Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Auteur/autrice : Laurent Page 16 of 350

Micro-coupures et stages d’entrainement

Un coureur WorldTour, c’est actuellement autour de 30 000 kilomètres par an.

Soit presque 100 bornes par jour, six jours sur sept, 52 semaines par an.

C’est leur métier. Ils sont payés pour ca.

Mais ca pose quand même la question: font comment pour récupérer, et pour durer ?

Surtout qu’on apprend hier que UAE Team Emirates est cette semaine sur leur premier camp d’entrainement en prévision de 2022.

Ouf!

Perdent pas de temps eux.

Ca se passe du côté des Émirats Arabes Unis. Toute l’équipe est réunie pour ce premier stage.

Imaginez, Pogacar vient de gagner la Lombardie et pas trop le temps de souffler, il roule déjà sur les routes du désert avec ses équipiers, la saison 2022 en tête. À moins que lui ait bénéficié d’un aménagement particulier, c’est bien possible.

J’ignore de quoi est composé ce camp d’entrainement, et on peut supposer qu’il s’agit davantage d’entretenir les bonnes habitudes que de faire de grosses séances d’intervalles.

C’est la mode actuellement dans le peloton pro: ils sont rarement inactifs, comme pouvaient l’être les pros jusqu’il y a quelques années, qui n’hésitaient souvent pas à observer une coupure complète des semaines durant, de novembre à janvier.

Aujourd’hui, ca roule plus vite partout, sur la moindre course, le niveau est plus homogène, tu ne peux plus te permettre de perdre de la condition physique en observant un arrêt de six ou huit semaines.

Alors les camps d’entrainement se succèdent, jusque quatre au sein de certaines formations d’ici la reprise des courses fin janvier.

Pour récupérer, c’est technique micro-coupures: entre trois et sept jours de break, rarement plus, mais régulièrement durant la saison.

Et on orchestre savamment les séances de « zone 1 » (endurance de base) avec les séances d’intervalles très intenses, en ne manquant évidemment pas d’ajuster l’alimentation en conséquence chaque fois, question d’aussi faire attention aux kilos superflus.

Autrement dit, on ne bouffe pas la même chose lors du 4e camp d’entrainement qu’en octobre lors du premier. On ne bouffe pas la même chose le soir d’une séance d’intervalles dans les cols, que le soir d’une longue sortie relax.

Tout est au millimètre. Optimisé. Un héritage des fameux « marginal gains »?

Il y a un revers de la médaille: la santé mentale. Plusieurs ont du mal à supporter la pression constante, comme s’ils ne pouvaient jamais vraiment débrancher la tête pour vraiment récupérer. Les cas de coureurs fragilisés mentalement se sont multipliés ces dernières années.

Même sur six jours de repos seulement, certains culpabilisent. D’autres y perdent leur passion du cyclisme, qui devient alors un métier, voire une obligation.

Il faudra voir si le cyclisme féminin, en plein essor, sera soumis à pareil régime. J’ai bien peur que oui. Rendez-vous pris pour faire le bilan dans quelques années de ces régimes infernaux.

Wolfpack, bilan de saison

https://www.youtube.com/watch?v=mompbiWQ1yw

Briançon – L’Alpe d’Huez

5h03min03.

Le temps de Bernard Hinault et Greg Lemond pour franchir les 163 kilomètres de l’étape Briançon – L’Alpe d’Huez lors du Tour de France 1986.

Une étape reprise à l’identique sur le Tour 2022.

Et sur l’Étape du Tour cyclo.

Vous avez été très nombreux à répondre à l’appel, les inscriptions pour l’Étape du Tour se sont envolées hier en quelques heures à peine. Fou!

De quoi vous mesurer directement avec l’histoire du vélo.

Ca sera très intéressant de voir le temps des tous premiers sur l’Étape du Tour, ainsi que le temps du vainqueur sur le Tour 2022, Tadej Pogacar peut-être!

Une magnifique étape, avec les majestueux Lautaret puis Galibier depuis Briançon, souvent escaladés vent de face.

Puis la belle descente sur Valloire, roulante, et la descente plus technique du Télégraphe.

La vallée entre St-Michel et St-Jean, plus roulante dans ce sens que l’inverse.

Le sauvage col de la Croix de Fer et ses difficiles rampes après St-Sorlin d’Arves.

La plongée casse-pattes vers Allemont, puis la courte vallée vers Bourg d’Oisans avant d’entamer les 21 célèbres lacets de l’Alpe d’Huez.

Pas super-difficile l’Alpe d’Huez, mais après 145 bornes en haute montagne c’est une autre histoire…

Pour revivre cette belle étape du Tour 1986, et dans l’attente de 2022, voici de quoi revivre des grandes heures du cyclisme, avec des animateurs télé de légende.

Des « stop ride » de plus en plus fréquents?

On apprenait il y a quelques jours que le Specialized Tarmac SL7 – le vélo du champion du monde Julian Alaphilippe – faisait l’objet d’une directive « stop ride », signifiant que tous les propriétaires d’un tel vélo devaient en stopper l’usage immédiatement.

Un problème de jeu de direction.

L’emmerde.

À 17 000$ le vélo, ca fait cher l’emmerde quand même…

Ce n’est pas le premier « stop ride » de l’année.

Même que chez Specialized, on n’en est pas à un premier « stop ride », le modèle 2018 du populaire Allez ayant déjà fait l’objet d’une telle directive à la fin de l’année 2017.

Rappelons aussi que le fameux guidon extensible Canyon a fait l’objet d’un « stop ride » plus tôt cette année, après que Mathieu Van Der Poel ait cassé son guidon sur le nouveau Aeroad lors du GP Le Samyn en mars dernier.

D’autres vélos Canyon, notamment les vélos de montagne (Mtb) ainsi que les BMC TimeMachine 01 ont aussi fait l’objet de « recall » ces dernières années. Sans parler de certains groupes SRAM.

Une situation appelée à être plus fréquente dans l’avenir, alors que le prix des vélos « top end » augmente sans cesse?

Personnellement, je pense que tous les facteurs sont réunis pour ca.

Et que ca veut dire une chose: à quelque part, on se fout de notre gueule.

Pour simplifier, les vélos sont aujourd’hui de plus en plus intégrés, aéro, techniques.

Pas facile de faire un entretien, de changer une pièce. Chaque constructeur est spécifique, plus rien de « standard ».

Parmi les géants de l’industrie, notamment ceux qui sont en WorldTour, les cadences sont infernales: tu te dois de sortir un nouveau vélo tous les deux ans maximum, pour faire le « buzz ». Sinon, tu perds des parts de marché.

Pinarello Dogma F8. Dogma F10. Dogma F12. Dogma F. Alouette!

Marketing à fond bien évidemment: +4% d’efficacité ici. + 7% de « reduced drag » par là. + 6% de rigidité au passage, bien sûr.

