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Magistral Wout!

Quelle fin de Tour hier dans Paris!

Spectaculaires, les images donnaient la chair de poule au passage des coureurs dans la montée de la rue Lepic. On sentait l’énergie de la foule même à la télé.

Et quelle course, et quel vainqueur!

Wout Van Aert s’est offert hier sans vergogne un certain Tadej Pogacar, lâché « à la pédale » dans la dernière ascension de la Butte Montmartre.

Je ne connais pas beaucoup de coureurs pro qui peuvent dire qu’ils ont lâché le cador slovène à la régulière. Wout l’a fait, pour signer là un très beau succès personnel, et finir avec une belle touche le Tour des Visma-Lease a Bike, souvent en manque de réussite sur ce Tour.

Je n’ose imaginer les watts qu’a dû sortir Van Aert pour décrocher Pogacar hier, ca devait être monstrueux.

Surtout, Wout a bien manoeuvré tactiquement, laissant les autres – dont Tadej – se dévoiler sur les premiers tours. Wout a été patient, pour ne porter qu’une seule attaque, la bonne, et c’était plié. Très bien joué sur le plan tactique selon moi.

Après avoir décroché tout le monde, il ne lui restait plus qu’à faire ce qu’il sait très bien faire, rouler à fond, pour rallier la ligne.

Gagner en solo sur les Champs Élysées, peu de coureurs ont accompli cet exploit dans l’histoire du vélo.

Grandiose Van Aert, et après les derniers mois souvent frustrant pour lui, c’est une victoire qui en vaut 10. Il sera intéressant de voir la suite de sa saison.

Ennuyeux, ce Tour?

À l’heure du bilan, un petit parfum d’ennui se dégage de ce Tour de France.

Pogacar a rapidement prouvé qu’il était intouchable, dès le premier chrono en fait, et a assumé la course dans les Pyrénées. Après, c’était plié et même Tadej Pogacar lui-même a semblé s’emmerder sur cette épreuve, montrant des signes de lassitude et de vouloir « en finir au plus vite » dans les dernières étapes.

Je reste convaincu qu’il pouvait gagner plus, le Ventoux notamment, comme l’étape de La Plagne. Mais ca devenait peut-être gênant pour lui et son équipe…

Je suppose que ce matin, les organisateurs du Tour se posent la question: comment proposer un parcours qui permette de conserver le suspense avec un tel coureur au départ?!

Incompréhensible

Si quelqu’un peut m’expliquer le final (5 derniers kms) hier vers La Plagne pour Vinge et Pogi, je suis preneur parce que là, je ne comprends pas.

Le Tour du Tour (2)

1 – Alors que l’étape du jour se termine à La Plagne, comment ne pas commencer ce Tour du Tour par une pensée pour Laurent Fignon, grand champion aujourd’hui malheureusement disparu (prématurément) et double vainqueur dans cette station de ski, en 1984 et 1987.

Cheveux blonds au vent, vélo moderne par ses couleurs et ses câbles de frein intégrés au guidon, une première en 1984, Fignon avait survolé de sa classe le Tour 1984, et m’a permis de sceller, à 13 ans, ma passion du cyclisme qui, encore aujourd’hui, ne me quitte pas.

2 – 5000m de dénivelé. On a entendu quelques coureurs du Tour déclarer hier à l’arrivée du côté du col de la Loze qu’ils avaient connu là la plus grosse étape de leur vie, avec plus de 5000m de dénivelé. Glandon, Madeleine puis une arrivée au sommet est pourtant un « classique » du Tour, proposé à de nombreuses reprises. En 1984, l’étape de La Plagne proposait Galibier, Madeleine, et l’ascension finale, beau programme!

3 – Plié. Le Tour est plié, Pogacar est intouchable, on se focalise sur la bataille pour la 3e marche du podium entre Lipowitz, Onley et, pourquoi pas, Roglic qui semble retrouver de très bonnes jambes en cette 3e semaine.

Pour les autres courses, 22 secondes d’écart entre Lipowiz et Onley pour le maillot blanc! Pour les pois, Pogacar semble avoir fait le plus dur par rapport à Lenny Martinez, sans vraiment le vouloir bien sûr. Pour le vert, Pogi talonne aussi Jonathan Milan, mais ne cherche pas à le devancer. C’est probablement plié pour Milan.

On s’ennuierait un peu sur ce Tour qu’on ne serait pas surpris. Et c’est ce que je vous avais dit dès la sortie du parcours en octobre dernier.

4 – À ne pas manquer, ce très beau reportage sur Françoise Deneckere, chef de cuisine pour l’équipe Arkea B&B Hôtel qui, à 67 ans, continue son travail auprès des coureurs, entre 5h du mat’ et 23h le soir. Vraiment passionnant!

5 – Après la betterave, la cerise, question d’avoir la pèche. C’est du jus de cerise que boivent de nombreux coureurs à l’arrivée des étapes, les facultés de ce jus de fruit étant prisée pour la récupération, notamment au niveau des antioxydants.

N’allez pourtant pas croire que c’est le jus de cerise qui fait avancer à 30 km/h dans les pentes à 11%… Ce qui sera intéressant, c’est de voir l’évolution à court terme du prix du jus de cerise!

6 – Rue Le Pic. C’est dimanche du côté de Montmartre, et on se demande tous si on revivra l’ambiance de la course sur route des JO de Paris l’an dernier. Ca sera en tout cas intéressant!

