Alors que nous avons un autre exemple de la « convergence » avec la sortie du Cannondale Synapse orchestrée sur à peu près tous les sites cyclistes « mainstream » donnant dans l’influence, il est temps de penser au Giro qui s’élance ce vendredi depuis l’Albanie.
Ca va être une course passionnante!
Le parcours d’abord, plus ouvert que jamais car moins difficile que souvent.
Un exemple: un seul col de 2000m ou plus à franchir, le Finestre à presque 2200m durant l’avant dernière étape. Le reste des cols, du reste moins fréquents sur la globalité du parcours, culminent souvent à une hauteur autour de 1600m maxi.
Deux chronos, lors de la 2e et la 10e étape, pour un total de 44 km contre-la-montre, gérable. Les deux ont un profil surprenament similaire, avec une petite bosse à franchir à mi-parcours.
Surtout, seulement deux arrivées en altitude, à Tagliacozzo sur la 7e étape et à San Valentino lors de la 16e étape. On a vu Giro nettement plus difficile, notamment cette fameuse édition 1998 remportée par Pantani.
Enfin, plusieurs parlent de la 17e étape via Tonale et le Mortirolo, un nom qui fait frémir. Il faut relativiser: le Mortirolo sera gravi via Mono, sur son côté le plus facile, et de loin. Pour bien connaître l’ascension des deux (voire trois!) côtés, il n’y a rien de comparable depuis Mono au Mortirolo via Mazzo!
Bref, un parcours sans grande difficulté, qui offre beaucoup d’étapes avec un final roulant permettant de revenir éventuellement sur des échappées, et donc un parcours qui favorisera une sélection par l’avant, qui favorisera des coureurs qui prendront des risques pour gagner, et qui disposeront aussi d’une équipe solide pour les épauler. La course pourrait bien sourire aux opportunistes!
Les favoris
Ca donne le tournis tellement ils sont nombreux!
Quatre anciens vainqueurs sont au départ, soit Primoz Roglic, Egan Bernal, Jai Hindley et Richard Carapaz. Assez exceptionnel en soi.
Les quatre peuvent rêver d’un podium voire de s’imposer, tous sauf peut-être Carapaz, ayant rassuré sur leur condition physique au cours des dernières semaines.
Chez RedBull-Bora, Roglic et Hindley sont également épaulés par Daniel Felipe Martinez, un autre prétendant au podium. En cyclisme on le sait, abondance de bien nuit parfois… L’équipe part en tout cas avec des ambitions solides pour le général.
On a très peu vu Roglic en course en 2025, mais il a remporté le difficile Tour de Catalogne. Disons que l’individu sait comment bien se préparer pour une telle course comme le Giro, en espérant que la poisse le laisse tranquille en première semaine…
Egan Bernal dispose aussi d’une solide équipe Ineos, avec notamment Thymen Arensman, 6e du général l’an dernier. À 25 ans, ce dernier pourrait surprendre tout le monde et il vient de terminer 2e du Tour des Alpes. Pour Bernal, c’est l’inconnu, c’est un coureur de classe mais qui n’a pas encore retrouvé tous ses moyens lorsque la course s’emballe et qu’il faut porter l’estocade dans les derniers kilomètres.
Ca sera plus compliqué pour Carapaz car son équipe est moins solide, mais tu ne peux pas exclure un coureur de son talent de la gagne.
Outre ces quatre coureurs, on en compte de nombreux autres qui viseront un podium voire carrément la gagne, pourquoi pas?
Je pense aux Juan Ayuso, Jai Vine, Adam Yates, Antoni Tiberi, Giulio Ciccone, Tom Pidcock, Mikel Landa, Simon Yates, Romain Bardet pourquoi pas et surtout, surtout Derek Gee.
Les UAE Team Emirates font aussi peur que les RedBull-Bora sur le papier, avec outre Ayuso, Adam Yates et Jai Vine, les Rafal Majka, Brendon McNulty et Isaac Del Toro. Ouch. Ils ont de quoi contrôler la course durant trois semaines, et gageons qu’ils sauront s’entendre pour jouer la meilleure carte au bon moment.
Je vois bien Giulio Ciccone faire un grand Giro, il est à maturité et auteur d’un bon début de saison. Solide grimpeur, je pense que dans son cas, c’est en dernière semaine qu’il aura l’occasion de faire la différence, à condition de rester au contact sur les deux chronos.
Le joker de ce Giro, c’est toutefois le Canadien Derek Gee. Révélé sur cette course en 2023, auteur d’un excellent Tour de France l’an dernier (9e du général), bien en vue sur le récent Tour des Alpes, il a confirmé tout son talent sur les courses par étapes et présente la meilleure carte canadienne pour succéder à Ryder Hesjedal, vainqueur du Giro en 2012.
Surtout, je pense que le parcours ne peut pas être meilleur que cela pour un coureur avec les qualités de Gee: dur mais pas trop, deux chronos, des étapes parfois casse-pattes, pas de nombreux cols de plus de 2000m d’altitude, sur papier c’est très bien.
La clef pour Gee sera aussi le travail de son équipe pour l’entourer durant toute l’épreuve. Avec le vétéran Hugo Houle comme capitaine de route, avec l’expérimenté Jakob Fulgsang, avec Simon Clarke, Jan Hirt et Corbin Strong, l’équipe tient la route et n’a pas à rougir face aux autres formations, excepté peut-être RedBull-Bora et UAE, mais c’est un autre budget.
Vivement qu’on entre dans le vif du sujet vendredi!