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Trop fatigué, Pogacar?!

On a annoncé hier le forfait de Tadej Pogacar pour les JO de Paris dans une semaine.

Exit donc la course à la médaille d’or, Pogi restera chez lui.

Raison évoquée? Trop fatigué.

Really?

Vous avez vu Pogacar fatigué sur ce Tour de France vous?

Frais comme un gardon, il se baladait dans la Bonnette ou dans le col de Braus le lendemain, en dernière semaine.

Un coureur fatigué en fin de Tour ne gagne pas trois victoires d’étape en trois jours, les trois derniers de surcroit. Pogi a atomisé l’opposition sur le dernier chrono de Nice, terminant une minute de moins que tout le monde.

On vous(nous) prend pour des valises, des imbéciles de première. Une fois de plus.

La raison est, selon moi, toute autre.

Tadej Pogacar n’a tout simplement pas digéré l’exclusion de la sélection slovène pour les JO de sa conjointe, la cycliste Urska Zigart (27 ans). Elle avait pourtant dominé les championnats nationaux, remportant le titre sur route et le titre au chrono.

Pour Pogi et Urska, pas de doute possible: elle est bel et bien la meilleure cycliste slovène du moment.

La sélection slovène lui a préféré deux cyclistes, soit Urska Pintar (38 ans) et Eugenia Bujak (35 ans). Choix surprenant!

Alors la vérité probable, c’est que Pogi vient de dire à sa Fédé « vous laissez Urska à la maison, really? Ben fuck you d’abord, je n’irai pas faire briller les couleurs de la Slovénie à Paris moi non plus ».

Je n’ai personnellement aucun doute que la véritable raison est là, malgré ce que certains diront: « ce sont des professionnels après tout, bla bla bla ».

LA question est de savoir pourquoi la sélection slovène n’a pas retenu Zigart? Sportivement, le choix semblait évident. La raison doit être ailleurs: conflit de personnalité? Raison inavouable publiquement?

Chose certaine, ca ne semble pas être le beau fixe entre le clan Pogacar-Zigart et leur fédération de cyclisme.

Quoi qu’il en soit, on sait désormais que Pogi se comporte en patron, et qu’il ne faut pas l’écoeurer de trop. Le gus a de l’orgueil, et il faudra voir comment ca se décante pour les prochains Mondiaux à Zurich en septembre prochain.

Gageons que Urska fera partie de la sélection slovène pour ces Mondiaux!

Des vidéos intéressants

Quelques vidéos ont retenu mon attention ces derniers jours.

D’une part, ce vidéo présentant Hugo Houle, vidéo produit dans le cadre de la série « Le rêve olympique » par la Société Radio-Canada. Très touchant par moment, authentique, ce vidéo nous permet de découvrir qui est Hugo, sa vie, ses rêves, ses succès aussi. J’ai beaucoup aimé.

Par ailleurs, Netflix diffusait hier 11 juin la série II « Au coeur du peloton » mettant en scène quelques uns des meilleurs cyclistes professionnels au monde.

Cette année, Tadej Pogacar est de la série, tout comme Julian Alaphilippe et Thibault Pinot, qui a pris sa retraite au terme de la dernière saison.

Images chocs parce qu’intimes, vie des équipes « derrière la caméra », la deuxième série promet, fort du succès de la première série diffusée l’an dernier. Ca fait partie de re-dorer l’image du cyclisme professionnel, qui souffre parfois de bien des soupçons.

Pour les fans de Tadej, les vidéos produits par UAE Team Emirates sont à regarder, même si désormais, presque toutes les équipes pro font des vidéos similaires afin de rejoindre leur public.

Sinon, pour ceux qui ne l’auraient pas vu, Road to Résilience par l’équipe Jumbo-Lease a Bike.

Pogacar, l’année de tous les records?

Le phénomène Tadej Pogacar s’est donc imposé sur un Giro sans course ni suspense (je vous l’avais annoncé avant le départ) tant le Slovène a dominé son sujet de bout en bout, ré-écrivant même des parties de l’histoire moderne du cyclisme.

Jamais un vainqueur n’y avait roulé aussi vite, plus de 42 de moyenne sur les trois semaines de course.

