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Les Vosges, reines du Tour 2026!

C’est un Tour de France 2026 assez différent qu’on nous a proposé jeudi matin à Paris.

Ce qui frappe, c’est l’absence de grands rendez-vous susceptibles de faire des écarts, je pense ici à des grandes étapes de montagne avec plusieurs cols, ou des chronos individuels sur des parcours capables de générer des différences.

Deux petits chronos dont un par équipe le premier jour, un retour pour cette « discipline », les chronos sur ce Tour ne feront pas de grandes différences.

Outre le retour du chrono par équipe, toujours spectaculaire, les originalités de ce Tour de France sont l’introduction du Haag, de Sarenne, de l’arrivée au Plateau de Solaison et l’arrivée à Gavarnie-Gèdre dans les Pyrénées lors de la 6e étape.

Pogacar oblige, on veut manifestement, du côté des organisateurs du Tour de France, élargir le bassin de coureurs qui peuvent aspirer à gagner ce Tour de France 2026.

Un parcours taillé pour… Remco Evenepoel? Je ne suis pas loin de le penser!

Chose certaine, LE grand rendez-vous est gardé pour la toute fin du Tour, la veille de l’arrivée, entre Bourg d’Oisans et l’Alpe d’Huez. Une quasi-Marmotte en intégral, avec Croix de Fer, Télégraphe-Galibier, puis l’arrivée à l’Alpe d’Huez mais en escaladant le col de Sarenne, jamais encore monté par les coureurs du Tour.

Un beau col, difficile, où le revêtement a été refait il y a quelques années, et qui pourra générer de beaux écarts à coup sûr. J’y ai pris beaucoup de plaisir sur la Haute Route Alpes 2022.

La veille, les coureurs auront eu à gravir les 21 lacets de l’Alpe d’Huez, en arrivant du col d’Ornon, mais sur une étape très courte pour des coureurs professionnels, 128 kilomètres, ère du temps oblige.

Je continue d’ailleurs d’être frappé par la tendance actuelle à la réduction des distances, une seule étape de plus de 200 bornes sur ce Tour 2026, soit la 13e étape, 205 kilomètres entre Dôle et Belfort, mais avec un beau final, l’ascension du joli Ballon d’Alsace avant la plongée finale.

C’est d’ailleurs les Vosges qui, pour moi, sont à l’honneur sur ce prochain Tour. Outre Dôle-Belfort, la plus belle étape de ce Tour est certainement la 14e entre Mulhouse et le Markstein, via le Grand Ballon, le Page, le Ballon d’Alsace, le Hundsruck et cette ascension du Haag pour rejoindre là-haut le Markstein. Magnifique!

Tous des cols que j’ai eu le plaisir de faire sur l’Alsacienne en juin cette année, avec l’excellente compagnie de mon ami Marc. Je vous avais parlé abondamment de ce Haag, une tuerie, qui fera très mal aux coureurs de ce Tour de France car ils se présenteront au pied avec un bon capital fatigue, vu le menu du jour.

Les derniers 8kms sont sur une piste cyclable, certes assez large, mais souvent en rupture de pente. Le dernier kilomètre avant d’arriver sous le Grand Ballon est terrible!

L’Alsacienne cyclo, pour moi aujourd’hui la plus belle cyclosportive en France, la mieux organisée aussi grâce notamment au travail de mon ami Michel et son équipe hors pair, et qui aura lieu le 28 juin prochain sur des parcours revus à la hausse.

Si vous avez une cyclo à faire en 2026, c’est celle-là. Absolument magnifique et incroyable! Je ne saurais vous la recommander davantage. Plaisir garanti, du début à la fin de votre expérience.

L’Étape du Tour sera par ailleurs costaud, avec le parcours entre Bourg d’Oisans et l’Alpe d’Huez, un parcours qui ne s’improvise pas. Ca sera vraiment très dur dans le final, et à la lumière du nombre de participants, on peut même se poser des questions sur les enjeux potentiels de l’organisation dans la prise en charge des coureurs défaillants dans le final: ils seront nombreux.

Date d’ouverture des inscriptions, le 3 novembre prochain à 14h. Ca sera « sold out » en quelques heures tout au plus.

