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Ils cherchent le paradis en Enfer

Troisième manche du match des Monuments du cyclisme ce dimanche sur Paris-Roubaix, 259 kilomètres d’enfer à parcourir entre Compiègne et le vélodrome de Roubaix.

Course si spéciale comportant 30 secteurs pavés, dont certains presque inhumains, et une arrivée qui se déroule sur une piste lisse comme une peau de bébé…

Même s’il y a 11 secteurs pavés avant, c’est vraiment dans le secteur de la légendaire Trouée d’Arenberg que la véritable course est lancée. Au menu pour ce secteur, 2,3km de « mauvais pavés » où les chutes et les crevaisons sont garanties. Souvent, seuls les équilibristes parviennent au bout sans aller à la faute.

Ça s’annonce cependant plutôt pluvieux dimanche, de quoi compliquer la course en rendant les pavés glissants. Aie.

Deux autres secteurs sont capitaux: Mons-en-Pévèle au km 211, et le Carrefour de l’Arbre, km 242, et dernière véritable chance pour faire la différence.

En cas d’arrivée au sprint, la stratégie peut être compliquée sur la piste de Roubaix où il faut savoir jouer du vent, du bon braquet, et du bon démarrage au bon moment. Après 258km de course à se faire secouer comme un cocotier, pas toujours évident de conserver la lucidité nécessaire à la conduite d’un sprint victorieux.

Bref, Paris-Roubaix, c’est toujours compliqué et il faut un peu de chance pour réussir, c’est clair.

Les favoris

Pour les favoris, simple comme bonjour dans le cyclisme moderne.

Tadej Pogacar en premier lieu, surpuissant, tous les autres sont des cadets, mais qui s’est quand même lancé un sacré défi sur cette première participation pour lui. Respect pour cela, il forge ses saisons « à la Merckx », présent sur Milan SanRemo en début de campagne comme en Lombardie en octobre.

Pogacar peut-il gagner dimanche? Bien sûr! Il a de belles bases en cyclo-cross, et possède la puissance requise. Il l’a d’ailleurs déjà montré lors d’un récent Tour de France, alors que l’étape du jour reprenait plusieurs secteurs pavés de Paris-Roubaix.

Quelle tactique adoptera-t-il sur sa première participation à l’Enfer du Nord? Partir de loin pour anticiper et rester à l’abri des chutes collectives? Attendre au dernier moment et produire un seul, gros effort?

Son équipe pourra l’épauler en tout cas, notamment avec les Nils Politt, Tim Wellens et Florian Vermeesch. Ce dernier a déjà terminé 2e de l’épreuve d’ailleurs (en 2020).

Espérons-le remis de son petit rhume, Mathieu Van Der Poel est l’autre épouvantail, et il dispose d’une bonne équipe à ses côtés.

Vainqueur sortant, MVDP avait roulé à 47,8 km/h de moyenne l’an dernier vers Roubaix. Hallucinant!

MVDP est probablement revanchard de dimanche dernier où il s’est fait larguer « à la régulière » par Tadej. On sait Mathieu orgueilleux, il saura se servir de son expérience dimanche dernier pour se motiver dimanche. Si c’est humide, il aura l’avantage sur les portions pavées.

À surveiller de très, très près, les Wout Van Aert, Fillipo Ganna, Stefan Kung, Jasper Stuyven et Mads Pedersen. Aucun d’eux n’a gagné à Roubaix à ce jour.

Pour battre les deux autres, il faudra peut-être anticiper dans le final, et espérer que Tadej et Mathieu se « neutraliseront » en duo sur la base de « à qui la chasse? ».

Sur les bases de dimanche dernier sur le Ronde, avantage Wout et Mads pour être devant avec les deux autres terreurs.

Tout le reste est de la chair à canon.

Pour les Canadiens au départ, espérons que Guillaume Boivin puisse le faire. Ennuyé récemment par des pépins santé, c’est encore la faute à pas de chance pour cette classique où il a brillé par le passé.

À la télé

Au Québec, c’est FloBikes. J’exècre.

Perso, mon bon plan, c’est le VPN puis France Télévision, pour bénéficier des commentaires d’Alexandre Pasteur, Laurent Jalabert, Marion Rousse et toute l’équipe, y compris sur motos embarquées.

Ronde: cartouches à profusion!

Une fois de plus surpuissant, Tadej Pogacar a dominé de la tête et des jambes tous ses adversaires hier sur le Tour des Flandres pour aller chercher son 2e titre sur cette grande classique.

Son 8e monument en carrière. Eddy Merckx en a 19, dont 7 Milan SanRemo, quelque chose d’impensable dans le cyclisme moderne.

Ce qui m’a surpris le plus hier, c’est le nombre de cartouches que Pogi aura tiré dans les 55 derniers kilomètres: c’est pas compliqué, il a attaqué dans tous les monts!! Fort, vous dites?

Résistant un moment, Mathieu Van Der Poel a lui aussi cédé, mais deux éléments auront joué contre lui: un refroidissement contracté sur le GP E3 et l’ayant diminué ces derniers jours, ainsi qu’une chute plus tôt sur le Ronde. À ce niveau de compétition, ca ne pardonne probablement pas.

J’ai surtout aimé un Wout Van Aert très volontaire dans le final, malgré ses limites évidentes. Au rupteur dans toutes les bosses, il s’est battu chaque fois pour revenir, ne lâchant rien. Il aurait juste pu « utiliser » un peu plus ses coéquipiers par moment, mais bon.

Les deux Lidl-Trek étaient aussi limite dans les derniers kilomètres et manifestement, on a misé sur la pointe de vitesse de Mads Pedersen pour assurer une place sur le podium derrière l’extra-terrestre. Il n’y avait rien de mieux à faire.

Ganna 8e après un excellent Milan SanRemo, le dragster italien sera sur son terrain dimanche prochain vers Roubaix, attention à lui. Mention très bien également à Stefan Kung, qui lui aussi sera un coureur à surveiller dimanche prochain sur l’Enfer du Nord.

Pogi, le pari

La question de l’heure, c’est évidemment de savoir si Pogacar pourra remporter Paris-Roubaix et devenir le 12e coureur à faire le doublé Ronde-Enfer, le dernier doublé en date remontant à… l’an dernier avec Mathieu.

D’un poids plus léger, avec peu d’expérience sur les pavés, on pourrait penser que Pogi souffrira dans les roues des flahutes de gabarit, comme VDP, Van Aert, Kung, Ganna ou Pedersen.

Je crois qu’il n’en est rien.

Pogacar est sur-puissant, et il possède une certaine expérience en cyclo-cross. Habile sur un vélo, capable de choisir les bonnes trajectoires, je ne vois pas pourquoi il ne pourrait pas s’imposer sur le vélodrome de Roubaix, seul de préférence. Il pourra également compter sur le soutien de son excellente équipe, Nils Politt en tête.

