Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Auteur/autrice : Laurent Page 1 of 350

La forme sur les GranFondo

Si, comme moi, vous vous lancez chaque année sur des cyclosportives difficiles en montagne ou autres GranFondo, comment se préparer est capital. Les techniques d’entrainement évoluent, et ces techniques doivent être ajustées en fonction de l’âge et d’autres paramètres comme le stress au travail, dont les effets sur la performance sportive sont souvent négligés.

J’ai trouvé ce récent vidéo sympathique et bien fait, mettant en « vedette » un ex-coureur que j’ai toujours apprécié, Julien Bérard. Ils reviennent notamment sur la prochaine Étape du Tour qui comportera un magnifique parcours en 2025, par delà Saisies et Cormet de Roseland, avant l’ascension finale vers La Plagne, un lieu que chérissait un certain Laurent Fignon. Et où l’Irlandais Stephen a signé son plus grand exploit.

L’Everest des mers: départ samedi!

Outre le cyclisme et le ski de fond, la compétition de voile me passionne depuis un moment déjà, même si je n’ai pas le pied marin (ou parce que je n’ai pas le pied marin!).

Il y a eu récemment ces Coupe Louis Vuitton et Coupe de l’America disputées avec les spectaculaires bateaux de la classe AC75, des véritables Formule 1 des mers et qui impliquent des cyclistes de haut niveau. Hallucinant de précision et de technique!

Il y a maintenant la 10e édition du Vendée Globe, « L’Éverest des Mers », soit le tour du monde à la voile, en solitaire, sans escale, et sans assistance.

C’est pas compliqué, c’est dément! 45 000 kilomètres à parcourir…

Et peut-être une des dernières belles grandes aventures humaines, une vraie.

À un certain moment dans l’océan Pacifique par exemple, les marins passent près du « Point Nemo », soit le point sur le globe le plus éloigné de toute âme qui vive. À ce moment, les humains les plus près des marins sont… les astronautes de la Station spaciale (!), puisque situé à environ 500 kilomètres au-dessus de leur tête. Le premier humain sur terre est, lui, à plus de 2300 kilomètres…

C’est dire s’il faut du courage à ces 40 skippers qui partiront samedi des Sables d’Olonne en France pour environ trois mois de mer en solo, plus pour beaucoup d’entre eux.

Avec eux, leur bateau de la classe Imoca, souvent des chefs d’oeuvre de technologie. Trois catégories d’Imoca s’affronteront sur ce Vendée Globe, soit les bateaux à foils, les bateaux à dérives droites, et les bateaux plus traditionnels.

Les bateaux à foils vont plus vite, mais sont plus exposés aux avaries, comme nous le rappelle l’histoire du spectaculaire bateau Hugo Boss et son skipper Alex Thompson sur le Vendée Globe 2020 (payez-vous les images!), contraint à l’abandon sur avarie. Aller vite est une chose, mais aller vite pendant trois mois par tous les temps avec un bateau qui « tape » constamment en est une autre!

Côté parcours, c’est toujours la même chose: on descend le long de l’Afrique, le Cap de Bonne Espérance, l’océan Indien, le Cap Leeuwin, l’océan Pacifique, sa sortie via le redoutable et redouté Cap Horn à la pointe sud des Amériques, la remontée de l’océan Atlantique, et retour aux Sables. Il faudra également éviter les pièges classique, l’anticyclone des Açores, le Pot au Noir, les icebergs possibles, les OFNI (objets flottants non identifiés), et les autres navires bien sûr.

Un beau plateau !

40 skippers au départ, un record. Six femmes parmi ces skippers, aussi un record. On va se regaler.

L’archi-favori est Charly Dalin sur Macif-Santé Prévoyance, ce dernier ayant beaucoup gagné sur les courses au large ces 3-4 dernières années. Deuxième du Vendée Globe en 2020, il n’est pas là pour trier les lentilles, et possède l’un des bateaux les plus puissants de la flotte.

Parmi les autres favoris, les Yannick Bestaven, Romain Attanasio, Jérémie Beyou, Louis Burton, Samantha Davies, Arnaud Boissières, Benjamin Dutreux, Sam Goodchild, Yohan Richoome, Thomas Ruyant, Maxime Sorel ou encore Damien Séguin.

La course sera chose certaine très ouverte, plusieurs disent qu’une vingtaine de skippers et leurs bateaux peuvent s’imposer sur cette édition du Vendée Globe.

D’autres skippers ont des histoires fabuleuses.

Comme celle de Violette Dorange, premier Vendée Globe pour cette jeune femme de 23 ans, pétillante et pleine d’optimisme. Incroyable qu’elle soit même au départ, il lui manque encore 100 000 euros pour boucler son budget!

Comme celle de Jean Le Cam et sa tignasse désormais légendaire, le vétéran de 65 ans, 6e départ sur un Vendée Globe et 4e en 2020, un exploit remarquable pour un skipper sans bateau à foils. Jean part avec un bateau tout neuf, mais sans foils une fois de plus, ayant estimé que les foils, c’est trop fragiles pour un Vendée Globe. Son bateau est équipé de dérives droites.

Comme celle de Clarisse Cremer et Tanguy Le Turquais, tous deux au départ de ce Vendée Globe chacun sur leur bateau, et qui forment un couple dans la vie. Le couple laissera sur le quai samedi une petite fille de deux ans, et ce pour au moins trois mois de mer ou tout peut arriver. Fou!

Comme celle de Jingkun Xu, premier Chinois sur un Vendée Globe, un athlète handisport de surcroit, ayant perdu une main dans un accident plus jeune dans sa vie. Un Vendée Globe d’une seule main! Élu plusieurs fois personnalité de l’année en Chine, c’est tout un Monsieur, d’un calme olympien en toute circonstance.

Il existe actuellement une multitude de vidéos sur YouTube présentant ce Vendée Globe, du village sur les pontons aux skippers, en passant par des interviews spécifiques et des descriptions des différents bateaux. Je vous en ajoute seulement un, d’une durée de 5min et très beau, et qui pour moi synthétise bien ce qu’est le Vendée Globe.

Bonne course à tous, ca va être passionnant. Record à battre, 74 jours de mer pour le Saint-Graal de la course au large. Bon vent!

Un Tour inspirant!

C’est pas compliqué, il ne manque qu’un contre-la-montre par équipe et on aurait eu la totale en juillet prochain! (Pau étant déjà ville-étape…)

J’ai rarement été aussi enthousiaste pour un Tour de France. Le parcours 2025 est tout simplement superbe selon moi. On va se régaler!

Surtout, le retour d’un contre-la-montre en côte Loudenvielle-Peyragudes, sur 11 km. Ca faisait un moment, et c’est toujours très spectaculaire compte tenu des écarts qui peuvent rapidement se créer. Sur la 13e étape, les organismes seront déjà fatigués.

On a aussi plusieurs étapes de montagne qui sont magnifiques. Deux dans les Pyrénées, deux dans les Alpes.

