Tous les jours, la passion du cyclisme

 

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Tour Down Under, mate !

Ca y est, on peut dire que la saison 2010 est partie, du moins pour plusieurs coureurs qui participent, ces jours-ci, au Tour Down Under en Australie. Comme l’an dernier, la course reçoit une couverture médiatique très importante étant donné la présence de Lance Armstrong qui y fait sa rentrée.

La course est relativement facile, ponctuée d’étapes assez courtes (140-150 kms maxi) et dépourvues de grosses difficultés. Parfait pour une rentrée en douceur pour les pros.

La première étape a été remportée aujourd’hui par le sprinter allemand Andre Greipel de l’équipe HTC-Columbia. RadioShack a placé un coureur à la deuxième place, le Belge Gert Steegmans. La nouvelle équipe britannique Sky a également été vue à son avantage, prenant notamment les deux premières places de la Cancer Council Classic courue dimanche dernier en guise de répétition générale au Tour Down Under.

Je vous invite à regarder la vidéo de l’arrivée de la première étape, Greipel étant impressionnant de puissance quant il démarre son sprint. Le duo Greipel – Cavendish pourrait faire des ravages cette saison !

La Flamme Rouge chez Lance !

Invité par une université américaine à prononcer une conférence dans le cadre d’un colloque scientifique à San Antonio Texas, je n’ai pas résisté à faire le colloque buissonnier l’espace d’un jour pour une bonne raison : un rendez-vous avec Lance Armstrong… ou plutôt avec Austin, sa ville, sa boutique, sa fondation. Récit d’une journée pas comme les autres… 

8h45 mardi matin, the sun is out, 15 degrés au thermomètre, me voici lancé, le coeur léger, à 70 miles per hour (limite oblige), direction Austin Texas, la ville natale de « Lance », comme tout le monde dit par ici. Ma rutillante Dodge Avenger louée ne mettra que 1h15 pour couvrir les 80 miles qui séparent Austin de San Antonio. À défaut de l’accélérateur, musique dans le tapis bien sûr.
 
 
Première impression du Texas : c’est plat. Tout plat. Pas la moindre bosse à l’horizon. On se demande comment une telle région a pu accoucher de cyclistes (Bobby Julich vient de Corpus Christi) capables de descendre aussi bien les cols les plus tortueux ! Et c’est aride, le Texas : la végétation est sèche, le temps est sec, il n’y a aucun vent. Je ne peux m’empêcher de penser que nous cyclistes du Québec l’avons moins facile que ceux du Texas, surtout si on tient aussi compte de la qualité des routes…
 
Arrivée à Austin, ville de 700 000 habitants environ. Il fait 22 degrés. Quelques gratte-ciels composent le centre-ville, je mets illico le cap sur Mellow Johnny’s, la boutique de Lance. Première impression vu de l’extérieur : vraiment, c’est ici ? Jugez vous-même…
 
 
 
L’édifice est modeste. Le coin de rue anodin. L’enseigne discrète. C’est pourtant le magasin d’un coureur qui a remporté 7 fois le Tour. La réalité est implacable : vu d’ici, à Austin, les Cowboys de Dallas sont d’un intérêt beaucoup plus grand qu’un gus qui pédale sur un vélo. The what ? The Tour de France ? Who cares anyway ? Évidemment, le magasin serait à New York ou L.A., ce serait bien différent.
 
Une fois à l’intérieur, l’impression est tout autre : plus qu’un magasin, c’est dans un véritable musée que je viens de pénétrer. Yellow jerseys au mur, posters de Lance partout, ses vélos suspendus au plafond (y compris les premiers de sa carrière, alors qu’il était encore chez Motorola), atmosphère très décontractée, matos de pointe, je dois dire que je suis conquis. All right. L’impression persistante d’être dans un authentique temple du cyclisme. L’espace de quelques heures, c’est à une communion qu’on m’invite. Je ne louperai pas l’occas…
 
 
 
 
 
 
Mellow Johnny’s, c’est ambiance cool je dois dire : les vendeurs me laisseront tout le loisir d’errer dans le magasin pendant une heure, sans jamais me solliciter. J’y boierai également un excellent expresso au petit café attenant « Juan Pelota » ou se côtoient, dans le bar à drinks, les boissons énergétiques et les soft drinks. Car Mellow Johnny’s, c’est aussi un commuting centre. For a buck (1$) a day, les gens qui viennent travailler au centre-ville tout près peuvent s’y changer, prendre une douche et y laisser leur vélo qui, au besoin, fera l’objet d’une révision technique. Visiblement, Mellow Johnny’s, on y vit presque davantage qu’on y achète. Cool.
 
 
Oh ! wait, here’s Kevin Levingston. Propriétaire de Pedal Hard, un training centre situé au sous-sol de Mellow Johnny’s, Kevin vient d’arriver. Ce sera mon seul regret de la journée, celui de l’impossibilité de prendre une photo avec lui car il passera l’heure au téléphone. Son assistant m’avouera que Lance vient régulièrement faire son test de lactates avec Kevin, question de mesurer sa progression. Voici d’ailleurs son home-trainer SRM. Les passionnés remarqueront en effet la selle caractéristique de Lance… Je ne comprendrai également pas pourquoi 4 ou 5 cyclistes viendront s’échiner sur des CompuTrainer dans un sous-sol alors qu’il fait grand soleil et 22 degrés dehors… Silly.
 
 
 
 
Pause dans le commuting centre to satisfy a call of nature. Je m’approche de l’urinoir. En face, un poster d’un Ride of the Rose. Merde, c’est signé. Je porte attention. Moment de grâce : pour la première fois de ma vie, j’urine tranquillement en lisant la signature de Miguel Indurain, Eddy Merckx et Lance Armstrong sur un poster. Very cool. Ca vaut bien deux photos.
 
 
 
Retour dans le store. L’impression favorable est illico renforcée par le constat qu’outre des Trek en abondance, des vélos Eddy Merckx et surtout Pinarello jonchent le plancher. All right.
 
 
 
 
Au détour d’une rangée, je tombe même sur ce display mariant Pinarello géométrie et couleurs femmes aux vêtements Louis Garneau femmes. Very nice. Et oui ! Chez Mellow Johnny’s, vous pouvez aussi acheter du Louis Garneau, preuve irréfutable de la réputation de la marque québécoise qui y côtoie d’autres marques comme Giordana ou Capo. Le Québec m’est soudainement apparu beaucoup plus proche !
 
 
Visite du premier plancher over. Je descends au sous-sol. Outre le Pedal Hard Centre, on y trouve une superbe salle de réunion et un petit local visiblement réservé pour les tests de position, le BikeFit Studio. Kevin Livingston s’y entretient toujours au téléphone, avec Lance depuis Hawaii qui sais-je ?
 
