Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Auteur/autrice : Laurent Page 6 of 350

Marc Madiot

J’ai beaucoup aimé ces deux entrevues (une série) tournées récemment avec Marc Madiot.

Parce que ca rebranche aussi avec le cyclisme d’hier, tout en étant de façon réaliste dans le cyclisme d’aujourd’hui. Marc Madiot, c’est ca.

Gino Mäder (1997-2023)

FQSC: une très belle initiative

C’est une très belle initiative de la Fédération Québécoise des Sports Cyclistes: la Campagne de sensibilisation sur l’intégrité et la sécurité dans les sports cyclistes.

Hier, la Fédé a diffusé la troisième capsule qui porte sur le sujet du dopage dans le cyclisme. Les témoignages vidéo de William Goodfellow et Christiane Ayotte sont saisissants, et c’est à ne pas manquer.

Deux capsules ont été diffusées précédemment, la première sur les différences formes de violence, la deuxième sur les troubles alimentaires.

Alors que Louis Barbeau vient d’envoyer par courriel à tous les coureurs maitres un formulaire de sensibilisation sur le dopage à compléter au plus tard le 22 juin prochain, alors que le Tour de Beauce s’est élancé tout récemment, alors que se profile la Grande Messe de juillet sur les routes de France et que la saison de course sur route bat son plein au Québec, le moment est opportun pour chacun d’entre nous de prendre quelques minutes et de (re)penser à notre éthique sportive.

Et surtout de rejeter l’éthique sportive de ceux qui pensent que « tous les cyclistes sont dopés« , ou que l’on triche « seulement si on est le seul à le faire« .

Dans la capsule vidéo, William apporte un élément qui résonne chez moi: l’acceptation de soi.

Il y a quand même une façon d’avoir de la performance avec l’acceptation de soi.

william goodfellow

La non-acceptation de soi, de son niveau physique, peut en effet être un élément menant facilement au dopage.

Personnellement, j’aurais aimé être un champion cycliste mais je n’ai pas tiré le gros lot à la loterie génétique. Et j’ai rapidement compris que la plus grande satisfaction qui soit n’est pas de battre les autres, mais bien de se battre soi-même.

Aujourd’hui, je lutte le plus souvent contre mes propres KOM, en privé; rien ne me fait plus plaisir que de rouler plus vite aujourd’hui, à 50 balais passés, qu’à 30 ou 40 ans. Évidemment, aussi propre aujourd’hui qu’il y a 10, 20 ou 30 ans.

Alors que les cas de dopage sont quasi-inexistants en World Tour depuis plusieurs années (voir ici le récent article de notre ami Marc Kluszczynski sur le sujet) alors même que les vitesses n’ont jamais été aussi élevées dans les cols, ce rappel de la FQSC n’est pas inutile, loin s’en faut. Car il nous rappelle aussi qu’à la base, la lutte contre le dopage est une affaire d’éducation, de sensibilisation, et de bon encadrement dès les premiers coups de pédale.

Et pendant ce temps, Cyclisme Canada…

Le Tour de l’actualité

Ca fait un moment!

1 – Dauphiné. Journée danoise hier avec la victoire de Mikkel Bjerg chez UAE, une équipe qui place trois coureurs parmi les 10 premières place de ce chrono difficile. UAE sera au (grand) rendez-vous de juillet.

Jonas Vingegaard rassure tout son monde en terminant 2e, et devient logiquement le principal favori pour la victoire finale dimanche sur ce Dauphiné.

L’opposition viendra des Wright, O’Connor, Martinez, Hindley et surtout d’Adam Yates, généralement à l’aise en montagne. L’arrivée samedi en haut du Col de la Croix de Fer en Maurienne sera évidemment très intéressante.

2 – Julian « donner le maximum » Alaphilippe. Le champion français a remporté la 2e étape de ce Dauphiné, et on a clairement senti une libération de sa part, après de nombreux mois de galère pour revenir à son meilleur niveau après ses chutes en 2022.

Auteur d’un bon chrono hier, Alaphilippe va bien, ca ne fait aucun doute, et surtout, ca fait plaisir de retrouver pareil puncheur et attaquant.

