Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Mois : octobre 2020 Page 1 of 3

Vuelta: deux étapes pour un titre

La Vuelta se joue probablement aujourd’hui et demain.

Deux étapes assassines.

Aujourd’hui, 170 bornes, quatre ascensions et une arrivée en altitude sur la Farrapona au terme d’une longue ascension. Les organismes seront fatiguées dans le final.

Il faudra pourtant enchainer dimanche avec l’étape qui arrive au sommet de l’Angliru. Très courte (109 kms), cette étape sera probablement nerveuse et rapide. Quatre ascensions tout de même à franchir avant d’attaquer la montée finale et ses pourcentages de fou. Spectacle et défaillances garanties.

Pour la petite histoire, il s’agit de la 8e arrivée au sommet de l’Angliru sur la Vuelta, une ascension introduite pour la première fois en… 1999. Alberto Contador s’y est imposé deux fois, en 2008 et 2017, 10 ans d’intervalle. Kenny Elissonde est le seul coureur aujourd’hui sur la Vuelta à s’être imposé là-haut, c’était en 2013.

Le mystère Roglic

J’ai du mal à comprendre Primoz Roglic: tantôt impérial, intouchable, il peut ensuite s’effondrer sans avertissement, étant l’ombre de lui-même.

On l’a vu sur le récent Tour de France avec son chrono désastreux vers la Planche des Belles Filles.

Sur cette Vuelta aussi: après un départ en fanfare, il a plié l’échine vers Formigal, cédant la tête de la course à Richard Carapaz.

Et depuis trois jours, on ne le reconnait plus à nouveau, deux victoires d’étape (8e et 10e étape hier) et maillot rouge de leader en prime.

Du coup, très difficile de prédire ce qui se passera aujourd’hui et demain du côté du coureur slovène. Dan Martin et Hugh Carthy demeurent dans la course, mais je pense qu’ils pourraient sombrer sur ces deux étapes, montrant des signes de fatigue.

Carapaz et ses talents de grimpeur me paraît aujourd’hui le plus menaçant pour la victoire finale.

Enfin, espérons que Mike Woods pourra jouir d’une certaine liberté chez Education First, Mike Carthy n’ayant pas été en mesure de terminer le travail lors de la 8e étape. Les deux arrivées conviennent au coureur canadien qui a de très bonnes jambes actuellement, il faut saisir les opportunités si l’ouverture se présente. Mais les victoires au niveau pro World Tour ne sont jamais faciles, c’est clair, surtout sur de tels profils.

L’automne à vélo

Tu roules souvent solo cet automne.

Le vélo pour le seul plaisir du vélo. Ton apostolat dans sa plus simple expression.

Sans pression d’augmenter ta condition, de réussir ta séance d’intervalles, de savoir si ta sortie sera payante ou non.

L’automne, tu t’affranchis de la tyrannie du chronomètre et des watts. Un pied de nez au Dieu Strava et ses KOM.

Une dent de plus.

Tu redécouvres la lenteur, ce luxe abordable en fin de saison. C’est bien, la lenteur: elle te permet de t’attarder aux couleurs, aux odeurs, aux sensations uniques que procure l’automne au Québec. Parfois dans le ciel, des oies blanches.

L’âme profite. Elle n’a pas toujours été épargnée ces derniers temps.

Tes jambes tournent encore, alors les kilomètres défilent. Durant ces séances solo, c’est surtout dans ta tête que le chemin défile le plus.

Une dent de plus.

Tu fais le bilan. De ta saison cycliste bien sûr. 12 000 kilomètres plus tard… mais pas que. Pour mieux préparer ta prochaine saison, pour mieux vivre la suite, ces moments où il te faudra tout remettre en question, une nouvelle fois. « You are only as good as your last performance. »

Chaque automne, une évidence revient: encore plus qu’un outil de liberté, ton vélo est un exutoire et… une thérapie. Tu l’avais peut-être oublié cet été, la tête dans le guidon.

Tu te fixes de nouveaux objectifs, question de gérer le présent. Et ça repart dans ta tête: How high? How long? How fast?

2021. L’Iseran. La Bonette-Restefond. Le Granon. Mon vieil ami, celui de la toute première heure, le Galibier. Jusqu’où cette fois serai-je capable de pousser ma machine physique et mentale? The question of greatness.

Pour les narcissiques – ils sont nombreux – , ces épreuves sont l’occasion de briller sur les médias sociaux. Ta motivation est ailleurs, dans cette recherche de toi-même. Connaitre tes vraies limites, ta vraie nature. Assouvir ta passion, ce feu sacré au fond de toi qui ne refroidit jamais, sans que tu puisses dire pourquoi. Produire du sens à ta vie. Et te faire du bien, tout simplement.

Quitte à en payer le prix ultime: être vivant, c’est aller à la rencontre de la mort. Pas un problème dans ton cas.

Mais pour l’instant, une dent de plus.

En attendant davantage de relief dans ta vie.

Il te faudra bientôt repartir en mission. Ne faire aucun compromis, et beaucoup de sacrifices. Tout donner. Cela exigera aussi une tête en ordre par rapport à tout le reste. Parfois être méchant. Tu le seras.

Les sorties d’automne sont une trêve pour préparer la suite. C’est souvent en faisant le vide que tu te sens, au fond, le plus vivant.

La passion est encore ce qui aide le mieux à vivre.

Émile Zola

Le Tour de l’actualité

1 – Mike Woods: une victoire qui en appelle d’autres?

Très belle victoire hier pour le Canadien Mike Woods lors de la 7e étape de la Vuelta. Mike a pu faire le coup (classique) du kilomètre, faussant ainsi compagnie à ses compagnons d’échappée dont un certain Alejandro Valverde qui n’était pas là pour faire du tourisme. Il fallait avoir les jambes.

Je pense que Mike a aussi été chanceux hier, ce n’était pas forcément son terrain et il a pu bénéficier de quelques circonstances de course, protégeant dans l’échappée la place au général de son coéquipier Carthy face aux Movistar. S’il a pu gagner ainsi, c’est une confirmation de son excellente condition, et cette victoire en appelle donc forcément d’autres. Mine de rien, Mike est l’homme de l’heure sur cette Vuelta avec Richard Carapaz, le Canadien ayant terminé 2e de la 6e étape et hier 1er.

Toutes les étapes difficiles se terminant en altitude pourraient convenir à Mike dans les prochains jours, donc on parle de l’étape d’aujourd’hui ainsi que de la 11e, la 12e et la 17e étape en particulier.

