Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Auteur/autrice : Laurent Page 2 of 345

Le Tour de l’actualité

Ca fait un moment!

1 – Dauphiné. Journée danoise hier avec la victoire de Mikkel Bjerg chez UAE, une équipe qui place trois coureurs parmi les 10 premières place de ce chrono difficile. UAE sera au (grand) rendez-vous de juillet.

Jonas Vingegaard rassure tout son monde en terminant 2e, et devient logiquement le principal favori pour la victoire finale dimanche sur ce Dauphiné.

L’opposition viendra des Wright, O’Connor, Martinez, Hindley et surtout d’Adam Yates, généralement à l’aise en montagne. L’arrivée samedi en haut du Col de la Croix de Fer en Maurienne sera évidemment très intéressante.

2 – Julian « donner le maximum » Alaphilippe. Le champion français a remporté la 2e étape de ce Dauphiné, et on a clairement senti une libération de sa part, après de nombreux mois de galère pour revenir à son meilleur niveau après ses chutes en 2022.

Auteur d’un bon chrono hier, Alaphilippe va bien, ca ne fait aucun doute, et surtout, ca fait plaisir de retrouver pareil puncheur et attaquant.

Reste à savoir pour quelle équipe il courra en 2024. S’il a encore un an de contrat chez Soudal-Quick Step, la pression appliquée par Patrick Lefevere au cours des derniers mois aura certainement laissé des traces chez Olaf Polak. Plusieurs équipes françaises voyant des marges budgétaires s’ouvrir grâce à la retraite de coureurs comme Peter Sagan (Direct Énergies) ou Greg Van Avermaet (AG2R-Citroen), je ne serais pas surpris de voir Alaphilippe changer d’équipe l’an prochain.

3 – Pogacar. Le Slovène a repris l’entrainement depuis un petit moment déjà, après sa fracture au poignet. Il alterne séances de home-trainer et sorties sur route plus tranquilles.

Pogo est embarqué dans un contre-la-montre d’ici le départ du Tour, dans trois semaines. Personnellement, je ne suis pas inquiet pour lui! Il a notamment la jeunesse de son côté.

4 – Netflix Unchained. La série en huit épisodes dont le premier sort aujourd’hui racontera les aventures de plusieurs équipes de premier plan sur le Tour de France 2022. À ne pas manquer !

5 – The last rider. L’histoire d’un des meilleurs « come-back » du sport cycliste sur le Tour de France, celui de Greg Lemond après son accident de chasse en 1987. Ca sort le 23 juin. À ne pas manquer aussi !

6 – Derek Gee. Le meilleur coureur canadien en attendant de voir – on l’espère – Mike Woods, Hugo Houle et Guillaume Boivin sur le prochain Tour de France, a signé un contrat de… 5 ans, jusqu’en 2028, avec son équipe Israel-Premier Tech.

C’est dire si du côté d’Israel – Premier Tech on a été satisfait du travail de Gee sur le récent Giro, et qu’on a confiance en son avenir.

Il est vrai qu’il a été très impressionnant! Ayant suivi toutes les étapes en direct, j’étais soufflé de le découvrir encore dans l’échappée les matins en ouvrant ma tablette. Il est passé tout près d’une victoire d’étape à plusieurs reprises, et était encore en tête de course à deux kilomètres de l’arrivée au Tre Cime de Lavaredo. Chapeau bien bas pour le jeune coureur de la région d’Ottawa.

7 – David Veilleux. On ne l’oublie pas, en effet. Un gars bien, vraiment.

Peu d’audace pour le Campagnolo Super Record 2024

Lancé la semaine dernière, le nouveau et attendu groupe Campagnolo Super Record 2024 fait du rattrapage par rapport à la concurrence.

Rien de magistralement nouveau selon moi, on s’aligne en gros sur ce qui existe déjà ailleurs: groupe sans fil, batterie des dérailleurs avant et arrière amovible, 12 vitesses, freins à disque uniquement et manettes de frein plus ressemblantes à la concurrence (exit le bouton interne).

Pour beaucoup de clients potentiels, l’intérêt réside ailleurs.

D’abord et avant tout, le prestige de la marque Campagnolo, qu’on peut comparer à Ferrari dans un autre registre. Campagnolo a fait, et continue de faire, l’histoire du cyclisme depuis presque 100 ans.

Ensuite, par la qualité esthétique de ses groupes, toujours soignés et tout simplement beaux.

Enfin pour la capacité d’innovation et la maitrise technique. Inventeur des déblocages rapides et du dérailleur, Campagnolo a souvent innové, encore récemment notamment sur les roues. Et le contrôle de qualité ainsi que la durabilité de ses produits sont légendaires. Quand Campagnolo commercialise un nouveau produit, c’est qu’il est au point, fiable et durable.

L’innovation, sur ce nouveau groupe Super Record, on la retrouve au niveau de l’offre des plateaux du pédalier selon moi, bien plus que sur la rapidité du changement de vitesse, apparemment améliorée.

Exit en effet les traditionnels 53-39 et 52-36, il ne reste que le 50-34 comme plus gros développement. À noter cependant que pour les coureurs pro, des combinaisons plus « classiques » (je suppose le 53-39 justement) pourraient être rendues disponibles dans l’avenir, je suppose le temps que Campagnolo teste leur fiabilité lors des changements de vitesse, notamment avec ce nouveau pignon de 10 dents.

Au 50-34, on ajoute deux combinaisons surprenantes, soit le 48-32 ainsi que le… 45-29. Vous avez bien lu, 45-29!

