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Que du Jumbo-Visma!

Alors que la fin de saison arrive vite, je m’interroge encore sur les performances dont j’ai pu être le témoin sur les trois grands tours de l’année.

Ca se résume à « que du Jumbo-Visma »!

L’équipe néerlandaise a remporté les trois grands tours avec Roglic en Italie, Vingegaard en France et Kuss en Espagne.

Du jamais vu.

Et souvent, avec une facilité déconcertante. J’ai encore les images du chrono de St-Gervais en tête. Ce jour-là, y’avait Vingegaard et les autres, Pogi compris.

Plus encore, Sepp Kuss, un coureur que j’aime bien, a fait le triplé cette saison: 14e au Giro, 12e au Tour et 1er sur la Vuelta. 63 jours de course au plus haut niveau. Fort vous dites?! Sepp Kuss, une grosse grosse santé en tout cas!

Parlant triplé, outre les trois grands tours, la Jumbo termine aux trois premières places de cette Vuelta.

Certains ont récemment crié au dopage mécanique; je n’en crois rien, même si ca demeure possible.

Mais le recours à des formes de dopage sanguin modernes, récentes et indétectables pour le moment, je le crois plus que possible.

Si j’écris moins sur La Flamme Rouge depuis plusieurs mois en raison d’une charge de travail professionnelle stratosphérique, je continue de suivre l’actualité cycliste et de me poser des questions. Et j’apprécie les échanges que je peux avoir avec de nombreux autres suiveurs passionnés du cyclisme, dont Marc Kluszczynski. Je diffuse aujourd’hui un premier article de plusieurs qu’il m’a gentiment fait parvenir, et le remercie chaudement de ces nouvelles contributions.

Vuelta : les Jeux du Cycle (par Marc Kluszczynski)

Au moment où Olav Kooij écrasait la concurrence sur le Tour de Grande-Bretagne avec quatre victoires d’affilée grâce à un Wout van Aert équipier de luxe, l’hydre à trois têtes (pour l’instant) de la Jumbo-Visma planait sur la Vuelta.

Trois têtes ?

Peut-être davantage, selon la réponse un tant soit peu provocatrice de Primoz Roglič à un journaliste de la RTBF après la 8ème étape (Xorret de Cati). Alors qu’il s’aligne sur son 3ème grand Tour cette année, l’américain Sepp Kuss devenait leader malgré lui. Après un démarrage qui lui fera prendre 20 m d’un coup, il avait dû attendre ses deux leaders, Roglič et Vingegaard. Le grimpeur de Durango, pas vraiment spécialiste des CLM plats, étonnera même lors de la 10ème étape, un CLM individuel de 26 km à Valladolid avec juste une petite côte de 100 m de dénivelé. Il finira 13ème à 1 min 29 du vainqueur Filippo Ganna et pas si loin de Vingegaard, 10ème à 1 min 18. Des consignes d’équipe (garder le maillot amarillo) peuvent-elles expliquer cette performance ? Lors du Giro en mai, sur le CLM plat de la 1ère étape, Kuss avait terminé 68ème. Mais la Vuelta nous réserve souvent des performances étonnantes. Cette année, elle pourrait être le feu d’artifice d’une saison que l’on qualifierait de Jeux du Cycle.

Avec la bénédiction de l’ubiquitaire David Lappartient et de l’agence indépendante (?) ITA, créée et payée par le CIO, il n’y a pas eu de contrôle positif en World Tour l’année dernière. Cette année, on n’a qu’à se mettre sous la dent un contrôle positif chez… Jumbo-Visma, avec un diurétique retrouvé chez Michel Hessmann le 14 juin : qu’avait -t-il à éliminer 15 jours avant le Tour de France? Alors que Jumbo-Visma n’a jamais été aussi dominatrice, l’équipe hollandaise va gagner les trois grands Tours pour la 1èrefois dans l’histoire du cyclisme moderne.

 Avec ses trois grands tours en une saison, Sepp Kuss fait un triplé peu commun et réalisé à ce jour par trois espagnols, Eduardo Chozas (en 1991, 6, 10 et 11ème sur les trois grands tours), Alejandro Valverde (3, 6 et 12ème en 2016) et Carlos Sastre (8, 20 et 7ème en 2010). Mais il se pourrait bien que la police allemande, ayant perquisitionné au domicile d’Hessmann, détienne les clés dans cette mascarade à laquelle on assiste depuis trois ans.