 
Ambiance "cosi" au sous-sol. Superbe wall of wheels. Fauteuils cuirs pleine fleur. Maillot vert de Thor Hushovd. Je prends une pause pour me détendre cinq minutes.
 
 
 
Que vois-je autour de moi ? Des DeRosa Idol, des DeRosa King3 et, dans la salle de réunion à l’écart, deux superbes Pinarello Dogma 60.1. Mellow Johnny’s got it right about this bike: sur le carton de presentation du vélo, c’est écrit “enough said”. Ca résume tout, non ? More than 11,000 bucks. Aie aie aie.
 
 
 
Retour au premier plancher. Comique, j’y trouverai cette pub d’un produit énergétique mettant en scène… Alberto Contador ! Chez Lance…
 
 
Plus loin, j’y découvre un espace fermé à clef : service course, Radio Shack Pro Cycling Team. On ne me la fait pas à moi : le local est beaucoup trop petit et vide pour être le service course de la nouvelle équipe américaine…
 
 
Je quitte Mellow Johnny’s, allégé de quelques bucks, pour mon prochain rendez-vous : le siège social de la fondation LiveStrong. Quelques minutes de route au travers du centre-ville d’Austin, sans y voir de cyclistes. J’y suis déjà. Édifice moderne, une ancienne usine reconvertie en un édifice satisfaisant aux normes environnementales LEED, très exigeantes.
 
 
 
Dès l’entrée, encore des yellow jerseys. Un univers épuré, lumineux, motivant : partout, les leitmotivs de la fondation : attitude is everything. Unity is strenght. Hope rides again. Puissant marketing. Si ca sauve des vies, why not ?
 
 
 
 
Mon hôte me fera gentiment faire un rapide tour du jardin. Me montrera cette sculpture étonnante et importante pour Lance puisqu’elle retrace les événements marquants de sa vie, notamment la naissance de chacun de ses quatre enfants. On me dit que le champion américain y vient en moyenne une à deux fois par mois, entre les courses.
 
 
Je repars vers le centre-ville. Avant de partir, détour vers le Capitole d’Austin, apparemment plus grand que celui de Washington, preuve que les texans ne font rien à moitié.
 
 
Épilogue
 
Fort Alamo (San Antonio), mars 1836. L’histoire d’une poignée de colons américains qui ont préféré la liberté à l’autorité d’un dictateur mexicain et sa puissante armée. Retranchés dans le fort Alamo, les ricains se sont battus pendant plusieurs jours, refusant de se rendre, fidèles à leur mot d’ordre : « victory or death ». S’ils périrent tous (sauf un), leur esprit survécu jusqu’à ce jour et forge de toute évidence la mentalité texane, tout ou rien. Comment faire autrement ? Fort Alamo est omniprésent à San Antonio, du souvenir pour touriste du plus mauvais goût au menu de restaurants.
 
 
Après quelques jours à San Antonio et à Austin, je repars avec le sentiment d’avoir mieux compris qui est Lance Armstrong. Comme ses compatriotes texans, il est frondeur, entier, arrogant même. Les Texans sont visiblement des gens déterminés pour lesquels il n’existe pas de demi-mesure. Une de leur devise, visible partout au Texas, n’est-elle pas « Don’t mess with Texas » ? Même le manifeste de la fondation LiveStrong reprend l’esprit des colons de Fort Alamo : We’re about the hard stuff. And if it comes to it, being in control of how your life ends. It’s your life. You will have it your way. Take no prisoners.
 
D’esprit analytique, j’ai suffisamment de maturité et d’expérience, à 39 ans, pour savoir que la nuance et l’équilibre sont la marque des grands sages de ce monde. Accusant un très gros retard dans ma préparation pour la Marmotte 2010 en raison de 3 mois d’inactivité totale, je repars cependant du Texas avec l’impression que ce séjour m’a fait du bien, que l’esprit texan m’a pénétré et qu’il me sera utile sur le plan sportif dans les prochains mois. Et s’ils avaient raison ? Et si l’homme ne se sublimait que dans les situations désespérées ? Victory or death. Rendez-vous le 3 juillet prochain à Bourg d’Oisans. I’ll be there. Ready. Whatever it takes.
 

Cyclocross extraordinaire

Ca roule extra-vite, ca frotte, c’est technique, la foule est immense, déchainée… et ce sont les meilleurs du monde dans la discipline. Tout simplement impressionnant.

La préparation de Lance Armstrong

Le gus ne recule devant rien pour optimiser sa préparation. Remarquez qu’il n’est pas le premier à s’intéresser au nouveau gadget à la mode dans le peloton, les vestes rafraichissantes utilisées lors des réchauffements en vue des épreuves de clm. Certaines équipes, dont Rabobank, les utilisaient déjà sur le Tour de France 2009.

On n’arrête pas le progrès !

10 cadeaux de Noel pour le cycliste BCBG

1 – Le tire-bouchon Campagnolo, couleur bronze. Un "must-have" qui traduit l’aboutissement de l’érudition en matière de cyclisme pour l’amateur épicurien et BCBG. Le tire-bouchon Campagnolo, c’est la garantie absolue de tourner une soirée entre amis cyclistes à votre avantage. Et non, je n’en ai pas encore…

2 – Le bagage cycliste ZIPP. La référence absolue. Le seul véritable sac de voyage qui, à ma connaissance, est à usage exclusif pour cyclistes avertis. Ce sac a tout ce qu’il faut: rangement spécial pour le casque et les 4 bidons, espace pour vêtements mouillés d’après-course, espace pour les chaussures, petites pochettes pour les petits trucs comme le matos de crevaison et l’alimentation, bref, c’est le nec-plus-ultra. Et oui, j’en ai un !

3 – Le Sportful Hot Pack No Rain Jacket. Technique, hyper-pratique, le genre de vêtements qui ne laisse personne indifférent quand vous le déballerez de son emballage (très réduit) pour l’enfiler. Le signe également du fin connaisseur cycliste à qui rien n’échappe. Fait toujours très bonne impression auprès des petits copains au prise avec leur veste claquant au vent par temps frais…

4 – The Flying Scotsman. Un excellent film que tout cycliste se doit de posséder dans sa bibliothèque de vidéo, ne serait-ce que pour comprendre un peu mieux qui était Graeme Obree, ce surdoué du vélo.

