Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Mois : septembre 2005

Nouveautés Campagnolo 2006

La société Campagnolo a depuis peu annoncé « ses nouveautés 2006 »:http://www.campagnolo.com/newprodc.php. En bref, peu de changements sur les groupes haut de gamme (Record et Chorus) si ce n’est l’introduction « d’une nouvelle chaîne Record »:http://www.campagnolo.com/groupsets.php?gid=1&cid=6&pid=14 appelée « _Ultra Narrow_ », plus légère et plus étroite qu’avant. Le gain de poids par rapport à la chaîne 2005 ? 24 grammes. Nous en avons évidemment déjà commandé une…

Le reste des nouveautés concernent plutôt les groupes intermédiaires et populaires comme Centaur, Mirage, Veloce et Xenon. La tendance à laquelle Campagnolo nous a habitué depuis quelques années et qui consiste à progressivement faire profiter des développements technologiques du groupe Record aux groupes d’entrée de gamme est maintenue. C’est ainsi que les groupes Xenon et Mirage hériteront en 2006 de la technologie « _Dual Pivot_ » « pour leurs freins »:http://www.campagnolo.com/groupsets.php?gid=5&cid=10&pid=107 et que les groupes Centaur, Veloce et Mirage offriront en 2006 « une option de pédalier compact »:http://www.campagnolo.com/groupsets.php?gid=3&cid=7&pid=228, toutefois fabriqué en aluminium et non en carbone comme sur les groupes Record et Chorus. Le groupe Centaur offrira trois choix de plateaux (50-34, 50-36 et 48-34) et les groupes Veloce et Mirage deux (50-34 et 48-34). Après les populaires pédaliers « triple plateau » au tournant du siècle, nous voilà donc résolument dans l’ère du pédalier compact et Shimano s’est déjà ajusté, offrant dans « sa gamme Dura-Ace 2006 une nouvelle option compact que voici »:http://www.velo101.com/photos/photodujour.asp?Numero=287.

Des changements plus importants ont été apportés « aux roues Campagnolo »:http://www.campagnolo.com/newprodw.php. Nouveauté commune à toutes les roues, « de nouveaux blocages rapides font leur apparition »:http://www.campagnolo.com/pics/QR6-20.jpg, blocages qui distribuent « _de manière homogène l’effort d’actionnement_ ». Pourquoi pas?

Les fleurons de la gamme restent « les sublimes Bora »:http://www.campagnolo.com/wheels.php?gid=3&cid=7 qui nous font rêver depuis trois ans tout comme « les fabuleuses Hyperon »:http://www.campagnolo.com/wheels.php?gid=1&cid=1&pid=27, redoutables en terrain montagneux. « Les Eurus ont été revues »:http://www.campagnolo.com/wheels.php?gid=2&cid=4 et sont désormais assymétriques, l’épaisseur de la jante arrière (30mm) étant plus importante que celle de la roue avant (26mm). La roue arrière présente une nouvelle cassette alu, plus allégée, et un nouveau moyeu, plus gros, pour plus de rigidité en torsion. La paroi supérieure de la jante est faite sans perçages, ce qui permet d’éliminer les fonds de jante (très pratique). Enfin, les Eurus se déclinent en 2 couleurs, « argent »:http://www.velo101.com/photos/photodujour.asp?Numero=290 et noir. Du beau matos assurément et nos Eurus 2003 nous donnent toujours entière satisfaction, à l’entraînement comme en course sur tous les terrains.

En plus de subir une cure d’amaigrissement, les « Zonda »:http://www.campagnolo.com/wheels.php?gid=2&cid=5, « Scirocco »:http://www.campagnolo.com/wheels.php?gid=2&cid=6 et « Vento »:http://www.campagnolo.com/wheels.php?gid=2&cid=10 se dotent pour 2006 de moyeus un peu plus gros, pour plus de rigidité, de nouveaux rayons et, dans le cas des Zonda, de la plupart des caractéristiques des Eurus si bien que seul le poids (1.630 gr pour les Zonda versus 1.510 gr pour les Eurus) les distingueront en 2006, pour l’essentiel.

Bref, les nouveautés ne sont guère majeures chez Campagnolo en 2006 et la mode qui consiste à introduire du carbone partout semble, du moins l’espace d’un an, s’essoufler. Quels seront les développements possibles dans l’avenir? Il faut rappeler que Campagnolo travaille toujours sur son groupe électrique, vu à l’essai cette année sur les vélos de quelques pros du peloton européen. Le poids et l’autonomie de la batterie restent de sérieux problèmes auquel il faut en ajouter un autre : quels sont les réels avantages de l’électrique sur le mécanique?

Pourra-t-on par ailleurs encore alléger les groupes? Cela apparaît difficile tant le poids est aujourd’hui minimum sur à peu près toutes les pièces. À cela qu’il faut rappeler que les pièces doivent conserver un minimum de durabilité et de sécurité pour les utilisateurs, limitant les développements futurs. Dans ce contexte, Campagnolo pourrait-il lorguer vers de nouveaux marchés comme ceux des potences et des guidons afin de compléter ses gammes? Ce n’est pas impossible…

Variations sur un même thème, le Mondial de Madrid

1 – décidemment, cette Vuelta est bien déroutante! Après le tour de force d’Heras avant-hier, en voilà un autre aujourd’hui à mettre au crédit d’Il Grillo, « Paolo Bettini, qui s’est offert… Petacchi au sprint »:http://grahamwatson.com/gw/imagedocs.nsf/updateframesetcall?openform&05vueltaSt16, excusez un peu!!! Pour ce dernier, cette défaite tombe à un bien mauvais moment puisque l’enjeu du mois est la place de leader de la Squadra Azzura à Madrid, lors des prochains Mondiaux. En battant Petacchi au sprint, Bettini vient de prouver qu’il possède lui-aussi une très belle pointe de vitesse lorsqu’il est en forme, ce qui est assurément le cas actuellement. Si Ballerini devrait conserver Petacchi comme leader pour les Mondiaux étant donné le terrain, il n’aura probablement plus le choix, après cette perf de Bettini, de désigner ce dernier comme « coureur protégé » et de lui donner carte blanche de jouer sa carte personnelle dans une échappée. L’armada italienne sera donc probablement bicéphale à Madrid avec un Bettini libre de se « glisser dans des coups » dans le final et un Petacchi désigné seul leader en cas d’arrivée au sprint. Et qu’adviendra-t-il de DiLuca, auteur d’une saison remarquable?!

