On connaît désormais les engagés sur le Grand Prix de Québec vendredi.
Un plateau intéressant duquel il convient de dégager ceux qui peuvent légitimement jouer la gagne.
Le scénario
À ma connaissance, aucune échappée n’est allée au bout au cours des 5 premières éditions du Grand Prix. Le vainqueur s’est souvent dégagé dans le dernier kilomètre, soit à la faveur d’un long sprint en puissance (Gerrans, Gesink, Gilbert), soit en jouant la carte du kilomètre (Voeckler).
Le parcours est certes sélectif avec les côtes de la Montagne et des Glacis, mais peut-être pas assez pour départager les 15-20 meilleurs devant. Les bosses sont tout simplement trop courtes à ce niveau, et le circuit présente des portions permettant de « rentrer » si jamais on a été légèrement distancé.
La configuration du final (derniers 4 kms) convient également parfaitement à un puncheur, c’est à dire à un coureur disposant d’un gros capital puissance, tout en ayant un rapport poids-puissance correct (ce qui exclut les purs sprinters).
Les favoris
Comme je l’ai écrit précédemment, deux équipes sont particulièrement fortes sur ce Grand Prix: Etixx et BMC.
Chez Etixx, c’est impressionnant: on a, excusez-un-peu, Kwiatlowski, Boonen, Alaphilippe, Martin et Uran!!! Aie.
Si Kwiatlowski sera évidemment dangereux à l’approche de l’arrivée, étant un excellent finisseur (mais c’est aussi un coureur imprévisible, capable de partir dans l’avant-dernier tour par exemple), Boonen pourrait lui aussi être dans le coup puisqu’en bonne condition en ce moment, et préparant activement ses Mondiaux de Richmond. Kwiatlowski, quant à lui, vient de terminer un gros bloc d’entrainement du côté de Bormio en Italie.
Alaphilippe pourrait très bien durcir la course avec Martin en se glissant tôt dans les échappées. Martin, une bête à rouler, pourrait être un sacré client s’il part de loin.
Chose certaine, aucun Etixx sur le podium vendredi serait un gros échec pour cette équipe.
La rispote viendra de BMC avec Gilbert et Van Avermaet, qui ont tous deux un gros capital expérience à Québec. Eux aussi sélectionnés pour représenter la Belgique aux Mondiaux, je pense qu’ils peuvent jouer la course de mouvement. Misez Van Avermaet pour tenter quelque chose tôt dans la dernière heure de course, avec Gilbert en réserve pour le dernier kilomètre si jamais ça arrive en petit comité une fois de plus. Gilbert a une meilleure giclette que Van Avermaet dans les derniers hectomètres.
L’équipe Trek dispose également de deux candidats à la victoire en Bauke Mollema, récent vainqueur du Tour de l’Alberta, et Fabio Felline, vainqueur il y a quelques jours du GP de Fourmies devant Tom Boonen. Excellent finisseur, Felline a la caisse pour faire parler sa puissance dans un sprint en petit comité.
Attention également aux coureurs chez Orica Green Edge, notamment les deux Yates, au tempérament d’attaquant, ainsi qu’à Michael Matthews, vainqueur d’étape au Tour de l’Alberta et qui sait non seulement s’accrocher, mais aussi se faire oublier dans le final. Albasini est une pointure également, mais il revient d’une interruption due à une fracture subie sur le dernier Tour de France, donc sera probablement un peu juste.
Je vois enfin trois autres équipes avec d’excellents coups à jouer, car disposant de plusieurs coureurs capables de bien faire.
D’une part, Cannondale-Garmin avec Navardauskas (3e du GP de Plouay), Tom-Jelte Slagter (3e du Tour de l’Alberta) et le Canadien Ryder Hesjedal, qui est certes un peu cramé de sa saison (Giro-Tour!) mais qui sera motivé car il court à domicile.
D’autre part, l’équipe Katusha s’amène avec Alexander Kristoff, récent vainqueur du GP de Plouay et 2e de la Vettenfall Cyclassics en août. Si le parcours de Québec est accidenté, Kristoff a prouvé cette saison pouvoir survivre aux bosses en remportant le Tour des Flandres et en terminant 2e à SanRemo, entre autre. Il pourra également compter sur de solides coéquipiers comme Simon Spilak, Ilnur Zakarin et le dur au mal Sergey Lagutin. De quoi donner confiance!