Deux triplés et des miettes

Outre la victoire sur les trois grands tours, l’équipe Jumbo-Visma assurera le triplé sur le podium de cette Vuelta, un triplé acquis lors de 13ème étape du Tourmalet. Il faut remonter à la Flèche Wallonne 1994 et Paris-Roubaix 1996 pour observer une telle domination avec la Gewiss- Ballan de Moreno Argentin, Giorgio Furlan et Evgueni Berzin (préparée à l’EPO par le Dr Michele Ferrari) et la Mapei de Johan Musseuw, Gianluca Bortolami et Andrea Tafi. On assistera à un 2ème triplé sur une étape par l’équipe néerlandaise lors de la 17ème étape de l’Angliru (12,4 km à 9,8% de moyenne, avec des passages à 24%). Malgré la victoire de Jonas Vingegaard la veille, dédiée à Nathan Van Hooydonck accidenté (victime d’un malaise cardiaque lorsque l’on sait que de nouveaux produits dopants – certaines hémoglobines de synthèse – peuvent être responsables de troubles cardiaques, voire d’infarctus), les positions resteront figées avec la victoire finale de Sepp Kuss devant Vingegaard et Roglic.

Le patron de la Jumbo, Richard Plugge, expliquera cette domination de ses huit coureurs par la diététique et l’entraînement en altitude pratiqué à un niveau jamais atteint en cyclisme. Il balaiera les insinuations de dopage mécanique lancées par Jérôme Pineau, directeur de la défunte équipe B&B Hôtel. Ce qui fait passer les autres équipes au rang d’amateurs alors qu’elles s’entraînent aussi sérieusement que la Jumbo-Visma. Les espagnols devront se contenter des 4, 5 et 6èmes places avec Juan Ayuso (à 3 min 44), Mikel Landa (à 4 min 03) et Enric Mas (à 4 min 14) alors qu’ils brillent toujours sur leur Tour national. Jamais un grand Tour n’a jamais été aussi énervant ! La critique est interdite, l’omerta omniprésente, et Remco Evenepoel en est réduit au rôle de bouffon des rois (sifflés par une partie du public à l’arrivée de la 20ème étape), avec son beau maillot à pois bleu, alors qu’il a perdu 27 min dans le Tourmalet. Le World Tour se rapproche de la Formule I et des sports spectacles.

L’Aigle de Tolède (1928-2023)

Frédérico Bahamontès n’est plus.

L’Aigle de Tolède.

Le premier grand grimpeur de l’histoire du cyclisme, vainqueur du Tour de France 1959 et aussi à six reprises de son grand prix de la montagne.

À l’aise dans les ascensions, il ne l’était pas dans les descentes.

Le Tour de France 2023 est retourné sur le Puy de Dôme ; Bahamontès y forgea sa victoire sur le Tour 1959 en étant brillant ce jour là, un chrono de 13 bornes se terminant au sommet. Charly Gaul est à 1min26, Henri Anglade à 3min, Roger Rivière à 3min37 et un certain Jacques Anquetil à 3min41.

La photo nous montre Bahamontès à l’oeuvre en montagne sur le Tour 1963, flanqué de Jacques Anquetil et Raymond Poulidor.

Son petit-fils Mathieu a été sacré champion du monde de cyclisme sur route dimanche dernier à Glascow, dans ce qui restera peut-être comme la plus difficile course cycliste des 10 dernières années.

Immensément populaire dans sa ville de Tolède, premier espagnol vainqueur du Tour, Bahamontès était un géant du cyclisme.

« Ca dépasse le sport »

À ne pas manquer, ce vidéo sur le virage Thibault Pinot dans le Petit Ballon. Ceux qui connaissent l’endroit pour y être passé en vélo apprécierons surtout l’ampleur de la foule.

Dément!

Marc Madiot

J’ai beaucoup aimé ces deux entrevues (une série) tournées récemment avec Marc Madiot.

Parce que ca rebranche aussi avec le cyclisme d’hier, tout en étant de façon réaliste dans le cyclisme d’aujourd’hui. Marc Madiot, c’est ca.

Gino Mäder (1997-2023)

Le Tour de l’actualité

Ca fait un moment!

