Belle petite entrevue conduite par Antoine Duchesne avec son pote Thibault Pinot, qui nous donne de ses nouvelles suite à sa retraite sportive l’an dernier.
Catégorie : Le monde des pros Page 1 of 70
Vidéo intéressant – et désormais un classique – de l’équipe Visma – Lease a Bike sur le dernier Tour de France.
Les dernières minutes portant sur la dernière étape de Paris sont particulièrement intenses.
Je vois mal comment le Tour de Lombardie ce week-end pourrait encore échapper à Tadej Pogacar.
Ce dernier rejoindrait Fausto Coppi dans le livre d’histoire de cette course, avec cinq succès. On pourrait même dire qu’il ferait mieux que le « Campionissimo », car ses cinq succès seraient consécutifs, ce que n’a pas pu faire Coppi.
Pogacar a remporté hier les Tre Valle Varesine – une course que le Québécois David Veilleux a déjà remporté, j’aime le rappeler! – comme s’il s’était payé une sympathique sortie d’entrainement décontractée.
Payez-vous les images! (il s’échappe du groupe à 21,6km de l’arrivée, sur le vidéo c’est à la 55e minute). Pogacar semble simplement passer son relais, il appuie un peu et il prend quelques mètres qui, en fait, ne seront jamais bouchés.
Réalisant le danger, on a un Quinn Simmons qui semble bien appuyer sur les pédales, mais il ne rentre jamais. Écoeuré probablement, l’Américain a dit « basta » et termine 69e, à plus de 5min!
Hallucinant!
L’effort de Pogacar pour s’échapper n’était ni dans une bosse, ni dans un col. Au train, au bas d’une descente, à un endroit très roulant.
C’est vrai que Simmons a manqué de soutien pour rentrer sur le coureur slovène, alors qu’il ne restait plus que quelques longueurs de vélo à boucher.
L’aisance de Pogacar face aux autres est quand même exceptionnelle, nous sommes chez les professionnels.
Belle 2e place d’un jeune de 19 ans que je ne connais pas vraiment, le Danois Albert Withen Philipsen, vainqueur plus tôt cette saison de Paris-Roubaix espoirs.
Alaphilippe 3e, on lui souhaite un bon Tour de Lombardie ce week-end avec son équipe Tudor. Son compatriote Lapeira est 4e, ce qui confirme la bonne fin de saison des AG2R-Decathlon qui seront à surveiller ce week-end en Italie.
Décidément, ce cyclisme moderne est difficile à expliquer… mais le spectacle, lui, demeure d’intérêt et il ne faudra pas manquer ce Tour de Lombardie, la der de der.
Comme plusieurs d’entre vous, j’ai suivi avec attention les événements de la Vuelta, alors que des manifestants pro-palestiens ont perturbé la course tous les jours, visant notamment l’équipe Israel-PremierTech pour des raisons évidentes.
Ma surprise n’a pas été les manifestations en soi, mais bien la durée de celles-ci: les manifestants étaient présents tous les jours, et ont réussi à perturber de façon très significative de nombreuses étapes du Tour d’Espagne, jusqu’à la toute dernière. Avec, à la clef, certains événements déplorables puisque la sécurité en course des coureurs a été, par moment, compromise.
Ces événements sont significatifs dans la mesure où ils sont susceptibles de faire boule de neige: à Montréal dimanche dernier, tout près de la ligne départ/arrivée, une manifestation du même type était présente, fort heureusement dans le respect de l’événement et des coureurs.
D’autres manifestations sont probablement prévisibles sur les prochaines courses du calendrier cycliste professionnel, par exemple sur le Tour de Lombardie qui est l’un des cinq grands monuments.
Dans tout cela, je déplore depuis un petit moment déjà la politisation du sport.
Voyez un peu: pour la première fois à ma connaissance, on a pas moins de quatre équipes de premier plan au sein du peloton qui battent pavillon d’un état ou d’une ville dont la réputation n’est pas des meilleures sur la scène internationale, que ce soit à l’égard du respect des droits de l’Homme, de positions ou régîmes politiques, ou de comportement envers d’autres pays: UAE Team Emirates (Émirats Arabes Unis), Bahrain-Victorious (Bahrein), Astana (Kazakhstan) ainsi qu’Israel-PremierTech (Israel).
