C’est en préparant le sprint pour Tom Boonen, qui s’est imposé aujourd’hui dans le 92 GP de Lescaut en Belgique, que Johan Musseuw a fait ses derniers tours de roues dans le monde du cyclisme professionnel. Un geste symbolique pour les Belges quant on sait que Musseuw a désigné Boonen comme son successeur, un geste dangereux aussi car Boonen devra désormais supporter la pression médiatique et les comparaisons avec son illustre aîné. Une pression que certains n’ont pas supporté, le cas le plus célèbre étant certainement celui du Français Jean-François Bernard que Bernard Hinault avait désigné comme le nouveau champion français. Après un Tour de France 1987 prometteur (3e) notamment suite à sa victoire dans le CLM du Mont Ventoux, la suite de sa carrière alla d’échec en échec.

Champion en activité le plus titré dans les Classiques, Musseuw aura eu le mérite de savoir se retirer au bon moment, alors qu’il était encore performant dans certaines courses qu’il choisissait avec soin. Il a démontré dimanche qu’il pouvait remporter Paris-Roubaix à… 38 ans, ce qui impose le respect.

Flamand jusqu’au bout des doigts (seules les Classiques l’intéressaient vraiment), Musseuw aura aussi eu la capacité au cours de sa carrière de revenir de coups durs, 2 en particulier : sa chute dans Arenberg en 1998 qui le laissa avec une sévère infection de la jambe qu’il faillit perdre, et son accident de moto en 2000. Est-ce spectaculaire ? Non, Greg LeMond, Marco Pantani, Lance Armstrong, pour ne nommer que ceux là, sont tous revenus d’accident ou de maladie qui avaient menacé leur vie.

Il faudra plutôt retenir de Musseuw une puissance de train extraordinaire qu’il tirait d’une musculature des cuisses imposante et une bonne science de la course. Ses 3 Tours des Flandres (1993, 1995, 1998), ses 3 Paris-Roubaix (1996, 2000, 2002), son Championnat du monde (1996) et ses deux victoires au classement final de la Coupe du Monde (1995 et 1996) resteront les plus belles lignes de son palmarès.

Ses équipes au cours de sa carrière, débutée en 1988 : ADR (1988-1989), Lotto (1990-1992), GB-MG (1993), MG (1994), Mapei (1995-1998), Mapei Quick Step (1999-2000), Domo (2001-2002), Quick Step (depuis 2003). Peu de gens savent ainsi que Musseuw a débuté sa carrière comme sprinter, enlevant d’ailleurs 2 étapes du Tour de France 1990. L’année précédente, il avait aidé Greg LeMond à contrôler, dans les étapes de plaine, l’armada Super-U de Laurent Fignon et la puissance Banesto de Pedro Delgado, permettant à LeMond de rester à portée de Fignon au général. La suite appartient à l’histoire…

Ses autres victoires en Coupe du Monde : HEW Cyclassics (2002), Championnat de Zurich (1991, 1995), Amstel Gold Race (1994), Paris-Tours.

Ses autres victoires : Het Volk (2000, 2003), Flèche Brabançonne (1996, 1998, 2000), A Travers les Flandres (1993, 1999), GP de l’E3 (1992, 1998), Trois Jours de La Panne (1997), Kuurne-Bruxelles-Kuurne (1994, 1997), Quatre Jours de Dunkerque, Championnat de Belgique sur route (1992, 1996), Course des Raisins (1994, 1995), Trophée Laigueglia (1995), GP Eddy Merckx (1995), Championnat des Flandres (1991, 1995), A travers le Morbihan.

Son palmarès se résume donc pratiquement uniquement à des courses d’un jour, signe évident que tout comme Armstrong se consacre au Tour de France, d’autres faisaient la même chose pour les Classiques. La spécialisation du cyclisme moderne…

En terminant, La Flamme Rouge n’était pas un grand fan de Musseuw, mais le coureur a su l’impressionner à plusieurs reprises. C’est suffisant pour reconnaître qu’il est un authentique champion cycliste et qu’en ce sens, Johan Musseuw a sa place parmi les Grands du cyclisme. Il nous manquera.

Le coureur le plus titré dans le domaine des Classiques et encore en activité est désormais l’Italien Michele Bartoli (CSC).

Cyclingnews publie aujourd’hui un intéressant compte-rendu de la carrière de Musseuw, ainsi que son palmarès complet.

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