Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Catégorie : Uncategorized Page 6 of 87

Les scandales du week-end…

1 – Affaire Puerto: « la Fédération espagnole a décidé d’arrêter les procédures de sanction à l’égard des inculpés dont Manolo Saiz, Ivan Basso et Jan Ullrich, la justice espagnole (en fait, le juge qui instruit l’affaire) lui ayant refusé le droit d’utiliser les documents comme preuves dans des procédures sportives »:http://www.lequipe.fr/Cyclisme/20061028_112949Dev.html. En clair, la Fédé ne peut utiliser les documents incriminant certaines personnes, la justice espagnole poursuivant l’enquête. Comme cela pourrait encore prendre des mois, la Fédé espagnole a simplement décidé de stopper – espérons temporairement – les procédures et aucun coureur ne sera donc sanctionné pour le moment.

Du coup, tout le beau petit monde interdit de départ sur le dernier Tour de France est lavé de tous soupçons, du moins pour l’instant. Évidemment, les suites ne se sont pas faits attendre, certains coureurs annonçant déjà leurs intentions de poursuivre ceux qui les ont – injustement affirment-ils – suspendu, ne respectant pas la présomption d’innoncence. Ca va être tout un bordel juridique et une manne pour les avocats que toute cette histoire, surtout qu’il demeure tout à fait possible que dans 6 mois, un an voire plus, la justice espagnole boucle enfin son enquête et autorise l’utilisation des fameux documents pour sanctionner sportivement les coureurs fautifs.

Imaginez la situation: Jan Ullrich est interdit de départ du Tour 2006, soupçonné d’être lié au docteur Fuentes. Six mois plus tard, la Fédé espagnole cesse les procédures. Ullrich est lavé de tous soupçons. Outre le fait qu’il intègre une équipe ProTour pour 2007, il poursuit à son tour ASO pour atteinte à sa réputation et pour combler un manque à gagner. Après un long procès, il gagne et ASO lui verse un million d’euros en dommages et intérêts. Deux ans plus tard, la justice espagnole boucle son enquête, Ullrich est accusé de dopage et trouvé coupable. ASO reprend à son tour des procédures pour reprendre le million d’euros versés en dommages et intérêts deux ans plus tôt, le coureur étant finalement coupable et leur décision de l’exclure du Tour 2006 légitime. Quel éventuel bordel ! Des années de plaisir pour le cyclisme professionnel…

Au moins, on peut toujours se réjouir de la réaction de Pat McQuaid qui est déçu de cette décision.

« Et Marc Madiot, qui en a gros sur la patate, et on le comprend! »:http://veloptimum.net/velonouvelles/6/ART/10oct/Humanite28.html Nous aussi…

2 – « Lu dans un article de L’Humanité sur le décevant non-lieu de l’affaire Puerto »:http://www.humanite.presse.fr/journal/2006-10-27/2006-10-27-839393: _Basso a été autorisé à recourir par sa fédération et Ullrich, qui a toujours nié s’être dopé, a annoncé mercredi que la justice espagnole avait officiellement décidé de ne retenir aucune charge contre lui. En privé, un médecin proche de l’Union cycliste internationale laisse entendre qu’il se « pourrait bien qu’on enterre l’affaire parce qu’elle dépasse le cadre du vélo et toucherait des sportifs prestigieux dont on ne veut pas voir apparaître le nom »._

Intéressant non ? Si tel est le cas, cela semblerait indiquer que l’UCI est peut-être menottée par d’autres intérêts ne touchant pas seulement le cyclisme mais aussi d’autres sports dont on ne veut pas voir l’image ternie…

Ou alors, c’est que l’UCI a des sérieux problèmes de cohérence, son président disant blanc alors qu’un médecin proche de l’organisation disant noir. Ce ne serait pas la première fois, et les cas se multiplient depuis peu. Pour preuve, « la position très ambigue de l’UCI quant à Manolo Saiz que Pat McQuaid ne veut plus voir sur le ProTour mais que l’UCI semble protéger par ailleurs… »:http://www.lequipe.fr/Cyclisme/20061027_223820Dev.html

Pour résumer, « ce petit extrait de nos collègues de Cyclismag »:http://www.cyclismag.com/article.php?sid=2779: _Manolo, que l’on donnait cliniquement mort, a été sauvé par la Commission des licences de l’UCI, qui a lui-même regretté cette décision. Le banni joue seul contre tous mais trouve des alliés surprenants. Pendant ce temps, Pat est au fond du trou. Des avocats du monde entier envoient des pelleteuses pour creuser toujours plus vite._

3 – Retour au Québec, dans un autre scandale, celui de l’accident ayant coûté la vie à Robert Brisson la semaine dernière. Les obsèques de M. Brisson ont eu lieu ce week-end et La Flamme Rouge a évidemment beaucoup pensé à tout cela au cours des derniers jours. Le chauffard est quant à lui toujours au large et c’est révoltant. Vraiment, on ne comprend pas.

4 – « On tourne à Cesenatico un téléfilm sur la vie de Marco Pantani »:http://www.velo101.com/photos/photodujour.asp?Numero=947. Produit par la RAI 1 et intitulée Il Pirata, ce petit film sera diffusé au printemps prochain en Italie. C’est l’acteur Rolando Ravello, qui s’est rasé le crâne bien sûr pour l’occasion, qui incarne le campionnissimo italien. On a tout ressorti pour re-créer l’accueil réservé à Pantani suite à sa victoire sur le Tour 1998: les vélos Bianchi, les voitures Mercatone Uno, les cheveux et la barbichette blonds, etc.

5 – « Première photo »:http://www.cyclingnews.com/photos/2007/tour07/?id=presentation2/CNTDF07pres-4 – à notre connaissance – de Richard Virenque, trois mois après une vilaine chute à vélo qui l’a laissé défiguré. La photo a été prise ou ? On vous le donne en mille: lors de la présentation du Tour de France pardi! Dans le passé _personna non grata_ d’ASO, le voilà aujourd’hui dans les bonnes grâces. Et M. Virenque arbore également le logo de l’équipe Quick Step – Davitamon. Est-il nécessaire de rappeler que les deux _public relations_ de cette équipe ont été au coeur de gros scandales de dopage dans leur carrière, Virenque et Musseuw ?

Des bonnes et moins bonnes nouvelles…

Demain à partir de 11h, ASO dévoilera le profil du prochain Tour de France. En marge de cette importante annonce, voici quelques nouvelles qui ont retenu notre attention depuis 24h:

1 – encore une fois, on ne sait que peu de choses sur le profil du Tour 2007. Tout au plus des rumeurs filtrent que ces villes accueilleraient une étape : Compiègne, Briançon, Tallard, Marseille, Montpellier, Albi, Castres, Cognac et Angoulême. La dernière étape devrait être Marcoussis – Champs-Elysées le 29 juillet prochain.

