Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Auteur/autrice : Laurent Page 1 of 348

Tarling, ce phénomène

Il a 20 ans et pourrait devenir, demain, champion olympique du contre-la-montre sur le circuit de 33km de Paris.

Joshua Tarling est en effet sous-estimé selon moi dans les pronostics que l’on voit partout actuellement à propos de l’épreuve demain.

Selon ces pronostics, l’archi-favori est Remco Evenepoel, mais de l’avis de l’intéressé lui-même, la fatigue du Tour se fait ressentir. Si Pogi fumait la pipe sur les routes du Tour, c’est vrai que Remco a dû s’arracher à plusieurs reprises pour conserver sa 3e place du général.

L’autre épouvantail, c’est Filippo Ganna, recordman de l’heure en titre. Machine à rouler, grand et costaud, le circuit de Paris lui convient bien, même dans ses parties techniques.

Ganna et Evenepoel, podium certainement, mais attention à Tarling. Le parcours très roulant de Paris convient parfaitement à ces trois bestiaux. Ganna et Tarling feront parler la puissance brute, et Remco sera à 100 watts de moins mais à la même vitesse grâce à un aérodynamisme presque parfait.

Ca sera surtout intéressant de voir à l’oeuvre les coureurs sortant du Tour, et ceux qui étaient à la maison en juillet, comme justement Ganna et Tarling. Tous deux sont frais, et avec les techniques modernes d’entrainement, on peut débarquer sans compétition le jour J et être très performant.

Ganna a couru régulièrement jusqu’ici, enchainant Giro et début juillet, le Tour d’Autriche où il a remporté une étape.

Tarling n’a pas couru à ma connaissance depuis les Championnats nationaux de Grande-Bretagne fin juin, où il a remporté le chrono.

Les autres favoris, Gee compris

Quelques autres coureurs se disputeront une place dans les 5 premiers: Wout Van Aert, mais je n’y crois pas trop ni lui non plus d’ailleurs, Luke Plapp bien sûr, Stefan Kung lui aussi sur le Tour, et les deux coureurs américains Brandon McNulty et Magnus Sheffield.

À surveiller car ancien pistard et souvent titré dans l’épreuve de la poursuite par équipe, le Canadien Derek Gee, 9e du Tour. À l’aise dans les chronos, je pense que si une belle surprise survient demain, ca sera de son côté. Il faut y croire! Gee sera derrière les Evenepoel, Ganna ou Tarling, mais il peut être devant tous les autres.

3NERGY, une approche unique en boissons de l’effort

Bien connu dans le petit monde du cyclisme au Québec, Maxime Vives a récemment porté à mon attention une nouvelle gamme de produits diététiques de l’effort, les boissons 3NERGY.

L’intérêt?

Un concept assez unique: on peut personnaliser sa boisson, et la saveur également, question de répondre à ses besoins individuels en terme physiologique (capacité de digestion par exemple) et sportif, l’apport énergétique d’un effort bref et intense n’étant pas le même que celui pour un effort long par temps chaud, par exemple dans le cadre d’une cyclosportive.

Autrement dit, avec 3NERGY, on peut choisir comme base une boisson à sucre d’érable, à sucre de miel, ou avec maltodextrine. La tolérance gastrique de chacun à ces différentes formes de sucre étant variable, c’est un avantage indéniable, de même que la possibilité d’adapter la boisson au type d’effort: là où une longue cyclosportive de 3h ou plus nécessitera l’apport de la maltodextrine, des efforts plus brefs pourront nous orienter sur une boisson de l’effort à base de sucre d’érable, suffisant (inutile de surcharger la caisse, au risque de créer d’autres enjeux) et plus facile à digérer.

Un des concepts et avantage de 3NERGY se résume par ce graphique.

Toutes les boissons 3NERGY sont sans colorants, sans arômes artificiels, et sans succédanés de sucre, privilégiant des sucres naturels. Des choix véganes et sans gluten sont également disponibles.

Autre avantage appréciable, le choix des saveurs, assez original: banane, cannelle, figue, menthe pamplemousse, pêche, le tout disponible aussi par sachet individuel de 30 grammes, très très pratiques lorsqu’on est en déplacement et qu’on veut remplir ses bidons sans avoir à apporter un gros récipient de poudre énergétique dans le coffre de la voiture.

Les résultats du test

J’ai pu mettre à l’essai ces boissons au cours des deux derniers mois, question de les mettre à l’épreuve dans diverses conditions: temps chaud et humide, efforts courts et intenses, efforts plus longs et intenses, notamment une montée d’un col difficile en France, efforts longs d’endurance, et j’en passe.

TRÈS important, j’ai acheté ces boissons, et cet article est donc totalement de mon initiative, et totalement indépendant. D’une part La Flamme Rouge n’est pas un site d’influenceur, et d’autre part il s’agit d’une politique établie du site que d’être transparent sur ce point. Ma liberté de parler ou non de ces boissons était totale, et Maxime n’a eu aucune influence: je n’ai pas communiqué avec lui récemment, et il découvrira cet article en même temps que l’ensemble des lecteurs de ce site aujourd’hui.

Ma référence était mes deux autres boissons énergétiques habituelles, soit l’Hydrixir de la société française Overstim’s ainsi que la boisson EFS de First Endurance. L’Hydrixir est particulièrement intéressant sur des efforts longs, et l’EFS, très sucrée et plus difficile à tolérer d’un point de vue gastrique, très efficace sur des efforts très intenses et plus brefs, contenant notamment des BCAA.

Résultat? J’ai beaucoup aimé.

Surtout la saveur figue, une tuerie! Si tous les goûts sont dans la nature, j’ai raffolé de cette saveur même durant les efforts longs, et ne suis jamais parvenu à une sensation de saturation. Je vous la recommande fortement.

J’ai surtout apprécié la texture de la boisson à base de maltodextrine, plus douce et soyeuse, faite pour les efforts longs. Similaire à celle de l’Hydrixir d’Overstim’s, on sent un Ph plus neutre, ce qui est très important sur le long terme pour éviter les sensations d’écoeurement au sucre, et les aigreurs d’estomac. Ces boissons se supportent mieux également en cas de grande chaleur.

