Ca y est, j’ai trouvé notre petit « Ronde van Vlaanderen » dans l’Est du Canada/États-Unis.
Le Tour de Battenkill, ou « America’s Queen of the Classics« .
Un très beau parcours, original, varié et exigeant puisque mariant des portions roulantes de route bitumée à des portions de chemins de terre accidentés, voire parfois carrément de sacrés raidards. J’avais 36-26 et j’en ai eu bien besoin par moment!
C’est aussi une course très bien organisée, comme les Américains savent le faire. Site de départ/arrivée au point, un stationnement pour les voitures grand comme 10 terrains de football, des speakers d’ambiance à la « Seinfeld », une sécurité assurée à toutes les intersections, les derniers kilomètres entièrement sécurisés, bref, rien à redire de ce côté-là non plus.
J’y ai donc pris beaucoup de plaisir, même si ce ne fut pas facile.
Que voulez-vous, mes petits 431 kilomètres faits à l’extérieur depuis le début de la saison en six sorties ne me laissaient guère d’espoir sur une telle course de 110 bornes, qui plus est au sein d’un peloton relevé où je retrouvais, avec plaisir, les Osmond Bakker, Bruce Bird, Dominic Chalifoux ou encore Jean-François Blais. Les « serious guys » m’a dit la préposée au retrait des dossards en cherchant mon nom dans la liste!
Ma course
Et comme de fait, mon peloton fut un des plus relevé du samedi, avec un vainqueur, Bruce Bird, qui rentre en 3h01, un excellent temps sur ce genre de parcours.
Chapeau bien bas à Dominic Chalifoux qui a passé la moitié de la course devant, parfois seul, parfois avec Osmond Bakker, et qui trouve les ressources pour aller chercher une 3e place dans le final. Avec JF Blais et lui, nous avons de bien beaux champions canadiens et québécois.
De mon côté, des crampes (plusieurs en ont souffert sur une épreuve aussi musculaire, y compris Dominic) m’ont rattrapé dans l’ascension du « juge de paix » de l’épreuve, Joe Bean Road Climb, kilomètre 85, 200m après le 2e ravito qu’il convient donc de griller si vous voulez aborder la montée (chemin de terre) de plusieurs kilomètres en bonne position.
J’ai pu bien gérer ces crampes lors de la longue ascension ainsi que sur les 15 kilomètres suivants effectués vent violent de face pour terminer la course au sein d’un groupe de 6 coureurs, un peu plus de 5 minutes après le vainqueur.
Outre les ascensions, j’ai pris beaucoup de plaisir à effectuer une grosse chasse vers la mi-course, après avoir été distancé sur une longue ascension de l’épreuve (il me manque encore un peu de turbo en ce début de saison!). Seul au sommet, j’ai pu voir un groupe de 5 coureurs derrière arrivant sur moi: quelques secondes d’attente, j’intègre le groupe et on a roulé plein pot pendant 10 bornes, au début sans même voir le premier peloton devant. Et on est rentré! Incroyable comme sensation de solidarité dans l’effort avec des coureurs américains que je n’avais jamais vu. Et comme il est coutume de dire, il ne faut jamais abandonner car ca peut revenir…
Évidemment, cette grosse chasse où je n’ai sauté aucun relais m’a probablement coûté quelques cartouches pour le final mais bon, je savais que je serais un peu juste compte tenu du peu de kilomètres accumulés jusqu’ici.
Bref, je vous recommande fortement le Tour de Battenkill l’an prochain si vous avez envie de faire un peu différent, de découvrir autre chose. Superbe course, très bien organisée, excellente ambiance, un parcours exigeant mais faisable, de nombreux pelotons disponibles selon votre âge ou votre calibre, y compris une formule « Gran Fondo », le tout à environ 3h de Montréal et 4h30 d’Ottawa-Gatineau. Quoi demander de plus?