Reste à savoir pour quelle équipe il courra en 2024. S’il a encore un an de contrat chez Soudal-Quick Step, la pression appliquée par Patrick Lefevere au cours des derniers mois aura certainement laissé des traces chez Olaf Polak. Plusieurs équipes françaises voyant des marges budgétaires s’ouvrir grâce à la retraite de coureurs comme Peter Sagan (Direct Énergies) ou Greg Van Avermaet (AG2R-Citroen), je ne serais pas surpris de voir Alaphilippe changer d’équipe l’an prochain.

3 – Pogacar. Le Slovène a repris l’entrainement depuis un petit moment déjà, après sa fracture au poignet. Il alterne séances de home-trainer et sorties sur route plus tranquilles.

Pogo est embarqué dans un contre-la-montre d’ici le départ du Tour, dans trois semaines. Personnellement, je ne suis pas inquiet pour lui! Il a notamment la jeunesse de son côté.

4 – Netflix Unchained. La série en huit épisodes dont le premier sort aujourd’hui racontera les aventures de plusieurs équipes de premier plan sur le Tour de France 2022. À ne pas manquer !

5 – The last rider. L’histoire d’un des meilleurs « come-back » du sport cycliste sur le Tour de France, celui de Greg Lemond après son accident de chasse en 1987. Ca sort le 23 juin. À ne pas manquer aussi !

6 – Derek Gee. Le meilleur coureur canadien en attendant de voir – on l’espère – Mike Woods, Hugo Houle et Guillaume Boivin sur le prochain Tour de France, a signé un contrat de… 5 ans, jusqu’en 2028, avec son équipe Israel-Premier Tech.

C’est dire si du côté d’Israel – Premier Tech on a été satisfait du travail de Gee sur le récent Giro, et qu’on a confiance en son avenir.

Il est vrai qu’il a été très impressionnant! Ayant suivi toutes les étapes en direct, j’étais soufflé de le découvrir encore dans l’échappée les matins en ouvrant ma tablette. Il est passé tout près d’une victoire d’étape à plusieurs reprises, et était encore en tête de course à deux kilomètres de l’arrivée au Tre Cime de Lavaredo. Chapeau bien bas pour le jeune coureur de la région d’Ottawa.

7 – David Veilleux. On ne l’oublie pas, en effet. Un gars bien, vraiment.

Peu d’audace pour le Campagnolo Super Record 2024

Lancé la semaine dernière, le nouveau et attendu groupe Campagnolo Super Record 2024 fait du rattrapage par rapport à la concurrence.

Rien de magistralement nouveau selon moi, on s’aligne en gros sur ce qui existe déjà ailleurs: groupe sans fil, batterie des dérailleurs avant et arrière amovible, 12 vitesses, freins à disque uniquement et manettes de frein plus ressemblantes à la concurrence (exit le bouton interne).

Pour beaucoup de clients potentiels, l’intérêt réside ailleurs.

D’abord et avant tout, le prestige de la marque Campagnolo, qu’on peut comparer à Ferrari dans un autre registre. Campagnolo a fait, et continue de faire, l’histoire du cyclisme depuis presque 100 ans.

Ensuite, par la qualité esthétique de ses groupes, toujours soignés et tout simplement beaux.

Enfin pour la capacité d’innovation et la maitrise technique. Inventeur des déblocages rapides et du dérailleur, Campagnolo a souvent innové, encore récemment notamment sur les roues. Et le contrôle de qualité ainsi que la durabilité de ses produits sont légendaires. Quand Campagnolo commercialise un nouveau produit, c’est qu’il est au point, fiable et durable.

L’innovation, sur ce nouveau groupe Super Record, on la retrouve au niveau de l’offre des plateaux du pédalier selon moi, bien plus que sur la rapidité du changement de vitesse, apparemment améliorée.

Exit en effet les traditionnels 53-39 et 52-36, il ne reste que le 50-34 comme plus gros développement. À noter cependant que pour les coureurs pro, des combinaisons plus « classiques » (je suppose le 53-39 justement) pourraient être rendues disponibles dans l’avenir, je suppose le temps que Campagnolo teste leur fiabilité lors des changements de vitesse, notamment avec ce nouveau pignon de 10 dents.

Au 50-34, on ajoute deux combinaisons surprenantes, soit le 48-32 ainsi que le… 45-29. Vous avez bien lu, 45-29!

