Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Mois : juillet 2006 Page 1 of 2

La Flamme Rouge en vacances

La Flamme Rouge part en vacances un petit deux semaines. On en a bien besoin pour d’une part panser nos plaies, pour d’autre part se ressourcer mentalement. L’inspiration était en effet plus difficile ces derniers temps. De retour en pleine forme espérons-le le 10 août prochain.

Le leader creuse l’écart

C’était très serré juste avant le Tour ; ca l’est un peu moins après car votre humble serviteur a pu creuser l’écart sur son plus proche rival grâce à… Floyd Landis, que nous avons dans notre équipe. Nous avions aussi Valverde et Basso, imaginez un peu si nous n’avions pas joué de malchance avec les affaires de dopage ainsi que la chute de Valverde dans la première semaine! Quoi qu’il en soit, nous voilà solidement installé à la première place, 88 points devant Marie-Claude Grégoire qui a pu conserver sa 2e place grâce aux performances d’Hushovd, Boonen et Schleck sur ce Tour de France. Martin Caya est l’auteur d’un superbe rapproché, étant passé de la… 28e place à la 3e grâce au Tour. Dans son cas, il a marqué un maximum de points avec Landis, Moreau, Hushovd et Boonen. Six coureurs ont maintenant 600 points ou plus. Pour eux, tout est encore permis. Il reste de belles courses d’un jour en août ainsi que la Vuelta et les Mondiaux en septembre. Pour les autres, une place sur le podium n’est pas impossible mais plus difficile. Il faut maintenant viser le top 10!. Il n’est pas impossible de faire de belles remontées comme en attestent ceux (ils sont 10) qui avaient choisi Oscar Pereiro dans leur équipe: 73 pts de marqués durant le Tour! Les coureurs ayant marqué le plus de points sur ce Tour de France maintenant: Landis, 116 pts. Pereiro, 73 pts. McEwen, 61 pts. Kloden, 48 pts. Sastre, 40 pts. Menchov, 31 pts. Rasmussen, 30 pts. Cunego, 28 pts. Freire, 26 pts. Boonen, 25 pts. Hushovd, 25 pts. Schleck, 19 pts. Moreau, 18 pts. Le classement en date du 25 juillet: 1 – Laurent Martel 738 points. 2 – Marie-Claude Gregoire 650 3 – Martin Caya 630 Éric Lehoux 620 Luc Bérubé 603 Claude Taillon 600 Olivier Champoux 573 Sebastien Boivieux 573 Jean Pierre Lemay 568 Christian Dallaire 552 Franck Lemay 546 Joel Poitras 544 Franck Kermoa 542 Mathias Letendre 533 Ismael Choesmim 529 Ronald Martel 529 Florimond Rellier 528 Normand Papillon 526 Nicolas Echavidre 521 Bernard Fouquet 520 Michel Gervais 519 Clifford Marshall 516 Etienne Gagnon 516 Antoine Stundner 515 Andre Legault 514 Jocelyn Auger 514 Gaston Langlois 505 Alexi Richer 502 Jean Michel Lachance 498 Sebastien Vano 497 Francois Berube 496 Sebastien Bismuth 495 David Maltais 489 Robert Mayer 487 Robert Laramee 486 Paul Courtemanche 484 Vincent Courcy 482 Claire Croteau 481 Maxime Desrochers 471 Michel Gauvin 471 Vincent Viguie 470 Fabien Vano 467 Marc Beaulieu 466 Maxime Maltais 465 Gabrielle Ostiguy 464 René-Pierre Roussel 458 Frederic Perman 458 Micael Tille 456 Xavier Nadeau 456 Evelyne Gagnon 455 Martin Prud’homme 453 Jean Martin Bourque 451 Mathieu Giguère 451 Mathilde Insanes 449 Regis Grulois 449 Antoine Richer 448 Charly Vives 448 René Rellier 443 Jean Roy 442 Pierre Montangon 437 DenisDoyon 432 Martin Lacroix 431 Olivier Galzin 428 Sébastien Moquin 426 Stephane Martel 426 Mario Beauregard 424 Natalie Dagenais 418 Yann Roblin 417 Dan Simard 416 Francois Groleau 416 Jacques Blanc 416 Patrice Beaulieu 416 Pier-Alexandre Marquette 414 Maxime Vives 410 Andy Lamarre 409 Eric Le Page 409 Fabrice Dubost 409 Stephane Cournoyer 407 Francois Sztuke 399 Jean Francois Fortin 397 Fabrice Casine 394 Sébastien Petit 393 Guillaume Bilodeau 390 Frederic Giguere 387 Gaetan Duperron 386 Luc Ostiguy 383 Isabelle Brault 382 Eric Boily 381 Raphael Watbled 379 Christian Pouliot 378 Charles Halluin 377 Claude Laflamme 373 Erick Gagnon 373 Alexandre Odulinski 371 Alexandre Charest 365 Christophe Le Bihan 365 Jean-Claude Ducharme 364 Jérôme Gagnon 364 Mario Larochelle 364 Marcel Marie Laprise 355 Vincent Meuric 353 Louis Dupuis 350 Eric Charpentier 345 Pierre Davreux 345 Lucas Bourrier 343 Louis Potvin 342 Francois Gravel 340 Jerome Albar 339 Luc Rochefort 338 Ludivine Loze 338 Christian du labo 335 Manu Colette 325 Gaetan Blais 324 Caroline Montminy 323 Ghyslain Lambert 323 Didier Mangin 320 Dominique Paget 316 Pierre Vezina 312 Francois Gaudreau 309 Jean Philippe Wauthier 309 Pierre Rellier 307 Alain_Dauphin 303 Marc-Olivier Abel 301 Eric Jean 280 Francois Gagnon 278 Christian Charette 276 Marc Lemay 274 Janie Fortin 265 Alain Potvin 255 Marc Chenard 232 Remi Lanet 222 Denis Brow 220 Arnold Jacques 215 Eric Royo 173 points. Prochaine mise à jour, mi-août!

Pool de cyclisme

Une mise à jour du pool de cyclisme est maintenant disponible suite au Tour de France. Des surprises en perspective!