Quoi qu’il en soit, ca sera intéressant le week-end prochain avec ce match revanche entre VDP, Van Aert, Pedersen, Pogi et Ganna. Ils sont actuellement les meilleurs coureurs du monde.

Bis repetita sur le Ronde

Dimanche, la gran’ messe du cyclisme, le Tour des Flandres!

Les Flahutes seront de sortie, tout comme ces hordes de supporters sur le bord des routes, gavés de bières, de saucisses, de BBQ et que sais-je encore.

Toute la légende de ce sport cycliste, un moment unique dans la saison où passé et présent du vélo ne font qu’un.

Cette 109e édition se déroulera entre Bruges et Audenarde, 269 kilomètres (ouf!) d’un parcours exigeant, par delà les 19 monts pavés à franchir, dont le redoutable Koppenberg au km 224, cette sente étroite souvent franchie à pied par les coureurs.

Météo très clémente prévue, ce qui ne sera pas un facteur décisif dimanche: soleil et 13 degrés, un peu frais mais tout bon quand même. Autrement dit, la météo ne sera pas un facteur influent sur le résultat.

Les favoris

Pas compliqué, ils sont deux: Tadej Pogacar et Mathieu Van Der Poel, les deux épouvantails du cyclisme moderne.

Les autres sont tous des cadets, à la lumière du récent Milan SanRemo.

Et si Mathieu gagne, c’est les portes de la légende du cyclisme: il deviendrait le seul coureur à avoir remporté quatre Ronde, excusez-du-peu.

Nul doute que la motivation sera très présente chez le coureur néerlandais dimanche, fort de sa victoire éclatante sur Milan SanRemo. En confiance, surpuissant, à l’aise en cyclo-cross comme sur les pavés, il amorce ce Ronde avec la pancarte dans le dos.

Une première, le triplé, est même envisageable: Milan SanRemo, Tour des Flandres, Paris-Roubaix la même année! Pourquoi pas, là où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir.

Tadej Pogacar, déjà vainqueur du Ronde en 2023, voudra pour sa part prendre sa revanche sur Mathieu, après un Milan SanRemo où il aura tout tenté pour se débarrasser du gêneur néerlandais.

Les autres? Il y a bien Wout Van Aert, sur-doué s’il en est, pour essayer de tenir la roue des deux autres jusque l’arrivée. À voir.

Mads Pedersen aussi, qui lui aura la carte du sprint à jouer. Son but sera de tenir sans se dévoiler, puis de surgir, s’il le peut, au bon moment.

Les Biniam Girmay, Neilson Powless, Michael Matthews, Tiesj Benoot, Matteo Jorgenson, Joshua Tarling, Matteo Trentin et Jasper Stuyven seront évidemment à garder à l’oeil, mais pour tous ces garçons ca sera compliqué quand Tadej et Mathieu décideront d’envoyer du lourd.

Un seul Canadien au départ pour Israel – Premier Tech, Riley Pickrell, seul sa mère le connait.

La Jumbo-Lease a Bike ridiculisée!

Après une grosse saison de ski de fond où j’étais totalement (physiquement et mentalement) investi, j’essaie de reconnecter avec le monde du cyclisme, notamment professionnel.

J’essaie aussi de procéder à un ménage de La Flamme Rouge, toujours en cours. Des pourriels polluent encore le site quotidiennement, que je gère. D’ici peu, j’espère un retour au « service normal » selon mon expression, avec ces pourriels contenus.

Ceci étant, je ne vous cache pas apprécier beaucoup ce sport du ski de fond, étant très heureux sur mes skis. Et les résultats suivent.

Ceci étant, la course Dwars Van Vlaanderen d’hier m’a permis de sentir la passion du cyclisme me (re)gagner un peu, après un Milan San Remo sur lequel je voulais écrire mais ne trouvant pas l’inspiration pour commenter ce qui m’apparait être un cyclisme que je ne comprends plus.

C’est pas compliqué, et pour faire simple, on n’avait pas vu hier des coureurs se ridiculiser autant dans un final que depuis le Omloop Het Nieuwsblad 2015, ou Ian Stannard (Sky) avait mouché trois Quick Step dont nul autre que Tom Boonen.

Et à l’époque, les trois coureurs Quick Step avaient cependant eu la présence d’esprit d’essayer de se débarrasser du « gêneur » Stannard AVANT le sprint final, donc en l’attaquant à tour de rôle dans les derniers kilomètres.

Hier, niet. Les trois Jumbo-Lease a Bike ont amené Neilson Powless (EF Education) dans un fauteuil jusqu’aux 300 mètres.

Un gros risque. Un TRÈS gros risque.

Quand tu es trois devant, dont une grosse pointure et excellent sprinter, il me semble que ca ne prend pas un doctorat en science cycliste pour gérer le final: les deux autres puncheurs (dont le vainqueur sortant!) attaquent à tour de rôle pour se débarrasser du gêneur, et tu laisses ton sprinter dans sa roue. Et si ca ne marche pas, ben tu t’assures que 1) le gêneur produit des efforts dans le final et 2) que ton sprinter, frais, pourra le déposer aux 300 mètres.

Hier, niet. Aucune attaque. On t’amène Powless vers l’arrivée, lui qui n’en demandait pas tant, et on loupe le sprint.

La cata.

À ce niveau de professionnalisme, lamentable.

J’espère qu’il y a du monde qui se sont fait remonter les bretelles hier soir au debrief de la Jumbo-Lease a Bike, sans égard au statut.

Petit respect cependant à Wout Van Aert qui a pris ses responsabilités après la course, assumant (publiquement) seul l’échec retentissant de son équipe Jumbo-Lease a Bike.

Trop confiant Wout après un séjour en altitude et une grosse envie de gagner, à trois jours du 2e monument de la saison, le Tour des Flandres. C’est lui qui avait dicté la tactique de ce final, estimant certain que si Benoot et Jorgenson l’amenaient au sprint, il ne pouvait pas être battu.

Sauf que.

Il est vrai qu’une victoire de Wout hier lui aurait permis d’envoyer un message important aux deux autres épouvantails du cyclisme (plutôt « extra-terrestres » sur-vitaminés) que sont Tadej Pogacar et Mathieu Van Der Poel: « les mignons, je suis aussi de retour et je serai là pour la gagne dimanche prochain« .

Bref, on revient à la base, c’est à dire Cyclisme 101, et c’est consternant de voir qu’à ce niveau de professionnalisme, ils loupent encore l’examen final.

Ce qui me fait conclure que je ne comprends décidément plus le cyclisme que je vois depuis quelques années, compliquant considérablement ma capacité d’entretenir ce site La Flamme Rouge.

