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La grande victoire d’Alaphilippe

Point rageur sur la ligne d’arrivée, cri primal lancé au passage, c’est trois ans de frustration que Julian Alaphilippe a évacué hier en gagnant « signature Alaphilippe » le Grand Prix cycliste de Québec.

Solo. La plus belle façon de gagner qui soit, et celle qu’il a souvent adopté notamment lors de ses deux titres mondiaux.

Beaucoup de panache également, en s’envolant notamment dans la dernière ascension de la côte de la Montagne. Où et quant il le fallait.

Une magnifique victoire, acquise avec les jambes d’abord bien sûr, mais aussi la tête. C’est peut-être là qu’Alaphilippe a gagné hier, sachant s’économiser une fois sorti dans un groupe de contre à près de 80 kilomètres de l’arrivée, car c’était se dévoiler tôt dans le final. Son directeur sportif l’a avisé de demeurer calme et concentré, c’est ce qu’il a fait et ca a payé. Quitte à jouer « quitte ou double ».

D’autres coureurs avec lui dans le contre ont pu être irrités de la non-collaboration du Français. Ce dernier a certainement pu leur servir l’argument du sous-nombre, les Astana étant deux, et de la présence d’un UAE Team Emirates, qui préparait certainement le terrain pour Tadej. Du coup, ce n’était pas à Alaphilippe de rouler, car il n’avait pas de stress à voir l’entreprise échouer.

Avec cette victoire, Alaphilippe relance sa carrière en quelque sorte, venant de prouver aux yeux du (petit) monde WorldTour qu’il peut encore gagner des courses de ce niveau, devant des pointures comme Pogacar et Van Aert. Bettiol hier en avait visiblement sous la pédale, et c’est donc un excellent Alaf qui a dû se mobiliser pour la gagne. Il sera logiquement un favori des Mondiaux au Rwanda fin septembre et c’est tant mieux.

UAE la désorganisation

Pour le reste, scénario très classique sur ce GP de Québec: une échappée matinale avec deux excellents coureurs canadiens (Philippe Jacob et Félix Bouchard) qui sont allés loin dans la course, et loin dans la souffrance, le peloton qui met en route après la mi-course, et un final explosif dans les trois derniers tours, notamment sous l’impulsion d’un excellent Tim Wellens, à l’ouvrage pour préparer le terrain pour Tadej.

C’est dans les deux derniers tours que je n’ai pas compris la stratégie de l’équipe UAE: après l’attaque de Tadej dans l’avant-dernière ascension de la côte de la Montagne, ce dernier voulait visiblement remonter dans l’échappée Alaf devant.

Pourquoi ne pas avoir demandé à Sivakov – présent devant – d’aller chercher Pogi derrière? À un moment, moins de 20 secondes séparaient les deux groupes!

Plus encore, le manque de cohésion entre Pogi et son coéquipier Brandon McNulty présent lui-aussi dans son groupe m’a laissé dubitatif: pourquoi? En travaillant tous les deux sur le boul. Champlain avant la dernière ascension de la côte de la Montagne, ca pouvait probablement rentrer sur le groupe Alaf, et là on aurait peut-être eu une toute autre course. Voir à trois si Sivakov s’était retourné pour aller chercher ses deux coéquipiers.

Sinon, les Visma ont semblé débordé dans ce dernier tour, pris à contre-temps et sans pouvoir réellement s’exprimer. Les sprinters Arnaud deLie et Michael Matthews étaient également trop isolés pour pouvoir faire quelque chose.

Les Canadiens: mention très bien!

Très belle course des coureurs de l’équipe canadienne hier, même si c’est Hugo Houle qui arrive premier Canadien à l’arrivée.

Philippe Jacob et Félix Bouchard ont longtemps résisté dans l’échappée devant, il fallait voir leur rictus dans la côte de la Montagne à quelques tours de la fin pour comprendre toute leur motivation du jour. Beau à voir!

Surtout, mention très bien à Jérome Gauthier qui est allé au bout de la course, étant officiellement classé. 18 ascensions de la côte de la Montagne tout en roulant souvent très vite sur le reste des 12 kilomètres au tour, fallait l’encaisser hier.

Ca faisait plaisir à entendre: la foule était sensiblement plus bruyante au passage des coureurs canadiens, même sur les trois derniers tours alors que plusieurs étaient lâchés.

La photo de la victoire d’Alaf est signée Grégoire Crevier, un ami.

Le vidéo de la course est ici.

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GP cyclistes: Pogacar l’épouvantail

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Le beau dimanche des UAE

  1. VELOOLMO

    Ca lui fera des souvenirs. Il se souviendra certainement longtemps des numéros de dossards de ceux qui travaillaient devant lui. Enfin, il aura été en tête pendant cent mètres. Bravo « champion ».

    • Oui, il est resté dans les roues jusqu’à ce que l’échappée à laquelle il appartenait soit sous la menace d’un retour du groupe Pogacar.
      À partir de ce moment là, il a pris ses responsabilités en relayant à son tour.

      Un relais, cela ne se prend pas, cela ce cède…

      • Sur la tactique de JulianAlaphilippe à Québec, le GP Montréal lui donne raison.

        À la pédale et uniquement à la pédale, il n’y a rien à espérer face à Pogacar et son équipe UAE. Sur un parcours plus difficile qu’à Québec, c’est une démonstration de force.
        À part une relative faiblesse de son équipe nationale, il va être dur à battre sur les championnats du monde, d’Europe et le Tour de Lombardie.

  2. Il restait effectivement 20 secondes à boucher… Je ne vois pas en quoi le sacrifice de Pavel Sivakov aurait permis de les combler en seulement 11,5 km. Il était bien plus utile à l’avant en ne prenant plus de relais.

    Puis lui avait au moins une chance de gagner (il n’est vraiment pas passé loin, deuxième à deux secondes, alors que Pogacar n’était pas capable de se débarrasser d’un excellent Biniam Girmay et toujours sous la menace des redoutables Arnaud De Lie et Michael Matthews.

  3. Thomas Voeckler sur « la victoire de la maturité » de Julian Alaphilippe lors du Grand Prix de Québec : « Il a bénéficié de son aura » – Vidéo Cyclisme – Eurosport https://share.google/xY0MljCT9juBiNRf4

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