Par exemple Auch-Hautacam sur la 12e étape, en passant sur le Soulor avant l’ascension finale. Bien!

Après le chrono en côte, l’étape Pau-Superbagnères, ou Laurent Fignon avait ravi le maillot jaune à Greg Lemond lors du Tour 1989, dernier passage de la Grande Boucle sur cette arrivée. Une belle étape, avec le Tourmalet en hors d’oeuvre. Ca promet!

On aura ensuite le Ventoux lors de la 16e étape, toujours un régal. Même si l’étape n’est pas très difficile dans sa première partie depuis Montpellier, le Ventoux, lui, fait toujours des dégâts, et il peut y avoir des conditions climatiques extrêmes, que ce soit la chaleur, le vent, le froid, ou une combinaison de ces facteurs.

Ensuite, deux superbes étapes de haute montagne dans les Alpes sur les étapes 18 et 19.

L’étape reine pour moi est cette 18 étape entre Vif et Courchevel-Col de la Loze, sur 171 kms. Le Glandon côté Allemond, puis l’interminable Madeleine et enfin l’ascension sur Courchevel puis la Loze, magnifique. Ca sera sacrément dur aussi, toute la journée dans les pourcentages.

Le lendemain, une étape courte (130 kms) mais nerveuse entre Albertville et La Plagne, haut lieu de succès pour un certain Laurent Fignon. Les Saisies, le magnifique Cormet de Roseland, Bourg St-Maurice puis l’ascension finale sur La Plagne ou Stephen Roche a signé tout un retour sur le Tour 1987, un parcours exigeant et magnifique.

C’est d’ailleurs le choix pour l’Étape du Tour cyclo en 2025, une sacré belle étape du Tour. Les inscriptions ouvriront le 6 novembre prochain, et gageons que ca sera très populaire.

Outre ces belles étapes de montagne, c’est un Tour à fort potentiel de rebondissement qui nous sera offert l’an prochain.

Les trois premières étapes du côté de Lille, dans le Nord de la France, suivi de la Normandie et de la Bretagne. Le vent, les bordures, les bosses raides, les changements de direction seront autant de pièges pour les coureurs qui ne pourront jamais y relâcher leur attention.

La 5e étape, ce chrono de 33 kms du côté de Caen. Trop court pour de réels écarts, mais une première indication des hommes qui pourront se jouer la victoire finale à Paris.

J’aime également l’étape des volcans dans le massif central, Ennezat-Le Mont Dore. Je pense qu’on pourrait en reparler longtemps! Pas un mètre de plat, un parcours exténuant sur 163 kms, un gros chantier en perspective…

Idem même pour l’avant-dernière étape de Nantua à Pontarlier sur 185 kms, il y a sur ce parcours que je connais bien quelques bosses qui pourront faire souffrir les organismes.

Les coureurs avantagés

À l’évidence, les coureurs costauds comme Pogacar ou Vingegaard seront à leur avantage sur un tel parcours.

Beaucoup trop dur pour Mathieu Van Der Poel, et je ne vois pas comment un Thomas Pidcock pourrait rivaliser.

Remco? Trop montagneux pour lui selon moi.

J’ajoute un facteur de plus: l’équipe.

L’équipe, sur un tel parcours, sera excessivement importante. Pouvoir amener longtemps le leader, et le plus loin possible. Une équipe pour rétablir des situations compromises sur les étapes « de transition ». Le parcours comporte beaucoup de difficultés, il faudra pouvoir durer trois semaines, être au charbon tous les jours, contrôler, et placer son leader pour la gagne seulement dans les derniers kilomètres des étapes clé. Le collectif fera la différence, j’en suis certain.

Le Tour 2024

Beau vidéo résumant le Tour de France 2024, sorti hier.

Cycles Marinoni, 50 ans à notre service

La microbrasserie du Siboire avec un de ses fondateurs, Pierre-Olivier Boily, soulignaient en septembre dernier les 50 ans d’histoire de Cycles Marinoni, ce désormais légendaire fabriquant de vélos au Québec, par un événement festif qui a regroupé de nombreux cyclistes notamment pour une sortie sur le circuit automobile Gilles Villeneuve.

Ce court et beau petit vidéo témoignant de la journée a été diffusé tout récemment.

Un hommage mérité pour cette entreprise et son fondateur, Giuseppe Marinoni, venu d’Italie pour courir au Québec dans les années 1960. Marinoni a tout gagné à la grande époque du cyclisme au Québec, semant la terreur dans le peloton avant de se lancer dans la fabrication de cadres sur mesure au début des années 1970.

Terminée, sa carrière? Jamais tout à fait puisque l’homme s’est attaqué à plusieurs records de l’heure depuis 15 ans chez les coureurs d’âge plus avancés, avec succès!

Rapidement au fil des ans, l’entreprise Marinoni a su se construire une solide réputation d’excellence non seulement pour les vélos de course, mais aussi pour les vélos à vocation plus « cyclotourisme », permettant notamment le montage « à la carte ».

Surtout, fait remarquable, l’entreprise a su durer jusqu’aujourd’hui, notamment grâce à une approche toujours demeurée prudente quant au développement, et soignant son service à la clientèle. Chez Marinoni, pas de bling bling, mais l’accès à une solide expertise à votre service, et cette garantie que jamais, ô grand jamais, on ne vous laissera tomber comme client.

Pourtant, il y en a eu des défis au cours de ces 50 dernières années: révolution des cadres alu, puis avènement du titane et du carbone, évolution de l’industrie qui est passée de multiples « petites » marques à quelques géants internationaux maintenant, changements techniques, avènement de la vente directe en ligne sur l’Internet, mondialisation, pandémie, et j’en passe.

Je vous ai plusieurs fois parlé de cette entreprise et la famille derrière au fil des 20 dernières années (2018: Marinoni autrement ; 2013: l’histoire d’une vis), étant un client fidèle de Paolo que je salue bien bas. Paolo a repris l’entreprise de son père il y a plusieurs années déjà, poursuivant donc l’entreprise familiale. J’ai encore vu Paolo et son équipe en juillet dernier. C’est pas compliqué, personne ne touche à mon vélo à part moi, Paolo et Raoul, point barre.

À l’heure du gigantisme et du « main stream », à l’heure du n’importe quoi au niveau des tarifs prohibitifs des vélos de course qui ne valent tout simplement pas ça, à l’heure des « stop ride » de plus en plus fréquents, à l’heure des fissures dans des cadres vendus rapidement sans contrôle de qualité car il est plus rentable de les écouler par milliers, quitte à devoir en changer quelques centaines (mais pour le client, bonjour les emmerdes…), à l’heure des services impersonnels via Internet ou par manque de personnel, moi je trouve que Marinoni, notre fabriquant local et vrai au Québec, est plus pertinent que jamais. Lorsque j’entre chez Marinoni à Terrebonne, je sais que je n’y trouverai peut-être pas une salle de montre dernier cri aseptisée bling bling, mais un endroit vrai au service ultra-compétent, précis, raisonnable, et un endroit ou l’on ne me laissera jamais tomber, pièces en main et quitte à devoir travailler 15min de plus.