Je n’ai jamais senti de baisse de régime en utilisant les produits 3NERGY, comparativement aux autres, surtout sur des efforts plus longs.

Côté dilution dans l’eau, aucun problème, c’est pareil pour les trois produits et 3NERGY est aussi facile à préparer. On ajoute simplement de l’eau, et la poudre se dissout bien.

Comme pour l’EFS et l’Hydrixir, les boissons 3NERGY contiennent également des électrolytes, dont du potassium, du magnésium et du calcium, bien qu’en concentration différente des deux autres produits que j’utilise. Je n’ai pas eu de crampes à l’effort avec les trois produits.

Bref, je n’ai pas pu prendre en défaut les produits 3NERGY, et je ne peux pas en dire autant de bien d’autres produits sur le marché québécois, souvent trop sucrés et menant rapidement au phénomène d’écoeurement surtout par temps chaud, ou trop pauvres en calories, électrolytes ou autres comme les BCAA pour réellement soutenir les athlètes d’endurance comme ceux en cyclisme ou en ski de fond.

Seul point peut-être d’amélioration potentielle pour l’avenir, l’ajout, peut-être, de vitamines E, C et B6 (notamment), présentes dans certaines boissons comme l’Hydrixir, permettant notamment de lutter contre le stress oxydatif des efforts intenses en sports d’endurance. 3NERGY étant développé par et en collaboration avec des nutritionnistes, ils pourront veiller à évaluer la pertinence de cet ajout, du moins dans certains produits spécifiques aux efforts plus longs.

À prix compétitifs, les produits 3NERGY m’apparaissent donc comme une alternative intéressante au Québec à l’Hydrixir d’Overstim’s, impossible à trouver ici. La capacité de personnalisation de votre boisson 3NERGY est un réel atout, de même que l’approche avec les trois formes de sucres disponibles, répondant aux particularismes de chaque organisme. J’ai eu du plaisir à utiliser ces produits, n’ai eu aucun inconfort digestif à ce jour, aucun écoeurement au sucre sur des sorties plus longues par temps chaud, aucun manque d’énergie, et vous les recommande donc.

Faits au Québec, on trouve ces produits sur le site Internet de la société québécoise, ainsi que dans certains points de vente disponibles sur le site Internet également.

Trop fatigué, Pogacar?!

On a annoncé hier le forfait de Tadej Pogacar pour les JO de Paris dans une semaine.

Exit donc la course à la médaille d’or, Pogi restera chez lui.

Raison évoquée? Trop fatigué.

Really?

Vous avez vu Pogacar fatigué sur ce Tour de France vous?

Frais comme un gardon, il se baladait dans la Bonnette ou dans le col de Braus le lendemain, en dernière semaine.

Un coureur fatigué en fin de Tour ne gagne pas trois victoires d’étape en trois jours, les trois derniers de surcroit. Pogi a atomisé l’opposition sur le dernier chrono de Nice, terminant une minute de moins que tout le monde.

On vous(nous) prend pour des valises, des imbéciles de première. Une fois de plus.

La raison est, selon moi, toute autre.

Tadej Pogacar n’a tout simplement pas digéré l’exclusion de la sélection slovène pour les JO de sa conjointe, la cycliste Urska Zigart (27 ans). Elle avait pourtant dominé les championnats nationaux, remportant le titre sur route et le titre au chrono.

Pour Pogi et Urska, pas de doute possible: elle est bel et bien la meilleure cycliste slovène du moment.

La sélection slovène lui a préféré deux cyclistes, soit Urska Pintar (38 ans) et Eugenia Bujak (35 ans). Choix surprenant!

Alors la vérité probable, c’est que Pogi vient de dire à sa Fédé « vous laissez Urska à la maison, really? Ben fuck you d’abord, je n’irai pas faire briller les couleurs de la Slovénie à Paris moi non plus ».

Je n’ai personnellement aucun doute que la véritable raison est là, malgré ce que certains diront: « ce sont des professionnels après tout, bla bla bla ».

LA question est de savoir pourquoi la sélection slovène n’a pas retenu Zigart? Sportivement, le choix semblait évident. La raison doit être ailleurs: conflit de personnalité? Raison inavouable publiquement?

Chose certaine, ca ne semble pas être le beau fixe entre le clan Pogacar-Zigart et leur fédération de cyclisme.

Quoi qu’il en soit, on sait désormais que Pogi se comporte en patron, et qu’il ne faut pas l’écoeurer de trop. Le gus a de l’orgueil, et il faudra voir comment ca se décante pour les prochains Mondiaux à Zurich en septembre prochain.

Gageons que Urska fera partie de la sélection slovène pour ces Mondiaux!

Pogacar, mieux que Merckx

À 25 ans, Tadej Pogacar a signé hier sa 3e victoire sur le Tour de France.

Six victoires d’étape au passage, du jamais vu depuis Mark Cavendish sur le Tour 2009 (mais c’est un sprinter).

Surtout, Pogacar a réalisé hier le doublé Giro-Tour, un exploit rare dans le cyclisme.

Insolent de facilité, il gagne le dernier chrono de plus d’une minute sur son dauphin Jonas Vingegaard. Au général, il lui met plus de six minutes dans la vue.

Le Slovène a gagné toutes les courses auxquelles il a participé cette saison sauf une, 3e de Milan SanRemo.

Il remporte les Strade Bianche au terme d’une longue échappée solitaire. Solo aussi sur Liège-Bastogne-Liège. Sa victoire sur le Tour de Catalogne parait presque un accessit.

Il sera LE client de la course sur route des JO de Paris 2024 le 3 août prochain, sur 270 kilomètres.

Même s’il affirme « à 99% » qu’il ne sera pas au départ de la Vuelta, je demande à voir: il a semblé tellement facile dans la dernière semaine du Tour et au Giro qu’on a peine à imaginer qu’il ait tapé dans ses réserves. Pourquoi ne pas tenter de remporter les trois grands tours sur une saison, exploit jamais encore réalisé dans le cyclisme?

Chose certaine, Pogacar, il est en avance sur Eddy Merckx au même âge.

