Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Mois : mai 2021

Le Tour de l’actualité

1 – Tour de France féminin. C’est une excellente nouvelle pour le cyclisme féminin, et le cyclisme tout entier: le Tour de France féminin sera organisé en 2022. Yé!

Les détails seront présentés en octobre prochain, lors de la traditionnelle présentation du parcours du Tour 2022.

Les derniers Tours de France féminin ont été organisés entre 1984 et 1989.

Déjà, on sait que le format sera adapté au cyclisme des femmes (distances habituellement plus courtes, moins besoin de grandes difficultés pour provoquer une course sélective étant donné l’hétérogénéité pour le moment plus grande du peloton que chez les hommes, etc.), et que la course pourrait profiter de certaines infrastructures mises en place pour le Tour de France masculin.

Christian Prudhomme a mentionné le fait que les épreuves féminines ne devaient pas perdre d’argent si l’on veut que le sport continue de se développer. La question des retransmissions télé est donc centrale, espérons qu’une certaine coordination pourra être assurée pour ne pas diffuser les deux événements en même temps. Il faudra penser à tout cela pour donner une chance à l’épreuve de faire ses frais, et donc de s’installer dans la durée.

2 – Giro. C’était une étape tranquille « de transition » hier sur le Tour d’Italie, une étape toute plate réservée aux sprinters.

Pourtant, elle a eu un impact inattendu sur la course, puisque Mikel Landa a dû abandonner suite à une chute causée par un move de débutant par le vainqueur de la veille, Joe Dombrowski, qui a percuté un officier de police en voulant changer de trajectoire à la dernière minute, approchant un ilot directionnel.

Pour Landa, c’est vraiment pas de chance, il semblait en excellente condition physique en ce début de Giro, et ses chances d’un podium à Milan étaient bien réelles.

Autre favori qui a dû malheureusement abandonner sur chute, Pavel Sivakov chez Ineos-Grenadier. Celle-là fera mal à toute l’équipe et aux ambitions d’Egan Bernal.

Pour le reste, un sprint décousu remporté par Caleb Ewan qui a fait preuve de nerfs d’acier dans les derniers mètres. Je pensais bien, à 200 mètres de la ligne, que les Cofidis allaient enfin voir leurs efforts couronnés de succès avec Elia Viviani, qui termine « seulement » 3e, clairement battu à la régulière par Ewan et Nizzolo.

Viviani doit continuer d’essayer!

Pour Caleb Ewan, la première étape de son objectif en 2021 est atteint, puisqu’il s’est mis en tête de remporter au moins une étape sur les trois grands tours de la saison.

3 – Giro bis. Les images de l’intérieur du peloton hier, ca frotte!

4 – Giro aujourd’hui. Premier vrai test pour ceux qui visent le rose à Milan dans trois semaines. Comme on dit souvent, le Giro ne se gagnera pas aujourd’hui, mais certains le perdront.

5 – 11 vitesses. Sponsorisée par Campagnolo, l’équipe Lotto-Soudal monte pourtant sur le vélo de Caleb Ewan un ancien groupe 11 vitesses.

Raison?

La disponibilité des braquets. Ewan n’aime pas les deux cassettes 12 vitesses proposées par la compagnie italienne, soit les 11-29 et 11-32, qui ne disposent pas, par exemple, d’un 27 dents.

Les sauts, de 3 dents sur les trois voire quatre dernières couronnes, sont très importants pour du cyclisme sur route.

Je suis tellement d’accord! Je me plains depuis les premiers instants du manque de cassettes alternatives proposées avec les groupes Campagnolo 12 vitesses. Et je demeure pour l’instant fidèle moi aussi à mon groupe Campagnolo 11 vitesses et ma cassette 11-23, que je change selon les terrains pour une 11-27 voire 11-29. Je joue également sur les plateaux avant, passant du 52-36 au 50-34 si je pars en montagne.

Pour ne pas proposer une belle cassette 12v 11-25? Une 11-27 aussi?

Come on Campagnolo!!

Je vous rappelle également mon article sur les braquets, publié en novembre dernier, qui détaillait ce problème chez Campagnolo. Vivement une solution!!!