Paolo, Giuseppe, et toute l’équipe de Cycle Marinoni, tout simplement merci. Vous êtes grands. À très bientôt.

La triste agonie de Garneau Sports

De mal en pis.

Florissante dans le monde du cyclisme il y a encore 15 ans, la société Louis Garneau Sports vit des moments pénibles depuis quelques années.

Et la descente aux enfers se poursuit.

Placée à l’abri de ses créanciers en 2020, le redressement entrepris alors n’a pas porté fruit: aujourd’hui, la dette de l’entreprise n’a pu être résorbée, les ventes stagnent voir régressent, c’est la débandade.

Je m’en désole, car Garneau Sports était un fleuron au Québec et parce que Garneau Sports a contribué à La Flamme Rouge pendant quelques années en offrant aux trois premiers du jeu « pool de cyclisme » des petits cadeaux à sa discrétion. J’en suis encore reconnaissant.

La société a été vendue en septembre dernier à la compagnie de vêtements de sport Lolë. Au passage, on aura licencié de nombreux employés(ées), et fermé les usines de Chine et du Mexique, ainsi que la succursale des États-Unis.

Le siège social situé à St-Augustin de Desmaures en banlieue de Québec a été vendu depuis plus d’un an, et cela faisait des années qu’on n’y fabriquait plus rien.

Comme fin abrupte, c’est assez spectaculaire et triste. Garneau Sports a incarné pendant trois décennies la réussite, voire l’entreprenariat au Québec. Bref, le succès. Parti de rien, fabriquant des vêtements cyclistes dans le garage paternel, Louis Garneau aidé de sa conjointe a hissé à force de travail son entreprise parmi les joueurs importants du marché du vêtements de sports au Canada, voire sur la scène internationale.

L’entreprise avait aussi réussi à diversifier ses produits, faisant dans les fournitures scolaires pour enfants par exemple.

Il aura même été le bonnetier de l’équipe pro Europcar pendant quelques années au début des années 2010, soutenant également un David Veilleux et, auparavant, la Classique Montréal-Québec ainsi qu’une équipe Senior 1 tout entière, initiatives qu’on regrette encore aujourd’hui.

Alors, comment est-ce possible d’assister à pareille déchéance, et aussi rapidement?

Quelques réflexions sur les possibles raisons

Je ne suis évidemment pas dans le secret des Dieux, bien loin de tout ca et détaché du milieu cycliste au Québec, un état que je chéris car il me procure une indépendance, critère de la crédibilité.

Vu de loin, comme ca, plusieurs raisons me viennent à l’esprit pour expliquer en partie la triste évolution de Garneau Sports depuis quelques années.

Pour moi, trois tournants: le premier vers 2011-2012, puis un deuxième plus récemment, 2020-2021 et enfin le dernier, vers 2023-2024.

Sur le premier tournant vers 2011-2012, peut-être une expansion trop rapide, et une décentralisation de la production à l’extérieur du Québec qui s’est malheureusement soldée par une baisse drastique de la qualité des produits Garneau Sports.

Je me souviens des magasins « Concept Store » qui ouvraient partout au Québec au tournant des années 2010, Garneau mettant alors de l’avant sa « solution globale », c’est à dire sa capacité d’équiper le cycliste de la tête au pied, vélo compris. À l’époque, Garneau Sports donnait l’impression que tout lui réussissait, et j’étais personnellement très séduit par la compression offert par les cuissards haut de gamme de la compagnie.

Cette expansion s’est toutefois accompagnée d’une décentralisation de la production, traditionnellement assurée au Québec. Dorénavant fabriqués en Chine notamment, les produits Garneau ont souffert d’une énorme baisse de qualité, et Garneau n’aura pas compris qu’il négligeait ainsi sa base, c’est à dire en premier lieu tous ces Québécois qui lui faisaient confiance.

Je m’en souviens comme si c’était hier: j’avais acheté au Concept Store de Longueil plusieurs items Garneau, dont des gants et un sac à dos multi-rangement.

Les gants ont duré une seule sortie: sans coutures mais collés, les pièces se sont séparées en moins de 50kms, notamment en raison de l’action de la sueur. Idem pour le sac à dos: deux sorties et les fermetures éclair étaient explosées, et des compartiments entiers déchirés.

Une qualité médiocre, pour un prix qui, lui, n’avait pas baissé.

Connaissant un représentant commercial de la compagnie, je lui avais fait part de mes constatations, et de mes inquiétudes.

On peut lire dans le livre « Je suis tombé deux fois » de Valérie Lesage et portant sur Louis Garneau ceci:

« Chez Louis Garneau Sports, nous avons, pendant quelques années, négligé d’écouter les représentants commerciaux qui, eux, étaient en contact avec les clients ».

Je suis tombé deux fois, p.140

C’est exactement ça.

Déçus, de nombreux cyclistes se sont tournés ailleurs, et notamment sur toutes ces compagnies émergentes qui ont refaçonné le textile cycliste en proposant notamment de nouveaux look, je pense aux « Pas Normal Studio », « Attaquer », « Pedal Mafia », « Café du Cycliste », « Velocio » et tellement d’autres, ils sont si nombreux aujourd’hui !

Malgré tout ca, j’ai été fier que mes premiers vêtements La Flamme Rouge ont été fabriqués par Garneau Sports, vers 2015. Cependant fatigué des problèmes de décoloration et de tenue dans le temps, j’ai changé pour une compagnie concurrente environ trois ans plus tard.

Autre raison, Louis Garneau, de son aveu lui-même dans ce livre, a toujours voulu garder une influence de premier plan sur « la création et le marketing ». Je pense qu’il n’aura pas su prendre certains virages sur les nouveaux look cyclistes, les nouvelles façons d’assurer la promotion des produits, sur le « branding » et l’expérience qu’offrent aujourd’hui de nombreuses compagnies, façon Apple qui a peut-être été la première compagnie a comprendre qu’il était important de créer ce « branding » limite « secte » pour bien accrocher les consommateurs.

Au deuxième tournant, fin des années 2010, le monde du vélo avait changé: aujourd’hui, quelques grandes compagnies dominent outrageusement le marché, Shimano, Sram, Trek, Specialized, par exemple. Tu ne peux plus lutter contre ce quasi-monopole, cette – TRÈS malheureuse – convergence (le jour où vous roulerez tous sur des Trek, vous comprendrez…). Dans ce contexte, il faut justement miser sur la niche, la secte, le différent, et la qualité. Le branding aussi: en achetant un vélo, un consommateur n’achète pas juste un vélo, il achète une identité. Plus cool, plus différente est l’identité, plus il achète, jusqu’à l’irrationnel. Ce concept a été poussé encore plus loin au cours des cinq dernières années.

Bref, face aux géants, Garneau Sports n’a pas su se positionner pour survivre. L’exemple de son actuel site Internet en dit long.

