Certains d’entre vous, surtout les lecteurs européens qui représentent 50% du lectorat de ce site, se seront surpris de ne pas me voir couvrir la Vuelta durant les trois dernières semaines.
Loin de moi l’idée de bouder cette course magnifique! C’est simplement que l’actualité cycliste au Québec était bouillonnante, et que j’ai accordé une certaine priorité à ces événements près de moi.
Je vous propose donc aujourd’hui un petit retour sur la récente Vuelta, avec une question: pari gagné pour les organisateurs?
Rappelons que la Vuelta misait clairement cette année sur un parcours différent: des étapes souvent courtes, voire très courtes, ponctuées de difficultés en fin de parcours, souvent des ascensions sèches et très pentues. Pas moins de onze étapes faisaient 170 kilomètres ou moins sur cette Vuelta, contre seulement six sur le Tour de France de juillet dernier.
Pari réussi? Je pense que oui!
Pour preuve, la 15e étape, vers Aramon Formigal: la plus courte de toutes (hormis la dernière étape qui en comportait 104) avec seulement 118 petits kilomètres, rien du tout chez les pros rompus à des Classiques de 260 bornes, mais la plus intéressante des trois semaines!
C’est parti dès le départ, avec une échappée royale incluant à la fois Quintana et… Contador, qui était intenable, fidèle à son habitude sur des étapes aussi courtes (rappelez-vous l’étape de l’Alpe d’Huez sur le Tour 2011, 110 bornes seulement, Contador avait attaqué d’entrée au pied du Télégraphe-Galibier, entrainant avec lui Andy Schleck et déstabilisant Cadel Evans en jaune). Total à l’arrivée de la 15e étape de la Vuelta, un débours près de 2 minutes pour Chaves et de 2min40 pour Chris Froome!
Et surtout, pas moins de 91 coureurs hors délai. 91 coureurs!
Une polémique a d’ailleurs éclaté juste après la décision des commissaires de repêcher tous ces coureurs, leur permettant de prendre le départ de la 16e étape le lendemain. Raison? La quantité d’effort fourni depuis le départ de la Vuelta (donc une forme de reconnaissance de la difficulté du parcours cette année) ainsi que l’image du cyclisme, car le peloton aurait été trop réduit avec l’élimination d’un nombre aussi important de coureurs.
Chose certaine, voilà une preuve qu’en cyclisme, pas besoin de faire des étapes de 220 bornes pour garantir le spectacle: 110 kms suffisent, car des étapes courtes n’effraient pas les coureurs qui osent alors lancer de grandes initiatives dès le début de la course.
Autre preuve, des 17 vainqueurs d’étape sur cette Vuelta, pas moins de 13 en étaient à leur première victoire d’étape sur un grand tour, prouvant que beaucoup de coureurs, même peu expérimenté de la gagne, ont osé essayer sur l’épreuve, n’étant pas rebuté par la longueur des étapes.
C’est donc positif selon moi, et gageons que les organisateurs du Giro et du Tour observent avec intérêt ce qui ressort de l’expérience de la Vuelta en 2016.
Surtout que ce n’est pas fini: une autre polémique sur le parcours de cette Vuelta a éclaté depuis son arrivée dimanche dernier, plusieurs coureurs ayant exprimé publiquement que les étapes étaient trop difficiles cette année, car trop souvent ponctuées dans leur final de montées assassines, avec des pourcentages violents (plus de 18%).
La réplique vient d’arriver des organisateurs: « ...the riders have as much responsibility as anyone when it comes to thinking about the public, because cycling’s business model depends on its audience. The sport is based on the ‘epic’, but epic isn’t just about the kilometres – it’s also about the efforts. »
Bref, j’ai personnellement trouvé cette Vuelta intéressante, car incertaine jusque dans la dernière semaine puisqu’on avait l’impression que tout pouvait être chamboulé sur une seule étape (pour autre preuve, le beau rapproché de Froome vendredi dernier sur le dernier chrono).
Il se dégage qu’en cyclisme, la tradition des grandes Classiques est d’organiser des courses longues, difficiles (plus de 250 bornes). Il faut assurément préserver ce lien avec l’histoire, la tradition du sport.