Surtout, il ne semble jamais « toxiner »: du premier au dernier kilomètre, même efficacité. Il était insolent de facilité sur les trois dernières étapes qu’il a remporté, et en particulier à Isola 2000 et à la Couillole. Par moment, j’avais l’impression qu’il faisait une sortie de récupération active. Tout le monde pète autour de lui, et il semble se balader sans souffrir.

Jamais vu ca dans le cyclisme en tout cas!

Payez-vous les images de Miguel Indurain – le dernier vainqueur de 5 Tours de France – à Hautacam en 1994: l’effort maximal est visible sur son rictus, tu souffres pour lui tellement ca semble faire mal. Pogi? Facile.

Pour le reste, je ne sais pas quoi vous dire: humainement possible? J’ai mes doutes, mais sans preuve outre le fait qu’on sait qu’il utilise la méthode au monoxyde de carbone, difficile d’aller plus loin. Les faits sont là: il explose tous les records établis fin 1990 – début 2000 par les plus grands dopés de l’histoire du sport cycliste.

Chose certaine, et principe, peu importe le nombre de jours ou la fréquence des « stages en altitude », le taux d’hématocrite ne peut dépasser 50%. J’aimerais bien savoir à combien évolue Pogacar, et surtout si ce taux a baissé durant le Tour, ce qui est physiologiquement attendu.

Victor Campenaerts avait lui choisi de faire… neuf semaines d’entrainement en altitude pour préparer ce Tour de France. Neuf semaines!

Gee rejoint Bauer et Hesjedal

Performance remarquable du coureur d’Ottawa Derek Gee à son premier Tour de France: top-10 (9e) au général! Fort, très très fort.

Gee est aujourd’hui le meilleur coureur cycliste canadien, point barre.

Surtout, Derek Gee rejoint Steve Bauer (4e en 1988) et Ryder Hesjedal (5e en 2010) comme les trois seuls cyclistes canadiens ayant pu entrer dans le top-10 du Tour de France.

À 26 ans, avec une telle caisse, il pourra encore progresser. Je suis certain que l’on verra Gee gagner de belles courses par étape plus tard dans sa carrière. Sa 6e place sur le difficile chrono Monaco-Nice alors qu’il fallait grimper à La Turbie puis passer au col d’Èze prouve qu’il termine bien ces trois semaines de course.

Pour Gee, la suite est une courte récupération avant de prendre le départ de la course sur route des JO de Paris le 3 août prochain, avec comme coéquipier un autre coureur d’Ottawa, Michael Woods.

Réflexions autour du Tour

1 – 100 de VO2max? La VO2max, c’est la mesure de la « cylindrée » des athlètes de haut niveau dans les sports d’endurance. Les cyclistes, les fondeurs, les triathlètes ont par définition une VO2max (très) élevée. On dit par exemple qu’en bas de 80 points de VO2max, impossible d’atteindre le peloton WorldTour chez les hommes.

À 90 de VO2max, c’est le niveau exceptionnel. LeMond à 92, Indurain et Kilian Jornet, le trail runner, dans ces eaux-là aussi. Le champion norvégien de ski de fond Bjorn Daehlie a été testé à 96 de VO2max, et Oskar Svendsen, un autre Norvégien mais en cyclisme celui-là, à 97,5 ml/kg/min à l’âge de 18 ans. Cette dernière valeur serait la plus élevée jamais enregistrée chez l’être humain.

On a récemment pu lire que Pogacar serait au-delà de 100 points de VO2max. Si cela est vrai, cela ferait de lui une véritable exception, un être humain totalement unique, et surtout un facteur de compréhension des performances qu’on voit chez lui tous les jours sur ce Tour de France.

Jusqu’ici, je n’ai pu que trouver des valeurs avoisinants les 89-90 de VO2max pour Pogacar. Pourquoi diable cacher les valeurs de puissance lors des étapes, ainsi que ces valeurs de VO2max?

À noter que Vingegaard aurait été testé à 97 de VO2max, ce qui ferait de son « moteur » le 2e plus élevé de l’histoire de l’humanité. Rappelons que Pogacar lâche « Vinge » sur ce Tour… De l’avis de Pogacar lui-même, ses chiffres de puissance enregistrés sur le Plateau de Beille serait ses plus élevés enregistrés jusqu’à ce jour dans sa carrière.

Ben dit donc, ca roule vite sur le Tour!!! Comme disait Lance sur les Champs, « I am sorry you can’t dream enough…« .

2 – Le vert. Belle compétition pour le maillot vert entre Girmay et Philipsen, qui n’ont que 33 points d’écart dans cette course.

Le hic, c’est qu’il ne reste que des sprints intermédiaires d’ici l’arrivée à Nice pour marquer des points. Du coup, Biniam devrait rester en vert jusqu’à Nice, sans trop de mal puisqu’il grimpe mieux que son rival belge.

Aucune arrivée au sprint ne restant sur ce Tour, les sprinters ont commencé à dégager de l’épreuve hier, avec les abandons de Sam Bennett, Fernando Gaviria et Phil Bauhaus.

3 – Les Canadiens. Sont plus que deux, Boivin ayant abandonné depuis un moment déjà.

On a vu Hugo Houle assez actif hier en début d’étape pour se glisser dans des coups, bien. Sa meilleure – et dernière – chance c’est aujourd’hui jeudi sur la route vers Barcelonnette.

Je pense également que Derek Gee joue le général, et qu’il a délaissé les rêves de victoire d’étape. Actuellement 9e du Tour, c’est vraiment remarquable mais Buitrago, sa bête noire puisque ce petit colombien l’avait déjà privé d’une victoire d’étape sur le Giro l’an dernier aux Tre Cime di Lavaredo, n’est qu’à 20 secondes de lui au général. Pour Gee, les prochains rendez-vous sont vendredi, samedi et dimanche pour préserver un top-10 sur ce Tour.

Et une belle rallonge salariale par la même occasion!

4 – Vrai, pas vrai? Pogacar qui déclare il y a deux jours ne jamais avoir entendu parler de l’inhalation de monoxyde de carbone, puis hier qui confirme utiliser cette méthode, rien pour nous rassurer sur la sincérité du coureur slovène et de son entourage chez UAE. On nous prend encore vraiment pour des imbéciles.

Ce que je peux vous assurer, c’est qu’on ne met pas Pantani à plus de 3min30 sur le Plateau de Beille à l’eau claire.

