Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Auteur/autrice : Laurent Page 325 of 354

La Suisse, la Beauce, etc.

Comme d’hab, beaucoup de choses à dire en ce début de semaine :

1 – Superbe victoire (par 1 seconde!) de Jan Ullrich au Tour de Suisse. C’est en remportant le clm du dernier jour qu’Ullrich a pu récupérer le maillot, perdu au profit de Jeker lors de la difficile étape de montagne 2 jours avant. Pour Ullrich, il s’agit d’une victoire très importante : en plus de se rassurer lui-même (rien de mieux qu’une victoire pour la confiance…), il rassure son équipe, ses fans et le public qu’il est bien à l’heure. Il ne lui reste plus qu’à peaufiner doucement sa condition d’ici le départ du Tour.

2 – Route du sud : victoire aujourd’hui de McGee dans le clm, devant Millar qui paye probablement son manque de compétition lors de l’affaire Cofidis. Si le plateau est moins relevé que prévu (on annonçait Armstrong il y a quelques semaines…), l’épreuve révèle également que Casar et… Cadel Evans sont en forme ascendante, tout comme Kloden. C’est Ullrich qui va être content en prévision du Tour…

3 – Peu de choses à dire en revanche du côté du Tour de Catalogne, remporté par Perdiguero, sinon la 3e place de Laiseka et la 9e de Lastras, tous deux probables sur le Tour de France.

4 – le Tour s’annonce cette année bien intéressant avec de nombreux favoris qui arrivent en forme. Mais du côté des Belges, des Hollandais voire des Italiens (hormis Basso), c’est plutôt maigre… Les Merckx, VDB, Verbrugghe, Boogerd, Garzelli et Simoni sont bien peu visibles sur l’avant-scène ces jours-ci…

5 – le Tour de Beauce a été remporté par un polonais, comme prévu. Les polonais sont en effet souvent à l’honneur en Beauce. C’est Brozyna qui l’emporte devant le colosse Australien Nathan O’Neil et l’Américain Moninger. Le premier Canadien, Dominique Perras, est 13e, Dionne terminant à la 17e place.

Tout un casse-tête en prévision pour la sélection de l’équipe canadienne (3 coureurs) en vue d’Athènes. Si une place est très certainement réservée à Michael Barry, 5 athlètes se disputent en effet les 2 autres places : Perras (Champion Canadien et premier Canadien en Beauce), Dionne (une victoire d’étape en Beauce), Fraser (2 victoires au Tour de Georgie, excellent sprinter, ce qui, à Athènes, est un atout), Walters (coureur complet et excellent sur des courses en circuit) et Wolhberg (l’homme-chrono au Canada, celui qui à notre sens a le moins de chances de se qualifier pour la course sur route). Notre pronostic : Fraser et Dionne.

6 – Vous trouverez ici un intéressant – bien que court – reportage sur les cycles Pinarello, une institution dans le monde du cyclisme. Seul élément de regret chez Pinarello, ils n’ont encore jamais, à notre connaissance, produit de cadres slopping…

7 – le recours en justice intenté par Armstrong a été rejeté, ce que nous considérons être une excellente nouvelle pour l’avenir du sport.

Le Tour de Foglia

foglia.jpgNous venons de terminer la lecture du livre « Le Tour de Foglia » paru récemment aux Éditions La Presse avec la collaboration de Vélo Mag. Ce livre connaît actuellement un certain succès au Québec, étant premier au palmarès des ventes de la librairie Clément Morin par exemple.

Pour nos lecteurs européens, Pierre Foglia est un populaire journaliste – chroniqueur social au journal La Presse, « le plus grand quotidien francophone d’Amérique ». Bon vulgarisateur, posant un regard unique sur le monde qui l’entoure, il écrit depuis de nombreuses années des éditoriaux, des billets très populaires sur des sujets qu’il choisit au gré de l’actualité ou de ses états d’âme. D’origine italienne mais installé au Québec depuis son enfance, il est grand amateur – et pratiquant – de cyclisme. Il a couvert, depuis le début des années 1990, de nombreux Tours de France pour le bénéfice des lecteurs de La Presse, s’intéressant souvent – et avec brio – aux à-côtés du Tour plutôt qu’à la course elle-même. Plus récemment, il a beaucoup couvert les affaires Jeanson, s’étant lié d’amitié avec cette coureuse québécoise contreversée depuis les Championnats du monde d’Hamilton.