Je ne me souviens pas d’une autre époque dans le vélo où cela s’est produit, aussi loin que ma mémoire me permet de remonter.
Manifestement, ces états utilisent le cyclisme pour améliorer leur image internationale, faisant du coup oublier les défis et enjeux parfois importants derrière.
Je le déplore, car on assiste à une politisation du cyclisme, une dérive à mon sens très dangereuse.
Le sport de façon générale est un des rares endroits, peut-être avec l’art, où la politique devrait être totalement absente. Bien sûr, on se souviendra de l’histoire des Jeux Olympiques, ponctuée de liens entre sport et politique, mais globalement, en sport, une devise prévaut: que le meilleur gagne. Point barre.
Le sport devrait être un lieu de rencontre et de respect entre adversaires, dans le seul but de la recherche de la performance et de la victoire, tout en respectant les règles bien sûr.
Au lieu de ca, on assiste à la dangereuse hausse de l’instrumentalisation du sport qui a certes toujours existé, mais qui prend de l’ampleur dans le monde selon moi. Le cyclisme en est un exemple. Le ski de fond aussi d’ailleurs, avec l’exclusion des fondeurs russes des épreuves de Coupe du Monde, un des seuls sports à continuer d’appliquer une telle règle.
Il y a pourtant d’autres solutions. Les états ou les millionnaires derrière certaines équipes peuvent soutenir le vélo sans pour autant en faire un véhicule politique; rien n’empêche l’homme d’affaire Sylvan Adam de soutenir le vélo sans pour autant promouvoir l’état d’Israel sur un maillot.
On va en venir au point où les autorités comme l’UCI n’auront d’autre choix que d’intervenir pour fixer des règles claires sur le sponsoring, surtout si les manifestations actuelles devaient perdurer dans le temps, par exemple sur la saison 2026.
Avec, bien sûr comme défi majeur, celui de l’argent, on n’y échappe pas. L’équipe UAE Team Emirates n’est-elle pas la plus riche du peloton actuel?
Chose certaine, je comprends et surtout je respecte la décision de certains coureurs pro actuels de ne pas courir au sein de certaines équipes, par principe.
Sur fond de Liège-Bastogne-Liège, petit tour de l’actualité, ca fait une mèche.
1 – La Doyenne.
L’intérêt dimanche ne repose pas sur qui s’imposera, mais bien sur l’endroit où l’attaque sera portée.
Pour les favoris, c’est très simple, ils sont deux: Pogi et Remco. Le reste se battra pour des accessits.
Non, la question est plutôt de savoir à quel endroit Pogi ou Remco mettront en route.
D’ordinaire, c’est la Redoute qui sert de tremplin à la victoire finale. Nombre de vainqueurs y ont construit leur succès, même ces dernières années.
Pogi, tout particulièrement, ose attaquer de plus loin, parfois bien avant l’entrée dans les 50 derniers kilomètres.
Du coup, voudra-t-il surprendre son monde en partant dès Stockeu, la Haute Levée ou encore le col du Rosier dimanche?
L’intérêt de la course sera là.
Le beau temps est attendu dimanche, ca sera donc une sélection vers l’avant.
Chose certaine, Remco comme Pogi auront intérêt à se marquer à la culotte. Remco a l’avantage se savoir rouler, Pogi de savoir grimper. Chacun peut rattraper un coup de retard, mais pas plusieurs.
2 – La Flèche.
Victoire presque « mécanique » de Pogi qui a accéléré dans le Mur de Huy en restant assis sur sa selle. Commentaire de Jalabert « les autres ne seront même pas sur la photo en haut ». Elle était bonne la blague! (mais on rit jaune)
Soulignons quand même une prestation extraordinaire de Kevin Vauquelin, excellent 2e pour Arkea B&B Hôtels devant un Pidcock retrouvé. L’Anglais pourrait être le 3e homme sur le podium ce dimanche à Liège.
