felipe Martinez, un autre prétendant au podium. En cyclisme on le sait, abondance de bien nuit parfois… L’équipe part en tout cas avec des ambitions solides pour le général.

On a très peu vu Roglic en course en 2025, mais il a remporté le difficile Tour de Catalogne. Disons que l’individu sait comment bien se préparer pour une telle course comme le Giro, en espérant que la poisse le laisse tranquille en première semaine…

Egan Bernal dispose aussi d’une solide équipe Ineos, avec notamment Thymen Arensman, 6e du général l’an dernier. À 25 ans, ce dernier pourrait surprendre tout le monde et il vient de terminer 2e du Tour des Alpes. Pour Bernal, c’est l’inconnu, c’est un coureur de classe mais qui n’a pas encore retrouvé tous ses moyens lorsque la course s’emballe et qu’il faut porter l’estocade dans les derniers kilomètres.

Ca sera plus compliqué pour Carapaz car son équipe est moins solide, mais tu ne peux pas exclure un coureur de son talent de la gagne.

Outre ces quatre coureurs, on en compte de nombreux autres qui viseront un podium voire carrément la gagne, pourquoi pas?

Je pense aux Juan Ayuso, Jai Vine, Adam Yates, Antoni Tiberi, Giulio Ciccone, Tom Pidcock, Mikel Landa, Simon Yates, Romain Bardet pourquoi pas et surtout, surtout Derek Gee.

Les UAE Team Emirates font aussi peur que les RedBull-Bora sur le papier, avec outre Ayuso, Adam Yates et Jai Vine, les Rafal Majka, Brendon McNulty et Isaac Del Toro. Ouch. Ils ont de quoi contrôler la course durant trois semaines, et gageons qu’ils sauront s’entendre pour jouer la meilleure carte au bon moment.

Je vois bien Giulio Ciccone faire un grand Giro, il est à maturité et auteur d’un bon début de saison. Solide grimpeur, je pense que dans son cas, c’est en dernière semaine qu’il aura l’occasion de faire la différence, à condition de rester au contact sur les deux chronos.

Le joker de ce Giro, c’est toutefois le Canadien Derek Gee. Révélé sur cette course en 2023, auteur d’un excellent Tour de France l’an dernier (9e du général), bien en vue sur le récent Tour des Alpes, il a confirmé tout son talent sur les courses par étapes et présente la meilleure carte canadienne pour succéder à Ryder Hesjedal, vainqueur du Giro en 2012.

Surtout, je pense que le parcours ne peut pas être meilleur que cela pour un coureur avec les qualités de Gee: dur mais pas trop, deux chronos, des étapes parfois casse-pattes, pas de nombreux cols de plus de 2000m d’altitude, sur papier c’est très bien.

La clef pour Gee sera aussi le travail de son équipe pour l’entourer durant toute l’épreuve. Avec le vétéran Hugo Houle comme capitaine de route, avec l’expérimenté Jakob Fulgsang, avec Simon Clarke, Jan Hirt et Corbin Strong, l’équipe tient la route et n’a pas à rougir face aux autres formations, excepté peut-être RedBull-Bora et UAE, mais c’est un autre budget.

Vivement qu’on entre dans le vif du sujet vendredi!

Ils cherchent le paradis en Enfer

Troisième manche du match des Monuments du cyclisme ce dimanche sur Paris-Roubaix, 259 kilomètres d’enfer à parcourir entre Compiègne et le vélodrome de Roubaix.

Course si spéciale comportant 30 secteurs pavés, dont certains presque inhumains, et une arrivée qui se déroule sur une piste lisse comme une peau de bébé…

Même s’il y a 11 secteurs pavés avant, c’est vraiment dans le secteur de la légendaire Trouée d’Arenberg que la véritable course est lancée. Au menu pour ce secteur, 2,3km de « mauvais pavés » où les chutes et les crevaisons sont garanties. Souvent, seuls les équilibristes parviennent au bout sans aller à la faute.

Ça s’annonce cependant plutôt pluvieux dimanche, de quoi compliquer la course en rendant les pavés glissants. Aie.

Deux autres secteurs sont capitaux: Mons-en-Pévèle au km 211, et le Carrefour de l’Arbre, km 242, et dernière véritable chance pour faire la différence.