Pour le Tour de France 2026, on retiendra enfin beaucoup d’étapes roulantes, souvent ponctuées d’une difficulté en cours d’étape comme pour inciter les coureurs téméraires à oser leur chance, question d’ouvrir au maximum la course.

Sur de tels profils, le travail d’équipe sera capital pour quiconque voulant défendre le maillot jaune.

Un mot encore sur les 9e et 10e étapes dans le Massif central, deux étapes piégeuses où tout pourra se passer. De belles étapes (séparées toutefois par un jour de repos), pas un mètre de plat, des parcours usants à souhait.

Et le retour de la rue Lepic sur la dernière étape!

Pogacar intouchable

Je vois mal comment le Tour de Lombardie ce week-end pourrait encore échapper à Tadej Pogacar.

Ce dernier rejoindrait Fausto Coppi dans le livre d’histoire de cette course, avec cinq succès. On pourrait même dire qu’il ferait mieux que le « Campionissimo », car ses cinq succès seraient consécutifs, ce que n’a pas pu faire Coppi.

Pogacar a remporté hier les Tre Valle Varesine – une course que le Québécois David Veilleux a déjà remporté, j’aime le rappeler! – comme s’il s’était payé une sympathique sortie d’entrainement décontractée.

Payez-vous les images! (il s’échappe du groupe à 21,6km de l’arrivée, sur le vidéo c’est à la 55e minute). Pogacar semble simplement passer son relais, il appuie un peu et il prend quelques mètres qui, en fait, ne seront jamais bouchés.

Réalisant le danger, on a un Quinn Simmons qui semble bien appuyer sur les pédales, mais il ne rentre jamais. Écoeuré probablement, l’Américain a dit « basta » et termine 69e, à plus de 5min!

Hallucinant!

L’effort de Pogacar pour s’échapper n’était ni dans une bosse, ni dans un col. Au train, au bas d’une descente, à un endroit très roulant.

C’est vrai que Simmons a manqué de soutien pour rentrer sur le coureur slovène, alors qu’il ne restait plus que quelques longueurs de vélo à boucher.

L’aisance de Pogacar face aux autres est quand même exceptionnelle, nous sommes chez les professionnels.

Belle 2e place d’un jeune de 19 ans que je ne connais pas vraiment, le Danois Albert Withen Philipsen, vainqueur plus tôt cette saison de Paris-Roubaix espoirs.

Alaphilippe 3e, on lui souhaite un bon Tour de Lombardie ce week-end avec son équipe Tudor. Son compatriote Lapeira est 4e, ce qui confirme la bonne fin de saison des AG2R-Decathlon qui seront à surveiller ce week-end en Italie.

Décidément, ce cyclisme moderne est difficile à expliquer… mais le spectacle, lui, demeure d’intérêt et il ne faudra pas manquer ce Tour de Lombardie, la der de der.

Seixas, tout de même!

Magnifique 3e hier aux Championnats d’Europe, le Français Paul Seixas a célébré ses… 19 ans le 24 septembre dernier.

Ouf!

Devant lui, deux noms: Tadej Pogacar et Remco Evenepoel (bis repetitas de Kigali oui).

C’est très simple: ce que Paul Seixas a fait hier est tout à fait exceptionnel. Il s’est battu comme un chiffonnier pour se débarrasser de l’Italien Christian Scaroni dans le final, ce dernier étant pourtant dans la forme de sa vie.

Quel mental de Seixas dans la dernière ascension du Val d’Enfer!!! Je n’ai pas compté combien de fois il a accéléré pour lâcher l’Italien, mais probablement 6-7 fois. Sur les premières accélérations, Scaroni ne lâchait rien – ou très peu – pour revenir dans la roue du Français. Loin de se décourager, ou de céder au défaitisme, Seixas a trouvé la force mentale de se dire « je ré-essaie » à chaque fois.

L’Italien n’a pas cédé facilement: mètre par mètre! Il faut avoir un sacré mental pour faire ce que Seixas a fait hier. Parce que forcément, vient un moment, tu doutes.

C’est pas compliqué, je ne me rappelle pas d’avoir vu chez un coureur français un talent aussi précoce et aussi grand au cours des trois dernières décennies.