5 – Les vêtements de compression Skins. Outre l’intérêt grandissant dont ils sont l’objet pour leur rendement sportif, ces vêtements prouveront à tous qu’en matière de développement récent, vous êtes toujours à la fine pointe de la technologie. Comment s’en passer aujourd’hui ? Avec ces vêtements au look d’enfer, vous serez tout de suite pris pour un sérieux client à votre prochaine sortie sportive !

6 – N’importe quel produits de la gamme Sixtus de baumes sportifs, que ce soit des crèmes de massage, des crèmes d’avant-course ou d’après-course, des crèmes de récupération ou des gels douche. Pour le fin "connoisseur" qui recherche l’exclusif et… le cher.

7 – Les Campagnolo Bora Two. Parce qu’elles sont tout simplement les meilleures roues jamais produites, offrant le meilleur rapport qualité/prix selon moi (ce dernier est en effet plus avantageux que pour d’autres roues comme les Lightweight par exemple).

8 – Le kit portable Park Tool USA, avec tous les outils nécessaires au "fine tuning" de votre monture juste avant une course. How professionnal is that ?

9 –  Le poster noir et blanc des coureurs d’un Tour de France d’époque en train de s’allumer une touche en roulant. Super-cool sur un mur chez vous, qui vous situe immédiatement son homme.

10 – Le chic sac Brooks, pouvant loger élégamment votre portable même en déambulant sur la rue Sainte-Catherine ou les Champs-Élysées un vendredi soir à la sortie des bureaux. C’est un Brooks: tout a été dit, non ?

Première ébauche du nouveau maillot Radio-Shack

Les brèves…

En vrac, l’actualité cycliste commentée :

1 – victoire de Mark Cavendish aujourd’hui sur le Tour de Californie dans ce qui fut un sprint débridé. Le train des Cervelo s’est bien mis en place à quelques hectomètres de la ligne, mais ce dernier a été perturbé par une attaque de Pedro Horrillo chez Rabobank. Leçon #1 lors d’un lead-out: amener aussi vite que possible afin de prévenir toute attaque peu souhaitable (du point de vue du sprinter!). Plus facile à dire qu’à faire car à 55-60 km/h, il faut pouvoir tenir la distance! Gageons qu’un petit rodage est encore nécessaire chez Cervelo et c’est normal en début de saison.

Ceci étant dit, Cavendish me fait vraiment penser à McEwen en ce sens qu’il est tout-à-fait capable de se débrouiller seul dans un sprint.

Enfin, Boonen est venu échouer de très près, prouvant que le coureur est en bonne condition et qu’il fait des efforts en prévision des Classiques d’avril.

2 – En Europe, la Ruta Del Sol ainsi que le Tour de l’Algarve battent leur plein. Il ne faudrait pas oublier ces deux courses, leur peloton étant relevé. Par exemple, on retrouve au Tour de l’Algarve Contador certes mais aussi Kloden, Cunego, Gilbert, Chavanel ainsi que Devolder.  C’est Haussler de chez Cervelo (décidemment, l’équipe commence fort la saison !) qui a remporté la 1ere étape au Portugal, rien n’étant pour l’instant joué au général.

À la Ruta Del Sol en Espagne, on retrouve les Rebellin, Pozzato, Evans, Posthuma, Gerdermann, Flecha, Simoni, Menchov, Dekker, etc. Pour l’instant, c’est Posthuma qui figure au sommet du général, mais les écarts sont très faibles.

3 – À choisir, je crois bien que j’aurais privilégié le chaud soleil espagnol ou portugais plutôt que la pluie et le froid de la Californie qui, décidemment, mène la vie dure aux coureurs. C’est la 2e année consécutive que la météo est très difficile sur cette épreuve et dans ce contexte, on peut se demander si certains coureurs ne privilégieront pas l’an prochain des courses dans le sud de l’Europe à cette période-ci…

4 – Un coureur à surveiller cette saison: le Danois Jakob Fuglsang chez Saxo Bank. Né en 1985, venu du VTT et vainqueur l’an dernier du Tour du Danemark, c’est un néo-pro très prometteur selon de nombreux échos qui me parviennent. À suivre…

Rock Racing: here to stay ?

"Here to stay", c’était leur slogan publicitaire par excellence, bien visible notamment dans de nombreuses revues cyclistes américaines et britanniques.

"Here to stay", ce n’était vraissemblablement que de la poudre aux yeux, comme tout le reste d’ailleurs concernant l’équipe américaine Rock Racingdans une récente entrevue accordée par Baden Cooke au site CyclingNews, le coureur australien affirme que cette équipe serait sur le point de fermer boutique, faute d’argent. Son manager, le controversé homme d’affaire Michael Ball, se donnerait six mois maximum pour trouver un repreneur, faute de quoi ce serait tout simplement la fin.

Cooke, qui devait signer un contrat avec eux pour l’an prochain sur promesse que l’équipe participerait davantage aux courses européennes, notamment les Classiques et le Giro, a déjà resigné ailleurs, chez Vacansoleil.

Rappelons que l’équipe Rock Racing avait fait des débuts pour le moins tonitruants sur le Tour de Californie l’an dernier, s’affichant avec des maillots pour le moins… visibles et avec une star sur le come-back, nul autre que Mario Cipollini dont l’image de play-boy cycliste collait parfaitement à celle de la compagnie américaine Rock & Republic, sponsor de l’équipe cycliste. 

L’équipe avait également fait parler d’elle en se faisant une spécialité d’engager d’ex-dopés vieillissants mais tentant un come-back: Tyler Hamilton, Santiago Botero, Oscar Sévilla et même Francisco Mancebo. Récemment, il avait été question de nul autre que… Floyd Landis ! Il s’agissait évidemment d’une stratégie pour attirer l’attention des médias.

Enfin, la simple présence à la tête de l’équipe du controversé homme d’affaire Michael Ball, propriétaire de Rock & Republic, suffisait à offrir à l’équipe une couverture médiatique importante. Rappelons simplement que le sulfureux Ball a fait de la prison plus jeune et qu’il possède une personnalité pour le moins… exentrique, de même qu’une langue bien pendue. Il déclarait notamment dans une récente interview publiée dans le magazine ProCycling de décembre dernier "I can find the money for Alberto Contador if I want. I mean, if he’s available… I don’t think they’re (ndlr: Astana) letting him go, but I can always find the money". Inutile d’en rajouter, ses propos se suffisent à eux-mêmes…

S’il est toujours regrettable de voir disparaitre une équipe cycliste puisque cela signifie du personnel d’encadrement et des coureurs au chômage, ces regrets sont atténués, dans le cas de l’équipe Rock Racing, par l’idée que le cyclisme se débarasse probablement d’un homme peu vertueux en Michael Ball. Qui sait, peut-être estime-t-il avoir déjà atteint son but, celui de faire parler de lui et de sa compagnie ? Visiblement assez superficiel et digne de peu de confiance, Michael Ball ne sera pas une lourde perte pour le cyclisme qui, malgré tous ses problèmes, mérite mieux. 