En cas d’arrivée au sprint, la stratégie peut être compliquée sur la piste de Roubaix où il faut savoir jouer du vent, du bon braquet, et du bon démarrage au bon moment. Après 258km de course à se faire secouer comme un cocotier, pas toujours évident de conserver la lucidité nécessaire à la conduite d’un sprint victorieux.

Bref, Paris-Roubaix, c’est toujours compliqué et il faut un peu de chance pour réussir, c’est clair.

Les favoris

Pour les favoris, simple comme bonjour dans le cyclisme moderne.

Tadej Pogacar en premier lieu, surpuissant, tous les autres sont des cadets, mais qui s’est quand même lancé un sacré défi sur cette première participation pour lui. Respect pour cela, il forge ses saisons « à la Merckx », présent sur Milan SanRemo en début de campagne comme en Lombardie en octobre.

Pogacar peut-il gagner dimanche? Bien sûr! Il a de belles bases en cyclo-cross, et possède la puissance requise. Il l’a d’ailleurs déjà montré lors d’un récent Tour de France, alors que l’étape du jour reprenait plusieurs secteurs pavés de Paris-Roubaix.

Quelle tactique adoptera-t-il sur sa première participation à l’Enfer du Nord? Partir de loin pour anticiper et rester à l’abri des chutes collectives? Attendre au dernier moment et produire un seul, gros effort?

Son équipe pourra l’épauler en tout cas, notamment avec les Nils Politt, Tim Wellens et Florian Vermeesch. Ce dernier a déjà terminé 2e de l’épreuve d’ailleurs (en 2020).

Espérons-le remis de son petit rhume, Mathieu Van Der Poel est l’autre épouvantail, et il dispose d’une bonne équipe à ses côtés.

Vainqueur sortant, MVDP avait roulé à 47,8 km/h de moyenne l’an dernier vers Roubaix. Hallucinant!

MVDP est probablement revanchard de dimanche dernier où il s’est fait larguer « à la régulière » par Tadej. On sait Mathieu orgueilleux, il saura se servir de son expérience dimanche dernier pour se motiver dimanche. Si c’est humide, il aura l’avantage sur les portions pavées.

À surveiller de très, très près, les Wout Van Aert, Fillipo Ganna, Stefan Kung, Jasper Stuyven et Mads Pedersen. Aucun d’eux n’a gagné à Roubaix à ce jour.

Pour battre les deux autres, il faudra peut-être anticiper dans le final, et espérer que Tadej et Mathieu se « neutraliseront » en duo sur la base de « à qui la chasse? ».

Sur les bases de dimanche dernier sur le Ronde, avantage Wout et Mads pour être devant avec les deux autres terreurs.

Tout le reste est de la chair à canon.

Pour les Canadiens au départ, espérons que Guillaume Boivin puisse le faire. Ennuyé récemment par des pépins santé, c’est encore la faute à pas de chance pour cette classique où il a brillé par le passé.

À la télé

Au Québec, c’est FloBikes. J’exècre.

Perso, mon bon plan, c’est le VPN puis France Télévision, pour bénéficier des commentaires d’Alexandre Pasteur, Laurent Jalabert, Marion Rousse et toute l’équipe, y compris sur motos embarquées.

Ronde: cartouches à profusion!

Une fois de plus surpuissant, Tadej Pogacar a dominé de la tête et des jambes tous ses adversaires hier sur le Tour des Flandres pour aller chercher son 2e titre sur cette grande classique.

Son 8e monument en carrière. Eddy Merckx en a 19, dont 7 Milan SanRemo, quelque chose d’impensable dans le cyclisme moderne.

Ce qui m’a surpris le plus hier, c’est le nombre de cartouches que Pogi aura tiré dans les 55 derniers kilomètres: c’est pas compliqué, il a attaqué dans tous les monts!! Fort, vous dites?

Résistant un moment, Mathieu Van Der Poel a lui aussi cédé, mais deux éléments auront joué contre lui: un refroidissement contracté sur le GP E3 et l’ayant diminué ces derniers jours, ainsi qu’une chute plus tôt sur le Ronde. À ce niveau de compétition, ca ne pardonne probablement pas.

J’ai surtout aimé un Wout Van Aert très volontaire dans le final, malgré ses limites évidentes. Au rupteur dans toutes les bosses, il s’est battu chaque fois pour revenir, ne lâchant rien. Il aurait juste pu « utiliser » un peu plus ses coéquipiers par moment, mais bon.