Vauquelin devant Remco en haut de Huy, je n’aurais pas parié là-dessus au départ mercredi matin dernier.
3 – Retour sur Roubaix.
Encore eux et les autres (coureurs). Je ne trouve rien à ajouter de plus, sinon ma surprise sans cesse renouvelée de voir que quelques coureurs seulement (en gros, trois!) gagnent à peu près tout en ce moment.
Du jamais vu en cyclisme!
4 – Derek Gee.
Le coureur canadien est en préparation finale pour le Giro, et sa prestation actuelle sur le Tour des Alpes a de quoi rassurer tout le monde quant à sa condition physique.
Excellent 2e de l’étape hier, il pointe également en 3e place du général, avec une seule étape à parcourir aujourd’hui. Ca grimpe, le Tour des Alpes!
Rappelons que Derek Gee s’était révélé aux yeux de beaucoup lors du Giro 2023, où il avait brillé de mille feux.
La suite sera intéressante; le Giro s’élance le 9 mai prochain de l’Albanie.
5 – Bernard Hinault.
Autant je respecte le champion cycliste qu’il a été, autant je le trouve d’une arrogance et d’une suffisance insupportables en entrevue depuis quelques années. Ses dernières entrevues récentes à l’occasion du dévoilement du parcours des Mondiaux 2027 en Haute Savoie – la côte de Domancy! – sont pires encore! Ca manque de classe.
6 – Paul Seixas.
Comme plusieurs d’entre vous, je suis assez renversé des performances récentes du très jeune coureur pro Paul Seixas, un Français évoluant chez Decathlon-AG2R-La Mondiale.
18 ans seulement! 18 ans…
Sacré grimpeur, sacré rouleur, sacré coureur de cyclo-cross, il vient de terminer sur le podium de deux étapes du Tour des Alpes, avec juste avant une 2e place sur Paris-Camembert.
L’an dernier sacré champion du monde junior – junior – sur le chrono, champion de France en titre en cyclo-cross comme sur le chrono, vous voyez la pointure… Très précoce, il faudra suivre ses prochaines courses pro de près.
La France aurait-elle trouvée en Seixas le successeur de Bernard Hinault au palmarès du Tour?
7 – Printemps tardif.
Je ne sais pas en France, en Suisse, en Belgique et ailleurs, mais le printemps est tardif au Québec. Du coup, rouler dehors a parfois constitué, ces trois dernières semaines et encore ces derniers jours, un sacré défi dans le froid, le vent, et les routes sales de l’hiver. Faut une sacrée dose de motivation parfois pour partir enquiller 60 bornes dans ces conditions.
Vivement un temps (et un printemps) plus clément, bordel!
Je suis d’avis qu’il n’y a pas qu’en Belgique qu’on retrouve des flahutes.
Devant les performances toujours plus ahurissantes de certains coureurs professionnels, il est légitime de se poser des questions.
Thomas Voeckler lui même se pose les mêmes!
Dans le registre, j’ai acquis l’intime conviction que rien n’a changé depuis les années 1990, soit il y a 40 ans: il s’agit toujours, et plus que jamais, d’une course aux globules.
La récente (2024) affaire au monoxyde de carbone nous confirme en effet que dans le cyclisme professionnel, la clef, c’est d’oxygéner son sang: plus d’oxygène transporté aux muscles, c’est plus d’efficacité sur la durée, moins de toxines, moins d’acide lactique, un rendement optimisé sur le long terme.
Du coup, on continue de chercher tous les moyens possibles et imaginables pour mieux oxygéner l’organisme.
Le monoxyde de carbone, c’était pour reproduire n’importe où les effets d’un entrainement en altitude. Le principe, simple: en inhalant du monoxyde de carbone (très dangereux par ailleurs, donc sous supervision technique et médicale que seules les équipes les plus riches peuvent s’offrir), on force l’organisme à secréter de l’EPO, donc plus de globules rouges.