Salué voire porté au triomphe partout en France depuis hier, c’est bien mérité. Espérons seulement que Seixas pourra vivre le tout sereinement, la pression pouvant être négative lorsque trop grande pour de jeunes épaules. On ne compte plus les jeunes coureurs qui se sont brûlés les ailes trop vite.

Seixas sera du départ du Tour de Lombardie avec Pogacar et Evenepoel, on aura encore droit à une belle bagarre sur fond de revanche des deux dernières courses, les Mondiaux et les Championnats d’Europe. Ca risque d’être très intéressant pour la dernière grande course de la saison 2025.

Confirmer, Seixas l’a fait hier: rappelons qu’il a remporté en septembre le Tour de l’Avenir, quand même une très belle référence quant on regarde le palmarès de cette épreuve et ce que la plupart des vainqueurs ont réalisé par la suite. Seixas a aussi été 3e du chrono des Championnats de France, et 8e du Dauphiné, à 18 ans.

Pas besoin de « confirmer » donc en Lombardie, juste se faire plaisir en appuyant le plus fort possible sur les pédales.

Pour la suite, je rappelle aussi que Paul Seixas sait également faire du cyclo-cross…

Faudra suivre sa progression la saison prochaine avec grand intérêt.

Un chiffre pour hier: 17 classés, pour 101 au départ… ca témoigne de la difficulté de la course et de la portée de la 3e place de Seixas hier, dont on ne connaît pas les limites.

La revanche de Remco?

C’est rare dans le cyclisme qu’on a droit à un vrai match revanche à une semaine d’intervalle, pour un titre prestigieux dans notre sport.

Dimanche, Remco Evenepoel et son équipe nationale belge auront la chance de faire oublier la journée difficile dimanche dernier sur les Mondiaux de Kigali, et d’aller chercher le titre de champion d’Europe.

De l’autre côté du ring, Tadej Pogacar et son équipe slovène, apparemment Primoz Roglic en moins, pour entrer dans l’histoire et réaliser un doublé inédit, champion du monde et champion d’Europe à une semaine d’intervalle.

Je pense que ces deux coureurs vont se surveiller étroitement, et à ce petit jeu, un troisième larron pourrait bien en profiter.

Et plusieurs jokers pourraient foutre la pagaille, dont un certain Jonas Vingegaard, récent vainqueur d’une Vuelta très perturbée. Le « Vinge » cherchera forcément à exister durant cette course face aux deux autres, à ce niveau l’orgueil est présent. Le Danois est capable de rouler vite, s’il attaquait dans la dernière bosse il pourrait peut-être tenir jusqu’à l’arrivée située à peine six bornes plus loin.

Joao Almeida, Juan Ayuso, Pavel Sivakov, Romain Grégoire, Alberto Bettiol, Mattias Skjelmose et Paul Seixas seront les autres coureurs à surveiller.

Avec plusieurs coureurs en forme, l’équipe de France de Thomas Voeckler a un beau coup à jouer, même en l’absence de Julian Alaphilippe. Il faut y croire.

Rappelons que le tenant du titre, le belge Tim Merlier, n’est pas au départ, pour des raisons évidentes.

Au menu côté parcours, quand même 203 kilomètres de course casse-pattes, avec ce fameux « Val d’Enfer », une bosse de 1,6km à 9,7% de moyenne, ouch. Les coureurs devront se la farcir six fois, dont quatre dans les 100 derniers kilomètres.

Beau temps annoncé et pas trop chaud, de bonnes conditions pour les coureurs.

Mag championne du monde!!!

Dément, c’est dément!

Magdeleine Vallières-Mill, « notre » Mag, est devenue aujourd’hui la championne du monde sur route élite femmes.

Une victoire resplendissante, solo, pleine de maitrise durant toute la course, une course parfaite de Mag, attaquant chaque fois au bon moment et finissant solo. Cela ne faisait aucun doute pour personne voyant live les images: elle était clairement la plus forte aujourd’hui. D’une jambe!

Incroyable. J’ai eu du mal à contenir mes émotions sur ce dernier kilomètre interminable pour nous ses fans.

Cette victoire couronne une fille dédiée, qui travaille fort souvent dans l’ombre, le triomphe de la discipline, du travail, de la constance à l’entrainement, et aussi d’une bonne tête équilibrée, notamment grâce à un entourage sain.

