On nous annonçait « Unique, Épique, Mythique ».
Ben on n’a pas été déçu!
La Classique des Appalaches, c’est toute une course/GranFondo. Définitivement à considérer pour votre tableau de chasse : cette épreuve a tout pour devenir un rendez-vous incontournable du paysage cycliste au Québec, au même titre par exemple que les Défis du Parc de la Mauricie ou le GP Charlevoix.
L’organisation hier était parfaite, on voit que l’équipe derrière la mise sur pied de l’épreuve n’a rien laissé au hasard. Les bénévoles étaient partout, souriant. Le site d’arrivée parfait lui-aussi, et surtout spectaculaire, avec une vue imprenable sur la région. Articles de récupération, bière, poutine de cerf, tables de pic-nic, ambiance, j’ai vraiment eu du bon temps hier au sommet de ce Mont Arthabaska, au terme d’une Classique qui sait se mériter.
Et que dire du speaker! Ce type est génial! Il a su mettre une grosse ambiance à l’arrivée, nommant de nombreux coureurs qui en terminaient péniblement par leur nom, galvanisant la foule. Excellent travail mon ami!
J’ai pu assister à l’arrivée de la course pro, une arrivée comme celle de l’an dernier: Mike Woods (Cannondale-Drapac), solo.
Le grimpeur d’Ottawa s’est échappé exactement au même endroit que l’an dernier, dans l’avant-dernière difficulté du jour, la « côte des Antennes » située à moins de 10 bornes de l’arrivée. De là, courte descente assez rapide, un kilomètre de plat et on attaque la montée finale du Mont Arthabaska.
Le podium a été complété par Mathieu Jeannes (Team Lupus) et Hugo Houle (AG2R – La Mondiale), ce dernier ayant été très actif durant la course pour provoquer la sélection malgré une semaine compliquée précédemment. À noter la belle 5e place d’un jeune coureur junior de 18 ans, Jean-Denis Thibault.
Woods et Houle en entrevue après l’arrivée soulignaient une fois de plus la difficulté de la course, Woods la comparant même au final de certaines Classiques belges du mois d’avril!
Hugo et Mike prenaient l’avion dans la foulée pour rejoindre l’Europe. Hugo participe cette semaine au Eneco Tour, préparation finale en vue des Mondiaux de Doha d’ici trois semaines. Mike m’avouait à l’arrivée se sentir de mieux en mieux sur le vélo, et faire de ce prochain Tour de Lombardie – dont 1000m de dénivelé ont été ajoutés au parcours – un objectif.
Outre le parcours hier, très difficile, la course hier a été durcie par un invité surprise: le vent! Un vent soutenu, souvent de face dans les portions difficiles, comme dans cette bosse interminable vers St-Remi-de-Tingwick, au km 80 et qui a brisé les jambes de nombreux participants.
La der
Je participais moi-même dans la course « Open Amateur A » avec les séniors 3 ainsi que les Maîtres 30-39 ans. Peloton nerveux au départ, et la course s’est réellement emballée comme prévu au km 30, dans cette ascension vers Saint-Fortunat.
Sitôt après, le long tronçon de chemin de terre battue a achevé de faire exploser le peloton, de nombreuses chutes et crevaisons, notamment du nouveau champion du monde 40-44 ans Michel Jean, survenant également. Fait remarquable, Michel a réussi à terminer 3e de l’épreuve m’a-t-on dit, chassant pour rentrer sur la tête de course pendant une bonne demi-heure, et surmontant une crevaison un peu plus tard! C’est aussi ça la Classique: la version québécoise du Tour des Flandres!
Je me suis accroché à la course jusqu’au km50, où mon gabarit de 135 livres mouillé ne m’a pas favorisé sur les portions de terre battue où l’on doit mettre du braquet (je vous l’ai déjà dit, on n’a jamais vu Marco Pantani remporter l’Enfer du Nord…). Roulant à bon rythme par la suite avec un équipier, il a crevé au km 90 environ, je l’ai attendu pour l’aider dans les 20 derniers kms alors qu’il commençait à faiblir. Je termine la saison en beauté, en profitant bien de cette ascension du Mont Arthabaska, en jouant les équipiers de luxe pour mon équipe des Rouleurs-Polo Vélo qui ont connu une saison vraiment magnifique, ponctuée de nombreux podiums et d’une ambiance du tonnerre au sein de l’équipe. Pour preuve, mon équipier Marc Brazeau a remporté cette Classique des Appalaches chez les Maîtres 2!
Je suis maintenant en vacances, et content de l’être: les jambes n’étaient pas formidables hier, et les pulsations cardiaques ne montaient plus, preuve que j’ai besoin d’un bon break. Après tout, je suis sur la brèche depuis janvier dernier, avec un gros mois d’août et septembre pour préparer cette Classique, et Green Mountain Stage Race à laquelle j’ai participé il y a deux semaines.