2 – « l’équipe de Belgique »:http://www.velo-club.net/article.php?sid=27261 a été constituée sans surprise autour de Tom Boonen qui pourra compter sur Wauters, Nuyens, Gilbert mais surtout Hulsmans et Leukemans (déjà ses poissons-pilote chez Quick Step) pour lui amener le sprint. Deux grosses interrogations nous tenaillent cependant : que diable vient faire Mario Aerts dans cette sélection et sur ce type de terrain (c’est un grimpeur!) et dans quelle mesure Van Petegem voudra se mettre au service de Boonen, lui qui n’aura peut-être pas pardonné au jeune champion sa défaite dans le Ronde en avril dernier? Qui plus est, il s’agit probablement pour Van Petegem d’une de ses dernières chances d’être champion du monde…

3 – la « redoutable sélection australienne »:http://www.velo-club.net/article.php?sid=27281 sera composée de Baden Cooke, Allan Davis, Cadel Evans, Matthew Hayman, Robbie McEwen, Bradley McGee, Michael Rogers, Rory Sutherland et Henk Vogels. On favorisera très certainement McEwen en cas d’arrivée au sprint, avec Cooke comme dernier relayeur puisque ce dernier « semble revenir à son meilleur niveau, ayant remporté la 1ere étape du Tour de Pologne »:http://www.cyclingnews.com/road/2005/sep05/poland05/?id=results/poland051. McGee, Rogers et Vogels pourraient également faire partie du train australien en vue de la ligne, eux qui sont d’excellents dragsters sur une courte distance. Laissera-t-on Evans se glisser dans des échappées?

Quoi qu’il en soit, McEwen a très certainement une belle carte à jouer dans ce Mondial en cas d’arrivée au sprint, étant un sprinter qui n’a pas froid aux yeux. Les sprints des Mondiaux sont en effet souvent chaotiques et McEwen a connu une bonne saison 2005. Seule interrogation, celle de savoir où il en est dans sa préparation…

4 – « l’équipe de France »:http://www.velo-club.net/article.php?sid=27299 est articulée autour de… Jean-Patrick Nazon et Jimmy Casper qui ne sont pas de mauvais sprinters lorsqu’en bonne condition mais qui se situent néanmoins à plusieurs longueurs selon nous des grands ténors de la spécialité. Pour épauler Nazon et Casper, Frédéric Moncassin a fait confiance à deux vétérans, Brochard et Vasseur, ainsi qu’aux Da Cruz, Geslin, Kern, Sylvain Chavanel et Le Mevel qui auront la responsabilité de tenter des échappées. Pourquoi pas? Mais on serait surpris de voir l’équipe de France aux avant-postes dans le final de l’épreuve madrilène.

5 – « chez les Espagnols »:http://www.velo-club.net/article.php?sid=27296, la sélection est intéressante et très hétérogène au niveau des groupes sportifs : Igor Astarloa (Barloworld), Alejandro Valverde (Illes Balears), Martin Perdiguero (Phonak), Juan Antonio Flecha (Fassa Bortolo), Francisco Mancebo (Illes Balears), Marcos Serrano (Liberty Seguros), Constantino Zaballa (Saunier Duval) et Oscar Pereiro (Phonak). Comment tout ce joli monde s’entendra-t-il, chacun ayant peu d’équipiers avec lui dans cette équipe d’Espagne?

En cas de sprint, ce sera évidemment tout pour Valverde, un coureur explosif qui n’a de toute façon pas besoin de beaucoup d’aide dans les derniers hectomètres. Auparavant, Astarloa, Flecha et Pereiro pourront probablement jouer leur carte personnelle tout en ayant à coeur de durcir la course en créant une course de mouvement.

Le grand absent de cette sélection est évidemment Oscar Freire, toujours très à l’aise dans les épreuves sur circuit des Mondiaux (3 titres depuis 1999!).

6 – l’équipe canadienne comportera pour sa part trois coureurs, soit Micheal Barry, François Parisien (le champion canadien) et… Ryder Hesjedal, contre toute attente. « Voilà une décision »:http://www.canadian-cycling.com/French/nouvelles/2005/sep05/09_route_finale.htm à nos yeux incompréhensible voire scandaleuse. L’Association Cycliste Canadienne avait pourtant clairement annoncé que le GP de San Francisco constituait la dernière épreuve de sélection pour les Mondiaux. À ce qu’on sache, Perras a obtenu le meilleur classement des Canadiens à cette course (10e), Dionne s’y est illustré en étant très actif et Hesjedal… n’a tout simplement pas terminé la course! Et c’est ce dernier qu’on sélectionne! Voilà tout un message envoyé aux deux autres coureurs…

Comme le souligne notre collègue Guy Maguire de Veloptimum, « _Rappelons que Dominique Perras a également été le meilleur Canadien aux championnats américains à Philadelphie, au Tour de Géorgie en plus de finir troisième aux championnats canadiens, devant Ryder Hesjedal. Aucune explication n’a été fournie par l’A.C.C. pour justifier son choix_ ».

De telles décisions, qui plus est rendues sans explications, contribuent très certainement à procurer une très mauvaise presse (et par conséquent une mauvaise image auprès du public) aux fédérations nationales. Remarquez que le cas canadien n’est pas unique en son genre, la Fédération Française de Cyclisme ayant récemment annoncé la non-sélection de Longo – pourtant auteure d’une bonne saison – pour les prochains Mondiaux…

7 – « VDB a gagné une kermesse en Belgique aujourd’hui »:http://www.velo-club.net/article.php?sid=27280. Incroyable mais vrai. L’homme semble viser la signature d’un bon contrat en fin de saison. Mais quel directeur sportif d’une équipe ProTour voudra lui faire confiance, sachant qu’avec VDB, 6 mois représentent une éternité?

8 – « encore une excellente chronique »:http://www.velochronique.com/chroniques/article.php3?id_article=576 de notre collègue Raphael des Chroniques du Vélo.

Le méchoui de Jacques

Ce jour-là on arrivait à Andorre. Et le lendemain c’était repos. La station de la « _Radio des Vallées_ » organisait un méchoui monstre dans ses jardins. Par politesse, les coureurs étaient invités. On savait pourtant qu’ils ne viendraient pas. Pourtant, il en vint un… oui, oui, tu as gagné, tu as trouvé. Une bise là. Oui, c’est ton grand pote Anquetil, tenue d’estivant, flanquée de Janine plus rose que jamais et plus blonde que jamais. Là, accotés à des cyprès, on s’installe et Jacques commande : « _Allez père Mic, occupes-toi du ravitaillement_ ».