Pourtant, la très vaste majorité d’entre nous n’y verront que du feu. Je vous mets au défi de reconnaitre à l’aveugle (le seul test qui tient) un Dogma F12 versus un Dogma F en descente de col.

Conséquence de ces cadences infernales, plus le temps de faire beaucoup de contrôle de qualité. Pas grave, on a tellement majoré le prix des vélos que l’on peut se permettre de remplacer les cadres défectueux si le client se présente.

Et les pièces de ces vélos sont de plus en plus « cheap », faites par exemple de plastique ou de composites susceptibles de briser sous les contraintes d’un usage prolongé. J’ai vu par moi-même.

Mais on gagne sur tous les tableaux: certains clients ne se présenteront jamais (toujours ca de pris) en cas de bris, les autres devront attendre selon nos (les entreprises de vélo) volontés.

Bref, je ne serais vraiment pas surpris de voir les « stop ride » se multiplier dans les prochains mois. Le temps nous dira si j’ai raison ou non, mais les derniers mois vont en ce sens.

Les cadences de production actuelles ne sont certainement pas moins rapides devant la demande mondiale qui a explosé au cours des derniers mois.

La seule question qui se pose: jusqu’où les consommateurs suivront, notamment dans les prix?

Surtout que la main d’oeuvre se faisant rare actuellement dans le registre des bons mécanos de vélo, et les vélos devenant justement de plus en plus techniques et difficiles à entretenir (freins à disque nécessitant des purges, groupes électroniques, câbles intégrés au cadre, etc.), ca pourrait devenir vraiment compliqué au cours des prochaines années pour le cycliste amateur proprio d’un vélo haut de gamme avec un haut degré de technicité.

Plus que jamais, ceux entretenant une relation privilégiée avec le bon vélociste du coin seront les gagnants…

Un très beau Tour 2022

J’aime beaucoup le tracé du prochain Tour de France.

Mais les sprinters ne seront probablement pas d’accord avec moi!

Ce sont en effet ceux qui seront le moins à la fête en juillet prochain, sauf peut-être durant les tous premiers jours de la course.

Pour le reste, on garde la formule actuelle, celle de la mixité des terrains pour permettre une course de rebondissement, celle de peu de kilomètres contre-la-montre pour ne pas « bloquer » la course, celle aussi des étapes courtes et nerveuses, pour inciter les coureurs à passer à l’attaque tôt dans les étapes.

La distance moyenne des étapes en ligne sur la première semaine, 184 kms. En deuxième semaine, 175 kms. En troisième semaine, et excluant la dernière étape de 112 kms à Paris, 160 kms. C’est très certainement une volonté des organisateurs du Tour.

Les étapes

109e édition, du 1er au 24 juillet. 3328 kilomètres, soit la poursuite d’une tendance à la baisse pour le nombre total de kilomètres à parcourir.

Deux chronos sans difficulté, pour purs spécialistes, le premier lors de la 1er étape à Copenhague (13kms) et le deuxième l’avant dernier jour du côté de Rocamadour (40kms).

Pour Filippo Ganna, c’est la chance de sa vie de conquérir le maillot jaune le premier jour. Un maillot jaune dans une carrière, ca compte!

Six étapes de montagne, trois dans les Alpes et trois dans les Pyrénées. La plus longue de ces étapes fait 179 kms, les autres autour de 150 bornes seulement, c’est court, très court.

La 12e étape entre Briançon et l’Alpe d’Huez reprend exactement le parcours de la fameuse étape du Tour 1986, ou Bernard Hinault et Greg Lemond avait franchi la ligne d’arrivée main dans la main (un artifice compte tenu des vives tensions dans l’équipe La Vie Claire à ce moment). Outre le clin d’oeil à l’histoire, ce sera très intéressant de comparer le temps des deux vainqueurs, à 36 ans d’intervalle. Galibier, Croix de Fer, montée de l’Alpe d’Huez, on sera dans l’histoire du Tour et du cyclisme ce jour-là.

Il s’agit assurément de l’étape reine de ce Tour de France, et celle qui sera proposée aux cyclistes amateurs lors de L’Étape du Tour, le 10 juillet prochain. Les inscriptions ouvrent le 18 octobre, préparez-vous!

Reprenant essentiellement les mêmes cols, mais dans un sens et un ordre différents, la Marmotte aura lieu, elle, une semaine avant, soit le dimanche 3 juillet. De quoi passer une belle semaine en Oisans!

Six arrivées en « altitude »: la Super Planche des Belles Filles (7e étape), la montée de l’altiport de Mégève (10e étape), le difficile col du Granon (11e étape), l’Alpe d’Huez (12e étape), Peyragudes (17e étape) et Hautacam (18e étape). La 9e étape vers Chatel Les Portes du Soleil peut également entrer dans cette catégorie selon moi.

Une étape « spéciale », la 5e (155 bornes), avec 20 kms de secteurs pavés à franchir. Une étape toujours redoutée par les grands leaders, ainsi que par les grimpeurs.

Les sprinters se partageront quatre vraies opportunités, sur les étapes #2 (Nyborg), 3 (Sonderborg), 19 (Cahors) et bien sûr les Champs Élysées (21e étape), avec des possibles options sur les étapes #4 (Calais) et 15 (Carcassonne). C’est maigre pour eux.

Au Danemark sur les étapes #2 et #3, le vent pourrait jouer des tours, leur compliquant la tâche.

Les sprinters, une race de coureurs moins populaire de ces temps-ci? Avec eux arrivent les controverses (affaire Groenewegen-Jakobsen, chutes dans le final, etc.). Les organisateurs du Tour ont peut-être voulu limiter les emballages finaux – et les kilomètres les précédant où ca frotte beaucoup – pour ces raisons.

Bref, c’est un Tour 2022 très intéressant selon moi, car des choses pourront survenir presque tous les jours et en ce sens, chaque étape représente une vraie opportunité, et donc un grand intérêt. Les coureurs seront sur la brèche tous les jours, il y a très peu d’étapes « de transition ».

On peut penser que le coureur en jaune au sortir des Alpes aura pris une grosse option sur la victoire finale.

Chose certaine, un coureur comme Mike Woods a de quoi trouver chaussure à son pied, ce ne seront pas les occasions de briller qui vont manquer avec les arrivées en altitude.

Et pourquoi pas rêver d’une belle 5e étape sur les pavés pour Guillaume Boivin?

D’autres coureurs canadiens, dont Hugo Houle, y trouveront leur compte, il y a de belles opportunités pour les baroudeurs sur quelques étapes au final compliqué, avec une dernière patate à escalader à quelques hectomètres de l’arrivée.

Autrement dit, un Tour qui convient très bien aux coureurs canadiens! Et des étapes plus courtes ne seront certainement pas pour leur nuire.