Raison évoquée, le poids. Il faut bien tenter de compenser quelque part pour les grammes ajoutés que sont les batteries et les freins à disque!

Et avec trois offres de cassettes au départ 10 dents (10-25, 10-27 et 10-29), plus besoin d’aller au delà d’un plateau de 50, apparemment. C’est vrai que le 50-10 est plus « gros » que le 53-11.

Avec le 45-29 et la cassette 10-29, Campagnolo offre donc un rapport de 1:1 sur son groupe haut de gamme, soit le développement 29-29. On rivalise d’ingéniosité pour dégoter des montées toujours plus difficiles dans le vélo, cette année sur le Giro c’était le Monte Lussari. Les amateurs veulent eux-aussi s’y attaquer… et trouveront dans ce rapport 1:1 de quoi les monter plus agréablement.

J’ai également calculé l’étagement des nouvelles combinaisons disponibles sur la base de mon article de 2020 sur les braquets et je dois dire objectivement que Campagnolo fait mieux cette fois: les dédoublements de développements sont moins fréquents avec les nouveaux choix.

Toutes les combinaisons de pédalier avec les cassettes 10-27 et 10-29 n’offrent au maximum qu’un seul dédoublement de braquet, bien joué.

Avec la cassette 10-25, c’est le 48-32 qui est le plus « rentable » dans ce registre.

Notons que la cassette 10-27 offre un pignon de 24 dents et la cassette 10-29 des pignons 18, 20 et 26, moins fréquents. On a visiblement songé aux meilleures combinaisons chez Campagnolo cette fois-ci et c’est tant mieux.

En conclusion, ce nouveau groupe Super Record me semble joli, léger, bien fait, et on peut être sûr parce que c’est Campagnolo, fiable. Les amateurs de la marque y trouveront leur compte, et ceux qui sont moins friands de la compagnie italienne trouveront certainement matière à critique, notamment du côté de l’absence d’innovation significative qui aurait pu distinguer davantage le nouveau groupe de la concurrence, et du côté du prix bien sûr.

Si vous demandez le prix d’ailleurs, c’est que vous ne pouvez pas vous le permettre! Quant on aime, on ne compte pas…

Deux légendes du cyclisme québécois au premier critérium de la série GFT 2023

Soir de première hier à Drummondville.

La « bataille de la 55 » est lancée!!

Et déjà, quatre équipes majeures au Québec qui se sont tirées la bourre toute la soirée, pour placer chacune un homme aux 4 premières places.

La victoire au sprint au sein d’une échappée de cinq coureurs partie à mi-course est revenue à Hendrik Pineda de l’équipe Cannondale-Échelon. Hendrik est reparti avec le maillot jaune de leader du classement général (une commandite de Castelli et l’Agence Marco Daigle) et aura à le défendre jeudi soir prochain à Sherbrooke lors de la 2e manche (message subliminal à mon ami Alain Cadorette…).

L’équipe sherbrookoise Siboire-GFT s’est aussi positionnée au général avec la belle 2e place de Maxime Turcotte, très volontaire durant toute la course, et très bien appuyé par ses co-équipiers qui ont parfaitement joué la course d’équipe.

Les 3e et 4e places sont revenues à Mathieu Gabriel (Premier Tech Endo Lévis) et Mathias Letendre (Studio Vélo), eux aussi présents avec des co-équipiers. La course tactique par équipe hier était belle à voir!!

Ces quatre équipes se retrouveront j’en suis sûr sur les 7 prochains critériums pour se disputer les bourses de 200$ à chaque course, puis de 600$ (classement général individuel) et de 800$ (classement général par équipe) au terme de la série.

Erratum!

Les résultats et photos du podium étaient basés sur des résultats provisoires. Après une compilation minutieuse des résultats à l’arrivée mais aussi des sprints intermédiaires, il appert que c’est… Mathieu Gabriel, de l’équipe Premier Tech, qui porte le maillot jaune de leader. Maxime Turcotte est deuxième.

La nouvelle photo est ici, ci-bas !! (merci Jonathan et photoshop!)

Yves Landry et Jules Béland, ambassadeurs de marque

L’excellente soirée d’hier a été rehaussée par la présence de nombreuses personnalités, dont notamment les parents d’Hugo Houle, qui soutient la série (le vidéo très récent d’Hugo est disponible sur la page Facebook du Siboire-GFT). L’infatiguable André Lamarche, grand organisateur d’événements cyclistes s’il en est, était ravi, surtout en présence de sa fille Caroline. Well done André!

Le départ de la course Open a également pu être donné en présence de deux légendes du cyclisme québécois, Yves Landry et Jules Béland (sur la photo ci-bas avec Rudy Landry, fils de Yves et commanditaire principal de la série avec sa compagnie GFT), tous deux membres du Temple de la renommée du cyclisme québécois et membre de l’équipe canadienne ayant pris part à la course sur route et au 100km contre-la-montre par équipe des Jeux Olympiques de Mexico.

Les gars sont en shape, je peux vous le confirmer! Jules avait fait 110 bornes la veille (à 75 ans!), et s’en désolait: il avait prévu faire 150 kms, mais les contraintes de temps l’ont obligé à écourter…

Ca été pour moi l’occasion d’une petite entrevue afin de revenir sur leurs carrières exceptionnelles.

LFR: Yves, Jules, adversaires à une époque, amis aujourd’hui?

Yves Landry: certainement Laurent! Ca me fait toujours plaisir de revoir Jules et de le voir impliqué dans le cyclisme comme il le fait.