Six victoires d’étape. Ca faisait un bail qu’on n’avait pas vu ca sur un grand tour, même chez un sprinter.

Presque 10 minutes d’avance sur le dauphin, qui a eu l’air d’un coureur junior pendant ces trois semaines.

Et surtout, une insolente facilité, capable d’accélérer et de lâcher tous ses adversaires pratiquement bouche fermée là et quand il le voulait. Il s’est même offert Ganna sur le long chrono de ce Giro, le détenteur du record de l’heure!

D’après ce que j’ai lu, Pogacar n’aurait jamais vraiment « forcé » sur ce Giro, et en aurait donc garder sous la pédale en prévision du Tour.

Je ne sais quoi vous dire d’autre! C’est tout simplement stupéfiant.

Après un court repos, Pogacar rempile avec un camp d’entrainement en altitude du côté d’Isola, question de refaire des globules, puis ca sera le Tour avec la pancarte d’archi-favori dans le dos.

Isola je connais, j’peux vous dire que ce col de la Lombarde n’est pas facile du tout, notamment parce qu’il culmine à plus de 2300m d’altitude.

S’il maintient voire augmente sa condition, il n’y aura que Jonas Vingegaard pour rivaliser avec lui, puisque le Danois est le seul à l’avoir vaincu. « Vinge » soigne toutefois ses blessures subies sur le Tour du Pays Basque, la récupération est longue et forcément, à un tel niveau, pas sûr que Vinge pourra revenir à 100% à temps pour le Tour. La Vuelta est probablement plus réaliste pour lui.

On ne connait certes pas les limites sur un grand tour de Remco Evenepoel, mais ses tentatives jusqu’ici n’ont pas été concluantes. À 24 ans, il n’a probablement pas encore toute la « caisse » pour tenir trois semaines durant face à Tadej Pogacar.

Reste le compatriote Primoz Roglic, le grand discret de cette saison jusqu’ici puisque n’ayant disputé que Paris-Nice (sans impact) et le Tour du Pays Basque, qu’il a abandonné suite à la fameuse chute. Prévu sur le prochain Dauphiné, c’est là qu’on aura une idée de sa condition actuelle. À 34 ans, il n’y a plus de temps à perdre pour gagner le Tour!

Chose certaine, Pogacar jouit actuellement de conditions très favorables pour réaliser son pari sur cette saison 2024, celle de remporter Giro et Tour de France, avec comme possible prime les Mondiaux fin septembre. Rappelons que seuls deux coureurs ont réalisé l’exploit de ces trois victoires la même saison, soit Merckx (deux fois) et Stephen Roche en 1987.

Sympathique Pogacar

Pour moi, et c’est peut-être la grande révélation de ce Giro, Pogacar devient un bon ambassadeur du cyclisme.

On l’a vu en effet très accessible et sympathique à l’égard du public, tantôt donnant un bidon (et un gel!) à un jeune enfant sur le bord de la route, tantôt dansant avec son équipe dans le bus, tantôt pédalant avec une meute de cyclistes amateurs lors de la journée de repos à Livigno, bref, Pogacar est décomplexé, drôle, et semble ne pas trop se prendre au sérieux.

Je vous avoue que je trouve ca très bien, mieux en tout cas que la froideur fréquente de Mathieu Van Der Poel, que la réserve naturelle de Wout Van Aert, sans parler de Jonas Vingegaard qui passe moins bien, malgré ses meilleurs efforts.

Jumbo-Lease a Bike: Road to Resilience

Question de passer un bon week-end, je vous propose un petit vidéo très récent et très intéressant faisant état de l’expérience de l’équipe Jumbo-Lease a Bike sur les récentes Classiques d’avril, Tour des Flandres et Paris-Roubaix inclus.

Vu de l’intérieur, c’est toujours surprenant de voir à quel point il peut y avoir des similitudes avec notre vie de tous les jours.

La révélation Florian Lipowitz

Je vous parlais en février dernier du jeune coureur Jumbo-Lease a bike Joergen Nordhagen, nouveau champion du monde U23 en… ski de fond. Un phénomène.