Exit Le Coq Sportif, bienvenue Santini

C’est la compagnie italienne Santini, bien présente dans le vélo depuis des décennies, qui fournira les maillots distinctifs sur le Tour 2022, en remplacement de la compagnie française Le Coq Sportif qui en était responsable depuis quelques années.

Intéressant, l’histoire de chaque maillot sera imprimée sur l’intérieur de chaque pièce, et le nom des coureurs les portant lors de la dernière étape seront imprimés sur le maillot.

Le Tour de France féminin

Nom officiel, le Tour de France Femmes avec Zwift 2022.

On annonce partout la « première édition ». C’est avoir la mémoire courte, un Tour de France féminin ayant existé en… 1955 puis de 1984 à 1989, sans compter les autres expériences dans les années 1990 avec la Grande Boucle Féminine.

Huit étapes, entre le 24 et le 31 juillet. Autrement dit, le Tour de France masculin se termine et le féminin démarre aussi sur les Champs Élysées; les deux courses profiteront donc de la même infrastructure ce jour là.

L’épreuve se concentre par la suite dans l’est de la France, Champagne, Lorraine et Alsace.

Huit étapes en ligne. On regrettera l’absence d’un contre-la-montre.

Le final sera musclé, avec une très belle 7e étape entre Sélestat et le Markstein, par delà les très belles ascensions du Petit Ballon, du Platzerwasel et du Grand Ballon.

La 8e et dernière étape sera jugée au sommet de la Super Planche des Belles Filles, qui couronnera donc la championne 2022.

Mention bien pour cette première édition, la mention « très bien » aurait exigé la présence d’un chrono, qui aurait pu avoir lieu dans la traversée de la Champagne. Dommage, car l’épreuve aurait alors ressemblé davantage au Tour de France qu’on connait.

Le Tour de l’actualité

Beaucoup de choses à couvrir dans ce nouveau Tour de l’actualité: le Tour de France, Premier Tech, Wout Van Aert, Zwift, Dorel, et d’autres nouvelles aussi.

1 – Tour de France 2022

La présentation du parcours du Tour 2022 aura lieu demain depuis la banlieue parisienne. Un moment toujours attendu car en cyclisme, le parcours détermine en partie qui pourra prétendre – ou non – s’imposer sur la course la plus prestigieuse du monde.

Grâce à l’excellent site velowire, on connait déjà les grandes lignes du prochain parcours.

Le Grand Départ du Danemark pour trois étapes, puis un transfert vers le nord de la France.

Une étape qui devrait reprendre quelques secteurs pavés de Paris-Roubaix.

La Lorraine, puis une arrivée à la Planche des Belles Filles, une étape qui devrait être reprise par le Tour féminin.

Une traversée des Alpes avec de belles étapes comme Morzine-Mégève, Albertville-Col de Granon ou encore Briançon-l’Alpe d’Huez qui serait donc de retour sur le Tour après une dernière visite en 2018.

Une traversée via Mende, puis les Pyrénées.

Le dernier chrono pourrait être dans le Lot, dans le secteur de Rocamadour.

Et encore, une volonté probable de dessiner un Tour ouvert, composé de diverses difficultés, permettant à de nombreux coureurs de s’exprimer et propre à susciter des rebondissements.

Réponse jeudi!

2 – Tour de France féminin

Il sera aussi présenté jeudi.

Moins long (8-10 étapes), il devrait toutefois présenter quelques étapes difficiles qui durciront la course.

Le buzz actuel autour de cette épreuve est la nomination comme directrice de la course Marion Rousse, ex-coureure pro, aujourd’hui aux commentaires sur les courses professionnelles présentées par France Télévision et… conjointe de Julian Alaphilippe.

C’est clair qu’elle est une bonne ambassadrice du cyclisme féminin (elle a notamment gagné un titre de championne de France), mais elle présente peu d’expérience de gestion.

Le temps nous dira si A.S.O. a fait le bon pari. Elle pourra toutefois compter sur les conseils de Christian Prudhomme.

3 – Team BikeExchange et Premier Tech

La nouvelle tarde quant à l’annonce d’un nouveau partenariat avec une équipe professionnelle, possiblement en WorldTour.

Ce nouveau partenariat ne se fera pas avec l’Australienne Team BikeExchange.

Apparemment, les équipes Rally, Qhubeka et Israel Start-Up Nation seraient d’autres possibilités. Wait and see, Israel Start-Up Nation étant évidemment un choix intéressant: équipe WorldTour, composante canadienne…

4 – Dorel

La compagnie canadienne vient de se départir de sa division sport, vendue à des intérêts néerlandais.

Exit donc les vélos Cannondale d’une compagnie canadienne. Il faudra voir ce que ca signifiera pour le monde du cyclisme où Cannondale est bien présent, tant en World Tour (EF First) qu’au niveau amateur.

La décision a de quoi surprendre, le monde du cyclisme étant en explosion commerciale actuellement, avec les freins à disque, la popularité croissante du gravel et du fat bike, et le désir des consommateurs de s’équiper pour jouer dehors.

5 – Mondiaux Zwift

La deuxième édition des Mondiaux UCI de home-trainer sur Zwift se déroulera le 26 février prochain.

23 fédérations auront des places pour leurs coureurs licenciés, mais la plate-forme Zwift offrira aussi à sa communauté des chances de se qualifier pour l’épreuve.

Votre chance d’y participer! Les détails sont ici. Sortez les watts!

On n’arrête pas le progrès…

6 – Tadej Pogacar

Réponse de Tadej à un récent article publié sur La Flamme Rouge:

I’m not the new Merckx.

Tadej pogacar

Réponse d’Eddy à Tadej:

I think we are really there this time: you are the new Merckx!

Eddy merckx

7 – Wout Van Aert

Même en vacances, le champion belge n’arrête pas. Il a récemment pris part à une épreuve en… trail (course à pied), les 10-miles d’Anvers.

Avec le cyclo-cross en tête, probablement.

8 – Vélo de route tout-terrain (gravel bike)

Excellent reportage diffusé dans le journal montréalais La Presse le week-end dernier sur l’essor du vélo de route tout-terrain (gravel bike), un reportage signé Simon Drouin.

9 – WolfPack sur Paris-Roubaix

10 – Paris-Roubaix amateur

Si vous avez cette ambition un jour, reportage sur l’expérience d’un cycliste amateur sur cette épreuve, le sympathique Monsieur Phal que je suis depuis plusieurs mois déjà sur YouTube.

11 – Lance Armstrong

Longue entrevue très complaisante avec Lance Armstrong, pour ceux qui ne connaitrait pas le gus et qui voudrait en apprendre plus sur sa vie, version Lance bien sûr.