Son livre est en fait un recueil de ses chroniques passées sur le Tour, chroniques regroupées sous quelques thèmes : les seigneurs du peloton (Armstrong, Indurain, Ullrich), les Canadiens (Bauer, Fraser), les chevau-légers (Chiappucci, Hamilton, Hampsten, Jalabert, Pantani, Rominger, Virenque), le maillot noir, autour du Tour (Tour 101), la montagne, la tourpitude et la France du Tour.

C’est un véritable plaisir que de lire ce livre et La Flamme Rouge vous le recommande sans réserve si vous désirez passer un bon moment. N’étant pas un grand fan de Foglia lorsqu’il écrit sur le cyclisme, nous devons reconnaître qu’il sait captiver le lecteur par ses chroniques jamais banales. De plus, il nous rejoint sur notre façon de traiter du cyclisme : il essaie de poser un regard éclairé, n’hésitant pas à parler du cancer du cyclisme, le dopage. Cette chronique, en particulier, nous interpelle :

Circulez, y a rien à voir (chronique du 5 juillet 2003, soit au départ du Tour l’an dernier) :

« On nous dit que ce Tour de France du centenaire, en empruntant la route de ses pionniers, renouera avec ses valeurs fondamentales : courage, endurance, discipline. On nous dit ca. Si vous voulez mon avis, ce sont là de ronflants radotages tout à fait dans le style du directeur du Tour, Jean-Marie Leblanc. La réalité, c’est que le Tour est malade.

L’autre jour, avec des amis cyclos, nous parlions du jeune coureur français, Fabrice Salanson, 23 ans, trouvé mort dans sa chambre au départ de la première étape du Tour d’Allemagne. Nous évoquions évidemment le dopage. Quoi d’autre? Vous connaissez beaucoup de garçons de 23 ans, pas du tout malades la veille, ni l’avant-veille, ni jamais, qui sont morts comme ça, subitement, pendant la nuit, dans leur lit?

Aussitôt le résultat de l’autopsie connu – aucune trace de rien – l’Équipe, journal du Tour, s’est dépêché de faire honte à tous ceux qui, comme moi et mes amis cyclos, avaient osé penser dopage : « jamais les raccourcis et la suspicion d’une certaine presse à l’affôt des scandales n’ont été aussi déplacés », nous admonestrait notre confrère. Et Lance Armstrong d’en rajouter une couche: « Qu’on pense à sa mère ; c’est vraiment dégueulasse ». Le lendemain, les coéquipiers du malheureux garçon déclaraient qu’ils ne souhaitaient pas évoquer cet épisode douloureux.

C’est de ce silence là, opaque et agressif, dont souffrent le Tour de France et le vélo professionnel (et le sport en général). Ce garçon faisait partie de la jeune relève française, celle dont on dit qu’elle est en train de changer les mentalités du cyclisme. Voyez la portée du symbole, voyez le bond en arrière si on l’avait trouvé drogué. Dieu merci, on n’a rien trouvé dans sa chambre ni dans son sang. Youpi, ce garçon est mort à l’eau claire. Circulez, y a rien à voir.

Depuis cinq ans, depuis l’affaire Festina, c’est ce qu’on nous répète chaque fois: circulez, y a rien à voir. Les affaires continuent pourtant de se succéder à un rythme effarant. En plein Tour de France 2002, Igor Gonzalez de Galdeano, alors maillot jaune, est testé positif aux corticoides. Galdeano est blanchi par le président de l’Union Cycliste Internationale lui-même, qui conteste la validité des tests de l’Agence mondiale antidopage (de Richard Pound). Or, Galdeano vient d’être rétroactivement suspendu pour six mois.