Moins cher qu’un séjour de six semaines à Tenerife…
Pour d’autres, comme Wout Van Aert récemment, on n’y coupe pas: Tenerife demeure un incontournable. Ou Livigno. Ou Val d’Isère.
Par tous les moyens, il faut augmenter le transport de l’oxygène. On n’y coupe pas.
À cela, ajoutez peut-être le dopage de l’hémoglobine et vous avez un cocktail surpuissant.
Je lis, je m’informe, je tente de comprendre, et j’en suis là. Le constat d’abord que la chasse aux globules est plus que jamais le nerf de la guerre dans le cyclisme, mais aussi le constat que la lutte contre le dopage dans ce sport s’est éteinte, notamment faute d’argent. Circulez, y’a rien à voir.
Même dans les médias, on n’a plus les moyens d’un journalisme d’enquête qui, par définition, coûte cher. Les sponsors sont plus friands d’articles médias courts, trois paragraphes maxi, vendant les exploits des champions cyclistes d’aujourd’hui.
Que voulez-vous, aujourd’hui, il faut vendre Zwift, Woosh, Enve ou encore Richard Mille. Quitte à désinformer: ca serait les progrès de la nutrition. En gros, avalez 2x plus de glucides qu’avant et vous atomiserez tous vos records… Dois-je rappeler que Lance Armstrong pesait tous ses steaks, et que des cuisiniers dans les équipes cyclistes, ca ne date pas d’hier?
Ce qui me sidère le plus dans le monde d’aujourd’hui, c’est l’efficacité des spins doctors pour faire avaler des couleuvres de désinformation au grand public.
Qui en redemande, aveuglément.
Vaste sujet déjà si abondamment traité par de nombreux intervenants et amateurs de cyclisme!
Vous avez été plusieurs à commenter mon article hier, pour exprimer vos doutes.
Je vous rassure, j’en ai aussi. Beaucoup, même.
C’est difficile de croire qu’on pulvérise aujourd’hui à l’eau claire les records dans les cols établis par les plus grands dopés – sanguins, je précise – de l’histoire du cyclisme, Armstrong et Pantani en tête. C’est à croire que les cocktails des années 1990 et 2000 – EPO, testostérone, hormones de croissance, stéroïdes et anabolisants, tout cela en protocole savamment orchestré – n’étaient que peu efficaces…
Pour moi, le doute est nécessaire si on veut être un observateur éclairé du cyclisme, surtout avec la perf de Pogi sur le Plateau de Beille sur le Tour cette année. Ce jour-là, il a définitivement fait quelque chose qu’on ne peut pas expliquer avec la constitution humaine (473 watts pendant 40min).
Mais pour l’heure, personne n’a aucune preuve d’un quelconque dopage chez Pogi. On doit simplement maintenir le doute, se rappelant que Lance Armstrong n’a jamais échoué un seul contrôle antidopage de toute sa carrière.
Et pour l’heure, le plus crédible je trouve, ce sont les calculs de puissance. Ces calculs permettent de mieux comprendre ce qu’implique de monter le Plateau de Beille aussi vite, et permettent aussi la déconstruction de discours vaseux autour du matériel, de l’aérodynamique, ou des effets d’abri derrière d’autres coureurs. L’industrie et les acteurs qui ont intérêt dans le WorldTour essaient de nous prendre pour des cons, comme d’habitude.
Si Pogi était si transparent et clean, il publierait toutes ses puissances sur son compte Strava. Mais non. Gênant…
Alors pour l’heure, sachons reconnaître les exploits lorsqu’on en voit un, car Pogi a eu les couilles de partir aussi loin de l’arrivée et il fallait tenir. Mais gardons-nous une petite gêne sur la façon dont il peut évoluer toute une saison durant à un tel niveau.