J’ai écouté une grande partie, pour rester bien informé sur ce sinistre personnage qui continue de vivre dans « sa » réalité, une réalité parallèle au monde du réel. Ce qui est d’ailleurs le propre des psychopathes.

12 – Coupe Québec de cyclo-cross – épreuve de Sherbrooke

Le cyclo-cross a bien repris au Québec cet automne, et la prochaine épreuve c’est ce samedi à Sherbrooke sur un super-parcours situé à quelque pas du Parc Jacques Cartier où l’événement se tenait dans les années précédentes.

Les inscriptions sont ici, vous avez jusque vendredi midi. Inscriptions sur place également disponibles, tarifs majorés.

Tous les détails de l’événement sont ici.

13 – Surprise!

Petit spin ce soir après le boulôt tous les deux Steph, pace confortable?

Partant Laurent!

J’me pointe au rendez-vous, tombe sur P.-O. qui se change dans sa van sur le stationnement, un sourire en coin. Personne d’autre.

J’aurais dû me méfier.

Débaroule Julien. Aie. Qu’est ce que tu fais ici toi?

Puis Maxime.

Étienne. Jérome. Et finalement Steph.

Toute la bande!

J’ai compris, mais trop tard.

Et j’avais certainement pas prévu ca physiquement. Les boys, on est le 12 octobre, on va rouler pépère hein?

Je passe les statistiques de la sortie, des enfants peuvent nous lire.

Ou Antoine Vayer…!

Les seules allures pépère de la ride, réservées à la traversée des villages.

Les rides improvisées sont toujours les meilleures. Ca sentait bon l’automne du côté de Martinville.

Merci les boys pour cette troisième soirée cette saison pour moi… ca a fait sacrément du bien, vous avez eu raison.

M’a surtout donné une bonne dose de motivation pour les prochains mois, question de ne pas être ridicule au printemps prochain… ni sur mes skis cet hiver en croisant P.-O.!

Bardet, le tweet qui fait réagir

Un récent tweet de Romain Bardet, auteur d’un beau Tour de Lombardie (8e), fait réagir le monde du cyclisme professionnel ces jours-ci.

Quand je vois ces images du Tour d’Emilie, une de mes courses préférées, je n’ai pas l’impression d’avoir monté le même versant de San Luca ces années-là (pour la faire simple 2 bornes à 10 %), c’était du moto GP cette année ?

Romain bardet

C’est vrai que les accélérations d’Evenepoel et de Roglic dans l’ascension finale étaient très impressionnantes.

https://www.youtube.com/watch?v=yRT8VQ4WgAM

C’est assez rare qu’un coureur pro en activité ose ainsi se poser des questions publiquement.

Du coup, ils sont nombreux à réagir.

Un bon résumé des réactions est disponible ici, dans cet article publié par le journal français Ouest-France. Warren Barguil, Maxime Bouet, Guillaume Martin y confient leurs impressions personnelles.

C’est vrai que globalement cette saison, les watts sont repartis à la hausse, les moyennes aussi. Les calculs de puissance de Vayer et Portoleau vont dans le même sens, notamment sur la récente Vuelta où Roglic a quand même épinglé quelques perfs assez exceptionnelles.

Je suis assez d’accord avec le fait d’être prudent et de ne pas attribuer tous les progrès en watts au dopage; certains viennent certainement de vélos au meilleur rendement, du développement de la science de l’entrainement, des progrès en nutrition et préparation physique générale, de l’usage plus répandu des stages en altitude, des micro-coupures permettant aussi des conditions physiques plus stables à de haut niveau, etc.

Mais on ne peut pas exclure non plus le recours à de nouvelles formes de dopage pour autant! Certains faits troublants ont été observés cette saison. Et beaucoup de très jeunes coureurs affichent une précocité surprenante.

Du coup, je vous ai souvent écrit depuis ces derniers mois que je me pose aussi des questions devant certaines performances ou certaines séries de succès, notamment celle de l’équipe Bahrain-Victorious cette saison. Ca a commencé avec la 2e place de Caruso sur le dernier Giro.

Avec Marc Kluszczynski, fin observateur du cyclisme, on a essayé de faire le tour de la question des nouvelles formes de dopage, dans une série de deux articles diffusés récemment sur La Flamme Rouge. C’est ici et ici.

Marc Kluszczynski a lui-aussi réagi au récent tweet de Romain Bardet, et il revient sur la situation en se posant la question suivante: comment parler de dopage dans le cyclisme?

Je diffuse aujourd’hui son texte, en le remerciant de cette nouvelle contribution pour La Flamme Rouge.

Le dopage est un sujet difficile. Quel cycliste se dope ? Tous les cyclistes sont-ils dopés ? Faut-il attendre un cas positif pour écrire sur le sujet ? 

On peut tout de suite éliminer ce dernier choix, considérant qu’un cycliste comme Lance Armstrong n’a jamais été contrôlé (officiellement) positif. Il n’est pas le seul ! Tous les cyclistes du World Tour ne sont certainement pas tous des tricheurs.  Par exemple, l’irlandais Dan Martin (ISN) vient de prendre sa retraite. Il déclare partir la tête haute, comprenons qu’il n’a jamais cédé au dopage, malgré son passage chez UAE Emirates en 2018 et 2019. Sa dernière année n’aura été marquée que par une victoire d’étape au Giro. Son meilleur résultat sur un Grand Tour a été une 4ème place à la Vuelta 2020.  On se souvient aussi de sa victoire en 2013 à Liège-Bastogne-Liège et de sa chute dans le dernier virage l’année d’après alors qu’il était encore bien placé pour la victoire. Mais Dan Martin n’en dira pas plus sur le dopage, l’omerta étant encore de mise dans le peloton. 

Cette année, devant les performances de certains, en forme de février à octobre, certains pro français encore en exercice ont osé parler. Leur propos rassure sur la manière de traiter le sujet sur la Flamme Rouge. S’ils nous lisent, merci à eux pour leurs déclarations sans équivoques. 

David Gaudu (GFC) déclarait le 8 octobre avant le Tour de Lombardie : « Cela roule beaucoup plus vite qu’avant dans le peloton ! Avec le niveau stratosphérique de Primož Roglič, il faut battre ses records tous les jours sur toutes les arrivées un peu difficiles. C’est une année où cela roule vraiment très très vite ». Quand on pense que le gars a été orienté vers le saut à skis dans sa jeunesse, cherchez l’erreur ! 

Alexis Vuilllermoz (TotalEnergies), de retour dans le peloton suite à sa chute du CLM du Tour de Suisse, parlait d’une reprise délicate au Tour d’Emilie Romagne « Formule I ». 

Sur la même course, Romain Bardet (DSM) comparait la montée de San Luca (2 km à 10%) à une compétition de Moto GP cette année tant la vitesse atteinte par Roglič (Jumbo Visma) vainqueur au général, était élevée.