À la fin du Tour 2002, Edita Rumsas est arrêtée à la frontière italienne, son auto pleine de produits dopants. Elle est la femme du Lituanien Raimondas Rumsas, révélation du Tour, troisième derrière Armstrong et Beloki. Lui non plus n’avait rien dans sa chambre ni dans son sang. (Rumsas vient de se faire épingler pour de l’EPO au Tour d’Italie).

En janvier, le coureur italien Denis Zanette meurt lui aussi de mort « naturelle » alors qu’il est chez son dentiste. Rupture d’anévrisme. L’autopsie ne révèlera rien.

Et en juin, ce jeune homme de 23 ans.

Le Tour est malade de ses mensonges, dont quelques uns sont mortels. Le Tour est malade et pourtant il n’est jamais allé aussi vite. C’est son autre maladie : la vitesse. Quand on leur reproche de se « soigner », de monter leur taux d’hématocrite à la limite du permis, de se faire délivrer des ordonnances de complaisance pour des corticoides, ils répondent que ces « soins » sont nécessaires parce que leur sport est très dur. Sauf que plus il se « soignent », plus ils vont vite. Cherchez l’erreur : plus ils vont vite, plus leur sport est dur.

Plus ils vont vite, plus le spectacle est nul. Plus le peloton va vite, plus il est difficile d’en sortir. Les étapes de plat se résument à 200 kilomètres de non-course avec un sprint massif au bout. Il ne se passe plus grand chose au Tour, et cela depuis près de 15 ans, depuis Miguel Indurain et ses cinq victoires de suite, toutes semblables. Indurain préfigurait le champion biologique (biochimique?) qu’est Lance Armstrong. Le Tour aujourd’hui se joue sur 15 kilomètres, généralement dans la première étape de haute montagne. Que dis-je, 15 kilomètres? Le Tour se joue sur le premier démarrage de Lance Armstrong, 500 mètres, parfois moins, et c’est fini. Le reste n’est que du remplissage publicitaire.

Le Tour n’est plus cet espace mythique ou se nouaient des drames, ou les échappées se développaient comme des chevauchées fantastiques dans des décors dantesques, ou naissaient des histoires qui faisaient de la course un événement littéraire autant que sportif. Aujourd’hui, les drames se nouent presque toujours en marge de la course elle-même, comme les affaires de dopage et leur judiciarisation, comme les morts accidentelles, celle de Fabio Casartelli en 1995, celle d’Andrei Kivilev dans Paris-Nice au début de la saison. C’est bête à dire, mais aujourd’hui, le Tour n’est vibrant que dans l’hommage à ses morts. À moins qu’ils n’embarrassent, comme ce jeune homme de 23 ans « mort de rien » dans sa chambre, la veille du Tour d’Allemagne. Alors on se dépêche de les enterrer en silence. Circulez, y a rien à voir. Taisez-vous, y a rien à dire.
Fin de l’extrait.

Toujours très engagé, Foglia se mouille toujours franchement, sans détour, intelligemment. S’il sait parler de sujets aussi sérieux que le dopage, la lecture de son recueil ne donne aucune impression de « lourdeur » mais est plutôt divertissante, souvent carrément amusante (extrait, parlant de l’arrivée à La Bourboule dans le Tour 92, étape gagnée par Stephen Roche : « L’arrivée de l’étape d’hier était d’ailleurs jugée dans le stationnement d’un terrain de golf. Les Français sont en train de capoter sur le golf. Pas à la portée du Français moyen, le golf, et c’est bien pour ça que ça pogne autant ; qui veut être moyen? Surtout pas le Français« .