5 – Soir de première. L’Érythrée victoire d’étape, une première sur ce Tour, ca c’est fait.

Avec Richard Carapaz hier, l’Équateur victoire d’étape, ca c’est aussi fait sur ce Tour.

Un Tour de première pour le cyclisme « mondialisé », un thème si populaire dans le monde du cyclisme dans les années 1990!

6 – Comment gagner? C’est LA question qui tue: comment Vingegaard peut-il gagner ce Tour de France, ou alors Remco?

On a vu les Jumbo-Lease a Bike prendre la course en main sur quelques étapes récentes, à ma grande surprise: d’ordinaire, c’est à l’équipe du maillot jaune d’assumer le poids de la course.

En prenant ainsi le contrôle de la course, Jumbo n’aide-t-elle pas l’équipe UAE et son leader Pogacar, qui n’ont qu’à suivre puis flinguer en temps opportun?

Quelle(s) stratégie(s) mettre(nt) en place si tu es le directeur sportif de la Jumbo ou de la Soudal-Quick Step, et considérant qu’il y a un chrono le dernier jour autour de Nice?

Perso, je laisse d’abord tout le poids de la course sur UAE. Qu’ils se démerdent!

Secondo, je joue si possible l’alliance des deux équipes actuellement 2e et 3e du général, visant placer le duo Jorgenson/Landa devant sur une étape, forçant ainsi UAE à rouler derrière. Comme à la pédale Pogacar est en principe le plus fort, tu ne veux pas attendre le chrono de Nice. Tu veux provoquer des choses sur l’étape de jeudi, vendredi et samedi, quitte à utiliser n’importe quel terrain propice: la bordure, le sprint intermédiaire, le petit col, voire la stratégie de partir de loin, quitte à faire un « va-tout ».

Chose certaine, des coureurs comme Landa, Rodriguez, Ciccone, Jorgenson voire Gee sont peut-être ceux qui pourront foutre un joyeux bordel dans ce Tour de France sur les trois prochains jours.

Un rapport accablant pour Cyclisme Canada

J’ai publié sur ce site depuis environ 10 ans quelques articles dénonçant l’inaction voire l’incompétence de Cyclisme Canada à plusieurs égards, surtout en lien avec le développement et le soutien du cyclisme sur route au Canada.

Ces articles étaient instruits de diverses sources crédibles. Je ne fais aucun compromis sur la qualité de l’information qu’on retrouve sur ce site.

Depuis, d’autres ont confirmé mes propos, notamment le coureur cycliste professionnel Hugo Houle.

C’est pas compliqué, aujourd’hui Global Replay Bridge The Gap fait bien davantage pour soutenir le cyclisme au Canada que Cyclisme Canada lui-même, pourtant la fédération officielle.

Comprenez-moi bien: je ne tire aucun plaisir à dénoncer Cyclisme Canada, seuls le développement et le soutien du cyclisme sur route au Canada me tient à coeur.

Mes propos ont toutefois été confirmés – en quelque sorte – par le récent rapport, accablant, de Sport sans abus, sous l’autorité du Bureau du Commissaire à l’intégrité dans le sport (BCIS) à l’endroit de Cyclisme Canada.

Le journaliste Jean-François Racine du Journal de Montréal a été un des premiers à en parler dans les médias.

Pour faire court, le portrait n’est pas réjouissant: culture de « clique » au sein de l’organisation, surtout entretenue par des hommes (« boy’s club »), discrimination fondée sur le genre, culture du silence du personnel voire même chez les athlètes de peur de ne pas être sélectionnés pour des grands rendez-vous, manque de transparence notamment dans les décisions, manque de communication entre la gestion et les employés(ées), commérages, désinformation, on parle même de « culture toxique ».

J’arrête là, je crois que vous aurez compris.

Cyclisme Canada a réagi publiquement à la diffusion du rapport par un communiqué laconique qu’on trouve ici.

Le positif dans tout ca?

1 – enfin, c’est public: il y a un gros problème à Cyclisme Canada.

2 – du coup, c’est l’occasion en or pour changer, pour effectuer un virage TRÈS important, quitte à se débarrasser d’un certain nombre d’employés faisant partie du problème, ceci afin d’envoyer un signal fort que le statut quo n’est pas(plus) une option.

3 – le rapport de Sport sans abus incluant des recommandations, la feuille de route et les prochaines étapes sont très claires, ne reste plus qu’à les mettre en oeuvre dans les plus brefs délais.

Nul doute que les fédérations sportives du Canada font face à de nombreux défis, en premier lieu le financement de leurs activités pour soutenir le développement du sport qu’elles régissent. La situation n’est pas facile tous les jours, entrainant des choix déchirants.

Ces choix doivent cependant émaner d’une analyse éclairée et transparente, ou chaque acteur peut exprimer son point de vue sans avoir peur de représailles.

Certaines fédérations sportives s’en sortent très bien, chérissant une culture d’inclusion et de transparence. Cyclisme Canada doit se comparer et prendre exemple sur ces autres fédérations, afin de s’améliorer rapidement. Une consultation avec d’autres fédérations ceci afin de mieux connaître les « meilleures pratiques » du milieu est une autre action concrète qui permettrait un réel virage à 180 degrés rapidement.

Espérons que Cyclisme Canada saura faire ce virage majeur dans les prochains mois, il en va de l’avenir du cyclisme au Canada: trop de coureurs prometteurs ont déjà payé les égarements de la Fédé au cours des dernières années.

Le Tour: stupéfiant!

Le tour du Tour:

1 – 39min et des poussières. C’est le temps d’ascension de Tadej Pogacar sur le Plateau de Beille, explosant de plus de 3min30 le record à ce jour détenu par un certain Marco Pantani à la grande époque (1998).

Pourtant, le Tour est retourné cinq fois sur le Plateau de Beille entre la première fois en 1998 et l’étape dimanche. Personne n’avait pu faire mieux jusqu’ici que « le Pirate », pas même Contador.

Pogacar a établi ce record vent de face également.

On est à 7 watts par kilo pendant 40min et presque 7,4 watts par kilo sur les 23 dernières minutes. Stupéfiant. Pantani à plus de 3min30. Un cadet.

