Geste disgracieux s’il en est, fort heureusement très rare dans le cyclisme et ce, à toute les époques. Il faut croire que l’extrême difficulté du sport rapproche les hommes plus qu’elle ne les éloigne.
Grivko aurait agi ainsi parce que Kittel aurait tenté de le pousser hors d’une bordure. Chose certaine, on a dû provoquer Grivko d’une quelconque façon pour qu’il cède ainsi à ses émotions.
Grivko s’est par la suite excusé, il a été exclu de la course, et pourrait être suspendu six mois du sport. Son équipe a également affirmé qu’elle pourrait lui imposer une sanction supplémentaire.
Si je regrette le geste, incompatible avec l’esprit du sport cycliste, je crois qu’il ne faut pas trop en rajouter. Grivko a été suspendu de la compétition, a présenté des excuses, son équipe aussi, l’affaire est pour moi réglée. Pas la peine d’en rajouter.
Attachons-nous plutôt à débusquer les tricheurs qui usent du dopage sanguin ou… mécanique!
L’aisance avec laquelle il s’est imposé ne laisse en tout cas aucun doute sur sa condition physique. C’est pas compliqué, il est une jambe au dessus de tout le monde!
Le Canadien Mike Woods a bien limité les dégâts hier, terminant 9e à 19 secondes de Porte. Woods pointe en 16e place du général, à 29 secondes de Porte. Il confirme son statut de leader chez Cannondale, sa bonne condition générale, et je pense qu’il attendra désormais l’avant-dernière étape pour tenter un rapproché du podium de l’épreuve.
C’est le temps qu’a mis l’équipe canadienne de poursuite sur piste pour franchir les 4 kilomètres de l’épreuve de la Coupe du Monde d’Apeldoorn aux Pays-Bas, ce qui leur a valu la… première place!
C’est un moment historique: il s’agit de la toute première victoire du Canada sur une poursuite dans le cadre d’une Coupe du Monde.
Les 4 coureurs de l’équipe étaient Aidan Caves, Adam Jamieson, Jay Lamoureux et Bayley Simpson.
Rappelons que la poursuite canadienne féminine avait remporté la médaille de bronze à Rio.
Et enfin, rappelons aussi que le temps des Canadiens à Apeldoorn demeure loin de celui des Britanniques à Rio: 0:03:51.953.
Il convient tout de même de saluer cette belle performance des pistards canadiens!
Je sais pas vous, mais ma première réaction hier en découvrant le profil du prochain Tour de France a été la suivante: « inspirant »!
Car contrairement aux années 1980, 1990 et 2000, ce Tour de France ne sera pas forcément gagné « dans la 3e semaine », comme le veut le vieil adage.
D’une part, ce prochain Tour comporte peu de chronos: 36 kilomètres en tout et pour tout, répartis en deux étapes, la première à Dusseldorf en Allemagne sur 13 kms, la seconde la veille de l’arrivée à Marseille, sur 23 kilomètres.
Aussi bien dire que ce n’est pas là que se gagnera cette 104e édition, longue de 3516 kilomètres.
D’autre part, on entrera cependant vite dans le vif du sujet, avec notamment cette arrivée à la Planche des Belles filles des la 5e étape, après une course assez courte (160 kms) et comportant une belle bosse juste avant ce final, la côte d’Esmoulières. La chance sourira aux plus audacieux!
Intéressant, on remet ça à peine trois jours plus tard, en fin de première semaine donc, avec cette arrivée à la station des Rousses dans le Jura. Et là encore, quelques belles petites bosses placées avant l’arrivée pour bien lancer la course, j’aime!
La 9e étape entre Nantua et Chambéry sera assurément un moment fort de ce prochain Tour de France, possiblement LE moment fort, juste avant le premier jour de repos. Voyez un peu: 181 kilomètres, un premier col dès le km 0 (le col de Bérantin) pour lancer la course, puis le col de la Biche, le Grand Colombier sans répit derrière pour ensuite aller chercher l’apothéose, soit la montée du Mont du chat, toute une ascension que j’ai fait l’été dernier, par son côté le plus dur. La plongée sur le Bourget du Lac côté Chambéry sera également très intéressante car assez technique dans le bas, et on sera ensuite rapidement à l’arrivée. Toute une étape, magnifique!!!
