Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Auteur/autrice : Laurent Page 329 of 354

L’état de grâce pour Rebellin

Davide Rebellin s’est imposé aujourd’hui dans Liège-Bastogne-Liège dans ce qu’il convient d’appeler un remake de dimanche dernier puisqu’il a encore battu au sprint un Boogerd qui, décidemment, trouve en l’Italien sa bête noire. Rebellin déclarait à l’arrivée que sa victoire dans l’Amstel représentait la libération, celle de la Flèche la confirmation et celle d’aujourd’hui la réalisation, l’accomplissement.

Rebellin gagne cependant moins élégamment qu’à l’Amstel ou à la Flèche Wallonne puisqu’il a largement profité du travail des autres aujourd’hui, notamment celui de Vinokourov et de Boogerd. Bon joueur, Rebellin en est d’ailleurs conscient, ayant déclaré à l’arrivée « Si j’ai gagné, c’est aussi grâce à Boogerd, c’est lui qui a fait la sélection. J’ai basé ma course sur lui. »

Ce fut une nouvelle fois une course bizarre pour une Classique, une course d’attente ou 60 coureurs étaient encore groupés au pied de la dernière bosse à… 6 kms de l’arrivée, la côte de Saint-Nicolas. C’est là que tout s’est joué, Boogerd passant à l’offensive et Rebellin comme Vinokourov parvenant à contrer. Ces trois lascards filaient alors jusqu’à l’arrivée et c’est Rebellin qui a le mieux joué le coup à l’approche de la ligne, d’abord laissant le soin à Boogerd d’aller chercher Vinokourov à deux reprises, ce dernier essayant de se défaire de ses deux compagnons d’échappée. Rebellin savait que Boogerd irait chercher Vino puisqu’il avait davantage de pression pour gagner ; en ayant vaincu à l’Amstel et à la Flèche, Rebellin avait déjà, en quelque sorte, rempli son contrat, et non Boogerd. Une belle maîtrise des nerfs donc de la part de Rebellin dans les tous derniers hectomètres, et une victoire – certes moins spectaculaire – à la clef.

Dans l’autre grosse bosse de la Doyenne, la côte de la Redoute, c’est Bettini et Garzelli qui passèrent à l’offensive, sans créer de réels dommages au sein du peloton cependant. Un signe qu’ils évoluaient un ton en-dessous des Rebellin, Boogerd et Vinokourov. Van Petegem a également fait figure un petit moment dans les 20 derniers kms, pour s’effacer rapidement ensuite. Au classement final, certains sont à leur place compte tenu de leur condition actuelle et de leur objectif : Hamilton (9e), Basso (8e), Wesemann (11e), Freire (14e), Menchov (15e).

Les cartons rouges : Vandenbroucke (16e), Bettini (22e), Van Petegem (25e), Bartoli (27e), Popovytch (28e), Merckx (55e), Garzelli (62e) et Verbrugghe (86e).

Le Canadien Michael Barry termine au 98e rang, à 11min38 du vainqueur. On peut penser qu’il est à sa place sur ce genre de classique.

Rebellin s’impose donc dans ce qu’on appelait jadis le « week-end ardennais » qui consiste à faire le doublé Flèche Wallonne – la Doyenne. Rebellin fait même mieux puisqu’il a également triomphé sur l’Amstel il y a une semaine. Le dernier doublé dans les Ardennaises remontait à 1991 avec un autre Italien, Moreno Argentin, qui avait gagné le week-end ardennais cette année-là.

Une saison des Classiques bizarre

La Doyenne met un terme à la saison des Classiques puisqu’on s’oriente désormais vers les grands tours : Romandie, Italie, Allemagne, Dauphiné, puis Tour de France. La saison des Classiques laisse cette année un goôt amer, celui que les favoris n’assumèrent pas toujours leurs responsabilités de « coureurs protégés » en ne faisant pas la sélection. Voir des pelotons entiers dans le final de telles épreuves est inhabituel. Un signe, peut-être, que le peloton est désormais très homogène dans sa condition physique et surement trop calculateur. La faute aux oreillettes ?

Chose certaine, il faudra, dans l’avenir, que les grands leaders revoient leur stratégie car il n’est désormais plus possible d’attendre les toutes dernières difficultés d’une course pour songer tout faire pêter et s’imposer. On l’a vu dans Milan SanRemo, dans la Flèche et encore aujourd’hui, il est illusoire de penser décrocher un peloton de 50 ou 60 unités si près de l’arrivée, qui plus est quant la course n’a pas été très dure auparavant. Les grands leaders devront réapprivoiser l’art de partir de loin… ou nous (les amateurs) seront confrontés à des courses de plus en plus imprevisibles…

Liège-Bastogne-Liège

liege.jpgCréée en… 1892, la plus vieille classique du calendrier professionnel, Liège-Bastogne-Liège, surnommée « la Doyenne » pour cette raison, s’élancera dimanche matin de Liège à 10h35. Organisée par la Société du Tour de France, il s’agit également d’une des épreuves d’un jour les plus difficiles qui soit, puisqu’au 258 kms du parcours de cette 90e édition s’ajoutent 10 côtes à escalader, les plus redoutables étant Stockeu (km 170), La Redoute (km 223), Sart-Tilman (km 244) et Saint-Nicolas (km 253).