1 – Dauphiné. Journée danoise hier avec la victoire de Mikkel Bjerg chez UAE, une équipe qui place trois coureurs parmi les 10 premières place de ce chrono difficile. UAE sera au (grand) rendez-vous de juillet.

Jonas Vingegaard rassure tout son monde en terminant 2e, et devient logiquement le principal favori pour la victoire finale dimanche sur ce Dauphiné.

L’opposition viendra des Wright, O’Connor, Martinez, Hindley et surtout d’Adam Yates, généralement à l’aise en montagne. L’arrivée samedi en haut du Col de la Croix de Fer en Maurienne sera évidemment très intéressante.

2 – Julian « donner le maximum » Alaphilippe. Le champion français a remporté la 2e étape de ce Dauphiné, et on a clairement senti une libération de sa part, après de nombreux mois de galère pour revenir à son meilleur niveau après ses chutes en 2022.

Auteur d’un bon chrono hier, Alaphilippe va bien, ca ne fait aucun doute, et surtout, ca fait plaisir de retrouver pareil puncheur et attaquant.

Reste à savoir pour quelle équipe il courra en 2024. S’il a encore un an de contrat chez Soudal-Quick Step, la pression appliquée par Patrick Lefevere au cours des derniers mois aura certainement laissé des traces chez Olaf Polak. Plusieurs équipes françaises voyant des marges budgétaires s’ouvrir grâce à la retraite de coureurs comme Peter Sagan (Direct Énergies) ou Greg Van Avermaet (AG2R-Citroen), je ne serais pas surpris de voir Alaphilippe changer d’équipe l’an prochain.

3 – Pogacar. Le Slovène a repris l’entrainement depuis un petit moment déjà, après sa fracture au poignet. Il alterne séances de home-trainer et sorties sur route plus tranquilles.

Pogo est embarqué dans un contre-la-montre d’ici le départ du Tour, dans trois semaines. Personnellement, je ne suis pas inquiet pour lui! Il a notamment la jeunesse de son côté.

4 – Netflix Unchained. La série en huit épisodes dont le premier sort aujourd’hui racontera les aventures de plusieurs équipes de premier plan sur le Tour de France 2022. À ne pas manquer !

5 – The last rider. L’histoire d’un des meilleurs « come-back » du sport cycliste sur le Tour de France, celui de Greg Lemond après son accident de chasse en 1987. Ca sort le 23 juin. À ne pas manquer aussi !

6 – Derek Gee. Le meilleur coureur canadien en attendant de voir – on l’espère – Mike Woods, Hugo Houle et Guillaume Boivin sur le prochain Tour de France, a signé un contrat de… 5 ans, jusqu’en 2028, avec son équipe Israel-Premier Tech.

C’est dire si du côté d’Israel – Premier Tech on a été satisfait du travail de Gee sur le récent Giro, et qu’on a confiance en son avenir.

Il est vrai qu’il a été très impressionnant! Ayant suivi toutes les étapes en direct, j’étais soufflé de le découvrir encore dans l’échappée les matins en ouvrant ma tablette. Il est passé tout près d’une victoire d’étape à plusieurs reprises, et était encore en tête de course à deux kilomètres de l’arrivée au Tre Cime de Lavaredo. Chapeau bien bas pour le jeune coureur de la région d’Ottawa.

7 – David Veilleux. On ne l’oublie pas, en effet. Un gars bien, vraiment.

Tibopino, actuel meilleur grimpeur du Giro!

Beau reportage sur Thibault Pinot, actuel meilleur grimpeur du Giro.

Tour de France Unchained

Sortie sur Netflix le 8 juin prochain!

Le Tour de l’actualité

Beaucoup de nouvelles intéressantes dans le monde du cyclisme ces derniers jours.

1 – La surprise Foss

Le jeune norvégien de 25 ans Tobias Foss a remporté le chrono des Mondiaux devant les plus grands spécialistes, et notamment un Stefan Kung qui termine une nouvelle fois 2e et qui aura du mal à se remettre de cette défaite crève-coeur, pour… trois petites secondes après 34 kilomètres.

Foss devance également le récent vainqueur de la Vuelta, Remco Evenepoel.

Fort.

Jusqu’ici, la plus grande victoire de Foss était le général du Tour de l’Avenir en 2019. On l’a cependant vu devant le peloton lors des GP cyclistes de Québec et Montréal à travailler fort pour son leader Wout Van Aert au sein de la Jumbo-Visma.