6 – The Wolfpack, retour sur les Ardennaises en vidéo.

7 – Vittoria Air Liner. La technologie du fabriquant italien est désormais disponible pour les pneus Tubeless de route.

Le foam (vert) qu’on insère dans le pneu se compresse avec la montée en pression. Si une crevaison survient, la pression interne diminue, et le foam reprend son expansion, permettant de revenir à la maison.

Poids? De 24 à 39 grammes, selon la dimension du pneu. De quoi rivaliser avec le poids du scellant liquide que plusieurs ajoutent dans leurs pneus Tubeless.

Je n’ai jamais testé, n’ayant actuellement pas de roues Tubeless.

Pourrait-on penser à des boyaux Vittoria équipés de la même technologie? Ca, ca serait un réel progrès pour le boyau, parfois difficile à décoller lors d’une crevaison sur le bord de la route, et carrément irréparable à ce moment.

8 – Gravel bike. Il semble que la compagnie Fox teste actuellement une fourche télescopique spécifiquement dessinée pour être montée sur des vélos Gravel, avec l’ambition d’améliorer le confort et d’ouvrir ce type de vélo à des chemins plus accidentés.

Travel de la fourche? 30mm. Les Mtb utilisés en Coupe du Monde sont montés de fourches avant avec travel de 100mm habituellement. Les trails bike, travel de 120mm.

Affaire à suivre!

9 – La classe, dès le plus jeune âge. Quant tu as le moteur, tu as le moteur.

Le déclic

T’as été encabané de décembre à avril au Québec.

Alors t’a fait du home-trainer, ou du ski de fond, sachant bien que ce n’est pas tout pour préparer une saison de vélo.

La reprise dehors début avril a certes été une délivrance. La joie de remonter sur ton vélo, de te sentir enfin de nouveau libre en pédalant, a cependant été affectée par ce petit quelque chose que tu connais bien: un peu juste.

Après 120 minutes dans le vent du printemps, souvent la panne de cannes.

Tu n’as pas encore cédé à la tyrannie des watts, mais tu sais bien que la mesure ne serait pas à la hauteur de ce que tu peux faire, de tes attentes.

Alors tu as roulé.

Et encore roulé.

Le plus souvent, presque tout le temps en fait, solo.

Tu as pesté aussi, notamment contre ce diable de vent du printemps. Un vent froid, soutenu, usant, et curieusement si souvent de face. Baisser la tête.

Les oies dans le ciel au dessus de ta tête d’ailleurs évoluent en voiliers. Tu n’as pas eu ce luxe.

Tu t’es accroché. Tu es sorti souvent, même quand tu n’en avais pas envie. Tu as souffert en silence, seul, sachant qu’un kilomètre seul compte double.

Tu as eu les mains et les pieds gelés.

Tu as fait tes devoirs, ces intervalles durs, souvent jusqu’à l’épuisement. Parfois, la rage au coeur.

Et tu t’es posé une tonne de questions. La plus difficile, pourquoi?

Pendant des semaines, pas de réponse. Tu sais juste que tu t’es déjà posé cette question avant dans ta vie, et que la réponse d’alors n’est pas forcément celle que tu trouveras aujourd’hui. Ça pourrait te lâcher.

Mais tu as continué sur le chemin, des fois en mettant ton cerveau à off. Ta passion du cyclisme t’a soutenu dans cette quête, sans même le savoir. Parfois, tu as roulé avec les images de Mathieu, de Wout, de Julian, de Greg, de Sean, de Bernard et de Laurent dans la tête.

Parfois, la tête vide.

La réponse vient tout juste de te parvenir.

La réponse, c’est le déclic.

Une seule sortie, et tu as compris.

Tu as compris que tu reviens. Que les efforts des dernières semaines n’ont pas été vains.

Enfin, la bonne patte. Parti comme une balle, solo encore une fois, ca a tenu cette fois-ci sur ta sortie. Dans le final, tu t’es fait vraiment plaisir à en remettre une couche, surpris que tes jambes répondent encore malgré la violence des efforts jusque là, et les kilomètres encaissés.