Ben LA révélation de ce Tour de Romandie, c’est le jeune coureur Bora-Hansgrohe Florian Lipowitz, 3e du général et surtout 2e de l’étape reine samedi dernier vers Leysin. Impressionnant!

23 ans seulement, le jeune Lipowitz a attaqué dans le final, faisant exploser le groupe jusque là amené par Ineos-Grenadier et un excellent Egan Bernal qui revient à son meilleur niveau.

Contré par la suite par nul autre que Richard Carapaz, Lipowitz faisant un impressionnant rapproché dans le dernier kilomètre pour venir mourir dans la roue du coureur équatorien sur la ligne. Il s’en est fallu de peu!

Payez-vous les images!

Pour la petite histoire, Lipowitz est un ancien… biathlonien. Deux planches de ski de fond, il connait donc.

Lipowitz sera normalement au départ du Giro le week-end prochain, ca sera intéressant de le surveiller pour voir s’il pourra confirmer, et remporter une victoire d’étape.

Pour le reste, ce Tour de Romandie confirme l’excellente condition de Dorian Godon, deux victoires d’étape pour le cyclisme français, confirme également un Egan Bernal en net progrès, et enfin les bonnes tenues d’Enric Mas, Alexandr Vlasov et Carlos Rodriguez. Ceci étant, nombre de ces coureurs, dont Mas, Carapaz et Bernal, ne seront pas présents sur le prochain Giro, dommage…

On regardera de plus près cette semaine les favoris du Giro, mais jusqu’à présent, il semble que Tadej Pogacar n’aura pas une grande opposition, et je vois mal qui pourra lui barer la route vers le maillot rose…

Le Tour de l’actualité

Pas mal de nouvelles récentes dans le monde du cyclisme… surtout depuis deux ans! Mais bon, limitons-nous et (re)commençons petit!

1 – LBL: MVDP peut-il gagner LBL

Ca a fait couler pas mal d’encre ces derniers jours, et devant la démonstration de Pogi, ben j’ai lu pas mal de conneries sur ce chapitre.

MVDP peut-il gagner LBL ? Oui. Mais pour ca, il faudrait qu’il consacre une préparation spécifique. Pour l’heure, le gus s’est amené sur la course alors qu’il était sur la brèche depuis les Mondiaux de cyclo-cross, puis Milan SanRemo et acteur du final, puis la gagne sur le Ronde, puis la gagne sur l’Enfer du Nord, excusez-du-peu.

Pour moi, la question n’est pas de savoir si MVDP peut gagner LBL; pour moi, la question est veut-il y sacrifier tout le reste?

2 – LBL : la Maison du cyclisme

La Maison du cyclisme a été inaugurée le 19 avril dernier du côté de Remouchamps, au pied de La Redoute, et en présence de légendes du sport, Eddy Merckx et Bernard Hinault en tête.

Rappelons que Merckx demeure l’unique vainqueur de… cinq LBL, et qu’Hinault a écrit une page de la légende du cyclisme en gagnant l’épreuve sous la neige en 1980.

Musée du cyclisme, l’endroit relate les plus belles heures de notre sport, et vaudra donc un arrêt lors de votre prochaine visite du côté de La Redoute.

Pour en savoir plus, je vous propose l’excellent petit vidéo de Philippe Gilbert à l’occasion de l’inauguration. Bien fait!

3 – Tour de Romandie: le prologue

Un prologue très spécial hier car… très court, 2.3 petits kilomètres, du côté de Payerne.

Tu te demandes pourquoi un tel prologue, aussi court chez les professionnels? 2.3 kms! En exagérant un peu, tu peux presque le faire en apnée…

Ceci étant, victoire de Maikel Zijlaard pour l’équipe suisse Tudor. Voilà qui est très bien, et qui réjouira forcément un certain… Fabian Cancellara, qui n’a jamais caché ses ambitions de doucement faire de Tudor une équipe World Tour de premier plan.

Mention très bien à un Julian Alaphilippe, excellent 3e. Ca fait plaisir! On verra si le coureur français pourra confirmer lors des prochaines étapes, ce qui serait un sacré soulagement. Il a assez galéré comme ca, on lui souhaite vraiment d’en décrocher enfin quelques belles.