Comme quoi les GP de Québec et Montréal sont une bonne préparation pour les Mondiaux!!

2 – Gee et Dal-Cin surprennent aussi

On pourra être très fiers de la performance des deux coureurs canadiens sur ce chrono des Mondiaux, deux coureurs de la région d’Ottawa-Gatineau.

Gee termine 19e de ce chrono, à moins de deux minutes du vainqueur.

Dal-Cin termine juste derrière, 26e, à 2min22 du vainqueur, et donc 23 secondes de plus que Gee.

Considérant les 48 coureurs classés, c’est très très bien. Des coureurs comme Lutsenko sont derrière, et ils font jeu égal avec des coureurs confirmés comme Mollema, Cort ou Powless.

Chapeau!!!

3 – Benoit Cosnefroy

Je l’ai écrit deux fois sur La Flamme Rouge, Benoit Cosnefroy serait des Mondiaux pour l’équipe de France.

Ben j’ai eu raison!

Thomas Voeckler a réussi à convaincre le récent vainqueur du GP cycliste de Québec, qui se rendra donc en Australie pour devenir certainement l’autre leader de l’équipe de France, Julian Alaphilippe ne donnant que peu de garantie étant donné sa chute sur la Vuelta.

Une très bonne nouvelle pour la France!

4 – Montréal 2026 puis la France en 2027

On annoncera jeudi prochain lors de ces Mondiaux australiens les prochaines destinations, notamment pour 2026 et 2027.

Pour 2026, il s’agira très certainement de Montréal, 52 ans après les Mondiaux de 1974 gagnés par Eddy Merckx. Considérez que c’est dans la poche.

Ca sera une bonne nouvelle pour le cyclisme sur route canadien, qui en a bien besoin. J’y reviendrai.

Pour 2027, la France (Haute Savoie) semble être en bonne position, malgré les enjeux locaux. Les derniers Mondiaux de cyclisme sur route en France ont été organisés à Plouay en 2000.

Rappelons les prochaines destinations: 2023 (Glascow), 2024 (Suisse), 2025 (Rwanda – doit-on rappeler à Cyclisme Canada de déjà planifier des frais de déplacement plus importants qu’à l’ordinaire?), 2026 (Montréal) et 2027 (Haute Savoie).

5 – Billets d’avion pour les Mondiaux

Au Canada, la controverse tourne autour de l’incapacité de Cyclisme Canada de défrayer les coûts de déplacement de ses athlètes pour les Mondiaux en Australie.

En France, la controverse tourne autour du fait que les pros (hommes) ont eu droit à des billets en business, alors que les pros (femmes) ont dû se contenter de billets en classe économique.

La justification de la Fédé française fait cependant du sens. Les hommes sont double-champions du monde, et défendent donc le titre avec de belles ambitions du côté notamment de Cosnefroy. Ce n’est pas le cas des femmes. En VTT (mtb), la Fédé affirme qu’elle aurait fait voyager Pauline Ferrand-Prévost et Loana Lecomte en business, ayant de meilleures chances de résultats que les hommes. D’ailleurs, PFP est triple championne du monde cette saison, short-track, XCO et Marathon, excusez du peu!

6 – Ganna et l’heure

Le dragster italien va s’attaquer au record de l’heure le 8 octobre prochain à 20h sur le vélodrome de Granges en Suisse.

Comique, les organisateurs du Tour de Lombardie ne sont pas contents car l’épreuve italienne aura lieu le même jour (mais pas à la même heure bien sûr).

Quoi qu’il en soit, il ne fait aucun doute que le récent succès du britannique Daniel Bigham (55,548km), testeur chez Ineos, se voulait une répétition générale pour Ganna. Bigham a testé du matériel, des innovations, des braquets, un rythme aussi probablement, et Ganna ne se lance donc pas dans l’aventure sans repères précieux.

Sauf grosse surprise, je suis sûr que Ganna établira une nouvelle marque sur l’heure, et qu’il s’approchera des 56kms.

7 – Boivin et la Primus Classic

Dans les derniers cinq kilomètres, je dois vous avouer que j’y croyais pour Guillaume Boivin, bien amené par un équipier en vue de l’emballage final.

Devant, lucide, Boivin a su éviter une belle grosse chute pour jouer la gagne.

S’il est débordé dans les tous derniers mètres, il se console par une belle 5e place qui prouve qu’il a actuellement de bonnes jambes.