Bref, ce Tour de France pourra presque se gagner dès la première semaine, ce qui n’est pas arrivé souvent dans l’histoire du Tour.
Les coureurs voyageront ensuite vers les Pyrénées, où des étapes à mon sens moins inspirantes les attendent. Seule la 12e étape entre Pau et Peyragudes est vraiment digne d’intérêt car comportant un final musclé, avec le franchissement du Port de Balès, de Peyresourde puis l’enchainement rapide sur Peyragudes. C’est long, 214 kilomètres!
Les coureurs traverseront ensuite le massif central, un secteur qui a souvent créé des rebondissements dans la course, les routes rendant mal et la chaleur pouvant faire son effet. L’étape du Puy en Velay sera une autre étape où des actions inattendues pourraient se présenter, car casse-pattes.
Enfin, deux très belles étapes à mon sens attendront les coureurs dans les Alpes. La première entre La Mure et Serre Chevalier passe par les col d’Ornon (facile), le col de la Croix de Fer via Allemont, puis le col du Galibier, toujours redoutable. Très bien! Il ne faut pas oublier que le Galibier se franchit à plus de 2600m d’altitude et que cela a toujours son effet.
La seconde sera originale puisque son arrivée sera jugée au sommet du col d’Izoard, que les coureurs escaladeront par son côté le plus difficile, via la Casse Déserte. L’amorce du col, par Guillestre, est également interminable de faux-plats ascendants très usants. Juste avant, les coureurs auront franchi le col de Vars, un enchainement classique dans ce secteur. Le col d’Izoard est suffisamment long et pentu, notamment du côté de Brunissard, pour créer des écarts et les coureurs ne voudront de toute façon pas attendre le dernier chrono à Marseille, trop court.
Bref, ce Tour de France propose un parcours inspirant, qui sourira très certainement aux attaquants, aux audacieux et qui exigera des principaux leaders une attention de tous les instants afin de ne pas perdre trop de temps, ni d’être piégés. Aucun relâchement possible sur un tel parcours, que ce soit en 1ere, en 2e ou en 3e semaine. Les cols proposés ne sont certes pas les plus classiques, mais ils sont pentus, souvent tortueux, donc techniques également, notamment cette descente du Mont du chat, ou du Grand Colombier: j’aime!
Les possibles perdants sur un tel parcours? Les sprinters, qui n’auront pas tant d’étapes que ça pour se faire valoir!
Quoi qu’il en soit, sur un tel parcours, une très bonne équipe capable d’imposer un gros tempo lors des phases critiques des étapes sera évidemment un très gros atout et en ce sens, l’avantage va encore, sur le papier du moins, à l’équipe Sky selon moi. Ca sera nettement plus compliqué pour des leaders isolés.
L’étape du Tour
Ce sera entre Briançon et le sommet du col d’Izoard, sur 178 kilomètres. Pas une étape trop difficile, puisque le col de Vars n’est pas très difficile. La distance et la chaleur seront les principaux ennemis des participants, il faudra notamment en garder sous la pédale pour le secteur après Guillestre, pied du col d’Izoard. Les faux plats ascendants sont longs, et le pire est à venir notamment avec ces rampes pentues vers Brunissard. Pratique toutefois, les coureurs n’auront qu’à se laisser descendre pour rejoindre leur lieu de départ une fois la ligne franchie! Une belle cyclo en perspective.
Du coup, la bonne partait avec plus de 30 coureurs. De l’aveu de l’intéressé, Peter Sagan a failli manquer le coup et a été le dernier à s’accrocher!
Jusque là donc, parfaite maitrise des Anglais, des Belges, voire des Italiens, des Norvégiens, des Australiens et des Suisses. Les Français, les Néerlandais, les Espagnols ont presque tous passés à la trappe sur ce coup là!
C’est dans les 10 derniers kilomètres que les équipes bien représentées devant ont perdu la course, je pense notamment aux Belges.