Sur les grands tours toutefois, pourquoi ne pas revoir le modèle et privilégier dans l’avenir davantage d’étapes courtes (moins de 150 bornes), mais avec du relief pour inciter les coureurs à lancer de loin. Et ainsi créer des rebondissements dont le public est friant…
Autre possible avantage, les coureurs seraient peut-être moins tentés par le dopage si les étapes se limitaient à 3-4 heures de course seulement par jour…
Hermodore
Je partage totalement votre avis.
Mais il ne faut pas oublier que beaucoup de villages traversés attendent avec impatience la fête que représente le passage d’une aussi prestigieuse épreuve que n’importe lequel des trois tours et que des parcours courts diminueraient le nombre de ceux-ci.
Pour ce qui est du sport proprement dit, deux ou trois étapes d’environ 120 kms et de même autour de 150 kms éviteraient le côté fastidieux de ces étapes « processions » pendant lesquelles le peloton attend tranquillement le moment de revenir sur les échappés.
Et pourquoi pas une étape « explosive » de moins de 100 kms. Je pense que les candidats à la victoire seraient si nombreux que plus aucune équipe ne pourrait juguler les ardeurs des coursiers et donc, spectacle garanti et exploits mémorables.
jmax
ce qui fait bouger la course, c’est aussi ce grand contre-la-montre l’avant veille de l’arrivée qui a obligé les purs grimpeurs à prendre des risques afin d’avoir un matelas suffisant. Les organisateurs du Tour délaissent depuis quelques années ce grand CLM, traumatisés par les années de règne de LA et surtout Indurain (pour Hinault, on en était content) qui assommaient la course. Au vu des étapes de montagne désormais, le retour d’un CLM en toute fin de Tour amènerait un nouveau suspens. Sinon, pour moi, l’événement marquant est le lâchage de Froome par Sky et il a du se débrouiller tout seul. Quelque soit le parcours, ce n’est pas la même musique quand sur une étape de 100km, tous tes équipiers sans exception terminent hors délais.
thierry (mtl) bécyk
At the Vuelta you can be aggressive and get away with it but at the Tour everyone is so on their ‘A-game’ that you can go into the red too much and pay for it.”
– Dan Martin.
Je suis bien d’accord sur la présence d’étapes plus courtes et plus variées, mais cette Vuelta aurait été différente en présence de l’équipe A (celle du Tour 2016) de la Sky. La 15e étape vers Aramon Formigal ne ce serait pas passée ainsi pcq la Sky aurait lancé son équipe à l’assaut de Contador et Quintana. En moins de qqs Km, ils auraient été rattrapé. En fait, ils n’auraient même peut-être jamais pu s’échapper.
Christian Leray
@ Thierry Je suis tout à fait d’accord avec toi : Le fait que la Sky était très faible a permis d’avoir une course de mouvement. Sans cela, quelque soit le parcours (distance, difficulté), on aurait assisté au même spectacle qu’au Tour.
Donc je retiendrai avant tout que si l’on veut du spectacle, il faut affaiblir les équipes, donc limiter le nombre d’équipiers. Réduire la distance est selon moi accessoire, au contraire, cela n’use pas les équipiers.
Il faut aussi retenir la course des JO, ou les oreillettes étaient interdites (je me demande pourquoi) et le nombre d’équipiers limité… ce qui a donné un spectacle exceptionnel, la plus belle course depuis des années.
Je me rappelle que beaucoup critiquaient le final tout plat mais on a vu comment un parcours équilibré pouvait donner du spectacle avec ce super final!
Enfin, pour finir avec la Vuelta, je pense que Quintana peut remercier Contador. Sans son attaque dans la 15ème étape qui lui permet de prendre 2’40 à Froome, ce dernier l’aurait emporté grâce au contre-la-montre final. Quintana n’a finalement pratiquement rien tenté.
Si rien ne change (oreillettes et nombre d’équipiers) et lorsque Contador aura pris sa retraite, le Tour et la Vuelta se résumeront à un duel Quintana/Froome et Movistar/Sky, ce qui assurera un certain ennui.
olivier
Des étapes plus courtes contre le dopage, rien n’est moins sur ! En témoigne le 100 en athlétisme qui dure moins de 10 sec…..
Pour les 91 coureurs hors délais repechés , n’est ce pas tout simplement que certains leaders se serait retrouvés sans équipiers ?