Les dernières nouvelles…

1 – Certains lecteurs se demandent visiblement pourquoi la presse, l’ensemble des suiveurs et… La Flamme Rouge soulignent un Tour de France captivant cette année. Il est vrai que les problèmes de dopage ne sont pas réglés, ce Tour étant le 3e plus rapide de l’histoire. Mais le dopage n’a rien changé quant à la volonté, la détermination et le courage dont on fait preuve plusieurs coureurs de ce Tour, le rendant passionnant. Ces qualités étaient peut-être présentes dans les éditions précédentes mais larvées par une équipe US-Postal / Discovery qui cadenassait la course, tuant le suspense et laissant peu d’espoir aux « challengers ». On peut également croire que les qualités de Lance Armstrong lui permettait de se lancer lui-aussi dans des échappées solitaires ou il aurait pu gagner avec panache, un peu comme Merckx à Mourenx. Toute sa carrière, il s’est plutôt contenté de rester bien protégé par son équipe, attendant les derniers kms pour faire la différence. On est loin du panache qu’ont fait preuve sur ce Tour plusieurs coureurs dont évidemment Landis.

2 – « Petite interview post-Tour avec Landis »:http://www.cyclingnews.com/road/2006/tour06/?id=/features/2006/landis_post_tour2.

3 – Le bilan des équipes selon AFP:

Aucune formation n’a bouclé avec neuf coureurs le Tour de France cycliste 2006, dimanche à Paris, où 139 coureurs (sur 176) ont été classés.

Deux formations, AG2R et T-Mobile, sont parvenus au terme des 21 jours de course sans avoir à déplorer un ou plusieurs abandons. Mais elles n’avaient pu se présenter au complet sur la ligne de départ de Strasbourg (huit coureurs pour AG2R, sept pour T-Mobile).

Avec 37 abandons, cette 93e édition s’est située dans la moyenne des éditions précédentes (34 en 2005, 41 en 2004).

A l’heure du bilan, les satisfactions et les déceptions, équipe par équipe (dans l’ordre du classement des gains):

*Phonak*: objectif atteint pour Landis qui a tenu compte des forces et faiblesses (en montagne) de son équipe. Le maillot jaune a réussi l’exploit du Tour sur la route de Morzine.

*Caisse d’Epargne*: tôt privée de Valverde (abandon), son meilleur atout en théorie, l’équipe espagnole s’est rétablie quasi-miraculeusement avec Pereiro, deuxième à Paris et maillot jaune pendant cinq journées.

*T-Mobile*: la formation allemande a tout connu. L’élimination de son leader (Ullrich), les succès d’étape à répétition (3), la victoire par équipes et, peut-être aussi, le sentiment d’être passé à côté avec Klöden (3e à Paris).

*CSC*: désorganisé par l’éviction de son leader (Basso), affaibli par la chute de Julich, le groupe danois s’est repris dans la seconde moitié du Tour. Deux succès d’étape (Voigt, Schleck) et une place au pied du podium (Sastre 4e).

*Rabobank*: quatre victoires d’étape en vitrine (2 pour Freire, 1 pour Menchov et Rasmussen) assorti du maillot de la montagne pour Rasmussen. Mais un résultat final en retrait pour Menchov qui pouvait espérer mieux (6e).

*Davitamon*: McEwen a dépassé l’objectif initial. Trois étapes et le maillot vert pour l’Australien, le meilleur sprinteur de ce Tour. Evans a approché les meilleurs sans les égaler (5e).

*Lampre*: constamment à l’attaque, l’équipe italienne n’a pas été récompensée de ses efforts. Bennati, Ballan ou Commesso méritaient mieux. Cunego, maillot blanc du meilleur jeune, s’est relancé.

*AG2R*: la meilleure équipe française a fait mieux que remplacer son leader (Mancebo), évincé avant le départ. Une étape (Calzati), une journée en jaune (Dessel) et deux coureurs dans les dix premiers (Dessel, Moreau).

*Saunier Duval*: De la Fuente, longtemps en tête du classement de la montagne et désigné coureur le plus combatif du Tour, a sauvé l’équipe espagnole, dont les chefs de file (Millar, Simoni) ont souffert.

*Gerolsteiner*: si Leipheimer a plafonné (13e), Fothen a progressé (15e). Toujours entreprenante, l’équipe allemande vaut désormais surtout par sa génération montante (Wegmann, Lang).

*Crédit Agricole*: un début en fanfare et une conclusion somptueuse, grâce à Hushovd. Entre les deux temps forts, un parcours en demi-teinte malgré la présence de Caucchioli en montagne (16e à Paris).

*Bouygues Telecom*: Fédrigo a signé le premier succès d’étape en six participations pour l’équipe française. C’est la grande satisfaction d’un bilan à la hausse par rapport à 2005.

*Milram*: Knees et Schröder, deux coureurs à suivre, ont su saisir leur chance au sein de la formation allemande qui a dû composer avec l’absence de Petacchi et l’usure de Zabel.

*Cofidis*: un succès inespéré dès la première étape (Casper) et de vrais promesses par la suite (Chavanel, Parra) avant les chutes dans les Alpes. Moncoutié, retardé dans son approche, n’a pu apporter son écot.

*Discovery Channel*: grandeur et décadence pour l’équipe américaine, qui n’a pas assumé l’héritage Armstrong. En tout et pour tout, une journée en jaune (Hincapie), un succès d’étape (Popovych).

*Liquigas*: le groupe italien, privé de Di Luca puis de Backstedt (abandons), a eu du mal à trouver les ouvertures malgré sa volonté offensive. Quinziato et Garzelli, dans les échappées, ont sauvé les apparences.

*Française des Jeux*: un Tour à oublier pour les hommes de Marc Madiot. Gilbert a joué de malchance à Valkenburg. Ses compagnons se sont retrouvés à contre-temps ensuite.

*Quick Step*: quatre jours en jaune (Boonen) et un succès d’étape (Tosatto). Mais aussi des échecs répétés dans les sprints pour Boonen, de qui l’on attend toujours énormément.

*Euskaltel*: l’équipe basque a redressé la tête malgré la transparence de Mayo. Grâce à Zubeldia, régulier en montagne (9e à Paris), et ses coéquipiers souvent remarqués à l’avant (Isasi, Camano, Verdugo).

*Agritubel*: le « Petit Poucet » a tenu sa place. La victoire d’étape de Mercado à Pau a récompensé la seule formation invitée, qui a connu une fin de Tour plus difficile.