Il faut donc continuer à écrire sur le dopage alimenté par les soupçons apportés par les surhommes du vélo. Merci à eux aussi : ils se tirent une balle dans le pied !

Pogacar, le nouveau Merckx c’est lui!

Le Tour des Émirats arabes unis (février)

Tirreno-Adriatico (mars)

Liège-Bastogne-Liège (avril)

Le Tour de Slovénie (juin)

Le Tour de France, avec trois victoires d’étape, le classement du meilleur grimpeur et du meilleur jeune (juillet)

Et maintenant, le Tour de Lombardie (octobre)

Ha oui, et au passage plusieurs belles places sur des grandes courses, notamment la médaille de bronze lors de la course sur route des Jeux olympiques (juillet).

Il vient d’avoir… 23 ans.

Tadej Pogacar a fait une saison « à la Merckx« , c’est à dire en gagnant de février à octobre.

Fort, très fort.

Pogacar, c’est bien lui le nouveau Merckx.

Deux Monuments dans la même saison, en plus du Tour de France. Seuls Fausto Coppi et Eddy Merckx avant lui avaient réalisé pareil exploit. Ouf.

Pensez-y deux minutes: être capable après un début de saison chargé et après avoir épinglé le Tour de se remotiver, de refaire des sacrifices à l’entrainement pour revenir en grande forme et s’imposer lors de la dernière grande course de la saison, en octobre… Beaucoup d’autres coureurs ont déjà (dans le passé) et auraient dit après le Tour « à l’an prochain ».

Sa course samedi en Lombardie a été limpide: il est sorti sur un contre en répondant à Vicenzo Nibali qui a mis le feu aux poudres au début de la dernière difficulté du jour. L’accélération de Pogo a été foudroyante, personne n’a pu suivre. Il y avait pourtant du beau monde avec lui à ce moment, notamment Roglic, Alaphilippe, Woods et Yates.

Jusque là, la course avait été rapide, et tout le monde commençait à être dans le dur.

Seul un très surprenant Fausto Masnada est parvenu à rentrer sur le champion slovène seul devant, au prix d’une belle poursuite notamment dans la descente juste après.

Masnada était sur des routes qu’il connait par coeur, ce qui l’a aidé à rentrer.

Le duo n’a plus été revu et Pogacar n’a pas eu de mal à disposer de l’Italien dans le sprint. Une formalité.

Ce qui pose une question: la Deceuninck a-t-elle jouée la bonne carte samedi? Celle d’Alaphilippe ne leur aurait-elle pas permis de nourrir d’autres espoirs?

Remco Evenepoel, lui, n’était pas dans un grand jour et a déclaré à l’arrivée avoir eu une panne de jambes de cinq minutes au plus mauvais moment. Bizarre quand même.

Mention très bien quand même à Masnada, un homme de l’automne, qui a réussi à rester au contact de Pogo dans la dernière petite bosse du Colle Aperto à quatre kilomètres de l’arrivée. C’était noir de monde dans cette ascension, le cyclisme italien à son meilleur!

Bref, Pogo va passer un très bel hiver, serein. Ses adversaires, moins: je suis sûr qu’il y en a plusieurs qui se demandent aujourd’hui comment on pourra battre le champion slovène l’an prochain!

https://www.youtube.com/watch?v=KZ5kV5Z4pGs

Revoilà El bala

Incroyable mais vrai: quelques semaines après sa violente chute sur la Vuelta, AleJet Valverde, 41 balais, termine 5e du Tour de Lombardie.

Je n’en reviens pas de ce type. Quelle motivation!

Woods 9e

… et dernier du sprint au sein du premier groupe de chasse derrière Pogo et Masnada.

Mike Woods était fort samedi, aucun doute là-dessus: il a été un des seuls à notamment pouvoir répondre aux relances d’un Romain Bardet bien en jambes dans les derniers kilomètres.

Mais il n’a pas pu aller chercher la 3e place. Sûr qu’Alaf, Valverde ou encore Roglic sont plus rapides que lui au sprint.

La saison de Mike Woods aura été à cette image: beaucoup de belles places, mais peu de podiums.

Deux victoires, une étape du Tour de Romandie et une autre sur le Tour des Alpes Maritimes et du Var en début de saison.

On retiendra un mot de sa saison 2021, qui donne espoir pour 2022: constant.

Mike Woods a été constant en 2021. Il est désormais capable de toujours faire le final de toutes les courses difficiles et accidentées avec les meilleurs cyclistes du monde dans ce registre.

Il faut maintenant qu’il trouve comment gagner.

Il ne dispose pas du sprint comme arme. Il va falloir trouver autre chose.

Perso, je pense qu’il peut marquer les esprits et se constituer un beau palmarès en étant plus spécifique sur les étapes et courses d’un jour qu’il choisit pour jouer la gagne: ca lui prend des arrivées en altitude, c’est aussi simple que cela.

Les grands tours en regorgent.

On se souviendra tous de sa 2e place sur l’étape-reine du Tour de Suisse, une 2e place crève-coeur car il était le plus fort ce jour-là.

Lombardie: Roglic-Evenepoel, le match

115e édition du Tour de Lombardie demain samedi.

La « course aux feuilles mortes »!

Et la course de Fausto Coppi, quintuple vainqueur et jamais égalé. Vicenzo Nibali est le coureur encore en activité le plus titré sur ce Monument, avec deux victoires. Une troisième victoire samedi lui permettrait de faire jeu égal avec Henri Pelissier, Costante Girardengo, Gaetano Belloni, Gino Bartali, Sean Kelly et Damiano Cunego, plus près de nous.

C’est dire si s’imposer plusieurs fois sur cette course de fin de saison est difficile. À la difficulté du parcours, il faut savoir entretenir sa motivation et gérer sa fatigue au terme d’une longue saison.

Au menu de Messieurs les coureurs, 239 kilomètres entre Côme et Bergame.

4400 mètres de dénivelé!

Les coureurs attaqueront par le traditionnel pèlerinage à la Madonna des Ghisallo, patronne universelle des cyclistes.

Suivront une succession de belles ascensions jusqu’au Passo di Ganda où la course devrait se jouer.

Le défi, c’est que le sommet de cette dernière bosse, qui comporte des rampes à 15% dans son final, se situe à… 32 kms de l’arrivée. Ceux qui basculeront avec une petite minute de retard en haut pourront encore espérer rentrer sur la tête de course si ca collabore bien.

Pour les grimpeurs, il faudra donc bien gérer ces 30 derniers kilomètres. Ne pas partir seul est probablement une bonne idée.

Et les trois derniers kilomètres sont en descente, très roulants.

Ca sera assurément un final compliqué!

Surtout que côté météo, on annonce des averses de pluie. Les descentes pourraient être dangereuses, surtout que les coureurs y prendront des risques avec des écarts probablement peu importants au sommet des bosses.

