Ben LA révélation de ce Tour de Romandie, c’est le jeune coureur Bora-Hansgrohe Florian Lipowitz, 3e du général et surtout 2e de l’étape reine samedi dernier vers Leysin. Impressionnant!
23 ans seulement, le jeune Lipowitz a attaqué dans le final, faisant exploser le groupe jusque là amené par Ineos-Grenadier et un excellent Egan Bernal qui revient à son meilleur niveau.
Contré par la suite par nul autre que Richard Carapaz, Lipowitz faisant un impressionnant rapproché dans le dernier kilomètre pour venir mourir dans la roue du coureur équatorien sur la ligne. Il s’en est fallu de peu!
Payez-vous les images!
Pour la petite histoire, Lipowitz est un ancien… biathlonien. Deux planches de ski de fond, il connait donc.
Lipowitz sera normalement au départ du Giro le week-end prochain, ca sera intéressant de le surveiller pour voir s’il pourra confirmer, et remporter une victoire d’étape.
Pour le reste, ce Tour de Romandie confirme l’excellente condition de Dorian Godon, deux victoires d’étape pour le cyclisme français, confirme également un Egan Bernal en net progrès, et enfin les bonnes tenues d’Enric Mas, Alexandr Vlasov et Carlos Rodriguez. Ceci étant, nombre de ces coureurs, dont Mas, Carapaz et Bernal, ne seront pas présents sur le prochain Giro, dommage…
On regardera de plus près cette semaine les favoris du Giro, mais jusqu’à présent, il semble que Tadej Pogacar n’aura pas une grande opposition, et je vois mal qui pourra lui barer la route vers le maillot rose…
Tant chez Shimano que chez Sram, les trimestres avec un chiffre d’affaire à la baisse s’enchainent depuis un moment déjà, disons mi-2023.
L’industrie du vélo s’essouffle-t-elle?
C’est probable oui.
D’une part, il semble que les inventaires sont très élevés partout, donc les invendus. Si les prix n’ont pas baissé beaucoup jusqu’ici, à terme ces stocks importants devraient avoir un effet à la baisse sur les prix.
D’autre part, il est clair que l’arrivée des freins à disque a été un fort vecteur de vente dans le vélo depuis 6 ou 7 ans. Or, la transition tire très probablement à sa fin, entrainant probablement une demande moindre pour les vélos et les composantes.
Plusieurs « stop ride » ont également été émis depuis quelques années, notamment du côté de Shimano et Canyon. Cela peut avoir un effet négatif sur la vigueur du marché pour ces marques, la confiance du public pouvant être ébranlée dans ces circonstances.
Enfin, il est clair que les pressions inflationnistes en vigueur depuis 18 mois réduisent les marges de manoeuvre de nombreux ménages de par le monde. Avec le prix du logement et des prêts hypothécaires, de l’essence, des aliments qui ont augmenté significativement depuis 18 mois, il est aujourd’hui moins facile de dégager 15,000$ pour l’achat d’un vélo haut de gamme, voire même 6,000$ pour l’achat d’un vélo de gamme intermédiaire, que ce soit pour un premier achat ou pour le renouvellement d’un vélo.
Pas impossible non plus que le vélo se soit beaucoup démocratisé depuis une dizaine d’année, et qu’on arrive à une certaine saturation du marché, qui n’est tout de même pas infini, en dépit de la croissance démographique qui, elle-aussi, s’essouffle dans de nombreux pays (mais pas le Canada).
Pour survivre et conserver les parts de marché dans ce monde ultra-compétitif, je suppose qu’il n’y a pas 36 solutions: miser sur le WorldTour et des ambassadeurs comme Mathieu, Tadej, Nino ou Demi et innover, toujours innover, question de continuer d’attirer le client. Mais l’innovation effrénée a un prix, notamment du côté du contrôle de qualité; pas sûr que le client s’y retrouve toujours.
Tout ce contexte explique peut-être la stratégie mise de l’avant par certaines compagnies nichées, absentes du WorldTour mais tirant leur épingle du jeu, quitte à produire en (très) petit volume. Je pense à des compagnies comme CarbonTI, voire Campagnolo qui a délaissé le WorldTour pour la première fois cette année, et qui semble miser désormais davantage sur l’offre de produits de luxe digne d’orfèvrerie que de production de masse, grand public et à prix abordables. Ca pourrait être une bonne stratégie, avec un marketing qui va avec bien entendu.
Les prochains mois seront intéressants dans ce registre, surtout si des pressions baissières devaient se faire sentir sur les prix. En ce sens, et du pur point de vue « client », ce n’est peut-être pas encore le bon moment pour acheter.
Pas mal de nouvelles récentes dans le monde du cyclisme… surtout depuis deux ans! Mais bon, limitons-nous et (re)commençons petit!