Le Dieu Eddy Merckx est le recordman des victoires sur cette épreuve, avec 5, en 7 ans (soit entre 1969 et 1975). Plus récemment, l’Italien Moreno Argentin a pu glaner 4 victoires entre 1985 et 1991. Michele Bartoli est le coureur encore en activité le plus titré sur cette course, avec 2 victoires.

L’épouvantail de dimanche s’appelle toutefois Davide Rebellin, dont le capital confiance doit actuellement être énorme après ses deux victoires cette semaine. Il aura la pancarte dans le dos dimanche c’est certain, et les autres favoris épieront ses moindres gestes. Les Italiens semblent bien placés pour que l’un des leurs s’impose puisqu’outre Rebellin, on compte Bettini, Bartoli, Di Luca, Garzelli, Celestino, Scarponi voire Basso au départ, tous semblant disposer d’une condition suffisante pour espérer faire la différence.

Outre les Italiens, les équipes T-Mobile et Rabobank imposent le respect. Michael Boogerd, frustré dimanche dernier, est revanchard apparemment et sera à coup sôr présent dans le final de cette course qui lui réussit généralement. Dekker ajoute un atout intéressant à cette formation, et ce dernier voudra probablement essayer de partir plus tôt dans la course que Boogerd. Chez T-Mobile, Vinokourov, Kessler et Ivanov pourront également essayer de vaincre en travaillant de concert.

Le champion défendant, Tyler Hamilton, dispose en Camenzind au sein de son équipe Phonak un allié de poids. La condition d’Hamilton est ascendante actuellement et s’il sera un peu juste face aux Boogerd et Rebellin, une course tactique pourrait l’avantager comme l’an dernier.

Chez les Belges, qui jouent à domicile, les espoirs reposent sur Vandenbroucke, mystérieux depuis le début des Classiques, et sur Merckx, toujours très motivé sur cette course.

On suivra avec intérêt également la perf de Samuel Sanchez (Euskaltel) qui avait surpris l’an dernier sur cette course.

Les grands absents sont : Lance Armstrong (USA), Jan Ullrich (GER), Igor Astarloa (ESP), Iban Mayo (ESP), Dave Bruylandts (BEL), Alejandro Valverde (ESP), Francesco Casagrande (ITA).

Les derniers vainqueurs sont:

1994: Evgueni Berzin
1995: Mauro Gianetti
1996: Pascal Richard
1997: Michele Bartoli
1998: Michele Bartoli
1999: Frank Vandenbroucke
2000: Paolo Bettini
2001: Oscar Camenzind
2002: Paolo Bettini
2003: 1. Tyler Hamilton ; 2. Iban Mayo (ESP) à 12 sec ; 3. Michael Boogerd (PBS) à 14 sec.

Cyclingnews tiendra comme d’hab un live! report.

Mort de Pantani – son ex-fiançée parle

Il faut absolument lire cette (rare) entrevue de Christina Jonsson, l’ex-fiançée de Pantani, publiée ce matin par l’Hebdo et Le Parisien. Elle parle de sa relation avec Pantani, de la descente aux enfers de ce dernier et de la pression qu’il subissait quotidiennement. Extrêmement intéressant et instructif, mais triste aussi…

L’USAC accusée d’avoir dopé

Le journal Le Monde publie ce matin un article indiquant que 2 ex-membres de l’équipe junior américaine en 1990 – dont faisait partie Lance Armstrong – accuse la fédération américaine de cyclisme de les avoir dopé à ce moment, un dopage qui aurait résulté, pour les deux coureurs, en des maladies sérieuses dont ils souffrent aujourd’hui. Les deux coureurs sont Greg Strock et Erich Kaiter, ce dernier étant atteint de la maladie de Crohn.

On leur aurait administré durant leurs années junior, outre l’anti-inflammatoire bien connu Motrin en dose importante, de la cafféïne et des injections d’une substance présentée comme des extraits de cortisone.

Deux autres anciens membres de l’équipe juniors de 1990, David Francis et Gerrik Latta, sont venus appuyer les déclarations d’Erich Kaiter et Greg Strock, apportant du poids à leur accusation.