Alexandre Lavallée : « Intelligence et discipline, les clefs pour réussir au plus haut niveau »

Coureur québécois bien connu durant sa carrière, Alexandre Lavallée a pris sa retraite sportive fin 2007 pour devenir directeur sportif à temps plein de l’équipe élite EVA-Devinci basée au Saguenay, équipe parmi laquelle figuraient notamment cette saison les Dominique Perras, Mathieu Toulouse, Stéphane Cossette, Guillaume Boivin, Jean-Sébastien Perron et Georges-Édouard Duquette. L’équipe annonçait début octobre ne maintenir pour 2009 que son volet "junior" et laissait donc tomber l’équipe élite

La Flamme Rouge vous propose aujourd’hui une entrevue avec Alexandre qui revient sur l’équipe EVA – DeVinci, nous parle de sa fonction de directeur sportif et évoque ses souvenirs de coureur cycliste.

La Flamme Rouge : Alexandre, le sponsor principal de l’équipe EVA était la Société de la vallée de l’aluminium, un regroupement de gens d’affaire visant à positionner le Saguenay Lac St-Jean comme un des principaux pôles de l’industrie de la transformation de l’aluminium. L’annonce de l’arrêt de l’équipe élite contenait peu d’information sur les raisons de cette décision. Tout au plus apprenait-on qu’il s’agissait d’une décision du conseil d’administration. Dans la mesure ou cette information pourrait être utile à d’autres afin de bien comprendre les atouts et les faiblesses du cyclisme lorsque vient le temps d’approcher d’éventuels sponsors, connais-tu les raisons du CA derrière cet arrêt ? Est-ce tout simplement la conséquence d’un changement de personnes dans ce même CA ?
 
Alexandre Lavallée : Il y a plusieurs facteurs qui ont mené à la décision de ne pas renouveler le volet élite de l’équipe EVA-DeVinci. Je dois d’abord rappeler que nous avons fait des miracles pour mener de front les programmes élite et junior qui ont chacun connu du succès. Or, avec les moyens financiers dont nous disposions, il devenait difficile de maintenir les deux volets. Après deux années essoufflantles, il était devenu évident qu’il fallait sacrifier soit les seniors, soit les juniors, nos moyens ne permettant pas de maintenir ces deux programmes de façon satisfaisante. Compte tenu de l’expérience en cyclisme de compétition du comité, il a été jugé qu’il était plus sage de se consacrer qu’au volet junior de l’équipe.
 
Quoi qu’il en soit, j’estime que l’expérience EVA Devinci est très positive tant pour les coureurs qui ont fait parti du programme que pour le cyclisme québécois, malgré quelques aléas que nous avons dû surmonter ces dernières saisons.
 
De cette expérience, je retiens que pour les gens qui ont envie de mener un projet semblable, il est surtout important de faire un plan de match simple, efficace et précis en s’appuyant sur l’expérience acquise par ceux ayant déjà monté de tels projets. Il faut également que chacun connaisse son rôle, soit actif et porte un projet commun. La présence aux courses, par exemple, m’apparaît essentiel même pour le commanditaire qui pourra ainsi bien comprendre les besoins des coureurs et se développer une passion pour la course cycliste. J’ajoute qu’il faut souvent faire preuve d’abnégation pour le succès du projet d’équipe. Autrement dit, il faut non seulement savoir ramer, mais aussi ramer tous ensemble dans la même direction !
 
La Flamme Rouge : Avec l’arrêt de Calyon, cela fait beaucoup de coureurs québécois se cherchant une nouvelle équipe pour 2009, non ?
 
Alexandre Lavallée : Un coureur qui a son développement à cœur va toujours se trouver une équipe au Québec ou ailleurs. Cela se complique toutefois lorsque ce coureur est de niveau pour faire l’équipe nationale espoir. Je m’explique.
 
Pour bien progresser, il faut que les coureurs aient accès à des courses relevées. Les bons entraînements ne suffisent pas. En d’autres mots, faut se faire taper sur la gueule par d’autres et que ces derniers ne ralentissent pas quand ça fait mal. Y’à juste Armstrong et quelques autres qui n’ont d’autres choix que de se faire mal tout seul…!
 
Donc pour moi, l’idéal est de faire une course de niveau international par mois.
Pour cela, il faut se trouver une équipe qui va permettre aux coureurs de prendre part à un bon calendrier international et de gagner un peu d’argent pour vivre afin de durer jusqu’à ce qu’il commence à être vraiment bon et pouvoir vivre de son sport. C’est souvent en équipe nationale qu’on a cette chance et les places y sont chères.
 
Dans ce contexte et considérant qu’on commence à être bon et constant en vélo seulement vers 25-26 ans, c’est une bonne chose que beaucoup d’athlètes en cyclisme au Québec poursuivent leurs études jusqu’à l’université. Le problème est que lorsqu’ils obtiennent leur diplôme, souvent un peu en retard, vers l’âge de 23 ans voire plus, ils doivent choisir entre un travail de diplômé souvent bien rémunéré ou poursuivre leur carrière cycliste en vivotant sous le seuil de la pauvreté avec tous les sacrifices que cela implique. Ajoutez à cela le spectre du dopage. Beaucoup font le choix logique…
 
Je persiste à croire que ce qui manque au Québec est une équipe professionnelle et que dans ce contexte, l’arrêt de Calyon est dommage. Steve Bauer et Josée Laroque font un super job avec Team Race en Ontario. Steve a la passion de la course et utilise son expérience et sa notoriété pour mener à bien un super projet. Les coureurs de cette équipe sont privilégiés. Ils ont le devoir d’être disciplinés. Je souhaite que Team Race ait beaucoup de succès et gravisse progressivement les échelons jusqu’au plus haut niveau.
 
La Flamme Rouge : De nouvelles équipes pourraient-elles voir le jour en 2009 sur la scène élite au Québec ? As-tu des contacts avec d’éventuels sponsors ?
 
Alexandre Lavallée : J’aimerais dire oui, mais la réalité est que je n’ai aucun contact avec d’éventuels sponsors. Paradoxalement, avec l’expérience acquise au cours des dernières années, je pense que j’aurais maintenant beaucoup de plaisir et d’aptitude pour bien diriger une équipe en tant que directeur sportif.
 
La Flamme Rouge : La FQSC vous assiste-t-elle dans la recherche de nouveaux sponsors pouvant prendre en charge une équipe cycliste entière?
 