1 – LBL: MVDP peut-il gagner LBL
Ca a fait couler pas mal d’encre ces derniers jours, et devant la démonstration de Pogi, ben j’ai lu pas mal de conneries sur ce chapitre.
MVDP peut-il gagner LBL ? Oui. Mais pour ca, il faudrait qu’il consacre une préparation spécifique. Pour l’heure, le gus s’est amené sur la course alors qu’il était sur la brèche depuis les Mondiaux de cyclo-cross, puis Milan SanRemo et acteur du final, puis la gagne sur le Ronde, puis la gagne sur l’Enfer du Nord, excusez-du-peu.
Pour moi, la question n’est pas de savoir si MVDP peut gagner LBL; pour moi, la question est veut-il y sacrifier tout le reste?
2 – LBL : la Maison du cyclisme
La Maison du cyclisme a été inaugurée le 19 avril dernier du côté de Remouchamps, au pied de La Redoute, et en présence de légendes du sport, Eddy Merckx et Bernard Hinault en tête.
Rappelons que Merckx demeure l’unique vainqueur de… cinq LBL, et qu’Hinault a écrit une page de la légende du cyclisme en gagnant l’épreuve sous la neige en 1980.
Musée du cyclisme, l’endroit relate les plus belles heures de notre sport, et vaudra donc un arrêt lors de votre prochaine visite du côté de La Redoute.
Pour en savoir plus, je vous propose l’excellent petit vidéo de Philippe Gilbert à l’occasion de l’inauguration. Bien fait!
Un prologue très spécial hier car… très court, 2.3 petits kilomètres, du côté de Payerne.
Tu te demandes pourquoi un tel prologue, aussi court chez les professionnels? 2.3 kms! En exagérant un peu, tu peux presque le faire en apnée…
Ceci étant, victoire de Maikel Zijlaard pour l’équipe suisse Tudor. Voilà qui est très bien, et qui réjouira forcément un certain… Fabian Cancellara, qui n’a jamais caché ses ambitions de doucement faire de Tudor une équipe World Tour de premier plan.
Mention très bien à un Julian Alaphilippe, excellent 3e. Ca fait plaisir! On verra si le coureur français pourra confirmer lors des prochaines étapes, ce qui serait un sacré soulagement. Il a assez galéré comme ca, on lui souhaite vraiment d’en décrocher enfin quelques belles.
Y’a du beau monde en Romandie, et ca sera riche d’enseignement pour le Giro.
Deux super-favoris selon moi, le vainqueur sortant Adam Yates chez une équipe très puissante UAE, ainsi que… le revenant Egan Bernal, qu’on a vu à son avantage sur LBL. Attention au coureur colombien, Cyrille Guimard en a aussi fait son favori pour la gagne, il est manifestement en bonne condition et il a faim de victoire!
Beaucoup d’outsiders seront à surveiller de près, pour certains Giro en tête: Juan Ayuso, Brandon McNulty et Pavel Sivakov chez UAE (abondance de biens nuit…), Julian Alaphilippe et Fausto Masnada chez Soudal Quick Step, Giulio Ciccone et Tao Geoghegan Hart the Trek-Lidl, Alexandr Vlasov et Jai Hindley chez Bora-Hansgrohe, Simon Yates chez Jayco-Alula, Lenny Martinez chez Groupama-FDJ, Guillaume Martin chez Cofidis, Enric Mas chez Movistar, Richard Carapaz et Rigoberto Uran chez EF Education Easy Post, voire Louis Meintjes chez Intermarché-Wanty.
Ca se jouera jeudi avec l’arrivée en haut de la bosse des Marécottes, puis sur le chrono de 15 bornes vendredi du côté d’Oron, et enfin le lendemain samedi prochain, l’étape-reine, 150 bornes vers Leysin et une arrivée en altitude.
5 – Valverde, 43 balais pour El Bala
Le vieillissant champion espagnol a de la suite dans les idées: il s’est recyclé, une fois la retraite du cyclisme professionnel sur route, dans les épreuves de gravel bike et il atomise tout ce qui passe. Vivement qu’on le voit aux States sur la Belgium Waffle et autres pour donner l’heure juste au Peter Stetina, Adam Roberge et autres!
Valverde vient de gagner l’épreuve gravel UCI La Innomable en Espagne, haut la main comme toujours.
Je suis un fan et un fidèle de Time depuis de nombreuses années, appréciant la technicité des produits, ainsi que la légèreté.
Le hic: prix rébarbatif. Plus de 400$/euros. Ouch.
Rappelons que Time a été racheté par Sram il y a quelques années, et que des évolutions étaient attendues depuis un moment du coté des pédales. Pas de révolution, juste des petits ajustements par rapport aux versions antérieures, déjà excellentes.