Une victoire lors de la 12e étape sur l’Angliru serait tellement énorme!!!

2 – Mike Woods, le palmarès.

Mine de rien, avec cette victoire hier, Mike Woods a définitivement rejoint au panthéon du sport cycliste canadien les Steve Bauer et Ryder Hesjedal. Deux étapes de la Vuelta, un Milan-Turin, 2e de la Doyenne en 2018, 3e des Mondiaux la même année, 5e de la Flèche plus tôt cette saison, le palmarès de Mike est magnifique. Il lui manque peut-être une grande victoire (Hesjedal a le Giro 2012, Bauer l’argent olympique, 4e du Tour en 1988, et 14 jours en jaune), un truc comme la Flèche Wallonne, le Tour de Lombardie ou une grosse étape de montagne sur le Tour. En 2021 avec Israel Start-Up Nation?

3 – Guillaume Martin.

Ca y est, le coureur français est en tête du classement du meilleur grimpeur de cette Vuelta. Sepp Kuss est son plus dangereux rival jusqu’à présent. La suite va être intéressante à ce chapitre, et notamment aujourd’hui où ça devrait bouger à la fois au général et au classement des grimpeurs.

4 – Specialized Aethos.

Beaucoup de réactions à l’article hier sur la dérive des prix des vélos, c’est intéressant de vous lire.

Pour appuyer un peu plus mes propos, voici le reportage diffusé hier (un hasard) par le site Matos Vélo à propos d’un test grandeur nature du vélo, réalisé récemment en… Corse. Plus de 7500 lectures de l’article, je suppose que Specialized pourra dire « objectif atteint ».

Quand je vous disais qu’on paye évidemment la mise en marché… Dommage que Matos Vélo ne décline pas qui a payé pour le voyage en Corse, question de préserver l’indépendance de l’analyse. À la lumière de l’analyse présentée où l’on parle surtout des qualités du vélo, et très peu de ses côtés perfectibles (il n’y a pas de vélo parfait!), on peut raisonnablement penser que Specialized a défrayé une partie ou la totalité des frais de ce test/reportage.

On a un exemple probable du mode de travail actuel des géants de l’industrie, à grands renforts des médias sociaux et des influenceurs… qui y trouvent leur compte, beaucoup gagnant ainsi leur croûte, sinon une certaine gloire, souvent les deux. Je ne leur reproche pas, je dis juste qu’il convient de bien comprendre le système actuel afin d’être lucide sur ce qu’on nous présente, incluant les prix.

Le travail de certains demeure très empirique, je pense par exemple à ceux qui testent, poids installés à l’appui, les déformations des cadres pour en mesurer objectivement la rigidité et la nervosité (revue Le Cycle). Là, on peut comparer. Et dans le domaine (l’empirique), DC Rainmaker demeure une référence (sauf qu’il ne teste pas de vélos mais plutôt du matériel électronique associé à l’entrainement et au cyclisme).

5 – Specialized et Zwift.

La compagnie américaine investit dans Zwift afin de développer encore davantage Watopia. Une alliance stratégique? On peut le croire puisque l’UCI organise début décembre les premiers Mondiaux de cyclisme virtuel, un événement pour lequel certains coureurs québécois ont des ambitions légitimes.

Il n’y a pas de coïncidences!

Ces Mondiaux ayant lieu sur Zwift, Specialized se positionne ainsi comme un incontournable pour l’UCI si la compagnie devait développer des produits spécifiquement destinés à ce type de cyclisme, en pleine explosion notamment en raison de la Covid-19. Probablement un bon placement.

6 – Tour de France 2021.

Le parcours du Tour de France 2021 devait être présenté jeudi cette semaine en banlieue de Paris, comme d’hab.

La présentation a été reportée à dimanche 1er novembre prochain, via une émission spéciale de Stade2 sur France Télévision. Covid-19 oblige.

On sait déjà que la 108e édition de la Grande Boucle partira de Bretagne.

Pour le reste, je vous invite à consulter l’excellent site VeloWire de Thomas Vergouwen qui, chaque année, fait un travail de moine pour imaginer le parcours du Tour avant son annonce officielle, à grands renforts d’articles de journaux régionaux, de réservations hôtelières, de communications préfectorales, etc.

À priori, ce sera en 2021 les Alpes avant les Pyrénées mais après un premier chrono, des étapes via Tignes, le Grand Bornand, le Ventoux, Nîmes, Andorre ou Arcalis, puis un dernier chrono du côté de St-Émilion.

7 – VPD sur le Tour 2021?

Intéressant article de CyclingNews sur le classement des équipes continentales qui permet de croire qu’Arkea-Samsic et… Alpecin-Fenix seront de toutes les courses World Tour en 2021, si jamais NTT ne trouvait pas repreneur.

En effet, si seulement 18 équipes sont inscrites en World Tour en 2021 (19 en 2020), ça dégage deux tickets automatiques d’entrée pour les deux équipes continentales les mieux classées. La licence CCC a été octroyée à l’équipe Wanty-Groupe Gobert, et celle de NTT est actuellement dans la balance, l’équipe sud-africaine cherchant un repreneur.

Si ça se concrétise, Mathieu Van Der Poel pourrait donc faire ses débuts sur la Grande Boucle en 2021… 59 ans après son grand-père Raymond Poulidor. Et dans le registre, personne ne connait ses limites… ni celles de Wout!

8 – La fronde du Giro.

Je n’ai pas commenté la récente fronde des coureurs du Giro lors de la 19e étape, qui devait être la plus longue de la course, et qui devait se disputer sous une pluie battante.

Je ne suis pas d’accord avec Messieurs les coureurs sur ce coup-là. L’étape était au programme du Giro depuis des mois, ce Giro était certes difficile mais il y a eu d’autres éditions difficiles, et des étapes de plus de 250 bornes ne sont pas inhabituelles sur les grands tours.

La pluie? Les conditions météo font partie intégrante du sport cycliste. Autant j’estime qu’en cas de danger pour les coureurs, par exemple lorsqu’il neige, il faut user de jugement et arrêter la course, autant là, simplement de la pluie, il n’y avait rien pour stopper la course. Les coureurs peuvent changer certaines pièces d’équipement – gants, maillots, couvre-chaussures – en cours d’étape grâce à leurs voitures, je ne voyais pas le point de demander une annulation ou une étape écourtée.

Arnaud Démare a d’ailleurs poussé un coup de gueule en ce sens, estimant que la veille, il avait bien grimpé le Stelvio alors que ce n’est pas sa tasse de thé. Il avait bien raison.