Jules Béland: On ne s’est pas fait de cadeaux à une époque, mais la compétition c’est ca. On avait bien des points communs par ailleurs. Yves était toujours aux avants-postes des courses, dans les 3-4 premiers, et moi je ne lâchais jamais le morceau facilement!

LFR: Yves, on te surnommait « L’impérial grimpeur »…

Jules: Je coupe Yves pour te confirmer Laurent qu’il était tout un grimpeur. Mettons que ca paraissait qu’il venait de Québec!

Yves: Mais zéro sprinter par contre. J’ai seulement gagné deux courses au sprint dans ma vie, c’est tout. Je gagnais toujours tout seul, en solo.

LFR: et toi Jules?

Jules: moi, j’étais plus rouleur.

Yves: Jules, sur les circuits fermés, c’était toujours pareil: il partait fort, puis il prenait un tour sur tout le monde! Moi, ca me prenait plus de temps pour partir, et quand j’étais à 100%, souvent il était trop tard pour que je rattrape Jules devant.

Jules: je m’échappais souvent après un premier sprint intermédiaire, je ne me relevais pas.

LFR: Fin des années 1960, on lit qu’il y avait souvent 10, voire 15 000 spectateurs aux courses. Vraiment?

Yves: Oui, c’était ca Laurent. Surtout sur les critériums, les courses sur circuit. On voyait souvent 3, 4 rangées de spectateurs sur le bord de la route, notamment à l’Omnium Cornelli, beaucoup d’Italiens. L’ambiance était folle.

Jules: C’était des grosses courses oui, notamment la Madona di Pompei, le GP de St-Leonard, etc. Ca donnait de l’énergie.

LFR: Et le peloton était relevé, avec notamment Marinoni, Battelo (en 1966), Mecco, Tremblay, etc.

Yves: Oui Laurent, on bataillait fort. Giusseppe Marinoni arrivait d’Italie, il était un des hommes à battre et un dur à cuire. Des coureurs ontariens ou américains venaient même courir au Québec parce que la compétition était plus forte ici.

LFR: Il y avait en tout cas beaucoup de courses par étape à l’époque : Tour de la Nouvelle-France, Tour du lac St-Jean, GP cycliste Labatt de Chambord, etc.

Jules: Oui, il y en avait beaucoup, c’était une autre époque. Je suppose que c’était plus facile d’organiser des courses par étape à l’époque qu’aujourd’hui.

LFR: Vous abandonnez tous les deux Montréal-Québec 1968, l’année de votre sélection aux Jeux Olympiques. Que s’est-il passé?

Jules: J’étais devant! J’étais sûr de gagner, j’avais une belle avance sauf que j’avais mis de la nouvelle poudre énergétique dans mes bidons et pas très loin de l’arrivée, j’ai eu des gros problèmes intestinaux. Je t’épargne les détails! Ma pire galère sur un vélo.

Yves: On arrivait aussi de notre camp d’entrainement en altitude à Font Romeu en France et moi, surprise, je marchais pas du tout sur ce Montréal-Québec, j’ai carrément manqué d’énergie à la fin de la course. Ca donnait rien d’insister compte tenu des gros objectifs qui arrivaient.

LFR: Font Romeu en altitude?

Yves: Oui, car les Olympiques à Mexico faisaient peur à tout le monde à cause de l’altitude. Personne ne connaissait vraiment les liens entre entrainement, compétition et altitude, on entendait toute sorte d’affaire dont rien de moins que des risques de décès. Alors on est allé à Font Romeu pour se préparer, mais on ne connaissait pas vraiment comment faire. On a monté et descendu des cols pendant des jours, et on dormait là-haut, c’est à peu près ca.

LFR: Comment s’est passé votre 100kms contre-la-montre par équipe?

Jules: Je m’en rappelle, ca s’est mal passé! Rapidement, Yves et moi nous sommes retrouvés juste tous les deux, nos deux autres coéquipiers incapables de suivre notre rythme. On a terminé ensemble Yves et moi, mais l’équipe canadienne n’a pas bien fait car le troisième homme sur lequel était pris le temps de l’équipe était loin derrière nous. Un moment à oublier.

LFR: Et un beau moment de votre carrière?

Yves: Probablement les Jeux Panaméricains à Winnipeg en 1967, parce que je termine 6e, Jules 9e, pis on avait aidé notre coéquipier Marcel Roy qui a gagné la course. Trois québécois dans les 10 premiers ce jour-là!

Jules: Oui, bien fier de cela, et pour la joke ils m’ont envoyé la bourse d’Yves pour la 6e place, et Yves a reçu la mienne pour la 9e place… on a réglé ca après!

LFR: Comment étaient équipés vos vélos côté braquets et roues?

Yves: On roulait avec des boyaux bien sûr, et on avait 52-44 à l’avant bien souvent, parfois 53-44, et cinq pignons à l’arrière, du 13-17 et en montagne du 13-23, c’est tout. On montait tout, notamment les côtes de Charlevoix, sur 44-23. Les cadres étaient des tubes Reynolds, en acier. Mon premier cadre est venu d’Italie, 215$ transport inclus pour un cadre de course!

LFR: Messieurs, un plaisir, en espérant vous revoir pour la 2e (Sherbrooke) et 3e (Drummondville) manches de notre série de critériums GFT ces deux prochaines semaines, on va avoir une belle compétition.

Tibopino, actuel meilleur grimpeur du Giro!

Beau reportage sur Thibault Pinot, actuel meilleur grimpeur du Giro.

Tour de France Unchained

Sortie sur Netflix le 8 juin prochain!

On y croit 2030

Beau video de Nordiq Canada, diffusé hier.