Deux entraineurs de l’équipe junior de l’époque sont au centre de la contreverse, soit René Wenzel et… Chris Carmichael, l’actuel entraineur d’Armstrong.

Voici donc une autre histoire d’horreur dans le monde du cyclisme dont il est bien difficile d’estimer la véracité. L’enquête sera longue et difficile, les entraineurs niant évidemment tout. Difficile dans ce contexte d’aller plus loin dans cette histoire, on devra donc attendre que justice fasse son chemin. Il est évidemment très tentant, avec ces nouveaux éléments d’information, de se questionner sur l’origine du cancer d’Armstrong, cancer qui s’est déclaré en 1996.

Verbruggen, pour sa part, ne nous surprend pas en nous faisant état ici de sa dose d’optimisme face à ce problème du dopage dans le cyclisme.

Une journée très riche en enseignement !

Beaucoup à dire sur les résultats du jour qui nous en disent long sur bien des aspects du cyclisme. Explications.

1 – victoire de Davide Rebellin sur la Flèche Wallonne. Il vient donc confirmer sa victoire dimanche dernier sur l’Amstel. S’il n’est pas rare de voir des doublé sur les Classiques (rappelez-vous Van Petegem l’an dernier), le phénomène reste exceptionnel vu l’énergie que ca nécessite. Rebellin serait-il un coureur qui gagne par paire ? Sa dernière victoire d’importance remonte en effet à la Classica San Sebastian 1997, alors qu’il venait de gagner dans la foulée le GP de Suisse (Championnat de Zurich).

La course fut en tout cas difficile et sélective, puisque les coureurs ont parcouru près de 49 km dans la première heure de course. Carton rouge ici à Bettini qui, devant ce départ rapide, a préféré bâcher et rentrer à l’hôtel, probablement en vue de garder ses forces pour dimanche. Piètre image d’un tel champion… Ullrich également a abandonné la course.

Le rythme rapide a été maintenu toute la course puisqu’au final, on inscrit un nouveau record au niveau de la moyenne : 44,080 km/h, excusez un peu. Aucune échappée (notamment celle de Dekker dans le final, jouant sa carte personnelle en l’absence de Boogerd) n’a ainsi pu aller au bout et c’est un peloton groupé d’environ 30 unités qui s’est présenté au pied de la dernière ascension du mur de Huy.

Après le forcing de Kessler qui croyait peut-être aux chances de Vinokourov, c’est DiLuca qui a attaqué le plus sèchement, immédiatement contré facilement par Rebellin qui s’imposait en haut du mur sans problème. Une victoire claire, éclatante, et qui fait de Davide le coureur à battre dimanche. DiLuca assurait derrière la 2e place et Kessler la 3e.

2 – chez les femmes, victoire surprise de la Française Sonia Huguet, qu’on ne connaît pas. Kupfernagel, qu’on connaît, est 2e et Pucinskaite, une autre qu’on connaît, complète le podium. Il convient de souligner la belle 4e place de la Canadienne Sue Palmer-Komar. Bessette est 19e, Jeanson 30e. Pour Jeanson, c’est un peu dommage puisqu’elle rate l’occasion d’assurer son billet pour Athènes, alors que Bessette, Palmer-Komar et Jutras l’ont déjà.

Jeanson et Bessette se sont bien échappées toutes les deux avec Brändli et Luperini autour du 70e km, mais le peloton les a rapidement repris. La preuve que dans un réel contexte international avec les meilleures mondiales au départ, Jeanson, que les Québécois aiment bien qualifier de « meilleure cycliste mondiale » ou « meilleure grimpeuse mondiale » un peu trop rapidement à notre goôt, a beaucoup plus de mal à se distinguer, tout comme Bessette d’ailleurs. Il est évident qu’en Arizona, ces filles peuvent triompher magistralement, mais ce n’est qu’une impression puisque l’opposition y est beaucoup moindre ; la réelle opposition est en Europe, notamment sur le Tour féminin, ou trône Sommariba depuis un moment.

La réaction du peloton lors de leur échappée est également un signe que le peloton féminin n’est plus disposé à leur accorder des bons de sortie. Si Bessette n’en a jamais vraiment eu en Europe en raison de ses victoires sur le Tour de l’Aude notamment, on peut penser que Jeanson, qui n’a fait jusqu’ici que de très brèves apparitions là-bas, ne représentait pas une menace pour les filles disputant le général de la Coupe du Monde. Il en est peut-être autrement aujourd’hui et cela signifie peut-être qu’elles seront dorénavant toutes deux beaucoup plus surveillées par le peloton européen, limitant leur marge de manoeuvre.