Pour le cyclisme canadien, québécois, pour Sherbrooke, c’est formidable également. Pendant un an, nous aurons le bonheur de voir Mag avec le maillot de championne du monde et ca, ca sera un plaisir sans cesse renouvelé.

Bravo Mag!!!! Respect, et chapeau bien, bien bas!

Le beau dimanche des UAE

Peut-être piqués au vif suite à leur manque de cohésion dans le final du GP de Québec vendredi, les UAE Team Emirates se sont payés un beau dimanche à Montréal, sous le thème « démonstration de force ».

En gros, ils ont tout écrasé, tout maîtrisé, la course a été d’une limpidité hors norme et au final, on se paye même le luxe de pouvoir choisir peinards le vainqueur du jour.

Y’a des images Mapei sur Paris-Roubaix ou Gewiss-Ballan sur la Flèche Wallonne qui me sont revenues…

Quoi vous dire de plus? Tadej a bien fait d’attendre Brandon à la fin de l’avant-dernier tour, il pouvait le faire sans problème et montrer son esprit d’équipe ne fait que renforcer sa place de leader.

Idem pour la gagne, il a bien fait de laisser son coéquipier gagner. Ce dernier avait quand même su rouler plus vite que tous les autres sauf son leader, il était donc méritant.

Mention très bien à Quinn Simmons, un sacré moteur lui mais ca on le savait aussi déjà, qui a maintenu sans faiblir son effort durant tout le dernier tour, préservant ainsi sa place sur le podium. Une belle récompense pour le coureur américain qui rejoignait ainsi son compatriote sur le podium. Pour la petite histoire, c’était une belle journée pour le cyclisme américain hier avec Neilson Powless 4e… donc trois coureurs américains dans les quatre premiers!

Hugo Houle encore premier Canadien à l’arrivée, mention très bien pour une grosse journée de travail, mais loin de la tête de course.

Tous les autres à la trappe, dont Julian Alaphilippe, décroché avant même de voir les deux derniers tours. Aie. Les UAE ont tout fait exploser hier sur le GP de Montréal, ca été un véritable rouleau-compresseur laissant peu de place à une course de mouvement.

Soulignons en terminant la belle perf du Français Louis Barré de Intermarché, remarquable de volonté hier dans l’ascension de la voie Camilien Houde. Il s’est battu comme un chiffonnier pour rester au contact des avions de chasse devant, et termine avec une belle 6e place à l’arrivée.

La grande victoire d’Alaphilippe

Point rageur sur la ligne d’arrivée, cri primal lancé au passage, c’est trois ans de frustration que Julian Alaphilippe a évacué hier en gagnant « signature Alaphilippe » le Grand Prix cycliste de Québec.

Solo. La plus belle façon de gagner qui soit, et celle qu’il a souvent adopté notamment lors de ses deux titres mondiaux.

Beaucoup de panache également, en s’envolant notamment dans la dernière ascension de la côte de la Montagne. Où et quant il le fallait.

Une magnifique victoire, acquise avec les jambes d’abord bien sûr, mais aussi la tête. C’est peut-être là qu’Alaphilippe a gagné hier, sachant s’économiser une fois sorti dans un groupe de contre à près de 80 kilomètres de l’arrivée, car c’était se dévoiler tôt dans le final. Son directeur sportif l’a avisé de demeurer calme et concentré, c’est ce qu’il a fait et ca a payé. Quitte à jouer « quitte ou double ».

D’autres coureurs avec lui dans le contre ont pu être irrités de la non-collaboration du Français. Ce dernier a certainement pu leur servir l’argument du sous-nombre, les Astana étant deux, et de la présence d’un UAE Team Emirates, qui préparait certainement le terrain pour Tadej. Du coup, ce n’était pas à Alaphilippe de rouler, car il n’avait pas de stress à voir l’entreprise échouer.

Avec cette victoire, Alaphilippe relance sa carrière en quelque sorte, venant de prouver aux yeux du (petit) monde WorldTour qu’il peut encore gagner des courses de ce niveau, devant des pointures comme Pogacar et Van Aert. Bettiol hier en avait visiblement sous la pédale, et c’est donc un excellent Alaf qui a dû se mobiliser pour la gagne. Il sera logiquement un favori des Mondiaux au Rwanda fin septembre et c’est tant mieux.

