Sans plus tarder, La Flamme Rouge vous propose aujourd’hui un petit retour sur la Marmotte, définitivement une course cyclosportive que j’adore. La dernière fois que j’avais complété l’épreuve remonte à… 2000, où j’avais signé un temps officiel de 7h54, mon meilleur jusqu’ici. Et bien hier, je n’ai pas fait mieux.
D’abord, les chiffres: météo très bonne au départ, temps ensoleillé et pas trop chaud. Nuageux dans le final, mais rien de méchant. Des très bonnes conditions météo donc, rien à redire sur ce point, surtout qu’aujourd’hui, c’est la grande pluie de nouveau, comme jeudi dernier, ainsi que la fraicheur. Mon temps non officiel, pris par moi sur ma montre Polar : 8h14. Classement non officiel, selon les commentaires de ceux qui étaient à l’arrivée: autour de la 800e place (sur 7000 concurrents annoncés!). J’attends les résultats officiels de Sport Communication pour vous confirmer tout ça.
Alors déçu ? Non, car la Marmotte est une dame qui se respecte. Si je me suis rappelé d’une chose hier, c’est bien de l’humilité dont il faut faire preuve dans une telle course où tout peut arriver… Récit de la course:
Ca a commencé en fait par le vol, dans la nuit de mercredi à jeudi. Arrivé à Lyon puis Chambéry dans de la famille, je me suis couché à… 23h30 jeudi, après 34h debout (je suis incapable de dormir dans un avion). Si la nuit de sommeil fut excellente, le vendredi fut une bonne journée aussi puisqu’il a fallu s’installer à l’Alpe d’Huez. C’est avec les VéloGessien que j’ai en fait pu enfin décompresser le soir entre 18h et 20h.
La nuit de vendredi à samedi fut très mauvaise, mais c’était attendu. La veille d’une telle épreuve, je ne dors jamais bien. Ceci étant, mon rhume a refait violamment surface et c’est le nez bouché complet et avec une certaine fatigue accumulée (n’oublions pas le décalage horaire!) que j’ai pris le départ à Bourg d’Oisans à 7h du matin. Mon no de dossard, le 968, m’assurait d’un départ proche de la tête de course, ce qui fut grissant. Beau matos sur la ligne de départ, y’a plus à dire mais le cyclosport est une affaire de spécialistes désormais.
J’ai pris un départ rapide, bien calé dans la roue de deux Hollandais visiblement partis pour faire un temps. J’ai roulé avec eux à plus de 45 km/h pour une bonne partie du trajet jusqu’à Allemont puis monté le barrage très rapidement avec eux, doublant des dizaines de concurrents. C’était aussi le moment de peaufiner mon réchauffement avant de m’élancer dans le Glandon.
J’ai fait une très bonne ascension du Glandon, bien dans le rythme, presque facile. Au barrage du Chambon, je pointais à seulement 16 minutes des leaders de l’épreuve selon un suiveur sur le côté de la route. J’ai dû basculer le col à moins de 25 minutes d’eux, ce qui n’est pas si mal compte tenu qu’il m’aura fallu probablement 5 minutes avant de m’élancer derrière eux.
La descente du Glandon fut un réel bonheur. Je suis descendu vite, plus vite que la plupart des concurrents autour de moi. Petite frayeur quant l’un d’eux s’est étalé dans un lacet pris trop vite: je l’ai évité de justesse. Ceci étant, la descente du Glandon est technique, les virages étant nombreux dans le bas.
J’étais à 9h20 au bas du Glandon, à Ste-Marie de Cuines. De là, je me suis calé dans un bon groupe d’une trentaine de coureurs jusqu’à St-Michel de Maurienne, pied du Télégraphe. Un coureur, un seul, semblait très motivé, c’est lui qui a pour l’essentiel amené le groupe sur cette portion du trajet.
L’ascension du Télégraphe a débuté à 10h15. Mes sensations étaient bonnes, j’étais en haut à 11h05. Petite descente sur Valloire (7 minutes) et première alerte dans la grande ligne droite pentue des Verneys: tiens, je tirais moins bien tout à coup. Arrêt au ravito et l’envie de manger un peu de solide me gagne. J’avale en à peine 5 minutes un sandwich au jambon sur pain baguette assez dur.