Par moment, on retrouve même chez Foglia un brin du génie d’Antoine Blondin, avec qui il partage l’art de porter un regard différent sur cette course voire, dans une moindre mesure, le jeu de mots : « Les coureurs passent à l’écran de la petite télé à piles en même temps que sur la route, juste devant. « Dépâche-toi, dépêche-toi, crie sa femme, les v’là ». « Reste là, je vais te voir à la télé », lui répond le bonhomme. C’est pas parce que la France d’en bas va à la montagne qu’elle prend de l’élévation. »

Bref, courrez-vite chez votre libraire vous procurez ce livre qui, pour le profane en cyclisme, saura vous faire passer un très bon moment et mieux connaître le Tour ainsi que le cyclisme. Si le puriste sera agacé à quelques reprises par un manque évident de culture cycliste, il saura lui-aussi avoir du plaisir à lire ces chroniques du Tour. Et à 30$, c’est un rapport qualité-prix exceptionnel!

Un premier pas vers la victoire

C’était le premier gros test aujourd’hui sur le Tour de Suisse, une étape de 185 kms avec deux cols importants, bien que peu connus. Pour le leader Ullrich, l’étape était cruciale : ou il montrait être sur la bonne voie en vue du Tour, ou il perdait le maillot et beaucoup plus, c’est-à-dire la confiance de ses équipiers, de son encadrement et de ses supporters.

Si l’étape a été remportée par Aabersold (un autre Suisse!), Ullrich a terminé parmi les premiers, ne laissant aucun doute sur sa condition actuelle. Il s’agit d’un événement important puisqu’il envoie un signal clair à ses adversaires, surtout Armstrong, comme quoi il faudra encore une fois compter sur lui en juillet.

La victoire au Tour de Suisse n’est cependant pas encore acquise pour l’Allemand, puisque l’étape de demain se termine en altitude. Ullrich pourra compter sur un Guerini en bonne condition, excellent équipier aujourd’hui. S’il perdait du temps demain, le clm du dernier jour sera à son avantage puisqu’il lui permettrait de refaire éventuellement son retard.

Une victoire d’Ullrich au Tour de Suisse, 3 semaines avant le début du Tour, alors qu’Armstrong n’a terminé « que » 4e du Dauphiné, ferait en sorte de lui redonner l’ascendant psychologique qui était, depuis février dernier, dans le camp Armstrong.

Remontée des équipes de grands tours…

Si le leader Nicolas Fournier semble bien installé au sommet du classement (il dispose, dans son équipe, de Jan Ullrich, ce qui devrait lui permettre de limiter la casse en juillet!), on dénote, à l’issue du Dauphiné, pas mal de changements dans le classement.

D’une part, notre lanterne rouge du début de saison, Alain Dauphin, a fait un bon spectaculaire, passant de 57 points à… 176 (merci Iban Mayo!). C’est désormais notre coéquipier Luc Ostiguy (500 watts au seuil) qui occupe le dernier rang.

Pour preuve que le classement change, notre leader au sortir des Classiques du printemps, Didier Mangin, recule progressivement au classement : il n’est plus « que » 12e… Parmi les nouveaux venus au sommet du classement, Éric Lehoux (Hamilton, Mayo, Mercado), Stéphane Tremblay (Pereiro, Rasmussen, Sevilla) et, un peu plus bas, Natalie Dagenais (O’Grady, Armstrong, Leipheimer, Hunter).

La Flamme Rouge a marqué des points grâce à Hamilton et Ullrich, mais se traine encore dans les profondeurs du classement…

Vos commentaires sont, comme toujours, les bienvenus. Merci de nous faire part d’éventuelles erreurs. Prochaine mise à jour au sortir du Tour de Suisse, d’ici une semaine.