En bref, j’ai compris hier pourquoi la Classique des Appalaches avait été élue « événement de l’année » l’an dernier à sa première édition, ce qui n’est pas peu dire. Félicitations à mon ami Alexis Pinard, à toute son équipe et à tous les bénévoles hier pour une journée magnifique. Et à tout ceux qui n’y étaient pas hier, ne manquez pas cet événement l’an prochain!
Frédéric Chouinard
Tout à fait d’accord avec toi Laurent, une réussite encore cette année. Félicitations à toutes l’organisation et surtout, surtout aux nombreux bénévoles. Pour ma part, j’ai participé à la gran fondo de 135 km et je dois dire que je suis encore amusé comme un fou et ce malgré les crevaisons et le vent qui rendait le défi encore plus difficile. 2700 mètres d’ascension, une fois par année c’est assez. On remet ça l’an prochain.
Juan Zinfandel
La participation Senior/elite et junior était tout simplement inexistante… Pour faire un article complet il faudrait peut être mentionner cette lacune totalement évidente ainsi que les causes qui l’entoure. Peut être s’agit il d’un reportage « participatif ». On parle ici de la pire présence elite et junior jamais pour le plus beau parcourt et la plus haute bourse… Comment comprendre ?
charles
Je me questionne sur la pertinence de vouloir amener des coureurs comme Woods, Houle, Duchesne, etc.. D’un point de vue PR, c’est excellent pour le volet GranFondo (même s’ils participent au volet course, la visibilité retombe sur les autres volets). Mais pour les athlètes amateurs S1, ça peut avoir l’effet inverse.
Après 40km, la course est jouée, les coureurs du worldtour s’envolent dans la montée de st-fortunat, avec 2-3 chanceux, et on ne les revoient plus de la course.
À ce moment, quelle est la motivation pour un coureur amateur S1?
C’est la dernière épreuve de la saison, donc on ne peut pas s’en servir comme course de préparation pour un autre objectif. Pour plusieurs, la saison est pratiquement finie et ils ont déjà en tête la prochaine saison, alors la motivation d’aller rouler au sein d’un grupetto sur plus de 100km..
Christian Leray
Petit hors-sujet: je viens de voir que Sagan avait remporté les tous nouveaux « championnats d’Europe »!
Mais qu’est-ce que c’est que ca, je n’en avais jamais entendu parler? Quelle est l’idée? Cela va-t-il être remis les années prochaines? Le « champion d’europe » pourra t il porter son maillot toute l’année comme un champion national ou le champion du monde?
Christian Leray
Sinon bravo pour cette 2ème edition de la Classique.
Je me demandais : si elle etait programmée jute avant ou après les 2 grand-prix de Québec et Montréal, est-ce que cela ne pourrait pas intéresser les coureurs World Tour? Ca pourrait donner quelque-chose de pas mal.
En fait, si on alignait le Tour de Beauce, les 2 grand-prix et la Classique ca pourrait donner quelque-chose d’assez exceptionnel, qui pourrait rendre le Québec comme une très belle alternative à la Vuelta, surtout dans l’optique de la préparation aux championnats du monde.
Évidemment, pour le Tour et la Classique, ce serait un changement de dimension qui pourrait déplaire aux coureurs actuels, mais quel beau projet ce serait!
roheto
C’est quoi « Gran Fondo »… cyclosportive ?
thierry (mtl) bécyk
Hors sujet mais très pertinent sur le « dopage » à l’AUT.
L’article de Daniel Benson (un anglais) sur cyclingnews aujourd’hui est une forte charge journalistique contre la probité de la SKY. Un article fouillé, historique et précis qui prend SKY en défaut dans les traitements des AUT qu’a reçu Wiggins. À lire.
http://www.cyclingnews.com/features/pursuit-of-tour-de-france-glory-costs-team-sky-their-idealism/
Tino Rossi
Merci Laurent pour ses beaux compliments.
C’est vrai que l’ambiance était bonne au sommet.
Merci à vous les coureurs.
Et aussi un gros travail d’équipe derrière
ce bel évènement.
Tino
mica
Bravo pour ce compte rendu de la classique des Appalaches, vu d’ Europe, il semble que le cyclisme soit en vogue au Québec. Il n’ en est pas tout à fait de même « chez nous », dans nos campagnes (du centre de la France en particulier) les courses amateurs d’ élite peinent quelquefois à rassembler une vingtaine de participants, avec souvent des archis vétérants qui font encore la loi dans ces maigres pelotons. Que dire des cyclosportives, elles attirent quelquefois du monde, mais cela n’ a rien a voir avec les épreuves de courses à pied. C
Tchmil
@mica,
c’est relatif selon les régions. En Bretagne le cyclisme se porte encore plutôt bien.