Enfin, les Lotto-Soudal avec Jurgen Roelandts, récent 5e du GP de Plouay (et une saison à sauver…), le jeune Tim Wellens, qui a impressionné lors de l’ENECO Tour en août ainsi que Tony Gallopin et Lars Bak, deux coureurs de classe. Logiquement, les Lotto feront la course vendredi.
Derrière ces puissantes formations, on compte plusieurs coureurs qui pourraient remporter la mise vendredi, du moins être sur le podium:
Brian Cocquard (Europcar). L’arrivée sur la rue St-Louis, en faux-plat ascendant, lui convient parfaitement. S’il est dans le coup à la flamme rouge, attention à sa pointe de vitesse. Il court également derrière une belle victoire depuis un moment, donc doit être motivé en ce moment.
Robert Gesink (Lotto-NL): déjà vainqueur à Québec il y a deux ans, il faut faire attention à lui et il aura à ses côtés l’excellent Wilco Kelderman. Après leur Tour de France cependant, on manque de repères quant à leur réelle condition physique actuelle.
Roman Kreuziger (Tinkoff): vainqueur d’étape au Tour du Colorado en août, il a une saison à sauver en quelque sorte. Le parcours lui convient très bien, mais il faudra qu’il fasse la différence avant le dernier kilomètre s’il veut l’emporter.
Rui Costa (Lampre): on manque certes de repères quant à sa condition actuelle, mais il demeure un coureur de classe disposant de bons équipiers, notamment Ulissi et Cimolai, récemment vu à leur avantage.
Les coureurs que je sens moins
Le cyclisme n’est évidemment pas une science exacte, mais je « sens » moins plusieurs coureurs, comme par exemple Arthur Vichot, qui a récemment offert peu de garantie quant à sa condition. À la FDJ, Johan LeBon, vainqueur de la 5e étape sur l’ENECO Tour en août, est peut-être celui qui présente les meilleures chances vendredi.
Je ne sens personne non plus à la Sky, ni chez IAM Cycling, ni à la Movistar, ni chez Bora et Drapac.
Astana se présente certes avec de bons coureurs (Fuglsang, Bozic, Kangert, Taaramae) mais je manque de repères quant à leur condition actuelle. Pour certains, la saison a déjà été très longue.
Barguil présente peu de garanties récentes pour Giant-Alpecin chez qui je ne vois personne d’autre réellement. Et si Barguil pourrait être devant pour une place, je le vois plutôt à Montréal qu’à Québec.
Enfin, chez AG2R – La Mondiale, l’équipe sur le papier est intéressante, avec notamment Bardet, Vuillermoz, Bakelants et Houle. Le parcours convient particulièrement à Vuillermoz et Bakelants plus qu’à Bardet qui aurait intérêt à miser plutôt sur la course de Montréal, plus adaptée aux grimpeurs. Houle, de son propre aveu, sera encore très probablement un peu juste pour jouer la gagne. Et de toute façon, il y a aussi les consignes d’équipe à respecter.
L’équipe canadienne
Tout est permis, il faut simplement oser les gars! La carte de la surprise est très probablement la meilleure que vous avez à jouer. Si Woods est sur le papier l’homme en forme de l’équipe, les jeunes Cataford et Perry ont une sacré caisse également et doivent essayer quelque chose. Rien à perdre, tout à gagner!
La Vuelta
L’histoire du jour appartient à Dumoulin et Aru. Le premier a sorti un grand chrono, et refait tout son retard au général. Il est donc en amarillo aujourd’hui. Impressionnant, tout simplement.
Aru a également sorti un grand chrono pour un grimpeur, et se retrouve donc à seulement 3 secondes de Dumoulin au général. Ca se jouera probablement samedi sur la dernière étape de montagne, mais ça sera compliqué car l’étape ne se termine pas par une arrivée en altitude. Aru a cependant un atout important en la personne de Landa, qui lui sera probablement précieux dans le dernier col.
Le final des étapes de jeudi et vendredi est également piégeux, avec des bosses à négocier. Dumoulin devra être vigilant!