4 – Quelques vélos du Tour: « Willier Cento »:http://www.cyclingnews.com/road/2006/tour06/tech/?id=/tech/2006/features/tour_bikes11 (pour la pureté des lignes), « Cervélo SLC SL »:http://www.cyclingnews.com/road/2006/tour06/tech/?id=/tech/2006/features/tour_bikes12 (pour la légèreté et l’air agressif), « Look 595 »:http://www.cyclingnews.com/road/2006/tour06/tech/?id=/tech/2006/features/tour_bikes10 (pour le classicisme et la tige de selle intégrée). Des trois, c’est le Look qui nous apparaît le plus réussi, bien qu’on a affaire à des vélos d’exception c’est évident.

5 – Jan Ullrich a été licencié de son équipe T-Mobile. Quant on connaît la popularité du coureur en Allemagne, c’est une décision courageuse de la compagnie de communication allemande. Curieusement, on pense que ce licenciement pourrait être positif pour Ullrich s’il décide de ne pas partir à la retraite, lui donnant l’occasion de se remettre en question et de changer de méthode de préparation. Question: Riis sera-t-il le premier à être sur le coup ? Tandem Basso pour le Giro et Ullrich pour le Tour l’an prochain chez CSC ? Ca serait quand même surprenant! Si on se fie à la tendance, les chances sont pour que Ullrich se retrouve chez Saunier Duval en 2007, cette équipe mettant sous contrat tout ce qui bouge depuis un an!

6 – « Voici les nouveautés Campagnolo 2007 »:http://www.cyclingnews.com/tech.php?id=tech/2006/features/campaggroups2007. Outre le pédalier Ultra-Torque dont on vous a déjà parlé, il faut regarder les nouveaux freins évidés. L’esthétisme est un peu gâché mais on gagne en légèreté et c’est à la mode!

Liste noire?

Il semble que plusieurs de nos lecteurs éprouvent des problèmes lorsqu’ils veulent laisser un commentaire sur le site, le système refusant leur entrée. Nous vous assurons pourtant n’avoir installé aucun système de « black list » contenant une liste d’individus indésirables. Nous sommes donc surpris par ce problème que nous essayons actuellement de régler. Si certains d’entre vous éprouvent encore ce genre de problème, merci de nous le signaler.

[Mise à jour] Il n’y a en effet aucune liste d’individus mais il y a bel et bien une liste d’adresses IP indésirables. Cette liste est centralisée et basée sur le spam commentaire reçu sur des milliers de blogues.

Si vous vous trouvez bloqués, c’est que l’adresse IP que vous utilisez à ce moment a déjà été accusée de servir à spammer des blogues. Si vous visitez le site du boulot et qu’on y trouve des centaines de PC, c’est possible que l’un d’eux ai été compromis et ai causé le bannissement d’une des adresses IP de la compagnie. Le même problème peut aussi se produire en regard à votre fournisseur internet.

Dans ce second cas, déconnectez vous de votre fournisseur et re-connectez vous ensuite, vous devriez obtenir une nouvelle adresse qui elle, devrait être « propre ».

— Patrick (administrateur)

Landis avec panache!


Floyd Landis est entré dans l’histoire du cyclisme aujourd’hui en remportant le Tour de France, un Tour de France particulièrement intéressant lorsqu’on le compare aux éditions précédentes puisque de nombreux rebondissements y ont pris place.

Vous avez été très nombreux à laisser des commentaires ces dernières semaines sur notre site. On vous en remercie et nous les avons tous lu. En gros, nous avons l’impression que le cynisme domine chez nos lecteurs quant aux performances des coureurs du Tour. Un cynisme que nous avons contribué à alimenter par nos propos sur le dopage. La rançon du succès en quelque sorte, notre intention étant de partager avec vous notre passion du cyclisme, mais avec lucidité. Vous avez raison d’être prudent, « ce tout récent article de nos confrères de Cyclismag montrant que les performances des coureurs sur ce Tour sont tout à fait comparables aux dernières années »:http://www.cyclismag.com/article.php?sid=2470, suggérant qu’en matière de dopage, il convient d’être encore prudent quant à l’assainissement général du peloton suite à l’affaire Puerto.

Néanmoins, on retiendra de ce Tour le grand panache de Landis, auteur d’une magnifique étape vers Morzine jeudi dernier, une étape que Lance Armstrong lui-même ne nous a jamais offerte. Dopage ou pas, cela impose le respect car Landis a fait preuve d’un grand courage et d’une détermination peu commune suite à sa défaillance de la veille.

On retiendra aussi le courage et l’envie d’aller au bout d’eux-mêmes des Pereiro, Dessel et Moreau. Les déceptions de Leipheimer et de toute l’équipe Discovery. Les belles victoires d’étape de Rasmussen, de Casper, de Schleck. Certaines étapes ont été ouvertes, rafraichissantes après des années à voir le train US-Postal / Discovery régler les étapes comme du papier à musique.

Le mot de la fin ? Il revient ce soir à Didier Rous: _Le Tour de France, c’est devenu ces derniers temps du Spielberg. On voit un homme (Tyler Hamilton) terminer 4e avec une clavicule cassée (en 2003), un autre premier (Lance Armstrong) avec un seul testicule, et enfin le dernier (Floyd Landis) avec une hanche à refaire. C’est comme au cinéma. C’est Américain_.

Landis eclipse… Armstrong

« Quel exploit de Floyd Landis aujourd’hui sur la route de Morzine! »:http://www.cyclingnews.com/road/2006/tour06/?id=results/tour0617 On a rarement vu cela sur le Tour de France moderne ; certainement pas avec Indurain, encore moins avec Armstrong. Une fois de plus, c’est Marco Pantani qui s’approche aujourd’hui le plus de Landis puisque le grimpeur italien n’hésitait pas, lui non plus, à partir de loin pour tenter quelque chose. Il faut probablement remonter au Tour… 1986 pour revoir un tel renversement de situation. Souvenez-vous, Hinault avait pris le maillot dans la première étape pyrénéenne lors d’une grande échappée avec Delgado, échappée qui avait terminé avec plus de 5 minutes d’avance. Nombreux étaient les suiveurs qui pensaient le Tour joué. Hinault avait perdu presque tout son capital temps le lendemain dans l’étape vers Superbagnères, remportée par Greg LeMond qui se replaçait du coup au général.

Landis a en tout cas prouvé aujourd’hui quelle sorte de coureur – et d’homme – il était. Son étape, en tête, est un authentique exploit qui restera dans l’histoire du Tour, c’est certain. Ce soir, il nous apparaît que même si Armstrong a gagné 7 Tours de France, Landis a fait autant pour rester dans les mémoires sur une seule étape: jamais Armstrong n’a fait un pareil numéro en montagne. À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire… Le triomphe de Landis, s’il se concrétise dimanche, sera quant à lui total et bien personnel, son équipe ne l’ayant que peu aidé à forger son éventuel succès. Oui, les années Armstrong nous semblent bien loin et bien fades ce soir.