La moyenne est stratosphérique pour un effort en solitaire dans le vent. Tu t’es surpris.

Donc tu sais.

Tu sais aujourd’hui que le chemin emprunté est le bon. Hard work always pays off. Ouf, c’est encore vrai.

Tu sais aujourd’hui que cette année encore, tu seras dans le coup. À ton meilleur niveau.

Surtout, tu sais que tu auras une opportunité, si précieuse parce que tu vieillis comme tout le monde: celle de pouvoir, si tu t’entraines encore fort, te battre toi-même.

La belle aventure de Taco

Ca arrive si rarement dans le cyclisme moderne qu’il convient de saluer cette victoire en solitaire de Taco Van Der Hoorn au terme d’une longue échappée (180 bornes!) sur la 3e étape du Giro.

Une victoire qui fait plaisir à tout le monde!

Une victoire impressionnante aussi, car il fallait à la fois de la ressource et du jugement pour décrocher ce succès.

La patte, Taco l’avait hier. Il a su aller au bout de lui-même dans les cinq derniers kilomètres pour résister au retour du peloton. Son faciès en disait long sur l’intensité de l’effort sous la flamme rouge. Chapeau.

Il fallait aussi du jugement pour attaquer son dernier compagnon d’échappée, Simon Pellaud, à neuf kilomètres de l’arrivée. Comme beaucoup, j’ai d’abord cru à une grosse erreur: à deux, tu as plus de chance de rallier l’arrivée sans te faire rattraper que solo.

Ben non. Taco a vu juste, sentant probablement que Pellaud faiblissait.

Taco est allé chercher son destin, seul contre tous. Il a réussi.

Magnifique.

Taco offre aussi une première victoire en World Tour à sa formation belge Intermarché-Wanty-Gobert Matériaux, une équipe qui a franchi le pas vers le plus haut niveau à l’intersaison.

Un grand pied de nez aussi aux équipes de sprinters et aux oreillettes, battues hier. La Bora-Hansgrohe a eu beau rouler pour lâcher d’autres sprinters et préparer le sprint de Sagan, elle n’est pas revenue sur Taco. La la lère…

Souvent, ce genre d’événement peut déclencher un effet très positif pour le coureur, qui prend soudainement confiance. C’est ce que je souhaite à notre ami Taco, son rêve étant d’un jour briller sur Paris-Roubaix. Pourquoi pas?!

Comme j’écris souvent, il faut y croire.

Chose certaine, un cyclisme comme ça, on signe des deux mains.

Ganna, moins tranquille aujourd’hui

Auteur d’un prologue époustouflant (plus de 58,5 km/h de moyenne!!!) sur son 58×11, Filippo Ganna porte le maillot rose depuis le 1er jour. Il sera moins tranquille aujourd’hui, avec un final compliqué puisque comportant plusieurs belles patates qui ne devraient pas manquer de créer une course de mouvement.

Misons un changement d’épaules pour le maillot rose.

Et le premier rendez-vous se profile déjà, jeudi prochain vers Ascoli Piceno, avec une arrivée située après environ 15 bornes d’ascension, dont les cinq derniers kilomètres à près de 8% de moyenne.

Ca sera une première indication des forces en présence pour la course au maillot rose.

Incroyable MVDP

Ce fut également un régal le week-end dernier du côté d’Albstadt, pour la première manche de la Coupe du Monde de vélo de montagne.

Sur l’épreuve de sprint vendredi, victoire de Pauline Ferrand-Prévost chez les femmes et de… Mathieu Van Der Poel chez les hommes. Les attaques de ce dernier durant l’épreuve étaient tout simplement un spectacle hallucinant. Payez-vous les images, c’est sur Red Bull TV.

Dimanche, doublé français avec la victoire de la jeune Loana Lecomte chez les femmes, et de Victor Koretsky chez les hommes, pour ce dernier sa première victoire en Coupe du Monde. Il devance nul autre que le multiple champion du monde Nino Schurter.