2 – une réunion entre l’Association des Groupes Sportifs (AIGCP) et l’UCI (Pat McQuaid) a eu lieu aujourd’hui à Paris. Certaines choses positives dans la lutte contre le dopage en sont ressorties. Premièrement, « il semble acquis que les coureurs devront autoriser l’utilisation des tests d’ADN à partir de 2007 »:http://permanent.nouvelobs.com/sport/20061025.REU45902.html?1933, une clause à cet effet dans leur contrat étant prévue dès l’an prochain. Seules les équipes CSC et Discovery tardent encore à emboiter le pas…

Deuxièmement, « l’UCI semble déterminé pour 2007 à augmenter le nombre de contrôles hors compétition et à renforcer le suivi des coureurs »:http://permanent.nouvelobs.com/sport/20061025.FAP0306.html?1703. On semble donc enfin vouloir s’inspirer du suivi longitudinal français.

On accueille ces nouveaux développements avec joie et optimisme à La Flamme Rouge. Bien qu’insuffisantes, ces mesures vont dans le bon sens selon nous et resserrent progressivement l’étau sur les coureurs cyclistes et leurs médecins verreux. L’année 2007 pourrait en ce sens être une année charnière ou on pourrait voir un certain « nettoyage » du sport cycliste qui s’ajustera progressivement à la nouvelle donne.

3 – la réduction du nombre de jours que comportent les grands tours est toujours une possibilité à envisager, l’UCI attendant les conclusions de l’audit sur le cyclisme professionnel qu’elle a commandé. Est-ce vraiment la solution ? Beaucoup disent que non, et c’est un peu notre avis. Le problème n’est pas dans le programme proposé, il réside plutôt dans les enjeux qui sont disputés.

4 – « Jan Ullrich est blanchi dans l’affaire Puerto »:http://www.lequipe.fr/Cyclisme/20061025_185543Dev.html, la justice espagnole estimant qu’elle n’a pas suffisamment de preuves pour aller plus loin. C’est un scandale, pour deux raisons: d’une part, pour le tort qu’on a fait à l’Allemand et d’autre part parce que les soupçons sont bel et bien crédibles.

5 – en marge de tout cela, « Lance Armstrong est mort de rire et prépare son marathon de New York, prévu le 5 novembre prochain »:http://www.lemonde.fr/web/video/0,47-0@2-3242,54-827542@51-814219,0.html. Car sur le plan juridique, l’homme est en effet tranquille et c’est bien dommage.

Faut-il légaliser le dopage ?

Ce soir, le coeur n’y est pas à La Flamme Rouge. La lecture des témoignages – certains particulièrement poignants – laissés à la suite du décès tragique de M. Brisson nous touche profondément. En ces circonstances, il est opportun, croyons-nous, de marquer un temps d’arrêt pour partager la tristesse des proches et des amis de ce coureur cycliste. Tout au plus nous contentons-nous ce soir de faire une annonce destinée à nos lecteurs européens:

*Faut-il légaliser le dopage?*

À l’initiative – qu’on salue à La Flamme Rouge – d’*Antoine Vayer*, un double débat-conférence public est organisé sur ce thème le samedi 18 novembre prochain à Laval (Laval en France, pas Laval au Québec!!!). Un point-presse (réservé à la presse) est organisé dès 16h30, suivi de 19h à 22h d’un débat public à la salle du foyer culturel de la ville. Enfin, de 22h à 2h du mat’, le débat se poursuivra informellement à la Brasserie de l’Europe.

Le plateau d’invités est très impressionnant, preuve que M. Vayer n’est pas homme à faire dans la demi-mesure. On y remarque entre autres:

*Pierre Ballester*, journaliste, rédacteur en chef de Rugby Magazine, co-auteur de « L.A Confidentiel » et de « L.A Officiel »;
*David Walsh*, journaliste, éditorialiste, reporter, co-auteur de « L.A Confidentiel » et de « L.A Officiel »;
*Bruno Roussel*, ancien directeur sportif de l’Equipe Festina
*Willy Voet*, ancien soigneur de l’Equipe Festina;
*Christophe Bassons*, professeur de sports, ancien coureur cycliste professionnel;
*Jérôme Chiotti*, Ancien champion du monde de VTT;
*Laurent Roux*, ancien coureur cycliste professionnel, porteur du maillot à pois du Tour de France;
*Stéphane Mandard*, journaliste, chef adjoint des sports au journal « Le Monde »;
*Benoît Hopquin*, journaliste, auteur, grand reporter au journal « Le Monde »;
*Ollivier Villepreux*, journaliste rubrique sport au journal « Libération »;
*Peter Pouly*, multiple champion de France de VTT;
*Thibault de Montbrial*, avocat à la cour de Paris, spécialiste des affaires de dopage (a notamment défendu Richard Virenque).

On annonce également quelques invités surprise… Côté plateau, on conviendra donc que c’est assez exceptionnel et que c’est une garantie sans détour de la grande richesse du débat à venir.

C’est donc un débat-conférence à ne pas manquer. On vous invite à réserver votre place (c’est gratuit mais on doit réserver) à l’adresse courriel suivante: contact.alternativ@wanadoo.fr.

Le dopage du pauvre

On reproduit ce matin l’intégrale d’un texte d’Élise Vincent paru dans le journal « Le Monde »:http://www.lemonde.fr/ du 20 octobre dernier et racontant l’histoire de quelques coureurs élite quant au dopage au niveau amateur. C’est assez instructif pour ceux ignorant cette réalite. Merci à Rémy Pagura pour le texte.

Ils ne prononcent jamais le mot. Parlent juste de « choses bizarres », de « drôles de trucs », de « tralala ». Ils sont techniciens, ouvriers, postiers. Leur passion : le vélo, en amateurs. Ils sont ceux dont les heures de gloire sonnent tous les dimanches, dans les courses de village, encouragés par la famille et les voisins, au rythme de la Lambada. Leur tabou : le dopage. Le même qui gangrène le niveau professionnel, mais loin des sponsors et des médias, celui-là. « Le dopage du pauvre », chuchotent certains. Un phénomène qui touche particulièrement les catégories « nationales » et « élites », ces antichambres du monde professionnel, où l’on s’entraîne comme ses idoles, trois à cinq heures par jour, qu’il vente, qu’il neige. Et où presque tout est permis.