3 – victoire de Cipollini sur la 2e étape du Tour de Georgie. Voilà de quoi le mettre en confiance, même s’il n’a pas battu Petacchi mais des sprinters de moindre calibre. Chez les sprinters, la confiance est souvent déterminante et cette victoire contribuera certainement à redonner le moral à Mario, déçu de s’être fait si souvent taper au sprint par Petacchi en début de saison.

4 – 2e victoire d’étape de Damiano Cunego sur le Tour du Trentin en autant de jours. Le Tour du Trentin est une importante course par étape en vue du Giro et Simoni y tente d’y peaufiner sa condition. Cunego est un jeune coureur pro depuis l’an dernier et assurément un nom à retenir puisqu’il est présenté par Martinelli, son directeur sportif mais aussi celui de Pantani à ses belles années, comme le prochain Pantani. Quant à Simoni, il termine 2e aujourd’hui en montagne, et rassure ainsi ses supporters qui devenaient inquiets de voir Garzelli signer les succès seul.

La Flèche Wallonne

logo_fleche.gifLa 68e édition de la Flèche Wallonne sera disputée demain mercredi. Créée en 1936 par le journal Les Sports de l’époque, cette classique ardennaise mériterait, vu son histoire et son difficile parcours, une place parmi les épreuves de Coupe du Monde.

Les coureurs auront en effet à affronter 200 bornes et une arrivée située en haut du célèbre mur de Huy, une redoutable ascension d’un km à 12,9% de moyenne, et dont certains passages sont à plus de 20%. Auparavant, ils auront déjà affronté 2 fois ce mur, plus quelques beaux monts du coin, dont la côtes de France (km 115), de Pailhe (km 134), de Bohissau (km 169) et de Ahin (km 188). C’est donc un parcours pour hommes forts qui a toujours couronné d’authentiques champions. Les dix derniers vainqueurs sont d’ailleurs :

1994: Moreno Argentin
1995: Laurent Jalabert
1996: Lance Armstrong
1997: Laurent Jalabert
1998: Bo Hamburger
1999: Michele Bartoli
2000: Francesco Casagrande
2001: Rik Verbrugghe
2002: Mario Aerts
2003: Igor Astarloa

La plupart des protagonistes des dernières semaines seront au départ, sauf évidemment le champion défendant Astarloa, dont son équipe Cofidis a suspendu ses activités de façon indéterminée pour clarifier la crise de dopage en son sein. Les favoris sont donc nombreux : les Italiens d’abord, avec Bettini bien sôr qui voudra inscrire son nom au palmarès, mais aussi Bartoli (vainqueur en 1999 sous la neige), Rebellin, Basso, Scarponi, Celestino ou Danilo Di Luca.

Chez les Belges, on comptera sur Vandenbroucke d’abord pour porter haut les couleurs locales, mais aussi sur Merckx et pourquoi pas Van Goolen, car il semble que peu soit à attendre du côté des anciens vainqueurs Aerts et Verbrugghe. L’opposition viendra par ailleurs des Vinokourov, Menchov, Hamilton, Landis, Popovytch et Etxebarria. Boogerd a pour sa part préféré se réserver pour la Doyenne dimanche.

Jan Ullrich sera également au départ, afin d’accumuler les kilomètres en préparation au Tour. Son résultat en dira long sur sa condition actuelle.

Le Canadien Michael Barry est annoncé au départ également.

À noter que l’épreuve a son pendant féminin et que la Canadienne Geneviève Jeanson y joue gros puisqu’elle peut aller y chercher son billet pour Athènes, qu’elle n’a pas encore au contraire de Bessette. Son équipe Rona semble par ailleurs assez faible et elle aura de l’opposition, notamment de l’équipe canadienne avec Bessette et Palmer-Komar. Il faudra aussi compter sur un plateau relevé, avec notamment Sommariba, Arndt, Ljungskog, Melchers, Pucinskaite, Luperini, Zabirova, Marsal, les soeurs Polikeviciute et Kupfernagel. La championne défendante, Nicole Cooke, ne semble pas être au départ.

Cyclingnews tiendra bien évidemment un live! report.

Flash Gordon !

C’est le Canadien Gordon Fraser qui s’est imposé aujourd’hui dans la première étape du Tour de Georgie. Une très belle victoire significative pour cet excellent sprinter.

La Flamme Rouge aime beaucoup, en effet, Gord Fraser. D’une part, c’est un garçon d’Ottawa qui n’hésite jamais, lorsqu’il est de passage, à venir rouler avec nous sur les critériums organisés par l’Ottawa Bicycle Club, son premier club. La chance pour nous amateurs de le cotoyer, de discuter avec lui de ses plus récents résultats et surtout d’apprendre de sa classe incroyable. Chaque fois, il prend un tour au peloton, mais ca, c’est une autre histoire!