La crédibilité des équipes ne s’est pas améliorée sur le récent Giro, avec les déclarations malheureuses de Jonathan Vaughters chez EF et de l’équipe Jumbo-Visma à propos de la Covid-19, ces deux équipes estimant qu’il aurait mieux fallu stopper net la course après le 2e jour de repos. Total, la course est allée jusque Milan, on a eu un final époustouflant, et les sponsors sont très certainement contents, ce qui est très bien pour l’an prochain.

9 – Pédales légères.

30 grammes, qui dit mieux?

La dérive du prix des vélos

19 199$ CAN. (12 999€)

C’est le prix que Specialized affiche sur son site pour le nouveau Aethos « Founder Edition » monté en DI2, 300 vélos dans le monde.

À titre de comparaison, le prix de base d’une voiture Hyundai Elantra 2020 au Québec est d’un peu plus de 17 000$. Une Peugeot 108 en France, 12 300€.

Je sais pas vous, mais moi je décroche.

Tout simplement injustifiable.

Bien sûr, certains vélos pourront dépasser allègrement les 20 000$ (13000€) si on décide de jouer la carte du ultra-light, pédaliers Clavicula, pièces Ax-Lightness, etc. Et je ne parle pas des vélos spéciaux, par exemple en or massif, destinés à ne jamais rouler sur la route mais plutôt à oeuvrer comme objets de collection pour des enchères caritatives.

Mais pour un vélo régulier présentant à priori un montage « classique » en Shimano avec composantes Roval?

Le nouveau Trek Emonda SLR9 2021 équipé à peu près de la même façon, lui aussi en DI2, cadre à peine plus lourd (+120 gr), est annoncé à 16 500$ (10 999€), soit 3000$ de moins. Et le Trek est déjà très cher! Au moins, ce dernier présente une intégration totale des câbles au niveau du cockpit, ce que le Specialized n’a pas.

Je trouve qu’une dérive des prix s’est installée depuis quelques années. Les fabricants veulent nous faire croire aux coûts associés à la R&D, aux coûts des moules servant à produire les cadres carbone.

Certes. Il y a probablement plusieurs raisons à ces prix stratosphériques, dont celles-là. Mais les trois principales sont peut-être moins présentées.

Vous remarquerez que les hausses majeures de prix depuis quelques années coïncident avec l’arrivée massive d’équipes World Tour financées exclusivement ou en grande partie par les géants de l’industrie.

De toutes les époques, les compagnies du domaine du vélo ont travaillé en partenariat avec les équipes professionnelles. Qui ne se rappelle pas des grandes équipes comme Peugeot, Renault-Gitane ou encore Motobecane? Les fabricants espagnols Orbea, B.H. voire une compagnie comme Mavic ont souvent été associés aux noms officiels d’équipes pro, notamment dans les années 1980.

Dans les années 1990, presque rien.

Dans les années 2000, presque rien.

Puis ça commence en 2009, équipe Cervélo comme sponsor principal unique. Cervélo voulait alors percer comme nouvelle compagnie dans l’industrie.

2010, Cervelo et BMC comme sponsors uniques d’une équipe WorldTour.

2011, BMC, Leopard-Trek, Garmin-Cervelo.

2012, BMC, Liquigas Cannondale, Argos-Shimano.

2013, Cannondale en sponsor principal comme BMC, Argos-Shimano, Lampre-Merida.

De 2015 à 2018, pas moins de 5 équipes chaque année présentes sur le Tour qui portent le nom d’un fabricant de vélo. Juste en 2015, on a comme sponsor principal BMC, Giant-Alpecin, Trek, Cannondale-Garmin, auxquelles il faut ajouter Bora-Argon18 et Lampre-Merida.

Manifestement, les fabricants se sont livrés à une véritable guerre commerciale ces dernières années, avec comme vitrine nécessaire une équipe WorldTour. Specialized l’a joué différemment, n’étant pas directement impliqué dans le financement de l’équipe (donc le nom), mais préférant user d’une autre stratégie en fournissant les vélos de… deux équipes World Tour! (les actuelles équipes Bora et Deceuninck). Canyon même chose, avec Movistar en WorldTour et Alpecin-Fenix en Continental.

Tout cela coûte très, très cher.

Et on nous refile la facture.

Depuis deux ans, on dirait que la tendance s’est inversée, plus que deux équipes sur le Tour 2020 qui portent le nom d’un fabricant de vélo, et une seule en sponsor principal: Trek-Segafredo. L’autre est Michelton-Scott. La plupart des fabricants se sont retirés des noms officiels d’équipes (donc n’allongent probablement plus de sommes monétaires en soutien à l’équipe, en plus de fournir les vélos), se contentant de fournir les vélos seulement.

Aujourd’hui, les parts de marché sont probablement bien établies, et le sponsoring direct d’équipes WorldTour moins nécessaire car la guerre commerciale s’est atténuée et les places sont chères, bien défendues par les géants. Comme indice, on peut se référer aux chaises musicales auxquelles on assiste présentement: Bianchi part équiper la Mitchelton, Jumbo passe chez Cervelo et SunWeb reprend Scott pour 2021!

Deuxième raison des prix élevés, qui va avec la première, le marketing, de plus en plus poussé, léché. Design de sites web, financement d’influenceurs, production de vidéos, chaque mise en marché d’un nouveau vélo est une oeuvre d’art en soi. Je reste médusé du pouvoir de marketing et de la préparation en amont: lors du récent lancement du Specialized Aethos, en l’espace de quelques heures, la plupart des sites web majeurs dans le domaine du vélo comme BikeRadar, VeloNews, etc. mettait en ligne des vidéos de type « présentation » ou « review ». Il faut faire le buzz, et à l’échelle planétaire.

Et on nous refile la facture.

Troisième raison, le contrôle qualité, qu’on a relegué au consommateur. Ca coûte cher, le contrôle qualité. Du coup, depuis une bonne dizaine d’années, on s’est rendu compte que dans le business du cadre carbone produit à la chaine dans des moules, il était plus rentable de réduire au minimum le contrôle qualité avant la vente, et simplement produire davantage de cadres en usine (surtout taïwanaises).

Le cadre fissure ou se brise rapidement une fois le vélo vendu? Pas de problème, la compagnie vous le remplacera, souvent sans frais ou à un coût « cost ».

Pour en arriver là, il a bien évidemment fallu majorer la facture du vélo acheté en premier lieu. Quand vous achetez aujourd’hui un vélo, vous en achetez en fait 1,3. Le prix de la police d’assurance de la compagnie sur la masse de vélos vendus, en quelque sorte.