Alexandre Lavallée : Ce n’est pas le premier rôle de la Fédération. La gestion d’une fédération sportive comporte beaucoup d’aspects. Selon moi, Louis Barbeau fait un super job. Sylvain Richard aussi d’ailleurs. Donc, si nous avions besoin du support de la Fédé pour mener à terme un projet d’envergure d’équipe cycliste, je suis persuadé qu’elle nous donnerait toute sa collaboration.
 
La Flamme Rouge : Dominique Perras a pris sa retraite sportive. Jean-Sébastien Perron et Stéphane Cossette ont déjà annoncé qu’ils se joignaient à l’équipe Volkswagen en 2009. Les autres coureurs de l’équipe ont-ils tous retrouvé une équipe pour 2009 ?
 
Alexandre Lavallée : Je ne suis pas trop au courant des démarches de tous les coureurs. Guillaume Boivin doit choisir entre l’Europe et une équipe américaine. Je pense que David Maltais va aller chez Apogée-Kuota. Certains autres sont en réflexion.
 
La Flamme Rouge : Tu as commencé à te reconvertir dès 2006 chez Garneau-Optik en devenant capitaine de route et responsable de la dimension sportive de l’équipe. Toujours coureur en 2007, mais à temps partiel, tu devenais directeur sportif chez EVA pour le devenir à temps plein en 2008. Cette reconversion comme directeur sportif trahit une volonté farouche de continuer à rester près du milieu cycliste. As-tu des projets pour 2009 ?
 
Alexandre Lavallée : J’ai gradué en design industriel à l’Université de Montréal en 2003. Lorsqu’on m’a contacté pour collaborer au projet d’équipe Garneau-Optik, j’ai tout de suite vu une belle occasion de faire du développement de produits pour Louis Garneau. Ce fut une très bonne expérience. J’ai eu la chance de côtoyer un homme d’affaire exemplaire en Louis Garneau et de connaître David Veilleux, un athlète exceptionnel par sa discipline et son intelligence.
 
Ceci étant dit, je n’ai jamais forcé le destin jusqu’à maintenant. Je dirais que je suis dans le vélo simplement parce que j’aime ça. 
 
Pour 2009, je pense faire du développement de produits. Je suis à mon compte et mon principal client demeure la société cycliste DeVinci. Je suis aussi chef de produits pour les sacs de transport de vélo Nomad (www.nomadbikecase.com). C’est très stimulant. J’aimerais m’entraîner un peu plus aussi!
 
La Flamme Rouge : Coureur cycliste et directeur sportif, on imagine que c’est très différent. Qu’as-tu trouvé le plus difficile dans ta reconversion?
 
Alexandre Lavallée : Je n’ai pas trouvé la transition trop difficile. Par contre, dans les courses que j’ai faites récemment, j’aurais aimé avoir la forme que j’avais naguère juste pour mieux rivaliser avec mes concurrents. Disons que j’ai désormais une autre perspective du peloton !
 
La Flamme Rouge : Directeur sportif d’une équipe au Québec, cela consiste en quoi exactement?
 
Alexandre Lavallée : Directeur sportif d’une équipe au Québec, on fait tout ! Budget, inscriptions aux courses, réservations d’hôtel, établissement du calendrier de course, règlement des conflits, préparation des bidons et du ravitaillement, planification de l’horaire des week-ends de course, coordination des point de rencontre de l’équipe, design des vêtements et des vélos, commandes auprès des commanditaires, rédaction de communiqués de presse, négociation des contrats, présence aux meetings des directeurs sportifs, chauffeur du véhicule d’équipe sur les courses, établissement et discussion des tactiques de course, directives de course aux coureurs via la radio, conseils d’entraînement et de nutrition, parfois même entretien des vélos, des vêtements et des véhicules voire même, dans mon cas, être parfois coureur…En fait, si j’y pense bien, la seule chose que je n’ai pas fait est de prodiguer des massages !
 
La Flamme Rouge : Quel fut, selon toi, le point marquant de la saison 2008 de l’équipe EVA ?
 
Alexandre Lavallée : C’est difficile pour moi de n’en choisir qu’un. J’ai bien aimé le Tour de Beauce que nous avons fait. Nous avons eu 5 coureurs jusqu’à la fin de l’épreuve et avons bien pris part à la bataille. Nous avons également fait un beau Montréal-Québec sans oublier le Championnat canadien où nous avons eu plusieurs coureurs dans les dix premiers.
 
Avec le recul, je pense que je choisirais la victoire de Simon Brassard à la course sur route des Championnats québécois comme point marquant de la saison. Cette victoire représente parfaitement l’esprit initial du projet EVA DeVinci puisqu’un jeune cycliste du Saguenay-Lac-Saint-Jean avec peu d’expérience à son actif remporte une course d’envergure du calendrier québécois.
 
La Flamme Rouge : On parle beaucoup du jeune Stéphane Cossette décrit par Éric Van Den Eynde comme "un des plus beaux talents que j’ai vu". Qu’en penses-tu ?
 
Alexandre Lavallée : J’imagine que tu parles de talent pour la piste. Effectivement, avec les temps qu’il réalise sur la piste, il a effectivement du talent. Le talent n’est cependant pas garant du succès. Un athlète doit être discipliné pour réussir. Pour le moment, Stéphane doit encore en faire la preuve.
 
La Flamme Rouge : Quelles impressions t’ont laissé un coureur de la région de l’Outaouais, Jean-Sébastien Perron, réputé très bon grimpeur ? Peut-il encore progresser selon toi ?
 
Alexandre Lavallée : Jean-Sébastien est un coureur à qui je voue beaucoup de respect. Premièrement, il est intelligent et discipliné. De plus, il a de multiples facettes à son talent cycliste. Il est complet. Ce n’est pas un pur grimpeur, mais il passe bien les bosses. Il possède un bon sprint et, élément peut-être moins connu, est un très bon rouleur. Si, une fois ses études universitaires complétées, il décidait de vivre plus modestement quelque temps pour se consacrer au vélo, il possède selon moi ce qu’il faut pour réussir.
 
La Flamme Rouge : Le cyclisme québécois semble vivre un "golden age" avec beaucoup de bons coureurs comme Dominique Rollin, Charles Dionne, François Parisien, etc. Des jeunes poussent derrière comme les Eric Boily, Guillaume Boivin ou Simon Lambert-Lemay. De ton point de vue privilégié, lesquels présentent selon toi le plus grand potentiel pour atteindre le professionnalisme aux États-Unis ou en Europe ?
 