Foret Montmorency: quel manque de transparence!

Fondeur très assidu depuis maintenant de nombreuses années, la récente saga du ski de fond à la Forêt Montmorency m’a beaucoup interpellé.

L’endroit est en effet unique pour la pratique du ski de fond, surtout en début et en fin de saison. Non, ce n’est pas juste « un autre centre de ski de fond au Québec ». Pierre et Alex Harvey l’ont bien exprimé, avec raison.

L’annonce de sa fermeture pour la saison actuelle m’a évidemment pris de court, planifiant avec ma petite équipe de ski de fond de Gatineau des séjours d’entrainement dès la fin novembre, et plus tard en saison.

Depuis des années, l’Association des maîtres en ski de fond du Québec y tient la première course de la saison dès décembre, tantôt en style classique, tantôt en style libre.

Ma première réaction, comme celle de toute la communauté des fondeurs, a été « ben voyons donc, qu’est ce qui se passe? Pourquoi? ».

C’est là que ca a dérapé solide selon moi.

Car la première justification avancée par l’Université Laval, en charge du site suite d’ententes avec le Gouvernement du Québec, a été que « les activités récréo-touristiques ne sont pas compatibles avec la recherche scientifique cette année ».

Mais elles l’étaient les années antérieures? Faute d’explications plus convaincantes, j’ai tout de suite trouvé ca bizarre et cela n’a qu’alimenté ma curiosité.

La communauté sportive s’est ensuite rapidement mobilisée, générant par exemple une pétition de 10 000 signatures en quelques jours. Impressionnant.

L’Université Laval a ensuite précisé que des travaux étaient prévus cet hiver avec de l’équipement d’ingénierie de haut niveau sur le territoire de la forêt Montmorency, et que l’Université estimait qu’il y aurait trop de risques que les fondeurs s’en approchent et se blessent.

C’est uniquement pour cette raison qu’on a décidé de suspendre les activités. On ne voudrait pas qu’un skieur s’aventure dans un coin qui pourrait être dangereux.

Andrée-Anne Stewart, porte-parole de l’université laval, citée par radio-Canada, 7 octobre 2022

Mouais, pas convaincu du tout!

Comme l’a alors rappelé Pierre Harvey, la Forêt Montmorency, c’est grand! Doit-on tout fermer pour assurer le passage sécuritaire d’équipements? Ces équipements auront-ils à transiter par toutes les pistes de ski de fond du réseau?

D’autres – notamment du côté de Ski de fond Québec – ont manifestement eu les mêmes réactions que moi, et la pression ne s’est pas réduite sur l’Université Laval.

L’Université Laval a finalement lâché le morceau vers la mi-novembre, dans un communiqué et en entrevue auprès de médias.

Au niveau des communications, on sait qu’on l’a échappé.

Nancy Gélinas, doyenne de la faculté de foresterie de l’université laval, citée par radio-canada, 16 novembre 2022

Outre cet aveu, on a pu lire dans le communiqué de l’Université Laval que:

  • « Avec le temps, la mission première d’enseignement et de recherche de la Forêt Montmorency a donc été relayée au second plan. Des ressources humaines et financières importantes étaient de plus en plus dédiées au support d’activités touristiques sans que leur rentabilité ne soit nécessairement démontrée.« 
  • La Faculté travaille activement à faire émerger un nouveau modèle d’affaires durable et rentable qui pourra cohabiter de manière harmonieuse avec la mission et les activités d’aménagement, d’enseignement et recherche.
  • La Faculté s’engage à mettre sur pied un comité de travail, en collaboration avec divers intervenants, dont Ski de Fond Québec, pour réfléchir à ce nouveau modèle d’affaires durable et rentable qui permettrait de soutenir les objectifs institutionnels de recherche, de formation et d’éducation du grand public.

L’enjeu fondamental n’était donc en rien des travaux à conduire sur le site, ni même les besoins de la recherche scientifique, mais bien la rentabilité des activités récréo-touristiques sur place (comprendre les activités de ski de fond).

Autrement dit, le ski de fond n’est pas rentable à la Forêt Montmorency et l’Université Laval a décidé d’arrêter les frais.

Des questions de sous, toujours des questions de sous!

Personnellement, je n’ai aucun problème avec cela: il n’est pas dans la mission de l’Université Laval d’opérer un site de ski de fond. Il s’agit plutôt d’une institution d’enseignement et de recherche. Alors oui, il faut trouver tous ensemble des moyens de préserver le ski de fond à la Forêt Montmorency, et cela passe peut-être par l’atteinte de la rentabilité. Des solutions existent probablement: mobiliser davantage la communauté des fondeurs sur l’intérêt de ce site, en faire un pôle reconnu de Nordiq Canada notamment à l’égard de l’équipe canadienne (tant de choses pourraient être faites en ce sens!), chercher des partenariats avec le privé, diversifier l’offre récréo-touristique, réduire les installations, etc.

Est-il seulement possible d’atteindre la rentabilité? Je n’en suis pas sûr, et cela ne veut pas dire fermer le site pour autant. Nombre d’activités culturelles ou sportives, en premier lieu les GP cyclistes de Québec et Montréal, ne pourraient pas avoir lieu ou exister sans l’apport d’argent public. La Sépaq n’a pas vocation de générer des revenus pour le Gouvernement du Québec.

Enfin peu importe, mon point n’en est pas là. Je déplore plutôt le fait que l’Université Laval n’a pas fait preuve de transparence dès le départ dans ce dossier. On a manifestement voulu masquer les vraies raisons de la décision, je ne comprends pas pourquoi.