Avec des coureurs comme Van Avermaet, Roelandts, Naesen et Stuyven, il fallait que les Belges créent une course de mouvement devant, en attaquant à tour de rôle. C’est ainsi qu’ils auraient notamment pu sortir Sagan probablement, qui disposait de beaucoup moins d’équipiers pour faire le travail. Avec un Italien et un Australien, une échappée de trois coureurs aurait pu aller au bout selon moi. Au lieu de cela, les Belges ont parfaitement amené pour Sagan, roulant à un tempo élevé en tête de course. Ca servait à quoi? Il était évident que ça ne reviendrait pas derrière…
Idem pour les Australiens: pourquoi ne pas avoir lancé Mathew Hayman devant?
Seul le néerlandais Tom Leezer a essayé dans les derniers hectomètres, et il a duré beaucoup plus longtemps seul devant que je ne l’aurais cru. Avec un Belge, un Italien et un Australien, cette échappée allait au bout et empêchait les sprinters de conclure…
Bref, Boonen s’en veut, Cavendish s’en veut, Kristoff s’en veut: il fallait lancer les équipiers devant, ces sprinters étant en plus capables de se débrouiller seuls dans le dernier kilomètre. Je ne comprends pas pourquoi ces grands leaders ont ainsi sous estimé Peter Sagan qui a été intelligent, restant complètement caché dans les roues jusqu’à 150m de la ligne. Il avait fait le même coup à Québec, faisant le mort pendant 200 bornes pour produire un seul effort, le bon, aux 200m.
Sagan doit vraiment être mort de rire ces jours-ci!
Surtout, Sagan a choisi de passer dans un tout petit espace, sur la droite de la route, coincé entre les balustrades et Giaocomo Nizzolo. Si ce dernier avait roulé 15 cm plus à droite, ou s’il avait « fermé la porte », c’est probablement à l’hosto qu’on aurait retrouvé Sagan après la course, et non sur le podium. Il fallait une grosse paire de couilles pour oser passer là selon moi!
Sagan disposait d’une sacré réserve de puissance également puisque ce n’est pas lui qui a choisi le chemin le plus court des 300m jusqu’à la ligne.
Quoi qu’il en soit, le sprint a été royal hier avec Mark Cavendish 2e et Tom Boonen 3e. Trois champions du monde sur le podium, du jamais vu!!!
Cavendish s’en voulait après l’arrivée et je le comprends: il aurait tellement dû faire confiance à son compatriote Adam Blythe qui a lancé le sprint pour lui, plutôt que de choisir de rester dans la roue de Sagan. S’il avait pris cette décision, je suis convaincu que ce serait lui le champion du monde aujourd’hui.
Tom Boonen a quant à lui clairement manqué de jambes à 25m de la ligne, coupant même son effort une fraction de secondes avant de le relancer. Je pense qu’il est parti un peu tôt.
Michael Matthews termine 4, Nizzolo 5e, et deux Norvégiens sont aux 6e et 7e places, soit Boasson Hagen et Kristoff. Ce dernier n’était pas content après la course du « lead-out » offert par Boasson Hagen, estimant que celui-ci avait plutôt joué sa carte personnelle. Les images tendent en effet à donner raison à Kristoff, mais montrent aussi que ce dernier était nettement trop court face aux autres sprinters.
Peter Sagan est en tout cas un bien beau champion du monde, puisqu’un excellent ambassadeur du cyclisme sur route. Il aura surtout été présent de février à octobre, remportant début avril le Tour des Flandres, devenant maillot vert sur le Tour de France en juillet, participant aux JO de Rio sur l’épreuve de VTT en août, puis gagnant le GP de Québec début septembre pour enfin décrocher deux grandes victoires tout récemment, soit le Championnat d’Europe et maintenant les Mondiaux. Quelle saison! C’est à mon sens le meilleur coureur en 2016, aucun doute là dessus.
Excellent Ryan Roth
Le coureur canadien de chez Silber Ryan Roth a terminé ces Mondiaux à la 15e place, une belle performance compte tenu du niveau et de la chaleur de Doha. Champion canadien du chrono cette année, voilà qu’il confirme qu’il évoluait à un très haut niveau cette saison après ses victoires au Valley of the Sun Stage Race, à la Winston-Salem Cycling Classic, au Tour du Saguenay et au Tour de Delta.