Un petit réconfort: je constate que je ne suis pas le seul à ne pas comprendre le cyclisme d’aujourd’hui, Thomas Voeckler lui-même ayant donné dans le même registre très récemment… Il se passe des choses que je me m’explique pas. Mais… roulez y’a rien à voir, il est pas beau le vélo avec tous ces records de Lance Armstrong et Marco Pantani méga-dopés, battus (que dis-je, pulvérisés!) récemment dans les cols?

Un Tour inspirant!

C’est pas compliqué, il ne manque qu’un contre-la-montre par équipe et on aurait eu la totale en juillet prochain! (Pau étant déjà ville-étape…)

J’ai rarement été aussi enthousiaste pour un Tour de France. Le parcours 2025 est tout simplement superbe selon moi. On va se régaler!

Surtout, le retour d’un contre-la-montre en côte Loudenvielle-Peyragudes, sur 11 km. Ca faisait un moment, et c’est toujours très spectaculaire compte tenu des écarts qui peuvent rapidement se créer. Sur la 13e étape, les organismes seront déjà fatigués.

On a aussi plusieurs étapes de montagne qui sont magnifiques. Deux dans les Pyrénées, deux dans les Alpes.

Par exemple Auch-Hautacam sur la 12e étape, en passant sur le Soulor avant l’ascension finale. Bien!

Après le chrono en côte, l’étape Pau-Superbagnères, ou Laurent Fignon avait ravi le maillot jaune à Greg Lemond lors du Tour 1989, dernier passage de la Grande Boucle sur cette arrivée. Une belle étape, avec le Tourmalet en hors d’oeuvre. Ca promet!

On aura ensuite le Ventoux lors de la 16e étape, toujours un régal. Même si l’étape n’est pas très difficile dans sa première partie depuis Montpellier, le Ventoux, lui, fait toujours des dégâts, et il peut y avoir des conditions climatiques extrêmes, que ce soit la chaleur, le vent, le froid, ou une combinaison de ces facteurs.

Ensuite, deux superbes étapes de haute montagne dans les Alpes sur les étapes 18 et 19.

L’étape reine pour moi est cette 18 étape entre Vif et Courchevel-Col de la Loze, sur 171 kms. Le Glandon côté Allemond, puis l’interminable Madeleine et enfin l’ascension sur Courchevel puis la Loze, magnifique. Ca sera sacrément dur aussi, toute la journée dans les pourcentages.

Le lendemain, une étape courte (130 kms) mais nerveuse entre Albertville et La Plagne, haut lieu de succès pour un certain Laurent Fignon. Les Saisies, le magnifique Cormet de Roseland, Bourg St-Maurice puis l’ascension finale sur La Plagne ou Stephen Roche a signé tout un retour sur le Tour 1987, un parcours exigeant et magnifique.

C’est d’ailleurs le choix pour l’Étape du Tour cyclo en 2025, une sacré belle étape du Tour. Les inscriptions ouvriront le 6 novembre prochain, et gageons que ca sera très populaire.

Outre ces belles étapes de montagne, c’est un Tour à fort potentiel de rebondissement qui nous sera offert l’an prochain.

Les trois premières étapes du côté de Lille, dans le Nord de la France, suivi de la Normandie et de la Bretagne. Le vent, les bordures, les bosses raides, les changements de direction seront autant de pièges pour les coureurs qui ne pourront jamais y relâcher leur attention.

La 5e étape, ce chrono de 33 kms du côté de Caen. Trop court pour de réels écarts, mais une première indication des hommes qui pourront se jouer la victoire finale à Paris.

J’aime également l’étape des volcans dans le massif central, Ennezat-Le Mont Dore. Je pense qu’on pourrait en reparler longtemps! Pas un mètre de plat, un parcours exténuant sur 163 kms, un gros chantier en perspective…

Idem même pour l’avant-dernière étape de Nantua à Pontarlier sur 185 kms, il y a sur ce parcours que je connais bien quelques bosses qui pourront faire souffrir les organismes.

Les coureurs avantagés

À l’évidence, les coureurs costauds comme Pogacar ou Vingegaard seront à leur avantage sur un tel parcours.

Beaucoup trop dur pour Mathieu Van Der Poel, et je ne vois pas comment un Thomas Pidcock pourrait rivaliser.

Remco? Trop montagneux pour lui selon moi.

J’ajoute un facteur de plus: l’équipe.

L’équipe, sur un tel parcours, sera excessivement importante. Pouvoir amener longtemps le leader, et le plus loin possible. Une équipe pour rétablir des situations compromises sur les étapes « de transition ». Le parcours comporte beaucoup de difficultés, il faudra pouvoir durer trois semaines, être au charbon tous les jours, contrôler, et placer son leader pour la gagne seulement dans les derniers kilomètres des étapes clé. Le collectif fera la différence, j’en suis certain.

Le Tour 2024

Beau vidéo résumant le Tour de France 2024, sorti hier.

Pogacar: un grand exploit!

Tadej Pogacar est entré dans l’histoire du cyclisme hier, remportant durant la même saison le Giro, le Tour, et les Championnats du monde sur route.

Un exploit accompli jusqu’ici que par deux hommes et une femme: Eddy Merckx en 1974, Stephen Roche en 1987, et Annemiek van Vleuten en 2022.

Pogi est aujourd’hui le meilleur cycliste au monde, dans une catégorie à part qui semble même supérieure à celle dans laquelle évolue Mathieu Van Der Poel et Remco Evenepoel, réduit hier à des simples cadets. Evenepoel, quand même, double champion olympique à Paris en août, n’a jamais pu faire jeu égal avec Pogi hier.

Outre la victoire du Slovène hier, c’est la manière qui passera à l’histoire. C’est pas compliqué, pour moi ce fut le plus grand exploit dans le cyclisme depuis 25 ans, et la meilleure course cycliste depuis… le Tour de France 1989 et ce duel LeMond-Fignon!

C’est pas compliqué, on a été sur le bout de notre chaise pendant les 100 derniers kilomètres, soit le moment ou Pogi a décidé de prendre les choses en main.

Un coup de folie! Démarrer avec 100 kms à faire, sur un Championnat du Monde alors que plusieurs équipes, dont les Belges, les Néerlandais, les Australiens, les Danois, les Italiens, étaient encore bien représentées…

Tous ses adversaires n’y croyaient pas, et Pogi lui-même a avoué à l’arrivée que c’était un peu stupide d’attaquer aussi loin de l’arrivée.

Mais il l’a fait.

La marque d’un grand.

Un authentique exploit athlétique, un exploit qui caractérisera durablement la pointure du bonhomme, et qui marquera l’histoire du sport.

Il y a eu quelques grands exploits « solo » dans le vélo, qui ont créé la légende des coureurs qui les ont réalisé car c’est ainsi que le monde a compris que c’était là des extra-terrestres. Avec sa perf hier, Pogi se hisse à leur niveau selon moi.