7 – Champs Élysées. Utilisés pour l’arrivée du Tour depuis 1975, il est possible que le Tour change sa tradition dans les prochaines années pour prévoir des arrivées ailleurs en France. À suivre, mais le succès de l’arrivée à Nice l’an dernier a donné des idées. Bordeaux, Lyon, Marseille, pourquoi pas? Mais pas Pau, svp!

8 – Tour de France des femmes. Ca démarre ce samedi, pour une grosse semaine de course (9 étapes) qui prolonge notre plaisir. Niewiadoma, Wollering, Music, Pieterse, Kopecky, Vos, Ferrand-Prevost, Wiebes, Reüsser, Longo Borghini, Balsamo, le plateau est relevé et la course devrait être passionnante. Cinq canadiennes au départ, dont Magdeleine Vallières-Mill chez EF Education-Oatly. Go Mag!

9 – Politique. C’est vrai qu’on ne voyait pas ça dans le vélo dans le passé: des pays qui soutiennent des équipes afin de refaire leur image internationale. Astana (Kazakhstan), Bahrein, Israel, Émirats arabes unis, d’autres pourraient suivre. Sans compter les loteries nationales, Fdj et Lotto par exemple.

10 – 27 secondes. C’est ce qui a manqué à Pogi pour aller chercher le record de la montée d’Hautacam établi par… Bjarne Riis – M. 60% – sur le Tour 1996. Y’a pas à dire, derrière le spectacle, les watts sont stupéfiants.

Sur le bout de notre chaise!!!

Ha! mes amis(es)! quelle victoire de Valentin Paret-Peintre hier tout en haut du Mont Ventoux!

C’est pas compliqué, j’étais sur le bout de ma chaise dans les 500 derniers mètres, on la voulait tellement celle-là… Après tout, Ben Healy avait déjà eu son heure de gloire sur ce Tour de France, place à un coureur français!

Au delà de l’émotion, vive, Valentin Paret-Peintre a vraiment impressionné hier par son sang froid et sa maitrise de la dernière ascension vers le Géant de Provence, malgré les enjeux qui sont – on le sait – énormes sur le Tour.

Pas un coup de pédale de trop, mais aussi pas un coup de pédale de moins, Paret-Peintre a couru juste, réglo mais sans plus, la course parfaite selon moi.

Surtout, une course dure, car lui et Healy se sont quand même attaqué à plusieurs reprises dans les derniers kilomètres. Ouf, il fallait avoir de l’énergie et du répondant, les deux coureurs évoluant à des niveaux physiques très proches.

Pour moi, dans ce contexte, pas de doute: ca s’est joué à la « grinta », à la volonté de s’arracher dans les tous derniers mètres de l’étape, par delà ce satané virage sur la droite avant la dernière rampe vers l’arrivée. Et Paret-Peintre savait qu’il avait là un morceau d’histoire qui lui tendait les bras. Bien joué!

Première victoire française sur ce Tour, c’est bien. Surtout, une victoire au sommet d’une montagne mythique sur l’épreuve, le coureur d’Annemasse près de Genève entre dans l’histoire de l’épreuve, aucun doute là-dessus. On s’en souviendra de celle-là, il ne l’a pas volé!

Terminons en disant que Paret-Peintre et son petit groupe ont résisté au retour des extra-terrestres Pogi et Vinge dans le final, et Dieu que ca fait plaisir. De quoi permettre à d’autres coureurs d’y croire dans les prochaines étapes alpestres qui se profilent. Le Tour n’est pas terminé, du moins pour les courses autres que celle du maillot jaune.

Pogi, le rhume?

C’est un Pogi moins dominant qu’on a vu hier sur les pentes du Ventoux, ne parvenant pas à se détacher du Vinge, et subissant plutôt ses attaques, ne pouvant que suivre.

Certaines rumeurs laissent entendre que le coureur slovène souffrirait d’un rhume sur ce Tour, depuis quelques jours. Inquiétant? Je ne crois pas: chez UEA, on sait soigner.

Les autres classements

Ce qui est intéressant sur le Tour, c’est qu’il y a toujours plusieurs courses au sein de la course.

C’est ainsi que si la course au maillot jaune apparait pliée actuellement tant Pogi est intouchable, fort de ses quatre minutes d’avance, d’autres courses font toujours rage.

Celle au maillot à pois par exemple. Misez Martinez jeudi et vendredi, qu’on verra assurément devant. Woods n’est pas très loin, mais je n’y crois pas pour le Canadien.

Celle du maillot vert, pour l’instant porté par Jonathan Milan. Pogi et Biniam Girmay ne sont pas très loin, l’étape d’aujourd’hui et de samedi seront cruciales pour cette conquête.

Le blanc aussi, entre Lipowitz et Onley. Sur ce coup-là, je vous dirais que les jeux sont encore ouverts.

Jordan Jedat

Le discret coureur français chez Total Énergie est actuellement 11e du général, et 2e coureur français derrière Kevin Vauquelin. Déjà 28e du Tour l’an dernier, il améliorera très certainement ce classement cette année.

Je pensais vous le dire, au cas où vous ne l’auriez pas remarqué. Y’a des coureurs comme ca, y’a que leur mère qui les connait, et c’est bien dommage.

Pogacar intelligent

Y’a pas à dire, Tadej Pogacar conduit actuellement son Tour de France de façon intelligente.

Ayant perdu un élément important en Joao Almeida, il s’adapte en laissant aller le maillot jaune vers Ben Healy, conscient que ce dernier ne représente pas vraiment une menace pour la victoire à Paris, et qu’à 29 secondes, les risques sont minimes.