En France, ils sont environ 2 500 licenciés à évoluer à ce niveau. Après plusieurs rencontres, cinq d’entre eux, âgés de 27 à 35 ans, amateurs dans la région des Pays de la Loire, ont accepté de raconter leur expérience, sous couvert d’anonymat. Mariés et jeunes pères de famille pour la plupart, ils racontent leurs désillusions. « Au début, j’avais un coach. Il m’aidait à établir mes plans d’entraînement, raconte Hervé, 29 ans, électromécanicien. Mais quand je suis arrivé en national, il m’a dit : « Si tu veux encore progresser, je ne peux plus rien pour toi. Maintenant, l’eau claire ne suffit plus. » » Hervé ne met que peu de temps à comprendre. A ce niveau, c’est « la jungle », « les mafias gâchent tout », déplore-t-il. Une mafia qui s’organise avec ses petits consommateurs – les cyclistes véreux – et ses parrains : médecins corrompus, dirigeants de club ambitieux. Le trafic de base, ce sont les ordonnances. « C’est simple comme bonjour, explique Hervé. Même sans médecin complaisant, il suffit de se frotter le cul avec du papier de verre pour faire croire à une irritation ou se pointer au printemps en disant qu’on est allergique aux pollens. » Autre pratique en vogue, entretenir l’amitié avec des préparatrices en pharmacie, plus si affinités. Pour les « accros », il y a les voyages annuels en Espagne ou à la frontière belge. Là où de nombreux produits sont en vente libre. Période idéale pour s’y rendre : janvier ou février, juste avant la reprise de la saison.

Yves Faure, un médecin généraliste isérois condamné en 2003 pour des ordonnances de complaisance à 5 000 euros d’amende et quatre mois d’interdiction d’exercice, se défend : « Moi je réparais, c’est tout. Mon patient avait toujours mal au genou, alors, à force, j’ai été obligé de lui prescrire des injections de corticoïdes. N’importe qui peut se faire avoir. » Aujourd’hui, il a toujours son cabinet et est membre de la commission médicale de la ligue de football amateur de l’Isère. « Pour certains, l’ordonnance c’est comme la liste de courses à Leclerc », ironise Gérald, 28 ans, ouvrier au 2/8.

L’EPO ? Trop cher : 7 000 euros par trimestre en moyenne, réservé aux salaires des pros. Le traitement de base du bon amateur, ce sont les corticoïdes. Un moyen d’alléger la douleur, en injection de préférence, plus efficace. « Avec une piqûre de corticoïdes, on peut être pimpant pendant un mois », explique Gérald. Il y aussi la caféine pour stimuler. Le Lasilix, pour maigrir. Les antalgiques, pour mieux récupérer. Les amphétamines, pour garder le sourire. Un mélange de produits autorisés, détournés ou interdits, qui se fait à la maison, en cuisine, à sa sauce, avec, pour seul conseil médical, les notices des boîtes d’emballage.

Ces dix dernières années, six réseaux de dopage de cyclistes amateurs ont été démantelés en France. Le dernier, en 2005, à Cahors, où un trafic de « pot belge » (mélange d’amphétamines, de cocaïne et d’héroïne) a été mis au jour. Le 3 juillet, le tribunal correctionnel de Bordeaux a condamné à quatre ans de prison ferme le principal prévenu, Freddy Sergant, un ancien soigneur belge.

Ce type de réseau organisé est cependant marginal. La principale source d’approvisionnement des amateurs reste avant tout le petit trafic local. Des réseaux artisanaux, entre amis, entre clubs, où l’on se murmure les noms des bons médecins, des bons produits, et où le mieux renseigné, le mieux équipé, sert de revendeur.

Dans ce système, les anciens coureurs professionnels sont régulièrement montrés du doigt. Souvent mis en cause dans les affaires, ils transmettent ce que les spécialistes appellent « la culture du produit ». Dorian Martinez, le fondateur du centre d’écoute SOS-Dopage, un numéro d’appel gratuit et anonyme, raconte : « Nous recevons régulièrement des appels d’amateurs à qui d’anciens professionnels ont proposé des produits, un jour où ils n’étaient pas en forme et souvent gratuitement la première fois. » Il explique :  » Certains acceptent, d’autres non. Dans tous les cas, les amateurs nous appellent pour savoir ce qu’ils doivent faire. »

A ceux-là, SOS-Dopage communique systématiquement le numéro de la brigade des stupéfiants, à Paris. « Libre à eux de collaborer ou non », précise Dorian Martinez. Pas facile quand ce sont ces mêmes anciens professionnels qui briguent à terme les postes d’entraîneur ou de président de club. Avec le temps, Internet est aussi devenu une source d’approvisionnement en produits dopants. Très en vogue aux Etats-Unis, la Toile n’a pas de site référencé, mais des forums d’amateurs, principalement anglophones, où le trafic s’organise, en arrière-cour, après échange des adresses e-mails.

Pourquoi les amateurs prennent-ils tant de risques ? La plupart n’ont pas conscience des dangers encourus – troubles rénaux et gastriques, ou, à long terme, hépatites, tumeurs, ruptures d’anévrisme, etc. Pour certains, la simple perspective d’une photo noir et blanc, 5 × 6 cm, dans les colonnes du quotidien régional après la victoire, remplace toutes les justifications. Le lundi, au boulot, c’est eux les rois. L’appât du gain a aussi son rôle. « Ceux qui ne font que ça peuvent réussir à empocher jusqu’à l’équivalent d’un smic par mois », explique Didier, 35 ans, maçon. A défaut, les primes de victoire permettent d’amortir les frais de déplacement. Au dopage, s’ajoutent dès lors régulièrement les courses arrangées : à l’amiable dans le peloton, ou en argent liquide, de la main à la main, sur la ligne d’arrivée. Des accords qui peuvent se faire entre coureurs ou directement entre clubs.

Officiellement pourtant, présidents de club et entraîneurs sont tous « contre le dopage ». Dans les faits, chacun ferme les yeux, faute de preuve. Dans ces antichambres du monde professionnel, les contrôles antidopage sont quasi inexistants. Dans les Pays de la Loire, sur la centaine de courses ouvertes aux « élites » ou aux « nationaux », seuls une dizaine de coureurs en moyenne subissent chaque année des contrôles. Résultat, depuis 2003, seulement trois cyclistes ont été détectés positifs. Même proportion dérisoire à l’échelle nationale.