Parti comme une fusée dimanche, MVDP n’a pu tenir le rythme et a faibli peu avant la mi-course, une situation inhabituelle mais qu’on a quand même vu à quelques reprises chez le prodige néerlandais. Je pense que MVDP a peut-être un peu de mal à s’acclimater aux grandes chaleurs (il faisait très chaud en Allemagne dimanche) et que pour lui, c’est toujours tout ou rien. C’était tout vendredi, et c’était rien dimanche.

Il sera revanchard le week-end prochain à Nove Mestro pour la 2e manche! Ca sera intéressant.

Victoire canadienne

Extraordinaire performance du jeune coureur canadien de la Colombie-Britannique Carter Woods dans la course U23 de cette manche de la Coupe du Monde le week-end dernier puisque Woods a… remporté la course, excusez du peu!

Avec des performances en hausse de Léandre Bouchard, un Peter Disera qui est présent lui aussi, voilà que la relève masculine en VTT pour le Canada semble être aussi assurée avec Carter Woods.

Vers une nouvelle mode des maillots spéciaux?

La pratique existe depuis longtemps: si la couleur dominante du maillot d’une équipe peut confondre avec le maillot de leader d’une épreuve, l’équipe est invitée à adopter un maillot d’une couleur différente pour la durée de la course.

On veut ainsi toujours s’assurer que le maillot jaune, rose, ou autre couleur qui représente le leader au général de la course, soit toujours bien visible dans le peloton, pour le public sur le bord de la route, et à la télé.

C’est ainsi que l’an dernier sur le Giro, l’équipe EF Education First avait adopté le maillot Palace, cette compagnie branchée de skateboard et vêtements associés. Elle voulait s’assurer que son maillot de couleur dominante rose ne serait pas confondu avec le maillot rose.

EF récidive sur le Giro 2021, et propose un nouveau maillot une fois de plus assez radicalement différent. La bonneterie est de facture Rapha, on peut faire confiance à cette compagnie anglaise pour offrir des produits léchés.

Avant eux, je me souviens de la Mercatone Uno de Marco Pantani qui, en 1999, avait disputé le Tour de France en maillot-cuissard roses, leur bonneterie régulière étant jaune. Deux ans avant, ils avaient changé aussi le jaune pour une combinaison bleue.

D’autres exemples sont survenus au fil du temps.

Par contre, je suis surpris de voir Israel Start-Up Nation arborer un maillot spécial également pour ce Giro, mettant en valeur les couleurs de leur co-sponsor Vini Fantini, une compagnie oeuvrant dans le monde du vin.

Le maillot approuvé de l’équipe est bleu et blanc, aucune chance de le confondre avec le maillot rose de leader du Giro, ou le maillot jaune sur le Tour.

Ca m’apparait être une première, ou presque.

Pourrions-nous voir, dans l’avenir, cette pratique s’étendre? Astana pourrait-elle proposer un maillot différent pour les GP de Québec et Montréal afin de mettre en valeur les couleurs de Premier Tech, le co-sponsor québécois?

Jusqu’où pousser la pratique?

Remarquez, si on a toléré les frasques de Mario Cipollini à une certaine époque, on peut penser que la marge de manoeuvre disponible est très grande!!

Giro: Evenepoel, parce que Merckx

L’intérêt suprême de ce 104e Giro d’Italia, ca se résume à un nom: Remco Evenepoel.

Souvent présenté comme le nouvel Eddy Merckx, le jeune prodige belge a jusqu’ici impressionné la galerie, vainqueur en 2020 de toutes les courses professionnelles à étapes où il a pris le départ.

Jusqu’à ce virage manqué dans la descente de Sormano sur le Giro di Lombardia.

Depuis, convalescence.

Et préparation en vue de son grand objectif 2021, le Giro. Je pense que son équipe Deceuninck l’a volontairement gardé à l’écart de toute compétition jusqu’ici, et à l’abri des médias ; on sait très peu de choses sur sa condition actuelle. Je soupçonne que tout cela soit savamment orchestré, question de frapper un grand coup dès son retour sur la scène.