UAE la désorganisation

Pour le reste, scénario très classique sur ce GP de Québec: une échappée matinale avec deux excellents coureurs canadiens (Philippe Jacob et Félix Bouchard) qui sont allés loin dans la course, et loin dans la souffrance, le peloton qui met en route après la mi-course, et un final explosif dans les trois derniers tours, notamment sous l’impulsion d’un excellent Tim Wellens, à l’ouvrage pour préparer le terrain pour Tadej.

C’est dans les deux derniers tours que je n’ai pas compris la stratégie de l’équipe UAE: après l’attaque de Tadej dans l’avant-dernière ascension de la côte de la Montagne, ce dernier voulait visiblement remonter dans l’échappée Alaf devant.

Pourquoi ne pas avoir demandé à Sivakov – présent devant – d’aller chercher Pogi derrière? À un moment, moins de 20 secondes séparaient les deux groupes!

Plus encore, le manque de cohésion entre Pogi et son coéquipier Brandon McNulty présent lui-aussi dans son groupe m’a laissé dubitatif: pourquoi? En travaillant tous les deux sur le boul. Champlain avant la dernière ascension de la côte de la Montagne, ca pouvait probablement rentrer sur le groupe Alaf, et là on aurait peut-être eu une toute autre course. Voir à trois si Sivakov s’était retourné pour aller chercher ses deux coéquipiers.

Sinon, les Visma ont semblé débordé dans ce dernier tour, pris à contre-temps et sans pouvoir réellement s’exprimer. Les sprinters Arnaud deLie et Michael Matthews étaient également trop isolés pour pouvoir faire quelque chose.

Les Canadiens: mention très bien!

Très belle course des coureurs de l’équipe canadienne hier, même si c’est Hugo Houle qui arrive premier Canadien à l’arrivée.

Philippe Jacob et Félix Bouchard ont longtemps résisté dans l’échappée devant, il fallait voir leur rictus dans la côte de la Montagne à quelques tours de la fin pour comprendre toute leur motivation du jour. Beau à voir!

Surtout, mention très bien à Jérome Gauthier qui est allé au bout de la course, étant officiellement classé. 18 ascensions de la côte de la Montagne tout en roulant souvent très vite sur le reste des 12 kilomètres au tour, fallait l’encaisser hier.

Ca faisait plaisir à entendre: la foule était sensiblement plus bruyante au passage des coureurs canadiens, même sur les trois derniers tours alors que plusieurs étaient lâchés.

La photo de la victoire d’Alaf est signée Grégoire Crevier, un ami.

Le vidéo de la course est ici.

GP cyclistes: Pogacar l’épouvantail

Un seul et unique archi-favori pour les Grands Prix cyclistes de Québec et Montréal, Tadej Pogacar.

Il aura la pancarte dans le dos.

Pour plusieurs raisons.

D’abord, il est déjà un double vainqueur du GP de Montréal, preuve qu’il sait bien maitriser cette course particulière, avec la voie Camilien Houde à gravir de nombreuses fois. Surtout, il sait contrôler ses nerfs, sachant que son équipe est solide et que la course est longue à Montréal.

Ensuite, parce qu’il n’a jamais réalisé le doublé, et ca devient agaçant à la fin. C’est pour cela que je pense qu’il faudra le surveiller de près à Québec ce vendredi, Pogi est un orgueilleux qui voudra laisser sa marque.

Enfin, parce qu’il prépare les Mondiaux du Rwanda, et qu’il est le champion du monde en titre. Ca donne des responsabilités. Les deux courses en sol québécois sont une occasion de se tester sur des parcours moins longs et moins difficiles que celui des Mondiaux.

Pogi s’amène au Québec avec une belle armada à son service: McNulty, Narvaes, Adam Yates, Sivakov, Wellens, Politts capable d’abattre un boulot incroyable pour contrôler une échappée, bref, les UAE Team Emirates ne sont pas venus pour faire de la figuration.

Les autres

Outre Pogi, y’a quand même du beau monde au départ, capable de faire mordre la poussière aux UAE, surtout à Québec.