Fort heureusement, il reste des bonnes affaires loin des grands leaders de l’industrie du vélo que sont Giant, Merida, Trek, Cannondale ou Specialized, auxquels on pourrait rajouter Canyon, Cervélo, Scott, Pinarello, BMC, Orbea, Batavus, Bianchi et quelques autres. À prix plus raisonnables. C’est pas compliqué, moi, je deviens allergique à toutes ces grandes marques. Parce que si on pousse le raisonnement jusqu’au bout, un jour on roulera tous sur un vélo Giant…

Ces bonnes affaires chez de plus petits fabricants sont toutefois toujours menacées – malheureusement! – sous la pression exercée par les géants, parlez-en à Time, Look, DeRosa, Colnago ou Ridley-Eddy Merckx ces jours-ci. D’autres géants ont déjà disparus, notamment Raleigh et Schwinn.

Que du Ineos-Grenadier!

Dimanche faste pour l’équipe Ineos, de quoi faire oublier un Tour de France désastreux avec l’échec d’Egan Bernal et un début de Giro difficile avec la chute du leader d’alors, Geraint Thomas.

Tao Geoghegan Hart qui remporte le Giro.

Filippo Ganna qui remporte le chrono de la dernière étape dans les rues de Milan. Sa 4e victoire d’étape sur l’épreuve.

De plus, la formation anglaise s’impose au classement par équipe.

Et sur la Vuelta le même jour, Richard Carapaz qui s’empare de la tête du classement général, Roglic étant défaillant.

Y’a pas à dire, on a vu que du Ineos ce dimanche!

Sinon, la logique a été respectée sur ce dernier chrono: Hindley n’a pas pu résister à Geoghegan, Kelderman a été le meilleur des trois, et Ganna s’impose, intouchable sur ce Giro dans les exercices chronométrés.

Ce Ganna, quel rouleur! 54,6 km/h de moyenne hier, surpuissant sur son 60×11. Si un jour l’Italien décide de s’attaquer au record de l’heure, y’a de quoi faire selon moi. Rappelons que ce record de l’heure est de nouveau autorisé par l’UCI sur des vélos de chrono et que le détenteur actuel est le belge Victor Campenaerts (55,089 km), 2e hier derrière Ganna. Un ancien recordman de l’heure a terminé 3e du chrono de Milan, Rohan Dennis (52,491 km).

Et parlant de record de l’heure, le triathlète Lionel Sanders vient d’établir la meilleure distance canadienne, 51,3 km, dépassant le précédent record de 47,6 km détenu par Ed Veal. La performance a été établie au vélodrome de Milton en Ontario. Record pulvérisé!

Les enseignements du Giro

On retiendra de ce Giro que les jeunes coureurs ont une fois de plus été à la fête cette saison.

Trois coureurs de 25 ans ou moins sont dans les quatre premiers du général à Milan, soit Geoghegan, Hindley et Almeida. Ces deux derniers sont une grosse surprise, on ne les attendait pas à ce niveau sur un grand tour où il faut quand même pouvoir encaisser trois semaines de course.

On peut ajouter à cela les performances de Ben O’Connor, 24 ans, vainqueur de la 17e étape. Celle de Brandon McNulty aussi, 22 ans, ancien vainqueur du Tour de l’Abitibi (2016), 15e de ce Giro et 3e du chrono de 35 bornes lors de la 14e étape.

Ou encore le Français Aurélien Paret-Peintre chez AG2R – La Mondiale, 24 ans et 16e du général après quelques belles prestations sur des étapes accidentées.

On retiendra aussi de ce Giro l’ascension musclée du Stelvio en 1h11min par le trio Dennis-Geoghegan-Hindley, nouveau record à 20 km/h de moyenne. Ouf! Quand on connait cette ascension, on est encore plus en mesure de comprendre toute la performance que ce temps représente.

Ce Rohan Dennis roule et grimpe, on se dit qu’avec de telles aptitudes, il pourrait avoir, à 30 ans, un autre palmarès que le sien sur les épreuves par étapes. Dans son cas, ce serait le mental qui ne suit pas toujours, l’homme ayant été au prise, dans le passé, à des troubles alimentaires.

Enfin, on retiendra le magnifique Giro d’Arnaud Demare, qui ramène le maillot cyclamen à Milan et pas moins de quatre victoires d’étape. Du coup, il a probablement frustré Peter Sagan, déjà privé du maillot vert sur le récent Tour de France. Sagan peut toutefois se consoler d’une belle victoire d’étape acquise… en solitaire, et non au sprint!

Vuelta: Roglic coince… encore!

Je vous disais que Richard Carapaz semblait en vouloir beaucoup sur cette Vuelta, ça s’est confirmé hier en voyant toute la hargne de l’Équatorien dans les derniers kilomètres d’une étape difficile courue sous la pluie et dans le froid.

Tôt dans l’étape les guêpes jaunes Jumbo-Visma semblaient être en contrôle, puis, alors que la pluie faisait son apparition, tout a foutu le camp dans la dernière ascension. Roglic s’est retrouvé totalement isolé notamment sous l’impulsion des Movistar, et plusieurs coureurs (De La Cruz, Gaudu, Soler) sont passés à l’offensive. Bien joué!

Au final, c’est Carapaz qui a fait la bonne opération: il fallait profiter de la déconfiture des Jumbo-Visma pour prendre du temps. S’il reste encore pas mal d’étapes compliquées, Carapaz est désormais l’homme fort de cette Vuelta.

La contre-performance de Primoz Roglic pose bien des questions: son inconstance est surprenante. Souvent très fort, intouchable même, il s’effondre pourtant assez régulièrement sur les courses par étapes. Hier dans le final, sa cadence de pédalage sur un braquet d’asthmatique nous rappelait direct la même allure sur son chrono désastreux de la Planche des Belles Filles lors le dernier Tour de France. Pourquoi ces baisses de régime soudaines chez le coureur slovène?

À souligner l’excellente 2e place du Canadien Mike Woods hier. Il n’a pas manqué grand chose, Mike étant contré par Ion Izaguirre pour la victoire d’étape, alors qu’il venait d’hausser le rythme. Il faudra simplement ré-essayer, ce résultat devrait le mettre en confiance pour la suite.

Enfin, on a vu un Guillaume Martin faire tous les points grimpeur durant l’étape. Si Tim Wellens demeure encore leader de ce classement, gageons que le coureur français en a fait son principal objectif.

Giro: le dernier duel

86 centièmes de seconde.