Raison évoquée, le poids. Il faut bien tenter de compenser quelque part pour les grammes ajoutés que sont les batteries et les freins à disque!

Et avec trois offres de cassettes au départ 10 dents (10-25, 10-27 et 10-29), plus besoin d’aller au delà d’un plateau de 50, apparemment. C’est vrai que le 50-10 est plus « gros » que le 53-11.

Avec le 45-29 et la cassette 10-29, Campagnolo offre donc un rapport de 1:1 sur son groupe haut de gamme, soit le développement 29-29. On rivalise d’ingéniosité pour dégoter des montées toujours plus difficiles dans le vélo, cette année sur le Giro c’était le Monte Lussari. Les amateurs veulent eux-aussi s’y attaquer… et trouveront dans ce rapport 1:1 de quoi les monter plus agréablement.

J’ai également calculé l’étagement des nouvelles combinaisons disponibles sur la base de mon article de 2020 sur les braquets et je dois dire objectivement que Campagnolo fait mieux cette fois: les dédoublements de développements sont moins fréquents avec les nouveaux choix.

Toutes les combinaisons de pédalier avec les cassettes 10-27 et 10-29 n’offrent au maximum qu’un seul dédoublement de braquet, bien joué.

Avec la cassette 10-25, c’est le 48-32 qui est le plus « rentable » dans ce registre.

Notons que la cassette 10-27 offre un pignon de 24 dents et la cassette 10-29 des pignons 18, 20 et 26, moins fréquents. On a visiblement songé aux meilleures combinaisons chez Campagnolo cette fois-ci et c’est tant mieux.

En conclusion, ce nouveau groupe Super Record me semble joli, léger, bien fait, et on peut être sûr parce que c’est Campagnolo, fiable. Les amateurs de la marque y trouveront leur compte, et ceux qui sont moins friands de la compagnie italienne trouveront certainement matière à critique, notamment du côté de l’absence d’innovation significative qui aurait pu distinguer davantage le nouveau groupe de la concurrence, et du côté du prix bien sûr.

Si vous demandez le prix d’ailleurs, c’est que vous ne pouvez pas vous le permettre! Quant on aime, on ne compte pas…

Deux légendes du cyclisme québécois au premier critérium de la série GFT 2023

Soir de première hier à Drummondville.

La « bataille de la 55 » est lancée!!

Et déjà, quatre équipes majeures au Québec qui se sont tirées la bourre toute la soirée, pour placer chacune un homme aux 4 premières places.

La victoire au sprint au sein d’une échappée de cinq coureurs partie à mi-course est revenue à Hendrik Pineda de l’équipe Cannondale-Échelon. Hendrik est reparti avec le maillot jaune de leader du classement général (une commandite de Castelli et l’Agence Marco Daigle) et aura à le défendre jeudi soir prochain à Sherbrooke lors de la 2e manche (message subliminal à mon ami Alain Cadorette…).

L’équipe sherbrookoise Siboire-GFT s’est aussi positionnée au général avec la belle 2e place de Maxime Turcotte, très volontaire durant toute la course, et très bien appuyé par ses co-équipiers qui ont parfaitement joué la course d’équipe.

Les 3e et 4e places sont revenues à Mathieu Gabriel (Premier Tech Endo Lévis) et Mathias Letendre (Studio Vélo), eux aussi présents avec des co-équipiers. La course tactique par équipe hier était belle à voir!!

Ces quatre équipes se retrouveront j’en suis sûr sur les 7 prochains critériums pour se disputer les bourses de 200$ à chaque course, puis de 600$ (classement général individuel) et de 800$ (classement général par équipe) au terme de la série.

Erratum!

Les résultats et photos du podium étaient basés sur des résultats provisoires. Après une compilation minutieuse des résultats à l’arrivée mais aussi des sprints intermédiaires, il appert que c’est… Mathieu Gabriel, de l’équipe Premier Tech, qui porte le maillot jaune de leader. Maxime Turcotte est deuxième.

La nouvelle photo est ici, ci-bas !! (merci Jonathan et photoshop!)