J’ai beau connaître mon Normand et ses insondables capacités, je me dis : « _Il bluffe. Un petit coup d’épate pour les copains et, après, retour à l’hôtel_ ».

Alors je déchire un petit morceau de mouton et j’apporte le truc à Jacques : « _Tu te fous de moi ? Tu me prends pour un rouge-gorge? Et n’oublie pas la sangria…_ ».

Ce fut digne de Gargantua. Jacques engouffre bien trois livres de mouton et pas mal de verres de sangria. À un moment un orage nous obligea à nous égayer vers les studios, les bureaux, les garages. Un grand coup de sifflet nous fit retourner ! Geminiani nous faisait signe, à la porte d’un hangar. On arrive et il nous dit : « _Rappliquez, j’ai découvert une mine…_ ».

Je te jure, mon petit tanagra, que je n’exagère pas. D’ailleurs, à notre prochaine virée en Normandie, tu demanderas à Jacques. Non, je n’exagère pas.

Dans le hangar il y avait effectivement la mine : une baignoire. Oui, une baignoire. Qu’est ce qu’elle foutait là, au milieu du hangar? Et bien je vais te le dire, mon trésor, elle était pleine de sangria. « La baignoire à Marat », que j’ai dit. Mais ca n’a pas dégoûté Jacques ni Gem. Ni moi d’ailleurs. Empoignant la louche qui servait à remplir les carafes, Gem la remplit, boit, la remplit, la passe à Jacques, puis à moi. On fait la chaîne…

Tu vois à peu près le genre de beuverie. Nous, encore. Mais Jacques, lui, le lendemain, il serait sur son vélo ! Pour l’étape Andorre-Toulouse. Avec le Port d’Envalira comme petit déjeuner.

Le soir, à Andorre, un témoin de la scène, mon ami Émile Besson – tu sais, celui qu’on appelle le poulidoriste inconditionnel – raconte à Anglade qui la raconte à je ne sais plus qui, qui la raconte à tout le monde. Tant et si bien que le lendemain, tous les gars ils avaient juré de se transformer en toréadors! « _Ah! Monsieur Anquetil se permet des fantaisies? En fait, il se fout de nous. Il veut nous faire passer pour des charlots? Et bien! on va lui faire sa fête…_ ».

Jacques, lui, il ne se doutait pas de ce qui l’attendait. Il finissait de digérer son méchoui, et il gambergeait l’histoire de la voyante qui avait prédit au début de l’arrivée qu’il se casserait la figure ce jour-là! Tu as beau ne pas être croyant, ca te met les intestins en tire-bouchon.

Et dès le départ la fête commence… Ca flingue de tous les côtés. Oh! il n’est pas beau le Jacques. Et Poulidor, et Bahamontès et quelques autres qui se font la paire! Jacques, lui, il peine. Au sommet il est bel et bien largué. Et comment! Poulidor est passé depuis quatre minutes! Pas joli de surcroît, il a les yeux au fond de la cour et l’impression de marcher à côté de ses pompes comme on dit dans le language fleuri du peloton…

Au sommet c’est presque la nuit. Le ciel est noir, il y a du brouillard et un sale petit crachin. Les voitures éclairent leurs phares pour s’enfoncer dans la descente. Poulidor, Bahamontes et quelques autres sont loin, bien loin devant déjà quand Jacques attaque la descente…

Ah! cette descente. Geminiani, en 1958, dans Chamrousse, Nencini en 1960 dans le Tourmalet, c’était de la petite bière! Jacques fonce dans la nuit, il oublie la peur qui lui noue les tripes. À moins que ce ne soit des séquelles du méchoui… Il dégringole, bondit de lacet en lacet, rejoignant des adversaires, les clouant sur place. Au bas de la descente, il arrive sur le petit groupe de Georges Groussard, le maillot jaune. Poulidor, Bahamontes sont toujours devant.

Le long de l’Arriège, c’est la chasse folle. Jacques, maintenant transfiguré, met les pédales double, quadruple. Georges Groussard et ses équipiers (Anglade, Foucher, Monty), heureux de l’aubaine, y vont aussi de bon coeur. Si bien que Poulidor, Bahamontes, etc. sont rejoints. Georges Groussard a sauvé son maillot jaune, Anquetil a rétabli la situation.

Mieux même, peu avant Toulouse, c’est Poulidor qui crève, tombe et perd plus de deux minutes sur Jacques! Avoue que ce n’est pas normal… seulement, ma toute belle, Anquetil n’est pas un gars comme les autres. Il n’est pas fabriqué de la même viande. Et il file des complexes à tout le monde. Mais je pense que pour quelques louches de sangria, il a failli – oui, seulement failli – perdre le Tour… alors que d’autres l’ont perdu pour un bidon de bière froide! À te dégouter de boire de la bière. Tu n’aurais pas plutôt une goutte, enfin deux, de ce Meursault du père Paul Gauffroy?

Miroir du Cyclisme no 116, juillet 1969.

UCI et Heras

On fera court ce soir pour témoigner de tout notre dégoût quant à « la réaction de l’UCI diffusée vendredi dernier à propos de l’affaire Armstrong »:http://www.uci.ch/modello.asp?1stlevelid=B&level1=2&level2=0&idnews=3731. Nous ferons court pour laisser toute la place « à ce texte exceptionnel »:http://www.velochronique.com/chroniques/article.php3?id_article=574 sous forme d’une lettre à M. Verbruggen et écrit par notre collègue et ami des Chroniques du Vélo, Raphael. On n’aurait vraiment pas pu faire mieux et il faut absolument lire ce texte qu’on partage à 100%.

Par ailleurs, l’autre fait du jour est « la magnifique victoire d’Heras sur la Vuelta »:http://www.cyclingnews.com/road/2005/vuelta05/?id=results/vuelta0515 qui lui permet de renverser Menchov, pointé ce soir à plus de 5 minutes! Heras a profité de son excellente équipe tôt dans l’étape, puis a attaqué dans une descente pour ensuite escalader seul la dernière ascension du jour, la montée de Pajares, le tout dans une météo difficile puisque pluie et froid étaient au rendez-vous. Menchov a pour sa part complètement craqué, étant visiblement isolé et au bout du rouleau.