Claudio
Réduire le dopage en diminuant le kilométrage des étapes, c’est rêver en couleur: pensons seulement à l’athlétisme ou l’effort est de moins de 10 secondes et où on ne compte plus les scandales de dopage.
slam
La formule de la Vuelta lui sied à merveille. Mais en vertu de quel principe faudrait-il que les grands tours suivent tous la même trace?
Yvon
Je suis un peu gêné par 2 Comportements. Le gruppetto on met des coureurs en réserve on est nombreux on craint rien et on a des troupes fraîches. L autre ce sont les sprinteurs qui remplissent la besace et partent avant l’heure, je couperai la prime en deux, sans oublier les trains de plaine ou de montagne qui tuent l’effort individuel, et endorment la téléspectateur .merci pour votre amour du velo cela fait du bien
Le Pitre
Attention aux conclusions d’après une seule épreuve, laquelle fut très belle (le Giro était bien, le Tour pas mal). Je n’aime pas trop l’expression « ce sont les coureurs qui font la course », mais le déroulé de celle-ci tient fortement aux profils très particuliers de Contador, Chaves et Froome et aux circonstances de course.
En passant, quel dommage que Kruizwijk ait été victime de ce lamentable accident (Hé, Mica, tu nous le dénonces?). Et toujours aucune attention ici ni par l’auteur ni par un commentateur pour notre petit romanais Pierre Latour!
pijiu
Effectivement, la solution semble plutôt à chercher du côté d’une course moins contrôlée et contrôlable (=moins d’équipiers, pas d’oreillettes) que du parcours. Cela donnerait presque automatiquement une prime aux coureurs qui osent prendre la course en main. Contador ou Nibali, aujourd’hui apparemment quelques watts en dessous de Froome ou Quintana, auraient une chance plus importante de renverser la course qu’actuellement. Le spectacle et les audiences y gagneraient, vu le style spectaculaires des deux premiers.
Concernant l’aspect économique, ce ne serait peut-être pas dans l’intérêt des équipes qui veulent sécuriser leur investissement (les millions payés à des leaders qui « doivent » gagner à coup sûr), mais sûrement dans celui des organisateurs (qui prétendent multiplier les initiatives pour rendre les courses intéressantes, mais rechignent devant les mesures simples et efficaces).
Enfin concernant le spectacle, la technologie, si elle est peut-être à bannir sous forme d’oreillette, ne l’est pas sous forme de caméras embarquées. Je me souviens d’une final d’une étape du Tour de Suisse se terminant au sprint, filmé du vélo d’une sprinteur : époustouflant (et terriblement ennuyeux vu de l’hélicoptère). Cela rendrait les directs plus spectaculaires. Incroyable que ce genre d’initiatives ne soient pas plus systématiques, car elles changeraient radicalement l’image du cyclisme que se fait le spectateur lambda (sport ennuyeux, pour vieux, etc.).
otto lilienthal
Si Froome a le droit d’utiliser des produits illicites, c’est parce qu’il a de l’asthme.
Les données du Britannique ont fuité sur Internet…
http://www.20minutes.fr/sport/1925179-20160915-dopage-si-froome-droit-utiliser-produits-illicites-parce-asthme
gl
En 2011 c’était Voeckler en jaune sur l’étape Modane-Alpe d’Huez (étape du Tour, j’y étais!), pas Evans.
Thierry Mtl
La révélation des AUT de Froome et Wiggins ne nous apprend rien qu’on ne savait pas. Bonne nouvelle pour le cyclisme.
mica
La fameuse étape 15 était selon moi totalement bidon, avec collusion des Latins (Italo Ibériques) contre les autres. Et l’ on avait déjà vu cela l’ an passé contre Tom Dumoulin , et certainement d’ autres fois auparavant. Certains coureurs sont spécialistes de ce genre d’ entente (Contador, Valverde, Nibali et bien d’ autres..) On avait aussi vu cela lors d’ une étape du dauphiné il y a 2 ou 3 ans, mais cela n’ avait pas « marché », dans le cas de la Vuelta, il s’agit sans doute d’ un « renvoi d’ ascenseur de Contador à Quintana, ce dernier ayant laissé la victoire au Pistoléro lors d’ une épreuve mineure en Espagne en début de saison. Pour en revenir à l’ étape 15, une moyenne de 41 Km/h pour une étape de haute montagne me laisse très sceptique, que s’ est il exactement passé, on ne le saura bien sur jamais. Je n’ ai pas vu le point de vue de Mrs Porteleau et Vayer sur cette étape, mais peut étre ais je mal cherché; Y aurait il eu du drafting que cela ne me surprendrait pas, mais cela non plus on ne le saura pas, et que dire du dopage sur cette journée particuliére? ce qui me semble sur, c’ est que pas mal de personnes étaient partie prenante dans ce qui ressemble à un coup fourré; Dés lors, je ne peut pas tomber en admiration devant ce genre d’ « événement ».