1 – Coppi et l’étape Cuneo-Pinerolo sur le Giro 1949. 254kms et plus de 5000m de dénivelé. Coppi part solo à 192km de l’arrivée, escalade Vars, Izoard, Monginevro et Sestrière, crève cinq fois et malgré tout, s’impose à Pinerolo avec près de 12min d’avance sur un certain Gino Bartali. Dément.

2 – Charly Gaul sur la 21e étape du Tour 1958. Briançon – Aix les Bains, les cols de la Chartreuse. Gaul part solo dans le Luitel, on ne le reverra jamais, malgré une pluie glaciale ce jour-là. Le petit grimpeur s’impose avec presque huit minutes d’avance, et jette les bases de sa victoire finale sur l’épreuve.

3 – Le doublé Dauphiné – BordeauxParis de Jacques Anquetil en 1965. Le gus gagne un Dauphiné-Libéré – course d’une semaine – le dimanche après un âpre duel contre Raymond Poulidor et par une météo exécrable toute la semaine en montagne, prend un avion nolisé par le Général De Gaulle pour rejoindre Bordeaux à minuit, prend le départ de « la course qui tue » Bordeaux-Paris, 600km, à 2h du matin, passe derrière derny vers 6h du matin après avoir roulé toute la nuit, et gagne à Paris quelques heures plus tard. Un exploit jamais renouvelé par quiconque.

4 – Merckx à Mourenx sur le Tour 1969. Merckx devance au Tourmalet son équipier Van Den Bossche pour lui signifier son agacement que ce dernier ait signé pour une autre équipe en vue de la saison suivante, ne se relève pas, et part solo pour 140km dans les Pyrénées, un coup d’orgueil. Merckx s’impose avec plus de huit minutes d’avance sur ses plus proches poursuivants, et assomme le Tour. Le champion belge a toujours dit que ce fut là son plus grand exploit sur un vélo.

5 – Hinault sur Liège-Bastogne-Liège 1980. Tempête de neige, ils ne seront que 21 à l’arrivée. Un journée en enfer, prise 2 cette année-là. Hinault gagne par plus de neuf minutes d’avance après 80 bornes solo, et perd de façon permanente la motricité fine de deux doigts, gelés ce jour-là sur le vélo. Animal.

6 – Indurain à Luxembourg sur le Tour 1992. 63km chrono, seul contre la montre. Indurain met son coéquipier De Las Cuevas à plus de trois minutes, et tous les autres à plus de quatre minutes, Bugno et LeMond compris. De mémoire d’homme, on n’avait jamais vu pareil écart sur 63km contre la montre, Anquetil « maitre Jacques » ou « la Caravelle » compris.

7 – Pantani aux Deux Alpes sur le Tour 1998. En 50km, Pantani renverse le Tour de France 1998 sur une seule étape, se détachant solo dans le Galibier par un temps de chien, et terminant seul aux Deux Alpes avec plus de 9min d’avance sur le maillot jaune, l’Allemand Jan Ullrich, vainqueur l’année précédente. Personne n’avait encore grimpé les 7 derniers kms du Galibier aussi vite.

La course hier

Pogi aura réalisé un authentique exploit certes, mais le parcours l’aura favorisé: pas de sections « roulantes » ou un homme seul devant est désavantagé, c’était du « up and down » tout le temps. Lucide, Pogi avait compris qu’avec un tel parcours, c’était possible de rouler devant aussi vite que derrière dans un paquet.

Justement derrière, on aura rapidement compris que c’était assez décousu et désorganisé, aucune équipe à l’exception des Belges et des Néerlandais un court laps de temps ne parvenant à s’organiser efficacement. L’erreur de Remco et de Mathieu aura probablement été de ne pas utiliser leur équipe assez longtemps, faute d’organisation efficace et sur un parcours trop sélectif, provoquant une impitoyable sélection par l’arrière. Rapidement isolés, ces deux coureurs ont dû jouer « mano à mano » sur les derniers 50 kilomètres, et à ce jeu Pogi a été le plus fort.

Mention très bien à Tom Skujiņš, pour moi hier le 2e homme le plus fort derrière Pogi. Au pied du podium (4e), c’est lui qui peut nourrir aujourd’hui le plus de regret. Pour la petite histoire, Skujiņš avait terminé 6e du récent GP de Montréal, avec son gabarit les connaisseurs apprécieront.

GP de Montréal: Pogi, logiquement

La photo est une fois de plus de mon ami Grégoire Crevier, photographe qui diffuse ses photos sur « On the rivet.photo ». Merci Greg!

Auteur d’une bévue aux 800m vendredi dernier sur le GP de Québec, il est clair que Tadej Pogacar et son équipe UAE Emirates ne débarquaient pas sur le GP de Montréal pour faire de la figuration.

Et ce fut une course parfaitement maîtrisée par toute l’équipe. Cyclisme 101 ici.

UAE a controlé les échappés du jour qui n’ont jamais eu beaucoup plus que 5min d’avance. Mieux, ils ont « joué » avec l’échappée, un coup à 2min, puis leur laissant de nouveau prendre 3min30, comme si on ne voulait pas rentrer trop vite. C’est qu’il faisait chaud sur le circuit du Mont Royal, pas la peine de s’affoler. Les autres équipes étaient trop contentes de pouvoir compter sur pareille bonté de l’équipe du patron.

Car le patron du peloton, c’est bel et bien Pogacar lorsqu’il est au départ. Cela ne fait plus l’ombre d’un doute.

À trois tours de la fin, les choses sérieuses. On accélère. Avant-dernière ascension, tu vois Majka à l’effort devant, Pogi derrière en 2e place, tu sais que dans moins de deux minutes, c’est parti.

Et ca n’a pas loupé.

Sur la 16e ascension (sur 17) de la voie Camilien Houde hier, Pogi a établi le nouveau KOM, jusque là détenu par James Piccoli: 3min27 contre 3min31 pour le Canadien. 28,5 km/h de moyenne sur les 1,64 km d’ascension. Si vous n’avez rien à faire ce matin, tentez votre chance! Je vous dispense des 180 bornes que Pogi s’est tapé avant de produire son effort.

Chose certaine, on ne reverrait pas Pogi une fois son attaque placée. C’est que le gus a de l’orgueil. Le patron, c’est lui je vous dis.

Deux tours solo devant, avec une insolente facilité, et c’était plié. Il avait presque l’air de se balader mode « zone 3 ».

En tout cas, c’est le meilleur coureur du monde en 2024. Pas compliqué, il a gagné toutes les courses auxquelles il a participé cette saison, sauf deux: Milan SanRemo (3e) et le GP de Québec vendredi (7e). Autrement, il a gagné les Strade Bianche, le Tour de Catalogne, Liège-Bastogne-Liège, le Giro (6 victoires d’étape, le rose, le maillot de meilleur grimpeur), le Tour (6 victoires d’étape), et maintenant le GP de Montréal pour la 2e fois de sa carrière, après sa victoire de 2022.

