La machine médiatique américaine est lançée, on ne parle plus que du Tour de Californie sur la plupart des sites couvrant le cyclisme aux États-Unis. Je vous propose de faire le tour des nouvelles liées à cette épreuve prochaine et je débute par celles qui me dérangent particulièrement parce qu’elles ne tournent pas rond, ce qui est toujours un problème dans le vélo…
1 – le retour de Floyd Landis. Un seul mot me vient à l’esprit pour résumer ce come-back : p a t h é t i q u e. Qu’un ex-dopé revienne dans le peloton après avoir purgé sa sentence, je n’ai rien contre. J’ai d’ailleurs un certain respect pour des repentis comme David Millar ou encore Ivan Basso parce qu’ils ont eu le courage d’avouer leur faute, respectant de cette façon leur fans et le public. Floyd Landis, c’est tout l’inverse: le gus nous prend vraiment pour des cons. Sa défense dans son procès pour dopage à la testostérone lors du Tour 2006 est, selon moi, une insulte à l’intelligence des amateurs de cyclisme et reflète un profond mépris du public en général.
Dans ce contexte, que diable vient chercher Floyd Landis, 33 ans, par ce retour dans le cyclisme ? Ca ne peut être la rédemption, ce ne peut être non plus de blanchir son nom puisque sans aveux, toute nouvelle performance sera forcément suspecte.
Comme Lance Armstrong, je suis convaincu que Landis est drogué à la popularité qu’il a tiré, dans le passé, du cyclisme. Mal-aimé depuis 3 ans, rejeté même du milieu, Floyd Landis vient chercher au Tour de Californie une petite dose d’amour qu’il perçoit probablement comme un baume à ses blessures. Floyd Landis au Tour de Californie, c’est un petit enfant incapable, par immaturité, d’avouer une faute et qui revient vers sa maman pensant que tout va être oublié par enchantement…. Dans ce contexte, ce retour est tout personnel et n’aide en rien le cyclisme, dont il se fout éperdument par ailleurs.
2 – Bjarne Riis. Décidemment, cet homme est imbuvable. Sa présence même dans le cyclisme est selon moi une insulte à l’intelligence de ses amateurs, cet homme méprisant ceux qui lui reprochent d’avoir sali le sport en se dopant durant sa carrière, estimant qu’il faut "passer à autre chose, regarder devant et non derrière". Avec de tels propos édifiants, on comprend surtout que le Monsieur vit sacrément bien du cyclisme et qu’il entend rester dans le milieu encore une paire d’années. Bjarne Riis est aujourd’hui une puissante machine de désinformation et ses récentes déclarations au sujet de Lance Armstrong le prouvent encore.
Riis a effet déclaré qu’il estime que le retour d’Armstrong dans le cyclisme est une bonne chose, surtout parce qu’on parle davantage de cyclisme dans les médias. Ce qui est lamentable ? C’est que Riis n’a aucun intérêt pour le sport lui-même, pour son éthique, sa valeur ou sa crédibilité. Son seul intérêt est utilitariste: Armstrong est bon pour le vélo parce que Armstrong va attirer les médias, donc les sponsors, donc les sous, donc faire vivre l’industrie. Et au diable qu’Armstrong traine des casseroles derrière lui, ceux qui parlent de ca sont tous des loosers anyway. Au diable que d’essayer de reconstruire le cyclisme sur des bases saines.