Dorian Godon, je vous en parlais dans mon article sur le cyclisme français, excellent 4e, la preuve que le cyclisme français rayonne ces jours-ci.

Pour le reste, difficile de tirer des conclusions avec un prologue de 2.3 kilomètres…

4 – Tour de Romandie – les favoris

Y’a du beau monde en Romandie, et ca sera riche d’enseignement pour le Giro.

Deux super-favoris selon moi, le vainqueur sortant Adam Yates chez une équipe très puissante UAE, ainsi que… le revenant Egan Bernal, qu’on a vu à son avantage sur LBL. Attention au coureur colombien, Cyrille Guimard en a aussi fait son favori pour la gagne, il est manifestement en bonne condition et il a faim de victoire!

Beaucoup d’outsiders seront à surveiller de près, pour certains Giro en tête: Juan Ayuso, Brandon McNulty et Pavel Sivakov chez UAE (abondance de biens nuit…), Julian Alaphilippe et Fausto Masnada chez Soudal Quick Step, Giulio Ciccone et Tao Geoghegan Hart the Trek-Lidl, Alexandr Vlasov et Jai Hindley chez Bora-Hansgrohe, Simon Yates chez Jayco-Alula, Lenny Martinez chez Groupama-FDJ, Guillaume Martin chez Cofidis, Enric Mas chez Movistar, Richard Carapaz et Rigoberto Uran chez EF Education Easy Post, voire Louis Meintjes chez Intermarché-Wanty.

Ca se jouera jeudi avec l’arrivée en haut de la bosse des Marécottes, puis sur le chrono de 15 bornes vendredi du côté d’Oron, et enfin le lendemain samedi prochain, l’étape-reine, 150 bornes vers Leysin et une arrivée en altitude.

5 – Valverde, 43 balais pour El Bala

Le vieillissant champion espagnol a de la suite dans les idées: il s’est recyclé, une fois la retraite du cyclisme professionnel sur route, dans les épreuves de gravel bike et il atomise tout ce qui passe. Vivement qu’on le voit aux States sur la Belgium Waffle et autres pour donner l’heure juste au Peter Stetina, Adam Roberge et autres!

Valverde vient de gagner l’épreuve gravel UCI La Innomable en Espagne, haut la main comme toujours.

6 – Time XPro 12 SL

87 grammes par pédale, c’est la pédale la plus légère au monde: la nouvelle Time XPro 12 SL.

Je suis un fan et un fidèle de Time depuis de nombreuses années, appréciant la technicité des produits, ainsi que la légèreté.

Le hic: prix rébarbatif. Plus de 400$/euros. Ouch.

Rappelons que Time a été racheté par Sram il y a quelques années, et que des évolutions étaient attendues depuis un moment du coté des pédales. Pas de révolution, juste des petits ajustements par rapport aux versions antérieures, déjà excellentes.

Roulements céramique, axe titane, trois réglages du « Q-factor », 3 réglages de la résistance du ressort de déclenchement, grande surface d’appui, tout y est.

7 – Colnago

La mythique compagnie italienne a eu de très beaux jours dans les années 1990, équipant alors la prestigieuse équipe Mapei. Les vélos de Michele Bartoli, Johan Musseuw et les autres coureurs de l’équipe faisaient alors envie.

Après un long passage à vide et une absence totale du World Tour, Colnago s’est repositionnée il y a quelques années avec l’équipe UAE de Tadej Pogacar, avec les succès qu’on sait.

Du coup, la compagnie italienne est passée à la caisse, son chiffre d’affaire étant en très nette progression depuis trois ans (x3!).

Ca pose la question: est-il possible de se maintenir dans le marché du vélo de route très haut de gamme sans une présence en WorldTour aujourd’hui?

Perso, je pense que non. L’exemple de Campagnolo est éloquent, la prestigieuse compagnie italienne est totalement absente du WorldTour cette année pour la première fois, et ses parts de marché ne cessent de décliner.