C’est un fuoriclasse, un coureur totalement hors norme, et probablement un coureur de la dimension d’Eddy Merckx, qu’on ne voit qu’une fois tous les 50 ans.

Sa victoire hier a toutefois été favorisée par un manque d’organisation derrière lui pour la chasse. J’ai compté sur le boulevard Édouard Montpetit à l’approche du dernier tour pas moins de 4 coureurs Jumbo-Lease a Bike, dont les excellents Matteo Jorgenson et Tiesj Benoot. Pourquoi diable ne s’est-on pas organisé au sein de cette équipe et demandé à Kilderman et Lemmen de mener la chasse? Idem pour Israel-Premier Tech, qui n’a pas su se regrouper à ce moment pourtant crucial de la course: Gee aurait pu se mettre davantage au service de Woods. Carton rouge également aux Lidl-Trek, eux aussi en surnombre devant à l’approche du dernier tour. Je demeure toujours surpris de ce manque de lucidité à ce niveau de professionnalisme.

Chose certaine, Pogi n’a pas donné l’impression de forcer son talent hier, et sa victoire le propulse archi-favori des prochains Mondiaux dans deux semaines à Zurich.

Terminons ce petit compte-rendu en soulignant la belle 3e place d’un Alaphilippe volontaire hier dans les deux derniers tours, et qui mérite donc cette place sur le podium. Après deux saisons très compliquées, ca fait plaisir de revoir le bonhomme sur un podium, et c’est de bonne augure pour la saison 2025 au sein de sa nouvelle équipe Tudor.

La Slovénie, épouvantails de ces Mondiaux

Petit pays d’Europe, 2 millions d’habitants soit… 4 fois moins que le Québec (!!!), la Slovénie domine actuellement – et de façon surprenante? – le cyclisme mondial.

Les Slovènes seront les épouvantails de ces prochains Mondiaux, avec 7 coureurs au départ: outre le patron Tadej Pogacar, ils pourront compter, imaginez-vous donc, sur le récent vainqueur de la Vuelta, Primoz Roglic, mais aussi sur Matej Mohoric, Jan Tratnik bien en vue sur les GP de Québec et Montréal, Luca Mezgec, Domen Novak, et Matevž Govekar, moins connu mais récent vainqueur d’une étape du Tour de Grande-Bretagne en août. Ouch! Aucune nation ne peut dire mieux sur le papier.

Bien sûr, les Slovènes auront sur leur route les Mathieu Van Der Poel, Remco Evenepoel et une armada espagnole qui fait belle figure, mais disons que sur papier, c’est du costaud, pour ne pas dire du très très lourd.

Que du UAE Emirates!

Ou presque ces derniers jours, puisque Marc Hirschi fait un carton actuellement en Europe pour l’équipe de Tadej Pogacar. Le Suisse a remporté coup sur coup le Memorial Marco Pantani et, quelques jours avant, la Coppa Sabatini. Chez les Émiratis, on est sur tous les fronts!

Championnats d’Europe

Ca n’a que peu d’intérêt jusqu’ici dans l’histoire du vélo, mais on disputait hier en Europe les Championnats du continent. Christophe Laporte défendait son titre et son maillot de champion d’Europe.

Le parcours, relativement plat mais ponctué de quelques secteurs de chemins de terre, n’était pas très sélectif.

Au final, couronnement au sprint en petit comité du Belge Tim Merlier, une information quand même car il aligne au sprint les Olav Kooij, Jasper Philipsen, Mads Pedersen et j’en passe. Favori sur le papier avant le départ, l’Italien Jonathan Milan n’est que 13e et dernier du petit groupe qui s’est disputé la victoire.

À noter également qu’on aura vu Mathieu Van Der Poel actif durant la course, tentant notamment sa chance avec 85km à faire dans la course, mais sans succès. Sur un parcours aussi roulant, il était difficile de résister au paquet derrière.

Certains auront noté que MDVP n’a jamais semblé aussi maigre qu’actuellement. Pas un pet de graisse… affuté comme une dague, le Mathieu. On prépare ses Mondiaux…

Tarling, ce phénomène

Il a 20 ans et pourrait devenir, demain, champion olympique du contre-la-montre sur le circuit de 33km de Paris.

Joshua Tarling est en effet sous-estimé selon moi dans les pronostics que l’on voit partout actuellement à propos de l’épreuve demain.

Selon ces pronostics, l’archi-favori est Remco Evenepoel, mais de l’avis de l’intéressé lui-même, la fatigue du Tour se fait ressentir. Si Pogi fumait la pipe sur les routes du Tour, c’est vrai que Remco a dû s’arracher à plusieurs reprises pour conserver sa 3e place du général.

L’autre épouvantail, c’est Filippo Ganna, recordman de l’heure en titre. Machine à rouler, grand et costaud, le circuit de Paris lui convient bien, même dans ses parties techniques.

Ganna et Evenepoel, podium certainement, mais attention à Tarling. Le parcours très roulant de Paris convient parfaitement à ces trois bestiaux. Ganna et Tarling feront parler la puissance brute, et Remco sera à 100 watts de moins mais à la même vitesse grâce à un aérodynamisme presque parfait.

Ca sera surtout intéressant de voir à l’oeuvre les coureurs sortant du Tour, et ceux qui étaient à la maison en juillet, comme justement Ganna et Tarling. Tous deux sont frais, et avec les techniques modernes d’entrainement, on peut débarquer sans compétition le jour J et être très performant.

Ganna a couru régulièrement jusqu’ici, enchainant Giro et début juillet, le Tour d’Autriche où il a remporté une étape.

Tarling n’a pas couru à ma connaissance depuis les Championnats nationaux de Grande-Bretagne fin juin, où il a remporté le chrono.

Les autres favoris, Gee compris

Quelques autres coureurs se disputeront une place dans les 5 premiers: Wout Van Aert, mais je n’y crois pas trop ni lui non plus d’ailleurs, Luke Plapp bien sûr, Stefan Kung lui aussi sur le Tour, et les deux coureurs américains Brandon McNulty et Magnus Sheffield.

À surveiller car ancien pistard et souvent titré dans l’épreuve de la poursuite par équipe, le Canadien Derek Gee, 9e du Tour. À l’aise dans les chronos, je pense que si une belle surprise survient demain, ca sera de son côté. Il faut y croire! Gee sera derrière les Evenepoel, Ganna ou Tarling, mais il peut être devant tous les autres.

Pogacar, mieux que Merckx

À 25 ans, Tadej Pogacar a signé hier sa 3e victoire sur le Tour de France.