Et Garneau Sports n’a peut-être pas su connecter avec les acteurs d’ici, au Québec, la base, qui vendent des produits du vélo et qui sont au contact de la clientèle, parfois de niche. Ces acteurs sont à Québec, à Montréal, à Gatineau, à Sherbrooke, sont reseautés, créent, innovent, bougent. Garneau? À ma connaissance depuis quelques années, jamais à la table.

Sur le troisième tournant, la lecture du plus récent livre laissait croire que Garneau Sports se relancerait grâce aux vélos électriques et aux vélos d’enfants.

Force est de reconnaitre qu’en effet, l’occasion semblait très belle: la vente de vélos électriques a explosé dans le monde ces dernières années, et ce type de vélos est le plus vendu actuellement.

Or, qui a entendu parler des vélos électriques Garneau récemment?

Pas moi en tout cas. Dans ce domaine, les géants n’ont pas loupé l’occasion de s’imposer.

Il fallait proposer des produits faits ici, compétitifs, et se distinguant, ne serait-ce que par le look.

Dernier point, derrière une entreprise, il y a toujours des personnes, c’est comme dans tout.

Enfin, s’il s’en défend dans les premières pages, il reconnait plus tard dans le dernier livre à son sujet que l’entreprise Garneau a longtemps été un « one man show ». Or, s’entourer efficacement est un gage de s’ouvrir à des réalités et des évidences que seul, on ne voit pas toujours.

Je ne connais pas M. Garneau. J’ai beaucoup de respect pour ce qu’il a fait. Mes lectures me laissent croire qu’il présente un petit côté mégalomane qui, dans certaines circonstances, auront pu lui servir, et dans d’autres le desservir. A-t-il pu s’entêter par moment, refusant ce que d’autres voyaient comme évidences ?

Quoi qu’il en soit, je suis bien triste de l’évolution des choses pour cette entreprise québécoise dans le monde du cyclisme. Idem pour Argon 18 dont la trajectoire récente a été difficile, à la lumière de ce qu’ils représentaient il y a 10 ou 15 ans. Ces compagnies auraient pu être le moteur du développement du cyclisme au Canada, aux côtés de Cyclisme Canada et de la FQSC. Au lieu de ca…

Au fond, Garneau Sports est peut-être à l’image de ce maillot de l’équipe canadienne, qui n’a jamais vraiment évolué depuis 50 ans: figé dans le temps. Alors que l’équipe nationale italienne ou d’autres présentent régulièrement un nouveau look, et vendent facilement les nouveaux maillots au grand public, fiers de leur produit et de leur nation, Garneau Sports et Cyclisme Canada sont figés dans le temps, tant au niveau du look que du marketing, comme s’ils étaient encore en 1980. C’est dommage.

Nordiq Canada n’en est pas loin non plus, dommage aussi… pour moi qui devient tous les jours davantage fondeur que cycliste, c’est désolant.

Le titre du plus récent livre sur Louis Garneau, écrit par Valérie Lesage, est « je suis tombé deux fois ». Malheureusement, j’ai bien l’impression que le vieil adage « jamais deux sans trois » se vérifiera cette fois encore. Espérons simplement que Louis Garneau l’homme s’en relèvera, fidèle à son adage « ne jamais abandonner ».

Colnago V4Rs de Pogacar

Du beau matos pour Pogi sur les derniers Mondiaux, le Colnago V4Rs édition « Tadej ». Peinture unique: on aime ou on n’aime pas.

Shimano Dura Ace, montage notamment au moyen des pièces Carbon-Ti et Ceramic Speed. Roues Enve.

Un vélo exclusif. Le prix aussi: 26 192$CAN. Probablement un sommet pour un vélo offert au public.

L’édition « régulière » du V4Rs est offerte à partir de 12 000$ environ, pour un montage entrée de gamme (Shimano Ultegra).

Après deux décennies de gloire (celles des années 1980 et 1990), Colnago était un peu disparu du plus haut niveau dans les années 2000 et 2010. Voilà que le fabriquant italien est revenu au premier plan, comme à ses années « Ariostea » ou « Mapei ».

Un sérieux rival à Pinarello dans la gamme « top-prestige » italien!

Pogacar, doit-on y croire?

Vaste sujet déjà si abondamment traité par de nombreux intervenants et amateurs de cyclisme!

Vous avez été plusieurs à commenter mon article hier, pour exprimer vos doutes.

Je vous rassure, j’en ai aussi. Beaucoup, même.

C’est difficile de croire qu’on pulvérise aujourd’hui à l’eau claire les records dans les cols établis par les plus grands dopés – sanguins, je précise – de l’histoire du cyclisme, Armstrong et Pantani en tête. C’est à croire que les cocktails des années 1990 et 2000 – EPO, testostérone, hormones de croissance, stéroïdes et anabolisants, tout cela en protocole savamment orchestré – n’étaient que peu efficaces…

Pour moi, le doute est nécessaire si on veut être un observateur éclairé du cyclisme, surtout avec la perf de Pogi sur le Plateau de Beille sur le Tour cette année. Ce jour-là, il a définitivement fait quelque chose qu’on ne peut pas expliquer avec la constitution humaine (473 watts pendant 40min).

Mais pour l’heure, personne n’a aucune preuve d’un quelconque dopage chez Pogi. On doit simplement maintenir le doute, se rappelant que Lance Armstrong n’a jamais échoué un seul contrôle antidopage de toute sa carrière.

Et pour l’heure, le plus crédible je trouve, ce sont les calculs de puissance. Ces calculs permettent de mieux comprendre ce qu’implique de monter le Plateau de Beille aussi vite, et permettent aussi la déconstruction de discours vaseux autour du matériel, de l’aérodynamique, ou des effets d’abri derrière d’autres coureurs. L’industrie et les acteurs qui ont intérêt dans le WorldTour essaient de nous prendre pour des cons, comme d’habitude.

Si Pogi était si transparent et clean, il publierait toutes ses puissances sur son compte Strava. Mais non. Gênant…

Alors pour l’heure, sachons reconnaître les exploits lorsqu’on en voit un, car Pogi a eu les couilles de partir aussi loin de l’arrivée et il fallait tenir. Mais gardons-nous une petite gêne sur la façon dont il peut évoluer toute une saison durant à un tel niveau.

Chose certaine, je ne comprends plus le vélo depuis quelques années. Performances nettement en hausse, meilleures qu’à la grande époque du dopage sanguin et malgré des vélos plus lourds, et pratiquement jamais de contrôles positifs à l’échelon WorldTour, comme si quelqu’un avait mis un couvercle sur la marmite. Après des années d’affaires de dopage tout azimut entre 1998 et 2015 environ, d’enquêtes journalistiques, de descentes de police dans les hôtels des coureurs, de contrôles et fouilles des bagages, de filatures même, plus rien. Désormais clean, le vélo à l’échelon WorldTour.

Pogacar: un grand exploit!