Son équipe a également beaucoup payé lors de l’étape avant-hier, et Pogi peut dire merci au dragster allemand Nils Politt, qui aura d’ors et déjà une partie importante du maillot jaune si Tadej le ramène à Paris. Impressionnant Politt qui a assumé une méchante partie de l’étape lundi en tirant le peloton pendant de nombreux kilomètres derrière l’échappée menaçante qui comportait notamment un certain Simon Yates, vainqueur du Giro plus tôt cette saison.

Sûr qu’à ce régime, et devant la puissance des Visma Lease a Bike, vaut mieux jouer de prudence et d’user de stratégie pour s’économiser. Chez UEA, on l’a bien compris.

Aujourd’hui sur la route de Toulouse, ce sera les EF Education Easy Post qui auront à gérer le poids de la course. Bien joué UAE, et toujours ça de pris.

Pour le reste, on aborde le vif du sujet jeudi, avec l’arrivée à Hautacam. Misez Pogacar pour reprendre le maillot jaune, et ne plus le lâcher jusqu’à Paris.

Pour le reste, la bataille sera pour les places de 2 et 3 sur le podium du Tour, et ca se jouera entre Remco, Jonas et Matteo. Ce Jorgenson a du mordant, et je pense qu’il est un coureur à surveiller de très près pour une place sur le podium, au détriment même de Jonas.

J’aime bien également les chances de Oscar Onley, actuellement 7e à 3min24 mais qui devrait logiquement remonter au classement général à mesure que le Tour avance vers l’arrivée. Les Alpes lui seront favorables.

Félix Gall devrait lui aussi logiquement remonter vers le top-5.

Pour le reste, faut voir. Guillaume Martin par exemple. 16e du général à un peu plus de 10min, il représente encore une menace au classement général, mais pas tant. Alors, la victoire d’étape? Le général? Pas simple!

Perso, ca serait la victoire d’étape, et de loin. Pour cela, il faut qu’il perde un peu plus de temps encore. À moins que les Pyrénées lui permettent des gains significatifs et donc un joli rapproché au général.

Le Tour du Tour, y compris ce qui fâche

Petit tour de ce qui a retenu mon attention ces derniers jours, alors que le peloton du Tour aborde enfin les étapes accidentées voire la montagne.

1 – Van Der Poel. Quelle performance athlétique hier par le coureur franco-néerlandais! Résister ainsi au paquet jusqu’au 700m, après 175km d’échappée à deux, il fallait le faire. Van Der Poel a prouvé que sa valeur athlétique demeure hors norme même au plus haut niveau, et qu’il a également le sens du panache, car il fallait oser hier alors que l’étape était promise aux sprinters.

Certain que sur un malentendu, ca peut marcher, mais pas cette fois!

2 – Van Aert. Le grand rival de Mathieu Van Der Poel retrouve lui-aussi la bonne jambe je trouve, pour preuve le voilà qui se mêle aux sprints. Attention à lui dans les deux prochaines semaines, et il pourrait être la pierre angulaire du succès des Visma-Lease a Bike sur ce Tour, étant un coureur dans lequel Vinge a une confiance absolue.

3 – Le Mont Dore. L’étape aujourd’hui comporte 4400m de dénivelé sur un parcours casse-pattes, presque pire que dans les grands cols des Alpes ou des Pyrénées où tu peux prendre un rythme en montée, et trouver une fréquence cardiaque et une puissance stable. Au lieu de ca aujourd’hui, ca sera des montées, des descentes, des relances, du usant quoi. Par chance, la chaleur devrait être supportable demain pour les coureurs, donnant un petit coup de pouce la difficulté de l’étape.

4 – Mauro Gianetti. On le sait, le milieu du cyclisme pro en Europe est incestueux, en gros quelques centaines de personnes qui font tourner la boutique et qui n’admettent parmi eux que ceux qui ont déjà été initiés, le plus souvent en étant coureur. Pour être un observateur éclairé du cyclisme, il faut lire cet excellent reportage récent sur Mauro Gianetti, manager général de l’équipe UAE-Team Emirates d’un certain Tadej Pogacar. Produit par Radio-France avec notamment l’aide de l’excellent journaliste Pierre Carrey, c’est un must, question de vous assurer qu’on ne vous prend pas pour une valise et que vous réagissez aux perfs de Pogi en toute connaissance de cause.

5 – Pas Normal Studio. Vidéo comique mais vrai sur cette tendance incarnée par excellence par Pas Normal Studio, ce couturier du vélo: aujourd’hui, le look est ce qui prime, rien d’autre. Hey! Il ne suffit pas de s’acheter un vélo à 15,000$ et des fringues tendances pour faire de vous un ou une cycliste… Et pour ceux qui ont pédalé un peu comme moi, je peux vous dire qu’on reconnaît ce genre de clown vite au sein d’un groupe!

6 – Alimentation. Je m’intéresse à cette nouvelle lubie dans le monde du cyclisme, celle d’accroitre très significativement son ingestion de glucides à l’effort, cette technique, apparemment en vogue dans le peloton pro, permettant de devenir vraiment plus performant. Certains annoncent jusqu’à 120 grammes de glucides à l’heure, une quantité que n’importe quel estomac a vraiment du mal à assimiler. Qu’en est-il vraiment? Après plusieurs lectures (et je les continue), je donne une fois de plus dans la fumisterie d’un milieu qui utilise tout ce qui est possible pour cacher la vérité sur comment on fait pour tourner les jambes à 100 RPM dans une pente à 12% au km 185 d’une étape de haute montagne sur le Tour… Et j’ai trouvé ce vidéo sur les puissances « extra-physiologique » et l’alimentation vraiment intéressant.