Les autres Canadiens engagés n’ont pas terminé la course, notamment parce que plusieurs d’entre eux ont été obligés d’arrêter leur course sur avis des organisateurs, les estimant trop loin de la tête de course. Curieux règlement au niveau professionnel!
Fait intéressant, on retrouve deux autres Colombiens dans le top-20: Rodolfo Torres (13e) ainsi que Darwin Atapuma (18e).
Cette victoire d’Esteban Chaves vient clore toute une saison pour les coureurs colombiens en Europe, de loin la meilleure à ce jour selon moi.
Et surtout, cela confirme que nous sommes en présence d’une génération exceptionnelle de coureurs colombiens actuellement en activité en Europe.
Nairo Quintana a remporté cette saison la Vuelta, le Tour de Romandie, le Tour de Catalogne, la Route du Sud et a terminé 3e du Tour de France.
Esteban Chaves a quant à lui terminé 2e du Giro, 3e de la Vuelta, et vient de décrocher le premier monument (les 5 grandes classiques d’un jour du calendrier WorldTour) pour la Colombie en remportant ce Tour de Lombardie.
On a donc eu au moins un coureur colombien sur le podium des trois grands tours cette saison.
D’autres se sont aussi illustrés: je pense à Miguel Lopez, vainqueur du Tour de Suisse et de Milan-Turin, à Sergio Henao, super-domestique pour Chris Froome cette saison, à Jarlinson Pantano, vainqueur d’une étape sur le Tour de France et le Tour de Suisse, à Fernando Gaviria, Darwin Atapuma et Rigoberto Uran, qui demeurent de sacrés références en World Tour.
Le plus impressionnant selon moi, c’est que plusieurs de ces coureurs colombiens sont tout jeunes: Quintana et Chaves ont 25 ans, Lopez et Gaviria 22 ans. Ils seront donc là pour quelques années, et je pense qu’on parlera encore beaucoup des coureurs colombiens au cours des prochaines saisons.
On dispute ce samedi la 110e édition du Tour de Lombardie, la dernière des grandes classiques de la saison cycliste. Disputée à l’automne, son surnom est « la Classique des feuilles mortes ».
Fait intéressant, seulement deux éditions n’ont pas eu lieu depuis la création de cette course en 1905: en 1943 et 1944, dû évidemment à la Deuxième guerre mondiale. Le Tour de Lombardie a eu lieu durant toute la Première grande guerre, c’est une des rares courses à n’avoir pas été interrompue durant cette période difficile.
Le parcours varie d’année en année, mais toujours dans la région des lacs de Lombardie, souvent près de Côme. La course emprunte donc un parcours accidenté, propre à une sélection impitoyable dans le final. Il faut avoir de bonnes jambes pour gagner celle-là!
Cette année, le parcours, long de 241 kilomètres, a été durci (mais pas de Mur de Sormano!). C’est ainsi que Messieurs les coureurs n’auront aucun répit à partir du kilomètre 125, enchainant une série d’ascensions assez difficiles sans secteurs plats entre ces difficultés.
La montée du Valcava, dont le sommet est au km 143, lancera assurément la course. Et dans le final, c’est à dire les 40 derniers kilomètres, l’enchainement du Miragolo San Salvatore puis immédiatement après du Selvino pourra faire la sélection finale.
Et la tradition sera respectée cette année encore avec un passage à la Madonna Del Ghisallo, la chapelle dédiée aux cyclistes sur les hauteurs de Bellagio (l’article se poursuit après les quatre photos suivantes, prises lors de mon séjour en 2014).
Une météo difficile… encore une fois
Côté météo, ça s’annonce difficile avec de la pluie annoncée et ce, dès vendredi. Peu de vent, et des températures correctes avec environ 20 degrés. Ca sera toutefois plus frais le matin. De quoi durcir encore un peu plus la course.
Quelques équipes se dégagent avec plusieurs favoris.