Il nous semble bien que le dernier grand coup de la sorte par un grimpeur sur un grand tour remonte à… 1998 lorsqu’un Pantani déchainé avait détruit Ullrich et tout le peloton du Tour de France dans le col du Galibier, franchi sous des trombes d’eau. Pantani s’était imposé quelques jours plus tard dans le Tour et il est probable qu’Heras en fasse autant sur cette Vuelta, disposant désormais d’une confortable avance sur Menchov et Sastre au général. Heras deviendra donc probablement le premier coureur de l’histoire à remporter 4 Vuelta, ce qui n’est pas rien. C’est toutefois dommage qu’un tel coureur n’ait jamais été vu à son avantage sur les routes du Tour en juillet…

Heras serre (courageusement) les dents

Certains de nos lecteurs ont récemment exprimé leur désir de nous voir parler d’autre chose que du dopage sur ce site. Nous tenons à leur dire ceci : nous espérons nous aussi pouvoir enfin passer à autre chose, nous espérons nous aussi que le sport reprenne le devant de la scène au plus tôt, nous permettant de parler d’autre chose que du (_putain_) de dopage. Regardez la Vuelta, il n’en est que peu question dans les médias, l’affaire Armstrong occupant toute l’actualité. C’est bien dommage. Et bien malheureusement, l’actualité cycliste est ainsi faite depuis quelques années, les affaires de dopage se succédant à un rythme qui n’a d’égal que celui d’un Hincapie dans le Pla d’Adet sur le Tour 2005… Pour toute cette situation, il faut remercier en particulier M. Hein Verbruggen. Nous poursuivrons donc à couvrir l’actualité tel qu’elle est en vous assurant toutefois que nous aussi, on a bien hâte de passer à autre chose que le dopage.

1 – concernant l’arrivée de Charles Dionne chez Saunier-Duval, merci à nos lecteurs avertis qui nous ont rappelé que Chris Horner rejoindra, en 2006, l’équipe Belge Lotto-Davitamon. Pour ajouter au transfert de Dionne, on peut penser qu’une équipe française du style de celle de Berneaudeau (Bouygues Telecom) ou de Marc Madiot (La Française des Jeux) lui aurait facilité l’intégration et ce, à divers niveaux : socialement d’une part, la langue et la culture étant plus proches de la sienne et sportivement d’autre part, le peloton français roulant probablement « plus sain » que le reste du peloton international… Mais loin de nous l’idée d’être négatif car il faut se réjouir – et le féliciter – de voir un coureur comme Dionne rejoindre le ProTour.

2 – « lamentable, mais sans surprise et désespérant »:http://www.lequipe.com/Cyclisme/20050909_114134Dev.html. Et le cuistre se représentera à la tête de l’UCI sans doute… Des années d’affaires de dopage dans le cyclisme devant nous… ce qui est loin de nous réjouir.

2 – « c’est Petacchi qui a remporté l’étape hier sur la Vuelta »:http://www.cyclingnews.com/road/2005/vuelta05/?id=results/vuelta0512, sa 4e victoire au sprint de l’épreuve. Voilà qui rassurera Ballerini, le sélectionneur national, en vue des Mondiaux de Madrid et qui lui donnera des arguments pour demander aux autres Italiens de se mettre au service d’AleJet.

Petacchi a cependant abandonné la Vuelta, ne prenant pas le départ ce matin. Il veut bien évidemment préparer les Mondiaux sans trop fournir d’efforts dans la montagne. Si on comprend donc les raisons de cet abandon, on le déplore tout de même car il ne rend pas justice, il ne respecte pas l’épreuve espagnole. Ce genre d’abandon aurait encore été impensable et une occasion de critiques très sévères de la presse il y a seulement 20 ans…

3 – Vuelta toujours, Heras a été pris dans une chute collective hier et on l’a relevé « salement touché au genou gauche »:http://www.cyclingnews.com/photos/2005/vuelta05/index.php?id=vuelta0512/esp-protour-hera-47. Roberto a courageusement terminé l’étape et les médecins ont dû lui faire une quinzaine de points à l’arrivée, une indication de l’importance des coupures.

Heras n’a jamais songé à l’abandon, déclarant qu’il était déterminé à poursuivre l’épreuve. Saluons ici son courage et sa détermination. Car c’est aussi ca le cyclisme et l’histoire de ce sport est truffée de situations semblables ou face à l’adversité et aux difficultés, certains hommes se sont sublimés, forçant le respect.

On verra si cette blessure affectera le rendement de Roberto durant le week-end. « Son duel avec Menchov n’est, espérons-le, pas encore terminé! »:http://www.cyclismag.com/article.php?sid=1449

4 – Saga Vandenbroucke. Le gus est incroyable. « Le voilà qui déclare qu’il veut être au départ du Tour 2006 »:http://www.velo-club.net/article.php?sid=27186. Sacré Franck! Jusqu’ou ira-t-il celui-là?!

5 – Armstrong lit-il La Flamme Rouge ? « Il a déclaré »:http://www.cyclingnews.com/news.php?id=news/2005/sep05/sep09news2 lors d’un bref séjour à Mexico City qu’il pourrait bien s’aligner sur le Giro ou la Vuelta dans l’éventualité d’un retour, faisant l’impasse sur le Tour parce que « _I would open myself up for even more questioning, scrutiny, potential sabotage and potential unfair accusations_ ».

Réponse à M. François Cardinal

« Dans un éditorial publié aujourd’hui dans le quotidien montréalais La Presse »:http://www.geocities.com/velonouvelles/articles/5/9sept/P8.html, François Cardinal pose une série de questions concernant l’affaire Armstrong. Devant l’énormité des propos qui traduisent une ignorance presque totale de l’histoire récente du cyclisme, nous ne pouvons laisser passer l’occasion de répondre question par question à ce journaliste.

*Question* – De l’aveu même de L’Équipe, il ne peut y avoir poursuite contre Armstrong puisque « les droits de la défense ne (pourraient) être respectés ». Comment donc justifier la publication de telles accusations ?

*Réponse* : Parce qu’il y a bel et bien eu dopage. Douze échantillons présentent « la preuve scientifiquement incontestable d’un dopage à l’EPO »:http://www.sporever.fr/Depeches/story_182338.shtml. Le journal L’Équipe a pu identifier par une enquête que six de ces échantillons appartiennent à Lance Armstrong. Pas un mais six, rendant les probabilités d’erreur quasi-nulles. S’il est vrai que la procédure judiciaire menant à d’éventuelles sanctions ne peut être respectée, il y a quand même la preuve réelle et formelle d’un dopage à l’EPO. Et ca, c’est digne de publication parce que c’est bien réel (il y a des preuves scientifiques) et susceptible de faire avancer les choses. Lance Armstrong déclare depuis 7 ans que son métier est de gagner le Tour, aux journalistes de faire le leur s’ils pensent qu’il est dopé. C’est exactement ce qui a été fait.