7 – Mike Woods. Le coureur canadien, actuellement englué dans le paquet du Tour mais qu’on attend bientôt sur une ou deux étapes qu’il aura ciblé, s’est récemment lâché sur les risques encourus au sein du peloton, écorchant au passage ASO l’organisateur du Tour: « No matter what ASO says, they love crashes« . C’est vrai que dans le registre, Mike a plutôt fait fort durant sa carrière, tout comme Primoz Roglic. Mike mets quelques propositions de l’avant, et c’est intéressant.

8 – Hincapie et Armstrong. Les deux affreux que je ne peux pas supporter mettent sur pied une nouvelle équipe américaine, Modern Adventure Pro Cycling, avec l’ambition d’être une équipe présente voire dominante « dream team selon Hincapie, sur la base de US Postal ca promet! » sur le Tour de France d’ici cinq ans. Que voulez-vous, s’il fallait éliminer tous ceux qui trainent de grosses casseroles dans le milieu de l’organisation des équipes World Tour, ca aurait de quoi déstabiliser pendant un moment… En attendant, à voir comment ce projet s’articulera au cours des prochains mois. Je leur souhaite le moins de succès possible.

9 – Canyon. Je vous le dis depuis quelques mois déjà, le commerce dans le monde du vélo va mal, va très mal même. Beaucoup de grandes compagnies demeurent discrètes pour le moment, mais le marché est très difficile et même l’usagé est touché. Que voulez-vous, les prix ont atteint de tels niveaux que ca a du mal à suivre. Pour preuve, Canyon, géant allemand bien présent au coeur du peloton pro, éprouve actuellement d’importantes difficultés financières. D’autres sont dans une situation similaire, et espère passer à travers la période actuelle.

10 – Campagnolo. L’équipementier italien légendaire a rendu public début juin le premier groupe 13 vitesses pour vélos de route, le Super Record, avec en prime le retour du levier actionné par le pouce, la signature de Campagnolo. Je vous en parlerai plus en détails bientôt, et c’est vraiment un tour de force qu’a fait là Campi, réussissant à abaisser le tarif du groupe entier de 900 euros par rapport à la version 12 vitesses précédente.

Remco comme prévu, la claque pour Vinge

La surprise du jour est venue de la « contre-performance » de Jonas Vingegaard sur ce premier chrono du Tour.

Il termine « seulement » 13e du chrono, à 1min21 de Remco et, plus important, à 1min05 de Tadej, qui est, outre le champion belge, l’autre grand vainqueur du jour.

Tadej, 16 secondes seulement sur Remco, ouf, une grande grande performance pour lui, car le parcours était tout plat. Ca en dit long sur la puissance qu’est capable de générer le coureur slovène, et sur son actuelle condition physique.

Pour Vinge, ben c’est la cata: la puissance n’y était pas. J’ai eu beau chercher sur le visuel, je ne trouvais rien qui clochait dans son style, son apparence sur le vélo. La puissance n’était simplement pas la même que pour les premiers.

Pas bon signe pour la suite, mais ca peut aussi être le fameux « jour sans ».

Drôle de coïncidence, même résultat décevant pour son équipier Matteo Jorgenson, seulement deux secondes plus rapides que lui.

C’est donc la Jumbo-Lease a Bike qui a loupé son chrono, sauf évidemment Edoardo Affini le spécialiste, 3e de l’étape. Je l’avais oublié celui-là!

Misons cependant pour une réaction d’orgueil de l’équipe néerlandaise, et les étapes piégeuses, à commencer par celle de demain jeudi, sont là pour donner le terrain propice à une guerre de tranchée. Un homme devient alors ultra-important dans l’effectif Jumbo, un certain Wout Van Aert.

Pour Tadej, faudra désormais gérer le maillot jaune et la pression de la course; Paris est encore loin.

Pour Remco, une opportunité en or d’améliorer son classement de l’an dernier à Paris, et de faire donc 2e du Tour 2025. Ce n’est cependant pas gagné d’avance, la haute montagne de la dernière semaine étant tout un défi, et autour de lui peu d’équipiers pour l’épauler, sauf peut-être Valentin Paret-Peintre.

Enfin, mention très, très bien à Bruno Armirail et Kevin Vauquelin, respectivement 4e et 5e de ce chrono. Pour ces deux coureurs français, c’est vraiment une très belle performance, à ce niveau sur le Tour. Vauquelin tout particulièrement vient à mes yeux de confirmer son excellent Tour de Suisse, et il faudra le garder à l’oeil pour le reste du Tour. C’est excitant.

Demain vers Vire-Normandie

202 km vers la Normandie demain, avec un profil d’étape plutôt compliqué, pas moins de 3500m de dénivelé dans la journée!

Après un chrono que beaucoup auront fait « en dedans », gageons qu’ils seront nombreux demain matin sitôt M. Prudhomme abaissera le drapeau pour passer à l’attaque et vouloir prendre l’échappée matinale. Belle guerre durant la première heure à prévoir, il ne faudra pas manquer ca.

La première heure est, parfois, plus intéressante que la dernière!

Le rendez-vous de Remco

Les grands champions ne veulent pas simplement exister, ils veulent laisser leur trace.

C’est pour ca qu’en sport, ils détestent perdre.

Remco est de la race des grands champions, et il le sait.

Que voulez-vous, ca fait longtemps qu’il s’est rendu compte qu’en sport, en cyclisme tout particulièrement, il a un gros plus par rapport aux autres. Ca toujours été comme ça.