Yves Landry et Jules Béland, ambassadeurs de marque

L’excellente soirée d’hier a été rehaussée par la présence de nombreuses personnalités, dont notamment les parents d’Hugo Houle, qui soutient la série (le vidéo très récent d’Hugo est disponible sur la page Facebook du Siboire-GFT). L’infatiguable André Lamarche, grand organisateur d’événements cyclistes s’il en est, était ravi, surtout en présence de sa fille Caroline. Well done André!

Le départ de la course Open a également pu être donné en présence de deux légendes du cyclisme québécois, Yves Landry et Jules Béland (sur la photo ci-bas avec Rudy Landry, fils de Yves et commanditaire principal de la série avec sa compagnie GFT), tous deux membres du Temple de la renommée du cyclisme québécois et membre de l’équipe canadienne ayant pris part à la course sur route et au 100km contre-la-montre par équipe des Jeux Olympiques de Mexico.

Les gars sont en shape, je peux vous le confirmer! Jules avait fait 110 bornes la veille (à 75 ans!), et s’en désolait: il avait prévu faire 150 kms, mais les contraintes de temps l’ont obligé à écourter…

Ca été pour moi l’occasion d’une petite entrevue afin de revenir sur leurs carrières exceptionnelles.

LFR: Yves, Jules, adversaires à une époque, amis aujourd’hui?

Yves Landry: certainement Laurent! Ca me fait toujours plaisir de revoir Jules et de le voir impliqué dans le cyclisme comme il le fait.

Jules Béland: On ne s’est pas fait de cadeaux à une époque, mais la compétition c’est ca. On avait bien des points communs par ailleurs. Yves était toujours aux avants-postes des courses, dans les 3-4 premiers, et moi je ne lâchais jamais le morceau facilement!

LFR: Yves, on te surnommait « L’impérial grimpeur »…

Jules: Je coupe Yves pour te confirmer Laurent qu’il était tout un grimpeur. Mettons que ca paraissait qu’il venait de Québec!

Yves: Mais zéro sprinter par contre. J’ai seulement gagné deux courses au sprint dans ma vie, c’est tout. Je gagnais toujours tout seul, en solo.

LFR: et toi Jules?

Jules: moi, j’étais plus rouleur.

Yves: Jules, sur les circuits fermés, c’était toujours pareil: il partait fort, puis il prenait un tour sur tout le monde! Moi, ca me prenait plus de temps pour partir, et quand j’étais à 100%, souvent il était trop tard pour que je rattrape Jules devant.

Jules: je m’échappais souvent après un premier sprint intermédiaire, je ne me relevais pas.

LFR: Fin des années 1960, on lit qu’il y avait souvent 10, voire 15 000 spectateurs aux courses. Vraiment?

Yves: Oui, c’était ca Laurent. Surtout sur les critériums, les courses sur circuit. On voyait souvent 3, 4 rangées de spectateurs sur le bord de la route, notamment à l’Omnium Cornelli, beaucoup d’Italiens. L’ambiance était folle.

Jules: C’était des grosses courses oui, notamment la Madona di Pompei, le GP de St-Leonard, etc. Ca donnait de l’énergie.

LFR: Et le peloton était relevé, avec notamment Marinoni, Battelo (en 1966), Mecco, Tremblay, etc.

Yves: Oui Laurent, on bataillait fort. Giusseppe Marinoni arrivait d’Italie, il était un des hommes à battre et un dur à cuire. Des coureurs ontariens ou américains venaient même courir au Québec parce que la compétition était plus forte ici.

LFR: Il y avait en tout cas beaucoup de courses par étape à l’époque : Tour de la Nouvelle-France, Tour du lac St-Jean, GP cycliste Labatt de Chambord, etc.

Jules: Oui, il y en avait beaucoup, c’était une autre époque. Je suppose que c’était plus facile d’organiser des courses par étape à l’époque qu’aujourd’hui.

LFR: Vous abandonnez tous les deux Montréal-Québec 1968, l’année de votre sélection aux Jeux Olympiques. Que s’est-il passé?

Jules: J’étais devant! J’étais sûr de gagner, j’avais une belle avance sauf que j’avais mis de la nouvelle poudre énergétique dans mes bidons et pas très loin de l’arrivée, j’ai eu des gros problèmes intestinaux. Je t’épargne les détails! Ma pire galère sur un vélo.