On sera vite fixé, ce Giro débutant par un chrono de 8,6 kilomètres dans les rues de Turin. Rappelons qu’Evenepoel s’est déjà offert à la fois Ganna et Dennis sur la discipline, pourtant les deux spécialistes actuels.

Merckx a gagné son premier Tour en 1969, mais pas son premier Grand Tour en carrière, puisqu’il a terminé 9e du Giro 1967.

Evenepoel mieux que Merckx? Ca commencerait par une victoire à son premier Grand Tour. S’il réussissait, il ferait même mieux que… Tadej Pogacar, l’autre surdoué du moment, vainqueur de son premier Tour de France l’an dernier à 21 ans et 11 mois, et 3e de la Vuelta 2019, son premier Grand Tour en carrière. Remco, lui, est âgé de 21 ans et 3 mois.

Je suis certain qu’Evenepoel est motivé devant tous les succès des Roglic, Pogacar, VDP, Van Aert et Pidcock cette saison: il veut montrer qu’il est dans une ligue à part. Le Giro lui donne un terrain à la hauteur de ses ambitions.

Et puis, une victoire d’Evenepoel sur ce Giro voudrait dire qu’il aurait battu Egan Bernal, l’autre star de l’épreuve, vainqueur du Tour de France 2019 à l’âge de 22 ans et 6 mois.

De quoi mettre la table pour un grand clash Pogacar-Evenepoel sur le Tour 2022…

104e édition du Giro

Au menu de Messieurs les coureurs, 3 488 kilomètres entre Turin et Milan, répartis en 21 étapes, selon la formule consacrée.

Quatre étapes font plus de 200 kilomètres.

Deux courts chronos, le premier (8,6 kms) et le dernier (30,4 kms) jour.

Six étapes de montagne, huit arrivées en altitude.

Un juge de paix, le redoutable Monte Zoncolan – il mostro! – qu’on abordera au km 192 de la 14 étape. Ca va faire mal. Fait particulier, on monte cette année le mostro via son côté Sutrio, emprunté une seule fois sur le Giro à ce jour, en 2003 (vainqueur d’étape et du Giro cette année-là, Gilberto Simoni).

Une belle grande étape de montagne (210 kms) aussi lors de la 16e étape entre Sacile et Cortina d’Ampezzo, par delà les fameux Fedaia, Pordoi et Giau. 5 500m de dénivelé dans la journée, et paysages magnifiques garantis! Et puis, le Giau n’est pas facile (10 kms à 10% de moyenne), j’en sais quelque chose pour y avoir beaucoup souffert sur un Marathon des Dolomites.

Une autre belle étape le lendemain entre Canazei et Sega di Ala, encore 194 kilomètres et deux ascensions redoutables dans le final, le Passo San Valentino et la montée finale inédite sur le Giro, longue de 11 bornes à une pente moyenne de 9,6%. On dit cette montée très irrégulière, propre à casser les coureurs.

Une foule d’autres étapes montrent un profil intéressant et casse-pattes, susceptible de piéger les favoris dans la course au maillot rose.

6e étape:

12e étape:

19e étape (les trois derniers kms de l’Alpe di Mera sont à 11%):

20e étape, 4000m de dénivelé dans la journée:

Bref, un Giro usant et difficile à maitriser, qui tiendra les leaders sur la corde raide pendant les trois semaines de l’épreuve.

Les favoris

Outre Remco Evenepoel, un favori selon moi: Simon Yates chez Team BikeExchange. Il vient de s’imposer sur le Tour des Alpes, de façon convaincante. Au départ de ce Giro, c’est lui qui offre le plus de garantie. Et le vainqueur de la Vuelta 2018 a déjà prouvé pouvoir tenir trois semaines. Il a certainement soif d’une nouvelle victoire sur un Grand Tour et il pourra compter autour de lui sur Mikel Nieve et Tanel Kangert pour l’épauler en montagne.

Evenepoel, pour sa part, s’aligne avec Joao Almeida, James Knox et Fausto Masnada (3e du Tour de Romandie) pour l’aider. De quoi contrôler.