Wout Van Aert, bien évidemment. Son accélération dans Montmartre alors qu’il a lâché « à la pédale » Pogi lors de la dernière étape du Tour de France en juillet dernier nous est tous restée en mémoire. Pourquoi ne pas refaire le coup dans la côte de la Montagne à Québec lors du dernier tour? Il débarque lui-aussi avec une belle équipe Visma, et notamment Simon Yates vainqueur du Giro rappelons-le. Il sera intéressant de suivre la jeune sensation norvégienne Jorgen Nordhagen, un champion du monde de… ski de fond!

Michael Matthews, toujours lui, est de retour, bien épaulé chez Jayco-AlUla. Il sait se faire oublier, M. Matthews, pour ne surgir qu’au bon moment. Il a déjà réalisé, lui, le doublé sur les GP cyclistes de Québec et Montréal, c’est le spécialiste.

Je mets quelques sous sur Julian Alaphilippe, dont le parcours de Québec lui convient à merveille. Une victoire vendredi du coureur français si populaire serait un baume sur une saison très respectable, mais sans grande victoire à ce jour. Son punch pourra lui servir à merveille dans la bosse.

Attention également à Quinn Simmons chez Lidl-Trek, très remuant et volontaire sur le Tour et dans un bon jour, d’une énergie inépuisable. Son coéquipier Mattias Skjelmose sera également à garder à l’oeil.

Arnaud de Lie a son équipe Lotto à son service, mais saura-t-il rester au contact dans les deux dernières ascensions de la côte de la Montagne et jusqu’à la ligne pour faire le sprint? Et si oui, dans quel état? Nul doute qu’ils seront nombreux dans le peloton à ne pas vouloir lui laisser la moindre chance de se pointer aux 400m.

Idem pour Biniam Girmay, que je vois mieux placé que De Lie ce vendredi. Pour dimanche, vous oubliez ca!

Beaucoup d’autres coureurs pourront surprendre à Québec, une course toujours plus imprévisible que celle de Montréal. On pense aux Oscar Onley, Florian Lipowitz, Pello Bilbao, Matej Mohoric, Fred Wright, Nelson Powless, Alberto Bettiol, Einer Rubio, ou encore aux frères Johannessen et Jonas Abrahamsen.

Dix coureurs canadiens au départ, dont Hugo Houle, Guillaume Boivin chez Israel-Premier Tech et Michael Leonard chez Ineos. Pour ceux évoluant sous le maillot de l’équipe du Canada, on est essentiellement là pour se faire voir, et prendre de l’expérience à ce niveau de compétition. Le jeune Philippe Jacob, vainqueur des Mardis cyclistes de Lachine, ainsi que Félix Hamel, seront ceux à surveiller pour se distinguer.

Non, pas de Mike Woods. Il sera possiblement de l’effectif Israel-Premier Tech sur le GP de Montréal dimanche prochain.

Une grande victoire canadienne!

Trois victoires d’étape.

Le général.

Les pois.

Le classement de la meilleure jeune.

Presque deux minutes d’avance sur la 2e.

C’est le bilan remarquable de la jeune (20 ans!) canadienne Isabella Holmgren sur le récent Tour de l’Avenir féminin.

Remarquable, et quasiment passé inaperçu ici au Canada, une honte selon moi et qui témoigne à quel point le sport cycliste est encore à la traine en Amérique du Nord. Il y a quand même eu ce court article de Radio-Canada le 29 août dernier.

C’est la première fois qu’un(e) coureur(e) canadien(ienne) s’impose sur le Tour de l’Avenir, aussi parfois surnommé le « petit » Tour de France pour les jeunes coureurs(es). Pour la petite histoire, le Québécois David Boily était passé bien près de remporter l’épreuve en 2011, alors qu’il avait terminé 2e derrière un certain Esteban Chaves, perdant son maillot jaune le tout dernier jour de course. Ce Tour de l’Avenir comportait des coureurs comme Warren Barguil, Mattia Cattaneo, Rohan Dennis, Tom Dumoulin, Romain Bardet, Simon Yates, tous devenus d’excellents professionnels et qui en dit long sur la perf de David cette année-là.

Chez les hommes cette année, c’est la pépite française de 18 ans, Paul Seixas, qui s’est imposé de belle manière, forgeant, comme Holmgren, sa victoire en montagne. Holmgren comme Seixas ont d’ailleurs remporté l’étape chrono vers La Rosière, et se sont imposés à la fois au général comme au classement du meilleur jeune.