Yves: On arrivait aussi de notre camp d’entrainement en altitude à Font Romeu en France et moi, surprise, je marchais pas du tout sur ce Montréal-Québec, j’ai carrément manqué d’énergie à la fin de la course. Ca donnait rien d’insister compte tenu des gros objectifs qui arrivaient.

LFR: Font Romeu en altitude?

Yves: Oui, car les Olympiques à Mexico faisaient peur à tout le monde à cause de l’altitude. Personne ne connaissait vraiment les liens entre entrainement, compétition et altitude, on entendait toute sorte d’affaire dont rien de moins que des risques de décès. Alors on est allé à Font Romeu pour se préparer, mais on ne connaissait pas vraiment comment faire. On a monté et descendu des cols pendant des jours, et on dormait là-haut, c’est à peu près ca.

LFR: Comment s’est passé votre 100kms contre-la-montre par équipe?

Jules: Je m’en rappelle, ca s’est mal passé! Rapidement, Yves et moi nous sommes retrouvés juste tous les deux, nos deux autres coéquipiers incapables de suivre notre rythme. On a terminé ensemble Yves et moi, mais l’équipe canadienne n’a pas bien fait car le troisième homme sur lequel était pris le temps de l’équipe était loin derrière nous. Un moment à oublier.

LFR: Et un beau moment de votre carrière?

Yves: Probablement les Jeux Panaméricains à Winnipeg en 1967, parce que je termine 6e, Jules 9e, pis on avait aidé notre coéquipier Marcel Roy qui a gagné la course. Trois québécois dans les 10 premiers ce jour-là!

Jules: Oui, bien fier de cela, et pour la joke ils m’ont envoyé la bourse d’Yves pour la 6e place, et Yves a reçu la mienne pour la 9e place… on a réglé ca après!

LFR: Comment étaient équipés vos vélos côté braquets et roues?

Yves: On roulait avec des boyaux bien sûr, et on avait 52-44 à l’avant bien souvent, parfois 53-44, et cinq pignons à l’arrière, du 13-17 et en montagne du 13-23, c’est tout. On montait tout, notamment les côtes de Charlevoix, sur 44-23. Les cadres étaient des tubes Reynolds, en acier. Mon premier cadre est venu d’Italie, 215$ transport inclus pour un cadre de course!

LFR: Messieurs, un plaisir, en espérant vous revoir pour la 2e (Sherbrooke) et 3e (Drummondville) manches de notre série de critériums GFT ces deux prochaines semaines, on va avoir une belle compétition.

Tibopino, actuel meilleur grimpeur du Giro!

Beau reportage sur Thibault Pinot, actuel meilleur grimpeur du Giro.

Tour de France Unchained

Sortie sur Netflix le 8 juin prochain!

On y croit 2030

Beau video de Nordiq Canada, diffusé hier.

Foret Montmorency: quel manque de transparence!

Fondeur très assidu depuis maintenant de nombreuses années, la récente saga du ski de fond à la Forêt Montmorency m’a beaucoup interpellé.

L’endroit est en effet unique pour la pratique du ski de fond, surtout en début et en fin de saison. Non, ce n’est pas juste « un autre centre de ski de fond au Québec ». Pierre et Alex Harvey l’ont bien exprimé, avec raison.

L’annonce de sa fermeture pour la saison actuelle m’a évidemment pris de court, planifiant avec ma petite équipe de ski de fond de Gatineau des séjours d’entrainement dès la fin novembre, et plus tard en saison.

Depuis des années, l’Association des maîtres en ski de fond du Québec y tient la première course de la saison dès décembre, tantôt en style classique, tantôt en style libre.

Ma première réaction, comme celle de toute la communauté des fondeurs, a été « ben voyons donc, qu’est ce qui se passe? Pourquoi? ».

C’est là que ca a dérapé solide selon moi.

Car la première justification avancée par l’Université Laval, en charge du site suite d’ententes avec le Gouvernement du Québec, a été que « les activités récréo-touristiques ne sont pas compatibles avec la recherche scientifique cette année ».

Mais elles l’étaient les années antérieures? Faute d’explications plus convaincantes, j’ai tout de suite trouvé ca bizarre et cela n’a qu’alimenté ma curiosité.

La communauté sportive s’est ensuite rapidement mobilisée, générant par exemple une pétition de 10 000 signatures en quelques jours. Impressionnant.