Le succès du dopage amateur, à l’instar de celui des pros, est en grande partie lié à la loi du silence. « On sait qui tape dans la boîte ou pas », explique Mathieu, 27 ans, fonctionnaire. « Mais on n’en parle pas », ajoute-t-il. « Le mec qui se charge peut crever ou tomber en route. Et quand on le bat, on est vachement fier », défend-il. Ceux qui parlent s’exposent aux représailles. « Si on veut continuer à courir, il ne faut pas trop poser de questions. Sinon, on sait qu’au premier virage, on peut se retrouver dans le fossé à cause d’une « chute ». Il y en a souvent des chutes organisées », confie-t-il.

Le silence est d’autant mieux gardé qu’organisateurs et public sont peu préoccupés par les coulisses du spectacle. « Il y a peut-être des non-dits qui se règlent sur le vélo », admet Christian Fleury, maire de Bonnetable (4 000 habitants), où a lieu tous les ans une course nationale. « Mais ces compétitions font vivre les villages », soutient-il. Dans les hautes sphères, on minimise. « C’est faux, archifaux de dire que ces pratiques sont répandues », s’emporte Stéphane Heulot, responsable du cyclisme amateur à la Fédération française de cyclisme (FFC). « Ceux qui dénoncent le dopage, ce sont les faibles », lâche, quant à lui, Stéphane Guay, cadre technique départemental du comité cycliste de la Sarthe. Tous les deux sont d’anciens coureurs professionnels. « Notre message aujourd’hui, c’est de dire aux jeunes qu’ils ne perceront jamais chez les pros s’ils commencent à se doper chez les amateurs », précise Stéphane Guay.

Pourtant, selon les cinq amateurs interrogés par Le Monde, ceux qui parviennent au niveau professionnel, seuls, sans « jamais toucher à rien », sont des « rescapés ». La carrière des meilleurs de ces cinq témoins s’est brisée le jour où ils ont refusé de « franchir le Rubicon ». Ainsi de Christophe, 31 ans, responsable de magasin. Plus jeune, il a refusé le stage de « reminéralisation » qui conditionnait son entrée dans une grande équipe espagnole. « Je ne sais pas ce que c’était exactement, mais je suis sûr que ce n’était pas bon pour ma santé », raconte-t-il. Le vélo ou la vie. En 2000, Christophe a perdu deux de ses amis. Deux amateurs de 24 et 25 ans, dont les parents portent le deuil en silence.

Aujourd’hui, ces cinq amateurs interrogés continuent de courir. S’entraînent en jonglant avec le boulot, les RTT et les baby-sitters. Mais plus que « pour s’amuser », disent-ils, « voir les potes », aussi. « Occuper les week-ends », parfois. « Et puis un peu pour épater les mômes… ».

Les brèves…

1 – « Très intéressante analyse à lire absolument pour ceux qui s’intéressent à l’affaire Landis »:http://www.cyclingnews.com/features/?id=2006/landis_defense. Point par point, le dossier préparé par CyclingNews reprend les éléments de défense rendus publics par Landis la semaine dernière et les confrontent. La plupart du temps, c’est assez convaincant pour songer que Landis aura bien du mal à s’en sortir sur ce coup. Et puis, le fait que l’auteur même de la défense de Landis soit son ami « de longue date » le Dr. Arnie Baker n’est-il pas suffisant en lui même pour miner sérieusement l’impartialité de l’analyse présentée par ce dernier?

2 – « Basso et CSC, c’est terminé »:http://www.lequipe.com/Cyclisme/20061018_134120Dev.html. On avoue avoir été quelque peu surpris par la nouvelle, croyant sincèrement que Riis n’hésiterait pas à reprendre un coureur qui pourrait être le prochain vainqueur du Tour. Du coup, on se demande dans quelle équipe Basso se retrouvera en 2007, Discovery ayant apparemment fermé la porte. Si la tendance se maintient, ca devrait être Saunier Duval ou Unibet qui semblent recruter tout ce qui bouge depuis 2 ans!

3 – « Ullrich n’a plus de licence avec la Fédé suisse »:http://www.lequipe.com/Cyclisme/20061019_144945Dev.html. Reviendra-t-il en Allemagne? Ce serait surprenant. Ou alors? Il assure pourtant vouloir être coureur cycliste en 2007. Dommage que l’Allemagne de l’Est ait fusionné avec l’Ouest il y a plusieurs années!!!

Plus sérieusement, serait-il possible de voir l’Allemand sous le maillot Discovery en 2007? L’équipe américaine est apparemment à la recherche d’un leader pour les grands tours, Popovytch et Danielson tardant à concrétiser.

Plus sérieusement, on miserait sur Astana. Vinokourov est très influent au sein de cette équipe et les deux coureurs, même s’ils ont connu des crises dans le passé, seraient heureux de courir de nouveau ensemble selon nous, du moment que les rôles sont bien définis. Wait and see…

4 – On aime beaucoup ce court paragraphe lu sur Cyclismag aujourd’hui:

*_Quand Lance Armstrong charge_*

_Les auteurs de LA Officiel ? « Des gens qui ont démontré leur réelle incapacité à se conformer aux règles et à l’éthique journalistiques de base », accuse Lance Armstrong ce jeudi dans un communiqué. Co-auteur du livre enquête, David Walsh a été grand reporter pour l’un des journal anglais très sérieux et a reçu en 2003 un prix pour LA Confidentiel. L’autre journaliste mis en cause, Pierre Ballester, a travaillé à l’AFP, L’Equipe et enseigne aujourd’hui dans l’une des plus grandes écoles de journalisme de France. Quant au principal scientifique qui suspecte Armstrong de dopage dans LA Officiel, il ferait partie, selon le coureur, de « soi-disant experts qui ont reçu leur diplôme par la poste ». Hélas, le professeur autralien Michael Ashenden est reconnu par la communauté scientifique comme découvreur du test sanguin pour dépister l’EPO._

Est-il nécessaire de rajouter quelque chose?

5 – Encore un peu d’humour, « voici un petit best-of de l’affaire Landis vue par la presse »:http://fr.sports.yahoo.com/27072006/45/la-comedie-floyd-landis-best-of.html. C’est rigolo. Merci à Daniel Simard pour le lien.

6 – Merci de tous vos commentaires reçus quant à la parution du nouveau livre de Walsh et Ballester. Il est passionnant de vous lire et nul doute, le niveau de cynisme est très élevé parmi nos lecteurs! Certains marient en plus l’humour à tout cela, ce qui ne manque pas de nous plaire.

Le CPA contre le code d’éthique!

La nouvelle risquait de passer inaperçue. Pas sur LFR. Elle démontre tout le gouffre qui sépare les coureurs cyclistes professionnels de la réalité.