*Question* – Malgré une amélioration notoire des dispositifs antidopages depuis 1999, Armstrong n’a jamais été testé positivement. L’Américain n’aurait-il utilisé de l’EPO qu’en 1999 ? Le cas échéant, comment a-t-il pu gagner six autres Tours ? Le cas contraire, pourquoi cet athlète, l’un des plus testés au monde, n’a-t-il jamais été épinglé ?

*Réponse* : On ne trouve jamais ce que l’on ne cherche pas. En 1999 et 2000, aucun test de dépistage de l’EPO n’existait alors. Les coureurs ont donc utilisé la molécule de façon massive, sûrs qu’ils ne pouvaient pas être contrôlés positifs. La seule menace qui planait sur eux était le dépassement du fameux seuil de 50% du taux d’hématocrite. Les coureurs voyageaient donc (et voyagent toujours…) en permanence avec leurs centrifugeuses leur permettant de vérifier eux-même leur taux d’hématocrite.

À partir de 2001, tout le monde a su que les contrôles pour l’EPO étaient au point. Les coureurs ont donc modifié leur dopage : « Actovegin »:http://cyclisme.dopage.free.fr/lexique.htm, « perfluocarbone »:http://cyclisme.dopage.free.fr/lexique.htm#PFC, autres molécules comme la fameuse « CERA »:http://www.doctissimo.fr/html/forme/mag_2000/mag2306/fo_1895_epo_depistage_02.htm (_Continuous Erythropoiesis Receptor Activator_) ou « l’EMP »:http://www.doctissimo.fr/html/forme/mag_2000/mag2306/fo_1895_epo_depistage_02.htm (_Erythropoietin Mimetic Peptide_), bien évidemment indétectables encore aujourd’hui puisqu’aucun test n’existe. Armstrong peut donc continuer à dominer outrageusement le Tour de France en utilisant ces produits – limités aux coureurs qui peuvent financièrement assumer les coûts d’un tel dopage et qui ont les médecins comme Michele Ferrari pour les encadrer – qui seront peut-être découverts dans ses échantillons dans quelques années, tout juste comme on vient de le faire avec l’EPO.

*Question* – Lorsque des échantillons d’urine s’avèrent douteux, ils sont aussitôt contre vérifiés grâce à un second échantillon. S’il existe deux échantillons, cela implique qu’une erreur est possible. Comment donc, avec un seul échantillon existant, L’Équipe peut-elle ainsi crucifier Armstrong ?

*Réponse* : Parce qu’il n’y a pas un seul échantillon positif, mais bien six correspondant à diverses étapes de l’épreuve et s’échelonnant donc dans le temps. Ca vous en prendra combien pour accepter la réalité ?

*Question* – Les échantillons incriminants auraient été testés pour la recherche et non pour coincer d’éventuels coupables. Pourquoi, dans ce cas, les étiquettes permettant de retracer les coureurs étaient-elles toujours en place alors que le protocole, dans pareil cas, est de les éliminer ?

*Réponse* : Les étiquettes n’étaient pas en place et le laboratoire de Chatenay-Malabry ne les a jamais eues. C’est là qu’intervient l’enquête des journalistes de L’Équipe qui ont trouvé le moyen d’établir le lien entre le code des échantillons et le nom des coureurs. Pour cette raison, les « analyses du labo sont exemptes de soupçons »:http://archquo.nouvelobs.com/cgi/articles?ad=sport/20050823.OBS7163.html&host=http://permanent.nouvelobs.com/, l’enquête leur étant totalement étrangère.

*Question* – Les résultats de l’analyse seraient « indiscutables » même si les échantillons ont près de six ans. Comment se fait-il que les tests en laboratoire de la grande spécialiste Christiane Ayotte démontrent que l’EPO se dégradent en l’espace de quelques mois à peine ?

*Réponse* : Si, M. Cardinal, vous aviez fait votre travail de journaliste proprement en vérifiant vos sources, vous auriez constaté que la déclaration de Mme Ayotte est fort différente. La voici dans son intégralité :

« _The stablity of EPO in urine isn’t as long as five years according to our testing here in Montreal. It’s more a matter of months,_ » stressed Ayotte, whose testing centre is accredited to WADA, the world’s anti-doping agency. « _If the lab in Paris claims to have identified categorically the presence of erythropoetin in this urine then I have no doubt that the identification’s adequate._ »

« Un extrait de l’entrevue de Mme Ayotte à Pierre Maisonneuve est disponible ici. »:http://www.radio-canada.ca/radio/maisonneuve/24082005/63069.shtml

*Question* – L’enquête a nécessité la complicité de bien des gens qui n’ont pas hésité à bafouer les plus simples règles éthiques, tant dans le monde scientifique que cycliste. Comment donc juger de l’authenticité des échantillons et, de surcroît, du lien fait avec Armstrong ?

*Réponse* : Aucune régle d’éthique n’a été bafouée dans le domaine scientifique. Les tests effectués par le labo français pour valider la méthode de détection de l’EPO à partir d’échantillons urinaires recueillis lors du Tour 1999 ont été faits dans les règles de l’art et en respectant toutes les procédures. Les échantillons A n’étaient pas disponibles puisqu’ils avaient déjà été utilisés lors des tests faits en 1999. Les B ont été analysés de façon anonyme par des scientifiques qui se foutaient pas mal de savoir si ces échantillons provenaient de cyclistes, de tennismen ou on ne sait quoi. Pourquoi remettre la bonne foi de ces gens en question?