L’Université Laval a ensuite précisé que des travaux étaient prévus cet hiver avec de l’équipement d’ingénierie de haut niveau sur le territoire de la forêt Montmorency, et que l’Université estimait qu’il y aurait trop de risques que les fondeurs s’en approchent et se blessent.

C’est uniquement pour cette raison qu’on a décidé de suspendre les activités. On ne voudrait pas qu’un skieur s’aventure dans un coin qui pourrait être dangereux.

Andrée-Anne Stewart, porte-parole de l’université laval, citée par radio-Canada, 7 octobre 2022

Mouais, pas convaincu du tout!

Comme l’a alors rappelé Pierre Harvey, la Forêt Montmorency, c’est grand! Doit-on tout fermer pour assurer le passage sécuritaire d’équipements? Ces équipements auront-ils à transiter par toutes les pistes de ski de fond du réseau?

D’autres – notamment du côté de Ski de fond Québec – ont manifestement eu les mêmes réactions que moi, et la pression ne s’est pas réduite sur l’Université Laval.

L’Université Laval a finalement lâché le morceau vers la mi-novembre, dans un communiqué et en entrevue auprès de médias.

Au niveau des communications, on sait qu’on l’a échappé.

Nancy Gélinas, doyenne de la faculté de foresterie de l’université laval, citée par radio-canada, 16 novembre 2022

Outre cet aveu, on a pu lire dans le communiqué de l’Université Laval que:

  • « Avec le temps, la mission première d’enseignement et de recherche de la Forêt Montmorency a donc été relayée au second plan. Des ressources humaines et financières importantes étaient de plus en plus dédiées au support d’activités touristiques sans que leur rentabilité ne soit nécessairement démontrée.« 
  • La Faculté travaille activement à faire émerger un nouveau modèle d’affaires durable et rentable qui pourra cohabiter de manière harmonieuse avec la mission et les activités d’aménagement, d’enseignement et recherche.
  • La Faculté s’engage à mettre sur pied un comité de travail, en collaboration avec divers intervenants, dont Ski de Fond Québec, pour réfléchir à ce nouveau modèle d’affaires durable et rentable qui permettrait de soutenir les objectifs institutionnels de recherche, de formation et d’éducation du grand public.

L’enjeu fondamental n’était donc en rien des travaux à conduire sur le site, ni même les besoins de la recherche scientifique, mais bien la rentabilité des activités récréo-touristiques sur place (comprendre les activités de ski de fond).

Autrement dit, le ski de fond n’est pas rentable à la Forêt Montmorency et l’Université Laval a décidé d’arrêter les frais.

Des questions de sous, toujours des questions de sous!

Personnellement, je n’ai aucun problème avec cela: il n’est pas dans la mission de l’Université Laval d’opérer un site de ski de fond. Il s’agit plutôt d’une institution d’enseignement et de recherche. Alors oui, il faut trouver tous ensemble des moyens de préserver le ski de fond à la Forêt Montmorency, et cela passe peut-être par l’atteinte de la rentabilité. Des solutions existent probablement: mobiliser davantage la communauté des fondeurs sur l’intérêt de ce site, en faire un pôle reconnu de Nordiq Canada notamment à l’égard de l’équipe canadienne (tant de choses pourraient être faites en ce sens!), chercher des partenariats avec le privé, diversifier l’offre récréo-touristique, réduire les installations, etc.

Est-il seulement possible d’atteindre la rentabilité? Je n’en suis pas sûr, et cela ne veut pas dire fermer le site pour autant. Nombre d’activités culturelles ou sportives, en premier lieu les GP cyclistes de Québec et Montréal, ne pourraient pas avoir lieu ou exister sans l’apport d’argent public. La Sépaq n’a pas vocation de générer des revenus pour le Gouvernement du Québec.

Enfin peu importe, mon point n’en est pas là. Je déplore plutôt le fait que l’Université Laval n’a pas fait preuve de transparence dès le départ dans ce dossier. On a manifestement voulu masquer les vraies raisons de la décision, je ne comprends pas pourquoi.

Et je déteste être pris pour un imbécile.