Comment Landis a-t-il pu faire un pareil exploit ? On entend souvent que les lendemains de fringale sont de bons jours ; c’en était certainement un pour l’Américain qui a roulé comme une moto, faisant jeu égal avec les meilleurs même dans le dernier col du jour, Joux Plane. Quelle puissance!

Ce soir, le podium est à priori connu: Pereiro, Sastre et Landis. Seule la marche du podium semble totalement incertaine. L’avantage va théoriquement à Landis, le meilleur rouleur des trois qui ne devrait pas avoir de problème pour combler ses 30 secondes de retard sur Pereiro. La logique voudrait donc que Landis remporte ce Tour, que Sastre reste 2e et que Pereiro termine 3e. C’est cependant sans compter sur l’étape de demain et sur la motivation des protagonistes qui jeteront leurs dernières forces sur ce dernier clm samedi. Le suspense est à son comble.

Quelle étape ! Quel Tour !

Quel bonheur aujourd’hui devant le superbe spectacle de sport que nous ont offert les coureurs du Tour. Nous étions debout dans notre salon lors de l’ascension finale vers La Toussuire, littéralement emporté par l’action qui ne manquait pas.

« L’exploit du jour est évidemment la grosse, très grosse perf de Michael Rasmussen »:http://www.cyclingnews.com/road/2006/tour06/?id=results/tour0616. Parti tôt dans l’étape, sur les premières pentes du Lautaret, il a passé la journée devant et signe sa plus belle victoire d’étape en carrière. On a revu les images de Claudio Chiappucci vers Sestrières en 1992. Les grandes chevauchées en montagne, souvent réalisées seul, sont probablement un des spectacles les plus spectaculaires en cyclisme. Quelle énergie de Rasmussen! Bravo.

La surprise du jour est évidemment la grosse, très grosse défaillance de Floyd Landis dans l’ascension finale. Si la cause de cette défaillance n’est pas encore connue au moment d’écrire ces lignes, on peut soupçonner une grosse fringale ou des problèmes digestifs. Landis s’est littéralement effondré en 15 kms, perdant plus de… 10 minutes! Il faut remonter à Jan Ullrich au Tour 1998 durant l’étape des Deux Alpes pour retrouver une telle défaillance du maillot jaune (mais c’était en partie dû à des conditions météo très difficiles). Impressionnant.

Le premier surpris ce soir doit cependant être Oscar Pereiro qui retrouve le jaune contre toute attente. Il faut dire qu’il a fait une très belle étape, surtout dans l’ascension finale ou il a pu suivre puis relayer Kloden et Evans. Si ce nouveau maillot jaune est donc une surprise, il n’aura pas démérité et c’est désormais un coureur surmotivé qui se présentera sur les prochaines étapes. Soyez en certain, Pereiro va se battre!

Enfin, très belle étape de Carlo Sastre qui a pris ses responsabilités (enfin!) dans le final, causant la perte de Landis. Sastre a bien poursuivi son effort jusqu’à la ligne et pointe maintenant à la 2e place du général, à 1 minute 50 de Pereiro. L’étape de demain sera pour lui décisive s’il veut remporter ce Tour et il n’aura d’autre choix que d’attaquer dans Joux Plane, possiblement après avoir fait rouler son équipe plus tôt dans la journée afin de durcir la course.

Parmi les autres faits du jour, notons la superbe perf de Dessel, désormais 4e du général et évidemment 1er Français. Notons aussi la petite défaillance de Menchov dans les derniers kms, il était visiblement un peu juste et souffrait beaucoup. Leipheimer aussi a semblé très limite, perdant beaucoup de temps dans les 5 derniers kms de l’étape. Kloden enfin limite bien les dégâts et attention à lui, il n’est qu’à 2 minutes 29 au général et dispose d’une grosse équipe qui pourra aussi durcir la course demain.

Alors, en terminant, quel podium à Paris? Bien malin qui pourrait le dire car il reste deux grosses étapes, demain vers Morzine puis le clm de samedi. Si le général devait ne pas changer demain, le premier clm du Tour nous montre que Pereiro avait terminé à une trentaine de secondes derrière Sastre. Kloden, pour sa part, les avait tout deux dominé, prenant presque une minute sur Pereiro et une trentaine de secondes à Sastre. Il faudra donc que Sastre et Kloden se rapprochent demain de Pereiro s’ils veulent remporter ce Tour. Pour Pereiro, il faudra tenir demain en montagne et produire un grand clm samedi pour rester en jaune.

Notre intuition ? Sastre! Mais sur ce Tour, tout semble pouvoir arriver et il faut remonter selon nous à 1989 et la victoire à l’arrachée de Greg LeMond pour retrouver un Tour aussi excitant, aussi incertain si près de l’arrivée à Paris. Alors, vous vous ennuyez de Lance Armstrong et du rouleau-compresseur US-Postal / Discovery vous?

Une belle étape, non ?

On ne sait pas vous, mais on a trouvé l’étape d’aujourd’hui assez intéressante, du moins pas mal plus intéressante que ce qu’on pouvait voir ces dernières années. Les coureurs se battent bien et la course est très ouverte, rendant difficile tout pronostic.

« Frank Schleck a signé la plus belle victoire de sa carrière aujourd’hui »:http://www.cyclingnews.com/road/2006/tour06/?id=results/tour0615, une victoire qui éclipse même celle qu’il a acquise sur l’Amstel en avril dernier. Une victoire qui fait de lui le digne successeur du regretté Charly Gaul, personnage unique s’il en est et décédé plus tôt dans l’année. Peu de coureurs peuvent en effet se targuer d’avoir gagné à l’Alpe d’Huez et voilà que Schleck, 26 ans seulement, l’a fait. Quelle attaque dans la dernière rampe avant d’entrer dans l’Alpe d’Huez! Cunego s’est fait largué comme une vieille chaussette et on a été très impressionné par la capacité de Schleck de rester en danseuse aussi longtemps suite à une accélération sèche. « Une courte entrevue avec Schleck est disponible ici »:http://www.cyclingnews.com/road/2006/tour06/?id=/riders/2006/interviews/frank_schleck_tdf06.