Le troisième favori, ben c’est Egan Bernal car tu ne peux pas oublier un ancien (mais jeune!) vainqueur du Tour. Bernal veut montrer que ses problèmes de dos causés par une jambe plus courte que l’autre sont derrière lui, et il s’amène bien entouré au sein de son équipe Ineos qui aligne également Ganna, Castroviejo, Martinez, Moscon et surtout Pavel Sivakov qui pourrait être l’autre coureur à causer une surprise.

Bernal n’a pas été revu en compétition depuis mars, après un début de saison prometteur et notamment cette 3e place sur les Strade Bianche et cette 4e place sur Tirreno-Adriatico.

Sur le papier, cette équipe Ineos est à mon sens la plus forte du lot.

D’autres coureurs peuvent espérer un podium, Mikel Landa (Bahrain-Victorious) par exemple, ou Marc Soler (Movistar, auteur d’un beau Tour de Romandie), Alexandr Vlasov (Astana), Dan Martin (Israel-Start Up Nation), Hugh Carthy (EF), George Bennett (Jumbo-Visma) voire Romain Bardet et Jai Hindley (Team DSM), 2e l’an dernier du Giro.

Bardet, en particulier, sera intéressant à suivre en l’absence de Thibault Pinot ou David Gaudu. On pourra notamment voir l’effet du changement d’équipe chez Bardet, dont ce Giro est l’objectif important de sa saison.

Vicenzo Nibali a pu se remettre rapidement de sa chute à l’entrainement et prend le départ. Si c’est très courageux de sa part, je ne vois pas le Requin de Messine rivaliser sur ce Giro, vu la qualité du plateau présent. Chez Trek-Segafredo, vaudra mieux miser Bauke Mollema ou encore Giulio Ciccone je pense.

Sur les chronos, deux hommes se livreront un mano à mano, soit Filippo Ganna et Rémi Cavagna, ce dernier venant de s’imposer sur le dernier chrono du Tour de Romandie.

Le toujours intéressant baroudeur Thomas de Gendt est de la partie, et se lancera surement dans des raids dont seul lui a le secret.

Dans les sprints, le match s’annonce très intéressant avec un Peter Sagan à la hausse, la présence du revenant Dylan Groenewegen, Caleb Ewan en forme, Fernando Gaviria, Patrick Bevin, Elia Viviani ainsi que Tim Merlier. Ouf!

Un seul coureur canadien au départ, le Québécois Antoine Duchesne. Il devait y épauler un Thibault Pinot, finalement l’équipe Groupama-FDJ débarque avec des baroudeurs jouant les étapes, on peut penser que cela donnera des opportunités à Antoine s’il se sent bien un jour. Ca peut le faire, il faut y croire! Pourquoi ne pas tenter la chance en suivant au départ d’une étape accidentée la moto De Gendt ?!

Sur ce Tour d’Italie, je veux voir une équipe combative, qui va de l’avant et qui prend des risques dans les échappées pour aller jouer des victoires d’étapes. On leur demande maintenant de jouer leurs cartes, ils doivent saisir cette opportunité. Tous auront leur chance, ça ne sera pas un Giro facile mais nous pouvons vivre de belles choses avec ce groupe!

Philippe mauduit, directeur-sportif groupama-FDJ, 5 mai 2021 (today cycling)

À la télé

En France, fini le Giro sur L’Équipe TV, cette année c’est Eurosport.

Au Québec, pas de FloBikes. Ca sera donc GCN TV, si possible avec la géolocalisation. Sinon, les sites de streaming gratuits comme Tiz-cycling ou Steephill.tv sont une autre option, mais il faut vivre avec les désagréments possibles.

On ne les oublie pas

Ils font aussi du bien.

Le Tour de l’actualité

Quelques nouvelles qui ont retenu mon attention ces derniers jours dans le monde du cyclisme professionnel.

1 – Tour de Romandie. Pas de surprise là, Geraint Thomas s’est imposé logiquement grâce au dernier chrono de 16 bornes à Fribourg le dernier jour, dépossédant le Canadien Mike Woods de son maillot jaune acquis la veille.