Roulements céramique, axe titane, trois réglages du « Q-factor », 3 réglages de la résistance du ressort de déclenchement, grande surface d’appui, tout y est.
7 – Colnago
La mythique compagnie italienne a eu de très beaux jours dans les années 1990, équipant alors la prestigieuse équipe Mapei. Les vélos de Michele Bartoli, Johan Musseuw et les autres coureurs de l’équipe faisaient alors envie.
Après un long passage à vide et une absence totale du World Tour, Colnago s’est repositionnée il y a quelques années avec l’équipe UAE de Tadej Pogacar, avec les succès qu’on sait.
Ca pose la question: est-il possible de se maintenir dans le marché du vélo de route très haut de gamme sans une présence en WorldTour aujourd’hui?
Perso, je pense que non. L’exemple de Campagnolo est éloquent, la prestigieuse compagnie italienne est totalement absente du WorldTour cette année pour la première fois, et ses parts de marché ne cessent de décliner.
À l’inverse, Trek, Cannondale, Giant, Pinarello, Specialized, BMC, Factor, Cervélo, Canyon, Bianchi, Willier, Merida, Look et Scott, notamment, continuent d’être les grands leaders du marché, fort d’une omniprésence au plus haut niveau.
Pas le choix selon moi aujourd’hui: le WorldTour, ou tu régresses au niveau international. Sur les micro-marché, je conviens que la situation peut être différente.
EXCEPTIONNEL vidéo récent, alors que les grandes cyclosportives de montagne approchent à grands pas. Ne manquez pas ca, installez-vous confortablement et savourez.
Liège-Bastogne-Liège disputée hier marque la fin de la saison des Classiques, et l’entrée dans la deuxième phase du calendrier cycliste professionnel, soit le temps des grands tours.
En effet, on enchaine sous peu avec la Romandie, puis le Giro, le Dauphiné, la Suisse, et le Tour.
Si les épouvantails que sont Tadej Pogacar et Mathieu Van Der Poel ont régné en maitres absolus de ces Classiques (Tadej termine 3e à SanRemo, 1er sur les Strade Bianche et gagne hier à Liège, Mathieu remporte le Ronde, Paris-Roubaix, le GP E3 et fait 2e de Gent-Wevelgem) en l’absence de Wout Van Aert (presque) le seul à pouvoir donner la réplique, les coureurs français ont été impressionnants durant ce dernier mois, et il faut s’en réjouir.
Tour à tour, les Benoit Cosnefroy, Valentin Madouas, Christophe Laporte, Aurélien et Valentin Paret-Peintre, Paul Lapeira, Guillaume Martin, Romain Grégoire, Quentin Pacher, Kevin Vauquelin, Dorian Godon, Clément Champoussin et hier Romain Bardet, très bon 2e de cette Doyenne, ont pu obtenir des places d’honneur sur des courses majeures au cours du dernier mois.
Beau tir groupé pour le cyclisme français!
Et surtout, pas l’oeuvre d’un seul coureur: cette diversité laisse penser qu’il y a actuellement en France une profondeur de talents. On pourrait penser que la suite n’en sera que meilleure, notamment pour chasser des victoires d’étape sur les grands tours dès cette saison.
Excellent 2e hier, Romain Bardet nous a fait plaisir: entreprenant, osant l’attaque, il a fait la course jusqu’au bout, et sa place vaut quasiment une victoire derrière l’extra-terrestre Pogacar, coureur pour lequel je suis toujours aussi incapable d’expliquer une telle domination. Pogi hier, c’est le plus grand écart à l’arrivée depuis Bernard Hinault en 1981 sous la neige!
Je n’ai pas compris non plus pourquoi Mathieu n’était pas dans la roue de Pogi au pied de la Redoute, sachant que le gus d’UAE avait annoncé vouloir attaquer à ce moment précis de la course. Sûr qu’il n’avait pas les jambes pour suivre, mais au moins il aurait pu essayer. Au lieu de ca, VDP naviguait 20 coureurs derrière, on ne sait trop pourquoi.
Pidcock et le vainqueur de la Flèche, le cadavérique Williams, n’ont pu réellement peser sur la course dans le final.
Quoi qu’il en soit, j’ai bien aimé ce sommaire totalement décalé de Cycling Highlights.
Bref, le cyclisme français a de quoi se réjouir selon moi. Reste plus qu’à retrouver un Alaphilippe actuellement un peu à la dérive (mais c’est pas la faute à Marion), et ca sera complet pour la suite. Alaphilippe serait d’ailleurs actuellement en négociation avec Total Énergie (ou Cofidis?!) pour l’an prochain, et on le comprend après les déclarations malheureuses d’un Patrick Lefevere toujours aussi insipide, et de plus en plus ringard dans le cyclisme moderne, notamment par des propos déplacés envers le cyclisme féminin.