Et pour laisser sa trace sur ce Tour de France, Remco sait que c’est aujourd’hui et pas un autre jour.

33 km pour faire la différence sur le tracé autour de Caen.

Maintenant.

C’est sa meilleure chance pour une victoire d’étape, et pour combler une partie de ces 58 secondes de retard sur le maillot jaune.

Alors Remco va tout donner. À bloc. Après tout, il est le champion olympique de la discipline, alors il veut exister et gagner à la hauteur de sa réputation de meilleur rouleur du monde.

Il lui restera à s’attaquer au record de l’heure pour entrer définitivement dans le Grand Livre de la Légende du Cyclisme. On verra ca plus tard.

Pour l’heure, Caen et ses 33 km. Le Belge est l’homme à battre, aucun doute là-dessus. S’il gagne, son Tour sera d’ors et déjà réussi.

Et la pression durant le reste du Tour sera un peu moindre, même si l’on sait que Remco ambitionne d’un jour gagner le Tour, pourquoi pas essayer dès cette année?

Le maillot jaune? Pas sûr toutefois. Ca sera difficile selon moi de reprendre 50 secondes sur Jonas Vingegaard, 3e du général et le seul autre favori de ce chrono à mon avis.

Vingegaard peut rouler vite, et il est en excellente condition. Son chrono de Combloux a marqué les esprits.

Remco vs Jonas, le match aujourd’hui!

Les inconnus, ben c’est Tadej et Mathieu. Les deux peuvent aller très vite sur un chrono, on se rappellera tous le chrono de Tadej l’an dernier à Nice, époustouflant.

Mathieu sait aussi rouler vite lorsqu’il le faut. Le maillot jaune transcende.

Ganna étant out, il n’y a pas vraiment d’autres coureurs capables de rivaliser aujourd’hui. Beaucoup feront ce chrono « en dedans », simplement pour rentrer dans les délais et accumuler des minutes de retard au général, question d’avoir des bons de sortie plus tard dans la course.

Remco, 33 km pour entrer dans l’histoire de ce Tour 2025.

Réponse vers midi, heure du Québec.

Un Tour piégeux

Départ du Tour de France 2025 ce samedi depuis Lille, dans le nord de la France.

Un Tour qui, pour moi, se résume à un seul mot: piégeux.

En plein dans l’ère du temps: les organisateurs visent à offrir un parcours où tout peut survenir, tous les jours, tout le temps.

Y’a qu’à voir le nombre d’étapes dites « accidentées », par exemple la 6e étape Bayeux-Vire Normandie, 202 kilomètres mais surtout 3500 mètres de dénivelé positif. Sur un tel parcours, les opportunités ne manqueront pas aux audacieux qui voudront tenter quelque chose.

Et des étapes comme ca, il y en a un paquet, pas moins de quatre dans la première semaine, et encore trois en dernière semaine.

Les grands classiques pour faire la différence comme les chronos ou les grandes étapes de montagne sont atténués, question d’ouvrir la course au maximum.

Ainsi, 33 petits kilomètres chrono tout plat lors de la 5e étape du côté de Caen. Le chrono en côte vers Peyragudes lors de la 13e étape ne fait que 11 kilomètres, soit une distance très modeste chez les professionnels.

Si on exclut l’étape du Ventoux, réellement une simple course de côte, ce Tour ne comporte que quatre étapes de montagne. Les deux plus intéressantes surviennent en troisième semaine, soit Vif-Col de la Loze puis, le lendemain, Albertville-La Plagne. C’est vraisemblablement là que le Tour sera définitivement fixé.

Le travail d’équipe

Chose certaine, avec un tel parcours, le travail des équipes fera certainement la différence.

Une équipe forte pourra contrôler les échappés, voire rétablir une situation dans le final d’une étape, par exemple un coup de bordure ou autre.

Les équipes moins homogènes seront exposées à subir la course.

Surtout, pour le coureur qui vise le général, son équipe sera cruciale et plus que jamais, elle devra être à ses côtés en permanence. La vigilance sera de mise à chaque jour, à chaque instant. Il faudra également être prompt à réagir, car sur plusieurs étapes, des écarts pourraient être rapidement créés.

Les chutes

Une fois de plus, il est fort possible que ce soit l’histoire de la première semaine, tout simplement parce que les opportunistes croyant en leurs chances sur de tels parcours seront nombreux.

À suivre, et espérons que Primoz Roglic et Mike Woods pourront éviter la poisse. Ils ont chacun déjà donné…

Les favoris

L’épouvantail est évidemment Tadej Pogacar, point barre. Avec sa saison jusqu’ici et sa condition physique démontrée plus tôt en juin, difficile de croire qu’il peut être battu. Il présente une équipe très forte autour de lui, apte à maîtriser les coups du sort. La seule faiblesse, c’est peut-être la tactique parfois discutable des UAE, une équipe qui semble pouvoir rapidement se désorganiser.

Jonas Vingegaard? Perso, je n’y crois pas vraiment, mais lui aussi présente une très solide équipe, et ils ont de l’expérience, peut-être davantage même qu’UAE. Wout Van Aert, Matteo Jorgensen, Sepp Kuss, Simon Yates, ouf, ils ont quand même toute une puissance de feu!