Je pense évidemment d’abord à l’équipe Astana, dont plusieurs coureurs sont italiens et vivent dans cette région. Fabio Aru, Diego Rosa et surtout Miguel Lopez, vainqueur hier de Milan-Turin, sont évidemment des coureurs à surveiller de très près. C’est certain que les Astana feront la course dans le final samedi, c’est l’équipe à battre avec des gregario de luxe tel que Tanel Kangert, Paolo Tiralongo, Dario Cataldo ou encore Jokob Fuglsang.
Je pense ensuite aux Cannondale-Drapac, avec Rigoberto Uran, Moreno Moser, Tom Slagter et Mike Woods. De très belles cartes à jouer et je fais de Uran mon favori #1 pour samedi, il tourne autour d’une belle victoire depuis quelques semaines déjà.
Les AG2R La Mondiale ont deux belles cartes à jouer avec Romain Bardet, vu à l’attaque dans le final de Milan-Turin, et Pierre-Roger Latour dont le parcours convient à ses qualités. À ne pas oublier non plus au sein de cette équipe les Jan Bakelandts, Domenico Pozzovivo et Hubert Dupont.
Greg Van Avermaet, récent vainqueur du GP de Montréal, sera de la partie chez BMC, qui sait ce qu’il pourra faire? Chez BMC toutefois, la meilleure carte actuellement est probablement Darwin Atapuma.
Les Etixx débarquent avec Alaphilippe, Brambilla, Daniel Martin et Vakoc, et moins de pression puisqu’ils ne seront pas favoris au départ. Alaphilippe a souvent bien marché dans des conditions difficiles, c’est un attaquant. Daniel Martin a l’expérience de cette course, il l’a gagné en 2014.
Attention également à Rui Costa chez Lampre, dont la condition est à la hausse. Il a besoin d’une belle victoire cette saison et la Lombardie représente une de ses toutes dernières chances.
Tony Gallopin chez Lotto a montré des signes de forme récemment, même si je crois que ce sera un peu trop dur pour lui dans le final samedi.
Récent vainqueur du Tour d’Émilie, Esteban Chaves chez Orica est assurément un autre coureur parmi les tous premiers favoris de l’épreuve, avec Uran. Il est épaulé par une belle équipe, notamment les deux Yates. Je le vois très bien sur le podium samedi soir, et même sur la première marche.
Enfin, notons parmi les outsiders de l’épreuve les coureurs suivants qui pourraient entrer dans les 10 premiers à Bergame: Mikel Landa, Warren Barguil, Joaquim Rodriguez, Wilco Kelderman et Robert Gesink, Bauke Mollema, Damiano Cunego et Tim Wellens.
Notons enfin qu’on annonce Alberto Contador au départ, ainsi que le plus vieux pro du peloton, Davide Rebellin, 45 ans!
Trois coureurs canadiens au départ, soit Mike Woods et les pré-retraités Ryder Hesjedal ainsi que Christian Meier.
Mike Woods en entrevue à l’arrivée de Milan-Turin hier, c’est ici.
Michael Woods, 2e aujourd’hui de Milan-Turin, yeah!!!
Way to go Michael! Next target, Il Lombardia…
Deux semaines seulement après sa victoire sur la Classique des Appalaches. Si vous doutiez de l’efficacité et de la difficulté de cette dernière course, vous pouvez constater que c’est une excellente préparation même pour les épreuves les plus difficiles sur le circuit européen.
La Classique des Appalaches, c’est toute une course/GranFondo. Définitivement à considérer pour votre tableau de chasse : cette épreuve a tout pour devenir un rendez-vous incontournable du paysage cycliste au Québec, au même titre par exemple que les Défis du Parc de la Mauricie ou le GP Charlevoix.
L’organisation hier était parfaite, on voit que l’équipe derrière la mise sur pied de l’épreuve n’a rien laissé au hasard. Les bénévoles étaient partout, souriant. Le site d’arrivée parfait lui-aussi, et surtout spectaculaire, avec une vue imprenable sur la région. Articles de récupération, bière, poutine de cerf, tables de pic-nic, ambiance, j’ai vraiment eu du bon temps hier au sommet de ce Mont Arthabaska, au terme d’une Classique qui sait se mériter.
Et que dire du speaker! Ce type est génial! Il a su mettre une grosse ambiance à l’arrivée, nommant de nombreux coureurs qui en terminaient péniblement par leur nom, galvanisant la foule. Excellent travail mon ami!