Alexandre Lavallée : Je ne connais pas beaucoup Simon Lambert-Lemay. Je suis ses résultats depuis plusieurs années et il me semble avoir un bon potentiel. Il a la passion, c’est évident. Il me semble également très discipline et intelligent. Donc au premier coup d’oeil, il a ce qu’il faut lui-aussi pour réussir.
 
Pour moi cependant, c’est David Veilleux qui possède le plus grand potentiel actuellement. Il ne cesse de m’impressionner depuis que nous avons couru ensemble chez Garneau-Optik. Les résultats qu’il a eus cette saison aux États-Unis sont encourageants. En plus, il est bien encadré par Pierre Hutsebault.
 
La Flamme Rouge : Ayant comme toi vécu longtemps à Sherbrooke, je te connais depuis un moment et j’ai pu suivre ta carrière de coureur. Est-il exact d’affirmer que ta plus belle victoire est venue en 1999 alors que tu t’imposais au Univest GP pour l’équipe Kissena ?
 
Alexandre Lavallée : J’ai porté le maillot jaune au Tour de Qinghai Lake en Chine après avoir remporté le prologue. Mais effectivement, je dois dire que la victoire au Univest GP devant le jeune Tom Boonen demeure un très bon souvenir.
 
La Flamme Rouge : Comment s’était déroulée la course ?
 
Alexandre Lavallée : Disons que j’étais dans un grand jour. Je sortais du Tour Trans-Canada, une épreuve de 9 étapes avec des équipes comme la Française des Jeux, Mercury, Kelme, Mapei. Ça me faisait un bon camp d’entraînement !
 
Sur le Univest GP, je me suis retrouvé en échappée avec un américain après seulement 10 kms de course. On fait 30 bornes ensemble puis on s’est fait reprendre au pied de la première bosse. Du coup, un nouveau groupe d’échappée se forme sur un contre. J’y compte un de mes coéquipiers donc je demeure dans le peloton pour me refaire une santé, au cas où.
 
“Au cas où” arriva lorsque l’équipe belge de Boonen prend la chasse à son compte. L’échappée est reprise dès le premier tour du circuit final, environ au km 110. Le circuit final comportait 10 boucles d’environ 6 kms à effectuer. Flairant le contre, je rode aux avant-postes. Dès la jonction effectuée et de façon prévisible, un coureur de l’équipe belge attaque. Je prends immédiatement sa roue. Même dans sa roue, la caisse est à fond. Je me dis que lui aussi doit être à fond sinon c’est Superman ! Bref, l’attaque était tellement cinglante et sèche que je n’ai même pas eu besoin de regarder derrière… je savais qu’à une telle vitesse, personne n’avait pu s’accrocher.
 
Au premier écart sur la ligne, environ 5 kms plus loin, nous avions une minute sur le peloton principal. J’étais toujours à fond, mais je passais mes relais, péniblement. Mon compagnon belge était très volontaire dans l’effort et semblait prendre un certain plaisir à me montrer qu’il était fort. Je fis donc acte d’humilité et passa tant bien que mal. Après un petit moment, j’ai réussi à me refaire une nouvelle santé. Je partageais désormais le travail complètement. Ne voulant pas montrer ma soudaine fraîcheur retrouvée, je lui laissais dicter l’allure de notre échappée.
 
Au bout d’une quarantaine de kms d’escapade à deux (environ au 150e km), le Flamand me fait un commentaire étrange après tous nos efforts et me dit; “it’s hard hein?”. J’hoche la tête lourdement pour acquiescer que oui. Or, je n’étais pas trop mal et je savais maintenant qu’à l’avant-dernière montée du circuit j’allais lui mettre la plus grosse mine que je pouvais.
 
Donc à 10 bornes de l’arrivée, je me laisse détacher dans la montée, je mets la plaque puis prends mon élan… et “BANG ”, dans les gencives, je passe mon compagnon d’échappée 10 km/h plus vite. Le temps qu’il réagisse, je lui avais déjà mis 10-15 secondes dans la vue. Il est resté à 20 secondes pendant 5 kms avant d’exploser complètement. Je gagne donc le Univest GP avec 1min50 sur le groupe de chasse réglé au sprint par nul autre que Tom Boonen. Mon compagnon d’échappée, Wouter Demeulemeesler, termine 6e. 
 
La Flamme Rouge : En 1997 et 1998, tu passais deux années en France. Est-ce un passage obligé pour les cyclistes d’ici voulant apprendre le cyclisme ?
 
Alexandre Lavallée : Selon moi, oui. Au niveau de l’entraînement, nous avons de bonnes notions en Amérique du Nord. Or, au niveau de la lecture de la course et pour l’apprentissage du métier, le meilleur endroit pour apprendre demeure l’Europe. Par contre, ce n’est pas tous les coureurs qui ont le moral pour passer 4-5 mois en Europe à vivre souvent dans un appartement minable.
 
Je crois que la meilleure option réside dans une combinaison des deux. Alterner les séjours de 2-3 mois en Europe avec du temps en Amérique tout en prenant soin d’identifier les bonnes périodes de courses dans les deux endroits. Il faut aussi savoir conjuguer les périodes de repos. Il s’agit d’un élément essentiel à la performance. “Ride hard, rest hard” disait Rolland Green…
 
La Flamme Rouge : En 1999, tu passais près d’enlever le titre de champion canadien dans la course sur route à Sherbrooke, dans ta ville. Des regrets ?
 
Alexandre Lavallée : Non, je n’ai aucun regret. J’étais jeune à ce moment et les coureurs devant moi étaient tous de grosses pointures. Je termine avec Mike Barry que je règle au sprint. Pas trop mal surtout que je suis parti seul, presque “sur le gun” comme on dit ici. J’ai donc fait près de 180 kms d’échappée dans cette course!
 
Ma déception est plutôt venue en 2004 où j’étais dans un groupe avec Fraser, Randall, Wholberg, Tuft et Cam Evans, ce dernier étant à l’époque dans la catégorie Espoir et qui ne comptait donc pas dans notre course sénior. Croyant en mes chances de victoire, j’ai attaqué dans la dernière montée en me disant que personne ne voudrait amener l’excellent sprinter Gord Fraser à l’arrivée. Hé bien c’est Cam Evans (qui gagnait ainsi le titre espoir étant le seul de cette catégorie dans notre groupe) qui ramène pour Svein Tuft, son coéquipier chez Symmetrics. Dès la jonction faite, Fraser a contré et gagné, Tuft finissant 2e et moi 3e.
 
La Flamme Rouge : Pourrais-tu nous dire quel est ton parcours d’entraînement préféré dans la région de Sherbrooke ? Le mien va forcément vers North Hatley puis Ayers’ Cliff, Magog et le Mont Orford…
 
Alexandre Lavallée : Je dirais que moi aussi j’affectionnais bien cette boucle. Comme un vieux singe, je faisais presque toujours les mêmes boucles ! Une boucle pour les entraînements de 3h, une autre pour ceux de 4h, encore une autre pour ceux de 5h, etc.
 