Je repars et là, ô putain ! Planté complet. Scotché au bitume, comme on dit en vélo. Ma galère commence et elle durera jusqu’en haut du Galibier. Plus de force, les jambes vides. Je tirais le 34-26 vers Plan Lachat, un endroit où je suis déjà passé avec 39-23 et 21. Les premières rampes, terribles, après Plan Lachat ont terminé de m’achever. J’ai posé pied à terre aux Granges, question de me ressaisir, le moral en prenant un sérieux coup puisque des dizaines de concurrents, que j’avais doublé dans le Télégraphe, me repassaient. J’ai terminé le Galibier comme j’ai pu, à l’agonie. J’aurais dû, selon mon tableau de marche, passer le Galibier à 12h15 environ ; j’y suis passé à 12h55 !
Conscient du retard accumulé et par plaisir, je me suis fait une belle descente jusqu’au Lautaret, descente très rapide. Et là, au Lautaret, bon vent de face. Je me relève, regarde derrière et voit un groupe d’une dizaine de coureurs un peu plus haut. Je me décide à lever un peu le pied pour qu’ils me rattrapent. Ils ne le feront qu’après La Grave ! Je me cale alors dans le groupe et évoluerait avec eux jusqu’au pied de l’Alpe d’huez, non sans essayer de me refaire le plus possible. Je redoutais cependant cette dernière ascension compte tenu de mon ascension catastrophique du Galibier.
Dès la première rampe de l’Alpe d’Huez, aucun problème en fait ! C’est ainsi que j’ai fait une très bonne ascension de l’Alpe d’Huez, que j’estime en environ 1h, 1h05 pas plus. Ce n’est qu’au virage no 5, dans le haut, à la sortie du village de Huez, que je suis entré dans le dur. Dans l’Alpe, ca m’a fait plaisir, j’ai repris pas mal de concurrents, peu me doublant. Y’a tout de même un VéloGessien qui m’a repris à Huez, lui qui partait à 7h30, soit au moins 25 minutes après moi. Faut dire que le gus, un gars hyper-sympa avec qui ce fut fort agréable de discuter la veille devant un verre, est une pointure et avait dans les pattes pas mal de cyclos jusqu’ici et un temps référence sur la Marmotte de 7h.
Bilan de ma Marmotte: un gros passage à vide dans le Galibier mais une ascension très bonne du Glandon et de l’Alpe d’Huez selon moi. Satisfait ? Oui, parce que la Marmotte se respecte et qu’il faut être humble face à la haute montagne. Non, parce que j’estime avoir perdu une demi-heure dans le Galibier, ce qui aurait ramené mon temps final à environ 7h45.
La question est d’expliquer ce passage à vide. Ai-je trop forcé l’allure dans le Glandon et le Télégraphe ? Est-ce la faute à ce sandwich probablement avalé trop vite et qui m’est un peu resté sur l’estomac ? Chose certaine, je l’ai maudit à plus d’une reprise dans le Galibier qui demeure terrible au dessus de Plan Lachat. Tous les concurrents que j’ai pu voir en bavaient des ronds de chapeau pour se hisser là haut, à 2 650m d’altitude, excusez un peu.
Et dans quelle mesure ce maudit rhume, qui me fait aujour’hui moucher aux 5 minutes, aura également affecté ma performance hier ?
Suis-je capable de mieux ? Oui, j’en ai la certitude. J’ai bien senti, par rapport à d’autres concurrents, qu’il me manquait ce coup de pédale de la montagne, moi qui aurai fait mes sorties de préparation uniquement sur la plaque, les terrains autour de Gatineau ne ressemblant en rien aux Alpes. Pour faire une bonne Marmotte, je demeure convaincu qu’il faut arriver 10 jours avant dans les Alpes et consentir à quelques longues sorties (la Vaujany par exemple) pour acquérir ce coup de pédale unique et ce rythme que seule l’ascension de grands cols peut procurer. Avec quelques jours de repos sur place par la suite, ce serait tout bon.
Un gars de Grenoble rencontré dans le Galibier et qui m’a doublé facile me confiait avoir… 18 000 bornes dans les jambes avant cette Marmotte. J’en avais très précisement 2 900.
Y reviendrai-je ? Oui, c’est sûr, et le plus tôt le mieux ! Quelle course ! Quels paysages ! Quel défi sportif !
D’autres lecteurs de ce site prennaient part à l’épreuve, je les invite à nous faire part de "leur" Marmotte.
VeloGessien nous proposera aussi un reportage de leur Marmotte, avec des photos. A ne pas manquer!