Chose certaine, je ne comprends plus le vélo depuis quelques années. Performances nettement en hausse, meilleures qu’à la grande époque du dopage sanguin et malgré des vélos plus lourds, et pratiquement jamais de contrôles positifs à l’échelon WorldTour, comme si quelqu’un avait mis un couvercle sur la marmite. Après des années d’affaires de dopage tout azimut entre 1998 et 2015 environ, d’enquêtes journalistiques, de descentes de police dans les hôtels des coureurs, de contrôles et fouilles des bagages, de filatures même, plus rien. Désormais clean, le vélo à l’échelon WorldTour.
Merci aux lecteurs ayant commenté mon analyse de la dernière étape du Tour de France féminin. J’avais perdu de vue que Rooijakkers avait en effet deux secondes d’avance sur Vollering au départ de cette dernière étape, invalidant totalement mon analyse de la tactique usée durant cette course. Mea culpa! Je rediffuse aujourd’hui le même Tour de l’actualité, mais avec des corrections quant à la tactique sur cette dernière étape. Avec en prime un ajout pour couvrir cette 5e étape de la Vuelta!
Ca fait une pige qu’on n’a pas fait un petit Tour de l’actualité!
1 – 4 secondes. C’est l’écart à l’arrivée du Tour de France féminin entre Kasia Niewiadoma et Demi Vollering au terme d’une course qui aura duré une semaine complète.
Ca rappelle presque les 8 secondes entre LeMond et Fignon en 1989, sauf que cette fois-ci le scénario s’est déroulé sur les pentes de l’Alpe d’Huez.
Et sur une étape un peu rocambolesque si vous voulez mon avis, où les erreurs tactiques ont été nombreuses. La course aurait pu basculer bien autrement!
D’une part, Niewiadoma doit probablement sa victoire finale à… Lucinda Brand, gros moteur et spécialiste du cyclo-cross. Brand s’est mise à la planche du bas de la descente du Glandon jusqu’au pied de l’Alpe d’Huez, soit disant pour replacer sa leader Gaia Realini.
Sauf que Realini jouait déjà au yo-yo sur les dernières rampes du Glandon, et si elle avait eu les jambes pour la gagne, elle aurait accompagné Vollering et Rooijakkers dans l’échappée… Un peu léger comme justification.
Deuxièmement, je n’ai pas compris la tactique de Rooijakkers: tu te retrouves devant avec Vollering, les deux pouvant distancer la leader et aspirer à gagner le Tour au complet. La bonne entente était évidemment « on collabore pour distancer pour de bon Kasia, et on s’explique à la pédale par la suite« . Au lieu de ça, Rooijakkers ne collabore pas, ni dans la vallée, ni dans l’ascension de l’Alpe d’Huez. Vollering s’est plaint du manque de collaboration de sa partenaire d’échappée une fois l’arrivée franchie.
La bonne tactique était évidemment de collaborer: au moins tu as une chance de remporter l’épreuve, et au pire tu fais deux. Au lieu de cela, Rooijakkers termine 3e du général ; une place de 2 vaut mieux qu’une place de 3, non?
Ou alors, c’est que Rooijakkers n’avait vraiment aucune confiance en ses moyens du jour, son calcul étant « si je collabore et m’épuise, je prends le risque de me faire larguer complètement, voire rattrapée par Kasia derrière » ? Difficile à croire quand même à ce niveau.
Enfin, je n’ai pas compris pourquoi Muzic a fait les bonifs à Niewiadoma sur la ligne de l’Alpe d’Huez: faut qu’on m’explique là.
Plusieurs lecteurs de ce site ont pointé vers le transfert probable chez FDJ-Suez de Vollering l’an prochain… si je n’ai rien vu de signé officiellement pour le moment, alors en effet, vous avez raison: le sprint de Muzic sur Kasia aurait simplement pu être pour donner le maximum de chance à Vollering de remporter le général, cadeau de bienvenue dans l’équipe. Et cela voudrait aussi dire que la signature de Vollering chez FDJ-Suez est plus que probable voire confirmée désormais!
2 – Alaphilippe et Tudor. Surprenant quand même!
Mais les Suisses sont riches, et Alaphilippe aura probablement négocié un bon salaire, malgré qu’il ne soit probablement pas à la hauteur de ce qu’il touchait chez Soudai-Quick Step.