Rappelons qu’Isabella Holmgren est probablement LA pépite du cyclisme canadien actuellement, hommes et femmes confondus. Elle et sa soeur jumelle Ava disposent manifestement de dispositions physiques hors norme, et leur succès en cyclo-cross et en vélo de montagne (Mtb) apportent une preuve incontestable de cela.

Isabella a en effet été championne du monde de cyclo-cross et de Mtb chez les juniors en 2024, un rare exploit. Elle court désormais chez les espoirs et sa soeur Ava est d’ailleurs actuellement championne canadienne du chrono dans cette catégorie. Toutes deux font partie de la formation Lidl-Trek.

La relève du cyclisme canadien est là, pas l’ombre d’un doute là-dessus.

Avec, en réserve, une autre jeune femme dont vous entendrez beaucoup parler d’ici peu: Raphaëlle Carrier, du Lac Beauport près de Québec. Elle aussi polyvalente puisque active sur route, en cyclo-cross, en gravel et en Mtb, elle gagne régulièrement en Europe chez les juniors et a été 2e des Mondiaux de Mtb en 2024, toujours chez les juniors. Elle aussi dispose sans conteste de qualités physiques certaines, lui permettant de se démarquer naturellement du lot.

Ces trois jeunes femmes seront au plus haut niveau d’ici quelques années, ca j’en suis sûr. Ca fera aussi du bien au cyclisme canadien qui, avec les retraites prochaines de Mike Woods et Hugo Houle, en aura bien besoin.

Magistral Wout!

Quelle fin de Tour hier dans Paris!

Spectaculaires, les images donnaient la chair de poule au passage des coureurs dans la montée de la rue Lepic. On sentait l’énergie de la foule même à la télé.

Et quelle course, et quel vainqueur!

Wout Van Aert s’est offert hier sans vergogne un certain Tadej Pogacar, lâché « à la pédale » dans la dernière ascension de la Butte Montmartre.

Je ne connais pas beaucoup de coureurs pro qui peuvent dire qu’ils ont lâché le cador slovène à la régulière. Wout l’a fait, pour signer là un très beau succès personnel, et finir avec une belle touche le Tour des Visma-Lease a Bike, souvent en manque de réussite sur ce Tour.

Je n’ose imaginer les watts qu’a dû sortir Van Aert pour décrocher Pogacar hier, ca devait être monstrueux.

Surtout, Wout a bien manoeuvré tactiquement, laissant les autres – dont Tadej – se dévoiler sur les premiers tours. Wout a été patient, pour ne porter qu’une seule attaque, la bonne, et c’était plié. Très bien joué sur le plan tactique selon moi.

Après avoir décroché tout le monde, il ne lui restait plus qu’à faire ce qu’il sait très bien faire, rouler à fond, pour rallier la ligne.

Gagner en solo sur les Champs Élysées, peu de coureurs ont accompli cet exploit dans l’histoire du vélo.

Grandiose Van Aert, et après les derniers mois souvent frustrant pour lui, c’est une victoire qui en vaut 10. Il sera intéressant de voir la suite de sa saison.

Ennuyeux, ce Tour?

À l’heure du bilan, un petit parfum d’ennui se dégage de ce Tour de France.

Pogacar a rapidement prouvé qu’il était intouchable, dès le premier chrono en fait, et a assumé la course dans les Pyrénées. Après, c’était plié et même Tadej Pogacar lui-même a semblé s’emmerder sur cette épreuve, montrant des signes de lassitude et de vouloir « en finir au plus vite » dans les dernières étapes.

Je reste convaincu qu’il pouvait gagner plus, le Ventoux notamment, comme l’étape de La Plagne. Mais ca devenait peut-être gênant pour lui et son équipe…

Je suppose que ce matin, les organisateurs du Tour se posent la question: comment proposer un parcours qui permette de conserver le suspense avec un tel coureur au départ?!

Incompréhensible

Si quelqu’un peut m’expliquer le final (5 derniers kms) hier vers La Plagne pour Vinge et Pogi, je suis preneur parce que là, je ne comprends pas.