Six victoires d’étape au passage, du jamais vu depuis Mark Cavendish sur le Tour 2009 (mais c’est un sprinter).

Surtout, Pogacar a réalisé hier le doublé Giro-Tour, un exploit rare dans le cyclisme.

Insolent de facilité, il gagne le dernier chrono de plus d’une minute sur son dauphin Jonas Vingegaard. Au général, il lui met plus de six minutes dans la vue.

Le Slovène a gagné toutes les courses auxquelles il a participé cette saison sauf une, 3e de Milan SanRemo.

Il remporte les Strade Bianche au terme d’une longue échappée solitaire. Solo aussi sur Liège-Bastogne-Liège. Sa victoire sur le Tour de Catalogne parait presque un accessit.

Il sera LE client de la course sur route des JO de Paris 2024 le 3 août prochain, sur 270 kilomètres.

Même s’il affirme « à 99% » qu’il ne sera pas au départ de la Vuelta, je demande à voir: il a semblé tellement facile dans la dernière semaine du Tour et au Giro qu’on a peine à imaginer qu’il ait tapé dans ses réserves. Pourquoi ne pas tenter de remporter les trois grands tours sur une saison, exploit jamais encore réalisé dans le cyclisme?

Chose certaine, Pogacar, il est en avance sur Eddy Merckx au même âge.

Surtout, il ne semble jamais « toxiner »: du premier au dernier kilomètre, même efficacité. Il était insolent de facilité sur les trois dernières étapes qu’il a remporté, et en particulier à Isola 2000 et à la Couillole. Par moment, j’avais l’impression qu’il faisait une sortie de récupération active. Tout le monde pète autour de lui, et il semble se balader sans souffrir.

Jamais vu ca dans le cyclisme en tout cas!

Payez-vous les images de Miguel Indurain – le dernier vainqueur de 5 Tours de France – à Hautacam en 1994: l’effort maximal est visible sur son rictus, tu souffres pour lui tellement ca semble faire mal. Pogi? Facile.

Pour le reste, je ne sais pas quoi vous dire: humainement possible? J’ai mes doutes, mais sans preuve outre le fait qu’on sait qu’il utilise la méthode au monoxyde de carbone, difficile d’aller plus loin. Les faits sont là: il explose tous les records établis fin 1990 – début 2000 par les plus grands dopés de l’histoire du sport cycliste.

Chose certaine, et principe, peu importe le nombre de jours ou la fréquence des « stages en altitude », le taux d’hématocrite ne peut dépasser 50%. J’aimerais bien savoir à combien évolue Pogacar, et surtout si ce taux a baissé durant le Tour, ce qui est physiologiquement attendu.

Victor Campenaerts avait lui choisi de faire… neuf semaines d’entrainement en altitude pour préparer ce Tour de France. Neuf semaines!

Gee rejoint Bauer et Hesjedal

Performance remarquable du coureur d’Ottawa Derek Gee à son premier Tour de France: top-10 (9e) au général! Fort, très très fort.

Gee est aujourd’hui le meilleur coureur cycliste canadien, point barre.

Surtout, Derek Gee rejoint Steve Bauer (4e en 1988) et Ryder Hesjedal (5e en 2010) comme les trois seuls cyclistes canadiens ayant pu entrer dans le top-10 du Tour de France.

À 26 ans, avec une telle caisse, il pourra encore progresser. Je suis certain que l’on verra Gee gagner de belles courses par étape plus tard dans sa carrière. Sa 6e place sur le difficile chrono Monaco-Nice alors qu’il fallait grimper à La Turbie puis passer au col d’Èze prouve qu’il termine bien ces trois semaines de course.

Pour Gee, la suite est une courte récupération avant de prendre le départ de la course sur route des JO de Paris le 3 août prochain, avec comme coéquipier un autre coureur d’Ottawa, Michael Woods.

Réflexions autour du Tour

1 – 100 de VO2max? La VO2max, c’est la mesure de la « cylindrée » des athlètes de haut niveau dans les sports d’endurance. Les cyclistes, les fondeurs, les triathlètes ont par définition une VO2max (très) élevée. On dit par exemple qu’en bas de 80 points de VO2max, impossible d’atteindre le peloton WorldTour chez les hommes.

À 90 de VO2max, c’est le niveau exceptionnel. LeMond à 92, Indurain et Kilian Jornet, le trail runner, dans ces eaux-là aussi. Le champion norvégien de ski de fond Bjorn Daehlie a été testé à 96 de VO2max, et Oskar Svendsen, un autre Norvégien mais en cyclisme celui-là, à 97,5 ml/kg/min à l’âge de 18 ans. Cette dernière valeur serait la plus élevée jamais enregistrée chez l’être humain.

On a récemment pu lire que Pogacar serait au-delà de 100 points de VO2max. Si cela est vrai, cela ferait de lui une véritable exception, un être humain totalement unique, et surtout un facteur de compréhension des performances qu’on voit chez lui tous les jours sur ce Tour de France.

Jusqu’ici, je n’ai pu que trouver des valeurs avoisinants les 89-90 de VO2max pour Pogacar. Pourquoi diable cacher les valeurs de puissance lors des étapes, ainsi que ces valeurs de VO2max?

À noter que Vingegaard aurait été testé à 97 de VO2max, ce qui ferait de son « moteur » le 2e plus élevé de l’histoire de l’humanité. Rappelons que Pogacar lâche « Vinge » sur ce Tour… De l’avis de Pogacar lui-même, ses chiffres de puissance enregistrés sur le Plateau de Beille serait ses plus élevés enregistrés jusqu’à ce jour dans sa carrière.

Ben dit donc, ca roule vite sur le Tour!!! Comme disait Lance sur les Champs, « I am sorry you can’t dream enough…« .

2 – Le vert. Belle compétition pour le maillot vert entre Girmay et Philipsen, qui n’ont que 33 points d’écart dans cette course.

Le hic, c’est qu’il ne reste que des sprints intermédiaires d’ici l’arrivée à Nice pour marquer des points. Du coup, Biniam devrait rester en vert jusqu’à Nice, sans trop de mal puisqu’il grimpe mieux que son rival belge.

Aucune arrivée au sprint ne restant sur ce Tour, les sprinters ont commencé à dégager de l’épreuve hier, avec les abandons de Sam Bennett, Fernando Gaviria et Phil Bauhaus.

3 – Les Canadiens. Sont plus que deux, Boivin ayant abandonné depuis un moment déjà.

On a vu Hugo Houle assez actif hier en début d’étape pour se glisser dans des coups, bien. Sa meilleure – et dernière – chance c’est aujourd’hui jeudi sur la route vers Barcelonnette.