Sûr que chez Tudor, Alaphilippe, 32 ans, prend des risques.
En premier lieu de ne pas courir le Tour l’an prochain. Ca serait la 2e fois en deux ans. Dommageable.
Tudor doit en effet obtenir une wild card d’ASO pour participer au Tour l’an prochain. Sont en compétition avec Uno-X et… Total Énergies, l’autre formation qui était pressentie pour Olaf.
Ce n’est pas la première fois qu’un coureur de premier plan tente l’aventure d’une formation plus modeste, mais qui aspire au World Tour.
Déjà, on se rappellera l’aventure malheureuse de Stephen Roche chez Fagor en 1988. Merckx chez Fiat avant ca.
Perso, j’ai toujours pensé que l’attrait c’est aussi de préparer sa reconversion.
Chez Tudor, Alaphilippe sera un gros poisson dans un petit bocal mais avec le contrat de développer le bocal, donc beau défi sans trop de pression, car tout ne dépend pas de lui.
Et surtout, il peut aspirer, une fois la retraite venue d’ici 3-4 ans, de se reconvertir au sein d’une formation qu’il aura pu contribuer à développer.
Ce défi n’était pas évident chez Total Énergies et Bernaudeau, une équipe déjà très mature.
Et en Suisse, il aura moins de pression côté résultats qu’au sein d’une équipe française.
3 – Tour de l’Avenir. Incroyable mais vrai, le Canada y a une équipe! On doit le saluer. Et en son rang, un certain Michael Leonard, 20 ans seulement, et déjà vainqueur de la première étape contre-la-montre autour de Sarrebourg. Après de grâves pépins santé cette année, Léonard a déjà justifié, sur ce Tour de l’Avenir, pourquoi il est déjà chez Ineos.
4 – Vuelta. Wout Van Aert vainqueur au sprint hier, il a finalement retrouvé ses bonnes jambes. Maillot de leader en bonus.
Ce qu’il faut retenir, c’est qu’il y a du beau monde sur cette Vuelta.
Sepp Kuss (le vainqueur sortant) et Cian Uijtdebroeks chez Jumbo. Joao Almeida, Pavel Sivakov, Adam Yates et Brandon McNulty chez UAE. Carlos Rodriguez chez Ineos. Mikel Landa chez Soudai-Quick Step. Ben O’Connor chez AG2R-Decathlon. Primoz Roglic chez Bora-RedBull. Mike Woods chez Israel-Premier Tech. Richard Carapaz chez EF Education First. Enric Mas chez Movistar. David Gaudu pour la Groupama-FDJ. Antonio Tiberi chez Bahrain. Guillaume Martin chez Cofidis.
Gageons que Jumbo-Lease a Bike a la pression après avoir été mouchée sur les deux premiers grands tours cette saison, alors que l’équipe avait remporté les trois grands tours la saison dernière. Gros contrat pour Kuss à la lumière de l’opposition.
Pour la gagne, difficile de dire mais j’aime bien la condition actuelle d’un Joao Almeida et la puissance de son équipe UAE.
5 – Vuelta bis. Victoire hier de Primoz Roglic sur les pentes très inégales et pentues du Pico Villuercas au terme d’une étape accidentée qui a vu un petit groupe regroupant les principaux favoris se disputer la gagne. Coup double également: victoire d’étape et maillot de leader!
Il faisait chaud sur la Vuelta hier, et ces 170 kilomètres ont mis les coureurs à rude épreuve. Une étape qui laissera des traces dans les organismes.
Roglic rassure donc sur cette Vuelta, après son abandon sur chute lors du Tour de France en juillet dernier. Il faudra compter sur lui.
Il faudra aussi compter sur Joao Almeida, je l’écrivais hier dans la première version de ce Tour de l’actualité. Le coureur portugais est bien, très bien même, et pointe désormais à huit petites secondes de Roglic au général.
Mais la Vuelta est encore longue, alors les enseignements du jour viennent probablement davantage de ceux qui n’ont pas réussi à résister hier sur la dernière ascension.