En effet, l’association des coureurs cyclistes professionnels (CPA) s’est récemment réuni en marge du Tour de Lombardie. « Elle s’est prononcée contre le code d’éthique adopté par les équipes cyclistes du ProTour »:http://www.tsr.ch/tsr/index.html?siteSect=800002&sid=7172053&cKey=1161099094000, code d’éthique qui prévoit notamment le licenciement immédiat de tout coureur pris dans une affaire de dopage.

L’association ne s’est pas arrêtée là, affirmant plus que jamais soutenir son président, l’Italien Francesco Moser. Rappelons pour la petite histoire que Moser fut le premier à fracasser le record de l’heure établi par Merckx en utilisant un vélo futuriste avec des roues lenticulaires ainsi qu’une préparation physique « de pointe », orchestrée par le sulfureux Prof. Conconi dont un des plus illustres disciples n’est nul autre que le Dr. Ferrari… Moser avait récemment déclaré être en faveur de la libéralisation du dopage, tout simplement! Avec le soutien du CPA, cela veut en clair dire que tous les coureurs professionnels estiment qu’il serait judicieux de libéraliser le dopage et que le code d’éthique les persécutent de trop. On croit rêver.

Bref, le CPA continue de se marginaliser et de devenir une association peu crédible qui sera de plus en plus écartée des tables de discussion. Le cyclisme a besoin d’engagements fermes, pas de ce genre de discours qui témoigne de tout le décalage entre les coureurs pros et la réalité.

Une semaine intéressante en perspective…

Ca va « brasser » cette semaine dans le monde du cyclisme, c’est nous qui vous le dit. Voyez un peu…

1 – le 19 octobre, la suite de L.A. Confidential sortira en librairie. « Le nouveau livre de Walsh et Ballester s’intitule cette fois-ci L.A. Official »:http://www.cyclismag.com/article.php?sid=2738#ancre1 et s’intéresse surtout aux conséquences, notamment aux États-Unis, qu’a entraîné la publication du premier bouquin. On sera donc vraissemblablement invité à faire la découverte des dessous du cyclisme, notamment ce qui se trame un niveau en-dessous, c’est à dire dans les coulisses politiques de ce sport.

Le livre peut déjà être commandé sur « Amazon »:http://www.amazon.fr/L-Official-Pierre-Ballester/dp/2846752044 et à la « FNAC »:http://www.fnac.com/Shelf/article.asp?PRID=1868981!

Le quotidien Le Monde publiera dès demain des extraits du livre qui s’annonce celui de l’année en cyclisme. Affaire à suivre… et une nouvelle occasion d’un peu plus perdre nos illusions?

2 – On connaît désormais l’identité du 2e homme à avoir récemment fait des déclarations quant aux méthodes utilisées à l’US Postal à la fin des années 1990. Outre Frankie Andreu, on sait maintenant que Jonathan Vaughters a également des choses à dire sur les pratiques de l’équipe américaine. « Il convient de ne pas rater ce court texte sur CyclingNews parlant de conversations entre les deux hommes »:http://www.cyclingnews.com/news.php?id=news/2006/oct06/oct16news. Vaughters confirme en quelque sorte nos soupçons depuis plusieurs années quant à l’utilisation de la période entre le Dauphiné et le Tour… Cette période serait belle et bien utilisée de nos jours à enrichir le sang et à pratiquer des prises de sang dans le but de pouvoir se le ré-injecter durant le Tour. Vaughters dévoile certaines techniques mises en place par les coureurs pour l’approvisionnement, notamment l’utilisation de motos (plus discrètes et plus rapides que des voitures d’équipe) pour livrer la marchandise.

On en demeure convaincu et on vous le répète: jusqu’ici, toutes les affaires de dopage ne font en pratique qu’une chose, celle de complexifier les réseaux en place, tout cela pour diminuer les risques que les coureurs se fassent prendre. Déjouer les contrôles demeurent un jeu d’enfant pour les coureurs, c’est évident.

3 – « Paolo Bettini s’est imposé de façon magistrale samedi sur la centième édition du Tour de Lombardie »:http://grahamwatson.com/gw/imagedocs.nsf/updateframesetcall?openform&06lombardia. Il s’agit de sa 2e victoire consécutive dans « La course aux feuilles mortes ». Souvent vu à l’attaque dans le final, c’est lui qui a fait la première grosse sélection dans la Madonna del Ghisallo. Il repartait à 16 kms de l’arrivée dans le Civiglio, avant dernière difficulté de la course. Il déposait enfin son dernier adversaire, Wegmann, dans le San Fermo della Battaglia, à 6 kms de l’arrivée. Le reste se résume à un bel effort solitaire pour aller franchir la ligne d’arrivée de la plus belle manière qui soit en cyclisme, seul. Seul ? Pas tout à fait apparemment puisque Bettini déclarait après l’arrivée: « _Aujourd’hui, je ne pédalais pas seul_ » en hommage à son frère disparu tragiquement il y a quelques jours et dont il était très proche. Suite à cette tragédie, Bettini aurait pu s’effondrer, tout arrêter. D’après ses dires, il y a réellement songé. Il nous a prouvé ce week-end quel champion il était, ayant trouvé la force de caractère pour se reprendre en main et rendre hommage à son frère disparu de la façon qui lui aurait plu le plus: en gagnant. Nos respects, M. Bettini.

Cette belle victoire fut cependant assombrie par la cérémonie manquée de la remise du trophée du ProTour. Le Tour de Lombardie étant organisé par RCS, aussi propriétaires du Giro actuellement en guerre ouverte avec l’UCI au même titre qu’ASO pour le Tour de France et Unipublic pour la Vuelta, les organisateurs ont tout simplement refusé de tenir la cérémonie! Il est pas beau, le cyclisme professionnel, M. McQuaid ?

Rappelons que dans ce conflit, La Flamme Rouge soutient entièrement et sans réserve RCS, ASO et Unipublic qui, a eux trois, organisent 11 des 27 courses du ProTour. De quel droit l’UCI impose-t-elle ses règles sur ces épreuves centenaires? Pourquoi les droits commerciaux de telles épreuves, fondées il y a plusieurs décennies, devraient-ils revenir à l’UCI, une instance rongée par la corruption et en manque cruel de crédibilité ? De quel droit l’UCI devrait dicter les règlements de ces épreuves, notamment le nombre de jours de course, le nombre d’inscrits au départ, etc?