C’est l’écart qui sépare l’Australien Jai Hindley, nouveau maillot rose du Giro, de son plus proche poursuivant, l’Anglais Tao Geoghegan Hart.

Du jamais vu.

Toute une fin de Giro, un suspense à son comble avec un dernier chrono dans les rues de Milan demain. 17 kilomètres tout plat pour départager ces deux coureurs.

Jai Hindley avait battu de 49 secondes Tao Geoghegan sur le chrono de la première étape de ce Giro, mais c’est probablement peu significatif.

Hindley a aussi l’avantage de partir derrière Geoghegan, il pourra donc essayer de réguler son allure sur celle de son rival qui, lui, ne se posera pas de question: full gas!

Sur le coup de pédale des derniers jours et de l’étape de Sestrières, avantage Geoghegan aucun doute, il semble terminer ce Giro très fort, sa puissance est manifeste.

L’enjeu de cette dernière étape est non seulement le maillot rose, le plus important, mais aussi le maillot blanc de meilleur jeune. Quant on dit que c’est l’année des jeunes en cyclisme professionnel, en voilà une autre preuve!

L’autre question, c’est Kelderman. Battu à Sestrières, il pointe à 1min32 de son équipier Hindley. Excellent rouleur, peut-il refaire tout son retard sur les deux coureurs qui le devancent? Ce serait surprenant selon moi, mais on n’est pas à une surprise près cette saison.

Bref, une étape demain qui promet, et qu’on ne voudra manquer sous aucun prétexte. L’Équipe TV.

La Vuelta

Pas de passage en France demain vers le Tourmalet, Covid-19 oblige, et c’est bien dommage. Du coup, l’étape est redessinée, et comportera 146kms avec une arrivée à Formigal, côté espagnol.

Ca sera moins sélectif qu’initialement prévu, mais d’autres écarts sont à prévoir aucun doute là-dessus, l’arrivée étant en altitude. Carapaz, Roglic, Kuss ou Mas sont pour moi les favoris.

PEAK: l’ascension de NTT Cycling

Beau documentaire sur l’ascension de la première équipe sud-africaine en cyclisme professionnel.

Giro: un fin en apothéose!

15 secondes. C’est tout ce qui sépare les trois premiers du classement général du Giro après la 18e étape sur le Stelvio. On a une course!

Je vous rappelle que la dernière étape dimanche prochain, c’est un chrono tout plat de 17 bornes vers Milan. Ça pourrait fort bien se jouer là.

Sur le papier, Kelderman est le meilleur rouleur des trois prétendants à la victoire finale, Geoghegan et Hindley n’ayant pas les mêmes références en carrière dans cet exercice.

Mais il faudra avant cela affronter l’étape de samedi sur Sestrières, certes moins difficile qu’originalement prévue depuis que la France a interdit au Giro de passer à Briançon, Covid-19 oblige. L’étape a été redessinée, on fera trois boucles autour de Sestrières, avec chaque fois une ascension de 6 bornes à 7,5% de moyenne. Probablement pas assez sélective pour faire une réelle différence, les coureurs joueront sans doute les bonifications à l’arrivée.

Ca pourrait donc être une question de quelques secondes au final. Pour la petite histoire, onze secondes séparaient le vainqueur du Giro 1948 Fiorenzo Magni de son poursuivant, Ezio Cecchi, le plus petit écart à ce jour dans l’histoire de la course italienne.

Comme prévu, l’étape d’hier a coulé les ambitions de Joao Almeida, qui a finalement cédé sa tunique rose sur les pentes impitoyables du Stelvio enneigé; il s’est bien battu.

Je n’ai pas trop compris la relation que le portugais entretient avec son coéquipier italien Fausto Masnada chez Deceuninck. Depuis quelques étapes, ça parle fort, ça s’énerve, ça ne s’aide pas toujours comme ça devrait bref, l’ambiance ne semble pas être au beau fixe entre ces deux-là.

La SunWeb et Ineos ont bien joué leurs cartes sur le Stelvio, Geoghegan pouvant dire merci à un excellent Rohan Dennis qui a tout fait péter après avoir pris le relais de ses équipiers. Fort Geoghegan, plus que 15 malheureuses secondes de retard, gageons qu’Ineos tentera quand même un coup samedi pour surprendre la SunWeb.

LA question est de savoir si la SunWeb devait permettre hier à Hindley de rester avec le coureur anglais devant, plutôt que d’attendre et de rouler avec Kelderman pour minimiser son retard? Kelderman s’est fait lâcher dans le Stelvio, très loin de l’arrivée et un équipier avec lui aurait probablement permis de limiter les écarts sur Dennis et Geoghegan, notamment dans la longue plongée vers Bormio.

Je pense que la SunWeb a bien fait: elle manquait visiblement de confiance en Kelderman, et si ce dernier sombrait (il paraissait perdre un paquet de temps sur le Stelvio avant de retrouver un rythme inespéré dans l’ascension vers le lac de Cancano), elle restait dans la course au maillot rose avec Hindley.

N’empêche, Hindley 24 ans, Geoghegan 25 ans, encore des jeunes au plus haut niveau cette saison, certains inattendus. Les « vieux » que sont Nibali, Fuglsang, Pozzovivo ou encore Majka, tous âgés de plus de 30 ans, ont sombré sur les pentes du Stelvio hier.

Restons enthousiastes mais lucides dans les performances offertes par tous ces jeunes en 2020, comme nous le rappelle encore cette semaine Antoine Vayer et Frédéric Portoleau.

Vuelta: Roglic et Carapaz le duel

Primoz Roglic et Richard Carapaz sont très certainement les deux coureurs les plus forts de cette Vuelta, aucun doute là-dessus. Carapaz en veut dans chaque final, et Roglic ne s’affole pas, bien épaulé par son lieutenant Sepp Kuss.

La Movistar roule beaucoup également, elle a visiblement confiance en Enric Mas pour la suite.

Je suis surpris de la prestation de Hugh Carthy, sans grande référence chez les pros jusqu’ici.

Il reste encore beaucoup, beaucoup d’étapes très compliquées, rien n’est encore joué et nous avons aussi une course en Espagne. On va continuer de se régaler!

Tibopino, je comprends pas

Abandon de Thibault Pinot sur cette Vuelta, avant la 3e étape hier. Celle-là, je ne la comprends pas du tout.

Il a chuté sur le Tour le 29 août dernier, il y a presque deux mois. Pour une blessure qui ne l’avait pas totalement arrêté, ca fait long pour guérir, surtout considérant que les pros ont accès à toute sorte de soins très spécialisés incluant massothérapie, cryothérapie, ultrasons, etc.