J’ai pu assister à l’arrivée de la course pro, une arrivée comme celle de l’an dernier: Mike Woods (Cannondale-Drapac), solo.
Le grimpeur d’Ottawa s’est échappé exactement au même endroit que l’an dernier, dans l’avant-dernière difficulté du jour, la « côte des Antennes » située à moins de 10 bornes de l’arrivée. De là, courte descente assez rapide, un kilomètre de plat et on attaque la montée finale du Mont Arthabaska.
Le podium a été complété par Mathieu Jeannes (Team Lupus) et Hugo Houle (AG2R – La Mondiale), ce dernier ayant été très actif durant la course pour provoquer la sélection malgré une semaine compliquée précédemment. À noter la belle 5e place d’un jeune coureur junior de 18 ans, Jean-Denis Thibault.
Woods et Houle en entrevue après l’arrivée soulignaient une fois de plus la difficulté de la course, Woods la comparant même au final de certaines Classiques belges du mois d’avril!
Hugo et Mike prenaient l’avion dans la foulée pour rejoindre l’Europe. Hugo participe cette semaine au Eneco Tour, préparation finale en vue des Mondiaux de Doha d’ici trois semaines. Mike m’avouait à l’arrivée se sentir de mieux en mieux sur le vélo, et faire de ce prochain Tour de Lombardie – dont 1000m de dénivelé ont été ajoutés au parcours – un objectif.
Outre le parcours hier, très difficile, la course hier a été durcie par un invité surprise: le vent! Un vent soutenu, souvent de face dans les portions difficiles, comme dans cette bosse interminable vers St-Remi-de-Tingwick, au km 80 et qui a brisé les jambes de nombreux participants.
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Je participais moi-même dans la course « Open Amateur A » avec les séniors 3 ainsi que les Maîtres 30-39 ans. Peloton nerveux au départ, et la course s’est réellement emballée comme prévu au km 30, dans cette ascension vers Saint-Fortunat.
Sitôt après, le long tronçon de chemin de terre battue a achevé de faire exploser le peloton, de nombreuses chutes et crevaisons, notamment du nouveau champion du monde 40-44 ans Michel Jean, survenant également. Fait remarquable, Michel a réussi à terminer 3e de l’épreuve m’a-t-on dit, chassant pour rentrer sur la tête de course pendant une bonne demi-heure, et surmontant une crevaison un peu plus tard! C’est aussi ça la Classique: la version québécoise du Tour des Flandres!
Je me suis accroché à la course jusqu’au km50, où mon gabarit de 135 livres mouillé ne m’a pas favorisé sur les portions de terre battue où l’on doit mettre du braquet (je vous l’ai déjà dit, on n’a jamais vu Marco Pantani remporter l’Enfer du Nord…). Roulant à bon rythme par la suite avec un équipier, il a crevé au km 90 environ, je l’ai attendu pour l’aider dans les 20 derniers kms alors qu’il commençait à faiblir. Je termine la saison en beauté, en profitant bien de cette ascension du Mont Arthabaska, en jouant les équipiers de luxe pour mon équipe des Rouleurs-Polo Vélo qui ont connu une saison vraiment magnifique, ponctuée de nombreux podiums et d’une ambiance du tonnerre au sein de l’équipe. Pour preuve, mon équipier Marc Brazeau a remporté cette Classique des Appalaches chez les Maîtres 2!
Je suis maintenant en vacances, et content de l’être: les jambes n’étaient pas formidables hier, et les pulsations cardiaques ne montaient plus, preuve que j’ai besoin d’un bon break. Après tout, je suis sur la brèche depuis janvier dernier, avec un gros mois d’août et septembre pour préparer cette Classique, et Green Mountain Stage Race à laquelle j’ai participé il y a deux semaines.
En bref, j’ai compris hier pourquoi la Classique des Appalaches avait été élue « événement de l’année » l’an dernier à sa première édition, ce qui n’est pas peu dire. Félicitations à mon ami Alexis Pinard, à toute son équipe et à tous les bénévoles hier pour une journée magnifique. Et à tout ceux qui n’y étaient pas hier, ne manquez pas cet événement l’an prochain!