De quoi être optimiste pour les prochaines courses!!

8 – Mathieu Van Der Poel

Il est en Australie pour les Mondiaux sur route, et vient de se rappeler au bon souvenir de tous en remportant le récent GP de Wallonie face à Biniam Girmay.

Si la distance des Mondiaux (266 kms) devraient poser problème pour un coureur qui a peu couru depuis 6 semaines, c’est MVDP, donc il demeurera un client dimanche prochain. Mollema et lui peuvent nourrir des ambitions.

9 – Campagnolo Levante

Pour en savoir plus sur cette première paire de roues gravel par Campagnolo. Du très beau matériel!

10 – Gravel encore, le BMC Kaius

Là encore, du très beau matériel. Enfin un gravel bike avec un look près de celui des meilleurs vélos sur route! Prix rébarbatif cependant.

Cyclisme Canada: de pire en pire

L’attention du monde du cyclisme professionnel se tourne désormais vers les Mondiaux en Australie à la fin du mois.

Les sélectionneurs nationaux confirmeront dans les prochains jours leur équipe et leurs ambitions.

Chez les Belges par exemple, on sait déjà que le leadership sera partagé entre Wout Van Aert et Remco Evenepoel. Ca risque d’être compliqué, les deux pouvant nourrir des ambitions.

Du côté français, on attend tous de voir si Thomas Voeckler pourra convaincre Benoit Cosnefroy d’aller en Australie afin de profiter d’une belle condition physique en ce moment.

Au Canada, c’est un peu la débandade.

Cyclisme Canada a annoncé la liste des partants pour ces Mondiaux: 20 athlètes.

11 hommes et 9 femmes, on est presque à parité et c’est l’fun de voir ca.

Chez les élites hommes, le Canada sera représenté par Pier-André Côté, Matteo Dal-Cin, Derek Gee et Nickolas Zukowsky.

Les Hugo Houle, Antoine Duchesne, Guillaume Boivin et Mike Woods sont absents.

Ils ont chacun des raisons. Mike Woods a chuté au début de la Vuelta, et aurait subi une commotion cérébrale. Hugo Houle est rincé d’une saison très chargée et on le comprend, et son équipe bataille ferme pour l’obtention d’une licence WorldTour 2023-2025. Pas que sur la scène sportive d’ailleurs: le manager Silvan Adams a saisi les médias hier d’une situation qu’il juge absurde, demandant à l’UCI d’assouplir sa règle et d’admettre non pas 18 équipes en World Tour sur les trois prochaines années, mais bien 20.

Silvan Adams affirme même qu’il n’hésitera pas à saisir les tribunaux s’il le faut!

Quoi qu’il en soit, une des raisons pour laquelle les meilleurs cyclistes canadiens refusent d’aller en Australie, c’est tout simplement qu’ils doivent y aller… à leurs frais!

Cyclisme Canada n’a pas les moyens de payer pour envoyer les athlètes. Donc, c’est entièrement à nos frais. C’est sûr que moi, ça ne m’intéresse pas. Guillaume Boivin a refusé l’invitation, Antoine Duchesne aussi. S’il faut payer, nous, on ne voit pas l’intérêt [d’y aller]. Ça va être intéressant de voir qui va aller subventionner la fédération.

Hugo Houle, la presse, 4 septembre 2022

Je salue en particulier le refus de Guillaume Boivin qui en a fait aussi une question de principe, lui qui est pourtant en forme et qui aurait pu faire de belles choses en Australie pour le Canada.

Avec les saisons qu’on fait et les résultats qu’on a apportés dans les dernières années, je trouvais ça un peu irrespectueux de nous demander de payer. J’ai décidé de ne pas y aller parce que ça coûte cher, mais par principe aussi.

guillaume boivin, la presse, 4 septembre 2022

C’est de pire en pire du côté de Cyclisme Canada. Vraiment déplorable.

Je dénonce sur ce site depuis des années le manque de leadership de notre fédération nationale pour développer le cyclisme sur route, soutenir les fédérations provinciales, et augmenter les débouchés pour nos coureurs cadets et juniors les plus prometteurs.

Une génération a déjà été sacrifiée selon moi.

Hugo Houle avait lui-même dénoncé l’abandon du cyclisme sur route par Cyclisme Canada il y a quelques années. Il en rajoute récemment.