La 2e place de Cunego est tout de même satisfaisante pour lui. Il avait plus tôt dans la montée assumé pas mal de travail. Il est probable qu’il ait sous-estimé les capacités de grimpeur de Schleck qu’on n’attendait pas à ce niveau.

Derrière, Landis n’a pas dynamité la course, se contentant de marquer Kloden à la culotte. Signe qu’il n’a tout de même pas monté à l’économie, c’est Landis qui signe le meilleur temps d’ascension de l’Alpe d’Huez aujourd’hui, en 38 minutes 34 secondes. Le record appartient toujours à Pantani en 1997 avec 36 minutes 50.

Landis est impressionnant en ce sens qu’il semble stoique dans l’effort, impertubable. On dirait presque un robot! Aucune émotion ne filtre de son faciès. Souffre-t-il seulement ?

Quoi qu’il en soit, « Landis a déclaré après l’arrivée qu’il poursuivra demain et jeudi sa tactique de courir de façon conservatrice »:http://www.cyclingnews.com/road/2006/tour06/?id=/riders/2006/interviews/floyd_landis_tdf206, estimant que ce n’est pas à lui de prendre l’initiative. C’est vrai que c’est lui qui porte le maillot jaune maintenant! Il se contentera donc de marquer ses plus proches rivaux, Pereiro, Dessel mais surtout Kloden, Sastre, Evans, Menchov et Leipheimer. Pour ces derniers, la seule façon de déboulonner Landis est selon nous d’attaquer de loin demain et jeudi en utilisant également leurs équipiers. Pour gagner ce Tour, il faudra désormais savoir risquer de le perdre complètement.

On termine ce soir en mentionnant que l’équipe Discovery n’était nulle part aujourd’hui. Une autre journée « sans » et ce, en dépit de la présence d’Armstrong sur le Tour. Hincapie, qui a entamé l’ascension de l’Alpe d’Huez devant, s’est fait reprendre avant l’arrivée par pas mal de coureurs. Hincapie et Popovytch, les deux Discovery les mieux classés sur cette étape, sont à plus de 4 minutes 30 de Schleck! Armstrong les remontera peut-être ce soir à l’hôtel et il n’est pas impossible qu’on assiste demain à une réaction d’orgueil des coureurs de cette équipe plutôt habituée, ces dernières années, à occuper l’avant scène plutôt que les profondeurs du classement.

Le point sur le Tour

La Flamme Rouge profite demain de la 2e journée de repos du Tour pour faire le point sur la course avant d’entamer la dernière semaine et la traversée des Alpes.

1 – On peut dire que le Tour, ces derniers jours, a offert pas mal de rebondissements: déconfiture de l’équipe américaine Discovery dans l’étape reine des Pyrénées (et abandon de Savoldelli) puis réaction 24h plus tard de Popovytch qui signe une belle victoire d’étape. Prise de pouvoir de Landis pour laisser hier le maillot à un Pereiro trop heureux d’une pareille chance. Déconfiture de Leipheimer dans le premier clm puis il joue la gagne dans le final au Pla-de-Béret. Prestation moyenne de l’équipe CSC qui se reprend hier avec la victoire de Voigt. Sastre n’a pas dit son dernier mot non plus pour le général et on le voit bien sur le podium à Paris celui-là. Enfin, « la moyenne générale est imposante »:http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-676968,36-795771@51-777381,0.html, malgré le soi-disant « nettoyage » effectué en début de Tour. Attendons la semaine prochaine avant de tirer des conclusions.

2 – Les déceptions: Garzelli, Cunego et Simoni chez les Italiens, Casar chez les Français (cramé de son Giro ?), Mayo chez les Espagnols mais aussi Parra et Rujano.

3 – Impressionnants: Dessel, Fothen, Schleck, Salmon, Vandevelde.

4 – La tactique des Phonak. Elle peut apparaître curieuse car ils ont laissé filé hier le maillot jaune après l’avoir conquis dans les Pyrénées. Voilà au moins… 7 ans qu’on avait pas vu ca! Mais Landis a peut-être fait le bon calcul, se sachant au sein d’une « formation moins forte »:http://www.velo-club.net/article?sid=33298 que celles de ses adversaires directs (Menchov et Sastre notamment). De grosses difficultés étant concentrées dans la dernière semaine, il a peut-être voulu économiser son équipe.

La question est plutôt de savoir pourquoi les Phonak ont roulé aujourd’hui derrière l’échappée ? On aurait pensé que c’était congé aujourd’hui chez Phonak et que les Caisse d’Épargne auraient pris la course en main.

5 – Il reste quatre « grosses étapes » sur ce Tour. « Mardi, c’est l’arrivée à l’Alpe d’Huez »:http://www.cyclingnews.com/road/2006//tour06/?id=stages/tour0615. Écarts garantis. Ca devrait toutefois se jouer dans l’Alpe d’Huez et pas avant (dans l’Izoard par exemple) parce que le Lautaret est trop roulant, trop long et trop exposé au vent pour permettre à une échappée de réussir. Landis ou Menchov devraient prendre le jaune lors de cette journée.

« Mercredi, nouvelle arrivée en altitude à La Toussuire »:http://www.cyclingnews.com/road/2006//tour06/?id=stages/tour0616. L’enchainement Galibier, Croix de Fer, Mollard et ascension finale sera très difficile pour les coureurs. Écarts garantis et ce sera probablement la dernière grosse lessive du Tour.

« Jeudi, parcours casse-pattes jusque Morzine »:http://www.cyclingnews.com/road/2006//tour06/?id=stages/tour0617. Les derniers protagonistes s’expliqueront dans Joux Plane.

« Samedi enfin, le clm long de 56 kms »:http://www.cyclingnews.com/road/2006//tour06/?id=stages/tour0619, de quoi creuser là encore quelques écarts.

6 – Le jaune à Paris ? Ca se jouera probablement entre Landis et Menchov. Ce dernier peut compter sur une belle équipe Rabobank, notamment Boogerd et Rasmussen qui ont déjà fait un boulôt remarquable pour lui. Landis sera isolé en montagne, ce qui joue en faveur de Menchov. Pour Landis, ca se jouera donc à la pédale. Notre favori ? Menchov.

7 – La 3e place sur le podium se jouera entre Evans, Sastre et Kloden. Avantage Sastre selon nous. Evans aura du mal mercredi et jeudi pour résister.

8 – Belle lutte pour le maillot vert avec McEwen, Boonen et Freire encore dans un mouchoir de poche. Ca se jouera sur les toutes dernières étapes, soit vendredi et dimanche. Le genou de McEwen tiendra-t-il?