Certains d’entre vous, surtout les lecteurs européens qui représentent 50% du lectorat de ce site, se seront surpris de ne pas me voir couvrir la Vuelta durant les trois dernières semaines.
Loin de moi l’idée de bouder cette course magnifique! C’est simplement que l’actualité cycliste au Québec était bouillonnante, et que j’ai accordé une certaine priorité à ces événements près de moi.
Je vous propose donc aujourd’hui un petit retour sur la récente Vuelta, avec une question: pari gagné pour les organisateurs?
Rappelons que la Vuelta misait clairement cette année sur un parcours différent: des étapes souvent courtes, voire très courtes, ponctuées de difficultés en fin de parcours, souvent des ascensions sèches et très pentues. Pas moins de onze étapes faisaient 170 kilomètres ou moins sur cette Vuelta, contre seulement six sur le Tour de France de juillet dernier.
Pari réussi? Je pense que oui!
Pour preuve, la 15e étape, vers Aramon Formigal: la plus courte de toutes (hormis la dernière étape qui en comportait 104) avec seulement 118 petits kilomètres, rien du tout chez les pros rompus à des Classiques de 260 bornes, mais la plus intéressante des trois semaines!
C’est parti dès le départ, avec une échappée royale incluant à la fois Quintana et… Contador, qui était intenable, fidèle à son habitude sur des étapes aussi courtes (rappelez-vous l’étape de l’Alpe d’Huez sur le Tour 2011, 110 bornes seulement, Contador avait attaqué d’entrée au pied du Télégraphe-Galibier, entrainant avec lui Andy Schleck et déstabilisant Cadel Evans en jaune). Total à l’arrivée de la 15e étape de la Vuelta, un débours près de 2 minutes pour Chaves et de 2min40 pour Chris Froome!
Et surtout, pas moins de 91 coureurs hors délai. 91 coureurs!
Une polémique a d’ailleurs éclaté juste après la décision des commissaires de repêcher tous ces coureurs, leur permettant de prendre le départ de la 16e étape le lendemain. Raison? La quantité d’effort fourni depuis le départ de la Vuelta (donc une forme de reconnaissance de la difficulté du parcours cette année) ainsi que l’image du cyclisme, car le peloton aurait été trop réduit avec l’élimination d’un nombre aussi important de coureurs.
Chose certaine, voilà une preuve qu’en cyclisme, pas besoin de faire des étapes de 220 bornes pour garantir le spectacle: 110 kms suffisent, car des étapes courtes n’effraient pas les coureurs qui osent alors lancer de grandes initiatives dès le début de la course.
Autre preuve, des 17 vainqueurs d’étape sur cette Vuelta, pas moins de 13 en étaient à leur première victoire d’étape sur un grand tour, prouvant que beaucoup de coureurs, même peu expérimenté de la gagne, ont osé essayer sur l’épreuve, n’étant pas rebuté par la longueur des étapes.
C’est donc positif selon moi, et gageons que les organisateurs du Giro et du Tour observent avec intérêt ce qui ressort de l’expérience de la Vuelta en 2016.
Surtout que ce n’est pas fini: une autre polémique sur le parcours de cette Vuelta a éclaté depuis son arrivée dimanche dernier, plusieurs coureurs ayant exprimé publiquement que les étapes étaient trop difficiles cette année, car trop souvent ponctuées dans leur final de montées assassines, avec des pourcentages violents (plus de 18%).
La réplique vient d’arriver des organisateurs: « ...the riders have as much responsibility as anyone when it comes to thinking about the public, because cycling’s business model depends on its audience. The sport is based on the ‘epic’, but epic isn’t just about the kilometres – it’s also about the efforts. »
Bref, j’ai personnellement trouvé cette Vuelta intéressante, car incertaine jusque dans la dernière semaine puisqu’on avait l’impression que tout pouvait être chamboulé sur une seule étape (pour autre preuve, le beau rapproché de Froome vendredi dernier sur le dernier chrono).