Et je déteste être pris pour un imbécile.

C’est grave à mes yeux car le dérapage est venu d’universitaires, des gens qui sont, à la base, des scientifiques garants des valeurs fondamentales de la science parmi lesquelles la transparence, la recherche de la vérité, l’ouverture d’esprit, l’honnêteté et la rigueur.

Si on ne peut plus croire nos élites intellectuelles, nos gens qui décernent des doctorats dans notre société et qui, plus que toutes autres personnes, font figures de ceux et celles qui détiennent la connaissance, qui pourrons-nous croire?

On se désole de plus en plus de l’époque dans laquelle on vit: perte de confiance de la population dans les institutions démocratiques, montée du populisme, explosion du nombre d’adeptes des théories du complot ou autres théories farfelues, remise en question de la science (notamment à l’égard du bienfait des vaccins et des traitements médicaux), etc. Cela a des conséquences désastreuses, notamment dans les urnes. Je suis d’avis que l’attitude de l’Université Laval dans le dossier de la Forêt Montmorency est un exemple de situation où s’en suit une perte de confiance de la population dans nos plus belles institutions.

C’est vraiment dommage, et certainement pas un exemple à suivre.

Une belle Étape du Tour 2023

Ca sera le 9 juillet prochain entre Annemasse près de Genève et Morzine: l’Étape du Tour 2023.

152 kilomètres magnifiques dans le secteur, et six beaux cols à franchir.

152 kilomètres, ca demeure accessible. Grosse différence avec des cyclosportives de plus de 200 bornes.

La première difficulté, toute relative, le col de Saxel, était mon terrain d’entrainement lors de mon année genevoise, il y a fort longtemps il est vrai (1997). Beau petit col roulant et tranquille, parfait pour bien débuter la journée.

Les cols de Cou, de Feu puis de la Jambaz seront aussi des bosses très sympathiques à escalader, rien de trop dur, avant le final difficile de cette cyclosportive.

L’Étape du Tour l’an prochain commencera au km90, avec le col de la Ramaz.

S’en suivra 10 bornes de faux-plats ascendants après la descente, question de rejoindre le pied de Joux Plane qu’on ne présente plus. Le morceau de bravoure de la journée, et c’est là que les jambes de (très) nombreux participants rendront l’âme. Gare à ceux qui n’auront pas fait gaffe à leur alimentation.

Autrement dit, il faudra pouvoir enclencher le turbo sur ces deux dernières ascensions, et ceux qui donneront trop sur les 4 premiers cols plus faciles paieront cash l’addition des kilomètres.

Très beau petit vidéo ci-bas vous permettant de découvrir le parcours. C’est bien fait.

L’Étape du Tour affiche déjà complet, preuve que l’engouement demeure pour cette cyclosportive qui, il est vrai, propose un cadre unique puisque celui des coureurs du Tour de France. Routes fermées!

Et comme prépa finale, quoi de mieux qu’un petit séjour dans les Vosges quelques jours avant?

Coupe du Monde de ski de fond: une saison différente en perspective

Les grands(es) du ski de fond étaient de retour à la compétition ces deux dernières semaines.

Ce fut d’abord Muonio en Finlande, puis ce week-end Beitostolen en Norvège et Bruksvallarna en Suède.

Festival Klaebo à Beitostolen, le meilleur fondeur du monde nous a rappelé à tous pourquoi il était le meilleur fondeur du monde. Impérial!

Derrière, les autres Norvégiens ont bataillé ferme pour une sélection en équipe nationale en vue de la première épreuve de la Coupe du Monde 2022-2023 à Ruka en Finlande le week-end prochain. Je le dis souvent, le plus dur pour un fondeur norvégien ce n’est pas de gagner une course de Coupe du Monde, c’est de faire l’équipe nationale pour être au départ! Quant on pense que des Sjuer Roethe ou Didrik Toenseth regarderont Ruka à la télé, ca en dit long sur la profondeur de l’équipe de Norvège.

Chez les femmes, les Suédoises ont commencé à dominer la saison dernière, et elles profiteront à la fois de la retraite de la Norvégienne Johaug et de l’absence des fondeuses russes cette saison pour étendre cette domination.

Les fondeurs(euses) russes seront en effet absents de toutes les courses de Coupe du Monde, ayant été exclus par la Fédé, une Fédé très fortement influencées par trois pays, la Norvège, la Suède et la Finlande il est vrai.

Alexandr Bulshonov, Natalya Nepryayeva ou encore la prometteuse Veronika Stepanova à la maison, la compétition sera moins rude et donc moins… intéressante cette saison, mais on comprend les raisons sous-jacentes.

Les Russes se sont contentés le week-end dernier de la première épreuve de Coupe de Russie, par -18 à Vershina Tea. C’est Maltsev qui s’est imposé chez les hommes, et Stepanova chez les femmes sur les épreuves phare en technique libre.

Pour revenir aux Suédoises, elles ont par ailleurs rappelé leur force en ski de fond en fin de semaine dernière sur les épreuves de Bruksvallarna, Andersson et Karlsson bataillant ferme. Elles risquent d’être rapidement devant en Coupe du Monde, l’équipe féminine norvégienne semblant désorganisée suite à la retraite de Johaug.

Il faudra aussi surveiller la pétillante Jessie Diggins et son équipe américaine, des filles motivées et enthousiastes à la simple idée de chausser des skis et de mettre un dossard. Ca ne nuit jamais.