C’est grave à mes yeux car le dérapage est venu d’universitaires, des gens qui sont, à la base, des scientifiques garants des valeurs fondamentales de la science parmi lesquelles la transparence, la recherche de la vérité, l’ouverture d’esprit, l’honnêteté et la rigueur.

Si on ne peut plus croire nos élites intellectuelles, nos gens qui décernent des doctorats dans notre société et qui, plus que toutes autres personnes, font figures de ceux et celles qui détiennent la connaissance, qui pourrons-nous croire?

On se désole de plus en plus de l’époque dans laquelle on vit: perte de confiance de la population dans les institutions démocratiques, montée du populisme, explosion du nombre d’adeptes des théories du complot ou autres théories farfelues, remise en question de la science (notamment à l’égard du bienfait des vaccins et des traitements médicaux), etc. Cela a des conséquences désastreuses, notamment dans les urnes. Je suis d’avis que l’attitude de l’Université Laval dans le dossier de la Forêt Montmorency est un exemple de situation où s’en suit une perte de confiance de la population dans nos plus belles institutions.

C’est vraiment dommage, et certainement pas un exemple à suivre.

Une belle Étape du Tour 2023

Ca sera le 9 juillet prochain entre Annemasse près de Genève et Morzine: l’Étape du Tour 2023.

152 kilomètres magnifiques dans le secteur, et six beaux cols à franchir.

152 kilomètres, ca demeure accessible. Grosse différence avec des cyclosportives de plus de 200 bornes.

La première difficulté, toute relative, le col de Saxel, était mon terrain d’entrainement lors de mon année genevoise, il y a fort longtemps il est vrai (1997). Beau petit col roulant et tranquille, parfait pour bien débuter la journée.

Les cols de Cou, de Feu puis de la Jambaz seront aussi des bosses très sympathiques à escalader, rien de trop dur, avant le final difficile de cette cyclosportive.

L’Étape du Tour l’an prochain commencera au km90, avec le col de la Ramaz.

S’en suivra 10 bornes de faux-plats ascendants après la descente, question de rejoindre le pied de Joux Plane qu’on ne présente plus. Le morceau de bravoure de la journée, et c’est là que les jambes de (très) nombreux participants rendront l’âme. Gare à ceux qui n’auront pas fait gaffe à leur alimentation.

Autrement dit, il faudra pouvoir enclencher le turbo sur ces deux dernières ascensions, et ceux qui donneront trop sur les 4 premiers cols plus faciles paieront cash l’addition des kilomètres.

Très beau petit vidéo ci-bas vous permettant de découvrir le parcours. C’est bien fait.

L’Étape du Tour affiche déjà complet, preuve que l’engouement demeure pour cette cyclosportive qui, il est vrai, propose un cadre unique puisque celui des coureurs du Tour de France. Routes fermées!

Et comme prépa finale, quoi de mieux qu’un petit séjour dans les Vosges quelques jours avant?

Coupe du Monde de ski de fond: une saison différente en perspective

Les grands(es) du ski de fond étaient de retour à la compétition ces deux dernières semaines.

Ce fut d’abord Muonio en Finlande, puis ce week-end Beitostolen en Norvège et Bruksvallarna en Suède.

Festival Klaebo à Beitostolen, le meilleur fondeur du monde nous a rappelé à tous pourquoi il était le meilleur fondeur du monde. Impérial!

https://www.youtube.com/watch?v=6ZEb5lzoxD0

Derrière, les autres Norvégiens ont bataillé ferme pour une sélection en équipe nationale en vue de la première épreuve de la Coupe du Monde 2022-2023 à Ruka en Finlande le week-end prochain. Je le dis souvent, le plus dur pour un fondeur norvégien ce n’est pas de gagner une course de Coupe du Monde, c’est de faire l’équipe nationale pour être au départ! Quant on pense que des Sjuer Roethe ou Didrik Toenseth regarderont Ruka à la télé, ca en dit long sur la profondeur de l’équipe de Norvège.

Chez les femmes, les Suédoises ont commencé à dominer la saison dernière, et elles profiteront à la fois de la retraite de la Norvégienne Johaug et de l’absence des fondeuses russes cette saison pour étendre cette domination.

Les fondeurs(euses) russes seront en effet absents de toutes les courses de Coupe du Monde, ayant été exclus par la Fédé, une Fédé très fortement influencées par trois pays, la Norvège, la Suède et la Finlande il est vrai.