Tadej Pogacar est entré dans l’histoire du cyclisme hier, remportant durant la même saison le Giro, le Tour, et les Championnats du monde sur route.

Un exploit accompli jusqu’ici que par deux hommes et une femme: Eddy Merckx en 1974, Stephen Roche en 1987, et Annemiek van Vleuten en 2022.

Pogi est aujourd’hui le meilleur cycliste au monde, dans une catégorie à part qui semble même supérieure à celle dans laquelle évolue Mathieu Van Der Poel et Remco Evenepoel, réduit hier à des simples cadets. Evenepoel, quand même, double champion olympique à Paris en août, n’a jamais pu faire jeu égal avec Pogi hier.

Outre la victoire du Slovène hier, c’est la manière qui passera à l’histoire. C’est pas compliqué, pour moi ce fut le plus grand exploit dans le cyclisme depuis 25 ans, et la meilleure course cycliste depuis… le Tour de France 1989 et ce duel LeMond-Fignon!

C’est pas compliqué, on a été sur le bout de notre chaise pendant les 100 derniers kilomètres, soit le moment ou Pogi a décidé de prendre les choses en main.

Un coup de folie! Démarrer avec 100 kms à faire, sur un Championnat du Monde alors que plusieurs équipes, dont les Belges, les Néerlandais, les Australiens, les Danois, les Italiens, étaient encore bien représentées…

Tous ses adversaires n’y croyaient pas, et Pogi lui-même a avoué à l’arrivée que c’était un peu stupide d’attaquer aussi loin de l’arrivée.

Mais il l’a fait.

La marque d’un grand.

Un authentique exploit athlétique, un exploit qui caractérisera durablement la pointure du bonhomme, et qui marquera l’histoire du sport.

Il y a eu quelques grands exploits « solo » dans le vélo, qui ont créé la légende des coureurs qui les ont réalisé car c’est ainsi que le monde a compris que c’était là des extra-terrestres. Avec sa perf hier, Pogi se hisse à leur niveau selon moi.

1 – Coppi et l’étape Cuneo-Pinerolo sur le Giro 1949. 254kms et plus de 5000m de dénivelé. Coppi part solo à 192km de l’arrivée, escalade Vars, Izoard, Monginevro et Sestrière, crève cinq fois et malgré tout, s’impose à Pinerolo avec près de 12min d’avance sur un certain Gino Bartali. Dément.

2 – Charly Gaul sur la 21e étape du Tour 1958. Briançon – Aix les Bains, les cols de la Chartreuse. Gaul part solo dans le Luitel, on ne le reverra jamais, malgré une pluie glaciale ce jour-là. Le petit grimpeur s’impose avec presque huit minutes d’avance, et jette les bases de sa victoire finale sur l’épreuve.

3 – Le doublé Dauphiné – BordeauxParis de Jacques Anquetil en 1965. Le gus gagne un Dauphiné-Libéré – course d’une semaine – le dimanche après un âpre duel contre Raymond Poulidor et par une météo exécrable toute la semaine en montagne, prend un avion nolisé par le Général De Gaulle pour rejoindre Bordeaux à minuit, prend le départ de « la course qui tue » Bordeaux-Paris, 600km, à 2h du matin, passe derrière derny vers 6h du matin après avoir roulé toute la nuit, et gagne à Paris quelques heures plus tard. Un exploit jamais renouvelé par quiconque.

4 – Merckx à Mourenx sur le Tour 1969. Merckx devance au Tourmalet son équipier Van Den Bossche pour lui signifier son agacement que ce dernier ait signé pour une autre équipe en vue de la saison suivante, ne se relève pas, et part solo pour 140km dans les Pyrénées, un coup d’orgueil. Merckx s’impose avec plus de huit minutes d’avance sur ses plus proches poursuivants, et assomme le Tour. Le champion belge a toujours dit que ce fut là son plus grand exploit sur un vélo.

5 – Hinault sur Liège-Bastogne-Liège 1980. Tempête de neige, ils ne seront que 21 à l’arrivée. Un journée en enfer, prise 2 cette année-là. Hinault gagne par plus de neuf minutes d’avance après 80 bornes solo, et perd de façon permanente la motricité fine de deux doigts, gelés ce jour-là sur le vélo. Animal.

6 – Indurain à Luxembourg sur le Tour 1992. 63km chrono, seul contre la montre. Indurain met son coéquipier De Las Cuevas à plus de trois minutes, et tous les autres à plus de quatre minutes, Bugno et LeMond compris. De mémoire d’homme, on n’avait jamais vu pareil écart sur 63km contre la montre, Anquetil « maitre Jacques » ou « la Caravelle » compris.

7 – Pantani aux Deux Alpes sur le Tour 1998. En 50km, Pantani renverse le Tour de France 1998 sur une seule étape, se détachant solo dans le Galibier par un temps de chien, et terminant seul aux Deux Alpes avec plus de 9min d’avance sur le maillot jaune, l’Allemand Jan Ullrich, vainqueur l’année précédente. Personne n’avait encore grimpé les 7 derniers kms du Galibier aussi vite.

La course hier

Pogi aura réalisé un authentique exploit certes, mais le parcours l’aura favorisé: pas de sections « roulantes » ou un homme seul devant est désavantagé, c’était du « up and down » tout le temps. Lucide, Pogi avait compris qu’avec un tel parcours, c’était possible de rouler devant aussi vite que derrière dans un paquet.

Justement derrière, on aura rapidement compris que c’était assez décousu et désorganisé, aucune équipe à l’exception des Belges et des Néerlandais un court laps de temps ne parvenant à s’organiser efficacement. L’erreur de Remco et de Mathieu aura probablement été de ne pas utiliser leur équipe assez longtemps, faute d’organisation efficace et sur un parcours trop sélectif, provoquant une impitoyable sélection par l’arrière. Rapidement isolés, ces deux coureurs ont dû jouer « mano à mano » sur les derniers 50 kilomètres, et à ce jeu Pogi a été le plus fort.

Mention très bien à Tom Skujiņš, pour moi hier le 2e homme le plus fort derrière Pogi. Au pied du podium (4e), c’est lui qui peut nourrir aujourd’hui le plus de regret. Pour la petite histoire, Skujiņš avait terminé 6e du récent GP de Montréal, avec son gabarit les connaisseurs apprécieront.

GP de Montréal: Pogi, logiquement

La photo est une fois de plus de mon ami Grégoire Crevier, photographe qui diffuse ses photos sur « On the rivet.photo ». Merci Greg!

Auteur d’une bévue aux 800m vendredi dernier sur le GP de Québec, il est clair que Tadej Pogacar et son équipe UAE Emirates ne débarquaient pas sur le GP de Montréal pour faire de la figuration.

Et ce fut une course parfaitement maîtrisée par toute l’équipe. Cyclisme 101 ici.