Ineos réalise le doublé avec Richie Porte 2e. La surprise est venue de Fausto Masnada, 3e, et qui complète donc le podium. Mike Woods termine « seulement » 5e, mais à cinq petites secondes de la troisième place. De quoi nourrir quelques regrets, ce qu’il a d’ailleurs confirmé au soir de l’épreuve.

Il y a des leçons à tirer de cette semaine en Suisse, pour le Giro dans un premier temps. On y reviendra.

Pour Woods, il est clair que ses qualités sur le chrono ne sont pas à la hauteur pour lui permettre de rivaliser sur les épreuves par étape. Faut-il travailler pour autant cette discipline? Je n’en suis pas sûr: à 34 ans, Mike n’a plus de temps à perdre et vaut mieux miser sur ses qualités de grimpeur-puncheur à présent, et cibler des étapes sur les grands tours, et certaines épreuves d’un jour où il peut briller comme les Ardennaises, la Classica San Sebastian ou encore les Classiques de fin de saison en Italie, incluant le Tour de Lombardie.

C’est également plus sain…

2 – Chris Froome. Nouvelle course, nouvel échec pour le coureur anglais qui n’est plus l’ombre de lui-même. Largué tous les jours, il termine dans le ventre mou du peloton, sans éclat. Peut-il revenir à son meilleur niveau? Comme d’autres incluant Guimard, je ne pense pas. Et puis, même si c’était le cas, serait-ce suffisant face à la nouvelle concurrence que représentent les Pogacar, Bernal, Evenepoel, Geoghegan, sans oublier bien sûr Roglic?

3 – Giro d’Italia. Ca démarre samedi de Turin, par un court chrono de 8,6 kilomètres. Tout ce que vous devez savoir sur ce Giro dans les prochains 48h sur ce site.

4 – Tour d’Algarve. La difficile épreuve portugaise démarre aujourd’hui, et se terminera dimanche prochain. Cinq étapes casse-pattes, un chrono de 20 bornes sur la 4e étape, deux arrivées au terme d’une ascension, il faudra être costaud pour s’imposer. L’enfant du pays est Rui Costa, qui joue donc à domicile. L’opposition viendra de Lennard Kamna chez Bora, des Deceuninck avec Asgreen, Bennett et Jakobsen, de Sosa chez Ineos, ainsi que d’une foule de petites équipes espagnoles et portugaises qui voudront se montrer.

L’équipe américain Rally est également au départ, mais sans coureurs canadiens.

5 – Albstadt. L’attention le week-end prochain se portera aussi du côté de l’Allemagne et Albstadt pour la première épreuve de Coupe du Monde de vélo de montagne. Un certain Mathieu Van Der Poel y fera sa rentrée sur cette discipline en 2021, avec je vous le rappelle l’intention de briller en or sur l’épreuve des Jeux Olympiques en principe cet été. Il rencontrera sur sa route de nombreux adversaires coriaces, dont Nino Schurter bien sûr, mais aussi des coureurs comme Thomas Pidcock et le champion du monde français Jordan Sarrou et sa puissante formation nationale. Ca sera très intéressant!!!

6 – Nouveau Cervelo R5. Ca a récemment fait le buzz puisque Primoz Roglic a été vu sur les Ardennaises sur un nouveau vélo Cervélo, apparemment une nouvelle itération du populaire R5. On peut en savoir un peu plus ici.

7 – Factor Ostro VAM. Le vélo de Mike Woods, c’est ici. 780 grammes pour le cadre, un vélo de grimpeur, comme il se doit. Beau montage, avec notamment les pièces CeramicSpeed, une compagnie que j’affectionne particulièrement.

8 – Tour du Rwanda et Mondiaux 2025. Il se déroule actuellement et le Canadien James Piccoli est de la partie. Fait intéressant, l’UCI a annoncé que deux pays étaient en lice pour l’organisation des Mondiaux sur route de 2025, deux pays africains: le Maroc et le Rwanda. L’UCI ferait actuellement des repérages au Rwanda.

Des Mondiaux dans ce pays seraient une belle première et une reconnaissance de la contribution récente de l’Afrique au cyclisme professionnel. Il est temps.