Chose certaine, il s’agit fort probablement de la performance la plus remarquable de toute l’histoire du vélo sur une ascension de 40min. Plus fort encore que Riis et Hautacam en 1996, alors que le Danois évoluait à un taux d’hématocrite dépassant les 60%.

Face à une telle perf, tout le monde y va de son analyse. Les « main stream », UAE Team Emirates en premier lieu mais aussi tous les médias qui gagnent leur vie avec le monde du vélo, parlent des gains en alimentation, rendement, pneumatiques, aérodynamisme, toute la panoplie déjà usée par Lance Armstrong et « Road to Paris », c’est sur YouTube servez-vous. Si vous voulez y croire… perso, je trouve que ca tourne comme un vieux disque usé, jeté en pâture aux jeunes fans qui ne connaissent pas l’histoire du vélo.

D’autres dénoncent carrément l’usage du dopage, mais sans preuve aucune, je trouve que c’est une voie difficilement soutenable.

Perso, je préfère la jouer mitigée: bravo Pogi, mais je me garde une petite gêne, détestant me faire prendre pour une valise. Il y a quand même peu de chances qu’une telle perf après 200 bornes sur l’étape et deux semaines de course à fond les balais avec une victoire d’étape la veille au Plat d’Adet ait été acquise à l’eau claire.

Surtout qu’UAE, c’est l’équipe d’un certain Mauro Gianetti, trois jours de coma et 12 jours de soins intensifs quand même dans un hosto de Suisse en 1998 pour avoir consommé, alors coureur, un produit révolutionnaire à l’époque, les perfluorocarbures (PFC). Remarquez que l’histoire a eu du bon, du coup la plupart des coureurs pro ont pris peur d’y laisser leur peau et les PFC n’ont plus tellement progressé dans le peloton après cet épisode.

2 – Vélos. Le record de Pogi en raison du vélo? Pas sûr du tout! La meilleure analyse est ici, et on y remarquera que le vélo de Pantani en alu en 1998 était un peu plus léger que celui de Pogacar dimanche. À moins de 30km/h de moyenne dans une ascension mais dans une pente de 8%, le poids du vélo fait une différence. Ne vous laissez pas entuber par les déclarations fumistes de certains quant à l’efficacité des vélos actuels, du moins pas dans les cols en deçà de 25km/h et par des pentes à plus de 8% de moyenne.

3 – Manivelles. Je sais pas vous, mais je suis absolument convaincu que Pogacar a perdu son sprint face à Vingegaard au Lioran en raison de manivelles trop courtes le limitant assez considérablement dans l’exercice de l’emballage final.

Payez-vous les images attentivement, il me semble que c’est évident. Pogacar n’a aucun bras de levier avec ses manivelles de 165mm, il semble complètement avoir les jambes autour du cou, sans puissance aucune.

4 – Pogi, course gagnée? Bien sûr que non! Il peut arriver tant de choses sur le Tour, des pépins mécaniques, des bordures, la Covid-19, etc. Mais sur la condition physique oui, on voit mal qui peut battre Pogacar. Sauf pépin, le Slovène réalisera le doublé Giro-Tour dimanche prochain à Nice.

5 – Encore trois étapes critiques. Soit vendredi, samedi et dimanche prochain.

Vendredi, la Cime de la Bonette (c’est long!) puis l’ascension finale sur Isola 2000, juste en dessous du col de la Lombarde, une tuerie celui-là. Une étape courte (144 km) mais très difficile.

Samedi autour de Nice, pas simple non plus même si on n’est pas en haute montagne comme la veille: Braus, Turini, Comialne et Couillole, ca monte et ca descend toute la journée sur 133 bornes.

Dimanche le chrono final depuis Monaco, on attaque direct la montée vers La Turbie puis le col d’Èze, on plonge ensuite sur Nice et la Promenade des Anglais. 34 kilomètres, mais seulement une petite 20aine pour réellement faire une différence.

6 – Les pois. Pogacar, mais c’est un accessit.

7 – Le maillot blanc. Remco, facile.

8 – Le maillot vert. Biniam parce qu’il ne reste plus beaucoup d’arrivées au sprint, peut-être juste aujourd’hui à Nîmes et c’est tout.

9 – Débridée. Ne perdez rien des prochaines étapes, ca va être quelque chose car nombreuses sont les équipes qui ont été mouchées jusqu’ici sur le Tour, puisque Girmay et Pogacar ont trois victoires d’étape chacun, et Philipsen deux, total 8 étapes à seulement trois coureurs. Les débuts d’étape pour prendre la bonne vont être animés dans les trois prochains jours, c’est moi qui vous le dit!

Le point sur le Tour

Retour au service normal sur La Flamme Rouge après quelques jours de grande perturbation en raison d’un déplacement sur l’Europe, que voulez-vous j’avais envie de manger quelques profiteroles.

On reprend par le point sur le Tour de France.

1 – Le Lioran. L’étape parfaite pour tous les baroudeurs du peloton! On risque d’assister à un début d’étape un peu fou aujourd’hui, car ils seront nombreux voulant se glisser dans la bonne du jour. Casse-pattes, l’étape sera en effet difficile à contrôler, piégeuse, et imprévisible.

Je pense que les Canadiens Hugo Houle et surtout Derek Gee ont un bon coup à jouer aujourd’hui, mais ils auront fort à faire face à la concurrence qui voudra aussi tenter sa chance, par exemple les Mathieu Van Der Poel et toutes les équipes qui n’ont pas encore gagné sur ce Tour, et qui ne jouent pas le général.

Ca va être intéressant! Ne manquez pas ca.

2 – Pogacar le plus fort? Pas sûr! Si le Slovène a été tranchant jusqu’ici, son attaque dans le Galibier étant supersonique, je dois dire que Jonas Vingegaard m’impressionne par sa capacité à résister avec si peu de jours de course dans les jambes. Le « Vinge » progresse doucement, et le plan de match de la Jumbo-Lease a bike est certainement de jouer la dernière semaine, question de donner à leur leader le temps de monter en pression encore un peu.

Chose certaine, Pogacar pourrait avoir bien du mal à contenir le coureur danois. Si jamais ca devait être serré jusqu’à la toute fin, pourrions-nous assister à un final comme sur le Tour 1989 lors du dernier chrono autour de Nice?