UAE a controlé les échappés du jour qui n’ont jamais eu beaucoup plus que 5min d’avance. Mieux, ils ont « joué » avec l’échappée, un coup à 2min, puis leur laissant de nouveau prendre 3min30, comme si on ne voulait pas rentrer trop vite. C’est qu’il faisait chaud sur le circuit du Mont Royal, pas la peine de s’affoler. Les autres équipes étaient trop contentes de pouvoir compter sur pareille bonté de l’équipe du patron.

Car le patron du peloton, c’est bel et bien Pogacar lorsqu’il est au départ. Cela ne fait plus l’ombre d’un doute.

À trois tours de la fin, les choses sérieuses. On accélère. Avant-dernière ascension, tu vois Majka à l’effort devant, Pogi derrière en 2e place, tu sais que dans moins de deux minutes, c’est parti.

Et ca n’a pas loupé.

Sur la 16e ascension (sur 17) de la voie Camilien Houde hier, Pogi a établi le nouveau KOM, jusque là détenu par James Piccoli: 3min27 contre 3min31 pour le Canadien. 28,5 km/h de moyenne sur les 1,64 km d’ascension. Si vous n’avez rien à faire ce matin, tentez votre chance! Je vous dispense des 180 bornes que Pogi s’est tapé avant de produire son effort.

Chose certaine, on ne reverrait pas Pogi une fois son attaque placée. C’est que le gus a de l’orgueil. Le patron, c’est lui je vous dis.

Deux tours solo devant, avec une insolente facilité, et c’était plié. Il avait presque l’air de se balader mode « zone 3 ».

En tout cas, c’est le meilleur coureur du monde en 2024. Pas compliqué, il a gagné toutes les courses auxquelles il a participé cette saison, sauf deux: Milan SanRemo (3e) et le GP de Québec vendredi (7e). Autrement, il a gagné les Strade Bianche, le Tour de Catalogne, Liège-Bastogne-Liège, le Giro (6 victoires d’étape, le rose, le maillot de meilleur grimpeur), le Tour (6 victoires d’étape), et maintenant le GP de Montréal pour la 2e fois de sa carrière, après sa victoire de 2022.

C’est un fuoriclasse, un coureur totalement hors norme, et probablement un coureur de la dimension d’Eddy Merckx, qu’on ne voit qu’une fois tous les 50 ans.

Sa victoire hier a toutefois été favorisée par un manque d’organisation derrière lui pour la chasse. J’ai compté sur le boulevard Édouard Montpetit à l’approche du dernier tour pas moins de 4 coureurs Jumbo-Lease a Bike, dont les excellents Matteo Jorgenson et Tiesj Benoot. Pourquoi diable ne s’est-on pas organisé au sein de cette équipe et demandé à Kilderman et Lemmen de mener la chasse? Idem pour Israel-Premier Tech, qui n’a pas su se regrouper à ce moment pourtant crucial de la course: Gee aurait pu se mettre davantage au service de Woods. Carton rouge également aux Lidl-Trek, eux aussi en surnombre devant à l’approche du dernier tour. Je demeure toujours surpris de ce manque de lucidité à ce niveau de professionnalisme.

Chose certaine, Pogi n’a pas donné l’impression de forcer son talent hier, et sa victoire le propulse archi-favori des prochains Mondiaux dans deux semaines à Zurich.

Terminons ce petit compte-rendu en soulignant la belle 3e place d’un Alaphilippe volontaire hier dans les deux derniers tours, et qui mérite donc cette place sur le podium. Après deux saisons très compliquées, ca fait plaisir de revoir le bonhomme sur un podium, et c’est de bonne augure pour la saison 2025 au sein de sa nouvelle équipe Tudor.

La Slovénie, épouvantails de ces Mondiaux

Petit pays d’Europe, 2 millions d’habitants soit… 4 fois moins que le Québec (!!!), la Slovénie domine actuellement – et de façon surprenante? – le cyclisme mondial.

Les Slovènes seront les épouvantails de ces prochains Mondiaux, avec 7 coureurs au départ: outre le patron Tadej Pogacar, ils pourront compter, imaginez-vous donc, sur le récent vainqueur de la Vuelta, Primoz Roglic, mais aussi sur Matej Mohoric, Jan Tratnik bien en vue sur les GP de Québec et Montréal, Luca Mezgec, Domen Novak, et Matevž Govekar, moins connu mais récent vainqueur d’une étape du Tour de Grande-Bretagne en août. Ouch! Aucune nation ne peut dire mieux sur le papier.

Bien sûr, les Slovènes auront sur leur route les Mathieu Van Der Poel, Remco Evenepoel et une armada espagnole qui fait belle figure, mais disons que sur papier, c’est du costaud, pour ne pas dire du très très lourd.

Que du UAE Emirates!

Ou presque ces derniers jours, puisque Marc Hirschi fait un carton actuellement en Europe pour l’équipe de Tadej Pogacar. Le Suisse a remporté coup sur coup le Memorial Marco Pantani et, quelques jours avant, la Coppa Sabatini. Chez les Émiratis, on est sur tous les fronts!

Championnats d’Europe

Ca n’a que peu d’intérêt jusqu’ici dans l’histoire du vélo, mais on disputait hier en Europe les Championnats du continent. Christophe Laporte défendait son titre et son maillot de champion d’Europe.

Le parcours, relativement plat mais ponctué de quelques secteurs de chemins de terre, n’était pas très sélectif.

Au final, couronnement au sprint en petit comité du Belge Tim Merlier, une information quand même car il aligne au sprint les Olav Kooij, Jasper Philipsen, Mads Pedersen et j’en passe. Favori sur le papier avant le départ, l’Italien Jonathan Milan n’est que 13e et dernier du petit groupe qui s’est disputé la victoire.

À noter également qu’on aura vu Mathieu Van Der Poel actif durant la course, tentant notamment sa chance avec 85km à faire dans la course, mais sans succès. Sur un parcours aussi roulant, il était difficile de résister au paquet derrière.

Certains auront noté que MDVP n’a jamais semblé aussi maigre qu’actuellement. Pas un pet de graisse… affuté comme une dague, le Mathieu. On prépare ses Mondiaux…

GP de Québec: course classique, vainqueur classique…

La photo est de mon ami Grégoire Crevier, excellent photographe qui diffuse ses photos sur « On the rivet.photo« . Merci Greg!

Les Lotto-Destiny peuvent nourrir des regrets aux lendemains du Grand Prix Cycliste de Québec.

Imaginez, à 800m de la ligne, ils étaient trois devant dont le vainqueur sortant, Arnaud DeLie, avec comme seul os – mais quel os – Tadej Pogacar à contrôler.

Perso, face à un sprinter de la trempe de DeLie et sur une course qui fait 60 bornes de moins que les grandes classiques du calendrier, je ne donnais pas cher de la peau de Pogi au sprint.

