Johan, Lion des Flandres, Lion de Gistel, je suis outré de tes déclarations du jour. Et comme à chaque fois Johan, je suis profondément dégouté d’avoir été une fois de plus floué, trahi par un champion du sport que j’adore, ce cyclisme qui m’est si cher. Les images de ta puissance sur les pavés de Roubaix défilent dans ma tête, comme celles de tes accélérations dans ton cher Muur… L’image du champion est ternie à jamais. Nos rêves encore une fois brisés.
Johan, tu n’as rien compris.
Que tu déclares « Do you want to create a second Pantani in this country? » nous dégoute. As-tu pensé à Tyler Hamilton, à David Millar et, plus encore, à Marco ? Ou étais-tu quand le Romagnol avait désespéremment besoin du soutien de son milieu qui est aussi le tien Johan ? As-tu seulement essayé de l’aider Johan? Bien sôr que non, car Marco était pris dans la tourmente auquelle aucun cycliste pro ne veut être associé. Tu t’es enfermé dans le silence, tu as pratiqué l’omerta comme le milieu l’exige et tu l’as laissé s’enfoncer. C’était pratique, quant on s’acharnait sur lui, on laissait les autres à peu près tranquille. Tu as « fais sérieusement le métier », comme tu le dis Johan, et tu as protégé ton auréole de champion pendant qu’on descendait celle de Marco. Et voilà que tu te surprends du traitement dont tu es l’objet aujourd’hui ?
Oui, Johan, je suis outré quand tu continues de marteller que tu n’as « rien fait de mal, juste ton métier ». C’est Virenque qui t’a appris ? La culture du dopage est-elle si profondément enfoncée dans le milieu qu’on ne concoive plus de « faire le métier » autrement qu’avec une lichette ici et là ?
T’es très mal Johan, et je vais te dire pourquoi, puisque tu te demandes pourquoi on s’acharne sur toi. D’une part, on ne s’acharne pas que sur toi, mais bien sur tous les dopés de ce sport. Et on s’acharne parce qu’on a joué le jeu de notre côté en vous encourageant sans réserve sur les pavés du Nord ou dans les cols, parce qu’on a hurlé votre gloire et que vous aimiez ca, parce qu’on vous a bien payé pour nous faire rêver et pour vous permettre d’être coureur pro, parce qu’on vous a élevé au rang de demi-Dieu du sport, parce qu’on a laissé nos enfants vous prendre comme idôle en vous montrant voler sur les routes. Nous avons respecté notre contrat sans réserve, nous vous avons donné notre confiance. Votre partie du contrat était de respecter les règles et l’éthique du sport, de préserver sa crédibilité, de nous assurer que toutes vos performances exceptionnelles étaient admirables parce que propres. Qui d’entre nous, Johan, a brisé son contrat ? N’as-tu pas ces millions en banque qui te permettront de vivre, avec les tiens, à l’abri pour le reste de tes jours ?
Ce que tu devrais faire Johan ? C’est si simple. Assumer. Parler. Putain, pense à tes enfants ! David Millar l’a fait, est-ce si difficile ? Ce dernier a au moins eu l’honnêteté d’assumer et de payer honorablement sa dette, sans se cacher. Toi, tu exposes ta médiocrité au monde, en venant nous pleurnicher ta misère et tes rengaines. Lamentable Johan.
Je ne peux pas terminer cette lettre sans te dire que jamais, jamais je ne cesserai de militer pour un cyclisme propre, aussi utopique que cela puisse paraître. Parce que des courses à 5km/h de moyenne de moins ne nous apparaissent pas moins respectables. Idéaliste ? Peut-être. Mais sans idéaux, que nous reste-t-il Johan?