Ma boucle préférée était cependant celle de 6h et plus : je remontais le blv Portland pour me diriger vers Saint Élie d’Orford, faisais le tour du Mont Orford en passant par Jouvence, puis coupait à Bonsecours vers Eastman, rejoignait Magog puis Saint-Benoît-du-Lac, Bolton et Bolton-Sud ou je passais devant la fameuse « fusée », traversait les douanes américaines à Mansonville, arrivait à Newport au bout du lac Memphrémagog puis rentrait par le côté Est du lac, c’est-à-dire par Georgeville puis Magog puis chemin Venise jusque Deauville.
 
La Flamme Rouge : De ta carrière, tu laisses l’image d’un coureur plutôt à l’aise sur les courses longues et difficiles. Affectionnais-tu particulièrement ce genre de courses ?
 
Alexandre Lavallée : Oui, je pense que j’avais un bon moteur diesel, mais contrairement à un vieux Volks Rabbit diesel, j’étais capable de “burner”, c’est-à-dire de démarrer très sec, très rapidement afin de faire immédiatement le trou. En France, on dirait « une bonne giclette » ! Un bon entraîneur aurait cependant affirmé que j’aurais dû faire davantage d’intervalles. Or, dans ma carrière (si on peu appeler ça une carrière), j’ai dû faire une trentaine de vrais entraînements spécifiques sur le vélo, guère plus !
 
Peut-être que si j’avais mieux structuré mon entraînement j’aurais eu une autre carrière… Or, si j’ai couru aussi longtemps à ce niveau c’est aussi parce que je me faisais toujours plaisir. Je me suis toujours dit que je ferais le métier à 100% que lorsque j’aurais un contrat pro!
 
Ce contrat pro est arrivé en 2000 avec l’équipe américaine Noble House. Dominique Perras avait aussi signé pour cette équipe tout comme plusieurs coureurs de renom dont Marty Jemison qui arrivait de chez US Postal. J’avais reçu un vélo, des souliers et puis ce fut tout. Le camp d’entraînement a été annulé à la dernière minute et ç’a été fini, nous n’avons jamais su pourquoi. Après cette mésaventure, j’ai décidé de ne plus interrompre mes études à l’université et de faire du vélo que pour le plaisir. J’ai eu d’autres occasions par la suite de courir aux États-Unis, mais je n’avais pas envie de le faire pour 5000$ par année. 
 
La Flamme Rouge : De ta carrière, tu laisses aussi l’image d’un coureur toujours placé, mais rarement vainqueur, un peu comme Dominique Perras. Tu as notamment terminé à plusieurs occasions sur le podium de Montréal-Québec, sans jamais l’emporter. Des regrets ?
 
Alexandre Lavallée : Je n’ai pas de regrets. Tout est relatif… Je pense avoir été un bon coureur au Québec et je pense avoir eu les résultats que je méritais par rapport aux efforts que j’y consacrais. Ce que j’aimais par-dessus tout était de faire des courses. J’aimais aussi m’entraîner, mais pas de façon trop structurée.
 
En fait, sur les courses, je n’avais qu’un seul but, que mon équipe gagne la course. On aime tous gagner, mais je revenais toujours avec le sentiment du devoir accompli lorsque notre équipe gagnait la course, peu importe si ce n’était pas moi qui l’avait gagné. En ce sens, je pense que mon sens tactique faisait en sorte que ma contribution était meilleure pour gérer la course derrière une échappée dans laquelle j’avais un coéquipier. S’il ne gagnait pas, c’est comme si on perdait le match.
 
La Flamme Rouge : Comment te préparais-tu à Montréal-Québec ? Du spécifique ? De longues sorties ?
 
Alexandre Lavallée : Aucune préparation spécifique ! J’essayais surtout d’y arriver reposé. Je pense que pour bien performer à Montréal-Québec, il faut surtout être économe dans ses efforts durant toute la course… sans toutefois manquer la bonne. Pour ça, il faut être patient et discipliné. Encore la discipline !
 
La Flamme Rouge : Ta course la plus difficile en carrière, c’est laquelle et pourquoi ?
 
Alexandre Lavallée : J’ai tellement souffert souvent en course que je n’ai pas de souvenir précis d’une course en particulier. Une chose est sure, j’ai beaucoup souffert dans mes différents Tour de Beauce. Comme beaucoup de cyclistes!
 
La Flamme Rouge : On parle beaucoup du dopage dans le cyclisme professionnel, surtout en Europe, mais peu ici parmi l’élite du Québec. Devrait-on s’en inquiéter ?
 
Alexandre Lavallée : S’inquiéter du dopage est le début de la solution selon moi. Donc oui, il faut s’en inquiéter.
 
Bien que je ne sois pas dupe, je ne pense cependant pas que le dopage en cyclisme soit un gros problème au Québec. Je ne me rappelle pas avoir vu de performances douteuses de la part de coureurs au Québec. Or, et c’est malheureux, on ne doit présumer de rien. Toute performance au niveau international porte à questionnement. Je demeure toutefois convaincu qu’il est possible de performer au niveau international sans dopage.
 
J’ajouterais qu’au Québec, le problème du dopage est beaucoup plus grave dans les gyms et dans le hockey que ce qu’on peut croire. Ce qui fait le plus de tort à la lutte contre le dopage, ce sont les gens qui disent que tout va bien dans leur sport parce qu’ils ont des politiques strictes.
 
Bref, je crois sincèrement que plus on va en parler, mieux ce sera.
 
La Flamme Rouge : Alex, dis-moi tout, es-tu un lecteur assidu de La Flamme Rouge et si oui, depuis combien de temps ? La Flamme Rouge est-elle lue des coureurs élite au Québec et de ton point de vue, a-t-elle une utilité ?
 
Alexandre Lavallée : Je fais mon tour sur La Flamme Rouge régulièrement. Je ne sais pas précisément depuis combien de temps. Disons quatre ans peut-être. Depuis combien de temps le site existe-t-il?
 
Je ne lis pas tout, mais j’aime lire les commentaires des gens pour prendre le pouls des amateurs de cyclisme. On y trouve des commentaires de toute sorte; allant de l’innommable épais au plus éclairé. J’estime que cela enrichit ma culture cycliste.
 
Oui, un site comme la Flamme Rouge est utile. Il s’agit d’un site neutre (je le souhaite) découlant simplement d’une passion honnête pour la course cyclisme.
 