Et puis non! Les deux coéquipiers de DeLie ont explosé, regroupement général aux 800m, et à partir de là ce fut le bordel complet. Connaissant parfaitement l’arrivée, le double-vainqueur de l’épreuve Michael Matthews n’a pas raté sa chance, en vieux briscard: il a lancé le sprint de loin, quoi de mieux quand, avec l’âge, on se fait moins explosif… Du coup il contrôlait Girmay et un surprenant Tisj Benoot qui prouve qu’à Québec, le sprint, c’est très particulier (et ca fait longtemps que je l’écris).

https://www.youtube.com/watch?v=MwPMpXHa4PI

Jusqu’aux 800m, les Lotto-Destiny avait fait course parfaite, dépêchant longtemps un homme en tête du peloton pour contrôler les échappées devant.

Sacré rouleur ce Frank van den Broek, 23 ans, qui a tenu en respect à lui (presque) tout seul le peloton pendant un bon bout de temps!

Pour le reste, on aura appris qu’Olaf a de bonnes jambes, étant acteur dans le final à quelques hectomètres de l’arrivée.

On aura appris également que Pogi est aussi très bien, lui qui faisait sur ce GP de Québec sa rentrée après une coupure depuis la fin du Tour de France. Honnête, il a avoué à la presse avoir commis une erreur en y allant pas après que les deux coéquipiers de DeLie se soient éteints, une erreur évidente pour le reste car l’arrivée lui convenait. S’il avait décollé aux 800m, pas sûr que le peloton revenait sur lui…

Bref, une course classique pour Québec: une échappée matinale, la chasse qui s’installe solidement vers la mi-course, une franche accélération de l’allure avec trois tours à faire, et les deux derniers tours débridés. Ca devient un classique.

Et ce n’est pas pour déplaire à Michael Matthews!

Pogi, l’homme à battre sur le GP de Montréal

Difficile de trouver un favori plus important que Tadej Pogacar pour le GP de Montréal dimanche. Les 17 ascensions de la voie Camilien Houde lamineront le peloton, provoquant l’habituelle sélection par l’arrière, surtout dans les derniers cinq tours. En s’appuyant bien sur Ayuso et Majka, Pogi a les cartes en main pour dominer dimanche.

Mike Woods? Il est la meilleure carte canadienne! Au moins, il sait quelle roue suivre…

Le Tour de l’actualité (Prise 2)

Merci aux lecteurs ayant commenté mon analyse de la dernière étape du Tour de France féminin. J’avais perdu de vue que Rooijakkers avait en effet deux secondes d’avance sur Vollering au départ de cette dernière étape, invalidant totalement mon analyse de la tactique usée durant cette course. Mea culpa! Je rediffuse aujourd’hui le même Tour de l’actualité, mais avec des corrections quant à la tactique sur cette dernière étape. Avec en prime un ajout pour couvrir cette 5e étape de la Vuelta!

Ca fait une pige qu’on n’a pas fait un petit Tour de l’actualité!

1 – 4 secondes. C’est l’écart à l’arrivée du Tour de France féminin entre Kasia Niewiadoma et Demi Vollering au terme d’une course qui aura duré une semaine complète.

Ca rappelle presque les 8 secondes entre LeMond et Fignon en 1989, sauf que cette fois-ci le scénario s’est déroulé sur les pentes de l’Alpe d’Huez.

Et sur une étape un peu rocambolesque si vous voulez mon avis, où les erreurs tactiques ont été nombreuses. La course aurait pu basculer bien autrement!

D’une part, Niewiadoma doit probablement sa victoire finale à… Lucinda Brand, gros moteur et spécialiste du cyclo-cross. Brand s’est mise à la planche du bas de la descente du Glandon jusqu’au pied de l’Alpe d’Huez, soit disant pour replacer sa leader Gaia Realini.

Sauf que Realini jouait déjà au yo-yo sur les dernières rampes du Glandon, et si elle avait eu les jambes pour la gagne, elle aurait accompagné Vollering et Rooijakkers dans l’échappée… Un peu léger comme justification.

Deuxièmement, je n’ai pas compris la tactique de Rooijakkers: tu te retrouves devant avec Vollering, les deux pouvant distancer la leader et aspirer à gagner le Tour au complet. La bonne entente était évidemment « on collabore pour distancer pour de bon Kasia, et on s’explique à la pédale par la suite« . Au lieu de ça, Rooijakkers ne collabore pas, ni dans la vallée, ni dans l’ascension de l’Alpe d’Huez. Vollering s’est plaint du manque de collaboration de sa partenaire d’échappée une fois l’arrivée franchie.

La bonne tactique était évidemment de collaborer: au moins tu as une chance de remporter l’épreuve, et au pire tu fais deux. Au lieu de cela, Rooijakkers termine 3e du général ; une place de 2 vaut mieux qu’une place de 3, non?

Ou alors, c’est que Rooijakkers n’avait vraiment aucune confiance en ses moyens du jour, son calcul étant « si je collabore et m’épuise, je prends le risque de me faire larguer complètement, voire rattrapée par Kasia derrière » ? Difficile à croire quand même à ce niveau.

Enfin, je n’ai pas compris pourquoi Muzic a fait les bonifs à Niewiadoma sur la ligne de l’Alpe d’Huez: faut qu’on m’explique là.

Plusieurs lecteurs de ce site ont pointé vers le transfert probable chez FDJ-Suez de Vollering l’an prochain… si je n’ai rien vu de signé officiellement pour le moment, alors en effet, vous avez raison: le sprint de Muzic sur Kasia aurait simplement pu être pour donner le maximum de chance à Vollering de remporter le général, cadeau de bienvenue dans l’équipe. Et cela voudrait aussi dire que la signature de Vollering chez FDJ-Suez est plus que probable voire confirmée désormais!

2 – Alaphilippe et Tudor. Surprenant quand même!

Mais les Suisses sont riches, et Alaphilippe aura probablement négocié un bon salaire, malgré qu’il ne soit probablement pas à la hauteur de ce qu’il touchait chez Soudai-Quick Step.

Sûr que chez Tudor, Alaphilippe, 32 ans, prend des risques.

En premier lieu de ne pas courir le Tour l’an prochain. Ca serait la 2e fois en deux ans. Dommageable.

Tudor doit en effet obtenir une wild card d’ASO pour participer au Tour l’an prochain. Sont en compétition avec Uno-X et… Total Énergies, l’autre formation qui était pressentie pour Olaf.

Ce n’est pas la première fois qu’un coureur de premier plan tente l’aventure d’une formation plus modeste, mais qui aspire au World Tour.

Déjà, on se rappellera l’aventure malheureuse de Stephen Roche chez Fagor en 1988. Merckx chez Fiat avant ca.

Perso, j’ai toujours pensé que l’attrait c’est aussi de préparer sa reconversion.

Chez Tudor, Alaphilippe sera un gros poisson dans un petit bocal mais avec le contrat de développer le bocal, donc beau défi sans trop de pression, car tout ne dépend pas de lui.

Et surtout, il peut aspirer, une fois la retraite venue d’ici 3-4 ans, de se reconvertir au sein d’une formation qu’il aura pu contribuer à développer.

Ce défi n’était pas évident chez Total Énergies et Bernaudeau, une équipe déjà très mature.