Les deux Lidl-Trek étaient aussi limite dans les derniers kilomètres et manifestement, on a misé sur la pointe de vitesse de Mads Pedersen pour assurer une place sur le podium derrière l’extra-terrestre. Il n’y avait rien de mieux à faire.

Ganna 8e après un excellent Milan SanRemo, le dragster italien sera sur son terrain dimanche prochain vers Roubaix, attention à lui. Mention très bien également à Stefan Kung, qui lui aussi sera un coureur à surveiller dimanche prochain sur l’Enfer du Nord.

Pogi, le pari

La question de l’heure, c’est évidemment de savoir si Pogacar pourra remporter Paris-Roubaix et devenir le 12e coureur à faire le doublé Ronde-Enfer, le dernier doublé en date remontant à… l’an dernier avec Mathieu.

D’un poids plus léger, avec peu d’expérience sur les pavés, on pourrait penser que Pogi souffrira dans les roues des flahutes de gabarit, comme VDP, Van Aert, Kung, Ganna ou Pedersen.

Je crois qu’il n’en est rien.

Pogacar est sur-puissant, et il possède une certaine expérience en cyclo-cross. Habile sur un vélo, capable de choisir les bonnes trajectoires, je ne vois pas pourquoi il ne pourrait pas s’imposer sur le vélodrome de Roubaix, seul de préférence. Il pourra également compter sur le soutien de son excellente équipe, Nils Politt en tête.

Quoi qu’il en soit, ca sera intéressant le week-end prochain avec ce match revanche entre VDP, Van Aert, Pedersen, Pogi et Ganna. Ils sont actuellement les meilleurs coureurs du monde.

Bis repetita sur le Ronde

Dimanche, la gran’ messe du cyclisme, le Tour des Flandres!

Les Flahutes seront de sortie, tout comme ces hordes de supporters sur le bord des routes, gavés de bières, de saucisses, de BBQ et que sais-je encore.

Toute la légende de ce sport cycliste, un moment unique dans la saison où passé et présent du vélo ne font qu’un.

Cette 109e édition se déroulera entre Bruges et Audenarde, 269 kilomètres (ouf!) d’un parcours exigeant, par delà les 19 monts pavés à franchir, dont le redoutable Koppenberg au km 224, cette sente étroite souvent franchie à pied par les coureurs.

Météo très clémente prévue, ce qui ne sera pas un facteur décisif dimanche: soleil et 13 degrés, un peu frais mais tout bon quand même. Autrement dit, la météo ne sera pas un facteur influent sur le résultat.

Les favoris

Pas compliqué, ils sont deux: Tadej Pogacar et Mathieu Van Der Poel, les deux épouvantails du cyclisme moderne.

Les autres sont tous des cadets, à la lumière du récent Milan SanRemo.

Et si Mathieu gagne, c’est les portes de la légende du cyclisme: il deviendrait le seul coureur à avoir remporté quatre Ronde, excusez-du-peu.

Nul doute que la motivation sera très présente chez le coureur néerlandais dimanche, fort de sa victoire éclatante sur Milan SanRemo. En confiance, surpuissant, à l’aise en cyclo-cross comme sur les pavés, il amorce ce Ronde avec la pancarte dans le dos.

Une première, le triplé, est même envisageable: Milan SanRemo, Tour des Flandres, Paris-Roubaix la même année! Pourquoi pas, là où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir.

Tadej Pogacar, déjà vainqueur du Ronde en 2023, voudra pour sa part prendre sa revanche sur Mathieu, après un Milan SanRemo où il aura tout tenté pour se débarrasser du gêneur néerlandais.

Les autres? Il y a bien Wout Van Aert, sur-doué s’il en est, pour essayer de tenir la roue des deux autres jusque l’arrivée. À voir.

Mads Pedersen aussi, qui lui aura la carte du sprint à jouer. Son but sera de tenir sans se dévoiler, puis de surgir, s’il le peut, au bon moment.

Les Biniam Girmay, Neilson Powless, Michael Matthews, Tiesj Benoot, Matteo Jorgenson, Joshua Tarling, Matteo Trentin et Jasper Stuyven seront évidemment à garder à l’oeil, mais pour tous ces garçons ca sera compliqué quand Tadej et Mathieu décideront d’envoyer du lourd.