alain39
Pas d’accord avec cette analyse. C’est une collusion entre espagnols et colombiens qui a sauvé cette vuelta de l’ennui.
Les coureurs sont tous d’un niveau très proche (dopage micro doses oblige) et c’est le coureur avec la meilleure équipe qui gagne.
La réduction des étapes accroît ce phénomène et donc tout se résume à une course de côte où les meilleurs se battent pour grappiller quelques secondes.
Reste le chrono qui est dorénavant limité à sa plus simple expression avec un chrono court qui permet de maintenir le suspense.
Sans cette collusion Froome faisait le doublé. D’ailleurs il est intéressant de voir que les coureurs font dorénavant le doublé ce qui n’arrivait plus depuis les années 90 époque de l’open bar en EPO.
Vuelta insipide dans sa majeure partie et seule une étape méritait notre attention. Etape qui a d’ailleurs été également marquée par le comportement du peloton qui n’a pas roulé. 91 coureurs hors délai c’est un record à mon sens et il dénote un pb grave.
Les coureurs ont quelque part refusé de respecter le règlement et ainsi contesté. Contesté quoi? Personne ne pose la question? Pourquoi pas de question? Il y a un malaise et pour le cacher on a préféré réintégrer tout le monde. Je suis déçu que personne ne soulève ce lièvre.
mica
@ alain 39 : d’ accord avec toi il y a plus qu’ un malaise dans le cyclisme, ce sport ou souvent il n’ y a pas de règlement, et quand il y en a un, on s’ assoie dessus!
Je ne peux admettre qu’ une échappée « naisse » dans les roues des motos. Que dire de la montée des cols quand les motos sont tout juste devant certains coureurs? ( quand ce ne sont pas les voitures, voire la voiture directoriale,cela s’ est vu).
Alors, je sais à 15 ou 18 km/h le phénoméne d’ aspiration est négligeable, mais dés que la pente se réduit un peu et que l’ on peut rouler à 24, 26 ou 28Km/h, l’ aspiration redevient prépondérante, mais personne ne dit rien.
De toute façon, une étape de montagne disputée à 41 Km/h est selon moi très suspecte, même si elle était très courte. Je rapellerai qu’ au tour de l’ avenir il y a 1 mois une étape comparable, mais encore plus courte avait été courue à moins de 30 Km/h de moyenne.
Les coureurs du T de l’ avenir, méme plus jeunes, ne sont pourtant pas des « manchots »?
Je n’ ai pu lire nulle part l’ analyse de Mrs Porteleau et Vayer… si l’ un d’ entre vous a des informations sur une analyse à propos de cette étrange étape, je serais content de les connaître.
Bon, je sais, ce n’ est pas la premiére étape « bidonnée » de l’ histoire du cyclisme, elles sont même légion.
Mais qu’ el étrange sport quand même, et auqu’un de ses acteurs ne s’ avisera, bien sur, a « ouvrir la boite de pandorre » ; J’ en vois certain préts à dire:
« Fromme n’ avait lui aussi qu’ a trouver des alliés dans le peloton ». eh oui, je penses que l’ on en est là ,… triste et anti sportif au plus haut point.
Pour évoquer autre chose qui n’ a rien à voir, on vient de nous sortir des « championnats d’ Europe » entre les J.O. et les championnats du Monde. Quelle inflation, et quelle redondance! (d’ autant plus que l’ europe du cyclisme c’ est le monde il suffit peut étre de lui ajouter la Colombie et l’Australie, pardon pour nos amis Canadiens!)
Bref. encore une fois le cyclisme se ridiculise et de décrédibilise……