Où « Vinge » peut-il faire la différence sur Pogi « à la pédale »? Pas simple à anticiper! Le chrono de Caen, peut-être: Vinge avait quand même bouffé 28 secondes à Pogi sur le chrono du Dauphiné en juin dernier, en 17 petits kilomètres…

Sinon où? À voir si les Visma-Lease a Bike ne tenteront pas de piéger Pogi et les UAE sur une étape dite accidentée, les gains sont parfois importants si cela fonctionne.

Pour la 3e place sur le podium, ils sont plusieurs à pouvoir la revendiquer.

Roglic bien sûr; on lui souhaite, il est si doué. Mais pour cela, il doit passer la première semaine sans encombre, et trouver la surmultipliée en montagne.

Il sera intéressant de suivre ce que peut faire son coéquipier Florian Lipowitz, impressionnant jusqu’ici cette saison.

Evenepoel bien entendu, même si je le vois encore marquer le pas en haute montagne. Il sera logiquement le favori au départ du chrono de Caen.

Carlos Rodriguez ensuite, un coureur qui progresse chaque saison. Discret, il n’a que 24 ans et dispose encore d’une belle marge de progression. Son équipe lui fera confiance.

Matteo Jorgensen, ou un des deux jumeaux Yates pourraient aussi viser le podium à n’en pas douter.

Et pour la petite histoire, un autre couple de jumeaux sera présent sur ce Tour de France, les jumeaux Johannessen au sein de l’équipe Uno-X Mobility. Pour les fratries, y’a les Paret-Peintre aussi. Que voulez-vous, le cyclisme à ce niveau est surtout une affaire de génétique.

Les victoires d’étape

On peut déjà se risquer à prédire quelques vainqueurs d’étape possibles.

Mathieu Van der Poel bien sûr, tant il est au-dessus du lot. Les étapes accidentées seront rêvées pour lui.

Ivan Romeo aussi, le jeune coureur récent champion d’Espagne. Une victoire d’étape à 21 ans serait exceptionnel.

En montagne, je verrais bien Lenny Martinez, Oscar Onley, Félix Gall, Ben O’Connor s’il est plus loin au général, ou encore Ben Healy et Sergio Higuita lever les bras.

Et bien sûr, on souhaite tous que Julian Alaphilippe en décroche enfin une belle, après deux ans loin des lumières. Ce Tour lui convient bien, avec de nombreuses étapes casse-pattes comme il les aime.

Mike Woods? Pour lui, à 38 balais, une seule stratégie est possible: cibler une étape en deuxième ou troisième semaine, pourquoi pas le Ventoux, et s’y commettre à 100%, tout en ayant perdu un paquet de temps en première semaine pour ne plus être une menace au général.

Les classements annexes

S’il y a du beau monde pour jouer les sprints, le vert devrait revenir à Jasper Philipsen selon moi, le plus complet pour passer la montagne. Il a une solide équipe pour cette conquête, et un poisson-pilote hors pair avec Mathieu, lorsque ce dernier ne joue pas sa carte perso.

Pour les pois, c’est très ouvert selon moi. Oscar Onley, n’étant pas dans une équipe visant le général, a peut-être un bon coup à jouer!

À la télé

Pour moi, le bon plan reste France Télévision et son excellente équipe avec les Laurent Jalabert, Thomas Voeckler, Marion Rousse et Alexandre Pasteur, sans oublier Franck Ferrand.

C’est possible via deux façons au Québec, par VPN et le site de France Télévision, ou via l’application FilmOn, qui propose France2 et France3 moyennant un abonnement raisonnable. Il faut faire attention, il est tout à fait possible de ne s’abonner que pour un mois. Par contre, l’enregistrement des étapes n’était pas possible ces dernières années.

Une étape à ne rien comprendre

Ironie du sort: Simon Yates perd le Giro 2018 dans la Finestre lors de la 19e étape, Simon Yates gagne le Giro 2025 dans la Finestre la veille de l’arrivée…

Quelle revanche sur le sort pour le coureur anglais!

Pour le reste, je n’ai rien compris de la tactique des équipes – sauf Visma Lease a Bike bien sûr – samedi dernier.

Et en un mot selon moi: du grand n’importe quoi! À ce niveau de professionnalisme, je suis médusé de voir pareil amateurisme.

En premier lieu des UAE Team Emirates, totalement absents au combat sur la Finestre et dans le final pour filer un coup de main à Del Torro, pauvre jeune laissé bien seul en pâture aux autres équipes.

Ils étaient où, les Majka, McNulty et Adam Yates, des coureurs pourtant d’expérience, rompus aux grands tours, et plutôt très forts?

Je n’ai pas compris. Car avec un ou deux coéquipiers autour de lui, Del Torro aurait probablement sauvé son maillot rose.

Impardonnable, et j’ai même trouvé indécentes les images à l’arrivée d’une équipe satisfaite, jouant la carte de « c’est bien mon garçon, tu t’es bien battu ». Les accolades données par Gianetti vers Del Torro sonnaient tout faux, je suis désolé.

La triste réalité, c’est qu’UAE a totalement merdé samedi, point à la ligne. Impardonnable à ce niveau de professionnalisme, pour une des équipes les plus riches du peloton, sinon LA plus riche.

Remarquez, Del Torro a aussi fait une grosse erreur, celle de ne voir en son principal adversaire que Carapaz, calquant sa course sur ce dernier uniquement. Total, le danger était aussi avec le 3e du général, qu’il a laissé filer sans jamais réagir.

Carton rouge également à Carapaz selon moi, qui n’a pas bien joué ses cartes. Si tu veux lâcher Del Torro, ben tu fais du « stop and go », c’est-à-dire que tu places une mine, si Del Torro suit tu coupes, et tu repars 1min plus tard.