Je pense à Sepp Kuss, qui perd 28 secondes. Pas grand chose certes, espérons que sa condition est croissante pour la suite.
McNulty, O’Connor, Yates, Carapaz, Uijtdebroeks et Martin terminent à une minute ou plus, ils sont ceux qui perdent le plus hier. Si certains d’entre eux ne jouent peut-être pas le général mais plutôt les lieutenants de luxe, le débours est important si tôt dans la course.
Terminant avec plus de 3min30 de retard, Woods a quant à lui clairement indiqué hier que ce seront les victoires d’étape qu’il visera. Et ca ne surprendra personne.
Parmi les surprises du jour, mais en est-ce vraiment une, la très belle perf du jeune coureur américain Matthew Rittitello, 22 ans et 6e de l’étape. À ce niveau, c’est très bien pour Israel-Premier Tech.
Ce Lennert Van Eetvelt est également surprenant à 23 ans. Déjà vainqueur en début de saison du UAE Tour, il confirme sur cette Vuelta de belles qualités de grimpeur.
Et chose certaine, c’est Vincent Lavenu qui doit se féliciter d’avoir recruté un certain Félix Gall en 2022, c’est lui qui obtient actuellement les meilleurs résultats cette saison sur les grands tours pour AG2R-Décathlon. Rappelons aussi que Ben O’Connor quittera l’équipe en fin de saison pour rejoindre les Australiens de Jayco-AlUla.
Des JO exceptionnels.
La France peut aujourd’hui être très fière des JO qu’elle a livré au monde entier.
En un mot, ces JO nous ont fait vibrer. De A à Z. C’est à dire de la cérémonie d’ouverture, exceptionnelle dans son originalité selon moi, à la cérémonie de clôture, elle aussi nous réservant quelques surprises.
Surtout, ces JO de Paris ont montré qu’il était possible de faire différent: la mise en valeur de sites exceptionnels (le Grand Palais, Versailles, le Champ de Mars, Montmartre, etc.), des stades mais pas que, une ambiance du tonnerre, l’efficacité, tout a été parfait. La France en a mis plein la gueule, et aux Français d’abord.
Divisée ces derniers mois la France, déchirée même, entre crises politiques, crises économiques, crises sociales, on a l’impression que la France ressort de ces JO comme un pays conquérant, ayant montré aux yeux du monde ce qu’elle peut faire de mieux. Exit le Front populaire, exit les réformes des retraites, le pouvoir d’achat, l’immigration, pour deux semaines la France a fait vibrer le monde, Léon Marchand en tête de liste. La France a ses problèmes comme tout le monde, mais dans l’art de vivre, l’art d’émouvoir, on fait difficilement mieux.
Et pour moi, c’est l’épreuve de cyclisme sur route qui a été l’apothéose de ces JO enivrants d’un bout à l’autre.
Un succès populaire ahurissant, surtout dans Belleville autour de Montmartre, où de mémoire d’homme on n’avait pas vu pareille ambiance. Le cyclisme a ceci de particulier qu’il demeure, par sa nature, proche de ses athlètes et héros, qui sont au contact de la foule en tout temps. Que voulez-vous, on ne peut pas installer des barrières sur 270 kilomètres de course…
Je me souviendrai longtemps de ces épreuves de cyclisme sur route, de cette arrivée au Trocadero, Remco triomphant avec en arrière-plan la Tour Eiffel dans toute sa splendeur. Remarquable. Le passage dans Belleville, sur cette butte Montmartre, était quelque chose. Unique. Le cyclisme professionnel serait bien avisé d’y retourner chaque année, pour une grande fête populaire déjà garantie; pourquoi ne pas ressusciter ce magnifique « Trophée des grimpeurs », édition Montmartre, dès l’an prochain?