Du côté canadien, la sélection pour Ruka est connue depuis un petit moment: Antoine Cyr, Olivier Léveillé, Graham Richie, Katherine Stewart-Jones, Dahria Beatty et Olivia Bouffard-Nesbitt. Ces athlètes étaient récemment en préparation du côté de Davos en Suisse. Il sera intéressant de suivre cette année la progression du jeune Sherbrookois Léveillé, selon moi un prodige du ski de fond, et dont personne ne connait les limites. Avec le Gatinois Antoine Cyr qui arrive à maturité, les résultats des Canadiens devraient être excitants cette saison.

Par ailleurs, l’équipe de France sera aussi intéressante à suivre, amenée par le vétéran Maurice « Momo » Manificat. On attend encore l’arrivée au plus haut niveau d’un Lucas Chanavat ou d’une Delphine Claudel, tous deux plein de potentiel mais qui tardent à confirmer selon moi.

Des changements… bizarres?

Quelques changements cette saison en Coupe du Monde.

D’une part, l’harmonisation des distances des hommes et des femmes, et la référence est celle des femmes.

Exit donc les 15 kms et les 50 kms, les hommes passent donc sur des 10 kms et des 30 kms, comme les femmes. Pas sûr, pas sûr du tout… et certains comme Hans Christer Holund qui excellent sur les longues distances ont déploré ces décisions.

Autre changement plus positif, le relais mixte s’inscrit au programme désormais (deux épreuves), après un an d’essai. Ca avait conduit à des courses très intéressantes en 2022.

Évidemment, les épreuves de sprint et de distance continueront à catégoriser les diverses courses en jeu.

Par ailleurs, l’interdiction du fluor piétine, la technologie ne suivant pas: on tarde à mettre au point des outils de détection du fluor sur les semelles des skis, compliquant la mise en oeuvre de cette mesure.

Le calendrier de la Coupe du Monde 2022-2023

Ruka (Finlande) : 25-27 novembre

Lillehammer (Norvège) : 2-4 décembre

Beitostolen (Norvège) : 9-11 décembre

Davos (Suisse) : 17-18 décembre

Tour de Ski : 31 décembre – 8 janvier à Mulstair, Oberstdorf et Val di Fiemme. À ne pas manquer le 8 janvier, la spectaculaire arrivée en haut de la piste de ski alpin à Val di Fiemme. Incroyable!

Livigno (Italie) : 21-22 janvier

Les Rousses (France) : 27-29 janvier

Toblach (Italie) : 3-5 février

Planica (Slovénie) : Mondiaux du 22 février au 5 mars

Oslo (Norvège) : 11-12 mars

Drammen (Norvège) : 14 mars

Falun (Suède) : 17-19 mars

Tallinn (Estonie) : 21 mars

Lahti (Finlande) : 24-26 mars

On va se régaler!

Suivre les courses

Pas toujours simple depuis le Québec. Perso j’essaie de trouver les épreuves sur YouTube, mais avec un temps de retard bien sûr. N’hésitez pas à partager avec nous vos tuyaux si vous en avez!

Overijse: quel cyclocross!

On s’est régalé hier dimanche sur la 6e manche de la Coupe du Monde de cyclocross, qui se déroulait à Overijse.

Un classique de la discipline.

Payez-vous les images de la course (ci-bas), le duel Pidcock-Vanthourenhout a été tout simplement magnifique jusqu’à la toute fin.

Pris avec un pépin dès le départ, Pidcock s’est rapidement retrouvé… dernier de la course, les 42 autres coureurs devant lui.

Il a alors entamé une remontée spectaculaire, et était de retour aux avant-postes dès le 2e tour. Hallucinant. Technique et glissant, le parcours était toutefois bien large à de nombreux endroits, permettant les dépassements.

Dans le dernier tour, les deux athlètes étaient à bloc de chez à bloc, la moindre erreur et la course était perdue. Pidcock est revenu plusieurs fois très près de Vanthourenhout, sans pouvoir jamais lui ravir la première place.

Et c’est finalement Vanthourenhout qui a eu le dernier mot. Une grande victoire.

Toute une course!

Après Pidcock, le retour de Van Aert et Van Der Poel

Si le champion du monde Thomas Pidcock a donc fait sa rentrée sur les cyclocross ce week-end, on attend toujours le retour des deux tauliers du sport, Wout Van Aert et Mathieu Van Der Poel.

Sans ces trois là, un peu tristounet le cyclocross… j’aime bien Eli Iserbyt, mais ca fait un temps.

Van Aert et son équipe Jumbo Visma ont annoncé le programme sous-bois du champion belge: retour en course le 4 décembre prochain lors de la 8e manche de la Coupe du Monde à Antwerp. S’en suivra environ une quinzaine de cross, pour l’amener doucement en top condition pour son rendez-vous avec les Mondiaux de la discipline à Hoogerheide aux Pays-Bas début février.

Mathieu devrait quant à lui faire bientôt sa rentrée, certaines rumeurs évoquent le week-end prochain du côté de Hulst, avec lui aussi comme objectif principal les Mondiaux qui sont cette année chez lui. Il ne peut pas manquer ca!

Pidcock a cependant déjà annoncé qu’il ne défendrait pas son titre mondial, car il voudra alors se consacrer à la préparation de sa saison sur route. Dommage.

Les trois croiseront toutefois le fer, mais peut-être juste une ou deux fois, la première début décembre probablement.

L’Alsacienne de retour!!

Mon Dieu! que cette nouvelle fait plaisir.

La cyclosportive L’Alsacienne est de retour!

La date à retenir, le 25 juin prochain.