* Nicolas Fournier 464
* Paul Courtemanche 408
* Roger Filion 386
* Éric Lehoux 385
* Stéphane Tremblay 373
* Dominique Paget 364
* Tomas Marchetti 361
* Natalie Dagenais 359
* Lysanne Fratelli 354
* Arianne Levasseur 353
* Pierre Beaudoin 350
* Didier Mangin 330
* Alain Levasseur 329
* François Gaudreau 328
* Robert Mayer 327
* Patrice Beaulieu 324
* Sébastien Bosvieux 310
* Simon Lemay 305
* Louis Potvin 302
* René Rellier 298
* Marc-Antoine Martel 292
* Luc Langevin 287
* Chris North 280
* Étienne Gagnon 278
* Réjean Miousse 277
* Daniel Boivin 271
* Maxime Caron 270
* Raphaël Watbled 269
* Éric Lepage 264
* Cest Raoul 261
* Jean-P. Wauthier 247
* Francis Lemay 245
* François Bérubé 241
* Marc Beaulieu 241
* Antoine Lord 238
* Ronald Martel 228
* Sylvain Lépine 221
* Réjean Asselin 219
* Stéphane Martel 210
* Alain Potvin 177
* Alain Dauphin 176
* Laurent Martel 168
* Cyclick 165
* Marie-C. Grégoire 165
* Luc Ostiguy 85

Pas mal de changements !

Une nouvelle mise à jour du pool de cyclisme est disponible pour tous les participants, en date d’aujourd’hui. Cette nouvelle mise à jour tient donc compte du Dauphiné Libéré et des 3 premières étapes du Tour de Suisse.

Jeanson mal entourée ?

La Flamme Rouge a reçu cet intéressant article d’Éric Goulet, ce candidat au doctorat en physiologie à la Faculté de médecine de lêU. de Sherbrooke et qui avait écrit dans le journal La Presse, en janvier dernier, pour se prononcer sur les possibilités d’atteindre un taux d’hématocrite élevé par simple usage d’une tente hypoxique.

Nous rejoignons cette fois-ci les propos de M. Goulet lorsqu’il écrit que Geneviève Jeanson est probablement très mal entourée. Le récent épisode à la Flèche Wallonne l’a encore prouvé.

Beauce, Armstrong, Jeanson, etc.

Beaucoup à dire aujourd’hui :

1 – Merci à STF le patineur pour son commentaire et ses encouragements. Effectivement, il est beaucoup question de dopage sur La Flamme Rouge. Mais aussi sur beaucoup de sites de cyclisme, car les affaires se succèdent à un rythme effarant depuis un an. Comment ignorer cette réalité? Chose certaine, si parler du dopage fait mal au cyclisme on est tous d’accord, nous ne voulons sous aucune considération retourner aux années 1990, l’époque des champions chromés qui roulaient à 50 à l’heure sans une goutte de sueur et sans question: ce serait se voiler la face.

Et effectivement, La Flamme Rouge comme d’autres (Daniel Baal, les médecins français responsables du suivi longitudinal, Pierre Ballester, Sandro Donati, David Walsh, etc.) émettent des propos qui peuvent ressembler à des accusations gratuites ; c’est que les preuves sont extrèmement difficiles à trouver, et les grandes enquêtes judiciaires y parviennent à peine. Rappelez-vous les années fastes de l’EPO : pas un contrôle positif, pas une question lorsqu’on voyait les mecs monter à 30km/h de moyenne les cols, en attaquant sans cesse…

Ce qu’on peut dire, c’est que comme vous tous, on a bien hâte de laisser place au sport et de cesser de parler de dopage ; mais pour l’instant, c’est impossible, car il n’est question que de ca dans l’actualité.

2 – Ce matin encore, Le Monde publie un article sur la vaste enquête qui a actuellement lieu en Italie et qui éclabousse nombre de coureurs pros, notamment de l’équipe Saeco, de la Fassa Bortolo et de la Domina Vacanze. Dans ce contexte, la question reste entière : que fera Jean-Marie Leblanc?

3 – Dopage toujours : Armstrong contre-attaque, et c’est normal. Comme les auteurs du bouquin n’ont aucune preuve formelle, mais rapportent plutôt des conversations, Armstrong n’aura pas de mal à s’en sortir. Ce dernier, de retour aux États-Unis, tiendra une conférence de presse à 15h depuis Washington, probablement pour annoncer le successeur au sponsor US Postal. C’est la compagnie Discovery Communications (Discovery Channel, TLC et Travel Channel, entre autre) qui est préssentie.