Façon Tadej.

Au lieu de ca, Carapaz a souvent longtemps prolongé son effort après une accélération, emmenant au train un Del Torro trop content de l’aubaine puisque dans la Finestre, ca voulait aussi dire revenir gratis sur Yates devant.

Enfin, je n’ai pas compris la tactique de Derek Gee dans la Finestre, ce dernier roulant en mode contre-la-montre du bas en haut. Une fois rentré sur Del Torro et Carapaz, pourquoi diable rouler pour ces deux-là? Il me semble que tu veux te refaire une santé, et profiter des éventuelles ouvertures plus tard, non? Yates – parti devant – le précédait de toute façon au général, le seul objectif à ce moment n’était-il pas de faire couler Del Torro en s’alliant avec Carapaz et ainsi monter sur le podium?

Gee était certes un ton en dessous des trois autres, c’est clair. Mais comme on ne sait jamais, sur un malentendu ca peut marcher, ben j’aurais joué le malentendu à ce stade de la course…

Quoi qu’il en soit, chapeau bien bas aux Visma Lease a Bike qui, avec un Van Aert parti tôt dans l’étape non au prix d’efforts soutenus, a pu filer un sacré coup de main à Simon Yates. Sommet du Finestre, l’écart était d’environ 1min30 avec le groupe Del Torro, pied de Sestrières quelques kilomètres plus loin c’était presque 4min, merci M. Van Aert la mobylette!

Pour Del Torro, c’est quand même un Giro exceptionnel: grande révélation de la course, meilleur jeune, plusieurs jours en rose, le gars fait presque jeu égal des meilleurs en montagne, bref, de quoi s’assurer, à 21 ans, d’un bel avenir dans le cyclisme pro. On le reverra c’est certain, mais pas sur le Tour de France en juillet. Sage décision d’ailleurs!

Les déceptions

Elles sont quand même nombreuses: Ayuso bien sûr, mais aussi Tiberi qui a sombré en troisième semaine.

Sans parler de Roglic, le poissard du cyclisme.

Et de Pidcock, qui continue de beaucoup parler, mais de ne pas vivre à la hauteur des espérances que lui-même fait naître. Un peu de retenue du coureur anglais serait de mise selon moi. Ineos ne doit pas le regretter.

La suite

Le Dauphiné bien sûr, d’abord et avant tout, toujours une répétition générale de juillet. Et un nouveau match entre Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard.

Puis le Tour de Suisse, plus discret mais excellente préparation aussi à la Grande Boucle.

UAE dans les cordes

Ca se décante sur le Giro!

Très intéressante 16e étape hier où on a pu, peut-être pour la vraie première fois, voir les forces en présence.

Et parmi les forces, sans conteste Simon Yates, Richard Carapaz et… Derek Gee.

On a surtout vu hier la déconfiture des UAE Team Emirates.

Exit Ayuso, largué assez tôt dans l’étape et qui termine loin, très loin, à plus de 14 minutes.

Giro terminé.

Je suis surpris, et ne connait pas son problème.

Del Torro a également montré des signes qu’il est désormais dans les cordes. À 21 ans, quoi de plus normal? Il paye ses efforts, la pression du maillot rose, deux semaines d’usure, trois éléments beaucoup trop lourd pour ses jeunes épaules. Del Torro est en sursis à partir de maintenant, et je ne serais pas surpris de le voir hors du podium à Rome dimanche.

Deux coureurs m’ont fait forte impression hier: Richard Carapaz et… Derek Gee.

Carapaz a pris l’initiative, faisant rouler son équipe tôt dans l’étape; ca envoyait un signal très clair sur ses ambitions. Loin de se défiler, Carapaz a fait exploser le peloton des leaders dans le final, faisant un excellent rapproché au général.

Pour moi, c’est l’homme fort de ce Giro. Il ne cédera pas, et il est le plus fort en montagne.

Simon Yates? Il gère, souvent sur la réserve on dirait. Son frère chez UAE pourra-t-il l’aider maintenant que son équipe UAE joue les accessits? À suivre, mais la dernière – et la seule – victoire dans un grand tour de Simon Yates remonte à la Vuelta… 2018.

L’autre coureur qui impressionne, c’est Derek Gee.

Très intelligent en course, Derek.

Sur l’accélération de Carapaz hier, il ne s’est pas affolé, n’a pas essayé de suivre pour exploser quelques hectomètres plus loin, il a simplement haussé son rythme, s’est installé dans un haut régime et l’a maintenu jusqu’à l’arrivée, question de limiter la casse.

J’aime beaucoup ce que je vois. Un coureur lucide, intelligent en course, et qui gère bien son capital à 5 jours de l’arrivée.

Pas compliqué, le meilleur coureur canadien depuis Bauer et Hesjedal.

Sa game? Simplement continuer de la sorte. Si Del Torro craque, il monte sur le podium. Si Simon Yates craque, il peut être 2e de ce Giro. Et si Carapaz a un moment de faiblesse, qui sait?

Pour Gee, c’est donc la course d’attente qui est la meilleure actuellement: suivre, s’économiser, envoyer la puissance lorsque c’est requis, jouer discret mais toujours présent, et le reste se fera naturellement je pense.

Ca va être un fin de Giro passionnante, surtout lors des 19e et 20e étape.

Demain le Mortirolo? Si le nom seul fait frémir, l’ascension côté Monno est beaucoup plus facile que la classique et redoutable ascension depuis Mazzo Di Valtellina. Pas un stress.

Derek Gee peut-il gagner le Giro?