Pour moi, l’une des plus belles cyclosportives qui soit. Des parcours magnifiques, des décors superbes, les Vosges sont si belles et si accueillantes. Difficiles aussi!

Vous ne voulez pas manquer ca, surtout si l’envie de découvrir autre chose que les Alpes ou les Pyrénées sur un vélo vous tente.

Rappelons pour la petite histoire que L’Alsacienne avait été annulée en 2022, et je l’avais déploré. J’avais participé à l’édition 2019, avec un grand bonheur. Mon ami Pascal et sa conjointe Nathalie n’y étaient d’ailleurs pas étranger!

Plus encore, l’organisation m’a personnellement écrit pour m’annoncer la nouvelle, un geste rare et que j’ai apprécié. Merci Michel (et non, rien à voir avec « LE » Michel, de chez « cruel pour Michel« , pour ceux qui suivent de près le monde du vélo…).

L’édition 2023 propose quatre parcours différents, du costaud. Chacun de ces parcours comporte un volet « cyclosport » avec chronomètre et classement, ou un volet « rando-sportive » avec chronomètre aussi, mais sans classement.

Le grand parcours, c’est rien de moins que 195 bornes et 4850m de dénivelé. Oderen, Page, Bussang, montée au Markstein, Bannstein, Firstplan, Petit Ballon, Platzerwatsel, Brammont, mythique route des Crêtes, une sacrée belle virée dans tout le massif des Vosges. Ca va être magnifique, dantesque et légendaire! Au moins aussi difficile qu’une Marmotte selon moi.

Le moyen parcours propose un « petit » 146 kms, et 3800m de dénivelé.

Le petit parcours, c’est 118 bornes et 2750m de dénivelé quand même.

Enfin, on propose un parcours découverte, 70 bornes et 1700m de dénivelé, pour s’assurer qu’il y en aura pour tous les gouts. Cette option propose aux participants un parcours non chronométré et ouvert à tout type de vélo, incluant les vélos électriques. Bref, que du bonheur!

Le village d’accueil, prometteur avec village des exposants, food truck, etc., ce sera du côté du lac de Kruth.

Les tarifs d’inscription, très raisonnables, sont ici.

L’organisation a aussi le souci d’être éco-responsable, une initiative que je salue de plus en plus, le contexte actuel appelant à la responsabilité de tous et chacun par rapport à ces enjeux fondamentaux.

Après 30 ans de vélo intensif, j’ai roulé plusieurs fois sur de nombreuses cyclosportives incluant la Haute Route, la Marmotte, le Marathon des Dolomites, la Grand Bo, la Galibier, et tant d’autres encore. Aussi, je vous prie de me croire: l’Alsacienne, c’est une cyclosportive vraiment magnifique, de celles qui vous marquent durablement.

Profitez-en pour passer une belle semaine dans les Vosges, aux portes de l’Alsace et de la Lorraine (mes origines!), vous ne le regretterez pas. Thibault Pinot ne me contredirait pas sur ce point! Depuis le Québec, c’est simple, un vol (direct) Air Transat Montréal-Bâle Mulhouse et vous y êtes.

Définitivement sur mon radar 2023.

À Michel et toute son organisation, le meilleur des succès en 2023, en espérant pouvoir vous saluer au départ le 25 juin prochain!

Magdeleine Vallières-Mill: être équipière, c’est difficile!

À l’occasion d’un séjour à Sherbrooke, j’ai partagé une petite sortie vélo avec Magdeleine Vallières-Mill, coureure professionnelle de la formation Team EF-Tibco-SVB.

L’occasion de faire le point sur sa saison 2022, et ce qui se prépare pour 2023.

La Flamme Rouge: On roule doucement aujourd’hui Mag?

Magdeleine: Certain Laurent, vraiment mollo, je suis en période de récupération en ce moment après une grosse saison.

LFR: En effet, on t’a vu sur tous les fronts cette saison.

Mag: J’ai cumulé 46 jours de courses, alors qu’au début de la saison il était prévu que j’en fasse plutôt une quinzaine. L’équipe a eu besoin de moi, et personnellement, j’aime mieux courir que de rester à la maison, donc ce n’était pas un problème. Mais j’ai senti en fin de saison que j’étais fatiguée et il est important en ce moment que je recharge les batteries.

LFR: Tu n’as que 21 ans, tu as vraiment beaucoup couru pour une néo-pro.

Mag: On peut dire ca. J’ai fait les Classiques en avril, puis après une petite coupure début juin, j’ai enchainé Giro, Tour, un déplacement en Australie pour les Mondiaux avec l’équipe canadienne, puis j’ai terminé ma saison par les Classiques italiennes de fin de saison et le Tour de Romandie en Suisse début octobre. J’ai tellement appris cette saison!

LFR: Cyclisme Canada a pu couvrir tes frais de déplacement en Australie?

Mag: Non, c’était à mes frais.

LFR: Tu as été contrainte à l’abandon lors de la course sur route.

Mag: Oui, une journée sans, où je n’avais vraiment pas de bonnes sensations et je n’ai pas pu contribué comme je l’aurais voulu. Ca arrive, peut-être le contre-coup d’une longue saison, du voyage dans des conditions parfois moins faciles, du décalage horaire. C’est toujours plate de ne pas pouvoir remplir le rôle que tu as au départ, d’épauler des filles comme Alison ou Simone. On avait une belle équipe chez les élites femmes.

LFR: Ton pic de forme, tu l’as atteint quand cette saison?

Mag: Je dirais au Giro, fin juin, je me sentais bien et j’avais des bonnes jambes. Il y avait 10 étapes, c’était long, ca roulait vite et j’ai pu remplir mon rôle d’équipière sur l’épreuve, j’y ai pris du plaisir. Et je termine mon premier grand tour!