4 – Jeanson a reçu un simple avertissement de la Fédération Américaine pour avoir négligé de se présenter à un contrôle anti-dopage lors de la Flèche Wallonne, en avril dernier. On se réjouit que la fédération américaine aie limité la sanction à un simple avertissement, car cela permet à Mme Jeanson de participer aux JO d’Athènes. Très sport des américains car ils auraient pu priver l’équipe canadienne d’une athlète qui peut aspirer à une médaille…

5 – Pour rester au Québec, le difficile Tour de Beauce s’élance aujourd’hui de la ville de Québec avec une 1ere étape qui comporte… 12 ascensions de la côte Gilmour qui mène aux plaines d’Abraham, excusez un peu. D’entrée, il y aura donc de sérieux écarts. L’étape du Mont Mégantic est prévue pour vendredi. À noter que Dominique Perras et Charles Dionne sont présents mais sans leurs équipes respectives, car la course entrait en conflit avec des sélections américaines en vue des JO. Ces deux coureurs se retrouvent donc au sein de l’équipe canadienne, et sont forcément privés d’équipiers pour les aider. Pour Perras, plutôt grimpeur, les conséquences ne sont pas catastrophiques, mais pour Dionne, sprinter, c’est autre chose puisque qui lui amenera les sprints? Voici un bon texte sur les favoris du Tour de Beauce. Comme son auteur, on pense qu’il faudra surveiller, comme d’hab, ces diables (et durs au mal) de polonais!

Matos et perf au Ventoux

Voici un petit reportage sur le vélo de Lance Armstrong, un Trek Madone, utilisé lors du clm au Ventoux jeudi dernier.

Il est intéressant de noter qu’Armstrong avait des manivelles de 175mm, et non de 177,5 mm. On pourra se questionner sur ce choix, qui privilégie probablement la vélocité à la puissance.

Point commun de tous ses vélos, la selle, une Concor, à laquelle il reste fidèle. Une selle peu emballante pour le moins, qui semble appartenir à une autre époque et dont le poids semble loin de ce qui se fait de plus léger. Armstrong a toujours roulé sur une telle selle, probablement privilégiant le confort.

Enfin, on pourra remarquer une position des cocottes de frein particulièrement relevée ainsi qu’un faible écart entre la hauteur de selle et du guidon, laissant croire que la position d’Armstrong sur ce vélo est assez relevée. On est donc très loin des positions exemplaires d’un Michele Bartoli ou d’un Franck Vandenbroucke par exemple, les muscles lombaires d’Armstrong ne lui permettant visiblement pas de descendre très bas.

Le Dr. Ferrari nous livre ici quelques réflexions intéressantes quant à la performance des cyclistes sur les pentes du Ventoux jeudi. C’est ainsi qu’on apprend que Charly Gaul faisait, en 1959, un temps de 1h02, très respectable aux vues du classement de jeudi dernier, avec un vélo qui était au moins 3kg de plus qu’aujourd’hui. Armstrong, pour sa part, semble avoir répété très exactement la performance qu’il y avait réalisé en 1999, témoignant peut-être qu’après des années fastes en 2000, 2001 et 2002, il doit désormais composé avec une baisse de ses performances depuis 2003. Si c’est le cas, cette baisse sera-t-elle suffisemment importante pour lui faire perdre le prochain Tour?

Perf de Mayo et Tour de Suisse

Cyclingnews a produit une intéressante analyse de la performance d’Iban Mayo hier sur les pentes du Ventoux. On y apprend notamment que Tom Danielson a évolué sur des bases très similaires lors de l’ascension du Mt Washington l’an dernier, et que Geneviève Jeanson aurait probablement terminé parmi les 20 premiers hier si on transpose au Ventoux sa performance l’an dernier au Mt Washington. Si les comparaisons sont toujours boîteuses, notamment en raison des conditions, climatiques par exemple, qui ne sont jamais les mêmes, l’analyse est tout de même intéressante.