Côté cyclisme, on ne voit vraiment pas quelles sont les personnes qui auraient « bafoué les plus simples régles éthiques » si ce n’est les coureurs qui se dopent… Seuls les journalistes ont fait preuve d’audace en trouvant le moyen d’identifier ces échantillons certes, mais c’est le boulôt des journalistes d’enquête…

En conclusion, il est toujours surprenant de constater la rapidité avec laquelle les gens remettent en question la bonne foi des autres. Le labo de Chatenay-Malabry est, à la limite, une victime dans cette affaire, ayant fait l’objet d’une fuite. Les journalistes d’enquête ont simplement fait leur boulôt, celui de mettre au jour les techniques d’Armstrong, un coureur – le seul d’ailleurs – qui les nargue depuis 7 ans malgré les évidences qui commencent à sérieusement s’accumuler (si vous voulez des détails, cela nous fera plaisir de vous les donner, mais prévoyez du temps…). On se cache pour se doper, on se cache beaucoup même ; on ment à ce sujet, on ment même beaucoup ; pourquoi alors reprocher à ceux qui veulent faire éclater la vérité au grand jour de mener des enquêtes avec les moyens qui leur sont accessibles?

Pourquoi ne pas plutôt voir dans cette affaire une preuve additionnelle que les contrôles sont quasiment totalement innefficaces (la grande majorité des grands champions cyclistes piqués pour dopage depuis l’affaire Festina en 1998 – les Virenque, Zulle, Pantani, Gotti, Vandenbroucke, Millar, Musseuw, etc. – n’ont pas été suspendus suite à des contrôles positifs mais bien suite à des aveux ou des perquisitions…), que c’est une formidable occasion de prendre conscience que rien n’a changé dans le milieu suite à l’affaire Festina et qu’il s’agit de l’occasion rêvée de travailler tous en commun (fédérations, instances internationales, équipes, etc.) à enfin assainir le sport ?

Bref, M. Cardinal, la seule chose qui m’apparaît baclée dans tout cela est votre éditorial. Il me fera plaisir de vous conseiller la prochaine fois que vous voudrez parler – intelligemment cette fois – de dopage dans le cyclisme.

L’actualité cycliste…

Merci à ceux qui nous ont fait parvenir quelques commentaires suite à notre texte d’hier. L’un d’entre eux nous demande pour la 100ième fois si nous sommes anti-américain. Nous ne sommes ni anti-américain, ni anti-Armstrong à priori. Par contre, nous sommes anti-menteur arrogant. Nous sommes et resterons également anti-ceux-qui-nous-prennent-pour-des-cons.

Dans l’actualité aujourd’hui:

1 – « Charles Dionne a finalement signé (pour 2 ans) avec Saunier Duval-Prodir »:http://www.geocities.com/velonouvelles/articles/5/9sept/P6.html, une équipe espagnole du ProTour comptant dans ses rangs l’Américain Chris Horner. Cette présence de Horner est importante en ce sens qu’elle pourrait favoriser l’intégration de Dionne à ce nouveau milieu.

C’est évidemment une excellente nouvelle pour Dionne d’abord, mais aussi pour les amateurs de vélo au Canada puisque ce coureur devient le 3e Canadien dans le ProTour après Barry et Hesjedal (tous les deux chez Discovery). Pour Dionne cependant, les choses ne font que commencer et le défi s’annonce énorme. Il lui faudra s’adapter à la distance des courses européennes, au rythme différent également (des départs plus lents mais des finals tellement plus rapides) ainsi qu’aux tactiques de course, tellement plus développées, et enfin à une nouvelle culture voire une nouvelle langue de communication. Tout un défi, mais tellement intéressant!

« Dionne s’est fixé l’objectif de participer au Tour de France dès 2006 »:http://www.geocities.com/velonouvelles/articles/5/9sept/Soleil7.html. Selon nous, c’est très ambitieux. Rappelons que Horner, un coureur avec un palmarès plus étoffé que Dionne, n’a été sélectionné qu’au dernier moment par l’équipe pour le Tour 2005, la compétition étant forte au sein même de la formation. Rappelons également que ni Barry ni Hesjedal n’ont fait partie de l’équipe du Tour chez Discovery, une équipe du Tour un peu spéciale il est vrai étant donné les enjeux. Dans ce contexte, il serait surprenant de voir Dionne au départ du Tour 2006, surtout si l’équipe recrute de bons coureurs pro européens durant l’intersaison. Pour Dionne, il faut viser un bon début de saison sur des courses d’un jour et de petites courses par étape d’une semaine, afin de convaincre et de rassurer ses employeurs de sa valeur. Il lui faudra également bien gérer la fatigue engendrée non seulement par les courses, mais aussi par les voyages. L’objectif de participer au Tour 2007 voire 2008 nous apparaît dans ce contexte plus réaliste pour lui, une adaptation étant nécessaire au niveau professionnel européen.

2 – « entrevue avec Denis Menchov »:http://www.velo-club.net/article.php?sid=27157, actuel leader de la Vuelta.

3 – Vuelta suite : le week-end qui s’annonce devrait faire décanter un peu plus la course, les étapes proposées étant montagneuses. « Heras se dit confiant à l’approche de ce test »:http://www.velo-club.net/article.php?sid=27155.

4 – Eurobike : le temps des salons du cycle est commencé. C’est toujours extrèmement intéressant de découvrir les nouveautés que proposerons les fabriquants pour 2006. Si rien de bien intéressant n’a attiré notre attention jusqu’ici, il faut tout de même voir ce « sublime Pinarello »:http://www.cyclingnews.com/photos/2005/tech/shows/eurobike05/?id=eurobike053/EB05-PinarelloParis-A tout en carbone mais dont « les tubes sont taillés un peu comme les tubes alu hydro-formés »:http://www.cyclingnews.com/photos/2005/tech/shows/eurobike05/?id=eurobike053/EB05-PinarelloParis-C.

Le retour d’Armstrong : pourquoi faire?

Lance Armstrong marche à la haine et à la revanche, c’est bien connu. Piqué à vif par le récent scandale qui ruine sa réputation, voilà « qu’il envisage un retour dans le peloton afin d’être présent au départ du Tour de France 2008 »:http://www.lequipe.com/Cyclisme/20050907_100031Dev.html simplement parce qu’à ses yeux, c’est le meilleur moyen « _d’emmerder les Français_ ». Voilà un bel exemple de l’esprit Texan… L’information est en tout cas très crédible puisque « Johan Bruyneel a confirmé qu’Armstrong s’entrainait tous les jours »:http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3242,36-686383@51-636140,0.html, à raison de 3h par jour en moyenne.

Bien sûr, cette déclaration a suscité beaucoup de réactions, de « celle d’Ullrich qui n’y croit pas »:http://www.lequipe.com/Cyclisme/20050907_152117Dev.html à « celle de Bernard Hinault »:http://www.velo-club.net/article.php?sid=27135 qui déclare « _Je me fous éperdument de cet éventuel retour. On verra au départ… s’il y est. Ce n’est pas mon problème_ » en passant par celle de Manuel Beltran qui affirme que « _ce serait génial_ ».