Secondo, Gord est un taiseux, un mec simple qui se prend pas la tête et qui laisse parler ses jambes. Pas du style flamboyant donc, mais un excellent pro qui fait toujours le métier consciencieusement. Cela impose le respect. Sympatique et approchable, Gord est un mec bien.

Bref, on est ravi de la victoire de Flash Gordon aujourd’hui et on espère qu’il pourra remettre ca dans les prochains jours !

Dodge Tour of Georgia

Le 2e Tour de Georgie part aujourd’hui à Macon avec une première étape de 133 kms. Il s’agit de la course par étape la plus importante en Amérique du Nord et qui présente, logiquement, le plateau le plus relevé. Le Tour de Beauce au Québec est certes une autre course par étape très importante pour le continent nord-américain, mais on y retrouve généralement peu de grosses équipes européennes.

Lance Armstrong et son équipe US Postal sont en effet au départ. Armstrong, qui n’a pas participé à des compétitions depuis 3 semaines, y entame la deuxième phase de sa préparation pour le Tour de France. Selon un récent article publié dans le New York Times (merci Bryan !), Armstrong y testera du nouveau matériel inédit dans le domaine des vêtements, surtout pour le CLM, après un travail en collaboration avec la société Nike. On annonce notamment un nouveau skin-suit fait de divers matériaux, ainsi que la suite de son adaptation à une nouvelle position sur son vélo de CLM, position qui serait, selon les observateurs, beaucoup plus efficace que l’ancienne.

Quoi qu’il en soit, si on sait Armstrong en bonne condition, il trouvera cependant sur le chemin de la victoire quelques coureurs redoutables, dont un Bobby Jullich retrouvé et à la tête d’une équipe CSC impressionnante jusqu’ici en 2004. Il faudra probablement attendre le CLM de 30 kms le 4e jour pour les départager. Entre temps, l’américain Chris Horner, le champion défendant, voudra jouer les trouble-fêtes, bien que devant un tel plateau, on serait surpris qu’il soit de niveau.

Le Tour de Georgie acceuille également quelques autres coureurs intéressants dans d’autres registres. Mario Cipollini est certainement le plus connu, et il vient aux États-Unis préparer son match contre Petacchi sur le prochain Giro. Pour Mario, il s’agit d’une façon d’éviter la pression médiatique qu’il devrait subir s’il courrait en Italie, notamment sur le Tour de Romandie. Mario sera à surveiller lors des étapes 1, 2, 3 et 7. Outre Domina Vacanze, US Postal et CSC, on retrouve également les armadas européennes Landbouwkredit-Colnago (sans Popovytch qui se prépare pour le Giro sur les Ardennaises) et Saunier Duval.

Les puissantes formations américaines Navigators (David McKenzie, Marty Nothstein), Health Net (le Canadien Gord Fraser, John Lieswyn, Scott Moninger) et Webcor Builders (outre Horner, le Canadien Charles Dionne sera présent) sont aussi de la partie.

Outre Fraser et Dionne, les Canadiens pourront suivre les perfs d’Eric Wohlberg (Sierra Nevada) et de Dominique Perras (Ofoto-Lombardi Sports), bien qu’évoluant dans des registres différents.

Au niveau du parcours, c’est équilibré, avec 4 étapes de plaine (étapes 1, 2, 3 et 7), 2 grosses étapes accidentées (étapes 5 et 6) et un CLM (étape 4). Pour le général, les choses se décanteront à partir de jeudi, avec le CLM, qui contribuera à créer les premiers écarts. Celui qui prendra alors le maillot le défendra dans la montagne vendredi et samedi, et ceux ayant pu limiter les dégâts jeudi voudront passer à l’attaque. Les courses les plus intéressantes risquent donc de se dérouler vendredi et samedi, avec une arrivée en altitude.

Les étapes :

Mardi – 1re étape: Macon – Milledgeville – Macon (132,2 km)
Mercredi – 2e étape: Thomaston – Columbus (181,9 km)
Jeudi – 3e étape: Carrollton – Rome (126,2 km)
4e étape: contre-la-montre individuel (29,9 km) à Rome
Vendredi – 5e étape: Dalton – Dahlonega (224,3 km)
Samedi – 6e étape: Athens – Hiawassee/Young Harris (206,4 km)
Dimanche – 7e étape: Dawsonville – Alpharetta (142,3 km)

Le site web officiel est ici, et c’est bien fait.

Le scandale OLN

La majorité des chaînes de télévision disponibles au Canada sont d’origine américaine et représentent une véritable voie de pénétration de la culture de nos voisins du Sud plus au nord. Il en va différemment pour une chaîne cependant, qui nous gratifie d’avoir un volet bien canadien : Outdoor Life Network, ou, en plus court, OLN.