Et en Suisse, il aura moins de pression côté résultats qu’au sein d’une équipe française.

3 – Tour de l’Avenir. Incroyable mais vrai, le Canada y a une équipe! On doit le saluer. Et en son rang, un certain Michael Leonard, 20 ans seulement, et déjà vainqueur de la première étape contre-la-montre autour de Sarrebourg. Après de grâves pépins santé cette année, Léonard a déjà justifié, sur ce Tour de l’Avenir, pourquoi il est déjà chez Ineos.

4 – Vuelta. Wout Van Aert vainqueur au sprint hier, il a finalement retrouvé ses bonnes jambes. Maillot de leader en bonus.

Ce qu’il faut retenir, c’est qu’il y a du beau monde sur cette Vuelta.

Sepp Kuss (le vainqueur sortant) et Cian Uijtdebroeks chez Jumbo. Joao Almeida, Pavel Sivakov, Adam Yates et Brandon McNulty chez UAE. Carlos Rodriguez chez Ineos. Mikel Landa chez Soudai-Quick Step. Ben O’Connor chez AG2R-Decathlon. Primoz Roglic chez Bora-RedBull. Mike Woods chez Israel-Premier Tech. Richard Carapaz chez EF Education First. Enric Mas chez Movistar. David Gaudu pour la Groupama-FDJ. Antonio Tiberi chez Bahrain. Guillaume Martin chez Cofidis.

Gageons que Jumbo-Lease a Bike a la pression après avoir été mouchée sur les deux premiers grands tours cette saison, alors que l’équipe avait remporté les trois grands tours la saison dernière. Gros contrat pour Kuss à la lumière de l’opposition.

Pour la gagne, difficile de dire mais j’aime bien la condition actuelle d’un Joao Almeida et la puissance de son équipe UAE.

5 – Vuelta bis. Victoire hier de Primoz Roglic sur les pentes très inégales et pentues du Pico Villuercas au terme d’une étape accidentée qui a vu un petit groupe regroupant les principaux favoris se disputer la gagne. Coup double également: victoire d’étape et maillot de leader!

Il faisait chaud sur la Vuelta hier, et ces 170 kilomètres ont mis les coureurs à rude épreuve. Une étape qui laissera des traces dans les organismes.

Roglic rassure donc sur cette Vuelta, après son abandon sur chute lors du Tour de France en juillet dernier. Il faudra compter sur lui.

Il faudra aussi compter sur Joao Almeida, je l’écrivais hier dans la première version de ce Tour de l’actualité. Le coureur portugais est bien, très bien même, et pointe désormais à huit petites secondes de Roglic au général.

Mais la Vuelta est encore longue, alors les enseignements du jour viennent probablement davantage de ceux qui n’ont pas réussi à résister hier sur la dernière ascension.

Je pense à Sepp Kuss, qui perd 28 secondes. Pas grand chose certes, espérons que sa condition est croissante pour la suite.

McNulty, O’Connor, Yates, Carapaz, Uijtdebroeks et Martin terminent à une minute ou plus, ils sont ceux qui perdent le plus hier. Si certains d’entre eux ne jouent peut-être pas le général mais plutôt les lieutenants de luxe, le débours est important si tôt dans la course.

Terminant avec plus de 3min30 de retard, Woods a quant à lui clairement indiqué hier que ce seront les victoires d’étape qu’il visera. Et ca ne surprendra personne.

Parmi les surprises du jour, mais en est-ce vraiment une, la très belle perf du jeune coureur américain Matthew Rittitello, 22 ans et 6e de l’étape. À ce niveau, c’est très bien pour Israel-Premier Tech.

Ce Lennert Van Eetvelt est également surprenant à 23 ans. Déjà vainqueur en début de saison du UAE Tour, il confirme sur cette Vuelta de belles qualités de grimpeur.

Et chose certaine, c’est Vincent Lavenu qui doit se féliciter d’avoir recruté un certain Félix Gall en 2022, c’est lui qui obtient actuellement les meilleurs résultats cette saison sur les grands tours pour AG2R-Décathlon. Rappelons aussi que Ben O’Connor quittera l’équipe en fin de saison pour rejoindre les Australiens de Jayco-AlUla.

Cyclisme aux JO: « tout le monde y a droit et ça, c’est chouette »

Des JO exceptionnels.

La France peut aujourd’hui être très fière des JO qu’elle a livré au monde entier.

En un mot, ces JO nous ont fait vibrer. De A à Z. C’est à dire de la cérémonie d’ouverture, exceptionnelle dans son originalité selon moi, à la cérémonie de clôture, elle aussi nous réservant quelques surprises.

Surtout, ces JO de Paris ont montré qu’il était possible de faire différent: la mise en valeur de sites exceptionnels (le Grand Palais, Versailles, le Champ de Mars, Montmartre, etc.), des stades mais pas que, une ambiance du tonnerre, l’efficacité, tout a été parfait. La France en a mis plein la gueule, et aux Français d’abord.

Divisée ces derniers mois la France, déchirée même, entre crises politiques, crises économiques, crises sociales, on a l’impression que la France ressort de ces JO comme un pays conquérant, ayant montré aux yeux du monde ce qu’elle peut faire de mieux. Exit le Front populaire, exit les réformes des retraites, le pouvoir d’achat, l’immigration, pour deux semaines la France a fait vibrer le monde, Léon Marchand en tête de liste. La France a ses problèmes comme tout le monde, mais dans l’art de vivre, l’art d’émouvoir, on fait difficilement mieux.

Et pour moi, c’est l’épreuve de cyclisme sur route qui a été l’apothéose de ces JO enivrants d’un bout à l’autre.

Un succès populaire ahurissant, surtout dans Belleville autour de Montmartre, où de mémoire d’homme on n’avait pas vu pareille ambiance. Le cyclisme a ceci de particulier qu’il demeure, par sa nature, proche de ses athlètes et héros, qui sont au contact de la foule en tout temps. Que voulez-vous, on ne peut pas installer des barrières sur 270 kilomètres de course…

Je me souviendrai longtemps de ces épreuves de cyclisme sur route, de cette arrivée au Trocadero, Remco triomphant avec en arrière-plan la Tour Eiffel dans toute sa splendeur. Remarquable. Le passage dans Belleville, sur cette butte Montmartre, était quelque chose. Unique. Le cyclisme professionnel serait bien avisé d’y retourner chaque année, pour une grande fête populaire déjà garantie; pourquoi ne pas ressusciter ce magnifique « Trophée des grimpeurs », édition Montmartre, dès l’an prochain?

Quoi qu’il advienne, ce n’est pas compliqué: il restera un « avant » les JO de Paris, et un « après » les JO de Paris. Bonne chance à ceux qui suivent pour faire mieux…

Aujourd’hui, alors que le monde retrouve une certaine normalité et que les enjeux désolants seront remis au premier plan, alors que les ténèbres reviendront assurément, la France peut être très fière d’avoir offert au monde entier ce qui demeure sa signature: ses Lumières, tout simplement.

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