Un seul Canadien au départ pour Israel – Premier Tech, Riley Pickrell, seul sa mère le connait.

La Jumbo-Lease a Bike ridiculisée!

Après une grosse saison de ski de fond où j’étais totalement (physiquement et mentalement) investi, j’essaie de reconnecter avec le monde du cyclisme, notamment professionnel.

J’essaie aussi de procéder à un ménage de La Flamme Rouge, toujours en cours. Des pourriels polluent encore le site quotidiennement, que je gère. D’ici peu, j’espère un retour au « service normal » selon mon expression, avec ces pourriels contenus.

Ceci étant, je ne vous cache pas apprécier beaucoup ce sport du ski de fond, étant très heureux sur mes skis. Et les résultats suivent.

Ceci étant, la course Dwars Van Vlaanderen d’hier m’a permis de sentir la passion du cyclisme me (re)gagner un peu, après un Milan San Remo sur lequel je voulais écrire mais ne trouvant pas l’inspiration pour commenter ce qui m’apparait être un cyclisme que je ne comprends plus.

C’est pas compliqué, et pour faire simple, on n’avait pas vu hier des coureurs se ridiculiser autant dans un final que depuis le Omloop Het Nieuwsblad 2015, ou Ian Stannard (Sky) avait mouché trois Quick Step dont nul autre que Tom Boonen.

Et à l’époque, les trois coureurs Quick Step avaient cependant eu la présence d’esprit d’essayer de se débarrasser du « gêneur » Stannard AVANT le sprint final, donc en l’attaquant à tour de rôle dans les derniers kilomètres.

Hier, niet. Les trois Jumbo-Lease a Bike ont amené Neilson Powless (EF Education) dans un fauteuil jusqu’aux 300 mètres.

Un gros risque. Un TRÈS gros risque.

Quand tu es trois devant, dont une grosse pointure et excellent sprinter, il me semble que ca ne prend pas un doctorat en science cycliste pour gérer le final: les deux autres puncheurs (dont le vainqueur sortant!) attaquent à tour de rôle pour se débarrasser du gêneur, et tu laisses ton sprinter dans sa roue. Et si ca ne marche pas, ben tu t’assures que 1) le gêneur produit des efforts dans le final et 2) que ton sprinter, frais, pourra le déposer aux 300 mètres.

Hier, niet. Aucune attaque. On t’amène Powless vers l’arrivée, lui qui n’en demandait pas tant, et on loupe le sprint.

La cata.

À ce niveau de professionnalisme, lamentable.

J’espère qu’il y a du monde qui se sont fait remonter les bretelles hier soir au debrief de la Jumbo-Lease a Bike, sans égard au statut.

Petit respect cependant à Wout Van Aert qui a pris ses responsabilités après la course, assumant (publiquement) seul l’échec retentissant de son équipe Jumbo-Lease a Bike.

Trop confiant Wout après un séjour en altitude et une grosse envie de gagner, à trois jours du 2e monument de la saison, le Tour des Flandres. C’est lui qui avait dicté la tactique de ce final, estimant certain que si Benoot et Jorgenson l’amenaient au sprint, il ne pouvait pas être battu.

Sauf que.

Il est vrai qu’une victoire de Wout hier lui aurait permis d’envoyer un message important aux deux autres épouvantails du cyclisme (plutôt « extra-terrestres » sur-vitaminés) que sont Tadej Pogacar et Mathieu Van Der Poel: « les mignons, je suis aussi de retour et je serai là pour la gagne dimanche prochain« .

Bref, on revient à la base, c’est à dire Cyclisme 101, et c’est consternant de voir qu’à ce niveau de professionnalisme, ils loupent encore l’examen final.

Ce qui me fait conclure que je ne comprends décidément plus le cyclisme que je vois depuis quelques années, compliquant considérablement ma capacité d’entretenir ce site La Flamme Rouge.

Un petit réconfort: je constate que je ne suis pas le seul à ne pas comprendre le cyclisme d’aujourd’hui, Thomas Voeckler lui-même ayant donné dans le même registre très récemment… Il se passe des choses que je me m’explique pas. Mais… roulez y’a rien à voir, il est pas beau le vélo avec tous ces records de Lance Armstrong et Marco Pantani méga-dopés, battus (que dis-je, pulvérisés!) récemment dans les cols?

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