Ce qui pourrait donc être perçu comme un bel effort frustre en fait l’amateur de cyclisme puisque OLN America diffuse largement des courses cyclistes européennes alors qu’OLN Canada ne diffuse que le Tour de France en juillet, réservant ses meilleurs plages horaires pour des émissions sur la faune, la pêche et la chasse, croyant probablement satisfaire les Canadiens, un peuple du cru. Voyez un peu :

– sur OLN America, l’amateur de cyclisme peut voir, depuis le 1er avril dernier, une émission par semaine intitulée « Road to the Tour » qui montre comment Armstrong et son équipe se préparent pour cet important défi. En plus, les amateurs auront eu droit à Paris-Nice, le Critérium International, le Ronde, Paris-Roubaix, l’Amstel, la Flèche Wallonne, Liège-Bastogne-Liège, le Tour de Georgie, la Sea Otter Classic, le Tour de Romandie, le Giro, la Classique des Alpes, le Tour, la Vuelta et Paris-Tours, excusez un peu.

– sur OLN Canada, seul le Tour de France sera retransmis. Ils viennent tout juste d’ajouter, à partir du 29 avril prochain, les émissions « Road to the Tour » en supplément. C’est un scandale, d’autant plus qu’OLN Canada a la prétention de faire du cyclisme le sport le plus présent sur sa page web officielle…

Et, bien sôr, les Canadiens n’ont pas accès à OLN America puisque après vérification, Vidéotron ne peut avoir cette chaîne, limitant l’accès à OLN Canada. Les amateurs canadiens de cyclisme sont donc privés d’une panoplie importante de courses cyclistes que nos voisins du sud, souvent à moins d’une centaine de kms de nous, peuvent voir en direct.

Il s’agit donc d’une situation particulièrement frustrante pour les amateurs de cyclisme canadiens qui sont de plus en plus nombreux, peut-être même plus nombreux, proportionnellement, que les américains. Nous avons écrit à OLN Canada pour manifester notre mécontentement et La Flamme Rouge vous encourage à le faire poliment, ceci dans l’espoir qu’une telle démarche puisse, un jour, faire en sorte que nous ayions, ici aussi, des retransmissions des grandes courses européennes, et pas seulement du Tour de France.

Veuillez finalement noter que le Canal Évasion retransmettra cette année encore le Tour de France en juillet prochain. La chaîne appartient en partie à Serge Arseneau, un amateur de cyclisme de longue date et qui avait été à l’origine du Grand Prix des Amériques à la fin des années 1980 à Montréal, épreuve qui comptait alors pour la Coupe du Monde de cyclisme.

Rebellin… finalement !

C’est l’Italien Davide Rebellin, 32 ans, 1m72 pour 67 kg, qui s’est imposé hier dans l’Amstel Gold Race, battant au sprint son dernier compagnon d’échappée le Néerlandais Michael Boogerd, surement très déçu de louper (encore! puisque c’est son…5e podium en 6 participation sur cette course, son unique victoire remontant en 1999!) ainsi la victoire pour son équipe Rabobank qui jouait sur son terrain. Pour la petite histoire, Rebellin terminait l’Amstel l’an dernier en 4e position et Boogerd en… 2e, comme cette année!

Un deuxième Italien, Bettini, termine 3e. Derrière, rien que du beau monde : DiLuca (4e), Van Petegem (5e), Kessler (6e), Dekker (7e), Ivanov (8e), Celestino (9e), Camenzind (11e), Paolini (12e), Merckx (13e), Freire (14e), Bartoli (15e), Zabel (16e), Mazzoleni (17e), Vandenbroucke (18e), Wesemann (20e), signe que la course fut difficile, notamment avec un bon vent de face sur certaines portions et une pluie fine qui a compliqué tout ca. Le vainqueur de la Flèche Wallonne (mercredi) et de Liège-Bastogne-Liège (dimanche) est assurément à chercher parmi ces candidats en vue sur l’Amstel.

La course s’est décantée très tardivement puisqu’une soixantaine de coureurs se sont présentés au pied du Kruisberg, la 27e des 31 côtes du parcours à moins de 25 kilomètres de l’arrivée. C’est alors que sur une attaque de Kessler, les principaux leaders (Van Petegem, Rebellin, Boogerd, DiLuca et Bettini), qui ont cette fois-ci pris leurs responsabilités, se sont dégagés à l’initiative de Bettini qui ne voulait pas laisser filer l’Allemand. C’était parti… les équipiers ou leaders piégés derrière (Bartoli, VDB, Camenzind entre autres, Vino, Zabel, Dekker et Merckx ayant des équipiers devant) ayant peu de chances de revenir vu les forces en présence dans l’échappée royale devant.