Toute la vision de Riis pour le cyclisme est contenue dans cette citation tirée de ses déclarations récentes à l’occasion du Tour de Californie: "If we continue to see only the negative things we are going to kill ourselves and kill our sport. We need to take the opportunity to find solutions for the future of cycling. And we need to give him credit that he has the guts to come back." Bref, nous sommes tous des cons de parler de dopage, we should get over it, surtout ne pas revenir sur le fait que lui-même s’est dopé copieusement durant sa carrière. Hey ! M. Riis ! On peut parler positivement du dopage ! (sans jeu de mots). Il est tout à fait sain de poser un regard lucide sur les dérives du passé afin d’apprendre de nos erreurs et de construire l’avenir sur des bases plus saines…
Plus encore, on mesure toute l’étendue du néant intersidéral prenant place dans le cerveau de Riis par sa phrase "We need to take the opportunity to find solutions for the future of cycling". Mais que diable veut-il dire par là ? Je ne vois qu’un but à une telle déclaration, celui de semer le doute et la confusion dans les esprits sains. La première mesure que le cyclisme devrait prendre pour sortir du marasme dans lequel il est plongé depuis des années est d’interdire à Riis lui-même de travailler de près comme de loin dans le milieu du cyclisme… Ca serait déjà un immense pas pour la restauration de la crédibilité du cyclisme.
Mais attendez la suite… car ce n’est pas tout. Riis déclare en effet à propos de Lance Armstrong "Some say he was not clean when he won his Tours. I think he was a great athlete." Là, c’est du positivisme irresponsable voire du mensonge éhonté. Riis connaît mieux que quiconque les résultats du dossier Armstrong publié dans L’Équipe il y a quelques années. Il sait pertinement qu’Armstrong a testé à de nombreuses reprises positif à l’EPO lors du Tour 1999. Il sait pertinement qu’Armstrong refuse qu’on examine de nouveau ses échantillons sanguins, fort des nouveaux tests de dépistage disponibles.
Un homme intelligent et surtout intègre aurait évité de s’aventurer sur un tel terrain. Un homme intègre aurait fermé sa gueule sur le sujet Armstrong afin de garder ses distances face aux casseroles que traine le coureur américain. Il est évident que là encore, Riis ne pense qu’à protéger ses intérêts personnels et ceux de son équipe. Il sait qu’il débarque au Tour de Californie avec son équipe et qu’Armstrong sera sans l’ombre d’un doute le patron du peloton, ne serait-ce que par son poids dans les médias. Quoi de mieux pour que son équipe soit dans les bonnes grâces du Boss que de débuter par quelques déclarations flateuses à l’égard du coureur d’Astana ?
Ne soyons pas dupes sur les intentions réelles de Bjarne Riis. Cet homme n’a jamais eu à coeur les intérêts fondamentaux du sport cycliste, cet homme a à coeur ses intérêts personnels un point c’est tout.
3 – TRÈS intéressant article retraçant l’histoire des pelotons internationaux ayant roulé en Amérique du Nord depuis 5 ou 6 décennies, question de relativiser l’information selon laquelle le peloton du prochain Tour de Californie sera le plus fort jamais vu de ce côté-ci de l’Atlantique, une information véhiculée par certains médias dont les connaissances cyclistes sont douteuses ou, du moins, limitées.
4 – Les coureurs du Tour de Californie passeront lors de la 2e étape sur le Golden Gate Bridge. À prévoir que vous verrez des tonnes de photos du peloton sur ce pont célèbre, dont très certainement quelques unes du très politically correct Graham Watson. J’entends déjà les commentaires de Phil Liggett et Paul Sherwen: "absolutely magnificent", "superbly designed", "absolute class". Pu capable…
5 – Six Canadiens participeront au Tour de Californie cette année, soit Michael Barry, Svein Tuft, Dominique Rollin, Cameron Evans, Will Routley et Charles Dionne. Pour la victoire finale, il faudra évidemment surveiller Levi Leipheimer, vainqueur l’an dernier, tout comme Ivan Basso, très motivé, et Lance Armstrong qui n’est certainement pas sans ignorer l’impact monstrueux qu’engendrerait une victoire de sa part sur le plan médiatique et sur le plan de ses finances personnelles. Il sera également intéressant de surveiller les frères Schleck, Cancellara, Voigt, Hincapie, Cavendish, Boonen, Vande Velde, Freire et Gesink.