Le Tour de Suisse s’ébranle demain et constitue l’autre grande course de préparation au Tour de France. Si le plateau est définitivement moins relevé qu’au Dauphiné, l’équipe T-Mobile a de la gueule, avec le champion défendant Vinokourov, mais aussi Ullrich bien sôr, Botero, dont on cherchera à évaluer la condition, Guerini et Nardello. Les CSC misent sur leur part sur Julich voire Luttenberger en montagne. Danielson poursuivra son apprentissage sur les grandes courses à étape au sein de la Fassa Bortolo qui aura pour leader Cioni, 4e du Giro. Retour de Casagrande chez Lampre, après un début de saison pourri par une tendinite. Il pourra compter sur Belli, toujours bien en Suisse, pour l’épauler. Les Lotto-Domo sont aussi en configuration « Tour de France » et Merckx sera mis à l’épreuve. Phonak, qui dépêche son contingent suisse, notamment Zuelle, Moos, Camenzind, Aabersold, etc, sera à surveiller, une victoire à domicile faisant toujours l’affaire du sponsor. On sera d’ailleurs surpris de ne pas y voir Hamilton ou Sevilla, mais le test du Ventoux a probablement joué pour beaucoup dans leur préférence pour le Dauphiné. Enfin, Garzelli, ancien double vainqueur du Tour de Suisse, essaiera probablement de renouer avec la victoire après un Giro en demi-teinte.

Comportant 9 étapes, le parcours est peu exitant puisqu’il faudra probablement attendre le dernier jour, un court clm de 26 kms, pour voir le gagnant réellement émerger. Les 3e, 6e et 7e étapes comportent de la montagne, mais on est franchement peu impressionné par le menu proposé. Le Tour de Suisse cette année sera roulant et en ce sens, sourira aux opportunistes, qui pourraient être des inconnus. En ce sens, le Tour de Suisse n’a pas su, cette année, proposer un parcours pouvant rivaliser avec celui du Dauphiné, jugé plus exigeant par les protagonistes de juillet.

Le site web officiel, bien fait, est ici. On y retrouve un direct pour suivre la course.

Mayo, comme prévu

Victoire d’Iban Mayo aujourd’hui sur les pentes rocailleuses du Mont Ventoux, dans une étape qui appartient à la légende du cyclisme. Il repousse le 2e du jour, un surprenant Hamilton, à 35 secondes. Sevilla, retrouvé et faisant partie de la même équipe qu’Hamilton, termine 3e à 1min03. Les Phonak sont donc très bien positionnés pour attaquer Mayo et ses Euskaltel-Euskadi dans les prochains jours.

L’autre grande nouvelle est la 5e place d’Armstrong, qui lâche près de 2 minutes (une valise!) sur Mayo (1min58 très exactement). Connaissant la volonté de l’Américain de s’imposer au Mont Ventoux, il s’agit d’une grosse déception pour lui et d’une surprise. On attend ses déclarations dans les prochaines heures.

Il convient toutefois d’être très prudent dans l’analyse de ces résultats. De deux choses l’une : ou Armstrong a trop donné depuis le début de la saison, enchainant plusieurs victoires (notamment au Tour de Georgie), et est déjà entamé dans ses réserves, ou au contraire la coupure récente l’a fait prendre un peu de retard et sa condition est ascendante, bien que encore partielle. Il faudra voir comment il récupère dans les prochains jours.

Autre élément, Armstrong n’est jamais aussi fort que lorsque revanchard. On l’a bien vu l’an dernier dans le Tour, après sa chute à Luz Ardiden. Touché dans son orgueil aujourd’hui, Armstrong voudra réagir dans les prochains jours, motivé par un fort sentiment de revanche. En gagnant au sprint une étape en ligne au Tour de Georgie, Amrstrong a également démontré pouvoir s’imposer sur tous les terrains.

Le Dauphiné est donc loin d’être terminé, mais Mayo est solidement installé en tête. Seule incertitude, les grands favoris (Hamilton, Armstrong, Basso, etc.) voudront-ils se dépouiller pour aller chercher la victoire, sachant que l’objectif est davantage le Tour dans un mois ?