Alors que nous avons un autre exemple de la « convergence » avec la sortie du Cannondale Synapse orchestrée sur à peu près tous les sites cyclistes « mainstream » donnant dans l’influence, il est temps de penser au Giro qui s’élance ce vendredi depuis l’Albanie.

Ca va être une course passionnante!

Le parcours d’abord, plus ouvert que jamais car moins difficile que souvent.

Un exemple: un seul col de 2000m ou plus à franchir, le Finestre à presque 2200m durant l’avant dernière étape. Le reste des cols, du reste moins fréquents sur la globalité du parcours, culminent souvent à une hauteur autour de 1600m maxi.

Deux chronos, lors de la 2e et la 10e étape, pour un total de 44 km contre-la-montre, gérable. Les deux ont un profil surprenament similaire, avec une petite bosse à franchir à mi-parcours.

Surtout, seulement deux arrivées en altitude, à Tagliacozzo sur la 7e étape et à San Valentino lors de la 16e étape. On a vu Giro nettement plus difficile, notamment cette fameuse édition 1998 remportée par Pantani.

Enfin, plusieurs parlent de la 17e étape via Tonale et le Mortirolo, un nom qui fait frémir. Il faut relativiser: le Mortirolo sera gravi via Mono, sur son côté le plus facile, et de loin. Pour bien connaître l’ascension des deux (voire trois!) côtés, il n’y a rien de comparable depuis Mono au Mortirolo via Mazzo!

Bref, un parcours sans grande difficulté, qui offre beaucoup d’étapes avec un final roulant permettant de revenir éventuellement sur des échappées, et donc un parcours qui favorisera une sélection par l’avant, qui favorisera des coureurs qui prendront des risques pour gagner, et qui disposeront aussi d’une équipe solide pour les épauler. La course pourrait bien sourire aux opportunistes!

Les favoris

Ca donne le tournis tellement ils sont nombreux!

Quatre anciens vainqueurs sont au départ, soit Primoz Roglic, Egan Bernal, Jai Hindley et Richard Carapaz. Assez exceptionnel en soi.

Les quatre peuvent rêver d’un podium voire de s’imposer, tous sauf peut-être Carapaz, ayant rassuré sur leur condition physique au cours des dernières semaines.

Chez RedBull-Bora, Roglic et Hindley sont également épaulés par Daniel Felipe Martinez, un autre prétendant au podium. En cyclisme on le sait, abondance de bien nuit parfois… L’équipe part en tout cas avec des ambitions solides pour le général.

On a très peu vu Roglic en course en 2025, mais il a remporté le difficile Tour de Catalogne. Disons que l’individu sait comment bien se préparer pour une telle course comme le Giro, en espérant que la poisse le laisse tranquille en première semaine…

Egan Bernal dispose aussi d’une solide équipe Ineos, avec notamment Thymen Arensman, 6e du général l’an dernier. À 25 ans, ce dernier pourrait surprendre tout le monde et il vient de terminer 2e du Tour des Alpes. Pour Bernal, c’est l’inconnu, c’est un coureur de classe mais qui n’a pas encore retrouvé tous ses moyens lorsque la course s’emballe et qu’il faut porter l’estocade dans les derniers kilomètres.

Ca sera plus compliqué pour Carapaz car son équipe est moins solide, mais tu ne peux pas exclure un coureur de son talent de la gagne.

Outre ces quatre coureurs, on en compte de nombreux autres qui viseront un podium voire carrément la gagne, pourquoi pas?

Je pense aux Juan Ayuso, Jai Vine, Adam Yates, Antoni Tiberi, Giulio Ciccone, Tom Pidcock, Mikel Landa, Simon Yates, Romain Bardet pourquoi pas et surtout, surtout Derek Gee.

Les UAE Team Emirates font aussi peur que les RedBull-Bora sur le papier, avec outre Ayuso, Adam Yates et Jai Vine, les Rafal Majka, Brendon McNulty et Isaac Del Toro. Ouch. Ils ont de quoi contrôler la course durant trois semaines, et gageons qu’ils sauront s’entendre pour jouer la meilleure carte au bon moment.

Je vois bien Giulio Ciccone faire un grand Giro, il est à maturité et auteur d’un bon début de saison. Solide grimpeur, je pense que dans son cas, c’est en dernière semaine qu’il aura l’occasion de faire la différence, à condition de rester au contact sur les deux chronos.

Le joker de ce Giro, c’est toutefois le Canadien Derek Gee. Révélé sur cette course en 2023, auteur d’un excellent Tour de France l’an dernier (9e du général), bien en vue sur le récent Tour des Alpes, il a confirmé tout son talent sur les courses par étapes et présente la meilleure carte canadienne pour succéder à Ryder Hesjedal, vainqueur du Giro en 2012.

Surtout, je pense que le parcours ne peut pas être meilleur que cela pour un coureur avec les qualités de Gee: dur mais pas trop, deux chronos, des étapes parfois casse-pattes, pas de nombreux cols de plus de 2000m d’altitude, sur papier c’est très bien.

La clef pour Gee sera aussi le travail de son équipe pour l’entourer durant toute l’épreuve. Avec le vétéran Hugo Houle comme capitaine de route, avec l’expérimenté Jakob Fulgsang, avec Simon Clarke, Jan Hirt et Corbin Strong, l’équipe tient la route et n’a pas à rougir face aux autres formations, excepté peut-être RedBull-Bora et UAE, mais c’est un autre budget.

Vivement qu’on entre dans le vif du sujet vendredi!

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