Je pense également que Derek Gee joue le général, et qu’il a délaissé les rêves de victoire d’étape. Actuellement 9e du Tour, c’est vraiment remarquable mais Buitrago, sa bête noire puisque ce petit colombien l’avait déjà privé d’une victoire d’étape sur le Giro l’an dernier aux Tre Cime di Lavaredo, n’est qu’à 20 secondes de lui au général. Pour Gee, les prochains rendez-vous sont vendredi, samedi et dimanche pour préserver un top-10 sur ce Tour.

Et une belle rallonge salariale par la même occasion!

4 – Vrai, pas vrai? Pogacar qui déclare il y a deux jours ne jamais avoir entendu parler de l’inhalation de monoxyde de carbone, puis hier qui confirme utiliser cette méthode, rien pour nous rassurer sur la sincérité du coureur slovène et de son entourage chez UAE. On nous prend encore vraiment pour des imbéciles.

Ce que je peux vous assurer, c’est qu’on ne met pas Pantani à plus de 3min30 sur le Plateau de Beille à l’eau claire.

5 – Soir de première. L’Érythrée victoire d’étape, une première sur ce Tour, ca c’est fait.

Avec Richard Carapaz hier, l’Équateur victoire d’étape, ca c’est aussi fait sur ce Tour.

Un Tour de première pour le cyclisme « mondialisé », un thème si populaire dans le monde du cyclisme dans les années 1990!

6 – Comment gagner? C’est LA question qui tue: comment Vingegaard peut-il gagner ce Tour de France, ou alors Remco?

On a vu les Jumbo-Lease a Bike prendre la course en main sur quelques étapes récentes, à ma grande surprise: d’ordinaire, c’est à l’équipe du maillot jaune d’assumer le poids de la course.

En prenant ainsi le contrôle de la course, Jumbo n’aide-t-elle pas l’équipe UAE et son leader Pogacar, qui n’ont qu’à suivre puis flinguer en temps opportun?

Quelle(s) stratégie(s) mettre(nt) en place si tu es le directeur sportif de la Jumbo ou de la Soudal-Quick Step, et considérant qu’il y a un chrono le dernier jour autour de Nice?

Perso, je laisse d’abord tout le poids de la course sur UAE. Qu’ils se démerdent!

Secondo, je joue si possible l’alliance des deux équipes actuellement 2e et 3e du général, visant placer le duo Jorgenson/Landa devant sur une étape, forçant ainsi UAE à rouler derrière. Comme à la pédale Pogacar est en principe le plus fort, tu ne veux pas attendre le chrono de Nice. Tu veux provoquer des choses sur l’étape de jeudi, vendredi et samedi, quitte à utiliser n’importe quel terrain propice: la bordure, le sprint intermédiaire, le petit col, voire la stratégie de partir de loin, quitte à faire un « va-tout ».

Chose certaine, des coureurs comme Landa, Rodriguez, Ciccone, Jorgenson voire Gee sont peut-être ceux qui pourront foutre un joyeux bordel dans ce Tour de France sur les trois prochains jours.

Le Tour: stupéfiant!

Le tour du Tour:

1 – 39min et des poussières. C’est le temps d’ascension de Tadej Pogacar sur le Plateau de Beille, explosant de plus de 3min30 le record à ce jour détenu par un certain Marco Pantani à la grande époque (1998).

Pourtant, le Tour est retourné cinq fois sur le Plateau de Beille entre la première fois en 1998 et l’étape dimanche. Personne n’avait pu faire mieux jusqu’ici que « le Pirate », pas même Contador.

Pogacar a établi ce record vent de face également.

On est à 7 watts par kilo pendant 40min et presque 7,4 watts par kilo sur les 23 dernières minutes. Stupéfiant. Pantani à plus de 3min30. Un cadet.

Chose certaine, il s’agit fort probablement de la performance la plus remarquable de toute l’histoire du vélo sur une ascension de 40min. Plus fort encore que Riis et Hautacam en 1996, alors que le Danois évoluait à un taux d’hématocrite dépassant les 60%.

Face à une telle perf, tout le monde y va de son analyse. Les « main stream », UAE Team Emirates en premier lieu mais aussi tous les médias qui gagnent leur vie avec le monde du vélo, parlent des gains en alimentation, rendement, pneumatiques, aérodynamisme, toute la panoplie déjà usée par Lance Armstrong et « Road to Paris », c’est sur YouTube servez-vous. Si vous voulez y croire… perso, je trouve que ca tourne comme un vieux disque usé, jeté en pâture aux jeunes fans qui ne connaissent pas l’histoire du vélo.

D’autres dénoncent carrément l’usage du dopage, mais sans preuve aucune, je trouve que c’est une voie difficilement soutenable.

Perso, je préfère la jouer mitigée: bravo Pogi, mais je me garde une petite gêne, détestant me faire prendre pour une valise. Il y a quand même peu de chances qu’une telle perf après 200 bornes sur l’étape et deux semaines de course à fond les balais avec une victoire d’étape la veille au Plat d’Adet ait été acquise à l’eau claire.

Surtout qu’UAE, c’est l’équipe d’un certain Mauro Gianetti, trois jours de coma et 12 jours de soins intensifs quand même dans un hosto de Suisse en 1998 pour avoir consommé, alors coureur, un produit révolutionnaire à l’époque, les perfluorocarbures (PFC). Remarquez que l’histoire a eu du bon, du coup la plupart des coureurs pro ont pris peur d’y laisser leur peau et les PFC n’ont plus tellement progressé dans le peloton après cet épisode.

2 – Vélos. Le record de Pogi en raison du vélo? Pas sûr du tout! La meilleure analyse est ici, et on y remarquera que le vélo de Pantani en alu en 1998 était un peu plus léger que celui de Pogacar dimanche. À moins de 30km/h de moyenne dans une ascension mais dans une pente de 8%, le poids du vélo fait une différence. Ne vous laissez pas entuber par les déclarations fumistes de certains quant à l’efficacité des vélos actuels, du moins pas dans les cols en deçà de 25km/h et par des pentes à plus de 8% de moyenne.

3 – Manivelles. Je sais pas vous, mais je suis absolument convaincu que Pogacar a perdu son sprint face à Vingegaard au Lioran en raison de manivelles trop courtes le limitant assez considérablement dans l’exercice de l’emballage final.

Payez-vous les images attentivement, il me semble que c’est évident. Pogacar n’a aucun bras de levier avec ses manivelles de 165mm, il semble complètement avoir les jambes autour du cou, sans puissance aucune.

4 – Pogi, course gagnée? Bien sûr que non! Il peut arriver tant de choses sur le Tour, des pépins mécaniques, des bordures, la Covid-19, etc. Mais sur la condition physique oui, on voit mal qui peut battre Pogacar. Sauf pépin, le Slovène réalisera le doublé Giro-Tour dimanche prochain à Nice.

5 – Encore trois étapes critiques. Soit vendredi, samedi et dimanche prochain.