Plus sérieusement, on peut se poser la question de savoir ce qu’Armstrong aurait à gagner en faisant ainsi un retour sur la Grande Boucle. Quelques éléments à considérer :

1 – sur ses chances de gagner premièrement, rien n’est garanti. Armstrong aura alors 35 ans et la jeune génération, notamment les Cunego et Valverde, monte. Même s’il a explosé l’opposition en 2005, on peut penser qu’elle ne peut qu’être plus forte à mesure que les années passent, sous l’effet de son propre vieillissement et de l’arrivée de nouveaux coureurs à maturité.

2 – considérant ses récentes déclarations malheureuses (« _le meilleur moyen d’emmerder les Français_ »), comment assurer sa sécurité sur le parcours ? Il y aura nécessairement des individus insultés étant tout aussi revanchards que lui sur le bord des routes. Le résultat pourrait venir gâcher de façon irrémédiable la réputation du Tour de France qui s’est toujours – ou presque – déroulé dans une ambiance « bon enfant » sur le bord des routes.

3 – en cas d’une 8e victoire dans le Tour de France, on peut penser qu’une telle performance ne ferait qu’alimenter la suspicion. Forcément, le public se questionnera à savoir quel est le truc qui permet une telle longévité, une telle force. Forcément, son équipe sera archi-surveillée par les journalistes et par la police qui voudront saisir cette chance d’enfin trouver à quoi il carbure.

4 – si son retour se concrétise, le seul scénario souhaitable nous apparaît être une défaite d’Armstrong sur le prochain Tour. Une place de 2e au profit d’un Jan Ullrich, d’un Ivan Basso voire d’un jeune comme Cunego ou Valverde réconcilierait probablement Armstrong avec le peuple Français qui a toujours, il est vrai, aimé les valeureux deuxième qui ne baissent pas les bras. Le niveau de suspicion envers ses performances diminuerait, rétablissant en quelque sorte sa réputation actuellement ternie.

L’avenir nous dira ce qu’il en est. Considérant Armstrong, il serait surprenant que l’homme prenne le départ du Tour dans le but de faire 2e, mais il est assez intelligent pour comprendre les avantages qu’une telle place lui procurerait…

Les actualités du jour

1 – Affaire Armstrong. Le président de l’AMA Dick Pound « a affirmé »:http://www.lequipe.com/Cyclisme/20050905_205513Dev.html après avoir pris connaissance de tous les documents du laboratoire de Chatenay-Malabry qu’il voyait dans le cas Armstrong une « _très haute probabilité qu’il y ait eu une activité de dopage_ ». Du coup, tous les yeux se tournent vers l’UCI cette semaine et on attend avec grande impatience leur position. De deux choses l’une : ou l’UCI tranche avec ses habitudes et profite de cette occasion en or pour entreprendre le grand nettoyage du cyclisme (qui sera de toute façon inévitable…) ou elle se campe sur sa position classique qui vise à protéger l’image du vélo et émet un non-lieu, mettant fin à l’histoire.

Quoi qu’il en soit, « on apprend ce matin qu’Armstrong pourrait bel et bien être au départ du Tour 2006 ! »:http://www.velo-club.net/article.php?sid=27115 Le plus honnêtement du monde, la nouvelle ne nous surprend pas. En effet, que voulez-vous qu’une tête brulée comme Armstrong fasse de ses journées ? Il n’a, ces 7 dernières années, que concu sa vie en fonction du Tour. Nullement préparé à une retraite subite, il doit gamberger un max ces jours-ci, une fois passée l’euphorie des premiers jours de congé sans pression. L’atmosphère des courses, la gloire et l’adulation du public, la « famille » de son équipe – une bande de coureurs aussi défoncés que lui – ainsi qu’un but dans la vie (gagner le Tour) doivent être des éléments d’une situation autrement plus intéressante à ses yeux que celle qui consiste à jouer avec des blocs Légo en compagnie de ses enfants dans son ranch du Texas… Et puis, les come-backs sont si populaires aux États-Unis…

On termine notre texte sur l’Affaire Armstrong par cette nouvelle : un ancien soigneur de l’équipe US Postal, le Néerlandais Ron Jongen, « affirme »:http://www.lequipe.com/Cyclisme/20050904_104642Dev.html que des choses « _très étranges_ » se sont déroulées sur le Tour 1999 dans cette équipe. Trois médecins espagnols auraient régulièrement été vus autour et dans les hôtels ou logeaient l’équipe américaine, mais toujours secrètement. Il est également question d’un taux d’hématocrite se situant très près de la limite de 50% pour tous les coureurs de l’équipe. « Il faut lire le court article »:http://www.lequipe.com/Cyclisme/20050904_104642Dev.html qui vient de façon surprenante corroboré les propos de Jonathan Vaughters tenus il y a deux semaines et qui évoquait ces taux d’hématocrite proches de 50% pour l’ensemble de l’équipe. Un autre élément permettant de fortement soupçonner un dopage massif de cette équipe.

2 – GP de San Francisco. « C’est le Suisse Fabian Wegmann (Gerolsteiner), excellent grimpeur, qui a remporté l’épreuve américaine »:http://www.cyclingnews.com/road/2005/sep05/sanfrangp05/?id=results. Pour Charles Dionne, ca ne peut pas marcher à tous les coups ! Il a terminé 37e, une position qui masque ses efforts durant la course pour gagner. Très actif durant la course, Dionne se sera en effet bien battu.

C’est Dominique Perras qui, avec une belle 10e place, a été le premier Canadien de l’épreuve. L’enjeu ? Une place sur l’équipe nationale qui participera à l’épreuve professionnelle des Mondiaux de Madrid à la fin du mois. Deux coureurs sont déjà pré-sélectionnés, soit Micheal Barry et le Champion Canadien 2005, François Parisien. Il reste donc une place à attribuer et les deux coureurs les plus susceptibles d’obtenir le ticket sont Dionne et Perras.

Le choix sera extrèmement difficile puisque ces deux coureurs ont montré être en excellente condition à la fois aux Provinciaux québécois ainsi qu’au GP de San-Francisco. Les deux coureurs méritent également une sélection à nos yeux. Le seul point permettant peut-être de les départager est le profil du terrain à Madrid, un profil plat qui favorisera les sprinters un peu comme à Zolder en 2002 (victoire de Cipollini). Et le meilleur sprinter des deux est à nos yeux Dionne, ce qui en fait le choix logique.