4 – Parlant Tour de France, le profil de la prochaine édition sera dévoilé le 26 octobre prochain à Issy-les-Moulineaux. « Pour l’instant, on sait que le Grand Départ se fera de Londres »:http://www.letour.fr/2007/TDF/presentation/fr/index.html. Pour le reste, il faudra attendre un peu. Plusieurs rumeurs persistantes voudraient que le Tour fasse étape au Mont Ventoux en 2007, mais cela reste à être confirmé bien sûr.

5 – Un mot enfin sur les suites de l’Affaire Puerto qui déchire actuellement le monde du cyclisme pro. Certaines voix, notamment françaises (Madiot), réclament tout simplement l’exclusion pure et simple des coureurs impliqués. D’autres encore (Legeay) réclament des tests d’ADN systématiques. D’autres enfin (italiennes essentiellement) estiment que les preuves sont insuffisantes et que des coureurs comme Ullrich ou Basso doivent avoir rapidement l’autorisation de recourir. Plus que jamais et une fois de plus, c’est le bordel. Pourquoi ? Parce qu’encore une fois, il n’y a pas de leadership fort au plus haut niveau et que l’UCI refuse encore et toujours à réellement prendre les choses en main. Lamentable, si vous voulez savoir ce qu’on en pense réellement.

6 – Pool de cyclisme: les résultats finaux sont prêts et seront en ligne cette semaine, dès que l’actualité nous laissera l’occasion de mettre le tout en ligne.

Affaire Landis: ca devient une affaire de crédibilité

La nouvelle du jour est évidemment la défense de Landis, « rendue publique sur son site web »:http://www.floydlandis.com/blog/. Vous pouvez donc télécharger les documents présentant sa défense, documents qui plaident pour un arrêt immédiat des procédures à l’encontre du coureur américain. La Flamme Rouge s’est procuré les documents et en a lu les grandes lignes pour mieux connaître les justifications d’une telle demande. Sans être un grand expert en la matière, et donc en toute modestie, voici ce qu’on peut en dire selon nous.

1 – Le rapport soumis par les avocats du bureau Howard L. Jacobs se fonde en partie sur des éléments de non-respect des procédures. C’est évidemment l’angle d’attaque de 99% des coureurs impliqués dans des scandales de dopage et voulant blanchir leur nom puisque la contestation scientifique des méthodes de détection est beaucoup plus difficile.

2 – Le rapport apporte essentiellement deux éléments de défense, l’une portant sur le non-respect d’une procédure, l’autre sur la validité empirique du test utilisé.

D’une part, pour être déclaré positif à la testostérone, les différences dans quatres marqueurs métaboliques qui servent à identifier la prise de testostérone auraient toutes dues être d’un certain niveau. Or, seule une différence d’un marqueur métabolique présenterait le niveau suffisant.

D’autre part, le résultat du test permettant d’affirmer qu’il y a eu prise de testostérone exogène présenterait des anomalies difficilement explicables lorsqu’on considère les résultats des autres marqueurs. On met alors directement en cause le laboratoire de Chatenay-Malabry qui aurait – selon Landis et ses avocats – commis une erreur lors du test, que cette erreur soit de mesure ou d’interprétation.

Force est d’admettre, à première vue et sans être un grand expert sur le sujet rappelons-le, que l’argumentaire de Landis soulève des doutes: pourrait-il y avoir eu des erreurs lors du test anti-dopage ? Est-il vrai qu’il faut que les quatre marqueurs présentent une différence substantielle et qu’un seul de ces marqueurs chez Landis le ferait effectivement ?

Notre avis, c’est que la balle est forcément dans le camp de l’AMA et du laboratoire de Chatenay-Malabry maintenant. Ces deux institutions doivent rapidement répondre point par point à la défense présentée par Landis. Rapidement parce que l’opinion publique, déjà très perturbée et confuse par toutes les affaires de dopage dans le sport, pourrait se mettre à douter de la fiabilité des méthodes de détection, minant ainsi la crédibilité de ceux qui luttent contre le dopage. Ne serait-il pas en effet terrible d’apprendre que même ceux qui sont responsables de la lutte anti-dopage « dopent » leurs tests ? Comment poursuivre les efforts en vue d’assainir le sport si on ne peut avoir une confiance quasi-aveugle dans les méthodes de détection utilisées ?

Nous sommes convaincus, à La Flamme Rouge, que les méthodes de détection actuelles reposent sur des études scientifiques poussées et fiables. Que les scientifiques de l’AMA et des labos accrédités sont des gens sérieux et dignes de confiance. En ce sens, l’AMA et le labo français devraient n’avoir aucune difficulté à répondre rapidement et point par point à la défense présentée par Landis. Une telle réponse aurait pour effet de consolider la crédibilité de l’AMA et de ses laboratoires accrédités comme de limiter les leviers sur lesquels les avocats d’athlètes positifs pourront jouer dans l’avenir pour les défendre.

L’affaire Landis est déjà une affaire très médiatique, possiblement parmi les plus gros scandales européens de dopage de l’histoire du sport. Ce cas risquant de devenir un exemple, un jalon dans l’épopée de la lutte contre le dopage, il nous apparaît très important de ne pas laisser Landis et ses avocats miner la crédibilité et la fiabilité des méthodes de détection. Car n’est-ce pas là au fond toute la stratégie du camp Landis en rendant public sur internet – moyen de diffusion rapide d’information s’il en est – tous ces documents aujourd’hui ?

Trois choses…

1 – « On apprend via le site atlantique de Radio-Canada qu’une nouvelle épreuve de cyclisme féminin, le Tour de l’Ile du Prince Édouard, sera organisé du 10 au 14 juin 2007, à l’initiative de l’omniprésent Daniel Manibal »:http://radio-canada.ca/regions/atlantique/2006/10/03/003-IPE-tour.shtml. Cette nouvelle épreuve, annoncée comme partie intégrante de la Coupe du Monde de cyclisme féminin, comportera vraissemblablement 6 étapes. Une conférence de presse devrait avoir lieu plus tard cette semaine pour confirmer la nouvelle. Les amateurs canadiens de cyclisme doivent évidemment se réjouir de cette nouvelle importante.

Rappelons que Daniel Manibal et son équipe avait annoncé, la semaine dernière, la mise sur pied de l’épreuve masculine Montréal-Boston pour 2007. Nul doute que M. Manibal sera un homme occupé en 2007!

2 – Un débat fait actuellement rage sur La Flamme Rouge à propos de la complaisance des journalistes qui couvrent le cyclisme. Merci aux deux principaux acteurs pour le ton jusqu’ici cordial de leurs échanges, une valeur que nous chérissons sur ce site.