Quoi qu’il advienne, ce n’est pas compliqué: il restera un « avant » les JO de Paris, et un « après » les JO de Paris. Bonne chance à ceux qui suivent pour faire mieux…
Aujourd’hui, alors que le monde retrouve une certaine normalité et que les enjeux désolants seront remis au premier plan, alors que les ténèbres reviendront assurément, la France peut être très fière d’avoir offert au monde entier ce qui demeure sa signature: ses Lumières, tout simplement.
J’ai beaucoup aimé Phil Liggett comme animateur des courses cyclistes professionnelles dans les années 1980 et 1990.
Ses propos, parfois teintés de lyrisme et faisant souvent référence à l’histoire du sport, étaient justes, informés, et pertinents. Il m’a fait vibrer alors que je découvrais le cyclisme professionnel.

Puis tout a dérapé avec Lance Armstrong.
Phil Liggett a alors perdu toute objectivité, toute éthique de travail, pour devenir un laudateur naïf des exploits pourtant suspects – c’était documenté – de l’Américain.
N »hésitant pas à accepter de voyager dans le jet privé d’Armstrong, il s’est fait avoir par ce dernier qui avait besoin de la voix de Liggett pour magnifier son culte, et engranger des millions en pub. Le système Armstrong.
Plutôt que de rester un observateur éclairé du cyclisme comme d’autres animateurs comme Bertrand Duboux, Liggett est devenu un pion du système, manipulé et manipulant les foules.
J’ai totalement décroché. Phil Liggett a très mal fait son travail. Pire, il ne l’a jamais vraiment avoué, au contraire d’autres comme Pierre Foglia.
Alors qu’il annonce sa retraite prochaine et que les JO de Paris sont ses derniers, je ne m’ennuierai pas de cet animateur partial, biaisé et manquant d’éthique de travail. Bon vent.
On a annoncé hier le forfait de Tadej Pogacar pour les JO de Paris dans une semaine.
Exit donc la course à la médaille d’or, Pogi restera chez lui.
Raison évoquée? Trop fatigué.
Really?
Vous avez vu Pogacar fatigué sur ce Tour de France vous?
Frais comme un gardon, il se baladait dans la Bonnette ou dans le col de Braus le lendemain, en dernière semaine.
Un coureur fatigué en fin de Tour ne gagne pas trois victoires d’étape en trois jours, les trois derniers de surcroit. Pogi a atomisé l’opposition sur le dernier chrono de Nice, terminant une minute de moins que tout le monde.
On vous(nous) prend pour des valises, des imbéciles de première. Une fois de plus.
La raison est, selon moi, toute autre.
Tadej Pogacar n’a tout simplement pas digéré l’exclusion de la sélection slovène pour les JO de sa conjointe, la cycliste Urska Zigart (27 ans). Elle avait pourtant dominé les championnats nationaux, remportant le titre sur route et le titre au chrono.
Pour Pogi et Urska, pas de doute possible: elle est bel et bien la meilleure cycliste slovène du moment.
La sélection slovène lui a préféré deux cyclistes, soit Urska Pintar (38 ans) et Eugenia Bujak (35 ans). Choix surprenant!
Alors la vérité probable, c’est que Pogi vient de dire à sa Fédé « vous laissez Urska à la maison, really? Ben fuck you d’abord, je n’irai pas faire briller les couleurs de la Slovénie à Paris moi non plus ».
Je n’ai personnellement aucun doute que la véritable raison est là, malgré ce que certains diront: « ce sont des professionnels après tout, bla bla bla ».
LA question est de savoir pourquoi la sélection slovène n’a pas retenu Zigart? Sportivement, le choix semblait évident. La raison doit être ailleurs: conflit de personnalité? Raison inavouable publiquement?
Chose certaine, ca ne semble pas être le beau fixe entre le clan Pogacar-Zigart et leur fédération de cyclisme.
Quoi qu’il en soit, on sait désormais que Pogi se comporte en patron, et qu’il ne faut pas l’écoeurer de trop. Le gus a de l’orgueil, et il faudra voir comment ca se décante pour les prochains Mondiaux à Zurich en septembre prochain.
Gageons que Urska fera partie de la sélection slovène pour ces Mondiaux!