LFR: Ce rôle d’équipière, parle-moi en un peu.

Mag: C’est tellement difficile Laurent! Beaucoup de gens ne se rendent pas compte comment c’est difficile d’être équipière dans une équipe professionnelle. Des fois, des filles sont brulées après 30 kilomètres seulement, car si tu dois couvrir 5, 6 attaques de suite pour l’équipe, tu te brûles c’est pas long. Tu dois parfois remonter des filles dans le peloton, gérer les bidons, rouler derrière des échappées, amener des sprints, aider une coéquipière à revenir d’un incident mécanique, il s’en passe des choses. J’ai beaucoup appris cette saison dans ce rôle, j’ai travaillé fort. Ca m’a permis aussi de progresser physiquement et tactiquement.

LFR: As-tu pu trouver ton créneau, ta spécialité?

Mag: J’en suis pas encore sûre. Plus jeune, je pouvais rouler assez vite dans les chronos, mais je n’ai pas vraiment travaillé ca cette saison. Je te dirais que je m’en sors assez bien sur des parcours accidentés, avec des petites bosses. Je suppose que ca voudrait dire que je suis plutôt une puncheuse. Chose certaine, pas une grimpeuse de grands cols, en tout cas pas encore!

LFR: Tu arrives dans le cyclisme féminin à un moment intéressant, alors que le sport explose, se professionnalise, créé des opportunités.

Mag: Oui, c’est vraiment bien de ce côté-là, c’est excitant. Sur le Tour de France, le public tant sur le bord des routes qu’à la télé était aussi nombreux que pour les hommes. C’était vraiment spécial de vivre ca, la présence du public nombreux donne de l’énergie. On a des conditions bien meilleures aussi, notamment ce salaire minimum imposé par l’UCI, qui nous permet d’exercer notre métier dans de bien meilleures conditions que les coureuses il y a encore quelques années, plus besoin de penser à comment on va manger le soir. On commence à voir une volonté d’ajuster les primes de victoire aussi pour avoir moins d’écart avec celles des hommes, on a des équipes mieux structurées avec des ressources, c’est l’fun.

LFR: Lorsque tu es à Gérone, ton camp de base en Europe, tu ne t’ennuies pas trop de Sherbrooke?

Mag: Non, ca va. Un peu quand même, c’est certain, mais je vis bien ca. Je suis bien installé à Gérone, je partage mon appartement avec une coéquipière, et puis mes amis(es) et ma famille, notamment mon père, me rendent visite régulièrement.

LFR: Ouin, ca va prendre un camp d’entrainement du Siboire-CCS à Gérone cet hiver!

Mag: Je peux en tout cas vous servir de guide là-bas! Ca serait cool.

LFR: Justement, parlons un peu de la saison prochaine.

Mag: Je reste chez Team EF, et tout ce que je sais c’est que je commencerai ma saison sur le Tour de Valence en février. Le programme précis n’a pas encore été élaboré, mais je pense que je ne ferai qu’un grand tour l’an prochain, pas deux. Nous avons un camp d’entrainement début décembre en Californie, je suppose que les choses commenceront à se préciser à ce moment.

LFR: Après, retour à Gérone pour l’hiver?

Mag: Oui, c’est trop difficile de rouler 20-25h par semaine au Québec durant l’hiver, et j’ai déjà essayé. À un moment donné, le fatbike a ses limites, comme le home-trainer. Le froid, la neige, pour nous qui devons beaucoup rouler et faire du spécifique, c’est pas évident à gérer au quotidien. Alors je serai plutôt à Gérone pour accumuler les kilomètres et préparer la saison 2023.

LFR: Tu travailles avec un entraineur, une nutritionniste?

Mag: Oui, c’est essentiel. Côté nutrition, il faut vraiment faire attention à ca, notamment en course. J’ai beaucoup appris de ce côté-là cette saison, savoir exactement ce que mon corps consomme à chaque heure de course et pouvoir manger ce qu’il faut. J’ai apporté plein d’ajustement sur par exemple la quantité de carbs que j’ingère en course, ca a fait une différence. Et puis j’ai aussi pris un peu de masse corporelle et ca m’aide.

LFR: Ton père ne s’en mêle pas trop?

Mag: Ha ha! Non, il est vraiment bon là-dedans!!

LFR: Tu vas donc laisser ton père et la boutique Qui Roule de Sherbrooke?

Mag: Oui, et des fois je me sens un peu mal, car c’est beaucoup de travail pour mon père. Je veux m’investir dans ce projet, je le fais le plus possible mais je dois aussi faire mon métier de coureuse professionnelle. J’en profite ces jours-ci pour l’aider le plus possible, définir la suite, les projets d’avenir, et puis je reste en contact.

LFR: Ton implication à long terme dans Qui Roule, c’est quoi?

Mag: Les plans actuels, c’est qu’après ma carrière je puisse reprendre le magasin, et continuer son développement. On a une vision large, celle de créer une communauté active à Sherbrooke, où ca bouge et ca roule en ce moment. Je veux faire partie de ce projet, et la boutique est un élément rassembleur à quelque part, le point de regroupement pour beaucoup de personnes que l’on souhaite rejoindre. On a de bons partenaires, la première année a été un franc succès, c’est vraiment un beau projet qui va encore beaucoup se développer je pense.

LFR: Justement, on est de retour à Qui Roule, c’était venteux aujourd’hui! Merci Mag, bonne route pour la suite des choses.

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