À l’inverse, Trek, Cannondale, Giant, Pinarello, Specialized, BMC, Factor, Cervélo, Canyon, Bianchi, Willier, Merida, Look et Scott, notamment, continuent d’être les grands leaders du marché, fort d’une omniprésence au plus haut niveau.

Pas le choix selon moi aujourd’hui: le WorldTour, ou tu régresses au niveau international. Sur les micro-marché, je conviens que la situation peut être différente.

Que du Jumbo-Visma!

Alors que la fin de saison arrive vite, je m’interroge encore sur les performances dont j’ai pu être le témoin sur les trois grands tours de l’année.

Ca se résume à « que du Jumbo-Visma »!

L’équipe néerlandaise a remporté les trois grands tours avec Roglic en Italie, Vingegaard en France et Kuss en Espagne.

Du jamais vu.

Et souvent, avec une facilité déconcertante. J’ai encore les images du chrono de St-Gervais en tête. Ce jour-là, y’avait Vingegaard et les autres, Pogi compris.

Plus encore, Sepp Kuss, un coureur que j’aime bien, a fait le triplé cette saison: 14e au Giro, 12e au Tour et 1er sur la Vuelta. 63 jours de course au plus haut niveau. Fort vous dites?! Sepp Kuss, une grosse grosse santé en tout cas!

Parlant triplé, outre les trois grands tours, la Jumbo termine aux trois premières places de cette Vuelta.

Certains ont récemment crié au dopage mécanique; je n’en crois rien, même si ca demeure possible.

Mais le recours à des formes de dopage sanguin modernes, récentes et indétectables pour le moment, je le crois plus que possible.

Si j’écris moins sur La Flamme Rouge depuis plusieurs mois en raison d’une charge de travail professionnelle stratosphérique, je continue de suivre l’actualité cycliste et de me poser des questions. Et j’apprécie les échanges que je peux avoir avec de nombreux autres suiveurs passionnés du cyclisme, dont Marc Kluszczynski. Je diffuse aujourd’hui un premier article de plusieurs qu’il m’a gentiment fait parvenir, et le remercie chaudement de ces nouvelles contributions.

Vuelta : les Jeux du Cycle (par Marc Kluszczynski)

Au moment où Olav Kooij écrasait la concurrence sur le Tour de Grande-Bretagne avec quatre victoires d’affilée grâce à un Wout van Aert équipier de luxe, l’hydre à trois têtes (pour l’instant) de la Jumbo-Visma planait sur la Vuelta.

Trois têtes ?

Peut-être davantage, selon la réponse un tant soit peu provocatrice de Primoz Roglič à un journaliste de la RTBF après la 8ème étape (Xorret de Cati). Alors qu’il s’aligne sur son 3ème grand Tour cette année, l’américain Sepp Kuss devenait leader malgré lui. Après un démarrage qui lui fera prendre 20 m d’un coup, il avait dû attendre ses deux leaders, Roglič et Vingegaard. Le grimpeur de Durango, pas vraiment spécialiste des CLM plats, étonnera même lors de la 10ème étape, un CLM individuel de 26 km à Valladolid avec juste une petite côte de 100 m de dénivelé. Il finira 13ème à 1 min 29 du vainqueur Filippo Ganna et pas si loin de Vingegaard, 10ème à 1 min 18. Des consignes d’équipe (garder le maillot amarillo) peuvent-elles expliquer cette performance ? Lors du Giro en mai, sur le CLM plat de la 1ère étape, Kuss avait terminé 68ème. Mais la Vuelta nous réserve souvent des performances étonnantes. Cette année, elle pourrait être le feu d’artifice d’une saison que l’on qualifierait de Jeux du Cycle.

Avec la bénédiction de l’ubiquitaire David Lappartient et de l’agence indépendante (?) ITA, créée et payée par le CIO, il n’y a pas eu de contrôle positif en World Tour l’année dernière. Cette année, on n’a qu’à se mettre sous la dent un contrôle positif chez… Jumbo-Visma, avec un diurétique retrouvé chez Michel Hessmann le 14 juin : qu’avait -t-il à éliminer 15 jours avant le Tour de France? Alors que Jumbo-Visma n’a jamais été aussi dominatrice, l’équipe hollandaise va gagner les trois grands Tours pour la 1èrefois dans l’histoire du cyclisme moderne.