Première réponse le week-end prochain dans les Pyrénées!

3 – Remco. Fort, mais il montre quelques limites en haute montagne face aux deux extra-terrestres que sont Pogacar et Vingegaard. Pour Remco, les étapes pyrénéennes du week-end prochain seront capitales dans sa capacité à terminer ou non sur le podium de ce Tour de France. Pour la gagne, oubliez ca.

4 – Primoz. Sympathique Primoz, et s’il plie, il résiste aussi, se bat tous les jour. J’aime! Je le vois 3e à Nice dans deux semaines, devant Remco. Mais pas les moyens d’aller rivaliser avec Pogi et Vinge.

5 – Une étape pour rien. Comprenez-moi bien: il faut de tout sur un Tour de France, et les étapes de transition, souvent promises aux sprinters, font partie de l’histoire de la course. Mais hier, c’était presque triste: un parcours tout plat, même les coureurs avaient choisi de ne pas faire la course, roulant à un train de sénateur sur les premiers 50 kms. Du coup, il fallait entendre Thomas, Laurent, Alexandre, Marion et Frank « meubler » l’antenne, bien fait et bien joué!

La solution? Peut-être de placer sur ce type d’étape un peu de relief en début d’étape au moins pour donner des ambitions aux coureurs voulant tenter des échappées, quitte à finir avec un parcours plat.

C’est Jasper Philipsen qui ne sera pas d’accord!

6 – Les chemins blancs. Par contre, quelle belle étape autour de Troyes dimanche avec ces 14 secteurs de « chemins blancs » qui ont donné aux coureurs du Tour un terrain pour faire la course.

Je dois avouer qu’outre Pogacar, le coureur qui m’a impressionné le plus sur cette étape dantesque a été le Canadien Derek Gee. J’ai regardé l’étape en intégrale et il a été de tous les coups – ou presque – sur les premiers 50 kilomètres, question de s’assurer de sortir avec « la bonne » du jour.

Mission accomplie.

Il était encore le plus volontaire dans le final, et notamment pour mener la chasse derrière l’excellent Jasper Stuyven qui a du métier sur ce genre de parcours. Pour Gee, il fallait pouvoir générer les watts, et il l’a fait.

Surtout, sa gestion du dernier kilomètre a été parfaite, conduisant son sprint parfaitement, ni trop tôt, ni trop tard. Battu par plus fort que lui (Anthony Turgis), il n’y a aucun regret à avoir, il faut simplement savoir se remobiliser pour une autre étape.

Je suis très confiant que Gee ira chercher la gagne sur ce Tour de France!

7 – Biniam et le maillot vert. Quelle belle histoire! Biniam a déjà deux victoires d’étape derrière la cravate, et ses sprints sont tranchants, sans ambiguïté, et surtout très propres. En vert, peut-il le ramener à Nice dans deux semaines? Je pense que oui, jouable, et la menace viendra de Philipsen principalement, qui a gagné hier.

Biniam passe mieux la montagne que Philipsen aussi.

8 – FilmOn. Je vous disais que pour moi, la seule option pour regarder le Tour c’est France Télévision, fan que je suis des commentaires pertinents de Laurent, de Yohan, de Thomas, et des interventions instruites de Frank. Une sacré belle équipe! L’application FilmOn que j’utilisais ces dernières années ne diffuse cependant plus France2 et France3. Du coup, le VPN est aujourd’hui la meilleure solution pour regarder le Tour sur France Télévision.

Ou alors vous vous déplacez en France!

9 – The Move. C’est le podcast de Lance Armstrong, avec George Hincapie. Insupportable. Pour ajouter à l’insulte, Bradley Wiggins, méconnaissable, vient de s’ajouter à la bande de loosers qui s’y croient vraiment. Pathétique.

Le Tour du petit bonheur

Y’a pas à dire, on se sent bien à regarder le Tour de France depuis son départ de Florence.

Que du bonheur, pourrait-on dire!

Reste pu qu’à Jaja de nous gagner une étape et notre bonheur sera complet.

Merde, c’est vrai, Jaja a arrêté…

Victoire d’étape et maillot jaune de Bardet le premier jour… et à son dernier Tour. Une belle histoire.

Vauquelin – 23 ans – qui remet la sauce « cocorico » sur la 2e étape, les Français n’en espéraient pas tant. Et les coureurs français qui confirment ainsi leur belle saison, je vous en parlais au sortir du printemps.

L’Érythrée et tout le cyclisme africain était à la fête le lendemain sur la 3e étape avec la belle victoire d’étape de Biniam Girmay, le sympathique coureur de la non-moins sympathique équipe Intermarché-Wanty, une affaire presque de famille.

Une première pour l’Afrique sub-saharienne sur le Tour.

Beau spectacle de lendemain sur les pentes du Galibier, et la victoire de Tadej qui s’est lancé le pari fou de doubler Giro-Tour cette année. À quelque part, on veut tous le voir réussir, et il est tellement plus « naturel » à l’écran que « Vinge » que chacune de ses victoires nous donne l’impression qu’on gagne tous avec lui. Tadej en jaune, les UAE qui contrôlent, presque rassurant, comme si l’univers le voulait ainsi.

Et aujourd’hui, l’histoire demeure en marche avec « le Cav » qui efface Eddy Merckx des livres d’histoire en devenant le coureur avec le plus grand nombre de victoires d’étape sur le Tour, soit 35. Le Cav qui était lâché par Lefevère et son WolfPack fin 2022 et qui revenait sur le Tour l’an dernier comme coureur Astana, mais sans pouvoir y lever les bras. Il a eu raison d’insister.

Le Cav qui vomissait sa vie sur la 1ere étape il y a quelques jours.

Alors, le meilleur sprinter de l’histoire du Tour, le Cav?

Peter Sagan a remporté 7 maillots verts à Paris, Zabel six, et le Cav deux seulement.

Mais le Cav a 35 victoires d’étape au sprint…

C’est comme Marco Pantani: pas un seul maillot à pois, mais personne ne saurait lui contester le titre de meilleur grimpeur de l’histoire récente du cyclisme.