Le problème pour les organisations vient des normes de sécurité, de l’administratif et des modifications urbaines.
Cette cyclosportive a l’air attrayante, mais il n’y a pas trop de monde à l’arrivée (suivant les classements). Plutôt que d’axer sur l’élite, ça ne serait pas préférable d’emmener le maximum de participants en développant le côté cyclo-randonnée ?
Très belle place pour notre breton Matthieu Jeannès, en espérant qu’il trouve un point de chute après l’arrêt de son équipe.
mica
Erreur de clavier, je reprends, oui la course à pieds est infiniment plus populaire que le cyclisme actuellement. Je pense en particulier au Trial(course en montagne ou en campagne avec dénivellés très significatifs). Dans chaque département un tant soit peu dénivellé, il existe plusieurs épreuves par semaine avec un Nbre d’ engagés très important, idem pour les courses a pied sur route.
Bref, il me semble que le cyclisme est un peu « ringardisé », il est vrai que le milieu pro a tout fait pour cela, alors qu’il aurait pu servir de « centre attracteur »; loin de là, avec ses « affaires » et tricheries diverses, il en devient presque « répulsif » et bientôt dépassé par la boxe (par exemple). Il n’ est pas exagéré de dire qu’ en Europe le cyclisme n’ interesse que le 3eme àge ou presque.
Toujours Hors Sujet, mais plus réjouissant: le record du 200m plat départ lancé vient d’ étre battu,à Battle Montain par un cycliste de l’ université de Toronto (Todd Reichert) 200m à 144,17 Km/h, oui plus de cent quarante quatre km à l’ heure sur 200m dans un « vélo » entièrement caréné. Le record de l’ heure dans des condition homologues avait été battu par Francesco Russo au début de l’été (92 km/h et des poussières) Bref des chiffres assez impressionnants et qui prouvent bien que le cyclisme est un sport presque exclusivement aérodynamique (sur terrain plat) et pour peu que l’ on y mette les moyens (ici coque aéro. presque parfaite), on peut améliorer largement les performances. De là vient aussi mon obsession des « abris » qui eux aussi favorisent ceux qui savent en profiter, et ils sont légion!
Mon autre obsession concerne les sprints ou les coureurs se mettent « en danseuse » au mépris des » lois aéro » réduisant ainsi leur rendement de maniére drastique, et tout cela poor mettre 2 ou 3 dents de moins ,totalement aberrant; Mais puisque le voisin le fait… et que Jalabert l’a dit…..
mica
@ Tchmil :
je suis d’ accord avec toi concernant les problèmes d’ organisation qui ne sont certainement pas faciles. Mais quand une course régionale est mise sur pied, elle n’ attire pas toujours grand monde, et cela n’a rien à voir avec ce qui se passait il y a 30 ou 40 ans, mais vu mon age, on va dire que je radote, il est vrai que le passé nous parait toujours plus beau…
Tchmil
Oui tout à fait, le cyclisme est populaire chez les retraités et de plus en plus éloigné de la masse. On est d’accord.
Moi-même amoureux du cyclisme et tout ce qui l’entourait (enfant) je me suis mis au trail (comme énormément d’anciens cyclistes que je retrouve sur les courses à pied d’ailleurs). Le cyclisme est trop contraignant, trop cher et les gens du milieu pas toujours compréhensifs quand on ne peut pas aller s’entraîner ou simplement ne pas aider au carrefour du coin le jour de leur course.
J’ai retrouvé dans la pratique du trail tout ce que je recherchais dans le cyclisme et que j’avais perdu de vue … la liberté, les rencontres et la nature !
On s’inscrit quand on veut, on va s’entraîner quand on le peut et avec énormément de plaisir, on rencontre des gens d’univers variés qui ne se prennent pas la tête à comparer leurs dernières paires de roues à 1000 euros … bien loin du monde du vélo et ses gourous malsains.
mica
@ Tchmil: bravo pour ton passage au trail, et merci de rester aussi fidéle au cyclisme, même si comme moi tu peux en dénoncer certains travers.
Le cyclisme, comme le trail est un formidable sport de dénivellation (pour le vélo il faut cependant des routes, car la roue appelle la roue, moins vrai pour le VTT.)
Le cyclisme à cependant l’ avantage d’ étre un sport « dual », véritable duathlon , sans changer de matériel; en effet en plus de l’ aspect dénivellation il est un formidable sport aérodynamique ,sur terrain plat ou quasi plat.
On peut noter aussi, que sur des distances et des dénivellés comparables, le vélo va 3 ou 4 fois plus vite! ( mais je le répéte il faut des routes, et pour l’ aspect « nature » avantage au trail, donc match nul?
Pour les articulations et les blessures à long terme, le vélo est certainement plus « sécurisant » .Allez, j’ arréte mes disgressions!
mica
en début d’ intervention précédente ,lire « la roue appelle la route »