Le matos
Si vous songez à faire cette course l’an prochain, il faut prévoir d’équiper son vélo de course (pas besoin d’un vélo de cyclo-cross, car il faut privilégier le léger compte tenu des nombreuses patates à gravir) de pneus 25 ou 28mm, et de veiller à ne pas trop les gonfler (100 lbs suffit). Coté braquet, prévoir 39-27 ou équivalent si vous êtes un bon coureur, plus petit encore si vous êtes un peu à court de condition. J’avais 36-26 et ca m’a bien servi! En discutant avec Dominic à l’arrivée, il avait lui aussi utilisé son 39-28…
Les chemins de terre? Ils sont globalement en bon état, terre tapée avec peu de gravillons. Seul hic, c’est parfois un peu mou, si bien qu’en danseuse, la roue arrière peut déraper, ce qui m’est arrivé dans certains raidards de 18% où j’ai donc perdu un peu de puissance de traction. On compte environ 20 kilomètres de secteurs non asphaltés sur l’ensemble de la course. Les descentes sur portions de terre sont rapides, j’ai dépassé les 80 km/h à plusieurs reprises! Mais quand la course est lancée, la course est lancée…
Chouchouduvélo
A lire la description de ce parcours, je rêve d’une classique pour les professionnels en WT. En multipliant la distance par 2, ça devrait être envisageable. Peut-être sous forme d’un long circuit si le terrain s’y prête ?
Quand on voit la différence de spectacle entre les flandriennes et celles de type ardennaises, ce genre de parcours sélectif favoriserait les attaquants au détriment des attentistes.
En tout cas, bravo Laurent pour avoir participé à cette course difficile avec si peu de jours de courses pour tenir le rythme !
Vincent C
@Chouchouduvélo
La Strade Bianche ressemble à tout point à Battenkill. Sauf qu’ici, c’est trop tôt en saison et rarement poussièreux comme la Strade.
mica
Outre les strade bianche cela peut ressembler aussi au Tro Bro Leon qui vient de se courrir en Bretagne (France) mélange de chemins et de routes classiques.
Chouchouduvélo
@Vincent, tout comme on a le triptyque ardennais (Amstel, Flêche, LBL), on pourrait bien créer un triptyque canadien avec Battenkill ajouté aux 2 courses existantes Québec et Monréal ? En +, ça amortirait les frais de voyages des équipes majoritairement européennes.
@mica, oui le Tro Bro Leon est une belle course dans le même genre, mais sa date est bien mal placée, le même jour que l’Amstel.
J’adore les Strate Bianche, une course qui mériterait de monter en grade elle aussi.
Laurent
@Tous,
Effectivement, j’aurais aussi pu titrer « Strade Battenkill » car c’est une course similaire à la classique italienne, c’est certain.
Michel
J’ai fait 5 fois Battenkill, autrefois Battenkill-Roubaix. Exceptionnellement tard en avril cette année, les conditions étaient exceptionnellement bonnes! Le parcours particulièrement exigeant était cependant plutôt peu garni en portions de terre battue cette année contrairement aux années précédentes. Et aussi sec, ce qui n’est pas une mince difficulté! En repérage vendredi en fin de journée, le sol mouillé de certaines portions rendaient les ascensions plutôt hasardeuses avec glissement de la roue arrière dans le pentes les plus abruptes.
Ça demeure un exercice difficile qui lance la saison dans le plaisir. Pour ma part, j’avais moins de 300km au compteur. Alors aucune attente. Sur la ligne de départ, des costauds connus en André Lamarche et John Gee, champion canadien 2014. Largé dans la Juniper Swamp hill, j’ai frappé le mur et terminé en touriste! Que du bonheur ce parcours quand tu peux lever la tête! Le lendemain, en mode Gran Fondo avec ma blonde, j’ai doublé le plaisir!
Dieter Drake
Hello –
Thank you for the nice review and comments. Regarding the prospect of a UCI Professional race – we had very successful 200 km UCI 1.2 races at Battenkill in 2010 and 2012. We have lost major sponsors since then and could not afford it after that, though I continue to seek those opportunities. Combining with the Quebec WT races is something I have thought of before, but one of us would have to move to either either the fall or spring…