Le maillot vert, le maillot à pois couronnent-ils vraiment les meilleurs sprinters et grimpeurs? J’en ai personnellement toujours douté!

Quoi qu’il en soit, c’est un Tour différent cette année, comme si quelqu’un avait écrit un script « feel good » qui se déroule tous les jours sous nos yeux.

Et très peu de chutes…

Gaudu et la Groupama-FDJ, je comprends pas

Vous avez compris quelque chose à la stratégie de la Groupama-FDJ dans le Lautaret vous?

Moi, j’ai pas pigé un broc!

Tu as vent de face dans le Lautaret, comme d’hab. T’es sur le Tour, t’as trois coureurs Groupama-FDJ dans une échappée de 17 qui s’élance à l’assaut du dernier col du jour, si on compte l’enchainement Lautaret-Galibier comme un seul col.

Et parmi les trois coureurs que tu as devant, un s’appelle David Gaudu, que plusieurs voient sur le podium du Tour un jour. Un leader.

Tu fais quoi?

Me semble que tu fais rouler deux gars avec d’autres coureurs de l’échappée au moins jusqu’en haut du Lautaret, puis seulement tu dis à Gaudu de forcer le rythme. Ainsi, tu donnes une chance à l’échappée d’aller plus loin, même si tu sais que les UAE derrière ont embrayé.

Vent de face dans le Lautaret, tu veux monter avec un groupe et prendre des relais.

Au lieu de ca, Gaudu a flingué l’échappée, foutu un joyeux bordel, ca s’est désuni, puis c’est Lazkano, pas plus fou que Gaudu, qui a répondu pour lui dire « si tu joues à ca avec moi, ben je flingue aussi ».

Gaudu seul bien souvent face au vent du Lautaret, c’était n’importe quoi selon moi.

Du coup tout le monde s’est éparpillé, tout le monde a tiré des cartouches en l’air, et l’échappée était pliée dans les premiers hectomètres du Galibier. Là, tu te dis que la Groupama-FDJ a raté une belle occasion de briller un peu plus en haute montagne.

Gaudu repris certes, c’était plus que probable, mais à trois kilomètres du sommet du Galibier, pas au Lautaret…

Sur le Tour, tu te dois de bien jouer tes cartes.

Bardet, tout le monde est content!

On a rarement vu victoire sur le Tour de France faire autant l’unanimité!

Avec Romain Bardet vainqueur d’étape et maillot jaune, à son 11e et dernier Tour de France, tout le monde est content.

Qui plus est, la victoire a été acquise grâce à un bel élan de solidarité: il fallait voir s’employer son coéquipier Frank Van Den Broek dans les 10 derniers kilomètres, trop heureux de jouer le collectif et d’être acteur d’une si belle histoire.

Derrière, la chasse m’est apparue comme bien désorganisée, tantôt la Jumbo Lease a Bike, tantôt Lidl-Trek, tantôt Ineos, trop peu UAE, bref, c’était pas clair pour qui ont roulait derrière. Je demeure convaincu que les Movistar ont raté une belle occasion avec Aranburu… qui était probablement le seul à pouvoir rivaliser avec Pedersen.

Pour le reste, tous les favoris – ou presque – ont terminé dans le premier paquet, à une poignée de secondes du vainqueur du jour. Rien n’est joué, mais les organismes ont certainement souffert hier.

À noter la présence, dans ce premier groupe, d’un certain Derek Gee…

Le grand perdant du jour s’appelle sans l’ombre d’un doute la FDJ de Marc Madiot: Gaudu à la trappe, de même que Lenny Martinez, 29 minutes dans la vue tous les deux. De quoi revoir les priorités, et se poser de sérieuses questions sur la préparation de ces deux-là au cours du dernier mois. Pas normal…

Bardet, supporte pas la pression

Drôle de coureur que ce Romain Bardet.

Sympathique, mais pas plus qu’il ne faut, sa 2e place sur le Tour 2016 puis, l’année suivante, sa 3e place au général, ont été, au final, des cadeaux empoisonnés. Comme si à partir de 2018, promu grand leader de l’AG2R-La Mondiale de l’époque, ce fut le début de la fin.

Supportait pas la pression je pense, M. Bardet. Ca existe, et ce n’est pas une honte, loin s’en faut.

Bardet, c’est le coureur qui brille quant il n’a pas de pression pour bien faire, sauf peut-être sur ce Mondial 2018 qu’il termine 2e derrière Alessandro Valverde et devant un certain Michael Woods.

Pour le reste, c’est le type qui marche bien lorsqu’il n’y a pas d’attente, pas de « aujourd’hui je dois bien faire », comme si le poids des responsabilités le bloquait alors qu’il est évidemment capable de les assumer.

Bardet prendra sa retraite l’an prochain au lendemain du Critérium du Dauphiné.

En attendant, il fait un bien beau maillot jaune, et il pourrait s’avérer plus coriace que prévu à le rendre!

Un Tour plus ouvert qu’il n’y parait!

On y est !

Le Tour de France s’élance aujourd’hui de Florence en Italie.

Un Tour plus ouvert qu’il n’y parait.

Depuis des semaines, tout le monde parle de Pogacar comme l’épouvantail de ce Tour. Marc Madiot lui-même a déclaré que le Tour pourrait être plié après les quatre premières étapes, il est vrai difficile avec le redoutable Galibier à franchir lors de la 4e étape.

Sauf que.

Sauf que Pogacar, il a eu la Covid-19 il y a 10 jours. À ce niveau, l’équipe UAE ne va pas s’étendre sur le sujet, mais il pourrait y avoir eu du dégât. On sera vite fixé.

Idem pour Vingegaard: si son équipe a pris la décision de lui faire prendre le départ, c’est certainement qu’elle a eu des garanties à l’entrainement. « Vinge » n’est peut-être pas à 100%, mais il n’en est peut-être pas très loin. Chez Jumbo-Lease a Bike, on mise assurément sur la 3e semaine, sachant que Vinge est frais et probablement encore en progression.

Mais surtout, c’est la profondeur du plateau de ce Tour de France qui le rend si exceptionnel: c’est pas compliqué, ils sont tous là! Toutes les plus grandes stars du peloton international est au départ.