Plus encore, Dominik Gauthier a lui-aussi dénoncé la fédération canadienne récemment via la plate-forme de Radio-Canada.

J’ai donc demandé à Hugo Houle cette semaine si quiconque à Cyclisme Canada l’avait contacté pour répondre à ses interrogations. Non, rien! Rien? Même pas un accusé de réception? Non.

Cela est un manque de respect ultime! Comment une organisation peut-elle ignorer les plus grands noms de son propre sport? Il faut aussi spécifier qu’Hugo et ses acolytes sur route ne faisaient pas que se plaindre, ils proposaient des pistes de solutions intéressantes.

Dominik Gauthier, Radio-Canada, 8 septembre 2022

Bref, ce n’est pas brillant. Cyclisme Canada est probablement dû pour un très grand ménage.

Et Cyclisme Canada continue d’investir dans la piste, avec des résultats très mitigés depuis des années. Pendant ce temps, la route se meurt: plus d’épreuves nationales, plus d’équipes élites nationales, c’est la misère pour nos meilleurs(es) jeunes coureurs(ses).

De l’argent? Il y en a, de l’argent, mais Cyclisme Canada n’est pas capable de convaincre, apparemment. Pourtant, des sponsors investissent dans le cyclisme, j’en ai moi-même la preuve avec mon équipe cycliste.

Avec seulement quelques mois d’existence, j’ai bien l’impression que l’initiative Bridge The Gap a déjà fait plus pour le cyclisme sur route au Canada que Cyclisme Canada depuis des années. Je publierai bientôt sur La Flamme Rouge davantage d’information sur cette initiative intéressante et porteuse d’espoir.

Entretemps, souhaitons le meilleur des succès aux cyclistes canadiens qui seront du voyage des Mondiaux en Australie. Nos meilleures chances sont assurément du côté de l’équipe des femmes élite pour la route, et du côté de nos juniors.

Espérons qu’une autre équipe nationale aura la bonté de prêter une pompe à nos Canadiens(iennes) pour qu’ils(elles) puissent gonfler leurs pneus!

Le Tour de l’actualité

Après quelques jours de repos, on reprend par ce Tour de l’actualité.

1 – Jonas Vingegaard. Les analyses sortent actuellement pour nous permettre de mieux comprendre la portée des performances offertes par ce coureur de 60 kilos – je répète, 60 kilos – sur le récent Tour de France.

Parmi les plus intéressantes, celle de Vayer et Portoleau qui déchiffrent les puissances sous-jacentes. C’est très éloquent, il faut lire pour être un(e) observateur(trice) éclairé(e) du monde du vélo.

Son ascension du Granon reste l’une des plus grandes performances observées en cyclisme, ever. Seuls les Ullrich, Pantani et Rominger, à une époque très sombre du vélo, ont fait mieux, c’est dire.

Et pour moi, une perf demeure encore plus éloquente: sa 2e place du dernier chrono, devant des grands spécialistes comme Ganna ou Thomas. À 60 kilos tout mouillé, il fallait le faire.

Plus que jamais, je continue de me poser des questions sur le cyclisme que je vois depuis deux, trois ans.

2 – Points WorldTour

Le récent Tour de France aura permis à l’équipe israélo-canadienne Israel-Premier Tech de rattraper l’équipe Lotto-Soudal en… 19e place du classement, cette dernière équipe ayant connu un Tour très difficile.

Mais rien n’est encore joué!

Devant, aux 15e, 16e, 17e et 18e places, quatre équipes au coude-à-coude: Movistar, Cofidis, BikeExchange ainsi que EF Education, que seulement 500 petits points séparent. Israel et Lotto sont quelques 900 points derrière.

Ces six équipes ne peuvent s’endormir et gageons que cette fin de saison sera âprement disputée.

3 – GP de Québec et Montréal

Doucement, l’attention se tourne vers ces deux épreuves cyclistes de fin de saison, épreuves qui sont aussi préparatoires aux Mondiaux.

On annonce des pointures au départ, Tadej Pogacar en premier lieu, mais aussi Wout Van Aert qui, malade (surprenant rhume…), fera l’impasse sur la Classica San Sebastian ce week-end.

Hugo Houle sera évidemment la grande vedette de ces Grands Prix cyclistes au Québec, et on peut d’ors et déjà anticiper une foule record sur les deux événements.