Alors, les journalistes en cyclisme font-ils preuve de complaisance compte tenu de toutes les affaires de dopage ces dernières années ?

Nous croyons qu’il convient ici de distinguer deux types de journalistes: les journalistes chargés de couvrir les événements et les journalistes d’enquête, plus indépendants même s’ils ont eux aussi un employeur.

Dans le cas des journalistes chargés de couvrir les événements, leur traitement – ou plutôt leur non-traitement – des affaires de dopage pourrait être interprété comme de la complaisance. Or, il faut se garder de leur attribuer toute la responsabilité selon nous. Car du moment ou il y a une course, ces journalistes ne font que leur boulôt, celui de relater les événements. Même s’ils savent que certains coureurs ne sont pas tout-à-fait propres, que peuvent-ils écrire lorsque les contrôles sont négatifs ? On a vu un bel exemple durant le Tour de France: comment couvrir autrement l’exploit de Landis le jour ou il a été fait ? C’est toujours facile d’accuser de complaisance _a posteriori_.

Dans le cas des journalistes d’enquête, leur complaisance éventuelle n’existe pas bien sûr. Ceux-ci tentent d’aller au fond des choses, comme Ballester et Walsh, comme Mandard, comme Ressiot. Ce genre de journalisme, quoi qu’on en dise, nous apparaît fondamental pour faire évoluer les choses: sans leur travail, l’ampleur du dopage dans le monde du cyclisme ne serait pas connu aussi bien.

S’il existe de la complaisance en journalisme, c’est bien davantage selon nous les journalistes des revues mensuelles qui en font preuve. Depuis 7 ans par exemple, Cycle Sport nous sert Lance Armstrong à toutes les sauces, jusqu’à l’écoeurement. En page couverture 10 mois sur 12, la majorité des rubriques lui étaient consacrées : ce que Lance mange, ce que Lance fait, comment Lance s’entraine, comment Lance teste son matos, etc. Malgré les affaires, notamment L.A. Confidentiel, les révélations de L’Équipe, à peu près rien dans la revue. Il en va de même pour bien d’autres revues, dont Vélo Magazine qui tente bien, depuis deux numéros, de corriger le tir suite à une première page malheureuse dans son édition d’après-Tour.

La complaisance est à notre avis là, dans toutes ces revues mensuelles qui doivent flirter avec l’actualité pour vendre du papier et qui n’osent écrire sur les affaires de dopage par peur de perdre des lecteurs.

3 – Un lecteur nous touche quant à une éventuelle faute de goût concernant nos propos relatant le mauvais sort des champions du monde. Loin de nous l’idée de faire un rapprochement entre performance sportive et la valeur d’un tel décès. Nous offrons toutes nos sympathies à Paolo Bettini suite à la perte de son frère, une épreuve assurément très difficile. Nous voulions simplement parler du fait que la guigne – qui se manifeste à chaque fois de façon différente – semble toujours s’abattre sur les champions du monde de cyclisme. Et c’est pour le moins troublant.

Le mauvais sort des Champions du Monde…

1 – Une semaine après avoir été sacré Champion du Monde, « Paolo Bettini vient de perdre son frère Sauro dans un accident de la route »:http://www.cyclingnews.com/news.php?id=news/2006/oct06/oct03news2, laissant derrière lui une femme et un enfant de 10 ans. C’est une terrible tragédie pour Paolo Bettini évidemment, et une tragédie qui relance évidemment le débat quant au mauvais sort du maillot irisé, la guigne semblant toujours s’abattre sur celui qui le porte. En 2006, Boonen aura connu une saison correcte, mais certainement pas à la hauteur de la précédente. Ne parlons pas de Freire, au prise avec des problèmes de dos récurrents, ni même d’Astarloa, champion du monde 2003 à Hamilton qui aura connu en 2004 une saison catastrophique, impliqué sans raison dans l’affaire Cofidis. La liste pourrait s’allonger au moins jusque Stephen Roche en 1987…

2 – Un vélodrome sera prochainement en construction à Paris, à Saint-Quentin-en-Yvelines. Une très bonne nouvelle pour le cyclisme français évidemment.

3 – « On vous invite à lire cet intéressant article sur les dissentions au sein des équipes du ProTour »:http://www.cyclismag.com/article.php?sid=2701, les affaires de dopage minant même leur solidarité jusqu’en début d’année excellente.

4 – « Le bonheur du cyclisme espagnol »:http://www.velo-club.net/article?sid=34692. Ca risque de désormais changer avec l’affaire Puerto.

ASO-UCI: ASO a complètement raison!

« Il faut absolument lire ce court reportage incluant des extraits de la dernière réaction de Patrick Clerc, président du groupe ASO propriétaire du Tour de France, quant à leur différent avec l’UCI concernant le ProTour »:http://www.cyclingnews.com/news.php?id=news/2006/sep06/sep28news.

On ne saurait être davantage en accord avec les propos et l’analyse de Clerc qui, de toute évidence, est clairvoyant et juste. Le projet du ProTour reste et restera une entreprise commerciale de l’UCI qui veut ainsi s’assurer de la totalité des redevances télé sur ces épreuves du calendrier, épreuves qui ne leur appartiennent pas par ailleurs. Le ProTour ne considère ni les intérêts supérieurs du cyclisme (déjà, des épreuves disparaissent au niveau inférieur), ni les organisateurs d’épreuve qui n’ont, dans ce cirque, rien eu à dire. L’UCI continue de se comporter en didacteur, essayant d’imposer sa vision – uniquement commerciale – à tout le monde. Fort heureusement, les trois grands tours au calendrier mènent la bataille depuis plus d’un an et on pourrait assister à un grand schisme, menant à la création de deux calendriers professionnels parallèles.

Extrait des propos de Clerc : « _We assisted another World Championship there – one of self-satisfaction and disinformation. How can you believe a communiqué that says that everything is fine, that professional cycling has never been better, that the ProTour has the unconditional support of everyone, that TV audiences are increasing? Today, the UCI wants to brainwash everyone, saying that only the villain ASO is against it. This irresponsible autism prevents the collective awareness necessary to come out of the crisis._ »

Mais quand diable l’UCI écoutera les autres – ASO, l’AMA, etc. – et comprendra toute la gravité et l’urgence de la situation dans le cyclisme professionnel ? C’est déplorable de constater que les efforts pour améliorer les choses viennent de partout – récemment de l’équipe T-Mobile qui prend de bonnes mesures pour mieux contrôler ses coureurs – sauf de l’UCI ? L’UCI ? Elle a simplement ordonné un « audit sur le cyclisme », c’est à dire un nouvel ouvrage bureaucratique qui ne servira qu’à enrichir quelques tehnocrates du sport, somptueusement payés pour pondre 1000 pages d’un texte qui sera forcément insipide et conforme aux intérêts de l’UCI. Comme le récent rapport Armstrong qui a blanchi le coureur américain, préservant l’image du sport et permettant à l’UCI de clore l’affaire, ce qui est fort pratique pour eux. Pourtant, 6 échantillons d’Armstrong prélevés lors du Tour 1999 sont bel et bien hors de tout doute positifs à l’EPO…

L’UCI continue de fonctionner _avec_ les règles existantes, alors qu’il faut avoir le courage et l’audace de _changer_ les règles, peu importe les voix qui s’élèveront contre.

