On m’a souvent critiqué, au cours des dernières années, parce que je peux rouler vite longtemps à l’entrainement. Certains n’apprécient pas de se faire laminer sur plusieurs heures par mon rythme soutenu et constant.
On me disait que rouler en zone 3 voire zone 4 inférieure, une zone ou tu souffres mais que c’est supportable sur de grandes distances, n’était pas payant. Mieux valait faire de la fameuse zone 1 socio mollo, et de la zone 5 full gas.
La vérité, c’est que j’ai toujours fait de la zone 1 et de la zone 5. Mais je fais aussi de la zone 3 sur de longues durées. Ce qui correspond environ à 88-93% de ton FTP, et entre 75 et 85% de ta fréquence cardiaque maxi. Oui, souffrant tout le temps!
Récemment, de nombreux articles ont été publiés réhabilitant l’entrainement en zone 3, la zone supposée « non-payante » que certains appellent aussi péjorativement la « zone maitres » car les athlètes maitres (35 ans et plus) s’y entraineraient que trop.
Ca s’appelle le « sweet spot training« . Une recherche dans Google vous convaincra.
Plusieurs affirment que l’entrainement dans cette zone, c’est « The most bang for your training buck« . Surtout si, comme nous athlètes amateurs ayant une vie professionnelle et familiale, nous avons un nombre limité d’heures d’entrainement par semaine.
Personnellement, j’ai souvent fait du « sweet spot training » pour préparer de grandes cyclosportives. Style 180 kms solo à 33 de moyenne, tu es toujours en prise, jamais confortable pendant des heures, et tu finis rincé. Il est certain qu’un entrainement en mode « sweet spot » nécessite plusieurs jours de récup par la suite.
J’ai toujours trouvé qu’après cette bonne récup, ces entrainements me font passer un pallier: tout de suite, je vois plus de force dans les jambes, et une meilleure résistance à l’effort, surtout durant des intervalles longs.
C’est profitable même en course: tu as plus de jus et plus de force dans le final, toujours.
La clé, c’est de caser au bon moment ce type d’entrainement. Pas une bonne idée de faire une longue sortie « sweet spot » le lendemain d’intervalles courts full gas! Et pas trop souvent non plus. Une ou deux sorties par mois me semble suffisantes dans ce registre.
Bref, avec l’expérience, je trouve qu’un programme d’entrainement efficace, c’est comme en nutrition: la clé, c’est de manger de tout, régulièrement. Je polarise de plus en plus mon entrainement entre zone 1 et zone 5, je varie les genres en zone 5, intervalles anaérobiques ou aérobiques souvent en m’inspirant des formules proposées par Guy Thibault. Et je me tape aussi une ou deux fois par mois de longs entrainements « sweet spot » sur 120 kms ou plus, question d’aller chercher des gains différents.