9 – Rien n’est joué pour le classement de la montagne non plus. Rasmussen est logiquement le favori maintenant.

10 – Autour du Tour. On apprend que « ca ne va pas fort entre Jan Ullrich et la T-Mobile »:http://www.velo-club.net/article?sid=33296. Il est à prévoir selon nous qu’Ullrich quittera la formation l’an prochain s’il décidait de prolonger sa carrière.

La Flamme Rouge… au tapis

*6:00*
Le bip bip de la montre Polar nous sort d’un profond sommeil. Dès les premiers instants, on sent que le lever du corps va être très dur. On aurait dû se coucher plus tôt la veille… Allez, on remet ca jusque 6:15, dernière limite.

*6:20*
Ca y est, je suis à la bourre.

*6:25*
Le cuissard est enfilé, les soquettes aussi. Tiens, le ciel est tout couvert, à la limite menaçant. C’était pas prévu au programme ca, ils annonçaient encore hier une superbe journée ensoleillée aujourd’hui.

*6:30*
Déjeuner de course: 2 oeufs, roties, jus d’orange, un gel antioxydant. Pas de café ce matin.

*6:40*
Derniers préparatifs. On vérifie le vélo rapidement, ajuste l’habillement, passe vous savez ou et c’est parti mon kiki. Direction Old Chelsea et le parc de la Gatineau pour notre 5e « Grand Prix du Ottawa Bicycle Club »:http://www.ottawabicycleclub.ca/grandprix/, une des belles courses du calendrier provincial. Au menu, 5 tours du parc pour 105 kms exigeants, dans les bosses. Mais on a fait le métier ces deux dernières semaines alors ca devrait bien se passer.

*7:10*
Voiture stationnée, on entame les préparatifs usuels. Monte le vélo, vérifie la pression des pneus, huile les jambes. En fait, on partira aujourd’hui avec la combinaison peu orthodoxe « un boyau à l’arrière et un pneu à l’avant ». On a en effet brisé notre roue avant boyau il y a deux semaines à l’entrainement.

*7h25*
Trouve « Julie Hutsebault »:http://www.geocities.com/juliehutsebaut/, qui s’occupe aujourd’hui de notre équipe. Lui file un bidon, pour le ravito.

*7h26*
Réchauffement avec mon pote et équipier Erwan. Croise Pierre-Étienne Grégoire, champion canadien et québécois des Maîtres B (40-49 ans) au Québec en 2003. Tout un coureur. Très agréable discussion avec lui, l’homme est engagé envers le cyclisme québécois en tant que président de « l’Association des Cyclistes Vétérans du Québec »:http://www.acvq.ca/.

*7h40*
Croise « David Veilleux »:http://www.geocities.com/davidveilleux_ca/, le jeune prodige québécois. Croise « Dominique Rollin »:http://www.geocities.com/dominiquerollin/, le nouveau champion canadien élite. Y’a pas à dire, le OBC GP attire du beau monde chaque année.

*7h55*
Dans le sas de départ. Peloton de 90 coureurs environ. Le cardiofréquencemètre fonctionne, tout semble parfait hormis ces gros nuages noirs qui se pointe devant nous.

*8h*
C’est un départ. « Première ascension du Camp Fortune au km2 »:http://www.ottawabicycleclub.ca/grandprix/circuit.shtml. Deux kms d’ascension, le final de la bosse assez raide pour faire la sélection. Ca va, le peloton ne monte pas trop vite.

*8h10*
Ca y est, c’est la flotte. Pas une méchante averse, mais suffisamment pour mouiller la route. Du coup, les coureurs me semblent bien nerveux: coups de frein intempestifs, trajectoires un peu louches… On remonte dans le peloton. Les jambes ne semblent pas super aujourd’hui…

*8h20*
C’est décidemment bien nerveux dans le peloton en raison de cette petite pluie. Première gamelle derrière. Ca semble avoir chuté solidement si on se fie au bruit. Fort heureusement, on a évité le pire, comme c’est d’ailleurs le cas depuis 6 ans sur les courses provinciales. Mais les jambes ne semblent pas très bonnes aujourd’hui…

*8h25*
Première grosse touchette dans la montée du lac Black. Deux mecs me prennent en sandwich. On évite la chute de peu. Du coup, nous voilà un peu échaudé. On va se tenir sur l’avant du paquet.

*8h35*
Premier tour complété. Deuxième ascension du Camp Fortune. Ca roule plus vite. On est en zone 4, 175 pulsations minute sur un maxi de 182 environ. Les jambes répondent mais on se sent pas trop super quand même.

*8h50*
On se sent décidemment vraiment pas super aujourd’hui. Les jambes tournent pas très bien et la chaleur et surtout l’humidité vont être de gros facteurs aujourd’hui, durcissant la course. Allez, notre expérience nous montre que plus c’est long et difficile, mieux on se porte. Ca ira mieux au 4e tour!

*9h*
Relance dans le haut de la bosse « Pingouin ». John Malois est à ma droite. On est dans le milieu du paquet, légèrement sur la gauche de la route.

*9h01*
Sans comprendre ce qui nous arrivait, on est au tapis, fauché par deux coureurs qui se sont accrochés à notre gauche et devant nous. En un battement de paupière, nous voilà au sol. Le coureur derrière nous ne peut nous éviter, on se le prend en pleine figure, et voilà qu’il nous tombe dessus littéralement. Aie, celle-là fait mal.

*9h02*
On reprend nos esprits, comprend ce qui vient de se produire: 6 coureurs au tapis, dont deux (dont nous) mettent un peu plus de temps à se relever. John Malois est aussi allé au tapis. Douleur à la tête, au visage et au coude. Ou suis-je ?

*9h03*
John Malois ne nous rassure pas en nous disant qu’on a une sale coupure dans le visage, pommette de la joue gauche. Il demande aux officiels une ambulance, mais ces derniers sont déjà repartis! Très gentiment, John nous « prend en charge » et propose de nous raccompagner jusqu’à la ligne, 4 kms plus loin. Dans un état un peu second, on accepte et on relève le vélo. O surprise! les dommages sont là: roue arrière très voilée et dérailleur arrière tordu. Néanmois, on peut remonter dessus et nous rendre au finish, sur braquet fixe.