Le Tour du Tour (2)

1 – Alors que l’étape du jour se termine à La Plagne, comment ne pas commencer ce Tour du Tour par une pensée pour Laurent Fignon, grand champion aujourd’hui malheureusement disparu (prématurément) et double vainqueur dans cette station de ski, en 1984 et 1987.

Cheveux blonds au vent, vélo moderne par ses couleurs et ses câbles de frein intégrés au guidon, une première en 1984, Fignon avait survolé de sa classe le Tour 1984, et m’a permis de sceller, à 13 ans, ma passion du cyclisme qui, encore aujourd’hui, ne me quitte pas.

2 – 5000m de dénivelé. On a entendu quelques coureurs du Tour déclarer hier à l’arrivée du côté du col de la Loze qu’ils avaient connu là la plus grosse étape de leur vie, avec plus de 5000m de dénivelé. Glandon, Madeleine puis une arrivée au sommet est pourtant un « classique » du Tour, proposé à de nombreuses reprises. En 1984, l’étape de La Plagne proposait Galibier, Madeleine, et l’ascension finale, beau programme!

3 – Plié. Le Tour est plié, Pogacar est intouchable, on se focalise sur la bataille pour la 3e marche du podium entre Lipowitz, Onley et, pourquoi pas, Roglic qui semble retrouver de très bonnes jambes en cette 3e semaine.

Pour les autres courses, 22 secondes d’écart entre Lipowiz et Onley pour le maillot blanc! Pour les pois, Pogacar semble avoir fait le plus dur par rapport à Lenny Martinez, sans vraiment le vouloir bien sûr. Pour le vert, Pogi talonne aussi Jonathan Milan, mais ne cherche pas à le devancer. C’est probablement plié pour Milan.

On s’ennuierait un peu sur ce Tour qu’on ne serait pas surpris. Et c’est ce que je vous avais dit dès la sortie du parcours en octobre dernier.

4 – À ne pas manquer, ce très beau reportage sur Françoise Deneckere, chef de cuisine pour l’équipe Arkea B&B Hôtel qui, à 67 ans, continue son travail auprès des coureurs, entre 5h du mat’ et 23h le soir. Vraiment passionnant!

5 – Après la betterave, la cerise, question d’avoir la pèche. C’est du jus de cerise que boivent de nombreux coureurs à l’arrivée des étapes, les facultés de ce jus de fruit étant prisée pour la récupération, notamment au niveau des antioxydants.

N’allez pourtant pas croire que c’est le jus de cerise qui fait avancer à 30 km/h dans les pentes à 11%… Ce qui sera intéressant, c’est de voir l’évolution à court terme du prix du jus de cerise!

6 – Rue Le Pic. C’est dimanche du côté de Montmartre, et on se demande tous si on revivra l’ambiance de la course sur route des JO de Paris l’an dernier. Ca sera en tout cas intéressant!

7 – Champs Élysées. Utilisés pour l’arrivée du Tour depuis 1975, il est possible que le Tour change sa tradition dans les prochaines années pour prévoir des arrivées ailleurs en France. À suivre, mais le succès de l’arrivée à Nice l’an dernier a donné des idées. Bordeaux, Lyon, Marseille, pourquoi pas? Mais pas Pau, svp!

8 – Tour de France des femmes. Ca démarre ce samedi, pour une grosse semaine de course (9 étapes) qui prolonge notre plaisir. Niewiadoma, Wollering, Music, Pieterse, Kopecky, Vos, Ferrand-Prevost, Wiebes, Reüsser, Longo Borghini, Balsamo, le plateau est relevé et la course devrait être passionnante. Cinq canadiennes au départ, dont Magdeleine Vallières-Mill chez EF Education-Oatly. Go Mag!

9 – Politique. C’est vrai qu’on ne voyait pas ça dans le vélo dans le passé: des pays qui soutiennent des équipes afin de refaire leur image internationale. Astana (Kazakhstan), Bahrein, Israel, Émirats arabes unis, d’autres pourraient suivre. Sans compter les loteries nationales, Fdj et Lotto par exemple.

10 – 27 secondes. C’est ce qui a manqué à Pogi pour aller chercher le record de la montée d’Hautacam établi par… Bjarne Riis – M. 60% – sur le Tour 1996. Y’a pas à dire, derrière le spectacle, les watts sont stupéfiants.

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