 Avec ses trois grands tours en une saison, Sepp Kuss fait un triplé peu commun et réalisé à ce jour par trois espagnols, Eduardo Chozas (en 1991, 6, 10 et 11ème sur les trois grands tours), Alejandro Valverde (3, 6 et 12ème en 2016) et Carlos Sastre (8, 20 et 7ème en 2010). Mais il se pourrait bien que la police allemande, ayant perquisitionné au domicile d’Hessmann, détienne les clés dans cette mascarade à laquelle on assiste depuis trois ans.

Deux triplés et des miettes

Outre la victoire sur les trois grands tours, l’équipe Jumbo-Visma assurera le triplé sur le podium de cette Vuelta, un triplé acquis lors de 13ème étape du Tourmalet. Il faut remonter à la Flèche Wallonne 1994 et Paris-Roubaix 1996 pour observer une telle domination avec la Gewiss- Ballan de Moreno Argentin, Giorgio Furlan et Evgueni Berzin (préparée à l’EPO par le Dr Michele Ferrari) et la Mapei de Johan Musseuw, Gianluca Bortolami et Andrea Tafi. On assistera à un 2ème triplé sur une étape par l’équipe néerlandaise lors de la 17ème étape de l’Angliru (12,4 km à 9,8% de moyenne, avec des passages à 24%). Malgré la victoire de Jonas Vingegaard la veille, dédiée à Nathan Van Hooydonck accidenté (victime d’un malaise cardiaque lorsque l’on sait que de nouveaux produits dopants – certaines hémoglobines de synthèse – peuvent être responsables de troubles cardiaques, voire d’infarctus), les positions resteront figées avec la victoire finale de Sepp Kuss devant Vingegaard et Roglic.

Le patron de la Jumbo, Richard Plugge, expliquera cette domination de ses huit coureurs par la diététique et l’entraînement en altitude pratiqué à un niveau jamais atteint en cyclisme. Il balaiera les insinuations de dopage mécanique lancées par Jérôme Pineau, directeur de la défunte équipe B&B Hôtel. Ce qui fait passer les autres équipes au rang d’amateurs alors qu’elles s’entraînent aussi sérieusement que la Jumbo-Visma. Les espagnols devront se contenter des 4, 5 et 6èmes places avec Juan Ayuso (à 3 min 44), Mikel Landa (à 4 min 03) et Enric Mas (à 4 min 14) alors qu’ils brillent toujours sur leur Tour national. Jamais un grand Tour n’a jamais été aussi énervant ! La critique est interdite, l’omerta omniprésente, et Remco Evenepoel en est réduit au rôle de bouffon des rois (sifflés par une partie du public à l’arrivée de la 20ème étape), avec son beau maillot à pois bleu, alors qu’il a perdu 27 min dans le Tourmalet. Le World Tour se rapproche de la Formule I et des sports spectacles.

L’Aigle de Tolède (1928-2023)

Frédérico Bahamontès n’est plus.

L’Aigle de Tolède.

Le premier grand grimpeur de l’histoire du cyclisme, vainqueur du Tour de France 1959 et aussi à six reprises de son grand prix de la montagne.

À l’aise dans les ascensions, il ne l’était pas dans les descentes.

Le Tour de France 2023 est retourné sur le Puy de Dôme ; Bahamontès y forgea sa victoire sur le Tour 1959 en étant brillant ce jour là, un chrono de 13 bornes se terminant au sommet. Charly Gaul est à 1min26, Henri Anglade à 3min, Roger Rivière à 3min37 et un certain Jacques Anquetil à 3min41.

La photo nous montre Bahamontès à l’oeuvre en montagne sur le Tour 1963, flanqué de Jacques Anquetil et Raymond Poulidor.

Son petit-fils Mathieu a été sacré champion du monde de cyclisme sur route dimanche dernier à Glascow, dans ce qui restera peut-être comme la plus difficile course cycliste des 10 dernières années.