Affaire Cofidis

La récente affaire de dopage au sein de l’équipe Cofidis piétine selon un article publié aujourd’hui dans le très sérieux journal Le Monde. Il faut absolument lire cet article, qui évoque comment on chercherait notamment à protéger le Tour de France de nouveaux scandales, ce qui nous apparaît évident depuis 2 ou 3 ans.

En tout cas, il s’agit sans l’ombre d’un doute d’une autre démonstration éloquente que les grands dirigeants du cyclisme mondial utilisent tous les moyens nécessaires afin de protéger le sport de se faire une nouvelle fois discréditer. C’est ainsi qu’on a fait en sorte de transformer « l’affaire Cofidis » à une simple « affaire Gaumont », en ne manquant pas de discréditer le coureur, soulignant qu’il aurait agi par vengeance. La méthode est éprouvée depuis Manthéour, depuis Bassons : on isole celui qui parle, on le discrédite, et l’affaire s’éteint. Récemment, c’est Manzano et c’est Gaumont qui ont subi le même traitement.

Tout cela nous désole et montre que le milieu est pourri jusqu’à la moelle. Plus que jamais, on ne gagne pas un Tour de France à 41 de moyenne en buvant de l’eau claire…

Le Ventoux demain !

Demain sera escaladé contre-la-montre le Géant de Provence, si redouté, mais aussi si aimé, des coureurs cyclistes. Les occasions d’un tel clm dans l’histoire du cyclisme sont rares, et Cyclingnews nous présente un intéressant – bien qu’incomplet – texte à ce sujet.

Il est à prévoir qu’Armstrong se livre à fond, lui qui a toujours rêvé de s’imposer là-haut. Il avait les moyens de le faire sur le Tour en 2000, mais avait cru bon de laisser gagner un Pantani en voie de retrouver la grande condition. On connaît la suite de l’histoire… Toujours sur le Tour quelques années avant, le grand Éros Poli, coureur italien, parvenait à hisser sa carcasse jusqu’en haut de cette montagne en préservant une avance suffisante qui lui permettait de remporter l’étape au pied de la descente. Derrière, Indurain avait impressionné, amenant la plaque entre Chalet Reynard et le sommet, devant un Virenque et Leblanc à l’agonie.

En 1999 sur le Dauphiné, Jonathan Vaughters, excellent grimpeur américain et aujourd’hui à la retraite sportive, s’y imposait dans le dernier clm sur ce lieu mythique. Le dernier clm dans le Tour remonte à 1987, année ou Jean-François Bernard s’y imposait avec brio, dans un masque de souffrance à peu près inégalé à ce jour. Pour la petite histoire, Bernard Tapie, le manager de l’équipe Toshiba de l’époque, lui avait promis une Porsche s’il remportait l’étape… Bernard a longtemps conservé le véhicule.

Et que dire du malheureux épisode de la mort de Tom Simpson, en 1967, qui contribue encore aujourd’hui à inspirer la crainte chez ceux qui veulent s’attaquer au Géant de Provence ? Car les fortunes sont diverses et imprevisibles sur cette montagne qui réserve toujours des surprises de taille à ceux qui essaient de la vaincre.

Du Mont Ventoux, on dit d’ailleurs : « n’est pas fou qui monte le Ventoux mais est bien fou qui y retourne. » Le Ventoux est escaladé une fois et demie par les cyclos qui se lance dans la Ventoux, épreuve du Grand Trophée, et c’était dimanche dernier. Notre excellent confrère et ami Raphaël nous livre ici dans ce texte un compte-rendu de ses aventures sur cette cyclosportive redoutable.

Le Mont Ventoux a enfin inspiré certains cyclistes à former le club des Cinglés du Ventoux, dont le critère pour y adhérer n’est pas à la portée de tous puisqu’il faut atteindre le sommet trois fois au cours d’une même journée, et par trois routes différentes…

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