Rebellin accélérait de nouveau 3 km plus loin, soit au pied du difficile Keutenberg, entrainant seulement un Boogerd très motivé avec lui. Derrière, le moment d’hésitation fut fatal, notamment à DiLuca qui s’y pris trop tard. Sachant Rebellin plus rapide au sprint, Boogerd a ensuite essayé de se défaire de son compagnon par une magnifique attaque dans le Cauberg, Rebellin trouvant les ressources pour résister. Le reste était reglé au sprint, Rebellin s’imposant logiquement.

Pour Rebellin, c’est une première victoire en Coupe du Monde depuis… 7 ans! Coureur taciturne, toujours placé mais jamais gagnant, régulier (il figure dans les 10 premiers au classement UCI depuis 8 ans, est monté à 9 reprises sur le podium d’une classique de Coupe du Monde durant cette période, et… 27 fois parmi les 10 premiers!), cette victoire tombe à point et vient modifier, en quelque sorte, son image. D’éternel placé, il vient de retrouver une étiquette de vainqueur. Boogerd, lui, doit enrager de retrouver la même place (la 2e) que l’an dernier sur sa course fétiche.

Au classement de la Coupe du Monde, resserement en tête puisque Wesemann ne mène plus que d’un point sur Freire et de 16 sur Rebellin qui devient bien menaçant pour la suite de la saison puisque coureur régulier.

À surveiller mercredi et dimanche, Boogerd, très en forme et sur son terrain dans les bosses des Ardennaises. D’autres voudront sauver leur saison des Classiques, notamment Bartoli, VDB et Dekker. Encore des courses très intéressantes cette semaine donc, et La Flamme Rouge les suivra de près pour vous.

Vous trouverez ici les habituelles excellentes photos de Graham Watson.

Amstel Gold Race

amstelbeer.gifCréée en 1966, l’Amstel Gold Race, qui se déroulera dimanche aux Pays-Bas, représente la première course de ce qu’on appelle les « Ardennaises », ces grandes classiques d’avril qui ont la caractéristique de présenter des profils accidentés. Le nom de la course vient par ailleurs de son sponsor principal, la bière Amstel, grande marque des Pays-Bas.

Les coureurs auront à affronter dimanche pour la 38e édition 251 kms de course (départ à Maastricht à 10h15, arrivée prévue à Valkenburg vers 16h30 soit 11h30 heure avançée de l’Est au Canada), dont pas moins de 31 monts, les plus redoutables étant le Cauberg (3 ascensions, soit au km 63, au km 173 et à l’arrivée), l’Eyserbos (Km 230) et le Keutenberg (Km 239).

Depuis l’an dernier, l’arrivée est donc jugée au sommet du Cauberg, limitant les possibilités de victoire des sprinters, par le passé plus à la fête sur cette course. L’Amstel est la course que doivent gagner les Rabobank, à domicile sur ce terrain. Boogerd et Dekker l’ont d’ailleurs remporté par le passé et semblent en excellente condition actuellement, donnant à cette équipe deux atouts majeurs pour la victoire dimanche. C’est leur ancien directeur sportif Jan Raas qui détient le record des victoires sur l’Amstel : 5, entre 1977 et 1982.

Parmi les autres favoris, on compte surtout Peter Van Petegem, revanchard suite à ses échecs sur le Ronde et dans l’Enfer du Nord. L’équipe Lotto-Domo a également grand besoin d’une grande victoire en ce moment… L’équipe T-Mobile ont également un excellent coup à jouer avec les Vinokourov (champion défendant), Wesemann, Ivanov, Kessler et Nardello. Les Italiens ne seront pas en reste par ailleurs avec Bettini, Bartoli, Di Luca et Scarponi, tous assez en forme pour prétendre gagner dimanche. Il ne faudra pas oublier non plus Franck Vandenbroucke et Juan Antonio Flecha…

Le Canadien Michael Barry est par ailleurs annoncé au départ.

Les grands absents: Lance Armstrong (USA), Jan Ullrich (ALL), Igor Astarloa (ESP), Alejandro Valverde (ESP). Armstrong, en particulier, avait fait de cette course, par le passé, son premier test de la saison sur la route du Tour. Cette année, on verra plutôt l’Américain à l’oeuvre aux États-Unis sur le Tour de Georgie la semaine prochaine.

Les derniers vainqueurs:

1994: Johan Museeuw
1995: Mauro Gianetti
1996: Stefano Zanini
1997: Bjarne Riis
1998: Rolf Jaermann
1999: Michael Boogerd
2000: Erik Zabel
2001: Erik Dekker
2002: Michele Bartoli
2003: 1. Alexandre Vinokourov ; 2. Michael Boogerd (PBS) à 04 sec ; 3. Danilo Di Luca (ITA) à 04 sec.