3 – Vuelta. Surprenant Menchov ! Après avoir dépossédé Heras du maillot de leader grâce à « l’épreuve clm qu’il a remporté »:http://grahamwatson.com/gw/imagedocs.nsf/updateframesetcall?openform&05vueltaSt9, il a résisté ces derniers jours (« notamment dans l’étape qui arrivait à Arcalis »:http://grahamwatson.com/gw/imagedocs.nsf/updateframesetcall?openform&05vueltaSt10) aux assaults de l’Espagnol dans la montagne. Jusqu’ici, Menchov évolue donc à un niveau auquel il ne nous a pas habitué dans le passé. La Vuelta est toutefois loin d’être gagnée, de grosses étapes de montagne se profilant bientôt et quatre coureurs étant encore dans le coup puisqu’il faudra également compter avec Sastre et Mancebo.

Un collègue inspiré!

1 – Il faut absolument lire cette chronique intitulé « Hincapie, le malaise et les grenouilles »:http://www.velochronique.com/chroniques/article.php3?id_article=562 de notre excellent collègue des « Chroniques du vélo »:http://www.velochronique.com/, Raphael Watbled. Raphael est apparemment particulièrement bien inspiré ces jours-ci, signant « aujourd’hui »:http://www.velochronique.com/chroniques/article.php3?id_article=563 une autre belle chronique sur le sprint dans la Vuelta.

Sa chronique sur Hincapie a le mérite de soulever un point très important, celui de la banalisation des « affaires de dopage » dans le monde du cyclisme. Car nous sommes de son avis: l’affaire Armstrong aurait dû faire davantage de bruit. Mais les connaisseurs n’auront pas été surpris de la nouvelle et les non-connaisseurs se seront montrés incrédules, classant rapidement l’affaire dans le domaine de l’anti-Armstrong, de l’anti-américanisme des Français voire de la jalousie.

Il faut se méfier de tout cela et ne rien prendre à la légère selon nous: l’affaire Armstrong est importante et nous sommes convaincus, comme nous l’avons déjà écrit, qu’au delà des vices de procédure et des critiques qu’on peut faire sur la façon dont tout cela a été rendu public, il s’agit d’une formidable occasion de faire progresser le cyclisme face à son ennemi le plus redoutable, la triche.

2 – pour continuer sur l’affaire Armstrong, le très crédible médecin italien « Sandro Donati est sorti de son silence »:http://www.velo-club.net/article.php?sid=26960 pour affirmer dans un journal italien que selon lui, Armstrong et beaucoup de cyclistes pros ne prennent pas seulement de l’EPO pour aller plus vite. C’est une évidence, l’EPO seule ne fonctionnant pas très bien. La testostérone, les hormones de croissance, les anabolisants sont encore massivement utilisés (il n’existe d’ailleurs actuellement aucun test de dépistage pour les hormones de croissance…). Pour rappel, « on se souviendra de la petite pharmacie de Rumsas sur le Tour 2003… »:http://www.cyclingnews.com/news/?id=2002/sep02/sep13news le strict minimum pour un cycliste qui se respecte quoi ! Rien n’a changé très certainement, sauf pour les coureurs Français…

Rappelons que Donati est devenu célèbre au milieu des années 1990 lorsqu’il avait déposé le fameux « rapport Donati »:http://www.humanite.fr/journal/1998-12-03/1998-12-03-429654 révélant le dopage sanguin, surtout à l’EPO. Traité de menteur, trainé dans la boue à l’époque, le scandale Festina ainsi que l’affaire Ferrari, son ennemi juré, l’a complétement réhabilité en lui donnant entièrement raison. C’est pour cela que ses déclarations concernant le dopage dans le cyclisme doivent être prises avec le plus grand sérieux : le gars connaît bien son affaire!

3 – déjà, « la retraite d’Armstrong aurait-elle des effets aux États-Unis ? »:http://www.cyclingnews.com/news.php?id=news/2005/sep05/sep02news2 C’est possible puisqu’on annonce que le Tour de Georgie est dans la tourmente, ayant comme par hasard perdu son gros sponsor, la compagnie automobile Dodge, qui financait cette épreuve à coup de millions. Aucun autre sponsor n’a été pour l’instant trouvé. Sans Armstrong comme grande vedette, la tâche sera plus difficile et on verra bien le réel intérêt des Américains pour le cyclisme dans les prochains mois…

4 – « victoire d’Heras aujourd’hui sur la Vuelta »:http://www.cyclingnews.com/road/2005/vuelta05/?id=results/vuelta056, une Vuelta qui s’annonce bien triste. Déjà, Mayo, « Landis »:http://www.velo-club.net/article.php?sid=26971, Eisel ont abandonné la course qui devient progressivement de plus en plus une affaire hispano-espagnole. Seuls le Russe Menchov, « l’Italien Simoni »:http://www.velo-club.net/article.php?sid=26955 voire l’Américain Danielson semblent aujourd’hui être en mesure de venir jouer les trouble-fêtes dans ce duel espagnol. Menchov pointe ce soir à seulement 6 secondes d’Heras qui est leader au général, ce qui entretient un peu l’intérêt de la course. Danielson et Simoni sont déjà plus loin, à environ 2 minutes. Sastre, Mancebo et Beltran sont les autres coureurs à surveiller selon nous. Car pour Aitor Gonzales, Unai Osa, Angel Luis Casero, Bradley McGee, José Azevedo, Santiago Botero, Isidro Nozal, José Antonio Pecharroman et Joseba Beloki, la course est déjà terminée (du moins pour le général).

5 – « Cunego a gagné aujourd’hui le Tropheo Melinda »:http://www.lequipe.com/Cyclisme/20050901_163458Dev.html au sprint en battant Stefano Garzelli. Voilà un signe que le jeune champion se remet progressivement de sa mononucléose et qu’on pourra compter sur lui l’an prochain. Et qui sait, peut-être nourrit-il l’ambition de défendre avec succès son titre au Tour de Lombardie ?

6 – « Lars Bak (CSC) a gagné la 1ere étape du Tour de l’Avenir »:http://www.lequipe.com/Cyclisme/20050901_184821Dev.html. Attention à celui-là, on évoquait son nom hier dans les coureurs à surveiller. Il a « de la caisse » comme on dit dans le vélo!

Page 2 of 2