Départ à 10h20 heure de Côme, 4h20 du matin heure du Québec.

20 000 euros au vainqueur.

Les favoris

Deux archi-favoris: Remco Evenepoel et Primoz Roglic.

Remco Evenepoel est en très grande condition, sa récente victoire sur la Coppa Bernocchi acquise après 40 bornes solo sous la pluie ne laissant aucun doute.

En voilà un qui ne faudra pas laisser partir dans le Passo di Ganda voire dans l’ascension précédente car il est capable de résister solo au retour de ses poursuivants.

Son équipe Deceuninck dispose d’une véritable armada: Alaf, Devenyns, Almeida surtout, très fort en ce moment, ainsi que Masnada.

Je pense que Remco a besoin d’une victoire en Lombardie pour clore la polémique qui fait rage en Belgique sur la stratégie de l’équipe nationale sur les Mondiaux. Eddy Merckx, Remco lui-même en ont rajouté cette semaine, ce n’est pas bon.

Et il voudra également « effacer » sa chute survenue en 2020 sur la même course.

Ses équipiers Alaf et Almeida peuvent aussi s’imposer c’est clair. Faudra voir comment la Deceuninck orchestrera sa course d’équipe, surtout pour éviter de nouvelles polémiques!

Leur adversaire principal sera Primoz Roglic, littéralement impérial mercredi sur Milan-Turin. Les autres avaient l’air de cadets! Vraiment très, très fort. Il faudra voir si un certain Jonas Vingegaard pourra l’aider.

Parmi les autres favoris, Adam Yates chez Ineos, lui aussi très fort sur Milan-Turin. Ineos aligne également Gianni Moscon, auteur d’un grand Paris-Roubaix.

Tadej Pogacar semble encore en progression et il devrait être dans le coup samedi après une 4e place mercredi.

Mike Woods sera lui aussi à surveiller. Les ascensions lui conviennent, mais peut-être moins le final car si ca devait arriver au sein d’une petite échappée royale, on sait tous que le sprint n’est pas la première qualité du coureur canadien.

Côté français, trois coureurs à surveiller: David Gaudu d’abord, Thibault Pinot ensuite, et enfin Benoit Cosnefroy. Guillaume Martin semble un peu juste.

Vlasov, Ulissi, Valverde – incroyable 10e de Milan-Turin – peuvent aussi prétendre au podium samedi.

D’autres bons coureurs sont au départ: Nibali bien sûr, son coéquipier Mollema vainqueur en 2019, Majka, Powless, Pozzovivo, Quintana et Lutsenko.

Les Canadiens

Outre Mike Woods, pas d’autres coureurs canadiens au départ, mais la liste finale des partants n’était pas encore disponible au moment d’écrire ces lignes.

Les femmes

Pas de Giro di Lombardia chez les femmes, du moins pour l’instant.

Et à propos de cyclisme féminin, ce beau vidéo « The Run Up » tourné à l’approche du récent Paris-Roubaix.

Milan-Turin

C’est ici, pour ceux qui auraient manqué ce beau final. Commentaires en portugais, je sais, mais c’est mieux que rien!

https://youtu.be/ZUanBzEXOe0

Petite salope

Quelques mots, échangés il y a des années au départ des courses.

Une fraternité dans l’effort, le cyclisme étant un sport si dur.

Le respect, toujours.

La Flamme Rouge, aussi. Ca rapproche parfois, malgré la distance physique entre nous.

Puis la vie qui te sépare, mais pas si différente au fond pour lui et moi.

Des enfants à s’occuper, une carrière. Métro, boulôt, dodo. Les années passent.

Survient la tuile. La vie est rarement un long fleuve tranquille. Surtout en vieillissant.

Tu espères le mieux, discrètement. Quelques mois plus tard, t’es heureux d’apprendre que l’enjeu est maîtrisé. Tu as certes gardé le silence, mais tu es fier de voir qu’une fois de plus, un coureur cycliste a montré de quel bois il était fait.

Après tout, nous sommes de sacrés gaillards.

De nouveau, t’es admiratif de ses exploits, de sa passion pour le cyclisme. De très bons résultats cette saison. Je suppose que souffrir sur un vélo n’est pas grand chose quant on a traversé l’enfer.

L’enfer se représente.

Petite salope.

Alors le compte-rendu de Milan-Turin attendra un peu. Jamais été là pour faire de l’audimat, encore moins du cash.

Aucun doute, la petite salope sera vaincue, car elle est seule: lui ne l’est pas.

Ce n’est qu’une question de temps, de patience: porter l’attaque au bon moment.

Sait pas à qui elle a à faire, cette petite salope: le gars est un teigneux, dans le bon sens du terme. Capable de rouler 250 bornes solo, pour les bonnes raisons.

Et de repartir le lendemain.

Lâchera jamais l’affaire.

Aujourd’hui, je pense à lui.

Prompt rétablissement, champ.

Demain, la route ne sera que plus belle.

J’aime Milan-Turin!

C’est la plus vieille course cycliste du monde: première édition en 1876!

10h09min de selle pour parcourir 150 bornes à l’époque. Le vainqueur s’appelait Paolo Magretti. Comique, ce coureur est aujourd’hui mieux connu pour ses travaux scientifiques dans le domaine de l’entomologie!

Traditionnellement courue au printemps, une semaine avant Milan San-Remo, le premier « Monument » de la saison, Milan-Turin se dispute à l’automne depuis 1987.

Avec le Tour du Piémont et le Tour de Lombardie, cette course fait partie du « Trittico di Autunno« , le triptyque de l’automne en Italie.

Le parcours a changé au fil des ans. Souvent disputée dans le vélodrome « Fausto Coppi » de Milan niché sur le Corso Casale, l’arrivée est aujourd’hui située au terme de l’ascension de la Superga, cette basilique sur les hauteurs de Turin, au terme d’une double ascension de cette rampe d’un peu plus de cinq kilomètres.

Torino, la ville de la compagnie Fiat!

Milan Turin est organisée par RCS, l’équivalent italien d’A.S.O. en France et propriétaire du Giro, des Strade Bianche, du Tour de Lombardie, de Tirreno-Adriatico et de Milan San-Remo.

Pour la petite histoire, Eddy Merckx n’a jamais remporté Milan-Turin, terminant 4e de sa seule participation, en 1973. On dit du Cannibale qu’il a tout gagné, mais pas la plus vieille course cycliste du monde en tout cas!

Par contre, le Canadien Mike Woods, présent au départ aujourd’hui, a lui gagné Milan Turin en 2019. Il avait également terminé 2e en 2016, preuve que cette classique lui réussit plutôt bien en raison de ses qualités de puncheur.