4 – Chutes sur le Tour féminin

Le cyclisme féminin est bien intéressant à regarder, il y a beaucoup d’action mais on peut déplorer les nombreuses chutes qui entachent le spectacle général. Parfois, on a vu trois chutes majeures en moins de 5 minutes. Dommage, et stressant pour les coureuses.

Pour le moment Marianne Vos est en jaune, mais difficile de dire si elle pourra tenir ce week-end, notamment dimanche vers la Super Planche des Belles Filles.

5 – Classica San Sebastian, du beau monde au départ

Sur le papier, ce sera un match entre Tadej Pogacar et Remco Evenepoel, mais il y a beaucoup de beau monde au départ, notamment les Geraint Thomas, Daniel Martinez, Matej Mohoric, Luis Leon Sanchez, Bauke Mollema, Giulio Ciccone, Tiesj Benoot, Simon Yates (il vient de gagner le Tour de Castille-Leon), Nick Schultz, Alexey Lutsenko, Alejandro Valverde, Benoit Cosnefroy, Romain Bardet, David Gaudu, Valentin Madouas, Pierre Latour et Maximilan Schachmann.

Côté canadien, c’est encore à confirmer, possiblement Woods et Houle au départ mais compte tenu des récents événements, je ne serais pas surpris que cela ne se concrétise pas.

6 – Championnats canadiens 2023

En gros, pour la route, vous prenez la situation en 2022 et vous appliquez à 2023: les Championnats canadiens élite seront de retour à Edmonton, et les Championnats canadiens maitre à… Victoriaville, pour la 3e année consécutive. C’est les coureurs maitres de l’Ouest du pays qui doivent gueuler.

Ceci étant, l’organisation de Victoriaville est irréprochable et est à l’écoute de la communauté cycliste. Gageons que des changements seront annoncés au cours des prochains mois, notamment quant au parcours proposé pour l’épreuve sur route.

7 – Alpe d’Huez

Ambiance sur la montée de l’Alpe d’Huez lors de la récente étape du Tour qui se terminait au sommet. Fou!

Premier journal du Tour 2022

La couverture du Tour de France 2022 débute sur La Flamme Rouge par ce premier journal du Tour.

1 – Vendredi. Les coureurs du Tour prendront le départ de la première étape ce vendredi, un chrono de 13 km dans les rues de Copenhague.

Un vendredi, et non le samedi?

C’est exceptionnel, et c’est dû au départ hors de France, qui exige un transfert pour rapatrier ensuite les coureurs dans l’Hexagone. Trois étapes sont prévues au Danemark avant ce transfert le lundi 4 juillet.

2 – Danemark. Les deux étapes en ligne des 2e et 3e étapes au Danemark seront très probablement réservées aux sprinters, qui débarquent avec force sur ce Tour: Caleb Ewan, Wout Van Aert, Fabio Jakobsen, Bryan Coquard, Jasper Philipsen, Mathieu Van Der Poel pourquoi pas, John Degenkolb, Alexandr Kristoff, Peter Sagan, Michael Matthews pour ne nommer que ceux-là.

Sur fond d’une guerre inter-équipe pour marquer les précieux points UCI en vue du renouvellement des licences WorldTour en fin de saison, ca pourrait engendrer une lutte sévère pour les bonnes positions une fois dans les 10 derniers kilomètres. Sans être difficile au niveau du parcours, ce début de Tour pourrait toutefois être très explosif.

3 – Le premier chrono. En anglais, on dirait « dead flat ». Traduction libre, « désespérément plat »!

Misez un spécialiste du chrono, voire un pistard. Filippo Ganna étant au départ pour Ineos, je vois mal comment ce premier chrono pourrait lui échapper. Stephan Kung devrait être dans le coup aussi, peut-être un Kasper Asgreen chez Quick Step, voire les Stefan Bissegger ou encore Wout Van Aert.

Chose certaine, si Pogacar fait dans les 5 premiers, ouch pour la suite!

4 – Dopage. À quelques jours seulement du Grand Départ, l’équipe Bahrain-Victorious a déjà fait l’objet d’une descente de police, les policiers ayant perquisitionné les affaires des coureurs et du personnel encadrant.

Coincidence? Il y a quelques jours, la directrice générale de l’UCI, Amina Lanaya, en charge de la lutte contre le dopage, avait déclaré vouloir utiliser tous les moyens légaux pour débusquer les tricheurs.