*9h05*
John Malois nous pilote jusqu’au finish, restant près de nous en tout temps et nous parlant constamment. Selon lui, la chute a été causée par des « licenciés d’un jour » qui commencaient à sérieusement accuser le coup. La fatigue aidant, ils se sont accrochés et nous ont entrainé dans leur chute qui s’est probablement produite autour des 35 km/h. John nous parle également de son départ prochain au Tour de l’Abitibi ou il encadrera à titre de directeur sportif une équipe. John Malois, ce top-cycliste au Québec au début des années 1990 et qui a fait un retour remarqué en compétition il y a quelques années, pour la simple passion du cyclisme. Il dirige maintenant une entreprise d’entrainement pour coureurs cyclistes à Montréal, « L’Académie cycliste »:http://www.academiecycliste.com/accueil.asp. John Malois n’était pas obligé de rester avec nous, mettant un terme à sa course. Il n’était pas obligé de nous prendre ainsi en charge pour le retour, nous accompagnant jusqu’aux secours. Il fut le seul à le faire. Il y a des gestes, comme ca, qui prouve la valeur des hommes. John, un grand merci ce soir de ton attention à mon égard. Ce fut très apprécié.

*9h15*
Ligne départ-arrivée. Les conjointes des coureurs de notre équipe nous prennent en charge (et en pitié). Manon, la conjointe d’Erwan, nous prodiguera des soins professionnels, ayant avec elle une parfaite trousse de premiers soins. Ce fut très agréable de se faire soigner par un atomisateur Evian! Mille merci à Manon pour des soins exemplaires, prodigués avec en plus les mots qu’il fallait pour rassurer.

*9h20*
L’adrénaline tombe. Les douleurs augmentent. On se découvre de multiples contusions: les deux genoux, la hanche droite, le torse, le coude gauche et la pommette de la joue gauche, de même que tout le côté gauche du visage. On arrive de partout: quoi, qu’est ce qu’elle a, ma joue? C’est si grave ?

*9h22*
Certains coureurs de mon équipe, venus en spectateurs et pour nous ravitailler, s’agglutinent autour de nous. On a une légère défaillance en regardant un de nos équipiers nous montrer l’étendue des dégâts sur notre casque Giro Pneumo: cassé en deux du côté gauche. Celui-là nous aura certainement sauvé de gros problèmes… Il faut toujours porter un casque en course, voire à l’entrainement dès qu’on est à plusieurs!

*9h25*
Mal de tête. Aurait-on eu une légère commotion cérébrale dans la chute ? Quoi qu’il en soit, direction les urgences. Marc Beaulieu, le président du club, conduira la voiture.

*10h*
Hôpital de Hull. Verdict: 4 points de souture seront nécessaires au visage. Rien de majeur sinon, autrement que quelques belles échimoses sur tout le corps. 5h d’attente, dont trois passées avec Marc. On le remercie chaleureusement de nous avoir aidé à tuer ainsi le temps en discutant cyclisme dans la salle d’attente.

*23h*
Au lit, avec le corps entier qui nous fait mal. Le mal de tête est encore présent. On verra bien demain! Le DeRosa, quant à lui, a sérieusement souffert : patte de dérailleur tordue, voire le support de cette patte, celle qui est soudée au cadre. Nous voilà privé de notre bête de course pour un temps indéterminé, le temps de retourner le cadre en Italie pour une inspection et, si c’est possible, une réparation. Ca n’arrange pas nos plans de course pour le reste de la saison ca! Le moral est ce soir dans les talons.

Et si ca se répare pas, on achète quoi comme cadre ?

*Les Rouleurs*
Belle course d’ensemble des Rouleurs de l’Outaouais qui, en dehors de notre abandon pour des raisons évidentes, ont tous terminé l’épreuve. Gino Ainsley termine 6e dans les Maîtres A, Michael Lalonde 7e chez les Seniors 3-4 et les jumelles McKay 1 et 3e chez les Maîtres Femmes.

*Un costaud*
Jean-Christophe Vialaret, un Français vivant en banlieue Est d’Ottawa, a récemment terminé avec brio L’Étape du Tour en France, terminant l’épreuve en 264e place au Scratch dans un temps très respectable d’un peu plus de 7h. Il était présent aujourd’hui au GP OBC, catégorie Maîtres B (40-49 ans) « et termine à une belle 29e place »:http://www.sportstats.ca/fr/fmain.html. Comme quoi ca roule fort aussi au Québec.

*Épilogue*
Au lever le lendemain, on vous dit pas la tête qu’on a! En fait, on tient plus du boxeur après un rude combat d’un cycliste… L’oeil gauche est bien tuméfié. C’est clair, les gens vont croire qu’on s’est battu récemment!