Surtout, s’il y avait encore des doutes, pourquoi avoir pris le risque de partir en Espagne? Pinot n’a fait que deux misérables étapes, solde sa campagne 2020 sur un nouvel échec, tout cela ne doit pas être très bon pour son moral en vue de la prochaine saison. J’ai du mal à suivre la logique et je vous avoue que le comportement d’Egan Bernal, lui aussi blessé depuis un bon moment comme Pinot, me parait plus sain puisqu’il a rapidement décidé de mettre un terme à sa saison 2020, et de se reconcentrer sur 2021.

Cyclosport: le calendrier 2021

Même si 2021 demeure incertain en raison de la Covid-19, voici le calendrier provisoire (beaucoup d’événements sont encore à confirmer) des événements cyclosportifs d’importance dans le monde et au Québec, selon trois rubriques: route, gravel et… Watopia!

Route

7 mars: Strade Bianche (IT)

21 mars: Cape Epic (ZA)

3 avril: Tour des Flandres Cyclo (BE)

4 avril: L’Éroica California (US)

10 avril: Paris-Roubaix Challenge (FR)

24 avril: Liège-Bastogne-Liège Challenge (BE)

16 mai: Campagnolo GFNY (US) et GranFondo Vosges (FR)

29 mai: Schleck GranFondo (LU)

5 juin: Les Trois Ballons (FR)

6 juin: GranFondo Milan SanRemo (IT)

11 juin: Haute Route Crans-Montana (CH)

13 juin: Lapierre GF Mont Ventoux (FR)

16 juin: L’Ardechoise (FR)

20 juin: Tour Transalp (DE) et Sportful Dolomiti GranFondo (IT)

27 juin: La Marmotte (FR), L’Alsacienne (FR), le GranFondo Gavia&Mortirolo (IT), la Fausto Coppi (IT)

1er juillet: Classique des Appalaches (QC) (UCI World Serie)

4 juillet: Maratona dles Dolomites (IT) et Les Copains (FR)

6 juillet: Haute Route Pyrénées (FR)

9 juillet: La Charly Gaul (IT) (UCI World Serie)

17 juillet: Tour du Mont Blanc (FR)

25 juillet: GranFondo Gottardo (CH)

22 août: Haute Route Alpes (FR)

29 août: Otztaler RadMarathon (AT), Les Ballons Vosgiens (FR)

31 août: Haute Route Dolomites (IT)

11 septembre: Défis du Parc de la Mauricie (QC)

17 septembre: UCI GranFondo World Championships (BA)

19 septembre: GranFondo Lac Mégantic (QC)

1er octobre: Haute Route Ventoux (FR)

Gravel

24 avril: Rasputitsa Gravel (US)

2 mai: Canyon Belgium Waffle Ride (US)

5 juin: Dirty Kanza 200 (US)

15 août: SBT GRVL (US)

22 août: Vermont Overland (US)

11 septembre: La Gravel Pyrénées (FR)

25 septembre: Les 100 à B7 (QC)

Watopia

2 avril: Haute Route Watopia

À confirmer

Parmi les événements qui ne sont pas encore confirmés, que ce soit au niveau de l’organisation ou des dates, au Québec/Ontario: le GranFondo Mont Tremblant (Festival CrossRoads), le GranFondo Mont Sainte-Anne, le GranFondo Cantons de l’Est, le GranFondo Eco Jacques Cartier, le GranFondo Charlevoix, le GranFondo Quebecor-Garneau, le Défi 808 Bonneville, la Buckland, le GranFondo Ottawa.

Ailleurs dans le monde: la La Morzine Haut Chablais, la Marmotte Pyrénées, le GranFondo Mont Ventoux Beaumes de Venise, la Paris-Nice Challenge, le Gravel Backpacking Challenge, le Barry-Roubaix, le Grinduro, l’Arvan-Villard, la Mégève Mont Blanc Cycling, la Grand Bo, l’Étape du Tour.

Vuelta: déjà le ménage!

Ca n’a pas trainé: le premier gros ménage sur la Vuelta est fait.

Exit Chris Froome.

Exit Thibault Pinot et David Gaudu.

Exit Mike Woods et Daniel Martinez. L’équipe américaine est la grande perdante de cette première étape, leurs deux leaders allant au tapis et perdant plusieurs minutes, surtout Woods qui termine dans les tréfonds du classement. Woods ne peut se rabattre désormais que sur les victoires d’étapes et ca pourra peut-être être une consolation, il y en a à profusion qui lui conviennent dans les prochains 16 jours. Si les conséquences de sa chute ne sont pas trop graves.

Exit Wout Poels.

Exit Alexandr Vlasov.

Du coup, les objectifs de plusieurs équipes ont déjà changé: la FDJ, Education First (il reste Hugh Carthy mais bon), Bahrain-Merida, à la limite Astana.

Sans surprise, la Jumbo-Visma a imposé sa puissance d’entrée de jeu: Roglic en rouge, 5 coureurs placés dans les 16 premiers soit, outre Roglic, Kuss, Bennett, Gesink et Dumoulin. On n’est pas venu sur cette Vuelta pour jouer les touristes. Beau collectif. Kuss, en particulier, a montré qu’il est désormais une valeur sûre en montagne; il sera difficile à battre sur l’Angliru.

Frapper dès le départ est probablement une bonne stratégie de la Jumbo-Visma, les cinq dernières étapes de la Vuelta étant plus faciles, sauf l’avant-dernière bien sûr.

Je pense que l’équipe néerlandaise est partie pour faire oublier leur échec sur le récent Tour de France… et mettre la table en vue de 2021.

Primoz Roglic devra cependant se méfier de Richard Carapaz chez Ineos, qui s’inscrit comme l’autre gros client pour cette Vuelta je pense. Le vainqueur du Giro l’an dernier est un excellent grimpeur, cette Vuelta servira ses qualités. C’est un dur au mal et son final hier témoignait d’un coureur qui veut se battre.

Dan Martin, Enric Mas et Hugh Carthy sont également les bonnes nouvelles qui ont su répondre présents hier lors de la 1ere étape. Ce sont désormais les coureurs à surveiller pour le podium à Madrid.

Esteban Chaves est aussi de retour au premier plan, après quelques mois plus compliqués.

Chose certaine, on a une course et ca pourrait bien bouger tous les jours compte tenu du nombre élevé d’étapes difficiles.