9 – Dugast. Pour les plus connaisseurs de la chose cycliste, ce nom évoque l’histoire même du vélo: les fameux boyaux Dugast sont utilisés depuis des générations de coureurs, et sur les épreuves les plus dures incluant Paris-Roubaix. On raconte qu’Eddy Merckx a encore des Dugast qui sèchent…

La compagnie néerlandaise n’est plus à présenter dans les milieux initiés. On dit que Mathieu Van Der Poel ne ferait confiance qu’à ces boyaux très haut de gamme, fabriqués en soie et à la main.

Dugast vient de passer sous contrôle Vittoria, la compagnie italienne de pneumatiques et de boyaux. Rien ne devrait trop changer pour Dugast, même si je leur souhaite d’innover un peu sur les boyaux au cours des prochains mois, ces derniers étant désormais concurrencés de très près par les tubuless qui s’imposent de plus en plus comme étant le meilleur choix côté rendement et facilité d’usage.

Woods: fier mais résigné

Quelle étape sur le Tour de Romandie aujourd’hui!

De la pluie, du froid, la course a même dû être neutralisée le temps d’une descente en début d’étape en raison d’un brouillard épais.

Une étape pour guerriers.

Et du lot, c’est Mike Woods qui s’impose au sommet de l’ascension de Thyon 2000, une très belle victoire même si Geraint Thomas, le seul avec lui sous la flamme rouge, a chuté à 50m de l’arrivée, ses mains glissant du guidon. Fort heureusement, Thomas n’a pas été blessé et a pu terminer l’étape en 3e position, et ainsi limiter les dégâts. Il expliquera plus tard que ses mains étaient gelées et donc sa prise de main lors d’un passage en danseuse a été déficiente.

Le cyclisme est parfois quasi-mathématique: si tu as les jambes, tu es devant. On savait que Mike Woods était en grande condition et qu’une victoire était proche. C’est arrivé aujourd’hui, et il peut être fier de ce succès, survenu sur une étape compliquée et difficile qui vous fixe tout de suite la qualité du bonhomme qui s’impose. Costaud.

Et Mike fait coup double, étape et classement général. Il sera donc en jaune demain à Fribourg pour l’ultime étape, un chrono de 16 bornes.

Ceci étant, Mike Woods est résigné: de son propre aveu, les 11 secondes d’avance sur Geraint Thomas, 2e du général, ne seront pas suffisantes pour remporter l’épreuve.

My time trial has improved, but it is certainly not where it needs to be in order to win this race.

Mike Woods, 1er mai 2021

Bien d’accord avec lui: Thomas est un ancien pistard, sa spécialité étant le chrono. Dur de rivaliser avec ce niveau.

Ceci étant, tout peut encore arriver: la météo annoncée demain à Fribourg est encore très difficile, avec de la pluie et un petit 10 degrés. Sur un parcours technique au départ, avec plusieurs virages serrés et une ascension pavée de 800m à 13%, ainsi qu’un final comportant aussi une descente assez pentue avec virages en bas, il peut se passer beaucoup de choses.

Mike devra se concentrer sur rester sur son vélo, assurer ses virages, en espérant que ce sera suffisant pour faire un podium au général de ce Tour de Romandie.

https://www.youtube.com/watch?v=LEL0_gUaFaw

À souligner, la prestation aujourd’hui de Ben O’Connor chez AG2R – Citroen, 2e de l’étape (en raison de la chute de Thomas il est vrai, il aurait dû terminer 3e), et qui s’est bien battu dans la dernière ascension. À 25 ans, ce coureur australien continue de progresser, c’est évident. Nul doute que son contrat, actuellement d’un an au sein de l’équipe française, sera renouvelé l’an prochain, et qu’on lui fera davantage confiance sur les prochaines courses à son programme.

Cyclisme 101

Une des premières choses que tu apprends à vélo: sur route mouillée, tu te tiens très loin des lignes jaunes ou blanches de peinture.

Ben faut croire que Stephan Kung l’avait oublié. Incroyable, pour un pro.

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