L’UCI et les autres instances auraient-elles des informations sur les substances dopantes actuellement en usage probable au sein du peloton pro? La suite sera intéressante et gageons que ce Tour de France pourrait nous réserver aussi des surprises sur ce front.

5 – Covid. Rien de rassurant non plus sur ce front, le peloton présent au récent Tour de Suisse ayant été décimée par le virus.

Wait and see sur le Tour, mais il est d’ors et déjà certain que les équipes devront user d’une grande prudence pour éviter les contagions. Trois semaines, c’est long.

6 – Trois. Ils sont trois ex-vainqueurs du Tour de France au départ de Copenhague, soit Chris Froome, Geraint Thomas et bien sûr Tadej Pogacar.

7 – Alaf. Pas de Tour de France cette année pour le champion du monde Julian Alaphilippe, question de pouvoir continuer sa convalescence tranquillement et de se préparer pour ses trois objectifs de fin de saison, soit la Vuelta, les Mondiaux et le Tour de Lombardie.

Alaphilippe avait pourtant démontré une condition physique très correcte le week-end dernier durant l’épreuve sur route des Championnats de France.

Un champion du monde français privé de Tour de France, ca n’a pas manqué de faire réagir en France. Lefevere a peut-être sous-estimé l’impact à ce niveau.

Alors, une bonne décision? Personnellement, je ne suis pas de cet avis. Alaphilippe aurait pu tirer profit de ce Tour de France pour accélérer son retour au plus haut niveau, et viser des victoires d’étapes en 2e et 3e semaine.

8 – Coureurs canadiens. Ils seront trois au départ de cette Grande Boucle, soit Mike Woods et Hugo Houle chez Israel-Premier Tech, ainsi qu’Antoine Duchesne chez Groupama-FDJ.

Mike Woods a déjà avoué faire du maillot à pois et des victoires d’étape en montagne son objectif principal de ce Tour.

Hugo Houle n’aura pas beaucoup de liberté, il devra travailler pour protéger ses leaders Fuglsang et Woods durant la première semaine en particulier. Il n’est pas exclu qu’on lui laisse tenter sa chance cependant sur une étape accidentée en 2e semaine.

Antoine Duchesne devra lui aussi travailler pour ses leaders Gaudu et Thibault. Sa sélection a eu de quoi surprendre, même si on est très content pour lui, après deux saisons plus difficiles. Bruno Armirail était manifestement l’autre choix logique, le Français n’a pas été retenu et a envoyé un message clair à ses dirigeants, Marc Madiot en tête, en remportant le titre de champion de France du chrono vendredi dernier. Question de faire mal paraitre l’encadrement de Groupama!

9 – Bonifications. Parce que dans le cyclisme moderne, ca peut se jouer sur les bonifications sur la ligne d’arrivée de chaque étape, sauf les chronos. Sur ce Tour, 10, 6 et 4 secondes de bonif seront attribuées aux trois premiers de l’étape.

10 – Primes. 500 000 euros au vainqueur du général comme d’hab, un prix qui n’a pas changé depuis plusieurs années malgré l’inflation!

Chaque coureur qui terminera ce Tour de France recevra 1000 euros.

Chaque jour, le porteur du maillot jaune reçoit une prime de 500 euros.

Un vainqueur d’étape sur ce Tour empoche 11 o00 euros.

Un vainqueur d’un sprint intermédiaire en cours d’étape, 1 500 euros.

Les vainqueurs final du maillot vert et du maillot à pois, empocheront 25000 euros. Le vainqueur du maillot blanc, 20 000 euros.

Le combatif du jour reçoit 2000 euros, et le super combatif à la fin du Tour 20 000 euros.

Enfin, le Souvenir Henri Desgranges vaudra au premier coureur à le franchir une prime de 5 000 euros.

Au total, toutes les primes s’additionnent au montant total de… 2 282 000 euros. Joli pactole!

11 – Cipollini. Pas joli joli, le cas Cipollini, un sprinter des années 1990 qui a remporté pas moins de 57 étapes sur les grands tours, et 12 étapes sur le Tour de France. Il risque deux ans et demi de prison ferme pour des agressions à l’endroit de son ex-femme.

12 – Demain sur LFR, la description du parcours, puis jeudi les principaux favoris pour les divers classements.

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