Sauf peut-être cinq coureurs de premier plan, Julian Alaphilippe, Benoit Cosnefroy, Sepp Kuss, Filippo Ganna et Ben O’Connor. Comique, les deux premiers misent sur le titre olympique plus tard en juillet. Manque de chance, ils sont tous deux français, donc il faudra s’entendre… Sepp Kuss a eu la Covid sur le Dauphiné, un maux qui court actuellement dans le peloton, et qui pourrait être un invité surprise de ce Tour.

Pour le reste, ils sont tous là: outre Pogi et Vinge, Van Der Poel le champion du monde, Van Aert, Roglic, Evenepoel, Pidcock, Hindley, Carapaz, Bernal, Thomas, Gaudu, Mas, Bardet, Almeida, Ayuso, Rodriguez, les frères Yates, Jorgenson, on fait difficilement mieux!

Du coup, je suis d’avis qu’on pourrait avoir des surprises sur les trois prochaines semaines, car tout ce beau monde va créer du mouvement. Si l’équipe UAE Team Emirates a très certainement la capacité de bien maîtriser la course si Pogacar devait s’emparer tôt du maillot jaune, il y a beaucoup d’équipes avec des intérêts pour ce classement général: Jumbo bien sûr, Ineos, Bora-Red Bull, Soudal Quick Step, Groupama, EF Education, Movistar, Cofidis et Team DSM.

J’aime bien la position « sans pression » de Remco Evenepoel, qui découvre cette année le Tour. Il n’a rien à perdre, aucune pression si ce n’est celle d’un leader d’une grande formation cycliste, et peut se permettre de prendre des initiatives puisque personne ne sait s’il pourra tenir pendant trois semaines, et notamment en haute montagne dans les Alpes en dernière semaine.

Dans ce contexte, bien difficile de vous donner un pronostic pour le podium, outre Pogacar et Vingegaard! Primoz Roglic? J’aimerais vous dire que j’y crois cette année, mais « l’autre » slovène est tellement malchanceux sur le Tour, notamment avec les chutes, que je me garde une petite gêne!

Les chasseurs d’étape

Plusieurs équipes débarquent avec comme seul intérêt celui de gagner des étapes.

On pense évidemment en premier lieu à Israel-Premier Tech, l’équipe des trois coureurs canadiens engagés sur ce Tour: les vétérans Hugo Houle et Guillaume Boivin, ainsi que Derek Gee qui découvre le Tour à 26 ans.

Je suis de ceux qui croient que Gee pourrait être une des révélations de ce Tour de France. Wait and see, mais je le sens bien.

Alpecin-Deceuninck voudra aussi jouer les étapes et les sprints avec leurs deux grands leaders Van Der Poel et Philipsen. L’équipe trouvera sur son chemin les Lidl-Trek, les Bahrain-Victorious, les Jayco-Alula et Astana pour leur tirer la bourre.

Le journal du Tour

D’autres nouvelles d’intérêt à l’amorce de ce Tour de France.

1 – 3600m de dénivelé pour la première étape de ce Tour, du costaud et un record pour une première étape. On entre rapidement dans le vif du sujet!

2 – 90 000 euros pour être ville départ du Tour, et 130 000 euros pour être ville d’arrivée. Le gigantisme, ca donne ca.

3 – Plusieurs équipes y vont d’un maillot spécial sur ce Tour: Jumbo, Alpecin, Cofidis par exemple, mais surtout Bora-Hansgrohe qui introduit un nouveau sponsor iconique, Red Bull.

4 – L’étape reine? Peut-être le chrono du dernier jour autour de Nice. Un chrono le dernier jour peut influencer la course dès la première étape, et on se rappellera 1989…

5 – Oreillettes: on vous en parle depuis des années, et enfin, l’UCI va tester des alternatives dans les prochaines semaines, notamment des oreillettes unidirectionnelles ne permettant pas aux coureurs de communiquer avec les directeurs sportifs, ainsi qu’un nombre limité d’oreillettes, par exemple à seuls deux coureurs de l’équipe. Ca ne sera pas encore pour ce Tour, mais ca va dans la bonne direction pour retrouver un cyclisme moins robotisé et moins… dangereux.

6 – Suivre le Tour à la télé depuis le Québec. Pour moi, le bon plan c’est de toujours suivre le Tour via France Télévision et les Alexandre Pasteur, Nicolas Geay, Laurent Jalabert, Marion Rousse, Frank Ferrand, Thomas Voeckler et Yoann Offredo. J’utilise l’application FilmOn qui permet un abonnement mensuel pour regarder le Tour en direct. Seul pépin, on ne peut pas enregistrer les étapes.

7 – Jumbo-Lease a bike disposera d’une « van technique » sur ce Tour de France, question d’avoir de nombreuses informations en direct sur les coureurs et les conditions de course, notamment météo. Cette van, une première, vise à mieux informer les directeurs sportifs « en direct » de la course, ceci afin d’anticiper au mieux.

Des vidéos intéressants

Quelques vidéos ont retenu mon attention ces derniers jours.

D’une part, ce vidéo présentant Hugo Houle, vidéo produit dans le cadre de la série « Le rêve olympique » par la Société Radio-Canada. Très touchant par moment, authentique, ce vidéo nous permet de découvrir qui est Hugo, sa vie, ses rêves, ses succès aussi. J’ai beaucoup aimé.

Par ailleurs, Netflix diffusait hier 11 juin la série II « Au coeur du peloton » mettant en scène quelques uns des meilleurs cyclistes professionnels au monde.

Cette année, Tadej Pogacar est de la série, tout comme Julian Alaphilippe et Thibault Pinot, qui a pris sa retraite au terme de la dernière saison.

Images chocs parce qu’intimes, vie des équipes « derrière la caméra », la deuxième série promet, fort du succès de la première série diffusée l’an dernier. Ca fait partie de re-dorer l’image du cyclisme professionnel, qui souffre parfois de bien des soupçons.

Pour les fans de Tadej, les vidéos produits par UAE Team Emirates sont à regarder, même si désormais, presque toutes les équipes pro font des vidéos similaires afin de rejoindre leur public.

Sinon, pour ceux qui ne l’auraient pas vu, Road to Résilience par l’équipe Jumbo-Lease a Bike.

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