Pour le reste, ben vous m’avez manqué, lecteurs de La Flamme Rouge. Après de (très) longs mois de pause, La Flamme Rouge reprend un peu du service, tout simplement parce que j’en ai marre du désert d’information critique que nous offre actuellement la sphère média – que ce soit sites officiels, vlog ou vidéos YouTube, Instagram et j’en passe. Il y a deux ans, je me sentais perdu dans cet univers qui a beaucoup évolué, ne sachant plus quelle était ma valeur ajoutée… qui m’apparait plus claire aujourd’hui, toujours bien modestement. Si l’univers du ski de fond est désormais un centre d’intérêt très important dans ma vie, le cyclisme demeure, et demeurera toujours, une passion bien ancrée chez moi. C’est que je ne peux pas m’empêcher d’être sur le bout de ma chaise lorsque les coureurs abordent le Vieux Quaremont, ou entrent sur le Carrefour de l’Arbre!
Je compte sur vous pour la qualité de vos commentaires, question de continuer de faire de ce site une référence crédible dans le monde du cyclisme. Soyons articulés, respectueux de l’avis d’autrui, constructifs, et passionnés comme ces… 21 dernières années!
Si la Gatineau Loppet est le plus grand événement de ski de fond au Canada, la Classique Alex Harvey clôture de bien belle façon la saison chaque année, une semaine après le beau 20km skate du Parc de la Mauricie.
La Classique Alex Harvey a en effet un petit « je ne sais quoi » qui rend l’expérience tellement agréable!
Les « race trails » du Mont Sainte-Anne peut-être, ou la présence de tous(tes) les meilleurs(es) fondeurs(euses) du Canada, Antoine Cyr, Olivier Léveillé, Catherine Steward-Jones et Lyliane Gagnon en tête.
Samedi dernier, Antoine n’a pas manqué l’occasion de rappeler qu’il est actuellement le #1 au pays, remportant le 50km devant ses coéquipiers du CNEPH et un excellent Alex Harvey finalement 5e, à quelques secondes seulement. Le meilleur fondeur de l’histoire du Canada est encore sacrément en forme!
Pour Antoine Cyr, cela clôture une saison solide, ponctuée de résultats constants et d’une belle 4e place au sprint à Drammen il y a un mois. Au pied d’un premier podium en Coupe du Monde! Antoine termine également 10e du classement général de la Coupe du Monde 2023-2024, voilà qui situe le niveau qui est le sien aujourd’hui. Ces résultats lui donneront confiance pour la suite, et seront propices à passer un été serein sachant que cette dernière saison servira assurément de tremplin pour la suite.
Outre Cyr, l’équipe canadienne a connu une excellente saison, avec parfois des résultats inattendus, par exemple le titre de championne du monde de Sonjaa Schmidt en sprint U23 lors des Mondiaux de Planica.
L’équipe canadienne ajoutait un autre titre lors de ces mêmes Mondiaux sur le relais mixte, notamment grâce à un dernier tronçon d’une Liliane Gagnon en feu. Électrisant!
Cette même Liliane Gagnon s’offrait un top-10 (9e) en Coupe du Monde sur le 20km skate de Goms en Suisse. Visiblement en nette progression, la jeune athlète de la région de Québec est la relève du ski de fond canadien, avec Schmidt et… Samuel Picard. Ce dernier, un vrai guerrier dur au mal, a connu toute une saison nationale, et à seulement 18 ans il incarne déjà de beaux espoirs pour les prochaines années.
Les doutes de la saison sont du côté de Catherine Steward-Jones et Olivier Léveillé, deux skieurs bourrés de talent mais qui ont connu une saison en demi-teinte. Dans leur cas, ils pourront compter sur le CNEPH et leurs excellents entraineurs pour remettre tout à plat au cours des prochaines semaines, tirer les leçons de ce qui a bien et moins bien fonctionné au cours des 12 derniers mois, et repartir en vue de la prochaine saison.
Quoi qu’il en soit, avec les succès des fondeurs américains en Coupe du Monde, Jessie Diggins et Gus Schumacher en tête, c’est tout le ski de fond nord-américain qui est sur une bonne lancée actuellement, alors qu’en Norvège c’est crise sur crise derrière l’épouvantail Klaebo, meilleur fondeur au monde. Les audiences télé sont en chute, les sponsors débarquent, le calendrier se voit chamboulé dans le mauvais sens, l’absence des fondeurs russes engendre une perte d’intérêt, etc.
Malgré tout, on a déjà hâte à la prochaine saison! En attendant, ce sera retour sur les skis-roue pour tout le monde d’ici peu.