Il ne faut pas tout mélanger

Merci de vos nombreux commentaires ces derniers jours. Le sujet du dopage continue de susciter de vives réactions. Certains pourront trouver qu’on en parle trop sur ce site. Malheureusement, le cyclisme est réduit aux affaires de dopage depuis plusieurs mois maintenant, une situation que nous avions prédite l’an dernier devant l’inaction de l’UCI à prendre le taureau par les cornes. D’autres scandales sont-ils encore à venir? Assurément, mais « les choses semblent avoir commencé à bouger aux niveaux des autorités »:http://www.cyclingnews.com/news.php?id=news/2006/sep06/sep27news2, et c’est tant mieux même si c’est encore timide.

Quelques réponses à vos commentaires:

1 – on le ré-affirme, il y a une nuance très importante entre le suivi longitudinal français et les contrôles anti-dopage innopinés de l’UCI. Le suivi longitudinal français n’est pas parfait, mais c’est un excellent pas dans la bonne direction selon nous. Effectivement, peu de coureurs français ont été pris via ce système, mais on pense que c’est parce que le dopage a considérablement diminué parmi les coureurs de l’Hexagone. Des preuves? Elles sont évidentes: les Français ne gagnent plus. Quel est le dernier Français à avoir gagné une grande étape de montagne sur le Tour? Virenque, qui n’est plus à présenter question dopage et qui courait en Belgique, question notamment d’échapper à ce fameux suivi longitudinal (remarquez que Virenque n’avait jamais couru pour une équipe étrangère avant 1998; après, c’est exactement l’inverse!). Quel est le dernier Français à s’être imposé sur un grand chrono ? Probablement Jalabert aux Mondiaux. Et lui aussi courait à l’étranger.

Le suivi longitudinal français semble efficace, car il porte sur les paramètres physiologiques et non les produits. Ainsi, pas besoin de mettre au point des méthodes de détection des nouveaux produits ou même de les connaître: c’est leurs effets sur le corps humain qui est recherché.

2 – Doit-on se surprendre de voir des coureurs québécois âgés de plus de 30 ans faire des moyennes élevées sur des clm de 40 bornes ? Non. D’une part, cette distance est rarement couverte en clm, si ce n’est dans le Défi Gaston Langlois. Lorsqu’elle l’est, les moyennes avoisinent généralement les 40km/h, rarement beaucoup plus. Elles dépassent très rarement les 43-44km/h. Il y a une sacré marge avec le niveau pro ou il n’est pas rare de voir des moyennes supérieures à 50km/h sur plus de 50 bornes. Les comparaisons sont également souvent boiteuses, les parcours étant variés. Le parcours du Défi Gaston Langlois est sans grand relief ; celui des récents Mondiaux était musclé, très bosselé. Il ne faut donc pas tout confondre et tout réduire à de simples comparaisons de moyennes, d’une portée limitée selon nous. C’est pour cette raison que les calculs sophystiqués de puissance mis en oeuvre par nos collègues français, notamment Frédéric Porteleau, porte toujours sur des cols bien précis, dont on peut connaître l’exacte difficulté et ou les effets d’aspiration voire de conditions météo (vent, etc.) sont plus réduits.

3 – « T-Mobile annonce en effet que leurs coureurs devront être suivi par des médecins de l’Université de Fribourg et renoncer à engager des médecins personnels »:http://www.eurosport.fr/cyclisme/sport_sto973089.shtml. Voilà d’excellentes nouvelles selon nous, qui va exactement dans le sens de nos propositions – formulées l’an dernier – pour lutter contre le dopage. Il faut tenir la ligne dure auprès des coureurs qui n’ont pas prouvé, au cours des 10 dernières années, être dignes de confiance. Il faut leur imposer des règles strictes pour l’obtention de leur licence. Il y va de la crédibilité du sport, qui doit être restaurée au delà désormais des considérations souvent soulevées par les coureurs, notamment le respect à la vie privée.

4 – À notre connaissance, Bassons ne s’est pas prononcé, du moins récemment, quant à l’usage de produits dopants au sein des coureurs français actuellement en activité. Tout au plus fait-il des analyses par rapport à lui-même. Et rappelons, comme le souligne à juste titre un lecteur, que Bassons a été un très gros moteur du peloton. Ses tests d’effort étaient équivalents à ceux d’Hinault au meilleur de lui-même. Looser, Bassons ? Évidemment non. C’est plutôt tout l’inverse: intelligent. Il a su respecter les valeurs intrinsèques du sport, et ce à tous les niveaux de compétition. Il s’est élevé contre l’hypocrisie générale, ce qui est admirable et qui témoigne d’une force de caractère assez importante. Et il aura eu le courage de prendre la seule décision qui était possible compte tenu de sa ligne de conduite, celle de tout arrêter alors qu’il était pourtant au début de sa carrière. Quand on connaît l’investissement pour simplement passer pro, on imagine à quel point cette décision a dû être difficile pour ce coureur.

5 – Un lecteur les évoque, nous en avons fait depuis fort longtemps notre ligne de conduite personnelle en compétition cycliste, voire sur LFR en général:

« _Travailler sans souci de gloire ou de fortune,_
_A tel voyage, auquel on pense, dans la lune!_
_N’écrire jamais rien qui de soi ne sortît_
_Et modeste d’ailleurs, se dire: mon petit,_
_Soit satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles,_
_Si c’est dans ton jardin à toi que tu les cueilles!_
_Puis, s’il advient d’un peu triompher, par hasard,_
_Ne pas être obligé d’en rien rendre à César,_
_Vis à vis de soi-même en garder le mérite,_
_Bref, dédaignant d’être le lierre parasite,_
_Lors même qu’on n’est pas le chêne ou le tilleul,_
_Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul!_ »

Quels beaux vers qui pourraient inspirer la lutte contre le dopage!

Page 6 of 87