Il se dégage qu’en cyclisme, la tradition des grandes Classiques est d’organiser des courses longues, difficiles (plus de 250 bornes). Il faut assurément préserver ce lien avec l’histoire, la tradition du sport.
Sur les grands tours toutefois, pourquoi ne pas revoir le modèle et privilégier dans l’avenir davantage d’étapes courtes (moins de 150 bornes), mais avec du relief pour inciter les coureurs à lancer de loin. Et ainsi créer des rebondissements dont le public est friant…
Autre possible avantage, les coureurs seraient peut-être moins tentés par le dopage si les étapes se limitaient à 3-4 heures de course seulement par jour…
1 – la météo: on annonce beau samedi matin prochain, des vents légers, pas de chaleur accablante et pas trop froid le matin, bref, des conditions idéales pour la pratique du cyclisme!
2 – l’organisation de l’épreuve: sur la Classique des Appalaches, c’est top, rien n’a été laissé au hasard je vous prie de me croire. Des horaires de course bien pensés, pas trop tôt le matin, pas trop tard non plus, du stationnement adéquat et abondant (pas besoin de se stresser pour ça comme sur d’autres épreuves…), un personnel suffisant, un départ contrôlé pour permettre aux participants un réchauffement en douceur, et le sourire de tout le monde!
4 – le prix: entre 100 et 140$ pour les GranFondo, ce qui le situe dans la fourchette basse de ce que j’ai pu voir cette année. Autour de 45-50$ pour les courses sur route sanctionnées, là encore très abordable si on se met à comparer. On s’inscrit ici, et vite! Et puis, la liste des bourses à l’arrivée est impressionnante, une motivation supplémentaire pour pédaler vite.
5 – Hugo Houle, ambassadeur de l’épreuve, et les autres pros qui seront présents: vous n’avez pu parler à Hugo, Mike Woods ou David Drouin vendredi ou dimanche sur les Grands Prix cyclistes de Québec et Montréal? Vous avez la chance de vous rattraper samedi prochain! Plusieurs Silber-ProRacing seront également présents, de même que le champion canadien, Bruno Langlois, qui était lui aussi des deux grands prix le week-end dernier. Que du beau monde, qui auront du temps et qui seront décontractés à l’arrivée!
6 – la Classique des Appalaches: pas l’épreuve, la bière! C’est le nom qu’a donné la microbrasserie Isle de Garde à la bière qui sera servie à l’arrivée de l’épreuve. Rien que ça, ça motivera lorsqu’il faudra serrer les dents…
7 – la poutine et la fête à l’arrivée: ca se passera au sommet du Mont Arthabaska, une fois la ligne franchie. En bref, on s’occupera de vous, parce qu’après l’effort, le réconfort. Et ce réconfort promet d’être à la hauteur de la difficulté de l’épreuve. Vous vous en souviendrez longtemps! (sauf si vous buvez trop de bière…).
8 – la sécurité en course: elle sera assurée, je vous le garantis.
10 – le caractère unique, épique, mythique de l’épreuve, qui s’apparente à la Strade Bianche chez les pros en Italie au début de la saison cycliste. De la dénivelé, des difficultés, de la distance, des paysages magnifiques (j’ai pu le constater de nature), tout ça pour nous permettre de conclure la saison 2016 en beauté, avec un réel sentiment d’accomplissement et des images plein la tête pour les longs mois d’hiver à venir. Ne manquez pas ça! Et pour ceux s’alignant sur les Défis du Parc de la Mauricie d’ici très peu, peut-on vraiment imaginer meilleure préparation finale?
Note aux lecteurs: je parle de la Classique des Appalaches sur La Flamme Rouge parce que j’en ai envie, et non en raison d’un quelconque avantage. J’ai payé les frais engendrés par ma reconnaissance du parcours en juin dernier, comme je paie mes frais d’hébergement et d’inscription à l’épreuve samedi prochain. Simplement, j’ai eu le privilège de prendre connaissance des efforts déployés par l’organisation de la course afin d’en faire un événement unique, épique et mythique, et j’estime qu’il est de mon devoir de soutenir pareille initiative dans le domaine du cyclisme sur route au Québec. C’est à ce prix que nous continuerons d’avoir un calendrier d’événements digne de ce nom…