Le Giro

On y est: les deux étapes-reine du Giro aujourd’hui vers la Madonna di Campiglio et, demain, vers le magnifique Laghi di Cancano au-dessus de Bormio, et par delà le Stelvio via Prato. Les images devraient être spectaculaires, les coureurs franchiront le Stelvio dans la neige. Mais la météo s’annonce clémente, pas de pluie et c’est une chance pour les coureurs qui n’auront qu’à gérer le froid. À priori, on n’aura pas d’étapes comme celle du Gavia en 1988 et dont on parle encore souvent!

Wilco Kelderman s’impose comme le favori actuel pour le maillot rose, mais je pense que nous pourrions avoir des rebondissements, notamment du côté de Tao Geoghegan. Sur de telles étapes, on peut lâcher plusieurs minutes rapidement.

À noter que le record d’ascension de la Madonna di Campiglio est de 25min01 établi par Marco Pantani en 1999, avant sa descente aux enfers le lendemain matin.

En marge du Giro et de la Vuelta

On savait déjà que l’équipe AG2R-La Mondiale roulera BMC l’an prochain, ce qui n’est qu’un des nombreux changements que la formation vit actuellement: exit Romain Bardet qui part vers SunWeb, on accueille Greg Van Avermaet et Bobs Jungels ce qui suggère une ré-orientation vers les courses d’un jour.

On apprend récemment que la Jumbo-Visma roulera Cervélo la saison prochaine, en remplacement des vélos Bianchi qui équiperont plutôt la Michelton. Cette dernière étant sur Scott, le géant suisse a décidé d’investir auprès de la SunWeb en remplacement de… Cervélo. Beau jeu de chaise musicale!

Reste à savoir ce qui adviendra de Ridley l’an prochain, qui équipait cette saison la Lotto-Soudal. Cette formation semble être en restructuration, un virage vers la jeunesse étant probablement en cours.

Rappelons également que les formations NTT et CCC devraient cesser leurs activités dans les prochaines semaines, envoyant de très nombreux coureurs pro sur le marché des transferts. Vers quelle équipe se tournera Giant si la CCC ne trouvait pas de repreneur?

Vuelta: mieux que le Giro?

C’est une première dans l’histoire du cyclisme cette semaine: le Giro et la Vuelta en même temps!!!

La 75e édition du Tour d’Espagne s’élance en effet aujourd’hui depuis Irun au Pays Basque, alors que le Giro entre en troisième semaine.

Une édition atypique de la Vuelta, Covid-19 oblige.

18 étapes, et non pas 21 comme d’habitude sur les grands tours. Ca nous mène quand même au 8 novembre pour l’arrivée à Madrid, le temps sera plus frais c’est certain.

Surtout que cette Vuelta est très montagneuse. Il s’agit probablement du plus difficile des trois grands tours cette saison.

Sur 18 étapes, on compte pas moins de… huit arrivées au terme d’une ascension! Les 11e et 12e étapes seront redoutables, avec l’arrivée en haut de La Farrapona et, le lendemain, en haut de l’Angliru. Aie!

Bref, un parcours casse-pattes, dès l’entrée en la matière avec les trois premières étapes compliquées. Le premier vrai test surviendra lors de la 6e étape et son arrivée en haut du col du Tourmalet. Puis la 8e avec l’arrivée à l’Alto de Montcalvillo.

La 13e étape, après le 2e jour de repos, sera un chrono de 34km, probablement la dernière étape décisive pour le général avant une fin de Vuelta un peu moins difficile, sauf l’avant-dernier jour et l’arrivée au sommet de l’Alto de la Covatilla.

Les étapes clé:

6e étape:

8e étape:

11e étape:

12e étape:

17e étape:

Les favoris

Je sais pas vous, mais je trouve moi que le plateau sur cette Vuelta a une autre gueule que celui présent sur le Giro.

La Jumbo-Visma d’abord: Roglic, Dumoulin, Bennett, Gesink, Kuss! Ca va faire mal ça. On sera vite fixé sur qui de Roglic ou Dumoulin assumera le rôle de leader dans l’équipe, compte tenu des difficultés qui arrivent vite en première semaine. Les deux ont eu droit à une petite pause récemment, question de refaire du jus.

Les Ineos-Grenadier ensuite: Froome, Carapaz, Amador, Van Baarle. Froome, je n’y crois pas trop, et il n’offre aucune garantie quant à sa condition actuelle. Mais c’est Chris Froome, comment l’exclure de la liste des prétendants au trône?

Les Movistar: Mas et Valverde. « El Bala » aurait préparé cette Vuelta avec soin, mais à 40 ans, peut-il encore y jouer les premiers rôles? Il demeure un sacré moteur et en forme, qui sait ce qu’il peut faire?

La FDJ: Pinot et Gaudu. Ca va être intéressant de suivre Tibopino sur ce Tour d’Espagne, qu’il court probablement un peu pour faire oublier son Tour de France de misère, victime d’une chute. Il devrait être très motivé… si la poisse peut le laisser tranquille ca peut le faire.

Les EF: Martinez, Woods, Van Garderen.

La Cofidis avec Guillaume Martin et Jesus Herrada. Pour Guillaume Martin, on cherchera à confirmer son récent Tour de France assez exceptionnel.

Sans oublier les autres: De la Cruz, Henao, Vlasov, Nieve, Chaves, Poels, Mohoric, Dan Martin. Certains ont une saison à sauver.

Bref, ça fait beaucoup de monde qui peut espérer une place dans les 10, voire dans les 5. On devrait assister à une course de mouvement, si jamais la Jumbo-Visma ne cadenasse pas tout. Sur le papier, elle semble en avoir les moyens…

Pour la gagne à Madrid, misez sur un Jumbo-Visma, Carapaz, Pinot.

Tous les partants sont ici.

Les Canadiens

Ils sont deux au départ, Mike Woods chez Education First ainsi que James Picolli chez Israel Start-Up Nation.

Si Picolli apprend à ce niveau, Woods a une belle carte à jouer selon moi, il était en forme récemment. Le parcours, montagneux à souhait, lui convient bien, avec des arrivées en altitude fréquentes. C’est dire si une belle victoire d’étape lui tend les mains, et pourquoi pas au sommet de l’Angliru?!

Et à la clé, pourra-t-il faire mieux que cette 7e place acquise sur la Vuelta 2017?

À la télé

En Europe, Eurosport.

Au Québec, FloBikes.

En stream gratuit, Tiz-Cycling.

Ronde: un sprint de ouf!

On était loin des circuits de cyclo-cross hier dans le final du Ronde.