Oui, je pense que La Flamme Rouge est lue des coureurs élite du Québec. Étant tous un peu narcissiques, nous prenons plaisir à lire sur des sujets dans lesquels nous sommes impliqués ! 
 
La Flamme Rouge : merci Alexandre!
 
Alexandre Lavallée faisait en octobre dernier un appel à tous les entrepreneurs ayant l’ambition de rêver d’un grand projet sportif en 2009. N’hésitez pas à entrer en contact avec Alexandre ou avec nous si l’aventure vous interpelle...

Que se passe-t-il à Chatenay-Malabry ?

Il se passe beaucoup de choses autour du laboratoire français de dépistage du dopage situé à Chatenay-Malabry. Démêlons d’abord un peu tout ca:

– le labo est impliqué, depuis le 20 septembre dernier, dans une procédure administrative contre Floyd Landis dont les deux échantillons (A & B) prélevés lors du dernier Tour de France contenaient de la testostérone de synthèse.

Après plusieurs déclarations confuses pour expliquer ces résultats, M. Landis s’est lancé à fond les manettes dans la bataille de l’opinion publique, probablement conseillé par les avocats de M. Armstrong qui ont compris toute son importance. « M. Landis n’a pas encore réagi selon la procédure à la lettre officielle du labo envoyée le 20 septembre dernier »:http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3242,36-835180@51-834397,0.html. Il préfère pour le moment tenter de déstabiliser non seulement le labo français mais également tout le système de lutte contre le dopage.

– « le labo de Chatenay-Malabry a été victime, la semaine dernière, d’un piratage informatique surprenant et inquiétant »:http://veloptimum.net/velonouvelles/6/ART/11nov/AFP14.html. Des documents ont été envoyés par courriels au nom du labo, avec des pièces attachées qui n’auraient pas dû circuler. Une enquête a été ouverte et confiée à l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication (OCLCTIC). Cette nouvelle affaire vise donc une procédure pénale cette fois et les éventuels coupables devront répondre de leurs actes devant la justice.

Le président de l’Agence française de lutte contre le dopage, Pierre Bordry, demeure prudent en mentionnant ne pas avoir d’idée sur les éventuels coupables. Certains ont cependant parlé de l’entourage direct de Floyd Landis, se basant sur certains éléments. D’une part, les courriels envoyés avaient visiblement été rédigés dans un mauvais français par un anglo-saxon. D’autre part, le seul récipiendaire privé des envois est Howard Jacobs, l’avocat de Landis.

Il faudra attendre les résultats de l’enquête judiciaire avant de se prononcer. Mais il faut avouer que la possibilité que ce soit l’entourage direct de Landis cadre bien avec les démarches actuelles du coureur américain.

Cette affaire de piratage prouve cependant que le labo a probablement besoin d’une petite opération de modernisation, opération demandée par son directeur Jacques de Ceaurriz depuis un moment déjà. Le problème était connu de longue date puisque le sénateur français Jacques Valade a récemment rappelé que _la visite du laboratoire par la commission (en juin 2005) avait laissé un souvenir mitigé, notamment quant à l’état des locaux et a souligné l’importance de la sécurisation des données informatiques_. Rien n’avait concrètement été fait depuis, faute de moyens (ce qui en dit long sur la volonté de tout le monde de lutter contre le dopage…).

Bref, l’éclatement de cette histoire au grand jour arrive à un bien mauvais moment pour « le Ministre des Sports Jean-François Lamour qui est plongé dans l’embarras »:http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3242,36-835181@51-834397,0.html, son inaction étant dévoilée. Lamour est en effet candidat au poste de vice-président de l’AMA lors de la prochaine élection le 20 novembre à Montréal (dans quelques jours donc). Il est attendu que le prochain vice-président succèderait à Dick Pound en novembre 2007.

– « le labo de Chatenay-Malabry a reconnu avoir fait une erreur de frappe dans l’identification d’un échantillon appartenant à Floyd Landis »:http://veloptimum.net/velonouvelles/6/ART/11nov/AFP15.html. Un « 4 » a été tapé au lieu d’un « 5 » dans le code d’identification. L’erreur, connue et immédiatement documentée par le labo, est évidemment exploitée à fond par Floyd Landis et son avocat qui y voient un autre élément pour miner la crédibilité du labo français. Selon la vaste majorité des experts cependant, cette erreur ne peut être considérée comme un vice de procédure dans un éventuel procès.

On terminera en rappelant que le labo français est actuellement l’objet d’une vive campagne de salissage par l’entourage de non seulement Floyd Landis mais aussi Lance Armstrong. Ceci prouve que les dopés ne reculeront devant rien pour essayer de s’en sortir, une seule porte leur étant ouverte, soit celle des vices de procédure. Et les vices de procédure passent mieux au procès si on a pu gagner la bataille de l’opinion publique avant…

Tout ce cirque est très inquiétant pour l’avenir du cyclisme. Loin de reconnaître les problèmes de dopage dans ce sport, les cyclistes professionnels préfèrent au contraire s’attaquer aux seules institutions qui pourraient encore les sauver en leur permettant de recouvrer une certaine crédibilité. Il faut absolument selon nous que les labos et que les autorités réaffirment leur confiance dans les tests et les méthodes de détection afin de faire cesser ces tentatives de discrédit.

Basso – Discovery: affligeant!

« Il faudra vous faire à cette image, vous risquez de la voir fréquemment en 2007 sur la page couverture de vos magazines cyclistes favoris »:http://www.grahamwatson.com/. Et « voici un texte affligeant, lamentable voire révoltant du photographe »:http://www.grahamwatson.com/news/grahamsnotes06.html. Nous sommes évidemment entièrement contre les propos qui y sont tenus. La crédibilité de son auteur vient de prendre un sérieux coup à nos yeux.

Velofest 2007 : une course internationale sur route UCI à Ottawa dès l’an prochain?

L’Ontario Cycling Association publiait hier son bulletin « newsletter ». « On y apprenait que l’Association travaille sur un projet appelé _Velofest_ qui vise à organiser une course sur route de calibre international et de sanction UCI dès l’an prochain dans la région d’Ottawa »:http://www.ontariocycling.org/web_pages/news1/newslisting.php?id=1020. Voilà une bonne nouvelle pour les amateurs de cyclisme de la région.

Rappelons que des plans de la sorte avaient été échaffaudés en 2006 mais que la course, prévue en septembre, n’avait pu avoir lieu. On a jamais trop su qui était derrière ce projet. Il est possible que cette annonce soit en fait en lien avec ce projet avorté en 2006.

On espère en apprendre davantage sur ce projet au cours des prochaines semaines.

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