Vendredi, la Cime de la Bonette (c’est long!) puis l’ascension finale sur Isola 2000, juste en dessous du col de la Lombarde, une tuerie celui-là. Une étape courte (144 km) mais très difficile.

Samedi autour de Nice, pas simple non plus même si on n’est pas en haute montagne comme la veille: Braus, Turini, Comialne et Couillole, ca monte et ca descend toute la journée sur 133 bornes.

Dimanche le chrono final depuis Monaco, on attaque direct la montée vers La Turbie puis le col d’Èze, on plonge ensuite sur Nice et la Promenade des Anglais. 34 kilomètres, mais seulement une petite 20aine pour réellement faire une différence.

6 – Les pois. Pogacar, mais c’est un accessit.

7 – Le maillot blanc. Remco, facile.

8 – Le maillot vert. Biniam parce qu’il ne reste plus beaucoup d’arrivées au sprint, peut-être juste aujourd’hui à Nîmes et c’est tout.

9 – Débridée. Ne perdez rien des prochaines étapes, ca va être quelque chose car nombreuses sont les équipes qui ont été mouchées jusqu’ici sur le Tour, puisque Girmay et Pogacar ont trois victoires d’étape chacun, et Philipsen deux, total 8 étapes à seulement trois coureurs. Les débuts d’étape pour prendre la bonne vont être animés dans les trois prochains jours, c’est moi qui vous le dit!

Le point sur le Tour

Retour au service normal sur La Flamme Rouge après quelques jours de grande perturbation en raison d’un déplacement sur l’Europe, que voulez-vous j’avais envie de manger quelques profiteroles.

On reprend par le point sur le Tour de France.

1 – Le Lioran. L’étape parfaite pour tous les baroudeurs du peloton! On risque d’assister à un début d’étape un peu fou aujourd’hui, car ils seront nombreux voulant se glisser dans la bonne du jour. Casse-pattes, l’étape sera en effet difficile à contrôler, piégeuse, et imprévisible.

Je pense que les Canadiens Hugo Houle et surtout Derek Gee ont un bon coup à jouer aujourd’hui, mais ils auront fort à faire face à la concurrence qui voudra aussi tenter sa chance, par exemple les Mathieu Van Der Poel et toutes les équipes qui n’ont pas encore gagné sur ce Tour, et qui ne jouent pas le général.

Ca va être intéressant! Ne manquez pas ca.

2 – Pogacar le plus fort? Pas sûr! Si le Slovène a été tranchant jusqu’ici, son attaque dans le Galibier étant supersonique, je dois dire que Jonas Vingegaard m’impressionne par sa capacité à résister avec si peu de jours de course dans les jambes. Le « Vinge » progresse doucement, et le plan de match de la Jumbo-Lease a bike est certainement de jouer la dernière semaine, question de donner à leur leader le temps de monter en pression encore un peu.

Chose certaine, Pogacar pourrait avoir bien du mal à contenir le coureur danois. Si jamais ca devait être serré jusqu’à la toute fin, pourrions-nous assister à un final comme sur le Tour 1989 lors du dernier chrono autour de Nice?

Première réponse le week-end prochain dans les Pyrénées!

3 – Remco. Fort, mais il montre quelques limites en haute montagne face aux deux extra-terrestres que sont Pogacar et Vingegaard. Pour Remco, les étapes pyrénéennes du week-end prochain seront capitales dans sa capacité à terminer ou non sur le podium de ce Tour de France. Pour la gagne, oubliez ca.

4 – Primoz. Sympathique Primoz, et s’il plie, il résiste aussi, se bat tous les jour. J’aime! Je le vois 3e à Nice dans deux semaines, devant Remco. Mais pas les moyens d’aller rivaliser avec Pogi et Vinge.

5 – Une étape pour rien. Comprenez-moi bien: il faut de tout sur un Tour de France, et les étapes de transition, souvent promises aux sprinters, font partie de l’histoire de la course. Mais hier, c’était presque triste: un parcours tout plat, même les coureurs avaient choisi de ne pas faire la course, roulant à un train de sénateur sur les premiers 50 kms. Du coup, il fallait entendre Thomas, Laurent, Alexandre, Marion et Frank « meubler » l’antenne, bien fait et bien joué!

La solution? Peut-être de placer sur ce type d’étape un peu de relief en début d’étape au moins pour donner des ambitions aux coureurs voulant tenter des échappées, quitte à finir avec un parcours plat.

C’est Jasper Philipsen qui ne sera pas d’accord!

6 – Les chemins blancs. Par contre, quelle belle étape autour de Troyes dimanche avec ces 14 secteurs de « chemins blancs » qui ont donné aux coureurs du Tour un terrain pour faire la course.

Je dois avouer qu’outre Pogacar, le coureur qui m’a impressionné le plus sur cette étape dantesque a été le Canadien Derek Gee. J’ai regardé l’étape en intégrale et il a été de tous les coups – ou presque – sur les premiers 50 kilomètres, question de s’assurer de sortir avec « la bonne » du jour.

Mission accomplie.

Il était encore le plus volontaire dans le final, et notamment pour mener la chasse derrière l’excellent Jasper Stuyven qui a du métier sur ce genre de parcours. Pour Gee, il fallait pouvoir générer les watts, et il l’a fait.

Surtout, sa gestion du dernier kilomètre a été parfaite, conduisant son sprint parfaitement, ni trop tôt, ni trop tard. Battu par plus fort que lui (Anthony Turgis), il n’y a aucun regret à avoir, il faut simplement savoir se remobiliser pour une autre étape.

Je suis très confiant que Gee ira chercher la gagne sur ce Tour de France!

7 – Biniam et le maillot vert. Quelle belle histoire! Biniam a déjà deux victoires d’étape derrière la cravate, et ses sprints sont tranchants, sans ambiguïté, et surtout très propres. En vert, peut-il le ramener à Nice dans deux semaines? Je pense que oui, jouable, et la menace viendra de Philipsen principalement, qui a gagné hier.

Biniam passe mieux la montagne que Philipsen aussi.

8 – FilmOn. Je vous disais que pour moi, la seule option pour regarder le Tour c’est France Télévision, fan que je suis des commentaires pertinents de Laurent, de Yohan, de Thomas, et des interventions instruites de Frank. Une sacré belle équipe! L’application FilmOn que j’utilisais ces dernières années ne diffuse cependant plus France2 et France3. Du coup, le VPN est aujourd’hui la meilleure solution pour regarder le Tour sur France Télévision.

Ou alors vous vous déplacez en France!

9 – The Move. C’est le podcast de Lance Armstrong, avec George Hincapie. Insupportable. Pour ajouter à l’insulte, Bradley Wiggins, méconnaissable, vient de s’ajouter à la bande de loosers qui s’y croient vraiment. Pathétique.

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