Et pourtant, les deux grands champions de cyclo-cross des dernières années (six championnats du monde à eux deux, trois chacun!) s’y sont livrés un mano-à-mano d’anthologie.

Raymond Poulidor, le grand-père de Mathieu, avait Jacques Anquetil. Mathieu Van Der Poel, le petit-fils, a Wout Van Aert, quatre mois d’écart entre la naissance de ces deux-là.

Pour faire un grand champion, il en faut souvent un autre. Et dans les grands duels se forge la légende du cyclisme!

On se souviendra de ce sprint royal hier entre ces deux géants. Ils la voulaient celle-là, et il est évident qu’ils ont vraiment tout, tout donné dans ce sprint pour arracher la victoire. La détermination se lisait sur les visages dans ces derniers 200m, et même à 6000 kms de la ligne d’arrivée, de chez moi à Gatineau au Québec, je pouvais sentir la tension entre les deux coureurs dans le dernier kilomètre.

C’est qu’il y avait des comptes à régler.

Pour Mathieu, c’était une question de pouvoir se regarder dans un miroir cet hiver. C’est long, l’hiver. Une saison à réussir sur un sprint de 200m.

Pour Wout, c’était une question de confirmer une saison extraordinaire: le seul qu’il n’avait pas encore battu à la régulière, c’était Mathieu, son éternel rival. Une victoire et Wout passait dans une autre dimension.

Le sprint a été magistral, les deux étant à leur absolue limite jusqu’à la ligne. Mathieu a su résister avec l’énergie du désespoir à Wout qui remontait doucement sur sa gauche. La ligne d’arrivée aurait été 10m plus loin que je ne suis pas sûr si Mathieu aurait gagné!

Surtout, on retiendra deux choses: la maitrise dont ont fait preuve les deux coureurs en préparant leur sprint, et leur classe une fois le sprint lancé.

Il fallait en effet la jouer serré: ne pas faire d’erreur de braquet, ne pas partir trop tôt, ne pas se laisser surprendre, surtout pour Mathieu qui était devant. C’est loin d’être évident à gérer après une course de plus de 200 bornes, et les deux l’ont bien joué à ce niveau: pas de faute tactique, deux coureurs au sommet de leur art, rien à redire. Mathieu a eu raison de lancer en premier, prenant rapidement un léger avantage sur Wout. Ce dernier regrettera assurément de ne pas avoir lui-même lancé le sprint aux 300m.

J’ai aussi beaucoup apprécié la classe et le respect des deux coureurs: pas de bavure, pas de vacherie, pas de trajectoire déviée dans le sprint, un vrai mano-à-mano réglo, que le plus fort gagne.

Et ce fut Van Der Poel.

Van Aert ayant beaucoup gagné cette saison, c’est très bien ainsi. Mais le champion belge était très déçu à l’arrivée, et on le comprends.

Alaphilippe, les erreurs se succèdent

Le fait de course, c’est évidemment la chute spectaculaire de Julian Alaphilippe à quelques 30km de l’arrivée, ce dernier heurtant une moto.

Alaphilippe s’en tire avec une double fracture à la main droite, une blessure sans trop de conséquences sportives puisque sa saison se terminait de toute façon hier soir.

À qui la faute? Probablement à un peu des deux: la moto semble avoir ralenti trop rapidement à un endroit où rien n’en indiquait la nécessité, et Alaphilippe, 3e du trio à ce moment derrière Van Aert et VDP, semblait parler à l’oreillette lorsque VDP s’est décalé pour éviter le choc.

Évidemment, j’ai beaucoup regretté cette chute, le final aurait été autrement plus intéressant avec un remuant Alaphilippe qui était visiblement parti pour « se faire plaisir ». Le Patenberg aurait eu une autre gueule je pense!

N’empêche, Alaphilippe aura connu pas mal de déveine cette saison: un maillot jaune perdu sur le Tour la faute à un bidon, un Liège-Bastogne-Liège perdu la faute à des bras levés trop tôt sur la ligne, maintenant un Ronde perdu la faute à une moto… ca fait beaucoup.

Quant au rôle des motos sur les courses pro, je vous laisse commenter!!!

Mais côté chute improbable hier, y’a pire avec Gregor Mühlberger.

Hugo Houle progresse

44e sur la ligne hier à un peu plus de 4min du vainqueur, le Québécois Hugo Houle progresse c’est évident.

Le Ronde pouvait être vu comme un vrai test, compte tenu de la fatigue accumulée en raison d’une saison déjà bien remplie. Si, de l’avis du principal intéressé, il lui manque encore quelques watts pour passer les difficultés avec les meilleurs, ce qui est intéressant cette saison avec Hugo, c’est sa constance selon moi. Toujours bien placé sur les courses, il est fiable et régulier. Avec encore un peu de travail, et une hygiène de vie irréprochable question de gérer le poids, on peut espérer une belle saison 2021.

Un Giro à rebondissements!

Exit Pozzovivo et Fuglsang, Nibali qui montre des signes de faiblesse, Almeida qui résiste mieux que prévu et surtout, la SunWeb qui se pose comme l’équipe dominante de ce Giro, avec comme premier favori désormais le néerlandais Wilco Kelderman, qui pointe à un petit 15 secondes du maillot rose.

Et son équipier Jai Hindley 3e du général à 2min56, 1sec devant Tao Geoghegan.

Ce Jai Hindley, un Australien de seulement 24 ans, un autre jeune qui surprend, deux jours seulement après une belle perf lors du chrono du jeune américain de 22 ans Brandon McNulty.

L’année des jeunes se poursuit!

Chose certaine, cette étape hier vers Piancavallo a relancé la course au maillot rose. Si Kelderman se pose désormais en favori étant donné les difficultés à venir en haute montagne, on se demande jusqu’où pourra aller Tao Geoghegan, vainqueur hier – il était facile – en hommage à Nicolas Portal.

Les autres – Nibali, Pozzovivo, Fuglsang – sauront-ils rebondir?

Et je dois dire qu’Almeida est admirable dans la défense du maillot rose. Hier sur les pentes de Piancavallo, il n’a rien lâché, même lâché… si vous voyez ce que je veux dire. Volontaire, il n’abandonnera pas facilement sa tunique rose, et se battra de toute évidence jusqu’au bout du bout. Courageux Almeida.

Je croyais ce Giro un peu triste, je dois dire que la dernière semaine en haute montagne s’annonce plutôt très bien! Je serai rivé à L’Équipe TV. Très bien d’ailleurs L’Équipe TV, avec notamment Cyrille Guimard et Claire Bricogne.

Page 1 of 3