Le parcours

190 bornes, les 165 premiers presque tout plat pour ensuite attaquer deux ascensions de Superga sur les hauteurs de Turin. Ca se joue toujours là, entre puncheurs capables de générer beaucoup, beaucoup de watts sur quelques minutes.

Les favoris

Du très beau monde au départ, en mode « répétition générale » avant le Tour de Lombardie samedi, beaucoup plus difficile.

La Deceuninck débarque avec Alaphilippe, qui fait sa rentrée après les Mondiaux il y a deux semaines, ainsi qu’Almeida et Masnada.

Primoz Roglic, récent vainqueur du Giro dell’ Emilia, se pose aussi en grand favori de l’épreuve, et il est bien entouré chez Jumbo-Visma avec Sepp Kuss et George Bennett entre autre.

Mike Woods chez Israel Start-Up Nation a un bon coup à jouer. Il a prouvé sur le Tour de Grande-Bretagne qu’il est capable de suivre Alaf dans ses accélérations. Récent 3e du Giro Dell’ Emilia, il est fort et reposé en ce moment.

Tadej Pogacar voudra aussi répondre présent et faire des efforts afin de peaufiner sa condition en vue de samedi prochain. Il peut compter autour de lui sur les Hirschi, Ulissi, Polanc et Majka, une très forte équipe UAE Team Emirates capable de répondre à la WolfPack Deceuninck.

Sinon, on a d’autres coureurs intéressants à surveiller.

Vlasov et surtout Lutsenko chez Astana.

Les Français Guillaume Martin et surtout, Thibault Pinot qui est motivé en cette fin de saison. Pinot devrait être dans le coup demain dans la dernière ascension de Superga en vue de l’arrivée.

Chez Ineos, on a du beau monde aussi, notamment Geoghegan vu devant il y a deux jours en Italie, mais aussi Sivakov et Adam Yates.

Enfin, n’oublions pas Bauke Mollema et Vicenzo Nibali, très motivés en cette fin de saison. Nibali vient de gagner avec émotion son Tour de Sicile, preuve d’une bonne condition physique.

Et ce diable d’AleJet Valverde qui est de retour aux affaires après sa lourde chute lors de la 7e étape de la Vuelta. Incroyable ce type!!!

Petit Tour de l’actualité

1 – Remco Evenepoel

Le jeune prodige belge a gagné hier la Coppa Bernocchi, après 40 bornes solo dans le final et sous la flotte.

Il y a des signes qui ne trompent pas.

Evenepoel est en très grande forme et il sera un client toute la semaine en Italie.

Il sera le favori #1 sur le Tour de Lombardie samedi prochain.

Au coeur d’une controverse en Belgique quant aux récents Mondiaux, il est très certainement revanchard et veut prouver par ses résultats son point essentiel: il estime qu’il était le plus fort des Mondiaux, et que l’équipe de Belgique aurait dû être à son service, pas à celui de Wout Van Aert.

2 – La semaine italienne

Semaine chargée en Italie, avec aujourd’hui les Tre Valli Varesine, une course gagnée par le Québécois David Veilleux il y a quelques années rappelons-le.

Mercredi, Milan-Turin avec le champion du monde Alaf, ainsi que Mike Woods, Primoz Roglic, Tadej Pogacar, pour ne nommer que ceux-là.

Jeudi, le Gran Piemonte.

Et samedi, le Tour de Lombardie, 5e et dernier grand monument de la saison. Du beau monde au départ.

Les Deceuninck seront très difficiles à battre sur les prochaines épreuves italiennes, ils pourront compter, outre un Evenepoel en grande condition, sur le champion du monde Alaphilippe, sur Joao Almeida, sur Drys Devenyns, ainsi que sur Fausto Masnada, 3e hier de la Coppa Bernocchi et un homme toujours en forme et motivé en fin de saison.

3 – Thibault Pinot

Le grand retour!

Il a terminé 5e de la Coppa Bernocchi, de quoi signer son retour aux affaires du cyclisme professionnel et lui laisser croire en ses chances pour un beau Tour de Lombardie samedi prochain.

On est content de revoir ce coureur de talent être de retour au premier plan.

4 – Les gants à Roubaix

Je vous parlais de l’importance de porter des gants en course, surtout sur des épreuves comme Paris-Roubaix où les risques de chute sont importants et les surfaces particulièrement dangereuses pour les mains.

Sans le savoir, certains commentateurs de la télé anglaise en ont parlé dimanche.

Et la guidoline de Lizzie Deignan ne laissait aucun doute sur cet enjeu après la course des femmes samedi.

5 – Deceuninck et les crevaisons

Ca me surprend: silence radio sur les raisons derrière les multiples crevaisons des coureurs de la Deceuninck-Quick Step dimanche.

Lampearts, trois crevaisons.

Asgreen, au moins une crevaison.

D’autres coureurs de la formation ont aussi crevé.

Cette formation utilise des pneus avec chambres à air latex.

C’est vous qui voyez, mais j’ai ma petite idée sur les raisons de toutes ces crevaisons. Et chez Deceuninck, motus et bouche cousue, on ne veut pas nuire aux sponsors.

Et fait intéressant, les deux vainqueurs de Paris-Roubaix (hommes et femmes) roulaient sur des tubeless ce week-end. Colbrelli avait chaussé des tubeless de 30mm de section et Deignan était en mono-plateau de 52 dents, avec une cassette 12 vitesses derriere.

Des choix logiques selon moi, compte tenu de la nature du tracé de Paris-Roubaix.

6 – Les visages de Paris-Roubaix

C’est ici, toujours intéressant de voir à quel point les coureurs ont souffert dimanche dernier.

7 – Paris-Roubaix avec Israel Start-Up Nation

C’est ici, beau petit vidéo avec notamment Guillaume Boivin. On sent toute sa déception à l’arrivée, lui qui avait des jambes exceptionnelles dans le final.

8 – Record d’audience

France Télévision a signé un nouveau record d’audience dimanche dernier avec Paris-Roubaix: 2,8 millions de téléspectateurs!

L’effet Jaja, ou l’effet Marion?!

Chose certaine, la popularité du cyclisme se confirme, et pourtant au même moment le nombre de coureurs licenciés continue de diminuer.

Dans le monde d’aujourd’hui, nous ne sommes plus à un paradoxe près…

9 – Record de l’heure féminin

Comment passer sous silence que le record de l’heure chez les femmes vient d’être battu le 30 septembre dernier par Joscelin Lowden, avec 48,405 kms parcourus.

48,4 km/h de moyenne! Ouf!

Lowden s’est préparée de nombreux mois pour cette tentative et estimait à l’arrivée avoir géré sa course de façon conservatrice, suggérant qu’elle pourrait rouler plus vite encore dans l’avenir.

Les 49 km/h sont peut-être atteignables sous peu par les femmes, voire de briser la marque mythique des 50 km/h!