Alexandr Bulshonov, Natalya Nepryayeva ou encore la prometteuse Veronika Stepanova à la maison, la compétition sera moins rude et donc moins… intéressante cette saison, mais on comprend les raisons sous-jacentes.

Les Russes se sont contentés le week-end dernier de la première épreuve de Coupe de Russie, par -18 à Vershina Tea. C’est Maltsev qui s’est imposé chez les hommes, et Stepanova chez les femmes sur les épreuves phare en technique libre.

Pour revenir aux Suédoises, elles ont par ailleurs rappelé leur force en ski de fond en fin de semaine dernière sur les épreuves de Bruksvallarna, Andersson et Karlsson bataillant ferme. Elles risquent d’être rapidement devant en Coupe du Monde, l’équipe féminine norvégienne semblant désorganisée suite à la retraite de Johaug.

Il faudra aussi surveiller la pétillante Jessie Diggins et son équipe américaine, des filles motivées et enthousiastes à la simple idée de chausser des skis et de mettre un dossard. Ca ne nuit jamais.

Du côté canadien, la sélection pour Ruka est connue depuis un petit moment: Antoine Cyr, Olivier Léveillé, Graham Richie, Katherine Stewart-Jones, Dahria Beatty et Olivia Bouffard-Nesbitt. Ces athlètes étaient récemment en préparation du côté de Davos en Suisse. Il sera intéressant de suivre cette année la progression du jeune Sherbrookois Léveillé, selon moi un prodige du ski de fond, et dont personne ne connait les limites. Avec le Gatinois Antoine Cyr qui arrive à maturité, les résultats des Canadiens devraient être excitants cette saison.

Par ailleurs, l’équipe de France sera aussi intéressante à suivre, amenée par le vétéran Maurice « Momo » Manificat. On attend encore l’arrivée au plus haut niveau d’un Lucas Chanavat ou d’une Delphine Claudel, tous deux plein de potentiel mais qui tardent à confirmer selon moi.

Des changements… bizarres?

Quelques changements cette saison en Coupe du Monde.

D’une part, l’harmonisation des distances des hommes et des femmes, et la référence est celle des femmes.

Exit donc les 15 kms et les 50 kms, les hommes passent donc sur des 10 kms et des 30 kms, comme les femmes. Pas sûr, pas sûr du tout… et certains comme Hans Christer Holund qui excellent sur les longues distances ont déploré ces décisions.

Autre changement plus positif, le relais mixte s’inscrit au programme désormais (deux épreuves), après un an d’essai. Ca avait conduit à des courses très intéressantes en 2022.

https://www.youtube.com/watch?v=ysXCkBf4ZZI

Évidemment, les épreuves de sprint et de distance continueront à catégoriser les diverses courses en jeu.

Par ailleurs, l’interdiction du fluor piétine, la technologie ne suivant pas: on tarde à mettre au point des outils de détection du fluor sur les semelles des skis, compliquant la mise en oeuvre de cette mesure.

Le calendrier de la Coupe du Monde 2022-2023

Ruka (Finlande) : 25-27 novembre

Lillehammer (Norvège) : 2-4 décembre

Beitostolen (Norvège) : 9-11 décembre

Davos (Suisse) : 17-18 décembre

Tour de Ski : 31 décembre – 8 janvier à Mulstair, Oberstdorf et Val di Fiemme. À ne pas manquer le 8 janvier, la spectaculaire arrivée en haut de la piste de ski alpin à Val di Fiemme. Incroyable!

Livigno (Italie) : 21-22 janvier

Les Rousses (France) : 27-29 janvier

Toblach (Italie) : 3-5 février

Planica (Slovénie) : Mondiaux du 22 février au 5 mars

Oslo (Norvège) : 11-12 mars

Drammen (Norvège) : 14 mars

Falun (Suède) : 17-19 mars

Tallinn (Estonie) : 21 mars

Lahti (Finlande) : 24-26 mars

On va se régaler!

Suivre les courses

Pas toujours simple depuis le Québec. Perso j’essaie de trouver les épreuves sur YouTube, mais avec un temps de retard bien sûr. N’hésitez pas à partager avec nous vos tuyaux si vous en avez!

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