Un Rouleur sur la Marmotte… récit de la course

Après des petites vacances qui se sont prolongées de 48h de façon innattendue, nous reprenons le service normal non sans ne pas trop savoir ou donner de la tête tellement l’actualité est riche et vos comentaires nombreux ces jours derniers. Commencons d’abord par le récit de notre coéquipier et ami *Martin Boulay* qui a récemment terminé la Marmotte, non sans aller au bout de lui-même. Un authentique exploit que La Flamme Rouge salue ici tout en prenant rendez-vous avec la Marmotte 2007. Objectif 7h30! On reprendra par ailleurs le reste de l’actualité demain. *Ma Marmotte par Martin Boulay* *5:00* Réveil apres une nuit mouvementée. Problemes gastro-intestinaux et peut être aussi le stress sont venus perturber mon sommeil. Dame Nature est avec nous aujourd’hui : une belle jounée sans nuage avec une température de 22 degrés est annoncée. Léger vent du nord, mais rien de bien méchant. Du coup, le moral est quand même bon. *5:28* Départ de Vaujany, direction l’Alpe d’Huez pour y reconduire mon épouse qui y passera la journée à m’attendre. *6:40* Descente à vélo de l’Alpe d’Huez vers Bourg d’Oisans. *6:50* Arrivée à la ligne de départ. Dejà plusieurs cyclistes sont présents au départ. J’estime donc que je suis très loin derrière les premiers arrivés ce matin. Sur la ligne, je me sens bien, je suis prêt. Mon seul objectif pour une première participation est de terminer la course. *7:30* Je franchi finalement la ligne de départ après le départ officiel qui fut donné à 7h15 précises. Départ tranquille, je me trouve rapidement des roues pour m’abriter du vent jusqu’à la première montée au barrage du Verney. Je débute peu de temps après l’ascension de mon premier col, le col de la Croix de Fer/Glandon. Je me sens bien, monte à mon rythme et rattrape du coup plusieurs cyclistes. L’envie d’accélérer la cadence se fait bien présente mais mais je m’efforce de garder le même rythme afin de conserver mon énergie pour plus tard. La journée sera longue! *9:40* Arrivée au sommet du col du Glandon. La montée a été raisonnablement facile, sans grandes difficultés pour moi mais quand même assez longue. J’en profite pour me ravitailler une première fois. Je m’apprête à repartir pour descendre le col mais je suis forcé d’attendre en ligne car des gendarmes contrôlent le flot de la descente afin d’assurer la sécurité des coureurs. Probablement une mesure en prise avec les quelques accidents – dont certains mortels – qui ont eu lieu ces dernières éditions. Après quelques virages en descente, me voilà de nouveau arrrêté avec tout le peloton car quatre cyclistes sont sortis de la route dans un lacet. Dans leur chute, ils semblent avoir entrainé avec eux une bénévole qui donnait la direction aux coureurs. Incident important qui me rappelle que la prudence est de mise en tout temps. Dix minutes d’attente pour finalement pouvoir reprendre ma descente. *Environ 10:30* J’appercois l’écriteau indiquant le sommet du galibier à 32 kilomètres. D’après un calcul mental rapide, je mettrai près de trois heures pour atteindre le sommet du Galibier! Pendant l’ascension, mon estomac dejà éprouvé durant la nuit n’accepte plus l’ingestion de gels énergétiques. Je réalise à ce point de la course qu’il pourrait m’être difficile d’atteindre le sommet du Galibier. Premiers instants de doute. Je n’ai qu’un sandwich dans le maillot et encore plusieurs kilomètres à parcourir… J’arrive à Valloire ou je m’arrête quelques instants le temps de déguster ce premier et dernier sandwich. Je poursuis rapidement ma route, objectif le sommet du Galibier. Les écriteaux indiquant le nombre de kilomètres jusqu’au sommet commencent franchement à me tomber sur les nerfs, voire à me décourager. Mon corps montre certains signes évidents de fatigue, notamment une douleur aux pieds à force de tirer sur les pédales. *à peu près 13:50* J’arrive finalement au sommet du Galibier en 1358e position sur près de 6500 concurrents. Les trois derniers kilomètres ayant été passablemeent éprouvants, je me sens épuisé déjà mais très heureux d’avoir franchi ces deux grands cols. Je me gave de sandwichs au jambon (celui de Valloire n’était donc pas mon dernier de l’épreuve!) offerts au point de ravitaillement en espérant que mon estomac tienne le coup… Car l’épreuve n’est par terminée… On m’avait avisé (notamment La Flamme Rouge) que les descentes ne seraient pas de tout repos et c’est à ce moment que j’ai pu le confirmer. Douleurs au cou, tricepts, dos et au ventre ont rendu la descente du Galibier difficile. J’ai malgré tout bon moral et je suis encore confiant et determiné à completer la Marmotte. Ca doit être les sandwichs en haut du col! *Vers 15h* J’atteins le pied de l’Alpe d’Huez sans incident. Je débute l’ascension qui m’amènera à l’arrivée et jusqu’à mon épouse. Je sais que l’Alpe d’Huez fait 13 kms mais jusqu’à ce moment, je n’avais pas réalisé la grande distance entre chaque virage. Ou alors, serait-ce la fatigue qui altère mon jugement ? Peut-être que c’est plutôt que je me traine vraiment! Plusieurs choses commencent alors à défiler dans ma tête, notamment la question de savoir si j’ai dépensé trop d’énergie dans le premier col du jour? Puis d’autres, plus fondamentales: vraiment, qu’est ce qui m’a poussé à me lancer dans une telle cyclo ? Chose certaine, je suis déterminé à compléter ma course coûte que coûte. L’abandon ne sera jamais une option. La douleur devient de plus en plus grande, à la limite du supportable. Je décide finalement de m’arrêter au 16e virage, question de souffler quelques instants. J’ai mal partout et voilà que je réalise que ma ceinture Polar est à présent trop grande!!! Probablement le signe que je suis déshydraté de façon importante et très amaigri. Je reprend ma route et devrai m’arrêter de cette façon à quatre nouvelles reprises. Un peu plus haut, ma seule motivation à ce point devient mon épouse qui m’attend à l’arrivée et qui dépend de moi pour retourner à Vaujany! Je monte à présent à pas de tortue et me fais constamment reprendre et dépasser par d’autres concurrents, souvent beaucoup plus agés que moi. Rien pour aider le moral! Par contre, certains autres marchent à coté de leur vélo et d’autres encore sont carrément étendus au sol, dans un état qui semble être assez avancé. Ca semble être pour tout le monde pareil: très dur. Rien ne va plus pour moi non plus, mais je poursuis quand même avec l’énergie du désespoir. Le corps humain a des ressources insoupsonnées. Je franchis finalement la ligne d’arrivée dans un temps de 9:28 minutes. Le vainqueur, l’Italien Emanuele Negrini (déjà vainqueur de la Marmotte dans le passé), a mis… 5h50 minutes pour franchir la même distance! Pour moi, l’Alpe d’Huez a réellement été interminable mais j’ai réussi. Le sentiment de bien être auquel j’ai fait référence dans mon premier article, et bien c’est de la foutaise! Je suis bien trop exténué pour être heureux mais encore assez lucide pour dire à mon épouse que je ne referai jamais plus une chose pareille… Je compte sur elle pour me le rappeler l’an prochain. *Épilogue* Après une bonne nuit de sommeil, je suis excessivement fier d’avoir atteint mon but et je me sens prévilegié de faire partie des 71% des concurrents qui ont complété, ce jour-là, la Marmotte. Finalement, qu’est ce qui m’a poussé à faire cette épreuve extrème ? Une grande attirance pour la légende du vélo, notament ces trois cols mythiques ? L’envie de me mesurer aux légendes de ce sport qui ont tous vaincu ces cols ? Ou alors l’envie de dépasser mes propres limites ? Ou peut-être alors une certaine dose de masochisme ? Quoi qu’il en soit, La Marmotte aura requis chez moi l’habileté de surmonter la douleur, une détermination à toute épreuve, une bonne dose d’humilité et surtout une grande passion du vélo. Parce qu’au delà de la satisfaction personnelle de terminer la course, au delà du sentiment d’avoir tout donné, j’ai maintenant le sentiment que c’est vraiment la passion de ce sport qui m’a porté tout le long.

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