Le record masculin est détenu depuis 2019 par Victor Campenaerts avec 55,089 km dans l’heure.

Colbrelli, Boivin: au bout de l’enfer, leur paradis!

Quel dimanche de cyclisme!

Et ca n’a pas loupé: ce Paris-Roubaix restera gravé dans bien des mémoires, en particulier celles des amateurs de cyclisme au Québec.

Ca s’est joué à la pédale, le travail d’équipe étant réduit à peu de chose hier dans ces conditions climatiques.

Et quelle course incroyable de Guillaume Boivin!

Il nous aura tenu en haleine longtemps!

C’est pas compliqué: il pouvait gagner hier, aucun doute là-dessus. Très impressionnant, il répondait du tac au tac à chacune des accélérations du pourtant très remuant Mathieu Van Der Poel – je répète, Mathieu Van Der Poel! – dans le final.

Saleté de chute dans le secteur de Camphin-en-Pévèle, à 19 km de l’arrivée.

Sans cette chute, aucune raison de croire que Guillaume n’aurait pas pu rester avec son petit groupe Colbrelli-MVDP-Vermeersch qui a repris Moscon dans le secteur suivant du Carrefour de l’Arbre, et qui a joué la gagne sur le vélodrome.

Quoi qu’il en soit, c’est physiquement l’état de grâce pour Guillaume en ce moment. Des jambes de feu. Mais le principal est probablement ailleurs, dans la tête: avec une telle perf, le déclic s’opère. Avant, tu pensais faire partie des meilleurs; aujourd’hui, tu l’as fait. La confiance de Guillaume sera durablement renforcée et ca, ca fait une grosse différence.

Et pour nous, un réel plaisir et une fierté aussi de voir le maillot de champion canadien devant sur Paris-Roubaix, de quoi nous laisser de belles images dans la tête cet hiver!

L’Enfer du Nord sourit aux néophytes

Édition exceptionnelle hier, car les trois coureurs sur le podium en étaient tous à leur… premier Paris-Roubaix!!

Colbrelli a fait une course très juste, portant ses efforts aux bons moments, et s’économisant lorsqu’il le fallait, notamment dans les dix derniers kilomètres. Avec des jambes exceptionnelles en ce moment on le savait, il était le favori pour remporter ce sprint sur la piste de Roubaix, et il a su concrétiser.

Outre Guillaume Boivin, la révélation de l’épreuve c’est assurément le jeune Florian Vermeersch, 22 ans, déjà 3e du chrono U23 des récents Mondiaux (ne pas confondre avec Gianni Vermeersch chez Alpecin-Fenix).

Lui aussi en était à sa première participation, et il a passé la journée devant! Il a également été très impressionnant dans le sprint, Colbrelli ne le remontant que dans les 25 derniers mètres. Vermeersch s’offre au passage Mathieu Van Der Poel sur la ligne, excusez-du-peu.

Ce dernier se « contente » de la 3e place et sa déception était palpable tout juste après l’arrivée. Je suis d’avis que MVDP en a trop fait dans les 15 derniers kilomètres, et qu’il a mal négocié son sprint une fois sur la piste de Roubaix: il fallait laisser Colbrelli devant! Tu ne veux jamais amener un bon sprinter dans ta roue sur une piste.

Chapeau quand même à MVDP hier, grand animateur de la course qu’il a lancée loin de l’arrivée, dans la traversée d’Arenberg. Fort, très fort. MVDP s’accordera désormais une pause, tout comme Wout Van Aert d’ailleurs, avant de reprendre les courses de cyclo-cross en décembre prochain.

Mention très bien également à Gianni Moscon hier, très fort dans le final avant de chuter sur les pavés, je pense en raison d’une pression trop forte des pneumatiques sur le nouveau vélo pris en rechange suite à sa crevaison. Et oui, il faut aussi penser à ca!

Mention très bien aussi au Français Christophe Laporte, excellent 6e chez Cofidis.

Deceuninck, l’échec

Le fait peut-être le plus marquant hier a été la déconfiture presque complète de l’équipe belge Deceuninck, pourtant en surnombre jusqu’à l’entrée de la Trouée d’Arenberg.

Dans leur cas, la course s’est déroulée en deux temps: parfaite jusque Arenberg, l’hécatombe après. Exit les Asgreen, Stybar, Declercq, Sénéchal, tous à la trappe.

Seul Yves Lampaerts a pu sauver les meubles, terminant finalement 5e après s’être bien battu pour revenir de pépins mécaniques.

Pour la Deceuninck qui court habituellement sur des pneus, des enjeux à ce niveau hier? Chose certaine, les pneus dotés de chambres à air à l’intérieur sont plus sujets à des « chocs pincement » lorsqu’on les roule à basse pression, ce qui était nécessaire hier sur de tels pavés gras.

Quant à l’autre grand favori Wout Van Aert, une course à l’image de celle de ses Mondiaux: il a subi. Manifestement, Wout semble fatigué en cette fin de saison, comme s’il n’avait jamais récupéré de son Tour de France époustouflant en troisième semaine. Il a également été esseulé bien rapidement, même s’il avait deux hommes dans l’échappée devant: ca ne lui aura finalement servi à rien.

À noter que Hugo Houle n’a pas terminé et que Ben Perry est arrivé hors délai, fixés hier à 29min.

Paris-Roubaix femmes

Là encore, une course intéressante, bien qu’elle ait été pliée assez rapidement, Lizzie Deignan y allant d’un sacré numéro en solitaire.

82 kms seule devant!

Le rapproché de Marianne Vos dans le final aura été vain, elle est partie trop tard en poursuite. L’Italienne Borghini a complété le succès pour l’équipe Trek-Segafredo, avec une 3e place.

La Canadienne Alison Jackson termine 24e à un peu plus de six minutes.

J’ai été surpris par Deignan samedi: la seule à avoir disputé Paris-Roubaix sans… gants! Je n’ai vu aucun homme, et aucune autre femme oser ce pari.

Sans gants, une chute peut être catastrophique pour les paumes de main, un endroit compliqué à guérir et très handicapant pour la suite de la course, si jamais vous pouvez repartir.

Mike Woods 3e

Week-end faste pour le cyclisme canadien puisque Mike Woods a terminé 3e samedi du Giro Dell Emilia, remporté par Primoz Roglic devant Joao Almeida.

À la 5e place, un certain Remco Evenepoel.

Mike Woods prouve hors de tout doute qu’il est en excellente condition, et ca va nous faire une semaine très intéressante, avec Milan-Turin mercredi suivi du Tour de Lombardie samedi prochain, sur un parcours redessiné. Woods sera l’un des favoris de ces deux épreuves, mais la concurrence sera vive.

Pas tout à fait finie, cette saison!

Page 16 of 350