Immensément populaire dans sa ville de Tolède, premier espagnol vainqueur du Tour, Bahamontès était un géant du cyclisme.

« Ca dépasse le sport »

À ne pas manquer, ce vidéo sur le virage Thibault Pinot dans le Petit Ballon. Ceux qui connaissent l’endroit pour y être passé en vélo apprécierons surtout l’ampleur de la foule.

Dément!

Marc Madiot

J’ai beaucoup aimé ces deux entrevues (une série) tournées récemment avec Marc Madiot.

Parce que ca rebranche aussi avec le cyclisme d’hier, tout en étant de façon réaliste dans le cyclisme d’aujourd’hui. Marc Madiot, c’est ca.

Gino Mäder (1997-2023)

Le Tour de l’actualité

Ca fait un moment!

1 – Dauphiné. Journée danoise hier avec la victoire de Mikkel Bjerg chez UAE, une équipe qui place trois coureurs parmi les 10 premières place de ce chrono difficile. UAE sera au (grand) rendez-vous de juillet.

Jonas Vingegaard rassure tout son monde en terminant 2e, et devient logiquement le principal favori pour la victoire finale dimanche sur ce Dauphiné.

L’opposition viendra des Wright, O’Connor, Martinez, Hindley et surtout d’Adam Yates, généralement à l’aise en montagne. L’arrivée samedi en haut du Col de la Croix de Fer en Maurienne sera évidemment très intéressante.

2 – Julian « donner le maximum » Alaphilippe. Le champion français a remporté la 2e étape de ce Dauphiné, et on a clairement senti une libération de sa part, après de nombreux mois de galère pour revenir à son meilleur niveau après ses chutes en 2022.

Auteur d’un bon chrono hier, Alaphilippe va bien, ca ne fait aucun doute, et surtout, ca fait plaisir de retrouver pareil puncheur et attaquant.

Reste à savoir pour quelle équipe il courra en 2024. S’il a encore un an de contrat chez Soudal-Quick Step, la pression appliquée par Patrick Lefevere au cours des derniers mois aura certainement laissé des traces chez Olaf Polak. Plusieurs équipes françaises voyant des marges budgétaires s’ouvrir grâce à la retraite de coureurs comme Peter Sagan (Direct Énergies) ou Greg Van Avermaet (AG2R-Citroen), je ne serais pas surpris de voir Alaphilippe changer d’équipe l’an prochain.

3 – Pogacar. Le Slovène a repris l’entrainement depuis un petit moment déjà, après sa fracture au poignet. Il alterne séances de home-trainer et sorties sur route plus tranquilles.

Pogo est embarqué dans un contre-la-montre d’ici le départ du Tour, dans trois semaines. Personnellement, je ne suis pas inquiet pour lui! Il a notamment la jeunesse de son côté.

4 – Netflix Unchained. La série en huit épisodes dont le premier sort aujourd’hui racontera les aventures de plusieurs équipes de premier plan sur le Tour de France 2022. À ne pas manquer !

5 – The last rider. L’histoire d’un des meilleurs « come-back » du sport cycliste sur le Tour de France, celui de Greg Lemond après son accident de chasse en 1987. Ca sort le 23 juin. À ne pas manquer aussi !

6 – Derek Gee. Le meilleur coureur canadien en attendant de voir – on l’espère – Mike Woods, Hugo Houle et Guillaume Boivin sur le prochain Tour de France, a signé un contrat de… 5 ans, jusqu’en 2028, avec son équipe Israel-Premier Tech.

C’est dire si du côté d’Israel – Premier Tech on a été satisfait du travail de Gee sur le récent Giro, et qu’on a confiance en son avenir.

Il est vrai qu’il a été très impressionnant! Ayant suivi toutes les étapes en direct, j’étais soufflé de le découvrir encore dans l’échappée les matins en ouvrant ma tablette. Il est passé tout près d’une victoire d’étape à plusieurs reprises, et était encore en tête de course à deux kilomètres de l’arrivée au Tre Cime de Lavaredo. Chapeau bien bas pour le jeune coureur de la région d’Ottawa.

7 – David Veilleux. On ne l’oublie pas, en effet. Un gars bien, vraiment.

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