Cyclingnews tiendra, comme d’hab, un live! report. On vous invite par ailleurs à consulter le site officiel de la course, extrèmement bien fait.

Salut au lion des Flandres

C’est en préparant le sprint pour Tom Boonen, qui s’est imposé aujourd’hui dans le 92 GP de Lescaut en Belgique, que Johan Musseuw a fait ses derniers tours de roues dans le monde du cyclisme professionnel. Un geste symbolique pour les Belges quant on sait que Musseuw a désigné Boonen comme son successeur, un geste dangereux aussi car Boonen devra désormais supporter la pression médiatique et les comparaisons avec son illustre aîné. Une pression que certains n’ont pas supporté, le cas le plus célèbre étant certainement celui du Français Jean-François Bernard que Bernard Hinault avait désigné comme le nouveau champion français. Après un Tour de France 1987 prometteur (3e) notamment suite à sa victoire dans le CLM du Mont Ventoux, la suite de sa carrière alla d’échec en échec.

Champion en activité le plus titré dans les Classiques, Musseuw aura eu le mérite de savoir se retirer au bon moment, alors qu’il était encore performant dans certaines courses qu’il choisissait avec soin. Il a démontré dimanche qu’il pouvait remporter Paris-Roubaix à… 38 ans, ce qui impose le respect.

Flamand jusqu’au bout des doigts (seules les Classiques l’intéressaient vraiment), Musseuw aura aussi eu la capacité au cours de sa carrière de revenir de coups durs, 2 en particulier : sa chute dans Arenberg en 1998 qui le laissa avec une sévère infection de la jambe qu’il faillit perdre, et son accident de moto en 2000. Est-ce spectaculaire ? Non, Greg LeMond, Marco Pantani, Lance Armstrong, pour ne nommer que ceux là, sont tous revenus d’accident ou de maladie qui avaient menacé leur vie.

Il faudra plutôt retenir de Musseuw une puissance de train extraordinaire qu’il tirait d’une musculature des cuisses imposante et une bonne science de la course. Ses 3 Tours des Flandres (1993, 1995, 1998), ses 3 Paris-Roubaix (1996, 2000, 2002), son Championnat du monde (1996) et ses deux victoires au classement final de la Coupe du Monde (1995 et 1996) resteront les plus belles lignes de son palmarès.

Ses équipes au cours de sa carrière, débutée en 1988 : ADR (1988-1989), Lotto (1990-1992), GB-MG (1993), MG (1994), Mapei (1995-1998), Mapei Quick Step (1999-2000), Domo (2001-2002), Quick Step (depuis 2003). Peu de gens savent ainsi que Musseuw a débuté sa carrière comme sprinter, enlevant d’ailleurs 2 étapes du Tour de France 1990. L’année précédente, il avait aidé Greg LeMond à contrôler, dans les étapes de plaine, l’armada Super-U de Laurent Fignon et la puissance Banesto de Pedro Delgado, permettant à LeMond de rester à portée de Fignon au général. La suite appartient à l’histoire…

Ses autres victoires en Coupe du Monde : HEW Cyclassics (2002), Championnat de Zurich (1991, 1995), Amstel Gold Race (1994), Paris-Tours.

Ses autres victoires : Het Volk (2000, 2003), Flèche Brabançonne (1996, 1998, 2000), A Travers les Flandres (1993, 1999), GP de l’E3 (1992, 1998), Trois Jours de La Panne (1997), Kuurne-Bruxelles-Kuurne (1994, 1997), Quatre Jours de Dunkerque, Championnat de Belgique sur route (1992, 1996), Course des Raisins (1994, 1995), Trophée Laigueglia (1995), GP Eddy Merckx (1995), Championnat des Flandres (1991, 1995), A travers le Morbihan.

Son palmarès se résume donc pratiquement uniquement à des courses d’un jour, signe évident que tout comme Armstrong se consacre au Tour de France, d’autres faisaient la même chose pour les Classiques. La spécialisation du cyclisme moderne…

En terminant, La Flamme Rouge n’était pas un grand fan de Musseuw, mais le coureur a su l’impressionner à plusieurs reprises. C’est suffisant pour reconnaître qu’il est un authentique champion cycliste et qu’en ce sens, Johan Musseuw a sa place parmi les Grands du cyclisme. Il nous manquera.

Le coureur le plus titré dans le domaine des Classiques et encore en activité est désormais l’Italien Michele Bartoli (CSC).

Cyclingnews publie aujourd’hui un intéressant compte-rendu de la carrière de Musseuw, ainsi que son palmarès complet.

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